CONCERT DE STRASBOURG, LA LAITERIE (8 décembre 2018) par DOMINIQUE
Publié le 10 Décembre 2018
Et bien les Strasbourgeois ont un incroyable talent, Mesdames, Messieurs. Après le compte-rendu signé du fameux PIERRE SCHOTT , l'autre musicien adoubé par Bayon (avec quelques autres certes), pour le concert précédent dans cette salle en 2013, voici celui signé par Dominique Grylla, auteur et comédien:
COMPTE RENDU CONCERT JLM LA LAITERIE 8 DÉCEMBRE 2018
Trente ans d’amour avec les mélodies et les textes d’un chanteur, ça se fête non?
Trente ans d’amour avec toute la collection des albums qui va avec, et un bon nombre de concerts. Attends. Combien? Six de sûr, sept peut être. Et des concerts manqués en pagaille.
Trente ans d’amour muratien partagé avec les femmes qui ont fait partie de ma vie.
Trente ans d’amour conditionnel car même si je suis amoureux de son univers et de son talent, je suis critique quand il se laisse aller à la facilité. Oui, il y a un petit nombre de ses chansons que je préfère éviter d’écouter.
La Laiterie, rue du Hohwald, Strasbourg. La grande salle: capacité de 900 places environ.
La dernière fois que j’ai vu Jean-Louis Murat à la Laiterie, c’était pour la tournée Mustango dans une salle pas pleine, mais bien fournie. Un bon concert. Il y en a eu des bons, et d’autres beaucoup moins bons. Je pense à celui de Besançon (tournée Venus) où il était fatigué et complètement à la ramasse sur scène, ce qu’un journaliste de Libé lui a fait remarquer lors d’une interview parue le lendemain. Et JLM dans sa grande mauvaise foi avait déclaré que « le public de Besançon était un public de gens rabougris, comme leur ville d’ailleurs. » Les bisontins présents au concert ont apprécié.
Ce soir, même salle, sauf que la salle est réduite de moitié par des pendrillons. J’ai manqué la première partie de Pierre Bouchard (20H/20H30) et j’arrive juste à temps pour l’arrivée de JLM et ses deux partenaires de scène, Fred Jimenez à la basse et Stéphane Reynaud à la batterie. Ils commencent à 21H pétantes.
Achtung est l’entame d’une soirée qui s’annonce groovy. Le trio se connait par coeur et les instruments jouent bien ensemble. JLM joue assis sur un tabouret de bar, avec ses partitions devant lui. Il les regarde à peine. Fred a une présence discrète et attentive derrière sa basse tandis que Stéphane installe un tempo sans faille.
Le public, bien que peu nombreux (environ 200 personnes) réagit au quart de tour et assure un accueil chaleureux aux trois musiciens. Les corps commencent à se trémousser sur le groove du premier morceau.
Les chansons s’enchaînent, pas de temps mort ni de bavardages avec le public. JLM est concentré et sa voix est en forme.
Cinevox est jouée comme un slow rock avec un effet flanger dans la voix.
Puis vient Hold up joué mid tempo avec le même effet dans la voix. Les lumières donnent une belle atmosphère sur scène. JLM remercie le public puis enchaîne le morceau suivant.
Tarn et Garonne boogie rock à l’intro improvisée sans effet sur la voix. Le public adore et danse. Nous avons une belle ambiance dans la salle. Je me rends compte que les fins de chansons sont moins hasardeuses qu’elles ne l’étaient durant le concert sur France Inter, c’est un sacré plus. Il y avait un clavier durant ce concert à la radio. Et là je me dit que j’aurais aimé voir Denis Clavaizolle sur cette scène à Strasbourg, je trouve qu’il apporte de très belles harmonies aux chansons de JLM. Je ferai sans.
Puis vient Over and Over à l’intro sifflée. Petite pensée pour Micheline Dax, divine siffleuse! Et à nouveau une pensée pour la partie d’orgue paradisiaque sur la chanson de l’album, et qui manque sur scène. C’est pas grave. Le charme est là, et JLM nous charme à chanter les yeux clos, habité par son chant et il nous emporte avec ses deux musiciens qu’il nous présente. Le public est conquis.
Autant en faire quelque chose ? C’est le titre que j’ai trouvé à cette chanson que j’ai entendu pour la première fois. Ambiance groovy et re-effet sur la voix.
Micro pause où JLM boit une gorgée d’eau et plaisante sur le fait d’être heureux d’être là. « Quoi? Ça se voit pas? » Connaissant la sincérité de l’artiste, je le crois sur parole. Il s’essaye ensuite à l’humour en cherchant l’approbation de ses deux compères de scène, mais se plante un peu. « C’est comme avec les gonzesses qui te demandent si tu les aimes, ben oui regarde je bande! »… Silence dans la salle. JLM se reprend « Putain c’est pas vrai, dès que je l’ouvre c’est pour dire des conneries! »
Commence Rendre l’âme suivie de Gazoline, deux chansons qui se ressemblent un peu, par leur tonalité et leur tempo.
Le début de Kid du dernier album « Il Francese » est laborieux. Fred ne connait plus l’intro, ce qui laisse apparaître un moment de confusion assez cocasse devant une salle hilare, et les deux autres amusés par la situation.
Puis vint L’amour qui passe, magnifique chanson de l’album « Le Moujik et sa Femme » qui nous a été livrée dans un écrin de beauté.
Il neige a suivi dans la set list. L’ambiance a radicalement changé par une interprétation métallique, lourde et austère. Je sens le public un peu décontenancé. Mais la neige fondra vite sous le groove solaire de Marguerite de Valois qui réchauffera tout le monde.
JLM fait son premier au revoir à la fin de la chanson et entraîne vite ses musiciens en coulisse. On sent qu’il ne veut pas perdre de temps lors des saluts.
Les lumières restent éteintes pendant que le public applaudit généreusement. JLM revient seul pour le rappel. Il saisit sa guitare, la pose sur ses genoux et réclame un bottleneck. Tiens, tiens, il voudrait la jouer tel un Ben Harper?
Il commence à chanter le premier couplet de Je me souviens, et tente de « slider » sur son manche, puis se ravise. La guitare reste sur ses genoux. Il reprend le premier couplet a cappella et laisse résonner sa voix, et sa guitare sous tension dans la salle. Un silence de cathédrale y règne. Entre chaque couplet de cette chanson-hommage à feu Christophe Pie (ami-batteur de longue date), il souffle profondément comme pour évacuer une émotion qui l’encombre. On ne saura pas.
Le bassiste et le batteur le rejoignent durant les applaudissements émus du public strasbourgeois.
Les applaudissements sont à peine terminés qu’une longue intro fait apparaître Le Jaguar en blues crépusculaire voire même cataclysmique à la fin. Le morceau n’est pas encore terminé que JLM crie ses au revoir dans ce que seront les dernières mesures et les derniers instants de leur présence sur cette scène. Deux saluts polis des musiciens et bye-bye, les lumières se rallument. Personne ne conteste dans la salle, apparemment tout le monde en a eu pour son compte.
Sauf moi? Je regarde ma montre: 1H20 de concert. Ben quoi pépère, t’étais pressé de prendre ta douche et d’aller te coucher? Je veux pas mégoter sur la qualité du concert, car c’était un bon concert, mais 15 ou 20 minutes de plus avec nous, et la soirée aurait été parfaite.
Je sors lentement de la salle. Je regarde les gens pour choper des réactions dans leurs regards. Je crois qu’on ressent la même frustration. Notre « Saint Amant de la Terre » est parti avant l’orgasme. Mouais…
Je jette un oeil devant le stand de merchandising: quelques vinyls du « vieux », des cabas (?), quelques affiches. Je me croirais dans un magasin russe au temps de la chute du mur. C’est triste.
Bon, je vais me rentrer. L’avantage d’un concert qui dure 1H20, c’est qu’on peut aller se coucher pas trop tard. Dix minutes plus tard, je suis dans le tram qui me ramène chez moi, et en chemin une chanson me trotte dans la tête et m’accompagne jusqu’à ma porte « …C’était le dernier bal, bonsoir et bye-bye… » (La Fin du Parcours/ Vénus)
Merci DOMINIQUE! Et vive l'Alsace et la Lorraine!
Dernier concert de Murat à Strasbourg: 2015