D'abord une vidéo d'excellente qualité.... mais trop courte... On a droit à la vanne sur la Bourboule... mais pas à la chanson en entier... Les VOYAGEURS PERDUS...
La fameuse séquence.... et le passage entier avec Ruquier:
Et pour finir, un petit voyage sensoriel dans les forêts... de Franck Gervaise, Dolo...
Jean-Louis Murat, le stakhanoviste de la chanson française. L'ouvrier Alekseï Grigorievitch Stakhanov avait, selon la propagande soviétique, accompli 14 fois la norme dans l'extraction de charbon le 31 août 1935. Il fit ensuite des études et entra au ministère de l'industrie houillère avant de devenir député au Soviet suprême. Une reconnaissance en somme. A l'inverse, la contribution de Jean-Louis Murat au rock français n'a pas vraiment reçu la gratitude qui aurait pu lui être due. Lui qui édite au moins un album par an depuis Vénus en 1993 s'est fait lâcher par ses maisons de disques à plusieurs reprises malgré un certain succès public pendant quelques temps mais qui aujourd'hui semble s'être estompé au point que Murat envisage de ne plus faire de disque en son nom (en même temps, sortir en double album vinyle en 2003 ça tient de la pathologie sérieuse). C'est triste pour certains mais le reste du monde s'en fiche.
Pourquoi s'intéresser au Moujik Et Sa Femme (2002) au milieu de la production pléthorique de Murat dans les années 2000 (11 albums, on en connaît peu capables de s'aligner là-dessus) ? Parce qu'il s'agit peut-être de son seul album de la décennie qui peut avoir sa place dans un webzine rock. On a beau aimer le bonhomme, son humeur de chien (comme un Lou Reed français), son côté grincheux vaguement réac et romantique, il n'empêche qu'on s'ennuie un peu chez lui depuis quelques temps. Non pas que les disques soient mauvais : A Bird On a Poire aborde la vignette pop légère de bien belle manière, Mockba reste intéressant malgré sa longueur et Tristan est un fidèle reflet de l'amour de Murat pour une langue française surannée. Mais tout cela semble quand même plutôt dénué de guitares mordantes, d'envolées et de fun, des choses que Mustango en 1999 avait parfaitement synthétisées. L'âge expliquant peut-être cela (Murat est né en 1952), toujours est-il que l'artiste semble souvent céder à ses penchants neurasthéniques ces dernières années.
Le Moujik Et Sa Femme fait au contraire place à diverses embardées sans se laisser envahir par les balades chiantes comme la pluie qui sont un peu devenues la spécialité de Murat depuis quelques années. "Baby Carni Bird" débute comme un folk défoncé envoyant quelques vers d'anthologie ("Eh frère regarde c'te nouvelle, c'est-y pas un truc énorme ? Si tu veux bien vivr' dans une poubelle y t'refont une bite en or") quand soudain une guitare ultra saturée hurle des stridences jouissives, lançant le morceau sur des rails répétitifs et hypnotiques, sans réel refrain, laissant place à ses délires instrumentaux et textuels. Le texte en question est à peu près incompréhensible, comme tous ceux de l'album. Certains y ont vu des allusions à la télé-réalité ou aux attentats du 11 septembre 2001, pourquoi pas. En fait on s'en fout, le véritable apport de Murat se trouve plutôt dans l'adaptation de la langue française à la pop, une gageure de toujours pour les auteurs et interprètes (problèmes de rythmique, d'accents toniques). Serge Gainsbourg avait résolu cela en découpant sans régularité les phrases et les syllabes. Murat adopte une autre démarche et adapte son chant plutôt que ses vers. Il joue sur le rythme et la sonorité des phrases en modulant et déformant les mots, rejoignant en cela une forme d'écriture très américaine. Sa diction se fait musicale, privilégiant le son au sens. En résulte que l'auditeur n'est jamais pris à parti, forcé d'écouter un texte dont il se contrefiche peut-être. Certains déploreront un chant tendant vers le marmonnement, toujours est-il que Murat évite d'alourdir ses mélodies avec un débit mitraillette collant mal avec la langue employée qui navigue entre l'argot ("J'ai dit quoi un mec qu'à perdu ses cheumes qu'a la berline toute inondée") et la retenue chaste ("Tu me veux dans la démesure, que je gicle une eau noire, que je crève dans l'armure par la haine des dieux").
C'est de cette manière qu'il parvient à faire tenir "Hombre", pièce de psychédélisme glandeur avec arrivée progressive de claviers et de cuivres et rappelant "Fearless" de Pink Floyd. Les nombreuses incursions de cuivres viennent d'ailleurs parfois relever des morceaux qui s'égarent ("Molly"). On entend sur ce disque de vraies guitares, pas trois accords acoustiques tournant en boucle durant 40 minutes ("L'Au-delà", "Ceux de Mycènes") et on y trouve de vraies lignes de basse ("Foule Romaine"), fait assez rare en France pour être signalé. Un des sommets de l'album est sans doute "Le Tremplin" final: la batterie est tribale, la guitare funky sans en faire trop et les chœurs souhaitent la bienvenue ("Johnny, welcome home") mais ont quelque chose d'inquiétant sans qu'on sache réellement pourquoi.
Cet album représente une certaine idée du rock joué par un Français. Pas d'humour cynique (Jacques Dutronc), de tentative d'hybridation Doors/Jacques Brel (Noir Désir) ou de power pop anglophone (Dogs), plutôt une vision d'esthète vaguement dépravé et surtout mélancolique, une humeur qui manque un peu ces derniers temps.
Je n'ai rien trouvé sur le net (même pas sur le site de la coopé...) pour confirmer l'info (mais je n'ai pas accès à myspace et au site de l'association "CLERMAUVERGNE" pour qui Jean-Louis Murat jouera...), mais ma foi, on peut leur faire confiance... J'ai quand même vérifié si l'info ne datait pas du 1er avril !
A suivre donc!
En tout cas, bien content qu'on ait cette date pour se mettre quelque chose sous la dent... histoire de découvrir le nouvel album... ou de replonger dans les 30 ans de carrière...
... Bon, où est mon agenda?? Qu'est-ce que je fais le 10 juin?
PS : en fait, je viens de voir qu'il y avait un petite encart sur le site officiel :
Le concert pour l’association des pompiers Clermauvergne humanitaire aura lieu le vendredi 10 juin à la Coopé (Clermont-Fd).
La partie "concert" indique, elle, toujours : "aucune date"...
Voilà donc la 9e interview murat-centrée de Surjeanlouismurat@over-blog. C'est la première de l'année 2011, une année particulière, pas seulement du fait de la sortie d'un album de Murat (c'est celles sans album qui sont spéciales...) mais surtout car on essayera de célébrer les 30 ans de carrière discographique de M. Bergheaud*! En effet, en 1981, sortait "suicidez-vous le peuple est mort"... J'espère (mais ce n'est pas facile) vous proposer à cette occasion un certain nombre d'interviews... Alors, voilà, pour débuter les célébrations, et faire plaisir à beaucoup de muratiens qui ont été conquis quand celle-ci a croisé la route de Jean-Louis, j'ai le grand honneur d'accueillir ARMELLE PIOLINE. Son temps était compté au milieu de tous ses projets, et de la sortie du nouveau disque d'HOLDEN (l'essentiel)... mais elle a quand même pris le temps de répondre à quelqu'unes de mes questions.
-Mocke, votre alter ego d'Holden, a travaillé avec Sylvain Vanot, au moment où celui-ci faisait des premières parties pour MURAT, vous avez connu Murat à ce moment-là?
A. PIOLINE:non, on l'a vraiment rencontré quelques années plus tard au moment de "lilith"; il disait aimer nos disques, et il le disait fort, ça nous rendait fiers .... et puis un jour il m'a appelé pour que je le rejoigne en studio à paris; j'ai chanté 2 morceaux avec lui, et puis j'ai trainé dans le studio, je ne voulais plus partir, j'étais hypnotisée par la formule murat et consorts, qui roulait des mécaniques en chaussettes, et maniait la réthorique comme personne; on s'est retrouvé peu de temps après pour enregistrer un morceau d'Holden, qui figure sur chevrotine, dont murat a écrit les paroles : "l'orage"
- Oulalala... vous avancez vite ! Marche arrière : Avant de le rencontrer, c'était quoi votre "histoire avec Jean-Louis Murat" (était-ce une référence ? quand l'avez-vous découvert?...)
A. PIOLINE: C'était pour ainsi dire un collègue de label .... je ne le croisais jamais dans les bureaux de la rue des Tournelles où se situait Lithium et Labels, mais Emmanuel Plane, le DA de Murat à l'époque, me filait tous ses disques et me parlait beaucoup de lui ... Murat a commencé par être un fantasme, j'entendais des tas d'histoires sur lui, sur sa capacité à envoyer sur les roses les patrons de majors et les journalistes; et je découvrais sa musique ...
-Il y a eu la session lilith, "l'orage" mais aussi un titre "la belle vie" interprêtée avec jean-Louis, sorti en Cd promo... D'autres souvenirs de ces sessions?
A. PIOLINE:Murat avait clairement envie de nous donner un coup de main, il savait qu'on était sur un label fauché, pendant que lui profitait encore des largesses de sa major; il nous a proposé d'enregistrer quelques morceaux en duo, dans un magnifique studio destiné à l'enregistrement de son propre album; personne d'autre ne fait ce genre de choses ....
J'aime beaucoup "l'orage", Murat y a mis tout ce que j'aime de lui, sa poésie fatale et sa voix de velours ; il nous a gâté ...
-Est-ce que vous en profitez pour charrier un peu Jeanne Cherhal (interviewée ici même), sur le thème: "oui, mais moi, j'ai chanté avec Murat, et pas toi!")?
A. PIOLINE: ... impossible pour moi de chambrer Jeanne, je l'aime trop; elle danse la vie plus qu'elle ne la chante, elle s'en tire incroyablement bien en tant que personne... et puis, elle a sans doute chanté avec des tas de gens qui ne chanterons jamais avec moi.
- Vous avez fait sa première partie aux Sables D’Olonnes. Murat et la scène, ça vous inspire quoi? L'avez vous vu souvent?
A. PIOLINE:On a fait pas mal de double affiche Murat/Holden, surtout à l'époque de "Chevrotine"; Murat était en trio, avec Stéphane à la batterie et Fred Jimenez à la basse, c'était un groupe parfait ! Murat prenait de plus en plus de place à la guitare et avait complétement laissé tomber les claviers 80's, un vrai bonheur ! Et il chantait vraiment très très bien aussi.
On aimait passer du temps dans sa loge après les concerts, et dévisser sur l'état du music-business et de la musique tout court: c'est dans ces moments là que j'ai découvert un Murat beaucoup plus nuancé et juste que ce qu'on voulait me faire croire;
certes, des tas de gens me l'avaient décris comme quelqun de tranchant, voire, blessant, mais j'ai pû constater que ça n'était jamais gratuit, jamais sans fondement, et pour tout dire, je le félicite d'avoir eu l'audace d'envoyer chier quelques personnages nuisibles qui se considéraient comme intouchables...
-Holden, cela vient de l’attrape-cœur de Salinger. Je me rappelle d'un article sur Jean-Louis qui évoquait ce livre posé sur sa table de chevet... Vous rappelez-vous avoir évoqué ce livre avec lui?
A. PIOLINE: Non, je ne crois pas, on a assez peu parlé littérature avec Murat, étrangement, nous faisions peu de cas de nos textes et de nos influences. Je crois qu'il a eu très vite un respect mutuel sur notre façon d'écrire, on se l'ai dit, on ne se le répétera pas.
Ce qui nous préoccupait surtout, c'était la place de l'artiste dans la société, comment être libre et écouté, indépendant et audible, comment être respecté au fond ?
Pour revenir à Salinger (qui peut faire penser à Murat par certains aspects, bien que beaucoup moins productif), je ne suis pas étonnée que le personnage d' Holden Caulfield ait percuté l'esprit de Jean Louis; pour moi, Holden est le 1er punk de l'histoire; j'étais follement amoureuse de lui quand j'ai lu le livre.
- Murat avait indiqué qu’il avait projeté d’enregistrer Tristan en Irlande… Vous y avez vécu. Avez-vous parlé de ce pays avec Murat ? ou est-ce que vous pensez que l’Irlande aurait sied à la musique de Murat ?
A. PIOLINE: Bien sûr que Murat trouverait en Irlande des tas d'influences très motivantes, comme Holden en son temps. La musique est partout, vraiment, dans n'importe quel pub perdu au fin fond du Connemara, il y un groupe qui joue; et l'esprit est resté beaucoup plus fraternel qu'ici et ça n'est pas rien quand on choisit de faire carrière dans la musique.
Mais pour moi, Murat resterait Murat où qu'il aille, il pourrait enregistrer au Pakistan et revenir avec un album proche de Neil Young ...
- Sur Wikipédia : "Holden joue une musique qui se rapproche des compositions de Jean-Louis Murat". Qu’est-ce que vous en pensez ?
A. PIOLINE:Disons que nous faisons partie de la même famille!
- L’article de wiki indique ensuite : "Comme lui, ils ont du mal à se faire reconnaître au-delà du succès d'estime". Sauf… au Chili… Est-ce que vous pensez que Murat pourrait intéresser les Chiliens ?
A. PIOLINE: Le succès d'Holden au Chili, c'est de l'ordre du miracle .... un bon disque au bon moment, qui est passé dans les bonnes mains, à une époque où le Chili avait une soif désespérée d'écouter quelque chose de vrai venant de l'étranger.
On a sans doute ouvert une brèche (Jp nataf, qui nous a accompagné sur la dernière tournée, a eu un succès fou !), mais je ne suis pas sûre que les maisons de disques françaises aient ce genre de priorité en tête ... les Directeurs artistiques de chez universal ne savent sans doute même pas où se situe le Chili ... (mais là, je parle comme un Murat de base !)
- JP Nataf... qui fait partie des chanteurs français proches de Jean-Louis (ils se connaissent depuis Dolorès)... et qui a recruté le clavier d'HOLDEN pour sa dernière tournée...
Passons aux questions rituelles :
* Avez-vous une chanson qui vous a été inspiré par JLM ou qui vous fait penser à JLM ? »
(Une chanson comme « les animaux du club » avec les grillons, son ambiance, me fait penser au « manteau de pluie »…il y a également une chanson intitulé Margot...)
A. PIOLINE: "la belle vie", sans aucun doute, et puis un morceau tout neuf, qui sera sur le prochain album d'Holden : "rapproche le (ton amour)"; je pense toujours à Jean Louis lorsque je le chante. A écouter bientôt ...
*Ah, on attend ça avec impatience....
L'exercice terrible : -vos 3 chansons préférées de Murat? et pourquoi ce choix?
-vos trois albums préférés?
A. PIOLINE: Foule romaine - pour la voix invraissemblable au refrain (fou ou ou ou ou oule romaine ...)
Le coup de jarnac - texte incroyable sur françois mitterand.
- Vous n'avez pas tous les albums mais... vous connaissez "le coup de jarnac" paru sur une compilation! Quant à "foule romaine"... vous l'avez reprise au Fou du Roi en 2009.
Jean-Louis est en studio, ou a dû déjà terminé (s'il a été aussi rapide que d'habitude). Est-ce que vous attendez toujours un nouvel album de Jean-Louis avec impatience ou curiosité? Si non, qu'attendriez-vous d'un nouvel album de Jean-Louis?
A. PIOLINE: Comment être impatient quand un album arrive tous les ans et demi ??
Non, je conçois plutôt l'oeuvre de murat comme une oeuvre littéraire, que je lirai doucement au fil de ma vie, en restant scotchée sur une oeuvre le temps qu'il faudra,
ses albums sont tout à fait intemporels - bien que très ancrés dans notre histoire - et je m'y retrouverai encore dans des décennies.
- Vous avez tournée en solo avec le projet « superbravo » en 2010… Le disque est sorti il y a peu avec un label que vous avez développé aussi pour Holden... Et encore donc un groupe de qualité obligé de s'auto-produire... Quels sont vos projets pour 2011?
A. PIOLINE: Oui, c'est vraiment l'année de l'autoproduction pour nous !
Nous avons quitté le village vert qui était notre maison de disque depuis une dizaine d'années, et plutôt que de solliciter trop vite un autre label pour continuer à travailler, nous avons eu envie de profiter de cette extraordinaire liberté (plus de patron !!) pour sortir un objet important à nos yeux sans demander la permission à personne. C'est un coffret de 28 morceaux d'HOLDEN, dont la moitié inédits, glanés et enregistrés au fil de nos 10 ans d'existence, de l'époque de Dublin à nos années "Senor Coconut".
Le coffret qui s'intitule "L'ESSENTIEL", sortira officiellement le 29 mars, mais sera disponible quelques semaines avant sur le site du label WATUSA* ( copies signées et numérotées pour les fans hardcore ... ).
Et puis il y a ce projet solo, SUPERBRAVO, auquel j'ai travaillé l'année passée et qui a fini par exister depuis peu sous forme d'un joli vinyl rouge (un 45T à l'ancienne, face A : "CARS" - face B : "DEWDROP") et un code de téléchargement bien caché à l'intérieur, pour pouvoir écouter l'album sur un lecteur mp3. Je le vends sur mes concerts, et bientôt sur le site WATUSA.
Mocke quant à lui, a mille projets musicaux, notamment un que j'adore : les Old Timey Messengers, groupe country punk constitué d'une bande de new yorkais dingues, proches de Robert Crumb. En ce moment, il enregistre le 1er disque de MIDGET!, duo qu'il a fondé avec la chanteuse Claire Vallier.
Interview réalisée par mail le 8/02/2011.
Cette interview n' évoque pas la crise du marché du disque. Toutes mes excuses.