Bibliographie : Chloé par MONS et par vaux dans "Spacing"

Publié le 2 Novembre 2024

- Allo, Florence? La tuile! J'ai beau avoir précommandé le livre de Chloé Mons depuis des semaines, on m'annonce une livraison pas avant mi-novembre! Je ne veux pas te forcer la main, et ne te tire aucun coup de C. Mons, mais vu qu'elle est en showcase (avec Yan Péchin!) en bas de chez toi, ... ou presque... tu pourrais te charger de la chronique! C'est vraiment pas du plein gré de mon insu. Et en plus, si j'en crois le ministre, tu es sans doute en arrêt maladie, ça t'occupera!  Ah, tu n'es pas malade? En vacances? Ah,  c'est soit l'un soit l'autre! Allez, ne râle pas! En plus,  tu trouveras le moyen de parler d'Alain Klingler! Bon, non, si tu veux, je te fais l'intro soignée, avec des italiques et des points virgules.

 

- A Avignon, en juillet dernier, Chloé Mons, croisée au spectacle d'Alain Klingler qui l'a mise en scène à deux occasions (et ce n'est peut-être pas fini),  nous parlait de son prochain livre dans lequel il serait question de Jean-Louis Murat (ils chantaient ensemble  un duo sur l'album Hôtel de l'univers en 2018). Le livre s'appelle Spacing, Date de sortie : 18/10 (éd. Mediapop). Chloé sera le 18/11 à la librairie L'écume des pages, boulevard Saint-Germain à Paris, et exposera ses photos au Séchoir à Mulhouse, du 8/11 au 8/12 (9/11 rencontre dédicace). 

A toi, Florence!

Alain Bashung, Daniel Darc, Claude Rich, Jean-Louis Murat… A feuilleter ce livre, ce qui vient d’abord peut être la mélancolie, tant il est peuplé d’absents. Pourtant il y a une façon de les porter en soi, et de les donner à voir, pleinement vivants, vibrants. Dans ce livre tout en mouvement, les images du passé sont définies comme un « point de fuite » : un lieu où retourner, où s’animent ces instants fixés. Chloé Mons, avec de nombreuses photos et de courts textes qui les situent, les prolongent, les déplient, fait surgir, bien présents, des moments denses, pleins, des situations, des êtres aimés. Une anecdote, un bref récit, une simple légende, et nous apparaissent Doudou le garde du corps, ancien du gang des postiches ; les tournées avec Yan Péchin ; Margaret, une ancêtre roumaine morte à 104 ans qui « commençait ses journées avec un tout petit verre d’eau de vie et une cigarette fumée à toute vitesse » ; la tante Betty, sa déclaration dans un livre de bibliothèque à celui qu’elle aimait, les séjours émerveillés de la jeune Chloé avec elle à Paris ; les parents, la maison en Bretagne ; Poppée sa fille, bébé, adolescente, jeune adulte ; et évidemment, Alain Bashung, les tournées, les chambres de l’hôtel Blakes à Chelsea, « les moments amoureux » ou le mariage en Bretagne.

(Portraits, photos de groupe, maisons, paysages, lits défaits dans des chambres d’hôtel, témoins précieux de moments de vie, et ferments de la mémoire. Lisant parallèlement Spacing et Archipels d’Hélène Gaudy, enquête de l’autrice sur son père pour faire resurgir des souvenirs des objets accumulés et des paysages traversés, je suis frappée malgré tout ce qui les sépare - projet, écriture - des échos entre ces deux ouvrages, qui tissent un lien si serré entre la géographie et l’intime, qui ont choisi la forme fragmentaire pour travailler sur la mémoire, des « archipels » d’Hélène Gaudy aux « bulles » de Chloé Mons ; frappée de lire dans Archipels cette réflexion qui me semble résonner avec la géographie de Spacing : « La plupart des lieux traversés disparaissent, mais il y en a qui surnagent. Rien d’extraordinaire. Un album intérieur constitué d’images fixes qui font notre mémoire.

Je crois que ces paysages de passage, de vacances, ces jardins tranchés en deux par la lumière, ces morceaux de mur face au lit où l’on dort ou ce fatras d’objets tout au fond d’un tiroir, profondément nous constituent. Je crois que c’est à cela que tout le reste s’accroche, qu’il n’y a pas de souvenir de l’amour sans celui du drap où la joue repose, rien de l’enfance sans la fenêtre d’où l’on a regardé passer les voitures, aboyer un chien, et rien de ceux qui manquent sans le lieu qu’a marqué leur absence. »)

Bien sûr qu’il est chargé d’émotions ce livre, avec ces instants d’intimité heureuse, ces jalons sur les routes et chemins, photos prises sur le vif, pour, dit Chloé Mons, « ne jamais oublier », « essayer de capturer » un moment, une sensation. Bien sûr qu’il dit, avec une très grande simplicité et beaucoup de pudeur le chagrin des départs et des déchirures. Mais reste de ceux qui sont partis un lien jamais défait, et tout ce dont ils nourrissent les vivants, évoqué avec une infinie tendresse. « J’aime penser à elle » dit Chloé Mons, à propos de l’aïeule roumaine centenaire. Alors, une photo de fête dans le jardin de la maison familiale rappelle le jour où les cendres du grand-père Pop, tant aimé, ont été dispersées au cap Gris-Nez. La photo de la main de Chloé sur celle de son mari qui vient de s’éteindre est suivie du récit amusé des tribulations de sa tombe. Le « dernier voyage » de la tante Betty est l’occasion de la peindre par petites touches, de dire ce qu’elle aimait écouter, le dernier livre qu’elle a lu.

Reste surtout le mouvement de la vie, son élan. « Désirant », s’intitule le dernier chapitre. Dans ce livre qui travaille l’espace plus que le temps et fait fi de la chronologie, il n’y a de fixe que les images photographiques – et encore, tant elles sont aimantées par un ailleurs, un hors-champ. Grands ciels, vastes perspectives, routes et voies ferrées s’étirant au loin. Photos de gares, de tarmacs ; sur des quais, des bords de routes, en voiture. Instantanés d’avant ou après concert, souvenirs de famille, les deux mêlés au cours des deux dernières tournées d’Alain Bashung, dans les bus, les avions, les restaurants, les chambres d’hôtels. En Inde, aux Etats-Unis, Argentine, Italie, en Roumanie sur les traces de ses origines, seule ou en famille, Chloé Mons dit ses rencontres, ses découvertes et ses rituels, glane des détails, camion, pieds d’un vendeur en Inde, magasin de disques près du marché de Mysore. Et tout ceci se dépose, au retour, dans un foyer qui rayonne de cet ailleurs. Chloé montre la maison de ses parents, remplie d’œuvres d’art et d’objets du monde entier, témoins d’une inlassable curiosité, fondatrice pour les enfants qui grandi dans cette « merveilleuse accumulation ». Elle décrit la sienne comme le lieu où se modèle, se façonne, se transforme ce qui s’est vécu au loin.

 

Partir, dit en effet Chloé Mons, c’est toujours vivre une initiation, pouvoir être tout émotion et sensations, s’ouvrir à l’imprévu. C’est se ressaisir de sa propre existence, et le livre montre comment ce décentrement, cette liberté, ces rencontres nourrissent une quête de soi, et une quête artistique. Mais le voyage est aussi métaphorique, aventure et désir, image de la vie amoureuse, de la vie d’artiste ; image de ce que produit en nous une œuvre.

Ces instantanés autobiographiques, ces portraits éclatés, cet art de vivre et cet art poétique intimement mêlés, sont à la fois très émouvants et toniques : le livre entraîne dans son élan, son allant. A l’image de la dernière photo, Chloé avançant avec sa valise, un inconnu semblant venir à sa rencontre. Ou du dialogue avec l’artiste Myriam Mechita, rencontrée peu de temps avant : « “on part à Vegas et on va dans le pays des Indiens ?” Et on est parties. »

 

Chloé fait resurgir le souvenir de déambulations - bien moins lointaines :

Bibliographie :   Chloé par MONS et par vaux dans "Spacing"Bibliographie :   Chloé par MONS et par vaux dans "Spacing"

 Pochoir (cliquez pour le voir entièrement) de Miss Tic, rue de Pixérécourt, Paris 20ème, 1999

 

Et Jean-Louis Murat, alors ?

Il est, dit Chloé Mons, « l’image manquante » de ce livre : ne reste que la trace sonore de la chanson partagée. Alors elle lui écrit une longue lettre. Elle raconte quelques rencontres, sa présence, sa chaleur, et son apparition providentielle au hasard d'une terrasse parisienne : à un moment de doute dans son engagement artistique, Chloé y voit le signe qu'elle attendait... Et comme à chaque fois, elle est repartie « heureuse ». A elle aussi, il manque.

"Cher Jean-Louis,

Il n'y a pas d'image de nous. C'est l'image manquante de ce livre. Pourtant, vous y avez votre place, votre moment, sur cette drôle de route qui est la mienne.

La première fois que nous nous sommes rencontrés, c'était à la sortie d'un festival, sur un parking. J'étais avec Alain et le staff de la tournée et vous aussi vous étiez avec votre staff. Nous avons échangé quelques mots et vous avez été d'emblée chaleureux avec moi...." 

La suite à lire dans Spacing...     [...]

Mais notre image est ici noir et blanc et le temps d'une chanson, "3 minutes".

Merci Florence!

Petite remarque finale: nous ajoutons donc le livre Spacing au dossier "Murat/Bashung" comme une pièce à conviction,  à décharge dans le "petit" procès intenté parfois à Murat concernant Alain B, même s'il devrait y avoir  non lieu depuis :

(faut peut-être que j'arrête de lire du Connelly moi).

Rédigé par Florence

Publié dans #bibliographie

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A
Autant/au temps pour moi en ce qui concerne le fils de Bashung (pas de H évidemment), mais écarté comme il le fut après la mort de son père, ça m'avait touchée à l'époque. Je sais c'est pas nos oignons...<br /> Voilà j'aurais dû me censurer sur cet espace de liberté et ne pas montrer ce que m'inspire Ch.M.. Elle fait sa promo, c'est son droit c'est aussi le mien de ne pas apprécier. <br /> J' espère entendre tous ceux et celles qui ont accompagné, en duos, Jean-Louis Murat. Jeanne Cheral que j'aime tant l'a-t-elle fait? <br /> La peste Yoko Ono ? Cette dernière était une redoutable femme d'affaires.<br /> La question est: a-t-on le droit d'émettre un avis divergent sur ce blog?<br /> Moi j'aime juste JLM et je suis consciente du travail phénoménal que représente ce blog. Ce n'est pas la 1ère fois que je vous le dis Pierrot.Bonne continuation.
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P
Vous trouverez pleins de choses ici sur Jeanne Cherhal dont une interview. <br /> Pas de problème pour vous exprimer et votre avis restera affiché, mais j ai quand même le droit d'y répondre, surtout que vous sembliez me contester le droit de parler de qui je veux ici! A part ça, Je suis très content d'avoir des avis divergents. Pour Arthur h., pour info,il y a son petit mot sur Murat: http://www.surjeanlouismurat.com/2023/05/le-choc.jean-louis-murat-est-mort.html et j avais partagé sa chanson avec Trintignant lors du décès de celui-ci.
A
Jeanne Cherhal je crois désolée
A
Murat, mais en dehors d'un titre avec Chloé Mons en 2018, pourquoi avoir accordé à cette dernière tant d'importance? Un épisode d'un roman à la Laeticia? Promotion décomplexée d'un bouquin, "Spacing"?<br /> <br /> Les chansons du fils de Bashung, Arthur H., seraient, elles, bienvenues.<br /> Je suis assez étonnée de trouver cette page à propos de JLMurat, ça parait incongru, surtout quand on a lu ses impressions sur l'oeuvre de Bashung.<br /> Mais on continue à évoquer Murat bien sûr.
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P
On a souvent parlé de livre avec moins d éléments sur Murat. Là, il s agit de deux pages qui plus est, et on aurait dû le préciser : il y est dit que Jlm était prêt à retravailler avec elle! Donc rien d étonnant, et d'incongru et ma chroniqueuse a été inspirée.... Est-ce que vous l accusez d'etre porteuse de la peste Yoko Ono ? Ce procès doit être clos.. PS: Arthur h. : Higelin. Ou vous parliez de fils spirituel ?
P
Salut!<br /> Dans Libération de ce w.e,à la rubrique "l'original /la reprise", à propos d'Avalanche de Cohen ,2 commentaires sur Nick Cave et JLM..."la manière dont il fait respirer les mots est totalement déchirante.<br /> Murat était un compositeur unique,mais aussi un très grand chanteur...<br /> Ouf,un média qui parle un peu de Murat !
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