HOWE GELB and GIANT SAND (live report Dusseldorf)
Publié le 2 Juin 2015
Après Calexico, c'est GIANT SAND et son leader Howe Gelb, autre tucsonien mustanguiste (on en reparle en fin d'article), que j'ai vu sur scène dans sa tournée anniversaire des 30 ans du groupe. C'était le 20 mai... Non, je n'ai pas mis 12 jours pour écrire l'article...
Alors que Calexico, des ex- de Giant Sand (ils ont continué les deux groupes un moment) remplissait une grosse salle de Cologne (1500 places), Howe Gelb jouait dans le club de la salle ZAKK devant presque 10 fois moins à Dusseldorf (ils semblent que ça s'est même vidé au cours du set... à ma grande surprise). Les élèves ont supplanté le maitre.
Le Zakk est un ancien bâtiment industriel semble-t-il, en briques, et le club occupe un petit espace au fond, loin du côté cosy de la petite coopé par exemple. Tant pis car on peut y boire au verre en verre(si! et sans consigne! ) une Franziskaner pour 3.80... et profiter d'une bel espace extérieur.
J'avais décidé pour des raisons qui m'échappent (une envie de jouer au bon allemand bobo hipsto écolo) de venir en vélo de ma banlieue... et j'ai un peu tourné pour trouver... Après donc presque deux heures de vélo, j'ai raté la plus grande partie de la première partie... assurée par 3 musiciens accompagnant Gelb (le batteur, le guitariste ainsi que la choriste ukrainienne Tania chacun dans leur répertoire propre).
Stéphane Deschamps des Inrocks disait en 2003 : "Howe Gelb est une sorte de Jean-Louis Murat d’Arizona : un mec sexy, doublé d’un musicien libre, talentueux et bien entouré. Howe Gelb est à Lou Reed ce que Jean-Louis Murat est à Neil Young: un élève qui dépasse le maître, et le cadre. Still Lookin’ Good to Me n’est pas le Lilith d’Howe Gelb (pas un chef-d’œuvre, donc), mais c’est quand même un très bon disque".
Et c'est vrai qu'il est difficile de ne pas faire la comparaison entre les deux hommes qui ont presque le même âge: au niveau de l'allure (il porte un petit chapeau au début), de son côté pince sans rire (quelques appariés d'humour suite à deux problèmes techniques), voir son côté nonchalant, aussi dans la relation aux petits jeunes qui l'accompagnent, et sur ses titres joués en solo.. et le fait de se retrouver dans cette petite salle entourée de fidèles... On pourrait aussi parler de sa production discographique pléthorique avec Giand Sand, en solo ou avec d'autres projets (plus de 50! -Murat, feignant!-) ou de cette musique ancrée sur un territoire ("Giant Sand, c'est l'érosion, le vent qui va polir les pierres, le sable, qui va soulever la poussière" dit-il sur France Culture, en opposition à Calexico qui a retiré tout le côté expérimental et le risque)
Je ne connaissais pas vraiment avant de m'intéresser à ce concert, et je retiens surtout la variété des ambiances, et je comprends mieux pourquoi Giant Sand est parfois cité comme l'un des groupes (on parle plus souvent de "collectif") les plus inventifs. En formation complète avec deux guitares + une slide guitare (la danoise Maggie Bjorklund), ça part souvent sur un rock très puissant (dont le très bon Transponder du dernier album), parfois sur des airs plus blues et country... voir très calexiconnien quand le guitariste Brian Lopez chante en espagnol; quand Howe passe au piano, ça vire même au jazz sur une petite impro... Sur les chansons plus douces, la voix me fait penser à Leonard Cohen... mais à la différence de Murat, Howe ne se prend jamais pour un crooner (il n'a pas vraiment la voix pour ça). Avec sa petite guitare et son micro rond, il a un petit côté années 80... Ça se termine assez vite... du moins, je trouve... J'en aurais bien pris encore.
Certains membres du groupe viennent signer leur album (Brian Lopez)... puis Howe Gelb vient aussi... Ils signent quelques albums, et une autre idée bizarre de ma part, je vais à sa rencontre alors que ça ne me viendrait pas à l'idée de dire que je parle anglais. Je lui ai dis un truc du genre: "i'm a fan of Jean-Louis Murat, do you remember Mustango?"... Ah, il me répond un "great" "oh cool" et une phrase contenant le terme french... Bon, rien d'inoubliable sans doute: il cherche du regard quelqu'un d'autre (un retraité genre éducation nationale lui refile de la bonne herbe naturelle ensuite)...
Il est temps pour moi de chevaucher le vélo d' "OMA"... et de me taper les 20 km du retour... Mince, ça monte...
---------------------------
Howe Gelb est crédité de Wurlitzer sur Bang Bang... Et s'est retrouvé sur scène avec Murat, à Bruxelles, avec John Convertino et Joey Burns (ils partageaient l'affiche ce soir-là). "On a donc eu droit à un Howe Gelb génial au piano sur Sentiment Nouveau" nous dit le compte-rendu d'époque, "De quoi rester un peu sur notre faim" de boeufs... (on y verra peut-être une différence entre Murat et Howe : ce dernier joue avec des invités presque à chaque date semble-t-il, et un groupe souvent différent, et met à l'honneur ses musiciens en leur laissant interpréter un titre au cours du set).
Howe figure également dans le titre issu d'une jam-session new-yorkaise de Murat "enfonce moi dans l'édifice", qui figure dans le cd 5 titres"Mont sans souci" (avec New Yorker). Est créditée sur le morceau une "EIMI" de toute évidence japonaise... dont on ne sait rien. On trouve une Eimi Yamada auteur... mais rien ne dit que c'est elle. Un des morceaux les plus expérimentaux de Murat.
Je viens de me taper la soixantaine d'article de la promo Mustango et Gelb n'est jamais cité (il l'est sur le site officiel néanmoins)... Burns, Convertino et les Elysian Fields, Ribot ainsi que les musiciens de Dylan sont mises à l'honneur. Murat cite par contre Howe dans le TéléMoustique n°4367 du 25/11/2009.
"Un album intemporel, ça existe déjà dans votre discographie?
Pour moi, la vraie histoire commence avec mon album "Le moujik" en 2002. J'avais opté pour une formule en trio et j'étais à la guitare. J'avais trouvé mon style. Mais il m'a fallu longtemps pour oser me lancer. Des musiciens comme Marc Ribot ou Howe Gelb (Calexico, Giant Sand - NDLR) m'ont aidé à me décomplexer par rapport à cet instrument. Dans son esprit, mon nouvel album se rapproche du "Moujik" et de "Lilith".
J'ai par contre trouvé deux La Dernière Heure (Belgique) pour Lilith, "on croise les fantômes de Neil Young, Giant Sand, voire du Creedence Clearwater Revival".
Renaud Paulik dans Magic : "Tristan valide aujourd’hui la régénérescence complète du Moujik. Qui, pour notre plus grand bonheur, mène désormais sa carrière à la façon de l’immense Howe Gelb (présent sur l’inusable Mustango, 1999), alternant les disques et les tournées en trio électrique et les œuvres plus intimistes, recentrées sur la guitare acoustique et les claviers. Son Arizona à lui, ce Massif Central qui lui inspire depuis toujours ses plus belles échappées solitaires"
Citation en sus:
"Ça m’a fait beaucoup de bien d’être considéré comme un musicien ; ici, on ne considère mon travail que sous l’angle de la poésie,de l’image ou du caractère. Pour les gens du milieu indé de New York, je suis LE français qui figure sur la compilation "I’M YOUR FAN" (NdR : hommage à Leonard Cohen, avec R.E.M, Pixies, Nick Cave, entre autres). Et puis Robert Wyatt a aussi déclaré un jour à un journal New Yorkais que Dolorès était son album préféré de 1998. Tout ça m’a fait de bonnes cartes de visite qui avaient du sens pour les gens que j’ai sollicités" Divergence FM en 2000.
Voici ci-dessous, pour conclure, deux sessions live de GIANT SAND... qui ne reflète pas de l'énergie rock du groupe 2015.... alors débutons par le clip TRANSPONDER