Chronique dans Magic et retour sur Erik Arnaud

Publié le 15 Février 2022

Après l'excellent retour de Sun Burns Out hier, on retombe un peu sur nos pieds avec Magic!... mais mince, c'est déjà quelque chose d'être chroniqué sur ce magazine historique "repérage des tendances et des artistes émergents" [et qui du coup, apprécient LA FILLE DE LA COTE, PAUGAM, ERIK ARNAUD, VANOT, GONTARD... ça aide].

Le disque décroche quand même la moyenne.   Merci Benoit Crevits, que l'on a connu du coté de POP NEWS aux chroniques muratiennes.

 

On retient:

"On peut apprécier la belle ouvrage de Gontard s'appropriant le confidentiel le troupeau, tiré du majestueux "cheyenne autumn", pour en faire un titre bien foutraque comme il sait le faire" (foutraque parce qu'il y a du saxo*? Moi, je le trouve absolument droit et maîtrisé).

"Chevalrex déverse ses élans romantiques sur une version très épurée de Dieu n'a pas trouvé mieux"

 

Dommage qu'une bonne partie du court texte soit consacré au titre. Nous avions nous-même alerté dans le disque: "Ceci n'est pas un disque régional pour un chanteur auvergnat".... et même si j'avais conscience qu'AuRA ne parlerait pas trop aux angoumoisins (Pas que... on n'est pas PACA)!  [manque de pot pour nous, on avait prévu que Lolo W., corporate, soit candidat aux présidentielles, ça aurait booster la marque auprès des Csp+ acheteurs de disques... Non, je déconne]. Bon, en tout cas, c'est révélateur de l'intérêt qu'a suscité la présence de Gontard et Chevalrex... Dommage par contre de ne pas indiquer aux lecteurs pointus de Magic! que derrière Whatevershebringswesing se cache Richard Robert, grande plume des Inrocks mensuel... et qui n'a pas je pense la prétention d'émerger, consacré comme il l'est, plus que jamais à son rôle de passeur.

 

*"J’ai un vrai problème avec le saxophone d’ailleurs : pendant des années, on n’avait pas le droit d’employer le terme aux Inrocks !" dit Beauvallet.

 

Nota Bene:  lundi 22h30, le clip d'Adèle Coyo dépasse les 4000 vues, et à cette heure, également, je crois qu'on se rapproche de plus en plus du démarrage de la tournée de Jean-Louis Murat. On peut faire de "Aura aime Murat" un succès (vendre 500 exemplaires) mais remplir les salles, c'est encore mieux. Aimons Jean-Louis Murat maintenant.  toutes les dates

 

LE LIEN EN PLUS

Gros clin d'oeil à Benoit Crevits et à Magic avec de archives concernant  un participant de "aura aime Murat": Erik ARNAUD... qui pourrait peut-être donner d'autres nouvelles cette année.

Il me semble que c'est Benoît qui l'interviewait pour POP NEWS à propos de "l'armure" son dernier disque paru il y a... 12 ans!! -C'est vous dire comme sa présence sur notre disque est un beau cadeau- . Il y était déjà question d'une reprise... Celle de "vies monotones" de Manset.

"sur cet album, il y a beaucoup moins de guitare que sur les 2 précédents, manière aussi d'aller vers un peu plus de dépouillement. Etant quasiment seul sur ce disque, une des contraintes était de ne pas sonner groupe et de sortir un peu du format pop/rock, en tout cas dans son instrumentation. Quant à la reprise, je n'ai pas cherché à respecter la version originale parce que c'était Manset. Je n'ai pas non plus cherché à tout chambouler sous prétexte que c'était une reprise et qu'il fallait se démarquer à tout prix. Ça s'est fait naturellement, je chante ce morceau en guitare/voix depuis un peu de temps déjà et c'est vrai que la suite d'accords et la mélodie de voix sont fidèles à la version de Manset. L'instrumentation est très différente de l'originale je crois.

L'ensemble des titres ne dépasse pas 4m30. Pourtant, assez souvent, la progression de tes chansons est assez lente et pourrait s'étaler un peu plus. Est-ce une contrainte imposée ?
Non, je suis simplement prisonnier de mes compétences musicales limitées. Je ne connais ni le solfège, ni l'harmonie alors je suis bien incapable de faire "progresser" harmoniquement un morceau au-delà de 3 ou 4 mns sans que je commence à m'ennuyer. C'est vrai aussi que j'avais envie de chansons courtes et d'un album court, histoire d'aller à l'essentiel".  (le lien que j'avais est mort et je ne peux vous inviter à en lire plus).

Et voici un texte issu de Magic signé par F. Vergeade et Welter qui resitue bien le coté culte du musicien:

 En 1998, on l’a découvert crachant sur la chanson française sur un disque qui fit date dans l’Hexagone : “Malgré tout, j’emmerde la chanson française/Après tout, que sont les deux tiers de l'iceberg, sinon merde, clichés, musique pour chien/Sinon, merde, clichés, du bruit pour rien”. Douze ans et seulement deux albums plus tard, Erik Arnaud est marié, doublement père de famille et assène ces mots définitifs sur un ton paradoxalement las : “J’ai trop de choses à dire/Tellement je suis heureux”. Toute l’intégrité d’Arnaud Chochoy est ici résumée dans sa prose… Combat, neuvième plage d’un Lp attendu depuis 2002. Huit longues années d’absence autant imputables aux inconséquences de l’industrie du disque qu’aux joies familiales. Viré de Labels, laboratoire de Virgin finalement soumis aux mêmes diktats commerciaux que la maison-mère, Erik Arnaud ébaucha même pendant sa retraite discographique cette chanson testamentaire au débit de son ancien employeur : Moby & Moi.

Aujourd’hui, celui dont son nouveau label, Monopsone, dit que “ses mots nous perforent à chaque écoute” rend, sur le déroutant Richard Cordoba, un hommage au turbulent mais tricard
Abel Ferrara, en particulier à son premier long métrage officiel, Driller Killer (1979), ou le tueur… à la perceuse. Il est tentant d’y voir-là l’affirmation d’un système esthétique et moral qui vaudrait aussi pour le “chanteur angoissé”. C’est le cri de rage d’un artiste surdoué qui vrille à travers le genre (le gore pour l’un, la chanson de trois minutes pour l’autre) un passage que le public mettra encore longtemps à lui ouvrir. Artiste, il l’est à travers le personnage principal que le réalisateur interprète lui-même : un peintre en butte à l’incompréhension des financiers, à tel point qu’il se livre au meurtre gratuit à la perceuse. Au lieu de faire simplement du gore, le cinéaste new-yorkais capte, telle une performance d’action painting, les geysers sanglants projetés sur des murs éclairés d’une lumière aux éclats métalliques. “Je m’appelle Richard Cordoba/Je me tiens encore debout”, chante quant à lui Arnaud, dans ce rôle de composition qui lui sied à merveille. Chez le Français aussi, la violence – verbale – est devenue conceptuelle, ou équivoque, pas seulement exutoire, arbitraire ou démente. “Ces connards qui voudraient que je m'explique”, estimait-il, à l’époque de Comment Je Vis (2002).

Il a tenu parole, même si
L'Armure, bien que toujours sans concession, révèle des nuances et des finesses essentielles qui sont le fruit de toutes ces années d’un silence discographique passé à vivre. “Huit années où j’ai vécu un peu au ralenti, un peu retiré dans la vraie vie, parfois de la vraie aussi…”, comme il l’écrit lui-même dans une autobiographie à son image : franche et modeste. L’enthousiasme immédiat provoqué par les retrouvailles (Cheval, emballant titre d’ouverture et possible ouverture radiophonique) témoigne de l’envie de ce franc-tireur d’en découdre : “As-tu un truc à me dire ?/Une saloperie à m’offrir ?” Mi-rustaud, mi-oulipien, un morceau comme Rocco, avec sa mélodie d’une séduction évidente et ses mots simples et frappants – une constante – se révèle pourtant être ce que les anciens appelaient “une œuvre à tiroirs”. La chanson fait taper du pied, cite autant l’homme politique francilien Michel Rocard que le hardeur des Abruzzes Rocco Siffredi, quand on se demande au final si on ne nous parlerait pas de la solitude et de la mélancolie viscontiennes des héros sans grade de Rocco Et Ses Frères (1960). On pourrait fouiller longtemps dans ces chansons comme autant de pièces originalement agencées.

Mais, si le disque, d’ailleurs remarquablement vaste et généreux, procure un sentiment d’achèvement et de complexité (tel un accouchement après neuf mois de grossesse incertaine ?),
Erik Arnaud montre qu’il préfère quand même les personnages aux décors, l’émotion à l’abstraction purement théorique. Des personnages dans lesquels il s’ingénie toujours à placer une part de doute, d’ambiguïté, sans perversité ou geste ostensiblement savant. Il ne reprend pas Manset pour rien (Vies Monotones), cet artiste si compliqué dont les disques, à leur meilleur, sont pourtant si désarmants. En 1998, déjà, Erik Arnaud évoquait son mentor, toujours dans Ma Chanson Française : “J’ai appelé Manset/Il m’a dit : « Je voyage en solitaire »/Il m’a raccroché au nez/Mais nul n’oblige à me taire”. Il ne faut donc pas se laisser intimider par les références ou par l’humeur cafardeuse du bonhomme, à la fois langue bien pendue et avare de ses mots. Erik Arnaud crée d’abord une émotion à partir d’une expérience pop, il ne fait pas du verbiage. Oui, il tempête, non, il n’est pas prêt d’être disque d’or. Mais être humain, c’est lutter, et c’est aussi reconnaître parfois l’impossibilité de le faire. Si cette Armure-là est coupante comme une plaque de métal, elle vacille sous le coup des battements du cœur.

Franck Vergeade & Julien Welter (là aussi le lien que j'avais est mort)

En 2002, Vergeade parlait  de "l’importantissime" [premier disque de Erik]©1998 Amerik , et cette fois, j'ai un lien:   https://www.magicrpm.com/souvenirs-magic-explication-de-texte-avec-erik-arnaud-en-2002/

Et ce coup de botte dans la chanson française n'avait pas échappé à Jean-Louis Murat. En 2007, à Cluses, ce dernier avait indiqué suivre avec intérêt sa carrière. Erik Arnaud nous en avait parlé:

http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-n-7-erik-arnaud-56349887.html

Il avait répondu à d'autres questions en 2017, à l'occasion de la sortie de deux titres inédits que j'adore:

http://www.surjeanlouismurat.com/2017/02/inter-vious-et-murat-erik-arnaud-matthieu-malon-et-orso-jesenska.html

Et puisqu'Erik n'a peur de rien, il avait même livré sa version du titre spécial radio crochet : "tous les cris, les sos"

Rédigé par Pierrot

Publié dans #2021 Aura aime Murat

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