A LA RADIO PUBLIQUE, et une chronique
Publié le 8 Mars 2020
Dans l'article précédent, je rappelais que Jean-Louis souhaitait faire un disque qui pourrait trouver un public plus large ou renouer avec sa plus large assistance (ceux-là vont glisser numériquement une oreille forcement et peut-être se laisser tenter). Pour les autres (à conquérir), je ne suis pas certain que la promo habituelle soit très efficace. Ce qui peut changer la donne selon moi, c'est la diffusion radio... Est-ce que des radios pourraient s'ouvrir devant ce nouveau son? (En souvenir: le choix de single du "cow-boy à l'âme fresh" pour le Cours Ordinaire des choses avait été fait pour cela, avec la promesse de certains programmateurs -oui fm il me semble- de la diffuser).
Pour l'instant, on en reste donc dans le cercle habituel de la radio publique.
- D'abord, sur FRANCE INFO, une petite interview:
Jean-Louis explique qu'une chanson "ne pèse qu'une plume" et qu'il voulait avant tout faire danser, que "c'est limité", et que si c'est de la bricole finalement, "l'honnêteté supérieure" là-dedans, c'est de donner"l'envie de bouger quand on écoute", "le respect absolu pour les gens malades, pas malades", et rappelle qu'il aurait pu être ambianceur dans des boites (comme il l'a raconté dans cette promo). "La plus grande musique, c'est celle qui donne envie de se reproduire". A voir donc si Baby Love sera à l'origine d'un Baby Boom...
A la question sur l'utilisation de machines, Il s'en prend aux musiciens français (tiens donc: comme pour le "Cours ordinaire des choses"), avec lesquels on ne peut pas "tenter le groove", qui ont fait le malheur de Johnny... "Sauf Stéphane et Fred..." (Fred qui a bien-sûr usiné chez Johnny... mais embauché par un français Yarol Poupaud... qui a tenté à l'origine une fusion française rock et funk dans FFF). Là dessus, mon impression, c'est surtout que Murat n'a pas envie de se faire chier, ou d'investir dans de nouvelles rencontres, parfois infructueuses, surtout que dans le passé, avec les rencontres, il serait plus pygmalion que pouvant s'oublier dans "un groupe" (on se rappellera de la réponse artistique de Camille et de son "Baby... carny bird" sur "le fil".). Les Delano Orchestra lui avaient été offert sur un plateau de proximité... Cela correspond aussi à son idée d'"artisanat", il fait son truc dans son coin.
Le texte qui accompagne sur internet:
Pour cet album tendrement intitulé Baby Love, Jean-Louis Murat a voulu, dit-il, mettre en avant le "groove". Et ça marche encore très bien, qu'il se rassure. C'est même assez étonnant de voir un artiste qui a sorti tant de disques - "On dit toujours une vingtaine mais c'est beaucoup plus !" - parvenir à impressionner à chaque fois. D'autant plus quand, comme lui, on suit un rythme d'un voire plusieurs disques par an. Ce disque est donc celui d'un amoureux, d'un chanteur au plaisir variable, qui se retrouve dans la déstructuration totale (comme dans Travaux sur la N89) comme dans la bonne chanson française, mélodies en avant. "Ce sont des petites chansons légères, ça ne pèse pas plus lourd qu'une plume, une chanson", affirme-t-il aujourd'hui.
Et au risque de surprendre ceux qui ne le connaissent pas bien, Murat explique : "Ma seule constante, c'est d'avoir envie de danser". Alors ce disque, il l'a fait pour le groove, en l'assumant totalement, plaidant pour l'utilisation des machines plutôt que les musiciens français, "de la daube, sauf Stéphane et Fred avec qui je tourne depuis 20 ans". Jean-Louis Murat tel qu'on le connaît, avec de sacrées belles chansons.
Jean-Louis Murat, Baby Love (Le Label/Pias). Album disponible le 6 mars.
UN grand merci à MANU! (PSDT, Manu)
L'interview à télécharger: https://www.transfernow.net/2warw9032020
- Il était aussi question de BABY LOVE SUR FRANCE INTER dans le journal de 8 heures, le plus écouté de France il me semble, le vendredi 6 mars.
A noter: l'aveu de ses "difficultés familiales terribles" qui ont généré ses chansons... et beaucoup plus : 30 qu'il aurait écrites dans cette période... "soupape indispensable" "sans laquelle je serais mort"... Et toute à l'heure, sur France info, il disait qu'une chanson, ce n'était presque rien! Comme quoi, Murat est peut-être égocentrique, mais pas mégalo: ce n'est pas parce qu'écrire des chansons lui est essentiel, qu'il considère qu'elles sont essentielles au monde...
A part ça, Murat était dans la sélection "à écouter" dans le MONDE (réservé aux abonnés) (Si quelqu'un là, on est preneur) et en double page, dans MAGIC. On y reviendra.
LA CHRONIQUE EN PLUS
Popnshot a dégainé rapidement : Léonard Pottier a eu du mal à rentrer dans l'album et est finalement conquis.
http://popnshot.fr/2020/03/06/baby-love-jean-louis-murat-2/
Extraits:
Une suite revigorante
Pour autant, ne vous inquiétez pas ! La suite est toute autre, car BABY LOVE se rattrape bien assez vite pour nous faire oublier ce premier contact. Les successeurs de « Troie » élèvent le niveau à tel point qu’ils parviennent à éviter toutes les facilités liées à l’univers sonore dans lequel le projet s’inscrit. Les écueils sont contournés, la prise de risque enlacée, et l’album commence alors à scintiller. « Le mec qui se la donne » et « le Reason Why », titres aussi séduisants qu’intrigants, débarquent avec bien plus de gravité et de profondeur, offrant enfin le Jean-Louis Murat attendu, celui qui, depuis quelques années, semble être au meilleur de sa forme créatrice. Compositeur au talent indéniable, le chanteur poursuit ici sa route à travers des propositions sonores certes connues, mais mises au goût du jour de telle sorte qu’elles en adviennent rattachées à un savoir-faire unique, celui d’une identité transposable partout et à foison.
Le défi du renouvellement
Les morceaux de Jean-Louis Murat ont beau être directement reconnaissables, ils délivrent toujours quelque chose de neuf et de puissant, à la croisée d’un sentiment nostalgique et d’une volonté certaine de ne jamais s’épuiser. Pendant combien de temps cela perdurera ? Indéfiniment il faut croire. Car il s’agit moins de se répéter bêtement que de trouver des façons de le faire avec grâce et distinction, en essayant de ne pas perdre l’essence première d’un art déjà mis à nu. Le renouvellement est le principal défi de Murat aujourd’hui, essayant de créer avec les continuelles mêmes ficelles, mais sans jamais penser faire deux fois le même album. L’impression de connaître les morceaux dès leur première écoute est saisissante, tant elle raconte quelque chose sur la carrière de l’artiste, qui a su construire un lien extrêmement fort entre tous ses projets. Ces nouveaux morceaux, nous les avons déjà apprivoisés par le passé, mais rien n’est plus fort que de ressentir sans cesse le même plaisir à les écouter, car ceux-là ont des traits légèrement différents : une voix perfectionnée, un texte endurci, une production affinée… BABY LOVE témoigne d’un riche vécu, en faisant réapparaître mille en une images sous une forme encore inexplorée.[...]
Entre amour et désamour, comme souvent chez Murat, BABY LOVE fait l’état d’une existence marquée par la musique et les sentiments amoureux, meilleurs alliés comme meilleurs ennemis. De par sa production exigeante et une qualité sonore comme il est rare, l’album trouve ici son point fort le plus évident. « Xanadu » ou encore « Tony Joe » le démontrent avec ardeur : le son est une priorité. Les cuivres de « Ca c’est fait », quant à eux, élèvent le morceau en lui donnant une force lourde et imposante. Pour autant, Jean-Louis Murat ne laisse aucun élément prendre le dessus sur l’autre. Entre textes, sonorités et mélodies tout se conjugue parfaitement au point de faire porter une voix atypique que l’on connaît presque par cœur, mais qu’il fait toujours chaud au cœur d’écouter. Car le chant de Jean-Louis Murat est sans nul doute l’un des meilleurs de la chanson française. Alors, tant qu’il perdure avec élégance et talent, pourquoi s’en priver ?
A TRES BIENTOT POUR LA SUITE DU RETOUR DE COUCHE...