Publié le 28 Avril 2013
Sans commentaires... mise à part celui-là : que du bon encore!
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http://www.espace.mu/chanson-pop/lu-vu-entendu/7675
Publié le : 24 avril 2013
À l’occasion de la sortie de Toboggan, écoutez trois pièces de l’album.
S’il n’est pas un Murat grand cru, ce millésime 2013 du plus sauvage des auteurs français restera tout de même marquant dans sa longue carrière.
Pourquoi? Parce que débarrassés enfin des basses électriques et des batteries, les textes poétiques et intimistes paraissent allégés, comme en apesanteur, dans un espace hors du temps.
Seulement deux ou trois accords de clavier ou de guitare et les mots moulés par ce timbre unique, cette voix reconnaissable entre toutes, désabusée, qui traîne et qui séduit toujours. Centré autour des confessions d’un promeneur solitaire dans les montagnes d’Auvergne, plongé dans un univers littéraire, romantique et tourmenté, un peu comme un long monologue, ce Toboggan évoque autant l’enfance que l’âge adulte avec ses glissades à pic dans l’émotion amoureuse.
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http://www.musiczine.net/fr/chroniques/jean-louis-murat/toboggan/
Jean-Louis Murat est un fan de Robert Wyatt et de Neil Young. Manifestement, il a bon goût. Pourtant, on ne peut pas dire que l’Auvergnat s’inspire du célèbre Canadien ou de l’ex-Soft Machine. En fait, il se sert d’un climat fondamentalement folk, pop ou rock pour véhiculer sa poésie française…
Venons-en maintenant à son 19ème long playing. Qu’il a enregistré chez lui. Faute de moyens financiers. Car si ses disques précédents étaient de toute bonne facture, ils n’ont pas rencontré le succès escompté. Il a d’ailleurs quitté le label Universal, pour débarquer chez PiaS.
L’instrumentation est minimaliste et se limite à de la sèche, un orgue et des arrangements (NDR : reproduisant cependant orchestrations de cuivres ou de cordes, suivant les titres, et même un peu de moog), sans oublier les pecus (NDR : notamment indiennes sur « Belle »). Mais parmi les 10 compositions de ce long playing, il parvient à y glisser 3 morceaux un peu plus pétillants, dont « Over and over ». Une manière de bien équilibrer l’ensemble.
Le titre de son nouvel opus ? « Toboggan ». Un choix qu’il explique par son admiration pour les comptines. Celles d’Anne Sylvestre, en particulier. Plusieurs titres (« Le chat noir », « Amour n’est pas querelle », etc.) sont d’ailleurs tramés comme des fables. Quant à ce qu’elles soient destinés aux enfants, c’est une autre histoire, même si les siens ont apporté leur collaboration sur l’un ou l’autre titre, et si on entend de nombreux bruitages insolites (NDR : ‘cartoonesques’ sur « Voodoo simple ») ainsi que des cris d’animaux, tout au long de l’elpee : loup (« Il neige »), chiens et une véritable ménagerie sur « Robinson », plage au cours de laquelle, en fin de parcours, sa voix est triturée à la manière d’un Connan Mockasin. Il chuchote ou pose doucement sa voix, de son baryton toujours aussi velouté, sensuel, et très régulièrement, il la dédouble.
Outre les thèmes consacrés à la religion, à la résignation et à la vieillesse, Murat aborde également celui de l’amour sous sa forme la plus charnelle (« Agnus dei babe », « Belle »), et sur la dernière piste, (« J’ai tué parce que je m’ennuyais »), du meurtre ainsi que la culpabilité.
Bref, un très bel album à la fois provocateur, troublant mais aussi et surtout propice à la réflexion pour cet artiste incontournable, dans le monde de la (véritable) chanson française…
En concert le dans le cadre des Nuits Botanique, le 5 mai 2013, à l’Orangerie.Bernard Dagnies
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Le Droit [sous le charme complet]
Une guitare et une voix. La première, Jean-Louis Murat l'a voulue toute simple, avec des cordes en nylon, comme on débute. La seconde, il l'a drapée de ses plus beaux atours, sans forcer pour autant: paresseuse et traînante, suave et virile à souhait.
«Je voulais enregistrer un disque à la légère», reconnaît l'imperturbable chanteur auvergnat, qui vient de quitter la multinationale Universal pour le label indépendant [PIAS] France.
Une histoire de liberté recouvrée, de coudées franches, de France aussi. Lui qui rêvait de voyages citadins, d'enregistrements à Montréal, Rio ou Nairobi, caressant l'idée de mettre à l'épreuve son indéfectible flegme campagnard, a dû se faire une raison. Il évoque d'incontournables considérations financières, «une solution imposée» de rester au bercail, et enchaîne sans se démonter d'un iota: «Je suis un gars de la campagne, je parlerai de la campagne.»
Pas rancunier, Jean-Louis Murat. À la nature, il lui ouvrira même en grand les fenêtres de son dernier disque, Toboggan: des chiens voisins aboient sur Belle quand toute une ménagerie paysanne passe (et semble trépasser) sur le titre suivant, Robinson. Expression poétique d'un monde paysan qui l'inspire de plus en plus...
Rêveries du solitaire
On l'avait récemment quitté sur le fougueux et délicieux Grand Lièvre (2011), un avant-dernier disque tout en sensibilités écologiques et mélodiques, piques d'humeur et humus confondus.
Le voilà qu'il «réi-terre» dans la nostalgie du grand air, voix ironiquement caressante et partitions berçantes. «Mais sans les musiciens rock de base, je n'en pouvais plus!», s'exaspère-t-il (n'est-ce pas, d'ailleurs, ce qu'il fait de mieux?) depuis Paris où il poursuit la tournée promotionnelle de son album sorti le 23 avril au Canada.
Pas de guitare électrique, ni de basse, ni de batterie, donc, pour ces 10 nouvelles chansons écloses au printemps.
Le bougon à la moue sympathique et au regard bleu légendaire, qui affectionne le chant des oiseaux - «Ça apaise» - et la sérénité de sa province, affirme avoir tout écrit et composé seul - «parce que je travaille 10 fois plus vite et vais droit au but» - préférant jouer des réverbérations de sa propre voix plutôt que d'embaucher des choristes. «La voix lead toute simple, genre chanson française, ça me faisait penser au curé en prêche.»
Il cite en (bon) exemple Joni Mitchell pour les harmonies vocales et peste contre les moeurs (musicales, sociales...) françaises, dans «ce pays où la médiocrité est un genre en soi».
Partir? Depuis belle lurette, il a choisi de rester, comme d'autres entrent en résistance. «Ça me donne l'énergie de continuer», reconnaît-il, au front de la promotion qu'il n'a jamais vraiment affectionnée.
Chasse, pèche et poésie
Ici, il extrait la déchéance d'un monde en mal de repères; et constate que son «Robinson» moderne a perdu le nord et tous ses «jalons naturels» avec. Là, il gratte sa plume dans les affres du nihilisme moderne: la chanson J'ai tué parce que je m'ennuyais aurait été la réponse donnée par un tueur en série américain à son procès.
Ni complètement plaintif ni vindicatif allumé, l'auteur compositeur résume ainsi son dernier album: «J'y chante paisiblement des choses énervées».
Certes, il parle plus volontiers de l'hiver, de la neige et de la nuit que des hirondelles et du printemps, jamais loin du malaise métaphysique, mais comme seules les vraies âmes poétiques savent le faire.
Sur les mêmes accords, par exemple, il donne deux versions du dépassement de soi: «par les choses sublimes», sur Extraordinaire Voodoo, «par les choses merdiques» (comprenez Internet, entre autres) sur Voodoo Simple.
L'ensemble du disque relève d'un travail d'orfèvre, ravivant un «mazette» dans un couplet, jouant d'onomatopées dans un autre. Une ramification de belles découvertes musicales.
Il n'y a plus qu'à espérer le voir migrer vers nos contrées, le temps d'un concert, tout du moins.
¤ Et pour finir le camarade Matthieu, et sa chronique dans FRANCOFANS, le bimestriel indépendant de la chansonfrancophone actuelle, N°40, avec la grande Sophie en couv.