"La ballade" de Vincent Josse (Inter), Vinyle dans télérama, Archives et rendez-vous

Publié le 30 Mai 2024

1) Samedi à 17 h,  Vincent Josse recevait F. Vergeade, L. Masson , JP Nataf et F. Marchet. On y entend la reprise du "troupeau" par JP Nataf (en solo), le dépouillement lui va très bien.

Je suis toujours sceptique à propos du thème "les chanteurs français qu'il n'aime pas en général", où ne sont pas évoqués Manset, Silvain Vanot, Erik Arnaud, Malicorne... même si c'est intéressant de revenir sur son intérêt pour les chanteurs ayant une identité vocale non genrée, pour celui que le grand public identifie  parfois au beauf machiste et réac.  Il y a pas mal de choses sympathiques, surtout avec JP Nataf et Florent Marchet (qui raconte des souvenirs de loge... mais je crois me souvenir qu'on m'avait raconté qu'une fois ça s'était mal passée).  JP Nataf revient sur les fameux cocktails de JL (le redbull/bourbon dont il a souvent parlé. Je rappelle qu'il citait Murat dans un texte figurant sur son disque "Clair").

Sur la fin, L. Masson parle de son projet de documentaire qui ne semble pas très défini... mais où planera l'ombre de Jean-Louis, son fantôme.

 

 

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-ballade/la-ballade-du-samedi-25-mai-2024-6581147

« Chanter c’est sortir du moi étriqué. La vie parfaite, c’est une chanson par jour… écrire ça enlève ce sentiment de lourdeur, ça me met en état d’apesanteur.» J.L Murat au micro de François Busnel, France inter, 2011

L. Masson : « Ses chansons sont aussi fortes que de la grande littérature ou de la poésie. Je m’y réfère sans cesse par pur plaisir ou par nécessité d’alléger le fait d’être soi. Il est dans le panthéon des artistes qui me font sentir moins seule. »

JP Nataf : «J’ai du mal à séparer le gars que j’ai croisé de sa musique. Il a donné un bon coup de pied dans la variété française moribonde. C’est un gars qui avait un vrai culot de musicien, il était là pour emprunter tous les chemins possibles, c’est un exemple pour moi. »

Franck Vergeade : « Il disait du mal de tout le monde, à quelques exceptions près. Beaucoup d’artistes l’irritaient. Il aimait les Américains et quelques français, comme Dominique A, Alex Beaupain, Benjamin Biolay, Florent Marchet. Il a inspiré beaucoup d’artistes français.

« J’écris souvent à l’aveugle, j’ai une sorte de cinéma intérieur, je suis habité par des successions d’images, mon inspiration est strictement visuelle. C’est comme si j’avais un écran, j’en ramène des bribes et ça fait des chansons » J.L Murat au micro de Laure Adler, L’heure bleue, 2019

L. Masson : « Ses textes ouvrent l’imaginaire, chacun peut se projeter dans ses paysages, c’est un univers qu’on approche de manière sensible plus que par la raison. J’aimais tout de lui, sa voix et sa plume. Je n’ai jamais rien jugé chez lui, c’était un frère d’âme. »

« Si mon cœur n’est pas fixé, je meurs, je suis aussi nigaud qu’à 15 ans. L’amour est ce qui nous donne un sens métaphysique.. » JL Murat, itw par Toufik Hakem, France Culture, 2020

Franck Vergeade : « L’amour, Jean-Louis n’a chanté que ça. Son plus grand disque est d’ailleurs Dolores, l’histoire d’une rupture avec sa manageuse. Que l’on soit heureux ou malheureux, il y a rien d’autre qui nous fait avancer.  C’était aussi un grand mélodiste et un mélomane. »

Florent Marchet : J’étais extrêmement intimidé par Murat, c’était comme avoir éternellement 15 ans. Il fait partie de la grammaire de la chanson. Il a participé à ma construction intime et artistique, c’est quelqu’un de très instruit. Ses chansons, forment une littérature exigeante. Il utilisait des mots que l’on ne trouve nulle part ailleurs, *le fameux dictionnaire muratien"…. C’est une sorte de Facteur Cheval. Il a construit une oeuvre sans penser à l’ensemble et pourtant tout se tient.

« J’ai hâte de savoir ce qu’il y a après, je détesterai mourir effrayé, l’expérience d’une vie sur terre c’est d’essayer de mourir curieux… » Jean-Louis Murat, itw Pascale Clark, 2013

 

- Petite chronique sur Parfum d'acacia dans le Télérama de cette semaine. Dommage la petite faute sur Christophe PIE!

 

Vous devriez pouvoir vous procurer ce vinyle lors du week-end Murat, yes sir! (peut-être en le réservant en téléphonant aux Volcans), et aussi quelques CD singles et maxi singles sur un autre stand (le vendredi)... Un vrai petit supermarché à disposition!

 

Les archives en plus

-  FRANCE CULTURE rediffusait samedi la belle émission "radio vinyle" avec M. CONQUET.  C'est là qu'il parlait qu'il n'aimait pas acheter des disques de mort, et il y parlait de son disque égyptien que j'avais oublié (et dont Vergeade a reparlé), ou encore de l'hymne kurde enregistré avec des enfants... ou encore des disputes avec A. B.  sur comment ils ont pu faire la pluie sur "i can't stand the rain"... ou sa déclaration d'amour à Francky, bien avant Morituri.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/continent-musiques-radio-vinyle-jean-louis-murat-6234701

L'article de  l'époque:  http://www.surjeanlouismurat.com/2015/01/radiovinyle-france-culture-3-01.html

 

- TELERAMA a aussi regardé dans les archives. La première rencontre avec P. BARBOT en 1996, il nous en parlait en 2015 (j'avais ensuite diffusé les articles qu'il avait signés).

https://www.telerama.fr/musique/jean-louis-murat-en-1996-a-telerama-dans-ma-voix-il-y-a-de-l-eau-et-des-cailloux-ca-ricoche-ca-resonne-7020609.php

Une mouche, c’est très malin. Quand tu l’as loupée une fois, elle marche sur les arêtes des meubles, elle évite les endroits plats. » Brandissant une menaçante tapette en plastique, Jean-Louis Murat manœuvre sournoisement pour se placer au-dessus d’un innocent diptère qui gambade sur la table de la cuisine. « Pour l’avoir, reprend le traqueur de cantharides, il faut se placer face à la lumière ; alors, elle se recroqueville sur ses pattes, elle te mate pendant deux ou trois secondes, toi tu ne bouges pas, c’est super tendu, et puis elle se redresse, elle se dit “bon, c’était rien” , elle recommence à marcher et paf ! Depuis que j’habite ici, j’ai dû tuer des millions de mouches. Elles font partie de mon quotidien : je vis avec des vaches tout autour, des chevaux en face et des moutons en dessous… »

Nous sommes au cœur de l’Auvergne, à 1 150 mètres d’altitude, au milieu des cols, des gorges et des pics, à quelques toises, à vol de buse, du lac de Guéry. Un univers venteux, où il faut attacher les poules pour ne pas qu’elles s’envolent, disent les gens du cru. Un paysage de cailloux et de chardons, troublé seulement par quelques hardes de randonneurs à gros godillots. C’est là que vit Jean-Louis Bergheaud, dit Murat, enfant du pays qui a emprunté son nom d’artiste à son bourg natal. Depuis, le chantre du Col de la croix Morand, reclus entre insectes vrombissants et grelots tintinnabulants, est resté fidèle à ses origines. Dans une ferme au toit d’ardoises grises arc-bouté à la colline, le « garçon qui maudit les filles » empile les pots de confitures faites maison et les guitares de collection : « Dans un instrument, même médiocre, il y a au moins dix chansons. »

Dandy-berger ténébreux

Nichée dans un appentis, une console de mixage rutilante (« C’est une américaine des années 70, je l’ai achetée d’occasion, juste sous le nez des Rita Mitsouko…  ») fait de l’œil aux poutres apparentes. Plus loin, une dépendance qui fut jadis un grenier à foin abrite sous des bâches des monceaux d’instruments divers, claviers antiques ou bribes de batteries. En bon paysan auvergnat, Murat entasse, engrange, conserve. « J’ai même retrouvé la première charrue de mon grand-père. J’achète de vieux instruments agricoles, des tables de ferme, des armoires, des maies. Mon père était charpentier, ça me vient sans doute de là. J’aimerais que mes chansons soient comme des meubles anciens : solides, fiables, familières. Qu’elles résistent à l’érosion. »

Quand il est apparu furtivement dans le paysage de la chanson française, en 1981, on le prenait plutôt pour une sorte de punk sporadique. Son premier disque, convivialement intitulé Suicidez-vous, le peuple est mort, ne provoqua aucune vague de panique dans les services du Samu, mais eut l’heur de séduire la petite amie d’un directeur artistique de maison de disques. Six ans et quelques disques obscurs après, le loustic réapparaissait, métamorphosé en dandy-berger ténébreux, regard de braise et mine boudeuse. Son album Cheyenne Autumn, en 1989, consacrait enfin le bougnat chouineur à la voix minérale et aux complaintes lancinantes, à la poésie sombre et aux mélodies spartiates.

« On me compare souvent à Gérard Manset, sans doute à cause de mon côté ermite et de mes longues envolées, mes délires un peu lyriques… Mais quand j’ai commencé à écrire des chansons, j’ai essayé de fabriquer un mélange de Neil Young et de Leonard Cohen. Cohen pour moi, c’est le père, il est dans mes gènes. La première fois que je l’ai entendu, tout gamin, un soir à la radio, je me suis dit : Tiens, voilà la voix de papa !” »

Depuis, le fils spirituel a cultivé son propre spleen, au long de quatre albums aux névroses soigneusement rimées, aux lamentos de pâtre transi mêlés d’odes guerrières et de ballades d’amour à mort. Le tout dernier, après un disque live et la BO du film (encore inédit) Mademoiselle Personne, s’intitule Dolorès. Un prénom de femme pour une œuvre écrite dans les tourments d’une rupture amoureuse, entre suppliques à l’être aimé et interrogations désabusées, drames paysans et cantates électroniques. Le tout mariant curieusement tournures médiévales, tempos trip hop, syntaxe et samples…

« J’ai toujours aimé les chansons de troubadours du XIIIe siècle : elles exprimaient déjà l’essentiel dans une forme poétique admirable. Des gens comme Brassens ou Prévert ont eux aussi puisé là-dedans. En même temps, je suis passionné par les recherches sonores de certains producteurs de rap, comme Dr Dre. Dans le rap, il y a des artistes qui sont l’équivalent des grands solistes du jazz. Quand j’écoute Snoop Doggy Dogg, par exemple, je pense au phrasé de Charlie Parker. »

Ancien saxophoniste dans des groupes éphémères de Clermont-Ferrand, Murat a gardé de sa pratique de l’instrument une technique de respiration, et ce léger vibrato dans la gorge qui fait se pâmer les filles et s’esbaudir la critique. « Dans ma voix, il y a de l’eau et des cailloux ; ça ricoche, ça résonne un peu comme dans une caverne. J’aime chanter comme si je parlais à l’oreille d’une femme. Pour moi, le blues est la matrice de toutes les musiques. J’aimerais bien être un genre de bluesman. Ce qui fait la différence, c’est le supplément d’âme. Aujourd’hui, le rap est le nouveau blues, et c’est la chance de la chanson française. Ces gamins de banlieue, ils ont la même rage que les Beatles ou les Stones à leur époque. Je ne dis pas ça par démagogie. Je crois sincèrement qu’on ne s’en sortira, chanteurs ou rappeurs, que si on se mélange, si on se nourrit les uns des autres. Comme lorsque Otis Redding s’est mis à chanter les Stones, et les Beatles à interpréter Chuck Berry. Moi, c’est pareil ; je n’ai pas l’intention de rabâcher cent sept ans les mêmes trucs. Si ça se trouve, mon prochain album sera un disque de valses viennoises ou une comédie musicale… »

 

Ce décor m’aide à lutter contre les pressions de ce métier.

Dans le salon de Jean-Louis Murat, tout là-haut sur la montagne, il y a une imposante cheminée de pierre, ornée d’un buste de sainte Anne en bois peint et d’un baromètre électronique. Un intérieur à l’image de son propriétaire, installé entre tradition et modernité. Tout à l’heure, comme chaque soir, Jean-Louis ira saluer Émile et Marie, ses seuls voisins : un couple d’agriculteurs, le frère et la sœur, qui vivent là depuis soixante-dix ans et ont adopté le chanteur local comme leur petit-fils.

En repartant, il faudra faire attention aux crapauds : l’orage récent les a attirés sur la route, proies faciles pour les pneus des automobilistes indifférents. Murat rechausse ses galoches pour s’en aller méditer sur la colline, face aux volcans éteints depuis des millions d’années. « Ici, c’est un pays rude mais vrai. Ce décor m’aide à lutter contre les pressions de ce métier. Être chanteur, aujourd’hui, se résume trop souvent à faire des disques susceptibles de plaire aux programmateurs des radios FM. Ces gens-là n’écoutent même pas mes chansons ; pour eux, je suis un artiste rive gauche, genre Henri Tachan ou Georges Chelon. J’en ai marre de ce système. S’il faut entrer en résistance, créer son propre label, travailler artisanalement, je suis prêt. Je ne suis qu’un petit gars de La Bourboule, mais je suis têtu. Et malin comme une mouche…  »

Article initialement paru dans le Télérama n° 2435 du 11 septembre 1996.

LE RENDEZ-VOUS EN PLUS

On retrouvera LA FELINE qui causera du week-end Murat, yes sir! et de Jean-Louis Murat  sur Radio Averne mardi 4 juin, à 19 heures (fin d'émission) et rediffusion dimanche 9 heures.  L'écrin des chansons

Je suis allé voir Delayre hier soir dans une release party de son EP sur LYON. Belle assistance pour le clermontois et ses chansons électro... qui va apporter sa "TOUCH" dans une reprise de Murat lors du prochain week-end Murat, yes sir! (il reste encore des places).  Dj, mais vrai musicien, je ne suis pas très fan du vocoder  (mention spéciale donc au nouveau? titre où il était moins présent), mais le talent est indéniable.

https://baco.lnk.to/DelayreGolemEP

Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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