Interview dans la Montagne... et pas de tournée?

Publié le 14 Avril 2016

Pas de tournée... et plus de disque? Voici ce que nous dit Jean-Louis... Même si dans magic, il parlait d'un disque européen (enregistré dans différents pays). C'est un coutumier du fait... mais qu'il n'y ait pas de tournée, c'est une vraie surprise...  Il dit aussi que Morituri est son meilleur disque...

 

 

A lire sur la montagne.fr:

http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/2016/04/14/interview-morituri-le-nouvel-album-de-jean-louis-murat-demain-dans-les-bacs_11870472.html

 

"Entre la musique des mots et le sens souvent caché de ces derniers, comme d’habiles combattants qui refuseraient d’abdiquer, « Morituri » est un bel album. Du Jean-Louis Murat. Jour blanc sur les pistes. Le ciel est si bas qu’il touche presque l’herbe renaissante. Derniers lacets de route avant d’arriver chez Murat. Par là-haut, côté Guéry. Depuis quelques minutes, Morituri, son nouvel album habille (habite ?) l’espace. Il y a quelque chose d’assez magique – qui relève peut-être du conditionnement, il faut l’avouer – à l’écouter ici?; comme s’il était un élément du paysage. Morituri suit les remarquables Toboggan et Babel. Il est beau, au sens de l’adjectif et du philosophique – qui réalise un idéal par rapport à son genre. « Ce que tu fais est imprégné de l’endroit où tu vis, bien sûr, mais je détesterais par-dessus tout devenir un chanteur AOC […] Pour Babel, l’idée était de faire un album sur un canton. Là, j’ai pris la température du pays. J’ai changé d’échelle ». Le pays, et son climat…

-Un très bon album, une fois encore.

Merci. Pour tout dire, je pense qu’il s’agit de mon meilleur disque, pourtant enregistré dans les pires conditions.

- C’est-à-dire ?

En novembre dernier, quelques jours après « Saint-Denis »… L’ambiance était impossible. Tout le monde était tellement stressé. Tout le monde était archi-flippé. Et nous n’avions que cinq jours.

-Du coup cet état nourrit l’album.

Certainement. J’ai transmué une ambiance qui ne portait pas à faire de la musique. […] J’ai chanté différemment aussi. Il paraît que c’est le changement notable sur ce disque : le chant. J’ai chanté zen, face au stress ambiant.

- Aucune référence aux événements.

Non, ce sont des chansons écrites en juin-juillet-août?; des chansons de l’été où il ne se passait rien de particulier. C’est plutôt en les chantant que j’ai vu qu’il y avait ce que l’on pourrait appeler des références… Mais c’est tout. En même temps, l’ambiance est tellement spéciale dans le pays que ce n’est pas anormal d’avoir un climat grave dans un texte… En tout cas, je n’ai pas changé une ligne.

« J’ai transmué une ambiance qui ne portait pas à faire de la musique »

-Morituri, quand même (Morituri signifie Ceux qui vont mourir)…

En fait, nous étions en Italie avec les enfants, et Morituri c’etait plutôt Vercingétorix qui a été obligé de saluer César. Je disais aux enfants : nous sommes les arvernes, les morituri… Après, le sens ou l’idée de départ t’échappe complètement quand tu proposes quelque chose. J’écris des chansons pour avoir le plaisir de les enregistrer et surtout de monter sur scène. Après…

 

- D’où cette régularité et densité dans ta production…

Mais jouer de « vieux » morceaux n’a pour moi aucun intérêt?! Je suis un producteur bio, je ne cuisine qu’avec des produits frais. Chanter les vieux trucs je n’aime pas. Tu as l’impression de ne pas avancer. Depuis trois ans, par exemple, j’ai changé à fond?! Je change vite. Ça me régénère.

- Donc, comme d’habitude le prochain, voire les deux prochains sont déjà « en boîte » ?

Là…, je ne sais pas trop en fait… Je vais voir comment ça se passe sur celui-là.

- Babel, et avant lui, Toboggan, ont mieux marché que les précédents, non ?

Non, je suis toujours sur les mêmes chiffres. Ce n’est pas si mal, déjà, de tenir le truc aujourd’hui. En gros, on a tous plongé de 60 % en quelques années sur la vente de disques. J’étais autour de 100. 000.

- Quand vous dites je vais voir avec celui-là… Vous pensez qu’il va résonner différemment ?

Je ne sais pas. J’en ai un peu ras-le-bol du train-train en fait. Ce n’est pas sûr que j’enchaîne les disques comme jusqu’à aujourd’hui. Peut-être qu’il y a, pour moi, désormais des choses plus intéressantes que de faires des disques.

- Vous êtes en train de dire que Morituri est, peut-être, votre dernier album ?

Ben ouais… Je ne vais pas faire ça 107 ans. J’ai toujours pensé que faire de la musique éait un mode de vie indépassable. Monter sur scène, écrire des chansons, etc... Et là, le business est tellement bourré de cons que je ne suis plus certain que ce soit intéressant. Donc, je vais faire autre chose….

- Quoi ?

Je ne vais pas te le dire tout de suite. Faire de la musique, comme on le fait en France aujourd’hui, n’est plus aussi épanouissant. Le pays est devenu… Comment dire… ? Il n’y a plus vraiment à chanter. L’humeur n’est plus à ça aujourd’hui.

- L’ambiance est trop lourde ?

C’est un très très vieux pays. Il n’y a plus de jarret. Un pays bourré d’arthrose. Il y a une raison qui pour moi n’a jamais tenue : le pognon, c’est pas trop mon truc. Donc il faut que l’envie soit forte.

« Peut-être que désormais, il y a pour moi des choses plus intéressantes que de faire des disques»

- Et ce n’est plus le cas.

Plus que ça, c’est que l’écho que tu reçois est de moins en moins intéressant. Tout ça manque un peu de curiosité, de vigueur, de réactivité.

- C’est pas plutôt de l’aigreur ça ? Tu rigoles ?! C’est de l’aigreur si d’un seul coup tu es monomaniaque et que tu arrêtes ton activité… Moi je travaille autant sinon plus. Mais ca fait 5/6 mois que je n’ai pas écrit une chanson et ça ne me manque pas.

- Bon alors c’est un coup marketing ! Mais si je fais un coup marketing, c’est avec Paris Match (rire) !!! Non… mais, tu vois, il n’y aura pas de tournée sur cet album – les musiciens du disque ne sont pas disponibles –, c’est peut-être aussi le signe qu’il faut arrêter tout ça…

 

Julien Dodon

Rédigé par Pierrot

Publié dans #Morituri

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article