MUSTANGO a 20 ans!

Publié le 26 Août 2019

ALors qu'il est annoncé la réédition depuis quelques semaines, nous fêtons les 20 ans de Mustango... célébré par certains comme le meilleur de Murat, notamment dans la presse musicale où on a retrouvé le disque dans des nombreux classements des meilleurs disques français des 10, 20, 30 ans, de tous les temps et j'en passe. Mais n'enclenchons pas de polémiques entre Muratiens lilithistes et doloristes, mustangotistes... (http://www.surjeanlouismurat.com/article-muratiens-ou-qu-est-ce-2e-partie-106726368.html),   Murat mangez-le comme vous le voulez.

Alors, pour fêter ça, je n'ai rien prévu... Alors, qu'est-ce que je peux vous mettre ?

 

Le texte promo :

Longtemps, Jean-Louis Murat a fait figure de voyageur immobile. Artiste misanthrope, romantique rustique, le chanteur auvergnat (et fier de l’être) semblait soigneusement entretenir son image d’incorrigible reclus. Tout, de ses mots à son accent, de ses disques enregistrés dans une grange à son chant traînant, servait à conforter son statut de génie du Massif Central. Et pourtant. Depuis Cheyenne Autumn, il y a dix ans, Jean-Louis Murat n’a cessé d’avancer, de chercher, d’explorer, de s’aventurer toujours un peu plus loin vers les contrées musicales qui l’appellent depuis l’adolescence. Jean-Louis Murat n’a pas découvert la musique avec Jean Ferrat. Ses premiers émois, il les a connus en écoutant John Lee Hooker. Et si Murat n’est clairement pas un animal urbain, ça ne fait pas forcément de lui un mammifère solitaire. Dès la tournée Vénus pour les uns ou les premiers accords de l’album Dolorès pour les autres, certains s’étonnaient d’entendre le timbre intimiste de Jean-Louis Murat chevaucher des rythmes et des arrangements aux intonations country-rock. Ballades mid tempo au souffle long pour ponctuer un chemin de très grande randonnée. Moitié air du terroir, moitié son roots venu d’ailleurs. Si loin si proche, pas vraiment Paris Texas, plutôt La Bourboule Tucson. Echos du rock laid back de J.J. Cale, du folk électrique de Crazy Horse. Crazy Horse, justement. Murat n’avait-il pas déjà rendez-vous avec le légendaire groupe de Neil Young pour l’enregistrement de Dolorès? Eux, comme dans tout bon western, lui avait répondu “Où tu veux quand tu veux“. Lui s’était dégonflé. La pétoche. Pour se retrouver à enregistrer à Londres, à côté de la plaque. Et revenir dare dare dans sa grange en se jurant que l’on n’y prendrait plus. L’an dernier, tombé en arrêt à l’écoute de l’album de Calexico, ses démons l’ont repris. Le pouls musical de ces types-là battaient pour sûr au même rythme que le sien. Les nuits de Jean-Louis étaient désormais peuplées d’Arizona Dreams. Restait à prendre son courage à deux mains, écrire quelques chansons, les balancer au fond d’un balluchon avec quelques albums-cartes de visite et s’envoler pour chercher ses âmes frères en terre promise. L’hiver dernier, entre New York et Tucson Arizona, Murat a traîné nuit après nuit dans les clubs en quête de musiciens. Dès qu’il en repérait un, il l’abordait à la fin de son set. Toujours de la même manière, au culot: “Bonjour, je suis un chanteur musicien français, j’aimerais travailler avec vous. Voici mes disques et mon numéro de téléphone, appelez-moi si ça vous intéresse. “ Et ils rappelaient. Pas pour rigoler, par envie de se mesurer à ce drôle d’étranger. De se prêter au jeu qu’il leur proposait. De Calexico (John Convertino, Joey Burns and C°) à Marc Ribot, de Oren Bloedow et Jennifer Charles (Elysean Fields) à Eszter Balint, de Harvey Brooks à Winston Watson (accompagnateurs de Dylan, Brooks sur Highway 61 revisited!), et bien d’autres encore, tous acceptèrent de jouer à “1972“, année authentique, période étalon dont le chanteur rêvait de retrouver l’esprit naturaliste. Et surtout de le traiter en musicien, ignorant le poète et le sens des textes, pour ne s’attacher qu’à sa voix, son chant aux inflexions si particulières. “Je me sentais très méditerranéen. Il me prenait pour un chanteur arabe.“

et un petit article (D.Le Bras l'avait identifié comme issu du "soir"(Belgique) mais j'ai une autre interview dans ce journal cette même année...et la journaliste ne travaillait pas encore là... mais à ELLE Belgique).

Murat, retour du Far-West

Il fait des chansons avec plus de cinquante mots de vocabulaire mais ne se prend pas pour un auteur. Jean-Louis Murat est un garçon qui sait dire "je t'aime" et faire le ménage. Interview dans le bleu des yeux.

 

Il vient de passer des vacances en dormant à la belle étoile. Des gens lui ont dit: "Tiens, mais vous ne seriez pas le chanteur ?". Il lui ressemble.

"Dans ces moments-là, je dois ressembler à un S.D.F. Je vois à la tête des gens qu'ils me fileraient bien dix balles." Jean-Louis Murat est extrêmement décontracté. Son nouvel album est royal. On entend un peu partout qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre. "J'essaie de sortir du cadre de la chanson française. Dans l'esprit de beaucoup, la chanson française, c'est un texte d'Aragon avec une musique de Ferrat. Il faut qu'il y ait la richesse mélodique et qu'on comprenne tous les mots. Il m'arrive d'utiliser certains mots uniquement pour leur musicalité. Comme par exemple arc-bouter. Le monde s'arc-boute, cela pourrait être du tadjik ou du navajo. Les textes, je ne les travaille pas. Et sur cet album, c'est le bouquet ! Je ne me pense pas auteur mais musicien et producteur. On se méprend sur mon compte."

 

Le bleu final

 

Quelqu'un qui ne serait pas auteur parlerait-il de pluie surhumaine et de bleu final ?

"Le bleu final, c'est une bonne blague, non ? C'est l'azur, l'infini. Je ne le savais pas en l'écrivant. Je parle de phacochère, du vent de Foehn et de Lombarde. Les gens se plongent dans leurs dictionnaires. J'aime aussi les noms de lieux. Tous ceux dont je parle, j'y suis allé. Nu dans la crevasse se rapporte, en fait, à des vacances d'hiver à Val d'Isère. Si je donne les clés des chansons, elles paraîtront simplissimes."

Le grand événement pour vous, c'est d'avoir travaillé avec des musiciens

américains et découvert en quelque sorte le Far-West.

"Je connaissais tellement bien le Far-West que je n'avais pas besoin d'y

aller. Mais je l'ai fait et n'ai pas été déçu. Je suis un grand garçon et je sais que la réalité ne recouvre jamais les fantasmes. Je grandis, je me blinde, j'évite toute déception."

Comment ?

"En ne m'attendant à rien. Je laisse venir, je vis au présent. Ne rien

projeter, être indulgent avec soi, s'amuser de soi-même, prendre les choses une par une. Mais quand je regarde une chose, je ne pense pas à autre chose.

Ce sont les principes bouddhistes que j'adopte. Quand tu dors, dors. Quand tu marches, marche. Quand tu parles, parle. Et ne rêve pas quand tu marches, ne mange pas quand tu dors. Ne vas pas dans la réalité avec un fantasme en tête."

Il y a deux interrogations qui se suivent sur cet album : "Mais que font les dieux?" et "Mais que fait le monde?". Ce sont les vôtres ?

"Cela correspond à une chanson que je n'ai pas gardée et qui dit: C'est

l'état du monde qui veut nous faire croire que l'âme profonde a une puissance illusoire. Je suis parti avec une quarantaine de chansons. Il arrive que certains thèmes soient esquissés dans une chanson et abordés complètement dans une autre. C'est comme un puzzle dont j'enlèverais pas mal de pièces."

 

Un p'tit gars populaire

 

Sur cet album, vous parlez de Mégret, de Belgrade, du Tibet, des Indiens,...

"Le monde m'intéresse. Les gens s'imaginent que je ne m'occupe que de moi mais c'est archi faux. Je suis un citoyen normal. Je n'ai plus ni télé, ni radio mais je suis un grand lecteur de quotidiens et de magazines. Dans Belgrade, je m'en prends directement à cette information permanente balancée par la radio. Cela fait naître un sentiment d'impuissance. C'est comme si quelqu'un nous rabâchait tous les quarts d'heure: Il y a quelqu'un, en bas, qui s'immole. Tu lui dis de se taire. Dans cette chanson, je parle d'une ballerine à Lausanne. C'est Milosevic, il y a deux ans, qui virevoltait durant les négociations. Je ne cherche pas très loin. Je suis un p'tit gars bien populaire, pas compliqué."

Comment vous est venue votre nouvelle passion pour la peinture ?

"Je crois que je m'y suis mis un peu par jalousie parce que le père de ma nouvelle copine est peintre. Quand il vient chez nous, il devient le roi de la maison. Maintenant, c'est moi qui monopolise. Je ne peins que les visages et les corps. Les paysages ne m'intéressent pas. Il y a la photo pour ça.

Certains de mes autoportraits se trouvent sur mon site internet. J'y mets aussi des morceaux inédits. "

Vous avez déclaré récemment que vous n'iriez plus en Auvergne, votre terre natale, voir si vous y êtes.

"Déjà l'année passée, je voulais tout vendre et m'installer en Egypte. Là, je me dis qu'après la tournée de cet hiver, je retournerais bien aux Etats-Unis. Je pense aussi à Rome. Rester en France ne m'inspire rien de bon. Je crois que dès que l'on sent que quelque chose meurt dans sa vie, il faut se barrer. Je préfère accepter le fait de renaître que celui de mourir."

Attention les yeux !

On parle souvent de vos yeux. A quoi servent les beaux yeux bleus ?

"Quand tu vas au Brésil, tu te rends compte que toutes les filles sont pour ta pomme. Le mélange des yeux clairs sur un fond sombre, ça marche assez bien. Et je ne suis pas une bombe atomique. Quand tu fais de la peinture et que tu laves tes pinceaux, tu t'aperçois que l'eau devient brune. Toutes les couleurs mélangées donnent du marron. Pourquoi les gens aiment les blue-jean's ? Pourquoi il y a du bleu sur ce tableau ? Le bleu, ça parle du ciel. Les yeux bleus, il ne faut pas en faire une affaire mais il ne faut pas

non plus les discréditer."

Joëlle Lehrer.Murat, "Mustango", Virgin.

 

Concernant la réédition, elle sera complétée en guise d'inédits par le EP polly jean... très anecdotique...(le lien défait disait " Du Murat en plein délire, à se demander ce qu'il avait fumé")... C'est donc un peu décevant même si on ne pouvait pas s'attendre à mieux.  A moins de mettre les inédits de Muragostang? ou un peu de titres live?  Dommage. Sur ce EP, figure "oiseau de paradis" lui très classique, que Murat a repris sur une des tournées récentes.

 

LE LIEN EN PLUS

Pour mémoire, le tribute to Mustango

http://www.surjeanlouismurat.com/2016/03/tribute-to-jean-louis-murat-mustango.html

Rédigé par Pierrot

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H
Salut Piertot. Sais-tu qui avait écrit le texte promo ? Bayon peu-être ? En tout cas, il me semble que c'est pour Vénus que Murat avait contacté Crazy Horse, pas pour Dolorès, contraire.ent à ce qui est écrit.
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P
non, ça ne ressemble pas trop au style bayon, si?
P
Salut. <br /> On retrouve,chez Didier Lebras ,en page 61, le commentaire de BAYON,dans Libération de l'époque,sur MUSTANGO intitulé "JLM et son ami Bayon T."<br /> Cela vaut la peine...notamment pour ceux qui ne connaissent pas le style de Bruno Taravant!
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A
Joyeux Anniversaire MUSTANGO!<br /> c'est seulement en novembre 2000 que je participais à mon premier concert de JLM sur cette célèbre tournée, et j'avais opté, comme lui d'ailleurs, sur le bleu pour la tenue vestimentaire, en référence à la photo illustrant la pochette.
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