Un mois de juin sans Koloko: Pensées aux muratiens.
Publié le 12 Juin 2018
A quoi je sers? où vais-je? dans quel étage je gère? Suis-je tout seul dans l'univers? Tenir un blog sur Murat, ça vous fait vous poser des questions... d'autant plus quand on se sent vraiment tout seul par moment, que le seul indicateur qui te reste est l'affluence des visiteurs et qu'elle redescend à 80 certains jours. Leliendéfait n'est plus mise à jour, Didier se repose, le forum a été mise à mort, et j'ai perdu mon acolyte, le seul en France et dans le monde, qui pouvait faire des heures de bus pour aller consulter une archive... La sphère muratienne semble par ailleurs bien éteinte. Qui s'est amusé à décrypter en détail "Travaux sur la n89"? J'imagine Murat qui s'est sans doute amusé dans ses textes abscons (comme ses multiples pistes musicales) à faire des références... et on s'y est peu intéressé. Murat est même obligé parfois à nous dévoiler lui-même des secrets: Matthieu avait saisi la perche une fois (Freud dans toboggan).
Enfin, on a perdu notre phare dans la nuit: notre Koloko... La rencontre, les retrouvailles, le moment privilégié... Et le mois de juin n'est plus le même.
Pour y penser, pour penser à Matthieu Guillaumond, voici le texte que Flo, une des fidèles commentatrices du blog, m'a fait passer : Non, les muratiens vivent encore, on les retrouvera cet automne....
EN SOUVENIR DE J … non, de M.
La communauté muratienne s'enorgueillit de 27.389 membres ( selon les membres inscrits sur sa page facebook mais en comptant ceux qui refusent la modernité et le numérique, on peut royalement aller jusqu'à arrondir le chiffre à 29.599 membres )
Parmi ces membres, il convient de distinguer les membres actifs des passifs.
Et là, il devient difficile de faire le décompte... en effet, peut-on raisonnablement tailler à la serpe dans un 50/50 ? ce serait trop facile et bien feignant .
Si l'on n'arrive pas à les quantifier, peut-on néanmoins dire quelle en est la part la plus importante ?
Difficile, là aussi, car à force de remarquer ceux qui se manifestent à tout bout de champ et monopolisent la parole, on pourrait croire qu'ils sont nombreux à l'intérieur d'une même personne.
Matthieu était précis et je compte lui rendre hommage. Tâchons d'être un peu sérieux.
Je dirais donc que sur les 29.599 membres escomptés, 28.301 sont passifs et 1298 actifs voire très actifs (je compte dans ce chiffre les hyper-actifs c'est-à-dire les administrateurs des groupes facebook par exemple).
Il va m'être difficile de sonder les passifs (encore que l'imagination doublée d'un exercice de style pourraient donner quelque chose d’intéressant), en revanche, je vais tenter de faire un portrait de ceux qui se manifestent de temps à autre voire tout le temps.
Chez les muratiens de tout bord, la première des qualités est la FIDELITE. Un muratien est par essence fidèle et constant. (le chiffre des aficionados est le même , à peu de choses près, depuis 30 ans...)
Ceci étant posé, chez les muratiens actifs, ce que l'on peut observer de leur mode de vie est qu'ils sont en longue hibernation pendant 11 mois de l'année (ceux qui précèdent la sortie d'un album) et qu'ils sortent de leur tanière en général en automne, date de sortie du nouvel opus.
*Tout l'inverse des ours et des marmottes en somme.
Il arrive aux muratiens actifs d'être au-dessus de la croûte terrestre lorsqu'il y a des tournées (de leur idole). Ils se réveillent donc par grappes successives, selon leur terrier d'habitation, s'envoyant des petits mails pour se regrouper (« tu y vas ? Non pas là, je peux pas, faut que je fasse garder mes gosses mais une autre fois ») ils se bisent lorsqu'ils se retrouvent et s'échangent des bières (si,si) . Il y a même des muratiens qui n'habitent pas la Gaule et prennent l'avion à réaction pour passer la frontière (ou un train bleu, voire la voiture du chanteur) pour venir le voir par tous les temps. Mais ceci est une autre histoire.
En dehors des tournées, le muratien dort sous un tas de feuilles mortes et mange ses noisettes et glands glanés pour l'hiver. MAIS ! Quand arrive la sortie de l'ALBUM annuel, c'est la fête au village avec son lot de joyeux et de grincheux qui s'écharpent à coups de canne tel Agecanonix et Ordralfabetrix*. Et c'est toujours le barde qui finit en haut de son arbre, bâillonné pour la soirée...
*Il est pas frais mon poisson ?
Ce village d'irréductibles muratiens est incorrigible ! C'est toujours la même rengaine.Les veines se gonflent, les gorges rougissent, les noms d'oiseaux fleurissent et depuis que la Gaule est Gaule , personne n'arrive à se mettre d'accord.
Tous les caractères sont représentés dans ce village, (de moyenne d'âge assez élevée, la natalité étant en baisse parmi les belligérants, on peut raisonnablement dire que la moyenne d'âge muratienne tourne autour de 50 ans... et ça ne s'arrange pas avec les années ! )
Les timides, les débonnaires, les enflammés, les inconditionnels, les fidèles coûte-que-coûte, les a-quoi-bonistes, les enragés, les exigeants, les intellectuels, les supérieurs, ceux qui lisent télérama, ceux qui lisent magic, ceux qui lisent les inrocks, ceux qui ne lisent rien et s'en foutent, ceux qui pensent qu'ils ont toujours raison et ceux qui se rangent derrière l'avis du dernier qui a parlé.
Il y a ceux qui pensent que Jean Louis ne chante que pour eux, ceux qui ont connu sa première brassière, ceux qui emmènent leurs gosses au concert, ceux qui ont des cheveux longs et une barbe aussi longue et un tee-shirt toujours noir , ceux qui viennent de loin,ceux qui passent la frontière, ceux qui descendent de leur montagne, ceux qui se réunissent autour d'une bière ( la bière de la Coopé 2 euros , gobelet consigné ) ceux qui sont tellement timides qu'on n'a jamais entendu le son de leur voix, ceux qui la ramènent tout le temps, celles qui cachent des bières dans leurs collants , celles et ceux qui sont secrètement amoureux de Stéphane Raynaud ou de Jocelyne qui vend les disques à la sortie.
Il y a ceux qui sont dans la queue depuis le matin et squattent le premier rang dès l'ouverture des portes, connaissent les paroles des chansons par cœur et les chantent à tue-tête tandis que d'autres leur crient « chuuuut !!! » ceux qui n'osent pas et donc se font marcher sur les pieds pour finalement atterrir au deuxième étage de la Coopé ( ils ont raison, finalement on y voit mieux la scène ) car ils ont laissé tout le monde passer devant eux.
Il y a ceux qui , dédaigneux, sortent à pas lents du concert, la lippe désabusée en disant « c'était de la merde, il ne nous a même pas salués à la fin ou... il n'a pas chanté ma chanson... ou son final était à chier « ceux qui comme des fourmis sont surexcités et écarquillent les yeux tout en s'ébaubissant rétrospectivement, ceux qui guettent subrepticement la porte des loges ( des fois qu'elle s'ouvre ) , ceux qui s'y introduisent alors qu'ils ne sont pas invités et y dégustent un gâteau au citron fait par les blanches mains de Laure B., ceux qui fument sur le parvis et ceux qui aident Stéphane Raynaud à ranger sa batterie dans son coffre de voiture tout en taillant la bavette avec lui.
Les petits Bergheaud filent entre les jambes des participants et cela ressemble à une drôle de pagaille.
Quelquefois, un vigile interpelle quelque contrevenant à l'interdiction d'emporter de la boisson à l'intérieur de la salle … et la Suisse n'est plus neutre.
Il y a la confrérie des chapeaux de paille qui a décidé un jour de couvrir leur chef de ce chapeau campagnard sous prétexte que leur idole en arborait un sur un disque qui parlait de jeux pour les mômes ...On n'est pas sérieux quand on a 50 ans .
Il y a la confrérie des saucissoneux, fromage puant et vin rouge ou bière du pays qui ne conçoivent pas un concert de Murat sans se remplir la panse. * comment, il n'y a plus de sanglier ?
Il y a les gratouilleux qui apportent leur guitare et s'essayent à imiter le maître tandis qu'une chanteuse roucoule en imitant la belle Morgane.
Il y a les prévoyants qui se munissent de deux smartphones ou d'une batterie de secours pour pouvoir filmer les moments importants du concert.
Il y a les pressés qui sont arrivés le soir par le train de 17h05 et repartent le lendemain par le train de 08h03. Il y a les détendus qui sont là pour 3 jours et dont les sardines dépassent du sac à dos ainsi que le réchaud Butagaz (On les reconnaît à leur short et leur pataugas mais à Orcival, même en été, ça caille le matin).
Alors, me direz-vous, y a-t-il une hiérarchie dans cette communauté muratienne, hibernante et transhumante ?
Eh bien oui, comme dans le village gaulois avec son chef Abraracourcix et sa femme Bonnemine.
Il y a ceux qui sont les plus anciens qui sont au sommet de cette hiérarchie , on les appelle de ce nom bizarre de DOLOS ( on ne vous en dira pas plus, vous n'aviez qu'à être là et non, ça n'a rien à voir avec Doliprane ). Ce sont les plus anciens, ils ne sortent du bois qu'une fois l'an et ce sont comme les gardiens du Temple. Parmi eux, il y a les adeptes du Grand Véhicule et ceux du petit Véhicule. Pas simple. Ils se partagent le temple sacré le temps d'une offrande mais s'ignorent superbement.
Après les DOLOS, il y a les KOLOKOS , nom encore plus étrange s'il est possible (non, on ne vous expliquera pas de quoi il s'agit, il ne fallait pas rater la saison 4 de Kaamelott, un indice= cela a un rapport avec Clermauvergne , chuuuut ,ceux qui savent !...).
Il y a ceux qui ont des talents d'organisateurs ( « en rang, deux par deux, qui sera là au Koloko 2012 ? oui dans la Grande Salle, prix des places 21 euros, y en a encore à la Fnac, on réserve un gîte à Orcival ? Combien de nuitées , qui sera véhiculé, qui s'occupe de réserver ?? tu peux ? OK. Qui sera là le dimanche matin pour aller acheter du fromage au marché d'Orcival ??? ») et ceux qui arrivent les mains dans les poches ( quand ils en ont ) ou les doigts dans le nez, « ah y a plus de place ? On peut en acheter une au marché noir ? Comment ça Orcival c'est à 10 km dans la montagne ? ».
Il y a ceux qui se scrutent ( « il m'a regardé, il m'a parlé, il m'a souri « il » étant le chanteur bien sûr ) et ceux qui attendent patiemment, leur disque à la main une dédicace du maître et qui osent lui faire une petite bise sur la joue et lui disant « jadooorecequevousfaites » il y a ceux qui vont faire une after dans la nuit de la place du 1er mai et se cachent tellement bien dans les buissons qu'ils en arrivent à se perdre et à ne plus retrouver le chemin de leur hôtel.
Mais tous les barbares, avec leurs particularités et leurs défauts, tous se rassemblaient et aimeraient bien se rassembler encore pour le festin final auprès de l'apôtre aux cheveux longs et à la barbe rousse.
Voilà...
Matthieu, ce texte est pour toi et on t'aime !!...
Florence Lohéac
Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait fortuite et involontaire
on n'est pas sérieux quand on a 50 ans
qui aime bien châtie bien
reviens et tout est effacé.
Merci Florence!
LE LIEN EN PLUS
Matthieu dans ses oeuvre:
Notre PEREC à nous se souvenait des KOLOKOS: http://www.surjeanlouismurat.com/article-hommage-aux-kolokos-happy-birthay-to-you-107472980.html
Et sur la descriptions des muratiens, on s'était bien amusé: http://www.surjeanlouismurat.com/article-muratiens-ou-qu-est-ce-106222509.html
Malgré la bonne diffusion de l'article consacré à Matthieu Guillaumond, je reste déçu que quelques témoignages supplémentaires ne soient pas parvenues à sa famille. Je n'ai pas retrouvé par exemple Catherine Escourolles, ancienne du cinéma LE RIO, dont le licenciement a conduit je pense Matthieu à ne plus remettre le pied dans un cinéma... J'aurais souhaité et pensé que la Montagne consacre un article à Matthieu, mais ça n'a pas été le cas. On maintient donc encore et toujours une bougie allumée... en attendant peut-être un événement à Clermont qui permette de lui rendre hommage. PSDT ( et on ne te confond pas avec St-Pierre là haut?, tu peux podcaster "répliques" ?...)
|