Un étranger français étrange sur FRANCE INTER, et une chanson inédite!

Publié le 18 Octobre 2018

 

- Tout a commencé ce matin dans la matinale, avec Rebecca Manzoni. Et on peut dire que c'est une pluie de louanges, même si c'est peut-être plus sur son parcours et ses recherches que sur l'album en lui-même.

 

"Dans l’un des morceaux de son disque précédent, Travaux sur la N89, Jean-Louis Murat déclarait :  Moi je ne travaillerai jamais.

Et pourtant, la discographie de Jean-Louis Murat compte plus de 20 albums qui prouvent que celui-ci ne s’est jamais défilé pour explorer. Quand la chanson française s’est mise à sentir les pieds, Murat fut souvent là pour aérer. Il est allé sur les terres du trip-hop, du blues, du folk, du jazz, de l’électro. À 66 ans, son nouvel album Il Francese atteste qu'il est resté un môme intrépide. Qui d’autre que lui pour associer boîtes à rythmes, collages sonores et Marguerite de Valois ? Chez Murat, la reine Margot a un "Peau-rouge" pour amant. Il y a deux ans, Jean-Louis Murat était sur le point de renoncer. Ses disques ne se vendaient plus, alors il a pris une décision radicale : virer tout ce qu’il y avait sur son établi, le format de la chanson pop, ses couplets, ses refrains. Terminé. Une fois qu'il a fait place nette, il revient avec des mélodies chaloupées et, toujours, l’intention d’en découdre.

On associe logiquement Murat à sa région, l’Auvergne. Mais, à partir de cette base, il a su inventer une galaxie où il mélange les langues, les époques et les pays. Dès 1989, quand il publiait son premier album, Cheyenne Autumn, le titre faisait référence au film ultime de John Ford. Son nouveau disque s’intitule Il Francese. On y entend l’actrice Silvana Mangano, on y croise  des cow-boys et il y cite le plus grand rappeur des années 2010 qui s’appelle Kendrick Lamar. Si l'on se risque ainsi à le résumer, le Murat de l'année 2018, est un Auvergnat funky qui fantasme l’Italie avec du hip-hop dans l’oreille.

Depuis l’été, et jusqu’à la fin de l’année, quelques-unes des plus belles pièces de la discographie de Jean-Louis Murat sont rééditées en vinyle : les albums Dolorès, Le Manteau de pluie ou Mustango. Murat est un musicien qui a 40 ans de parcours derrière lui et qui a le panache de se remettre dans la position de l’autodidacte.

la suite à écouter... https://www.franceinter.fr/emissions/pop-co/pop-co-18-octobre-2018

 

Un étranger français étrange sur  FRANCE INTER, et une chanson inédite!

- Et à 9 heures, c'était au tour de Boomerang, qui nous a fait sentir des bing et des bang.

https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-18-octobre-2018

Augustin sait très bien chercher notre Murat sans pour autant le pousser à l'esclandre. Je conteste un peu son commentaire de départ sur Murat qui ne serait pas rock. J'aime bien moi dire le contraire, même si ça se discute effectivement.

Bon début sur son côté sniper: Murat fait porter le chapeau aux auvergnats qui aiment clore les discussions rapidement. "on a d'autres choses à faire".

De la musique, la discussion se détourne un moment vers la "politique": Murat rappelle qu'il a écrit une chanson "je suis européen" (proposée à Julien Clerc)... mais que cette idée se défait, et que "le breixit est une façon dont les anglais ont de nous dire fuck, y compris musicalement, et c'est très humiliant comme tous les gars comme moi qui ont une imagination en langue anglaise".

Murat renouvelle son propos (il me semble que c'était récemment) sur ce qui le fait vibrer dans la musique: "quand le corps ne peut pas résister" et "qu'on se met à danser", la soul... (bon, on n'ironisera pas sur ses concerts actuels assis, le pied qui tape le sol, c'est aussi vibrer...)

Sur Kendrick, "il a une vie intérieure, c'est rare" ("même si sur scène, c'n'est pas terrible, c'est le problème du rap". "C'est un personnage de roman". Là, je me dis qu'il aime Lamar pour les mêmes raisons qu'on l'apprécie lui. D'ailleurs, il ajoute qu'il se sent très proche de lui et qu'il n'a pas ressenti la même chose depuis Dylan. Sur celui-ci, même s'il dit qu'il a un peu lâché l'affaire, il salue la longévité. " J'ai détesté que Roth s'arrête...J'aime les gens qui vont jusqu'au bout" comme les vieux bluesmen. 

- "Mylène, c'est de l'amour".

- le secret du renouvellement? "penser que tout ce qu'on a fait était de la daube", "avoir la force de caractère d'aller au fond". "C'est douloureux". Avoir la force de caractère de faire une dépression?

- "Être français"?  Là, encore, Murat parle de l'échec de l'europe, et d'un repli ou d'un retour vers "être français", cette impossibilité de se construire une nouvelle identité lui faire craindre "un ressassement", notamment en matière de "chansons françaises".

J'ai retrouvé ces citations pas forcement contradictoires avec ces propos:

En 2003: "L’Europe c’est une tragédie. Bon, je sais, j’ai écrit des chansons pro européennes, j’avais proposé à Julien Clerc un texte pro européen : Je suis un européen. Maintenant je me dis : « heureusement, il ne l’a jamais enregistré » ! Aujourd’hui, je suis anti européen à fond. Tout le monde se fout de la politique et je ne sais même pas ce que je pense… C’est vraiment pas un truc intéressant, hélas… Hélas, parce que c’est fondamental mais la politique de la France ça ne change rien à l’état du monde".
En 2006, au moment de Taormina : 

"Taormina, c'est la Sicile, l'Etna. Ça ressemble à chez nous, à la chaîne des Puys. Alors je suis sicilien, de Corleone, du Sud", puisque l'Auvergne est bien ancrée dans l'ancien pays d'Oc.  Brun, bouillonnant, jamais sanguin, montagnard inconditionnel, l'habitant du Puy-de-Dôme, entre "roche Sanadoire et roche Tuilière", a le goût du Sud - coup de patte en passant : "On flashe sur le modèle suédois, le modèle danois, alors qu'on s'y emmerde comme dans un film de Bergman." Murat s'emballe toujours en parlant, il fait loupe : prend un point précis et le grossit (exemple : " Imagine, de John Lennon, c'est une musique pour le Crédit agricole").  "Je me sens de moins en moins français, j'ai regardé la finale de la Coupe du monde de foot avec le maillot italien sur le dos. Je retrouve mon identité en étant étranger. Et depuis qu'on a créé les Etats-Unis d'Europe, je suis européen. Je détricote l'identité, et je prends l'option de l'étrangeté."

Cette dernière citation ressemble assez à ce qu'il dit ce matin. C'est un peu de storytelling me dit-on, pour quelqu'un qui disait avant tout de creuser son sillon dans un certain classicisme français?  Une vaine tentative d'associer la pop et la poésie? Bon, après tout, on est quand même tous des européens, putain, putain... même Shakespeare. Euh, est-ce que mes propos veulent dire quelque chose? Allez, continuons  la lecture...  [yeahhhhh, #teamChambé  #hand, on reste invaincu].
 
- "je me suis senti étranger" pour avoir senti la bouse (là, encore, il l'a dit sur radio nova).
 
-  Son attachement à Naples?  La possibilité d'être détruit... "être sur le qui-vive"
- "J'aimerais beaucoup retourner aux Etats-Unis, le sud..."
- "je ne veux pas devenir un chanteur AOP". "Je ne veux pas être autochtone"
- "Quand on est nostalgie d'une époque qu'on n'a pas connue, mieux vaut changer de pays".
 
- Augustin se lance dans une jolie description du physique de Murat.
- Quelques propos déjà entendus sur la grand-mère, la honte de sa mère sur son métier, la rencontre avec Nicholson  ("je regrette"), le fait de ne pas écrire de roman ("je ne me sens pas prêt)
- Oups, j'ai perdu le fil : discours sur la poésie...
- Anne Sylvestre, le plus grand auteur de chanson en français, Béranger... Je ne comprends pas trop le propos suivant, même si je crois que Murat confirme une partie de mon propos du début d'article: il se situe ailleurs, en étant dans le rock, qui refuse cette idée de "chanson républicaine".
 
- Et voilà la surprise annoncée: une reprise d'Anne SYLVESTRE, "un mur pour pleurer"..."une chanson qui date" mais  très actuel. Effectivement, une bien belle surprise (dommage qu'il chante sur une PBO un peu rachitique... J'imagine que du coup, il existe une version peut-être un peu plus aboutie quelque part, du côté de la malle, et c'est sans doute magnifique).
 
 
Et bien, c'était une émission intéressante sur le Murat du moment, étonnamment très séculier, pour un album très hors du temps, mais on comprend que tant l'époque que le cheminent personnel le conduit à "fouiller" profondément les temps.
 
 
 
 
 
 

Rédigé par Pierrot

Publié dans #il francese

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