Des explications sur le VISUEL de "TRAVAUX SUR La N89"
Publié le 25 Novembre 2017
Dans les nouveautés de cet album, il y a notamment le visuel (au revoir et à bientôt à Frank Loriou, et adieu à M / M). C'est cet angle que Libération a choisi de traiter... Et on voit le rôle et l'influence de Madame B., même si Monsieur B. a semble-t-il choisi au final. Celle-ci ne fait pas l'unanimité, mais elle va bien à l'album. On peut regretter l'absence d'un véritable livret, mais la taille des textes (on n'est plus sur un album du musicien que du poète?), il ne s'imposait pas.
On peut tout de même signaler la qualité graphique des albums de Murat à travers les âges... même si j'ai peut-être un faible pour les visuels plus personnalisés (notamment le décrié Mockka ou le Cours Ordinaire des Choses).
Il fallait un visuel de rupture pour un album radical. Rachel Cazadamont, qui a contribué à créer l’esthétique de la French Touch, a cassé les codes habituels de Jean-Louis Murat.
La ligne graphique «J’ai d’abord proposé de travailler à partir de photos découpées, qui se seraient inscrites à leur manière dans la continuité de l’esthétique des disques de Murat, mais on m’a répondu que ce n’était pas du tout ce qu’on attendait de moi. Il souhaitait une proposition "graphique et radicale". Je me suis alors retrouvée entièrement dans mon élément. C’était drôle de voir revenir les problématiques que nous avions connu dans les années 90 avec les artistes techno, qui ne voulaient pas apparaître sur les pochettes, mais cette fois pour un chanteur dont le travail a, au contraire, toujours été très incarné et qui ne connaissait pas forcément cette culture électronique.»
La commande «Normalement, je travaille en relation avec l’artiste, qui me fait écouter son album avant que je ne commence à réfléchir au visuel. Cette fois, rien ne s’est passé comme d’habitude. Je n’ai pas pu entendre un seul morceau et je n’ai jamais rencontré Jean-Louis Murat. C’est sa manager, qui est aussi sa femme, qui m’a fait une forme de commande en utilisant des mots comme rupture, collage, coupure, cassure, montage…» Les panneaux stylisés «A cause du titre, j’ai vite pensé à des éléments routiers, au code de la circulation, d’abord avec des images de marquage au sol. Puis, cet été, sur la route des vacances en Auvergne [la région de Murat, ndlr] - une pure coïncidence - j’ai eu cette vision des panneaux, avec leurs formes, leurs couleurs, que j’ai synthétisées au maximum. La pochette a été réalisée très rapidement. J’ai envoyé cette proposition, ainsi que deux autres plus sombres et psychédéliques. La réponse a été immédiate : "Jean-Louis veut celle-là."»
Les titres coupés «La N89 est une route qui traverse l’Auvergne en passant par Clermont-Ferrand. Il semble qu’elle soit toujours en travaux et empoisonne la vie de la région. J’ai coupé les lettres et les mots en songeant aux termes utilisés pour me parler de l’album. Quand enfin j’ai pu l’écouter, bien après que la pochette a été finalisée, j’ai retrouvé cette sensation de mash-up ou de cut up musical, qui me semble aussi être présente dans ce visuel.»
Pour aller plus loin:
http://typomanie.fr/ludovic-houplain-rachel-cazadamont-h5-a-typeparis/
https://www.typeparis.com/people/ludovic-houplain-rachel-cazadamont/
LE LIEN EN PLUS
Un petit post du chanteur Bertrand Betsch
Murat va vers son risque. Et son pari est réussi. Travaux sur la N89 est son meilleur album depuis Mustango. Ça nous change drôlement de "Camping à la ferme"...
Murat adapte le free jazz à la chanson française. Rien que ça.