Vaine fontaine à Villefontaine? (concert du 13/11)
Publié le 18 Novembre 2019
Bon, c'est dimanche, c'est temps de se mettre à son compte-rendu, surtout qu'un autre est en approche jeudi... Je cherche vaguement comment je pourrais être original, mais ça ne sera pas pour cette fois-ci. Pour retrouver de l'originalité, je vous propose donc relire celui d'ANNEMASSE en 2013 (mince, ça fait déjà un bail), ou le reportage du regretté Fred Plainelle pour St-Jean de Vedas. C'était également en 2013. Après tout, on s'approche des 10 ans du blog... faut capitaliser sur les "vieilleries"...
Alors, alors, replongeons-nous dans mercredi.
Concentration. Bien assis. Tête libérée, Silence. Fermage des yeux. Mercredi. Mercredi. Je me suis levé.... enfin, je crois. Toujours le même geste. D'abord, La chaussette gauche. Toujours. Une gorgée de volvic, avec la tartine de st-nectaire trempée dans le café... et ça nous a amené jusqu'au soir. L'hiver qu'on dit précoce, mais qui n'est juste pas en retard pour une fois. Je ne suis pas trop à l'avance, une petite queue dans le foyer pour prendre les meilleures places, et pas de têtes connues, à part Isabelle P., fan "récente" et active sur les réseaux... et quelques têtes connues de ma vraie vie. "oui, oui, j'aime bien Murat, enfin, comme ça, en passant" (je suis blogueur incognito Pierrot d'innamorato).
Il reste quelques places au premier rang, aux 6e,7e, mais je choisis de m'expatrier un peu en hauteur pour une fois, en espérant que ça me permette d'élever le niveau de ce blog, il reste tout de même une dizaine de rangées derrière qui ne seront pas tout-à-fait remplies, mais presque. Le concert avait l'objet d'une offre commerciale groupée avec le concert de Nouvelle Vague aux Abattoirs à Bourgoin. Ce dernier ayant été joué devant 50 personnes, je craignais un peu le manque d'affluence... mais ce n'est pas le cas, même si les camarades lyonnais ne se sont pas déplacés (enfin, je n'en remarque pas... sauf la famille de Jean-Louis dont ses deux petites filles. On a donc je pense une bonne partie d'habitués et d'abonnés... dont 4 ou 5 qui vont s'éclipser en cours de concert.
Le théâtre dans cette "ville nouvelle", comme on les appelait dans le temps, est un équipement moderne... modeste dans ses abords (foyer), mais on se gare sans difficulté vu qu'il est situé dans une zone d'activité, concession Dacia et supermarché netto. Environnement idéal: dans ce décors-ci, forcement, y'a comme une petite envie naturelle d'écouter du Murat.
20h35 ça commence direct, pas de première partie mon quiqui.
"bonsoir", Murat est déjà en teeshirt, même si ce n'est pas la grande chaleur. Pas de surprise, le trio est là, et la 12 cordes aussi.
Et ça part fort et rythmé. Comme à Valence, difficile de reconnaître le morceau qui sera joué... mais ça sera bien "kids", au son d'une guitare au son très saturé. Il n'y aura pas d'histoire de "pédales" et de matos ce soir, tout ça est réglé... du coup, on perd une occasion de l'entendre parler.
Murat semble en forme, et prendre le concert pas le bon bout: le final s'étire un peu, il s'amuse avec la voix sur un solo de guitare.
On part sur les bases habituelles: c'est "gazoline", avec harmonica qui apporte un peu de douceur devant le tempo implacable et la saturation de la guitare. Quand le chant commence, tout est plus doux... mais au refrain, accélération... beaucoup de place à un pont musical... avant que Murat pousse la voix... Ça monte, ça monte. Murat fait le "loup". "ça c'est rollin, ça c'est rollin", Murat s'amuse à chanter le groove... Encore un long pont musical avec harmonica cette fois pour conclure. Le même esprit qu'à Valence, mais des différences, avec Murat qui laisse plus de place à la guitare et qui utilise l'harmonica. Le public est calme durant les morceaux, mais applaudit chaleureusement.
Respect de set liste: les voyageurs perdus. Murat a posé l'harmonica, mais nous sifflera quelques notes sur une chanson livrée sur un rythme ultra-rapide. Murat pousse la voix vers l’aiguë jusqu'à la limite de la justesse. C'est rock, bien enlevé... mais l'impression d'un manque de chaleur et d'émotions survient. Il y a un peu de lightshow ce soir, avec notamment deux rampes verticales en fond de scène, mais Jean-Louis est éclairé par dessus et derrière, le visage souvent sous des ombres, et avec les yeux fermés, c'est peut-être un peu désagréable pour le spectateur qui souhaite se "connecter" avec l'interprète.
On repart sur une longue intro qui nous amène en une minute quarante aux premiers mots de "Tarn et Garonne". Le son de guitare est puissant et rempli l'espace. Je pense que malgré ça, on peut bien percevoir la voix et le texte, mieux qu'à valence... même si une non initiée m'exprimera ce reproche après le concert. Faut dire que le théâtre promettait une voix "suave et mélancolique" au service d'un "art des mots"... Ce soir, ça sera donc surtout "son sens mélodique"... et une énergie rock... Dans le texte de présentation, il était aussi indiqué des titres "plus libres que jamais"... et c'est surtout ça qui est en œuvre, de "la liberté".
"over and over": toujours une très longue intro... assez douce... avec un Murat qui part en impro guitaristique assez loin... si bien qu'il y a un moment de silence avant qu'il ne se mette à chanter et qu'on reparte sur une version plus sage. C'est propre, et Murat chante assez bien, forçant l'accent sur "over and over". Le morceau est bien étiré (plus du double de la version Edit mais un peu moins qu'à Valence.
Toujours pas de surprise de setliste: autant en faire quelque chose. Une minute d'intro... Bon, y a pas de souci, ça passe bien. Sur les chapeaux de roue. Hymne rock... et nous on est assis...
Jean-Louis présente les musiciens, ses camarades. "ah, ça marche toujours bien pour Stéphane", "toi, Fred, ça sera moins...".
IL se rapproche de ce dernier, regarde sur la setliste qui est près du bassiste...et dit : "ah, tiens, on peut faire ça"... Ça sera "hold up"! Et Murat vient de sauter "tel est pris" et "cinévox".
Ça commence avec les choeurs, et jean-Louis dit "c'est joli quand même"... Je chantonne un peu... Il suffirait d' un peu d'encouragement pour que tout le monde reprenne les "ou ou ou", et que ça "emballe" tout le monde... mais on ne mange pas de ce pain là ici. Version courte. Murat fait le job, plutôt bien. Il commence souvent les chansons en prenant sa guitare à l'horizontale (comme une guitare slide).
Ah, on est revenu à "cinévox"... et à la seule chanson qui laisse un peu de place au silence. La guitare s'efface un peu avant de revenir tournoyé sur le passé. On trouve enfin un peu d'émotion.
Murat relance un "merci, hein", "je vais le dire à chaque fois".... puis après quelques notes, "c'est ma chanson préférée, ça". C'est "il neige". Quelques notes... et direct, le chant. Précédé de "cinévox", c'est un beau ticket vers l'émotion... Je ne détecte pas pourquoi mais j'ai l'impression qu'il lance un "merde" entre "La nature alentour s'est enterrée" et "Il neige il n'y a place que pour le silence". Est-ce vrai? Je suis loin d'en être certain. Le morceau se poursuit, sur des sonorités rock... mais l’encéphalogramme est un peu plat.
Ça enchaîne d'ailleurs très rapidement sur une grosse intro... Je pense un peu à Neil Young, et Murat se lâche bien sur la 12 cordes.... et surprise, c'est "je me souviens"... comme elle a été jouée à Sérignan. Ça passe bien, on retrouve la mélodie mais avec un tout autre tempo. La guitare se déchaîne... Murat représente ses musiciens et leur laisse un peu de place pour un solo chacun,et le morceau reprend. Le public reste très timide... c'est dommage.... "Au revoir, merci d'être venu"...et Murat continue ses "je me souviens" sur les applaudissements... Voilà la chanson pour laquelle il fallait que je sois là ce soir. 9 minutes.
... mais on n'est pas encore l'heure de concert que Jean-Louis a déjà dit au revoir! Après quelques salutations. Il semble toujours en forme et pas agacé... Le public le réclame assez fort... même s'il reste assis.
Murat revient dans un nouveau tee-shirt...et lance "extraordinaire voodoo".... en prenant son temps. Murat oublie également un peu la guitare sur un ou deux couplets, et on entend une "chanson française", puis la guitare s'impose, et l'énergie... mais ça retombe... Murat redit "bonsoir, merci"... et repart mais " sans l'emballement et la "folie" qui a pu faire de cette chanson une grande chanson de concert muratien à côté du jaguar, taormina... 1h07... et on se retrouve à applaudir... mais il ne reviendra pas!
ouch, c'est court! Certains crient "jean-louis!!!".... mais à la lumière allumée, les cris et les applaudissements s'arrêtent...
Alors que dire... On pourrait dire "set ramassé et rock, nerveux" et en 1heure, on est rassasié de cette énergie... mais confortablement assis, c'est quand même compliqué... on n'a pas ressenti la fièvre, et encore moins une impérieuse nécessité d'être là, même si Jean-Louis dit qu'il aime vraiment être sur scène. Un concert debout aurait donné peut-être une autre impression. Si on peut penser à Neil Young à l'écoute de ces versions électriques laissant une large place à la guitare et à la saturation, avec ce dernier, on ressent (même sans comprendre les textes) qu' il y a un "message" dans ce déferlement... et les intros ou les breaks nous emportent loin... Souvent, Murat lui aussi y arrive, mais ce soir-là, c'est trop comme pas assez comme dirait Nicole Bouchard du Québec. On peut peut-être mettre en cause cette guitare 12 cordes... qui apparaît plus lassante que la guitare électrique. Après, je suis peut-être un peu négatif aussi du fait de cette durée... Et on peut se raccrocher à ce "je me souviens" customisé.... mais je suis resté sur ma faim. J'aime pourtant bien quand il est vraiment dans ce tempo rock, et il est bien le seul dans le paysage à nous proposer ces textes à la fois "aux sons qui font sens" et marqués de classicisme sur ce rythme groove et soul, et sans concession devant les inspirations d'un public de curieux. Mais on aimerait certains soirs qu'il s'y résigne, en prenant un piano pour jouer ses mots bleus du "mont sans souci", ou fasse une partie acoustique et chansons, comme tous ses autres collègues... mais non, Murat se livre comme l'entend son humeur, et délivre sa "proposition artistique" du moment, en refusant de s'adapter et de se soumettre à un cadre ou un contexte et au code commun du récital et du concert.
Signe de ce non-formatage: il semble qu'il n'a même pas eu conscience de jouer de manière aussi brève... C'est du moins que ce nous a rapporté une personne, comme s'il avait chanté ce qu'il pouvait chanter pour ce soir-là. Autre proposition: ... il n'a pas voulu que sa petite fille se couche trop tard et voulait en profiter après le concert. C'est avec elle, joyeux et détendu, qu'il a fini par traverser le foyer et accepter un petit "selfie" avec une fan...
Bon, voilà, en vrac... Je crois que j'ai déjà écrit pas mal de conneries pour ce soir, et il faut que j'en garde pour jeudi... Concert à la SOURCE (FONTAINE)... et je crois que j'essaye de retourner devant cette fois. Loin des yeux, loin des oreilles/ loin du coeur? Prendre de la distance, ça ne me réussit pas.