Des mots des fidèles : F. Vergeade, Veillault (ex Coopé), Michel Troadec et Rudy Leonet
Publié le 26 Mai 2023
J'ai perdu un peu le fil, il y a trop de choses... la télé, la radio, la presse... C'est l'avalanche... et qui sont ces gens qui aimaient tant Jean-Louis Murat? Je le répète suffisamment : il faut aimer les artistes Vivant! Jean-Louis lui même avait dit que les artistes morts ne l'intéressaient plus, mais arrêtons les citations... On peut faire dire tant de choses à Jean-Louis Murat... Là, on voit souvent qu'il n'aimait pas le rap! mais il est possible de trouver des louanges sur Orelsan, PNL, Lamar of course et rappeler qu'il a chanté I AM.
(photo d'illustration: Boutique Elflech Paris)
PS: émission Spéciale sur le chantier (radio de Clermont) : Christophe Crénel et Benoît Bouscarel. Ce soir à 19h, émission Magic Bolide spéciale Jean-Louis Murat d'une durée d'une heure, sur le Chantier, 98 Fm à Clermont et sur le web ici = https://lechantier.radio/titresdiffuses
Enfin soit... Du côté de F. Vergeade, on peut souhaiter qu'il n'y ait pas de fautes de goûts:
Mort brutalement jeudi 25 mai, à l’âge de 71 ans, l’auteur-compositeur-interprète laisse une œuvre considérable et un vide immense dans le paysage musical français. Murat ou le génie auvergnat.
Pour l’interviewer et bien le connaître depuis un quart de siècle, Jean-Louis Murat était un homme d’une intelligence rare, avec la langue bien pendue, dont il a fait une partie de sa réputation – pour beaucoup de journalistes, il était même le client idéal, ne ratant jamais un bon mot sur ses cibles préférées, de Johnny Hallyday à l’industrie musicale. Ses modèles musicaux étaient principalement de l’autre côté de l’Atlantique, de John Lee Hooker à Bob Dylan, de Neil Young à Robert Johnson. Véritable artisan de la chanson française, il n’envisageait sa discographie qu’imposante, passant à une cadence effrénée à partir des années 1990.
Malheureusement, au matin de ce jeudi 25 mai, Jean-Louis Murat est parti depuis son Auvergne natale. Et les mots éplorés nous manquent pour dire à quel point le jeune septuagénaire était doué, franc, sincère, fidèle, cultivé, instinctif, comme sa voix, à la fois familière et caressante, ses chansons nous ont transporté·es depuis les années 1980. Car, dans la chanson française, il y a un avant et un après-Murat. Son influence est considérable, de Dominique A à Benjamin Biolay, deux de ses plus brillants descendants.
Né le 28 janvier 1952 à Chamalières (Puy-de-Dôme) d’un père charpentier et d’une mère couturière, Jean-Louis Bergheaud grandit dans la ferme familiale à Murat-le-Quaire. Passionné de littérature et de poésie (les références à Proust ne manquant pas dans son répertoire, il adaptera Baudelaire en chansons), il devient même le premier à obtenir le bac dans sa famille, avant de multiplier les petits boulots et de vivre quelques expériences mémorables avec un certain Jack Nicholson. “J’ai vu le moment où j’allais connaître une vie difficile, nous racontait-il en 2020 à la sortie de Baby Love. Dans la France profonde de ces années-là, j’ai bien cru que j’allais finir larbin. Surtout que j’étais issu d’un milieu où l’on ne faisait pas d’études. Alors je suis parti bosser vers 1971, 1972 comme plagiste à Saint-Tropez, là où se trouvait l’argent, et où j’ai rencontré puis sympathisé avec Jack Nicholson, qui me proposait de m’emmener à Hollywood tous frais payés. J’ai évidemment hésité, mais j’étais déjà jeune père de famille et je devais m’occuper de mon jeune fiston. J’ai perdu beaucoup de temps, mais je suis devenu le larbin de personne.”
À la fin des années 1970, Jean-Louis Bergheaud débute sa carrière de musicien et de chanteur dans Clara, un groupe auvergnat d’obédience rock, qui s’attire notamment les faveurs de William Sheller. Avant de se lancer en solo, d’adopter le pseudo de Murat (d’après le nom du village auvergnat et du roi de Naples au XIXe siècle) et de signer chez Pathé-Marconi avec un premier 45 tours, Suicidez-vous le peuple est mort (1981), mal reçu à sa sortie et boycotté par la radio, avant de devenir mythique. Le quotidien Libération faillit même l’utiliser pour le titre de sa une après le suicide du Premier ministre Pierre Bérégovoy, le 1er mai 1993. Sous couvert d’une pochette en noir et blanc signée Jean-Baptiste Mondino, cette ballade synthétique révèle déjà l’univers muratien.
L’année suivante et déjà trentenaire, il publie un mini-album, Murat (1982). 1984 sonne l’heure du premier album, Passions privées, illustré par une photo de Bettina Rheims. En dix plages, le style Murat se fait jour.
En 1987, Jean-Louis Murat signe chez Virgin, le label français le plus en vogue de l’époque, et sort le 45 tours Si je devais manquer de toi. Pour la première fois dans sa carrière tardive, le succès est au rendez-vous : 60 000 singles vendus. Jean-Louis enchaîne avec un autre single, Le Garçon qui maudit les filles, à la mélodie et au refrain instantanés.
Annoncé par L’Ange déchu, Cheyenne Autumn paraît au printemps 1989. Disque d’or l’année de sa sortie et premier chef-d’œuvre, Cheyenne Autumn va marquer durablement le paysage musical d’ici. De Libération aux Inrockuptibles, Jean-Louis Murat devient une référence, aux côtés de Christophe, Manset ou Bashung. Et le disque suivant, Le Manteau de pluie (1991), où il fait entendre des sons de son Arverne natale, va définitivement le consacrer.
Car parallèlement à Sentiment nouveau, Le Col de la Croix-Morand ou Le Lien défait, l’une des plus grandes chansons de rupture jamais écrites, Murat duettise avec la star Mylène Farmer sur le single Regrets, qui lui vaut des passages télévisés et une belle rotation radiophonique. Ne faisant décidément rien comme personne, Murat enregistre des morceaux inédits sans batterie et au souffle rare, le maxi Murat en plein air, où il fait entendre encore et toujours sa Terre de France. Pour Les Inrockuptibles, dont il fait la couverture du bimestriel en septembre 1991, il offre une compilation rare aux abonné·es au titre montagnard, Face Nord (1993).
Au mitan des années 1990, sous l’impulsion de Didier Varrod, aujourd’hui directeur musical des antennes de Radio France, Murat écrit et compose un disque pour Jeanne Moreau, qui ne verra jamais le jour. Il rêve de collaborer avec Nellee Hooper, Brian Eno ou Bomb the Bass pour Dolorès (1996), un monument de la chanson française écrit en pleine rupture amoureuse (en témoigne Fort Alamo) et élaboré pendant six longs mois en studio, ce qui va définitivement le vacciner et l’inciter à accélérer sa cadence discographique dans les années 2000, dans une formule en trio qui lui sied à merveille (Le Moujik et sa femme, Lilith, son premier triple album vinyle).
Car, comme Murat le chante dans Perce-Neige, “rien n’est important, j’écris des chansons comme on purgerait des vipères”. Chez lui, la musique est vitale, il écrit et compose tous les jours dans sa maison située près du lac de Guéry, entre Tuilière et Sanadoire. Entre deux maquettes, il peint inlassablement (Le dragon a cent visages, 2003). Les yeux toujours tournés vers l’Amérique, il collabore avec quelques figures du rock indépendant comme Marc Ribot, Elysian Fields (retrouvant ensuite sa chanteuse Jennifer Charles sur la récréation A Bird on a Poire) et Calexico, pour un disque d’abord imaginé avec le Crazy Horse, Mustango (1999).
Dans un autre genre, il invite l’actrice Isabelle Huppert à interpréter les textes libertins de Madame Deshoulières, une poétesse du XVIIe siècle, sur de la musique baroque. Il poursuivra son obsession littéraire avec deux autres chantiers, autour de Pierre-Jean de Béranger, le plus grand chansonnier du XIXe (1829, 2005), et des poèmes des Fleurs du mal de Baudelaire autrefois mis en musique par Léo Ferré (Charles et Léo, 2007).
“La France reste le pays de la revanche des médiocres.”
Vingt ans après ses débuts, Murat creuse le sillon de sa singularité, attirant de plus en plus d’adeptes parmi ses confrères et consœurs admiratif·ves. En 2005, changement de label chez Naïve, Jean-Louis Murat apparaît étrangement les yeux bandés sur la pochette de Mockba/Moscou, au générique duquel figurent sa complice Camille et, plus étonnant, Carla Bruni, qui n’est pas encore devenue madame Sarkozy. Disque de deuil dédié à François Saillard, l’ancien bassiste de Clara, le bouleversant Taormina (2006) atteste de l’obsession transalpine de son auteur, qui se conclura avec le brillantissime Il Francese en 2018.
Repartant encore une fois aux États-Unis, dans le berceau de la country à Nashville, pour travailler avec des musiciens américains prestigieux, Le Cours ordinaire des choses (2009) est aussi une manière pour son auteur d’échapper à une réalité française qui lui pèse indéniablement et dont il ne manque jamais de se plaindre en interview. Avec cette belle sortie dans Les Inrockuptibles au printemps 2019, où nous étions partis l’interroger à domicile : “J’ai toujours été un outsider, et c’est ce qui m’importe encore aujourd’hui. Je n’aurai jamais la popularité de Mylène Farmer, et alors ? Je rentre en studio avec le même peps que la première fois. C’est la seule et meilleure façon de rester motivé. Depuis le temps que j’exerce ce métier, j’ai vu trop d’artistes victimes de l’effet négatif du succès. Je ne dirais évidemment pas que j’ai recherché l’insuccès, mais être adoubé par un peuple qui ne voit que par Johnny Hallyday ou Patrick Bruel m’aurait sacrément embêté. La France reste le pays de la revanche des médiocres. Comme dans les courses cyclistes, c’est toujours frustrant de se faire dépasser par des dopés ou, pire, des tocards. Je suis quand même rentré dans le lard de tout le monde, mais je ne me plains de rien. Pour tout dire, j’ai l’impression de démarrer comme au premier jour. Et je ne me sens toujours pas un chanteur français.”
Merci Franck!
Ca me fait un drôle d'effet de voir "né à Chamalières" et 1952 partout... qui atteste que tout le monde se fie à Wikipédia (dont les sources sont par ailleurs discutables sur le sujet). En fait, c'est Matthieu qui avait attesté de cela alors qu'on voyait La Bourboule et 1954 souvent... en fouillant dans les carnets du jour de la Montagne (tiens, il n'y a que RFI avec sa bio a longtemps fait foi qui reste sur La Bourboule et 1954.... )
2) La Montagne, saluons-là pour cette une du jour avec Murat (On y reviendra), mais pour l'instant: Voici ce qui est en ligne avec les mots de DIDIER VEILLAULT, et Stéphane MIKAELIAN:
3) On a parlé de Rudy Leonet hier... Il anime LA SEMAINE DE 5 HEURES. Une émission bavarde comme on en fait plus chez nous...
Ils ont parlé du Best of le lundi (en fin d'émission) et consacre encore un peu de temps à Jean-Louis hier : hommage à Jean-Louis Murat (cette fois en début).
Un article reprend quelques propos.
Petit cadeau de Rudy: la reprise de Jean-Louis d'une chanson de son groupe "La Variété", "c'est dans ma nature" ( "j'aime toujours sourire pour m'enfuir loin de la tristesse, des remords qui me blessent")
4) Michel Troadec du plus journal de la PQR (ouest-France) est toujours fidèle au rendez-vous des sorties... Ca en est bien une... Il ouvre la grande porte! A LIRE ICI
Décédé à 71 ans, le chanteur Jean-Louis Murat était une des grandes plumes de la chanson, à l’abondante discographie imprégnée de nature et de sentiments amoureux.
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