le concert du Printemps de BOURGES (19/04)
Publié le 20 Avril 2019
Des retours positifs des fans, avec semble-t-il une setliste qui n'a pas trop bougé, mise à part un inédit en rappel. Il a indiqué à certains qu'il y aurait une tournée en automne (novembre et décembre)!
Deux articles dans la presse:
du Monde était présent:
A sa création, en avril 1977, Le Printemps de Bourges avait été organisé à la Maison de la culture, sous un chapiteau proche et au Théâtre Jacques-Cœur, niché à quelques centaines de mètres. A mesure que le festival prenait en importance, d’autres lieux ont accueilli les artistes (Palais d’Auron, Auditorium, Halle au blé, le 22…). Le chapiteau, avec une plus grande capacité d’accueil, s’est déplacé vers le quai d’Auron. Et le Théâtre Jacques-Cœur est resté un lieu prisé des festivaliers. Théâtre à l’italienne, avec ses balcons, dorures, sa petite jauge de 300 spectateurs, c’est là que durant le festival, l’on peut faire dans un confort d’écoute idéal des découvertes ou voir des artistes bien établis dans l’intimité[...] Jean-Louis Murat, dont les premiers temps en musique remontent à la fin des années 1970 – il a plus de trente albums à son actif. Le dernier en date, Innamorato (Scarlett-Le Label/PIAS), recueil d’extraits d’un concert lors de sa récente tournée avec quatre inédits, est commercialisé ce vendredi. [...)
Puis ils furent trois, Jean-Louis Murat, avec le bassiste Fred Jimenez et le batteur Stéphane Reynaud. Ils jouent ensemble depuis des lustres. Jimenez et Reynaud savent que le guitariste et chanteur peut dériver à partir de l’une des chansons, par le chant, par son jeu de guitare en combinaison rythmique/soliste. Et Murat sait qu’il trouvera avec eux des réponses musicales.
Le répertoire du concert est peu ou prou celui du nouvel album. Des versions directes de Ciné Vox, Gazoline, Marguerite de Valois, Kids, chansons du précédent disque Il Francese, avec même pour Je me souviens, Murat dans sa seule voix. Les inédits aussi, Autant faire quelque chose et Ben, qui enfle au rappel. Tempo tranquille souvent, imprégnation du blues, sursaut soudain de notes saturées, le chant qui se fait murmure ici, plus détaillé là… Un concert de Murat ce sont des surprises, de l’imprévu, surtout pas une redite d’un enregistrement en studio ou d’un concert précédent. Un jeu avec l’instant que l’on savoure.
Musique
C'était la grande classe dans l'écrin du théâtre avec l'artiste auvergnat qui se produisait en formation trio. La délicatesse du guitariste et ses vocalises faisait ainsi merveille. Il a commencé avec Achtung Baby et a fait succéder des temps calmes et des moments d'un groove incroyable où le blues et le feeling rendaient addictifs les fans endurcis. Son Je me souviens, seul au chant, était poignant et beau. Autant en faire quelque chose (plutôt que rien) avait un goût de "reviens-y". Resté discret côté discussion, il n'a quand même pas pu s'empêcher de parler du "festival de la saucisse", cette petite provoc qui fait que Murat est Murat. Mais c'est bel et bien l'artiste qu'il faut saluer. Décidement un grand.
Avant cela, le Berry Républicain avait fait paraître un article avec interview: Du Murat classique, mais des choses intéressantes... notamment que N89 serait sur le "fait républicain"!
Musique
Publié le 19/04/2019 à 10h00
Jean-Louis Murat à l'affiche du Printemps de Bourges, lui même n'y croyait pas jusqu'au moment où il fallait bien se rendre à l'évidence.
« Il faut mettre cela sur le compte du changement de direction. Mais je ne regrette pas de l'ouvrir, j'ai un bon sommeil après avoir dit ce que je pense. Le milieu du show business est effroyable. Il y a une hiérarchie, des baronnies qui sèment la terreur partout. Après, mon absolu dans ce métier ce n'est pas de vendre un max de disques. Ce qui m'intéresse c'est d'avoir une discographie qui se tienne. Je crois beaucoup à la famille, à l'éducation. Avoir l'image d'un bon père me paraît beaucoup plus important que le reste. C'est la transmission qui compte, ma qualité de père est bien au dessus, la musique est un gagne-pain. C'est un piège d'en vendre un max. Me retrouver entre Souchon et Goldman, plutôt mourir... »
Le streaming: « L'autre fois je discutais avec JP Nataf des Innocents. Il me disait que 100.000 écoutes sur un site de streaming musical lui permet de se payer un kebab. On ne touche vraiment pas une thune là-dessus. Les tournées c'est pour gagner notre vie. On est loin du storytelling avec le petit bourgeois qui fait comme s'il sortait d'une cagette d'aubergines. Quant au vinyle, quand on sait comme les maisons de disques se sont comportées avec les masters et comment les copies de vinyles se déroulent... »
La tournée. « Je suis avec de vieux complices pour faire la musique que j'aime. C'est comme un solo mais à trois. Évidemment, si j'avais les moyens je prendrais douze musiciens pour les mettre sur scène mais, à trois, on se retrouve en position d'étudiants, en plein travail créatif. On ne fait jamais deux fois la même chose à chaque concert. J'ai la nostalgie des groupes comme les Stones ou Neil Young et son Crazy Horse. J'ai vu le live à Montreux de Talk Talk, c'est à tomber raide dingue. Bon j'ai joué à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand. C'est comme si tu manges chez tes parents. T'es mal à l'aise. »
La chanson, truc de vieux. « Les temps vont tellement vite. Il faut bien reconnaître que pour les moins de 25 ans, la chanson ne les intéresse pas. Ça sent quand même pas mal Mitterrand et Giscard. La sensibilité du public a beaucoup changé, le couplet refrain tout ça. Ils préfèrent les hymnes comme dans les stades de foot. Aussi, il n'y a plus de récit national. Alors la chanson est devenue une niche. T'en vend beaucoup quand t'es mort. Mais c'est comme dans le ciné ou le roman, plein de choses changent. Bon, quand j'ai fait Travaux sur la N89, j'ai bien divisé le nombre de fans. En fait, N89, c'était en rapport avec le fait Républicain. »
Kendrick Lamar et Frank Ocean. « Avec Christophe Pie (mort depuis), on écoutait plein de trucs. Kendrick Lamar c'est tellement fort. Quand t'as vu les Stones en 1974, un concert de rap c'est pas terrible. Quand tu vois Earth Wind and Fire c'est bien mieux que des machines. Kendrick Lamar et Frank Ocean sont aussi des musiciens et ils amènent le groove dans la musique. »
Ecriture, chanson, peinture. « Je peins et dessine tout le temps, en fait la musique arrive en dernier. Mais écrire, peindre et chanter se conçoivent très bien ensemble. Quand on m'a offert le Larousse, à neuf ans, je l'ai pris comme un livre à part entière. Cela a beaucoup fait pour ce que je suis. Je lis toujours le dictionnaire. Les plis de l'enfance sont des plis qui restent. Enfant, je sifflais toute la journée et j'aimais dessiner et écrire. »
Citoyen. « Tout le monde pense que je suis un râleur mais en fait c'est parce que les autres ne disent pas grand chose. Avec Morituri, on voulait faire une tournée en me payant plein pot et quasiment rien aux autres dans un ultralibéralisme fou. Je veux vivre exactement comme les autres musiciens et techniciens. Je ne peux pas travailler avec des gens qui ne sont pas payés normalement. Je préfère avoir traversé les trente ans en étant citoyen, en disant les choses. Avoir une image, ce n'est pas en avoir. Moi je ne me prive de rien. Passer de la subtilité à la vulgarité et multiplier les emportements. De brillant à gros con cela prend une seconde. C'est une liberté. Du coup on ne m'invitait plus. À cause de mes interviews créatives. C'est une philosophie Bourboulienne de la vie que je partageais avec Christophe Pie. C'était mon petit frère, on était tellement proche. »
Prochain album. « On a commencé le boulot pour cette troisième fusée. On cherche. J'aime bien lier tournée et studio, du style deux jours avant le dernier concert et deux jours après le premier concert. À la maison autour d'un bon gueuleton et d'une java. »
François Lesbre
LE LIEN EN PLUS
L'anecdote dévoilée par le responsable du BBC d'Hérouville...
Et cela arrive aussi que l’atmosphère ne soit pas au beau fixe. Paul Langeois garde en mémoire une grosse prise de becs entre Jean-Louis Murat et ses musiciens. « Au repas d’avant concert, personne ne se parlait, on n’entendait que les fourchettes. » Bon, ça arrive...