Les auvergnats en anglais : Montañita et Garciaphone
Publié le 13 Novembre 2024
- Montañita :
On a déjà parlé de ce groupe après que j'ai pu assister à un de leurs concerts à Clermont. Leur album Dummy light in the Chaos vient de sortir le 18/10 chez Only Lovers Records/modulor avec un bel oeuf au plat dessiné sur la pochette. Une invitation au jeu de mots de foireux que je me refuse d'honorer, vous l'imaginez bien! Moi, jamais!
Pour le lien muratien, on notera qu'après ce qui était une petite intérim il me semble, Morgane Imbeaud fait toujours partie de la formation, même si le texte accompagnant le cd promo ne cite pour le noyau du groupe qu'Alexandre Costa, Sonia Lavergne et Pascal Mondaz... Ce dernier a aussi un lien avec Murat : il a enregistré Babel! Et à ce titre, figure dans dans le livre Les jours du jaguar de P. Andrieu avec une interview fort intéressante sur la conception de Babel (dont il a beaucoup appris - il a utilisé les mêmes procédés pour la Maison Tellier ensuite par exemple) et la personnalité de Jean-Louis. A l'époque de Babel, le texte promo nous disait ceci:
Pascal Mondaz
Ingénieur du son et réalisateur, attentif et instinctif, formé à la rude école de la scène, musicien en solo intégral avec Galaktyk Kowboy, Pascal ‘Power’ Mondaz a sans doute tout compris des subtilités du studio. Diplômé de la SAE de Londres, il a travaillé avec Cocoon, The Delano Orchestra, Zak Laughed, The Elderberries, autour de Bashung et avec la plupart des beaux projets clermontois.
Mais venons-en au disque : J'ai été un peu désarçonné au tout premier abord, en n'ayant pas l'impression de retrouver ce qui m'avait plu au concert (une luxuriance musical pop qui ne se prête pas à "une forme d'improvisation" telle qu'évoquée dans le texte promo), mais dès la deuxième écoute, le lien s'est fait, grâce aux rythmes et mélodies accrocheuses : "We'll be bound", "maybe not". Les harmonies vocales entre Alexandre et Sonia font merveille sur "Medusa"(très réussi) et "Weakness of mind"... et pour le coup, je retrouve vraiment sur ces titres ces petits bijoux pop (souvent à peine 2/3 minutes, voire une minute pour la dernière) qu'on a envie d'écouter en faisant défiler les miles... Une pop très 80 et 90s. Sur "whisper of Flames", c'est le petit synthé qui va nous conquérir, et on trouve les titres plus électro/synthétique : "lost cause", "walking away". "Rest my head" nous accroche aussi (C'est l'un des morceaux qui me reste en tête) grâce à sa partie de guitare qui pourrait tourner en boucle... on pense à The Cure, et c'est effectivement une référence citée (comme les Pixies, Slowdive, Girls in Hawai).
Cette galette (complète), c'est court, pas plat, mais au "poêle", percutant, sans coquille, frais mais protéiné, pas d'egg-eux du tout, on ne va pas faire un plat, mais ça fait un effet b-oeuf. Même les blancs sont bons. Un album-mine! Ça serait en français alors là...
En tant que camarade de route de S. EICHER, je veux signaler leur choix de reprendre EISBAR en live (filmé par P.Andrieux ici).
Après quelques dates en octobre sur la France, une seule date à retenir pour l'instant: concert le 8/03/25 à Rouen (les 3 pièces), mais à surveiller là : https://www.facebook.com/Montanitafootballclub
Et la presse apprécie:
"On est immergé dans une pop ouatée (“Maybe Not”) parfois lancinante (“Medusa”), très agréable et planante (“Lost Cause”), mais capable de quelques envolées plus alertes, comme ”Weakness of Mind” sur laquelle plane l’ombre de la new wave. ." ROCK & FOLK
"Le disque est gorgé d’une humanité profonde, naviguant entre noirceur et mélodies entraînantes, pour toujours trouver le chemin le plus clairement pop." INDIEPOPROCK
"On pense à Slowdive ou à Beach House mais ce qui est sûr c’est que ce premier disque est un clean game qui renverse nos quilles émotionnelles." SOUL KITCHEN
"Dummy Light in the Chaos est une régalade. Il sonne 90’s mais date d’aujourd’hui, impeccable de bout en bout" MUZZART
"(...) sublime album à venir, « Dummy Light in the Chaos », qui risque d’agiter la sphère indé en cette fin 2024." INDIE MUSIC
(...) la musique de Montañita s’épanouit tout en douceur et légèreté, les voix sont justes, les arrangements discrets et les mélodies délicieuses" ADDICT CULTURE
EN passant, quelques dates pour Morgane Imbeaud, dont ce soir, avec l'équipe bleue (Matt Low, Alex Delano, Yann C...), et à Chambéry (je devrais y être).
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- On passe à Garciaphone, et son troisième disque Ghost Fire (Microcultures). Sortie le 8/11 (numérique, cd et vinyle)
Je suis condamné à faire la parenthèse muratienne, alors: (rappelons que Jean-Louis a fait figurer Olivier Perez comme une tête couronnée dans Point de vue/images du monde en 2016, et évoquait l'extrême bon goût de ses ballades, se disant "même épaté". On retrouve aux crédits du disque : Guillaume Bongiraud (Delano-babel) et Mocke (ex-Holden, guitariste pour la Féline, Nesles et Chevalrex -entre autres muratiens). Zacharie Boisseau (Zac Laughed) est toujours présent (peu muratien, au contraire de son papa, mais profitons-en pour signaler sa reprise de MANSET avec Yan C. sur la chaine frenchkiss), et Clément Chevrier (ex Delano). Enfin, notons bien sûr qu'Olivier Perez accompagne à la batterie les Elyzian Fields sur les deux dernières tournées européennes avec Matt Low à la basse).
Ghost douceur?
Alors, je crois avoir dit et redit tout le bien que je pensais du dernier disque Dreameater il y a 7 ans. Depuis, le cd n'est jamais parti au fond des étagères, restant à disposition pour des écoutes régulières. C'est peu dire que j'étais donc curieux de cette nouveauté. De toute évidence, on ne part pas pour une révolution. On retrouve avec plaisir la douce et très juste voix d'Olivier Perez, et les fameuses ballades. Les ambiances se prêtent toujours à se lover au coin d'un feu, dans une longue soirée d'hiver... mais les orchestrations laissent deviner par moment (surtout sur la première partie) des tourments extérieurs, les intempéries qui frappent à la fenêtre... ambiance d'étrangeté peut-être accentuée par des interventions de cithare, bouzouki et saz (luthe), qui marquent un peu la différence avec le précédent disque. (je lis le dernier Grégoire Bouillet sur Monet, ça m'incite à laisser mes interprétations gambader comme une chèvre alpestre au printemps
Au fil du disque:
"Aloha He", est un charmant "bienvenue" avec une belle guitare et voix, après une note de synthé... L'orchestration s'enrichit vite, douce guitare électrique, nappe vibrante et de plus en plus grinçante. Comme sur Dreameater, on retrouve immédiatement ce folk au premier abord simple mais dont les orchestrations nous préservent de tout ennui avec une écoute attentive (surtout que les chansons sont assez brèves, l'album fait 30 minutes).
"Someone Else's Dreams" nous amène sur les mêmes rives, mais là, c'est Guillaume Bongiraud et les cordes qui interviennent, et des jeux de tempo et de rythme, qui viennent finir sur un long pont presque jazzy, conclu par quelques sons surprenants.
Même si une guitare sonne presque espagnole au démarrage, "Conditional love" semble à nouveau sans surprise... et on peut se lover dans la voix très belle, avant un final "expérimental".
Il serait temps de placer un morceau un peu plus enlevé, et justement, "Weathercocks" nous a sorti de devant la cheminée, et on peut avaler les miles sur la Highway... mais en 1 minute 20, la virée tourne un peu au drame au son d'une guitare un rien saturé. C'est Thelma et Louise, les flics sont à nos trousses.
Un coin de soleil nous attend néanmoins avec le bavard "The Human form", qui reste sur un format court (2.3 minutes).
" A House that Speaks", c'est l'arrivée au saloon, un bar à Nashville, avec ce thème très country, même si la voix aigue évoque Paul Simon. L'orchestration est cette fois très sobre... même si un petit piano vient créer un peu la surprise.
"My Genes and Education" nous ramène à des choses plus contemporaines. Je suis moins adepte mais le pont un peu dissonant est intéressant.
"Beyond The Speaker" est dans la simplicité, plus mélodique... le refrain est accrocheur, et le violoncelle de Guillaume intervient joliment.
"Better and Better" est le tube de l'album, avec son petit refrain accrocheur, accompagné du violoncelle, qui vient avec une petite progression tout en douceur. Au 2e passage, on dodeline de la tête, on tape du pied.... Au 3e, encore plus, même si le choix est de rester dans la douceur dans le pont.
"Heard of the Hermit", guitare et voix... c'est naked. Folk pur en stock... avant un peu de violoncelle. Joli pour terminer le disque sur un morceau un peu plus long (comme le premier titre, on ne dépasse par pour autant les 4 minutes).
Il m'avait fallu du temps pour vraiment rentrer dans le dernier disque et c'est sans doute aussi vrai pour celui-là. L'anglais est bien sûr un obstacle pour le bourricot que je suis, je n'ai pas le sens des textes, ce qui m'empêche d'apprécier durablement du folk sans identité forte et mélodies accrocheuses. Mais ce n'est pas le cas avec Garciaphone. Je pense d'un coup à le ranger à côté de Syd Matters pour le talent des mélodies feutrées, mais il me manque peut-être à Ghost fire les harmonies vocales qui étaient présentes sur Dreameater... notamment sur ma préférée "Every Song of Sorrow Is New" qui est un titre que je peux me mettre en boucle pour son final. Pour autant, ce disque reste largement au dessus de panier tissé de cordes nylon (je vous invite à comparer avec le dernier Raoul Vignal).
Ghost Fire Le Monde Culture, mardi 12 novembre 2024:
Quand on pense à l’Auvergne, le nom de Jean-Louis Murat (1952-2023) vient à l’esprit. C’est sans compter sur le talentueux Clermontois Olivier Perez, alias Garciaphone. Depuis 2011, ce multi-instrumentiste et chanteur (aussi batteur de scène pour le duo Elysian Fields) a publié deux délicats disques de pop folk cotonneuse. Ce fin mélodiste, héritier d’Elliott Smith (1969-2003) et de Badly Drawn Boy, affiche une éthique artisanale (avec synthétiseurs de fortune façon Grandaddy) qui contribue à son charme. Sept ans après Dreameater, ce troisième album s’étoffe d’orchestrations subtiles (violoncelle, cithare, saz, bouzouki) avec l’aide des touche-à-tout Zacharie Boissau et Clément Chevrier (The Delano Orchestra) et le guitariste Mocke (Holden, Arlt). Garciaphone nous installe dans sa bulle légère, tour à tour pop feutrée (A House That Speaks, Beyond the Speaker), radieuse (Better and Better, Someone Else’s Dream) voire délicieusement brouillonne (Weathercocks).
Et TTT dans Télérama sortie le 13/11
LE LIEN EN PLUS
Avec Garciaphone, il y a Zacharie Boisseau. J'ai envie de signaler (après sa reprise de Manset indiqué ci-dessus) cette belle adaptation du Velvet... (qui fut l'objet d'un tribute initié par la Coopé... avec Murat, et déjà Zac, et Yann avec les Elderberries, à l'époque forts jeunes). https://www.concertandco.com/critique-album/jean-louis-murat/the-velvet-underground-nico/5466.htm
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Sud Ouest dimanche - Gironde- dimanche 10 novembre 2024 : Interview de J. Doré
Jusqu’aux «Cuitas les bananas» de Philippe Risoli quand même…
Oui. C’est un grand écart dans lequel je me suis construit. D’une enfance où Risoli était à la télé chez mes parents, où on écoutait Dalida à la radio. J’ai grandi aussi avec un amour infini pour Hélène Ségara, et c’est un bonheur d’avoir chanté avec elle «Sarà perché ti amo».
Et puis aussi enregistrer «Un homme heureux», un des plus belles chansons françaises. Et ne pas oublier qu’aux Beaux-Arts, j’écoutais Jean-Louis Murat qui a été très important dans ma façon d’écrire. Alors j’ai enregistré «L’Ange déchu», un des six bonus des versions vinyles (1). Six que je ne voulais pas laisser de côté après avoir choisi 23 chansons dans la centaine au départ!