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Publié le 27 Novembre 2013

By  Matthieu, notre correspondant permanent in the BiB-city.
 
 
Si Versailles m'était conté...
Vendredi dernier, la Coopérative de Mai organisait un grand concert festif pour célébrer la sortie d'un livre retraçant un demi-siècle d'histoire du rock à Clermont-Ferrand. Le rock clermontois ? Mais au fait, quel rapport avec Jean-Louis Murat ?
 
50-ans-clermont.jpg
 
Grande fête au château...
 
     Avant d'en venir au livre lui-même, quelques mots sur ce rendez-vous du 22 novembre qui avait tout de la soirée de retrouvailles entre vieux copains. Sur la scène comme dans la salle, on pouvait naturellement apercevoir beaucoup de cheveux grisonnants, même si l'ambiance n'avait rien à voir avec celle d'une maison de retraite. Il n'y avait d'ailleurs pas que des anciens combattants à l'affiche : précédé et suivi de sets de DJs enchaînant les standards du rock, un concert réunissait sur la grande scène pionniers clermontois des années 60 et figures de la nouvelle génération apparue dans les années 00, pour un répertoire exclusivement composé de tubes de l'année 1963, censée marquer l'émergence du rock dans la ville. La formation de base guitare-basse-batterie était constituée des Elderberries, rebaptisés pour l'occasion Big Clermonsters Orchestra.
     De toutes les prestations entendues ce vendredi, on retiendra notamment, du côté des anciens, celle d'un Géraud Bastar d'une totale coolitude, égratignant le public pour son manque de folie, avant de chanter Johnny Cash à la perfection, le jeu de jambes impressionnant de Vincent Rostan sur « Devil in Disguise » ou l'élégance naturelle de Daniel Larbaud en vieux rocker british et, parmi les plus jeunes, l'aisance vocale toujours séduisante de St-Augustine (qui s'est mis au français avec Pain Noir), notamment sur « Runaway » (l'original du  « Vanina » de Dave),  le tandem d'un soir formé par Suzy, la chanteuse des Wendy Darlings, et le grand Christophe Adam, cigarette à la main, pour une reprise d'Aretha Franklin, ou encore la prestation marquante de Lucie Mena, chanteuse de The Belfour, qui éclaboussa la scène de son sex-appeal, de son charisme et de son énergie. Le concert s'acheva en beauté par une reprise collective de « Louie, Louie » des Kinks.
     Pour les muratiens, on relèvera en passant la présence de Morgane Imbeaud (Charles et léo),  malheureusement beaucoup trop sage sur « Blue Velvet » et surtout celle de Jérôme Pietri (passions privées, cheyenne autumn), reprenant avec Didier Marty un titre signé à l'origine Willie Dixon, pour un duo guitare slide-saxophone flamboyant d'une dizaine de minutes. Pietri qui, en entrant sur scène, avoua son émotion : « Je suis ravi de jouer avec le fils de mon pote Denis, ça me fait drôle. » Le batteur des Elderberries est en effet Yann Clavaizolle, le fils de. Le plus illustre bluesman local en profita aussi pour dédier la chanson à « tous ceux qui ne sont plus là », en l'occurrence le bassiste des Géminis, son premier groupe, Buck, le légendaire leader des Real Cool Killers et Jean-François Alos, bassiste de Clara (Taormina lui est dédié ainsi qu'à Alexandra). Alos, évoqué lors du dernier Koloko, dont le nom (hélas, mal orthographié) apparaît à plusieurs reprises dans ce livre – qu'il est grand temps de présenter.

La prestation de J. PIETRY:
 
 
Compte-rendu avec photos par Jacques Moiroud  :
Une ville où le rock serait capital...
 
     Mais d'abord, retraçons le contexte. Le 18 février 2008, Le Monde publiait un article retentissant signé Stéphane Davet et intitulé « Clermont-Ferrand, nouvelle capitale du rock français ». Près d'un an et demi plus tard, à l'issue d'un concours organisé par la Fnac, Clermont recevait le titre honorifique de « Ville la plus rock de France ». Une étiquette qu'aucun Auvergnat ne prenait réellement au sérieux, sinon quelques élus locaux trop heureux de pouvoir ainsi communiquer autour de l'attractivité d'une ville habituellement présentée comme la capitale... du pneu. À l'époque, on retrouvait partout les même thèmes pour expliquer le phénomène : un nombre de groupes considérable dans la région (entre 500 et 1000), la présence d'une salle de musiques actuelles à la politique ambitieuse, le succès international de Cocoon, accompagné d'une large reconnaissance critique pour de nombreux autres groupes (The Elderberries, les formations du label Kütu Folk, etc.) et, dans le rôle du patriarche, mi-protecteur, mi-distant, un certain Jean-Louis Murat. Ces clichés, comme tous les clichés, contenaient leur part de vérité, mais ils masquaient pourtant une réalité majeure : le rock n'est pas apparu à Clermont dans les années 2000.
     La sortie, fin 2009, du film Black and Wild, fut donc la bienvenue. Dans ce documentaire passionnant, Joël Caron racontait avec un mélange de sobriété et d'éclat, l'histoire d'un groupe (dont il fut le premier batteur) qui aura marqué de son empreinte indélébile la scène locale entre 1986 et 1997 : les Real Cool Killers. L'occasion de réinjecter de la longue durée dans l'éphémère des modes médiatiques.
     C'est une tâche comparable, sinon similaire, qu'accomplit aujourd'hui Patrick Foulhoux, journaliste et activiste rock à Clermont depuis une quarantaine d'années, en publiant ce lundi Une histoire du rock à Clermont-Ferrand. 50 ans de bruits défendus à Bib City. 200 pages richement illustrées de photos d'époque, pour une centaine de témoignages d'acteurs de la scène locale, qu'ils soient musiciens ou passeurs en tous genres.
 
Murat/Clermont : « je t'aime moi non plus »
 
     Associer le nom de Murat à l'histoire (du rock) de Clermont ne va pas de soi. Natif de La Bourboule, habitant d'Orcival et souvent présenté par les médias comme un « chanteur auvergnat », JLM n'est pas tendre avec Clermont. D'abord, c'est une ville et l'artiste se veut plutôt rat des champs. De plus, la capitale auvergnate possède à ses yeux tous les défauts d'une grande ville sans ses qualités. Au début des années 80, il y ruminait sa mélancolie (« Je traîne et je m'ennuie »), à la fin des années 00, il la voit comme un repaire de bobos. En 2010, il déclarait donc franco à La Montagne : « Moi je ne suis pas Clermontois. Pour nous à La Bourboule, Clermont, c'est Versailles. On déteste. » Laissons de côté le fait que JLM, habitué aux généralités hâtives, se plaçait ici en porte-parole de Bourbouliens qui ne lui en demandaient sans doute pas tant et n'entrons pas non plus dans une analyse approfondie de sa relation à la ville. Il suffira de rappeler que l'auteur de cette déclaration provocatrice se produira début décembre à la Coopérative de Mai pour la... 17ème fois et l'on aura compris que ses sentiments envers Clermont sont plus complexes qu'il n'y paraît, pour ne pas dire ambivalents.
     À propos de son livre, Foulhoux prend soin d'insister sur l'article indéfini du titre : il s'agit bien d'une histoire et non de la version officielle qu'il conviendrait d'assimiler et de réciter comme un nouveau catéchisme. L'auteur assume aussi son choix de dresser quelques portraits vivants de figures clés de cette histoire, plutôt que de rechercher une exhaustivité qui aurait transformé l'ouvrage en annuaire indigeste.
     Il ne faut donc pas se scandaliser outre mesure de l'absence de Murat dans ce panorama. D'autant plus que, selon l'auteur, JLM n'était pas disponible pour livrer son témoignage, étant en pleine préparation de son album. Est-ce à dire que Murat serait totalement absent du livre ? Non, bien au contraire.
 
  Murat n'est pas là, mais ses partenaires de jeu sont très présents
 Denis.jpg
     Il suffit de parcourir le sommaire du livre pour relever quelques noms bien connus de ceux qui suivent Murat depuis longtemps. L'ouvrage de Foulhoux permet ainsi de glaner une foule d'informations sur ces musiciens plus ou moins proches de lui, sur leur trajectoire, leur caractère ou les circonstances de leur rencontre avec JLM. Au hasard des pages, on pourra par exemple apprécier la description par Jérôme Pietri de la rivalité entre « snobs » et « voyous » dans le Clermont du milieu des années 60, inspirée des affrontements entre Mods et Rockers en Angleterre ; s'amuser du bref passage chez les curés de Courpière (63) de Denis Clavaizolle, celui-ci utilisant l'orgue de la chapelle pour jouer du... Deep Purple ; adhérer – ou pas – au regard désenchanté que Christophe Pie porte sur l'évolution de la musique de ces trente dernières années ; retenir le parcours étonnant de François Saillard  (bassiste de Clara) parti travailler dans l'humanitaire en Afrique et en Asie pendant sept ans ; apprendre sur quel critère Alain Bonnefont a acheté le Live at Leeds des Who ; découvrir que l'amitié entre Murat et Stéphane Mikaélian s'est nouée autour d'une passion commune pour les westerns ; constater que Marie Audigier était prête à commettre de gros mensonges pour pouvoir monter à Paris applaudir Marvin Gaye ; accompagner Samantha Julien dans son évocation des méandres de la carrière de Subway, collaboration avec JLM incluse ; enfin, assister à la mue de la timide Morgane Imbeaud en aboyeuse.
     Mais la présence subliminale de JLM dans ce livre ne peut se résumer aux témoignages de ses proches.
 Christophe-pie.jpg
                                                                                                                                       Juste après Clara en fait.


Murat n'est pas là (bis), mais on parle beaucoup de lui
 
     Au gré des souvenirs convoqués par les différents témoins, on voit en effet s'ébaucher en creux un portrait de JLM. Portrait nuancé et par certains aspects surprenant. Certes, on n'est pas étonné de rencontrer un garçon nerveux : « Jean-louis est venu nous voir à la Maison du Peuple. Ce soir-là, Franck [Dumas, membre de Blue Matisse] et Jean-Louis ont failli se mettre sur la gueule. » [Denis Clavaizolle] Et ses récentes frictions avec le public cébazaire nous reviennent en mémoire lorsqu'on l'imagine en proie à l'hostilité de l'assistance, dès la fin des années 70 : « Le concert de Clara en première partie de Bernard Lavilliers à la Maison des Sports, devant trois mille personnes, on se faisait siffler avant même d'avoir commencé à jouer. » [François Saillard] Mais le livre nous donne aussi la possibilité de (re)découvrir un Murat généreux et attentif à ses collègues. « je voulais arrêter la musique et […] faire de la lutherie. […] C'est Jean-Louis Murat qui m'a remis sur les rails. » [Jérôme Pietri] « il nous a appelées : 'Je vais faire Nulle part ailleurs, ça me fait chier. Vous voulez pas venir jouer avec moi on se marrera ?' » [Samantha Julien] Un Murat partageur, voire éclaireur : « j'ai découvert Al Green chez Jean-Louis Murat. » se souvient Guillaume Métenier, pianiste d'Armée Rouge, tandis que Christophe Adam évoque un souvenir voisin : « Murat nous faisait écouter Marvin Gaye, toute la musique black. »
       On constate aussi que JLM est apprécié dans sa région natale, bien au-delà du petit cercle de ses inconditionnels. « Pourquoi on a si peu de gens qui proposent une musique avec une réelle identité ? Si on prend l'exemple de la folk, pour moi, que l'on aime ou pas, le seul folkeux Auvergnat, c'est jean-Louis Murat. Il a une empreinte, ses textes sentent l'Auvergne. » [Frédéric Roz, directeur-programmateur du Tremplin] « Il y a quelqu'un que j'apprécie beaucoup dans le coin, c'est Jean-Louis Murat. Il est très fort ce mec. Il est intègre. Il tient son truc depuis longtemps maintenant. » [John Brassett, bluesman anglais installé en Auvergne depuis près de trente ans] « Pour moi, Clermont se résume en cinq points cardinaux : les Real Cool Killers, Ma nuit chez Maud de Éric Rohmer, Jean-Louis Murat, Spliff et le titre de mon premier article conséquent sur les Real Cool Killers pour Best, 'Puy d'ohms', qui m'a beaucoup amusé. » [Jean-Luc Manet, rock-critique]
     Deux témoignages méritent d'être cités plus en longueur, car ils donnent à voir de façon particulièrement vivante quelques traits du Murat du début des années 80. Celui de Christophe Adam, artiste local aussi réputé que méconnu (Dider Varrod considérait La grande muette, son unique album en solo,  comme le meilleur disque de 2001...), qui le dépeint en songwriter intarissable et en leader charismatique :
 
 
« Les Sales Gosses [son premier groupe, 1976] ont duré deux ans et demi. On est devenus super potes avec la bande de La Bourboule. Tout ce petit monde s'est retrouvé embringué dans la secte de Jean-Louis Bergheaud. On découvrait une espèce de gourou qui écrivait des chansons non-stop sur des rouleaux de PQ. Écrire, c'était sa seule obsession. Je découvrais un poète barré qui ne pensait qu'à ça. On s'est retrouvés à faire des maquettes chez lui. Et là, il s'est mis à intellectualiser notre truc. Il avait à redire sur mes textes et gnagnagna, gnagnagna. Il y avait notamment un refrain qui faisait : 'T'en fais pas bébé, t'as déjà ta place au cimetière.' J'avais quatorze ans ! C'était notre tube. »
 
     Autre évocation, celle de Jacques Moiroud, guitariste dans plusieurs groupes, notamment Les Tortionnaires (aux côtés des  frères Mikaélian), qui nous présente une fois de plus JLM en pédagogue :
 
 
« Autre rencontre importante : Jean-Louis Murat. Lui, c'était un chef de bande. Je traînais un peu avec, mais pas trop. Il nous faisait écouter de la musique comme jamais on ne l'avait fait auparavant. Il passait une chanson et ensuite, il demandait si on pouvait chanter la ligne de basse ou de cuivres. Ou il te poussait à parler en alexandrins. Un passeur, un pédagogue. Je découvrais la soul, la bossa-nova. Il m'a fait gagner du temps. Jean-Louis nous expliquait que si on voulait faire de la musique, il fallait s'imposer une discipline. Et ça, je ne l'ai jamais oublié. »
 
 
Un livre passionnant
 
     Si l'on s'arrête ici sur les passages liés à Murat (cf. le nom du blog) il faut tout de suite préciser que l'ouvrage de Patrick Foulhoux est passionnant dans sa globalité. On y suit les parcours souvent accidentés de types dont le rock a bouleversé la vie au moment de l'adolescence et qui, pour la plupart d'entre eux, ont décidé d'y consacrer leur existence, fût-ce au prix de grosses galères. Au fil des pages et des témoignages, on voit se tisser des liens, se créer des bandes, se construire des amitiés indéfectibles. Certains s'imposent naturellement comme des leaders, d'autres resteront toujours des hommes de l'ombre à la passion intacte, enchaînant les expériences avec une multitude de groupes. Et à la lecture du livre, il apparaît bien évident que les titres honorifiques évoqués plus haut, si sympathiques soient-ils, sont dérisoires à côté du vécu de cette poignée d'hommes et de femmes habités par un feu dont l'incandescence surpasse les coup marketing d'un jour.
 
Être ou ne pas être versaillais
 
     Revenons à la relation Murat/Clermont. JLM, on le sait, est un être tourmenté : il aimerait faire un tube, connaître le succès, vendre davantage de disques et jouer devant des salles plus grandes, mais ne fait guère d'efforts pour réaliser ces aspirations légitimes. En réalité, il cherche autant le succès qu'il le fuit. Il en va de même pour son lien avec sa région : depuis trente ans, il est l'un de ceux qui incarnent l'Auvergne dans les médias et il exprime régulièrement son attachement profond pour ce territoire. Mais dans le même temps, il se plaît à répéter qu'on n'est jamais prophète en son pays, qu'il n'est pas reconnu chez lui, qu'on ne l'aime pas (ou qu'on l'aime trop, c'est selon). Les incidents autour de son récent passage à Cébazat sont révélateurs de ce rapport quasi sadomasochiste avec le public local. Les extraits cités plus haut ne visent donc pas à inverser totalement la tendance et à faire croire que JLM serait l'idole des Clermontois.
      Didier Veillault, le directeur de la Coopérative de Mai, propose d'ailleurs une analyse intéressante à ce sujet : « c'est une caractéristique du milieu rock clermontois. On n'aime pas leurs meilleurs. Pierre-Yves Denizot, Jean-Louis Murat, Marc Daumail, Jean Felzine. Ce sont pourtant bien les meilleurs. » Nous n'aurons pourtant pas la naïveté d'attribuer l'animosité que peut susciter Murat sur ses terres uniquement à la jalousie. Il est bien évident que par son tempérament, son succès commercial (à certaines périodes de sa carrière) et ses choix artistiques, il a largement de quoi se créer des inimitiés sans doute justifiées. Il n'empêche qu'Une histoire du rock à Clermont-Ferrand prouve qu'au tournant des années 70-80, Murat fut un inspirateur pour nombre de musiciens clermontois et son prochain concert avec The Delano Orchestra (l'un des grands oubliés de ce livre) semble indiquer qu'il continue par certains côtés à jouer ce rôle. On peut donc affirmer sans hésitation que dans les veines de JLM coule un peu de sang versaillais. Et en lisant le livre de Patrick Foulhoux, on se dit qu'il n'a vraiment aucune raison d'en avoir honte.
 
     M.
 
Une histoire du rock à Clermont-Ferrand. 50 ans de bruits défendus à Bib City – Patrick Foulhoux – Un, deux... quatre  – 2013. 204 pages, 20 euros.
     Celles et ceux qui voudraient poser ce livre au pied d'un sapin dans un mois pourront le commander sur le site de l'éditeur : http://undeuxquatre.jimdo.com/

 
LES LIENS EN PLUS :
   
Il faut signaler la page de Didier sur Clara qui a attiré en commentaires quelques anciens de Clara, et quelques rancunes:
  
Les fans de Jérôme Pietri pourront regarder le reportage que lui consacrait France 3 Auvergne le lundi 18 novembre, d'autres portraits sont également disponibles:
 
 
 
Buck et les Real Cool Killers, avec l'intervention de P. Foulhoux:
http://www.youtube.com/watch?v=Le51aoz6oeE
 
Interviews de P. FOULHOUX:
 On va apprendre qu’à Clermont, il y a eu vraiment une génération derrière Jean-Louis Murat avec les Joël Rivet, les Christophe Adam, les Marie Audigier, tous ces gens-là qui sont tous au lycée de Montferrand en même temps, au moment des grèves. Marie Audigier, c’est un leader avec toute une bande, et ça a fédéré des gens qui se sont mis à faire de la musique grâce à eux. 
 
 
LE ROCK A CLERMONT...A SUIVRE...  prochain épisode le 7/12, et ça sera aussi sur FRANCE INTER!!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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Publié le 22 Novembre 2013

 

 

Pendant que je me morfonds devant Masterchef, certains se regalent peut-être devant le Masterchef of the 6.3, the roi des crêpes et de la caster, le mirliton de la rime et du changement de ton, le majordome of the Puy de ..., le commis de l'amour à sa mie et de la com à la noix.  

 

Après un bon concert à Nice, qui a suivi quelques concerts plus polémiques, comment était-cette der der des der au son des songs brutals sur la Der der Der, cheval sacrifié et feu Loï glorifié et réincarné?  Cette tournée, fort jolie, avec des salles bien remplies, s'est un peu alanguie, quelques notes de roussi... cette dernière date revêt donc une certaine importance afin de donner la note salée ou sucrée, et en tout cas finale, à l'épisode Toboggan... en attendant d'éventuelles surprises de chiffre de ventes avec Toboggan revisité (réédition).

 

Comme lors du précédent concert parisien, j'espère que vous serez nombreux à nous faire partager vos impressions! Merci de vos commentaires!

 

 

 

En attendant,  Je vous rappelle la dernière inter-ViOUS ET MURAT : BERTRAND LOUIS

http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-n-13-bertrand-louis-121088096.html

 

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Merci à TOI, Gabriel!

 

Salut Pierre, un court message pour partager mes impressions sur le concert d'hier. Et une nouvelle fois merci pour tout ton temps consacré à ce blog. Sur les
derniers CR on pouvait craindre non pas le pire (impossible avec cet immense artiste) mais un côté un peu sombre,  amer voire aigri par l'enculerie du show business (dixit JLM Dolores tour)
mais que nenni, Jean Louis et Stéphane (et l'ingé son !) ont donné un concert d'une rare densité, dès le début avec un fort t d'emblée compact, dense, déjà dans la matière. Et le concert n'a pour
moi pas eu de temps faible. C'était la 3ème fois que je les voyais sur cette tournée après Paris en première partie de tournée et Nantes salle Paul Fort en octobre. C'était le meilleur concert
des 3 sans aucune hésitation. La set list d'hier soir est dans la lignée de cette tournée d'automne avec néanmoins un rappel de moins qu'à Nantes mais d'où peut être au final cette impression
d'un concert plus dense et compact, toujours dans la matière. Le duo m'a paru "télepathique" encore plus que les 2 premières fois, Stéphane toujours a l'essentiel là où il pouvait parfois être
plus "ornementé" à Nantes, plus brutal, l'envie était là, c'était beau et bon (Michigan!). Le travail sur le son de la guitare et de la batterie et bien sûr sur sa voix à la console était
incroyable dans cette salle avec un rendu yeux fermés d'une matière sonore en fusion et mouvement perpétuels. De l'art ! Les choses s'alignent et la création,  l'oeuvre est là, maîtrisée et
vivante. Je pense que ce qu'ils ont fait hier soir sur certains titres étaient d'un niveau d'aboutissement génial. Avec en tête les 2 autres concerts je mesure le cheminement, la construction
invisible pour arriver à hier. J'imagine que de jouer pour la dernière fois ensemble sur cette tournée à forcément joué à la fois sur leur concentration et sur leur libération, bref pour un
résultat totalement enivrant. Si je dois citer quelques titres ce matin Alamo,  Agnus dei, vaudoo, Michigan, Loï en 14 (putain !) Ginette, mais en fait tous (sauf le pont mirabeau Chouia
moins for me). Bref, c'était grand, beau, bon, fort, sublime ? Oui, sublime, sublime matière, sublime musique, sublime en vie. Merci Loï !
 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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Publié le 20 Novembre 2013





BERTRAND LOUIS

    louis thibaut
                                                                                                                     Photo: Thibaut Derien



         Un  moment, j’ai cru pouvoir maintenir une  fréquence  régulière des Inter-ViOUS ET MURAT- mais l’énergie et la motivation ont un peu fléchi devant  l’insuccès de démarches auprès de, par exemple,  Olivier Adam, Arnaud Cathrine, Florent Marchet,  Bernard Lenoir, Paul Mac Cartney (l’ancien des Beatles là, vous voyez), le Dalaï Lama et Ginette (la caissière du Shopi)...  Et puis,  après Françoise HardyJeanne Cherhal, entre autres, et ceux qui nous ont livré tant d’histoires sur leur travail avec Jean-Louis Murat (Stéphane Prin, Cristophe Pie, Michel Zacha, et Alain Artaud),  difficile de ne pas prendre des  « goûts de luxe »…  et de renoncer au caractère exceptionnel de ces rencontres…
 
         Et c’est donc la promesse d’une Inter-ViOUS ET MURAT très riche, ainsi que le coup de main décisif de Matthieu dans la préparation, et mon souhait de vous offrir un beau cadeau pour les 4 ans du blog (né le 2/12/2009),  qui me fait sortir de ma retraite d'intervieweur.   En effet, BERTRAND LOUIS,  auteur-compositeur-interprète, sort un nouveau disque salué (encore une fois)  par la critique (« Un coup de maitre » pour Rock and Folk « qui se hisse au niveau des réussites d’un  Bashung et d’un Jean-Louis Murat », « le disque le plus jubilatoire et exaltant de cette année » selon Mandor).
 
         L’album « SANS MOI » est une mise en musique de textes de PHILIPPE MURAY…  l’auteur dont Murat  a si souvent parlé, recommandant sa lecture par exemple dans des rencontres publics à la FNAC. On sait également qu'ils avaient eu une courte correspondance.
 
         A la sortie d’un concert cette année, Murat m’a indiqué qu’il lui a été proposé de faire  cette mise en musique il y'a quelques années...  et qu'il avait ainsi écrit une musique pour « 10 septembre 2001 », poème également présent sur le disque de Bertrand Louis.  Murat a renoncé au projet…  peut-être par crainte du caractère un peu polémique de Muray : «  c’était avant qu’il soit à la mode*, avant Lucchini»  m’a-t-il dit.   Il garde en mémoire par contre d’avoir fait diffuser une des interprétations de Muray par lui-même, un soir chez LENOIR…  allant jusqu’à m’en citer  un court passage, ravi de ce mauvais coup joué aux oreilles chastes d’Inter…  Muray lui en avait été reconnaissant.
 
        Alors, alors, Bertrand Louis était-il informé de tout cela ?     Y avait-il l’ombre de Murat derrière ce projet ?     Examinons cela, entre autres choses,  avec celui qui pourrait devenir l’autre « ours » de la chanson française, ce qui  ne l'a pas empêché d'avoir été d'une grande gentillesse avec moi.  Bonne lecture... et écoute qui suivra j'espère, et j'exige, de "SANS MOI".


* "L'ironie féroce de l'écrivain, mort en 2006, le classa un temps du côté des « nouveaux réacs », avant qu'il ne bénéficie d'une reconnaissance quasi unanime". Valérie LEHOUX dans la chronique du disque de Bertrand LOUIS.

     

SAM 0709

   

Bonjour Bertrand Louis! 
-  Quand j'ai appris que vous réalisiez un album autour des poèmes de Muray, je me suis demandé si c'était par Murat que vous aviez connu Muray (ce qui est le cas de beaucoup de muratiens, puisqu'il en a beaucoup parlé ou l'a proposé dans diverses sélections -rencontres fnac-).  Quelle est la genèse du projet?
 
Bertrand LOUIS : J’ai découvert Philippe Muray dans une interview que Michel Houellebecq avait donnée sur le site « Le Ring », dans laquelle il parlait un peu de mon dernier disque et aussi de Muray.  

Cela m’a intrigué et je me suis tout de suite procuré « Minimum Respect ». Cela a été un vrai coup de foudre et j’ai lu tout le reste dans la foulée. Parallèlement, je cherchais à écrire des textes pour mon nouvel album, car j’avais pas mal de musiques en attente et un jour, cela s’est imposé comme une évidence puisque certains textes s’adaptaient parfaitement à mes musiques. J’ai envoyé quelques démos à sa veuve qui les a aimé et m’a donné son feu vert.  Ensuite, le gros du travail a commencé puisqu’il fallait trouver le moyen de mettre en valeur ces textes incroyables, les seconder en quelque sorte, sans pour autant perdre sa personnalité. La question des arrangements s’est posée également, notamment celle de l’utilisation de l’électro dont je pourrai reparler plus tard si ça vous intéresse. Le nerf de la guerre de tout ça était vraiment de trouver un style qui puisse rendre compte de ‘l’anti-poésie’ de Muray (j’utilise ce terme à défaut d’en trouver un meilleur).  

Et donc, non, je ne savais pas du tout que Murat s’intéressait à Muray et c’est aussi bien. Je me souviens quand même m’être dit qu’il pourrait très bien le mettre en musique également. Après tout Murat Muray, ils n’ont qu’une seule lettre de différence.
 

- Dans une Inter-ViOUS ET  MURAT-, et devant votre projet, je me dois d’aborder le travail de Murat  avec ses mises en musique de  Deshoulières, Béranger ou Baudelaire (que Muray admirait beaucoup). Est-ce que ce travail  vous a influencé  d’une manière ou d’une autre?
 
 
Bertrand LOUIS:   Oui, nous sommes là aussi pour parler de Murat, alors parlons-en. Je me souviens avoir beaucoup écouté Madame Deshoulières à sa sortie et j’en garde un très bon souvenir, le souvenir de cette liberté que l’on peut prendre par rapport au format chanson pour épouser un poème et aussi, de ces correspondances qu’il y a entre ces deux modes d’expression que sont la poésie et la chanson.
Pour le disque sur Baudelaire (qui est chanté sur des mélodies inédites de Léo Ferré), je me souviens m’être senti plus proche de l’idée que je me fais de ce poète, comparé aux interprétations de Ferré que je trouve un peu trop « lyriques ». Muray admirait beaucoup Baudelaire évidemment (qui ne l’admire pas ?), il en surtout parlé dans son livre « Le XIXe siècle à travers les âges », faisant de lui le premier homme à s’être opposé aux « valeurs » modernes, si je me souviens bien. Et puisque nous parlons de cela, j’avoue que j’ai le secret désir de mettre moi aussi Baudelaire en musique un jour si j’en ai la force, d’arriver à exprimer ce que je vois en lui, la concision, le diamant et le terrible.
 


- Ah, tiens donc !  Plus largement concernant Murat, quelle est votre « histoire » avec lui ?         
 
 
 Bertrand LOUIS:    Parler de mon « histoire » avec Murat, c’est un peu (déjà) replonger dans mes souvenirs.
Je me rappelle avoir entendu parler de lui pas mal de fois sans trop y prêter attention (mais il faut dire que je n’étais pas encore dans le milieu de la chanson) et puis un jour j’ai entendu Polly Jean à la radio et j’ai tout de suite acheté Mustango, cela a été un vrai coup de foudre et ce disque est resté un disque de chevet pendant un moment.
Il y a eu ensuite Madame Deshoulières dont on a parlé juste avant. J’ai aussi pas mal écouté A Bird on a Poire (le titre est marrant) où il y a un côté plus léger et plus ludique. J’ai la mauvaise habitude d’être assez passionné et j’ai le sentiment d’avoir tout brûlé en écoutant trop souvent ces trois disques, donc j’avoue que peu à peu, j’ai pris un peu mes distances même si je me tiens au courant de tout ce qu’il fait (Cette interview est d’ailleurs pour moi l’occasion de me replonger dans son univers).
Murat est aussi rentré dans une frénésie créatrice (que je comprends très bien) mais qui est difficile à suivre, cela serait presque un travail à plein temps !
 
Parler d’influence est délicat puisqu’on ne sait jamais vraiment comment cela se passe et d’où ça vient, mais il y a chez lui une grande exigence au niveau des textes, un style musical plutôt emprunté aux anglo-saxons qu’à notre bonne vieille chanson française, une élégance, un côté ours teigneux…etc…Tout cela me parle vraiment et je m’en sens très proche. Après je suis quelqu’un de beaucoup plus urbain, un Murat des villes si vous voulez. Sa place dans la chanson est en tout cas très enviable puisqu’il a un large public tout en étant en marge et sans concessions, je pense que c’est la chose la plus difficile à atteindre pour un artiste.
 
 
- Vous n’êtes pas le premier à exprimer une difficulté pour le suivre dans son rythme… Alors, questions rituelles de l’INTER-ViOUS ET MURAT-,  je ne vais pas vous poser la question de l’album préféré…Vous êtes Mustanguiste de toute évidence ! Mais à moi qui suis Lilithiste, il vous faudra nous expliquer : pas accroché plus que cela par Lilith ?
 
Bertrand LOUIS:   Et il faudrait penser aussi aux Lemoudjiketsafemmistes ou aux Birdonapoiristes ? Je viens de réécouter Lilith et non, je préfère vraiment Mustango, je préfère le son de Mustango pour tenter d’expliquer. Le tour de force qu’il a fait de mélanger Marc Ribot, le groupe Calexico et d’autres pour finalement faire du Murat est admirable.
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             10 chansons que l'on devrait tous connaitre par coeur par Bertrand Louis (Baptiste Vignol, éd. carpentier)
                                                                                                                                                                 ©surjeanlouismurat.com
 
 


- Sinon, pouvez-vous nous donner vos 3 chansons préférées de Murat ? Et pourquoi ?
 
Bertrand LOUIS:   Question complexe car Murat est comme une coulée de lave et qu’il est difficile de choisir là-dedans. Alors je dirais Polly Jean évidemment (parce que c’est la première qui m’a touché et aussi peut-être que le tempo est plus rapide que la plupart de ses autres titres). Ensuite…ah c’est dur…allez allons-y pour L’au-delà parce que c’est un tube, enfin un tube, c’est un peu comme un jet de lave, et pour finir……………..euh……..un peu évident aussi mais je dirais Au mont Sans-Souci parce que je suis Mustanguiste et parce que c’est la plus simple et la plus belle. Et je dis ça très vite car dans 10 minutes j’aurai changé d’avis.
 

- L’avez-vous vu en concert ? Gardez-vous en mémoire un concert particulier ? Un souvenir, une anecdote ?
 
Bertrand LOUIS:     Je ne l’ai vu qu’une seule fois en concert au Café de la Danse à Paris je ne me souviens plus de la date mais cela devait être il y a au moins 5 ans, voire 10. Je me souviens avoir adoré cette attitude du mec qui chante ses chansons et n’a pas besoin d’en faire des tonnes à côté. C’était une époque où il y avait pleins de connards autour de moi qui pensaient que si j’étais plus sympa sur scène ou que si je me faisais « coacher », cela marcherait mieux pour moi ; son état d’esprit m’avait rassuré.
 

- Est-ce que dans votre œuvre, vous avez une chanson qui vous fait penser à Murat, ou dont Jean-Louis Murat aurait participé à l’inspiration ?
 
 
Bertrand LOUIS:       Il y a une chanson dans mon deuxième album qui s’appelle Disparaître et qui parle de la dépression ou du suicide selon comment on le sent. Le « champ lexical » comme on dit est plus axé sur la nature, la neige, l’avalanche…et aussi dans mon troisième une autre qui s’appelle  Au bord de l’eau  sur un poème de Sully-Prud’homme. Dès que je parle de nature j’ai l’impression d’être dans ses terres.
 





- Ah, oui, c’est une évidence pour Disparaître… aussi d’un point de vue musical, jusqu’au vent sur le final… Quant à Sully-Prud’homme, cela nous permet de faire la transition sur le thème de la poésie… Sully Prud’homme que Murat n’aurait pas choisi de mettre en musique : à propos de Manset : « Tu crois avoir rendez-vous avec Henri DE MONFREID et c’est ANTOINE qui t’accueille, tu t’attends à Rimbaud, et c’est Sully Prud’homme »… (J'en profite pour ajouter que Manset a souvent cité Muray...) 
 
Et justement, ce qui m’a un peu étonné, c’est le romantisme de certains textes (L’Existence de Dieu), assez loin de ce qu’on peut imaginer a priori du polémiste Muray… Que pouvez-vous nous dire de ces textes (dont Muray a souhaité faire précéder la lecture d’un très dense avant-propos dans le recueil « Minimum Respect »)?  Il semble qu’il veuille s’attacher au réel, et il pourfend ainsi « l’ivresse divine, l’incendie des cœurs, et autres âneries »,  ce qui le met  très en opposition avec la plume de Murat me semble-t-il. Murat s’attache à défendre la langue mais s’appuie sur les symboles et les images  que Muray semble refuser (Ce dernier cite même - p.2 de l'avant-propos -  l’image du « Pont Mirabeau » que Murat utilise dans un nouveau titre paru dans la réédition de Toboggan*).
   
 
 
Bertrand LOUIS:   C’est bien on rentre dans le vif du sujet. Juste un détail « Disparaître » est inspiré d’un prélude de Debussy musicalement. Sinon moi non plus je ne suis pas très friand de Sully Prud’homme globalement mais ce texte-là sur l’immobilité de l’amour m’avait touché il y a très longtemps et d’ailleurs « Mais n’apportant de passion profonde/ Qu’à s’adorer/ Sans nul souci des querelles du monde/ Les ignorer » cela pourrait être du Murat.
 
Pour ce qui est de L’existence de Dieu, c’est clair qu’il y a une très grande ambiguïté avec la préface de Minimum Respect  mais je ne pense pas qu’on puisse parler de « romantisme ». D’ailleurs il y a plein d’ambiguïtés chez Muray, cela me rappelle l’article que Baudelaire voulait rajouter aux Droits de l’Homme « le droit de se contredire ». Poétiquement si l’on peut dire, Muray se rapprocherait plus de Rabelais, chez qui il y a aussi de grands moments « mystiques ». Enfin tous ces termes ne sont pas évidents à employer car ils collent tout de suite une étiquette. Il est clair que dans cette fameuse préface que j’invite tout le monde à lire, il met à mal la poésie des poètes « La poésie, enfin, m’a toujours semblé proche des promesses électorales, cette autre rhétorique aux alouettes ; sauf qu’elle n’est jamais exposée à la résistance ou à la sanction du réel, ce qui lui permet de demeurer éternellement une forme de démagogie parmi d’autres.» et en cela il s’oppose à Murat, mais aussi à pas mal de monde. Mais cette préface est aussi une manière de déblayer le terrain, tel un bulldozer, pour se faire de la place. « Mais cette éternité elle-même finit avec mon commencement. » conclut-il. C’est énorme de prétention!
 
Quant à moi, qui suis plein de respect pour Murat et Bashung, et qui ai l’impression d’en être à mes balbutiements si je me compare à eux, je commence aussi à être fatigué - surtout par tous ces suiveurs et suiveuses qui pensent représenter leur héritage - de cette poésie qui suggère plutôt qu’elle ne dit. Quand j’ai lu ces alexandrins « Le moral des ménages qui a encore baissé » ou encore par exemple  « J’aime bien les routiers quand ils bloquent les routes / Et font de ce pays une longue déroute » dans Minimum Respect, j’ai  tout de suite adhéré.
 

- Oui, c’est vrai qu’on ne peut pas mieux rêver comme entame pour un album : c’est les premiers vers de la première chanson…
Muray indique donc qu’il veut rester dans le réel, parle de prose, mais tout en souhaitant rester dans les contraintes de la rime, et pour le coup, il y va à fond… presque dans l’assonance, et on est presque dans le rap ? (Titre 3) impression renforcée par les orchestrations peut-être ?
 
 
Bertrand LOUIS:       C’est là toute l’originalité de ces textes, dans le sens où ils décrivent le monde moderne mais sous une forme rimée et rythmée. Certains peuvent effectivement se rapprocher du rap (en mieux écrit quand même) et même si j’ai au maximum essayé de chanter sur cet album pour rendre au mieux la musicalité des textes, il y a quelques moments déclamés entre rap et slam, comme Lâche-moi tout dont vous me parlez et aussi le dernier titre La comédie humaine. Mais l’un des intérêts (l’un des « pourquoi ») de la chanson aujourd’hui ne serait-il pas de créer des liens entre le rap (ou ses dérivés) qui s’accapare le réel, le parler vrai en quelque sorte d’une manière pas toujours très heureuse et la chanson « cultivée » qui devient de plus en plus évanescente ?
 


- Oui, mais comme sur le thème très présent de l’amour, c’est également ce qui pourra surprendre l’auditeur porteur d’a priori sur Muray… Mais qui ne surprendra pas ceux qui vous connaissent.  C’est aussi la poursuite de votre propre travail, j’ai pensé à Slogan par exemple…  une forme de détournement pour avoir un discours... on pourrait dire « révolutionnaire » (il était marxiste au départ, je crois) ?
 
Bertrand LOUIS:      Philippe Muray était quelqu’un d’extrêmement vivant d’après ce que j’en sais, ce qui inclut évidemment l’amour, le sexe et aussi la déconnade si je peux m’exprimer ainsi.

Quand j’ai commencé à le lire, c’est surtout cela qui m’a marqué en premier, cette grande santé mentale (qui peut rappeler celle de Nietzsche parfois). « Minimum Respect » est une mine d’or dans laquelle j’ai creusé pour en extraire certains thèmes et il est évident que j’en propose ma propre lecture, c’est-à-dire une alternance entre la détestation et l’amour. Je trouve même qu’il y a une certaine bienveillance dans le dernier titre « La comédie humaine » et je ne sais pas si c’est moi qui l’interprète de cette manière ou si elle était déjà présente. Il est évident aussi que cet album s’inscrit dans la continuité de mon travail, ce n’est pas pour rien que j’ai choisi Muray. Un esprit critique, une forme de détournement mais dans un sens créatif, pas forcément « révolutionnaire », terme à prendre avec des pincettes. D’ailleurs la révolution est le mouvement d’un astre autour d’un autre. Et je ne pense pas que Muray était révolutionnaire puisqu’il ne propose rien pour remplacer. Sinon oui effectivement il me semble qu’il était un peu à l’extrême gauche au départ je ne sais pas très bien je ne voudrais pas raconter de bêtises. Ce qui est sûr, c’est que la démarche de Muray est plus axée sur l’étude des mœurs et de leurs changements (il était très admirateur de Balzac), plutôt que sur la politique proprement dite.
 
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- Passé les surprises éventuelles, on a quand même les thèmes que l’on attend  chez Muray comme le refus de l’hygiénisme (Murat a eu parfois ce discours)  comme dans "lâche-moi tout" (vidéo ci-dessous), et la critique de la modernité… Dans une auto-interview parue sur votre site, vous choisissez un peu la provoc sur une question concernant le caractère « réac » de Muray. Pouvez-vous détailler un peu plus ? (je précise que j’ai dû qualifier Murat plusieurs fois de ce terme dans ce blog).
 
Bertrand LOUIS:  Oui c’est un peu provoc parce que ces termes réac, bien-pensant, bobo…sont utilisés à tout bout de champ et qu’ils veulent dire tout et n’importe quoi.

Aujourd’hui, l’on voudrait nous faire croire qu’il y aurait les gentils progressistes et leurs lendemains qui chantent d’un côté, et les méchants réacs ringards FN de l’autre. Bon cela j’ai l’impression que tout le monde le sait, mais le pire, c’est que les gens qui veulent réfléchir là-dessus, ou tout simplement mener leur existence librement sans rentrer dans ces deux clichés sont d’emblée catalogués comme des réacs. Il y a eu, et il y a en France de vrais mouvements de droite réactionnaire qui sont effectivement dangereux, mais être à l’affût du moindre dérapage pour traiter quelqu’un de réac, de facho, d’homophobe ou de je-ne-sais-quoi, c’est très dangereux également. Ça banalise et c’est un peu comme l’histoire de ce petit garçon qui criait « Au loup ! » alors qu’il n’y en avait pas, le jour où le loup a été vraiment là, plus personne ne l’a cru. « Dans ce monde moderne/ Je ne suis pas chez moi….Moi le fumier du monde/ Où tu veux te planter » (encore Mustango désolé). C’est clair qu’avec des phrases comme ça on peut vite se faire épingler (je plaisante évidemment). Pourtant il y a aussi la chanson « Les gonzesses et les pédés » sur cet album qui pourrait être un hymne moderne, mais qui n’a pas empêché Murat de se faire épingler sur le mur des homophobes d’Act Up. Pauvre de nous ! 
Finalement puisque nous parlons beaucoup des différences et des ressemblances entre Murat et Muray, on pourrait dire que Murat a plus de points communs avec Muray dans ce qu’il dit en interview que dans ses chansons.

 
 
 - … dans ses chansons aussi… puisque « vendre les près », le Cours ordinaire des choses, « terre de France »  ont été l’objet de lecture orientée… dans une récupération dont Murat est victime depuis deux ans (notamment par rapport à une interview du Point).  Pour vous, est-ce qu’on peut parler d’une récupération fallacieuse de Muray par disons « l’extrême-droite » ou  par une mouvance rouge-brune ?  Et si oui,  est-ce qu'il y a à vos yeux des frontières nettes qui le séparent de cette mouvance et, si oui, à quels niveaux se situent-elles ? Au niveau politique ? économique ? moral ? esthétique?
 
     
 
Bertrand LOUIS:       Il va falloir que j’écoute ou que je réécoute ces chansons-là alors. Je viens de lire l’interview de Murat dont vous parlez et je la trouve vraiment juste, dure mais juste. Alors parlons de récupération, sujet délicat s’il en est. Déjà, je ne vois pas trop ce qu’il y a de récupérable dans l’interview de Murat, il tape sur la bonne conscience de gauche des chanteurs, d’accord, il dit qu’il aime Bloy et Bernanos, d’accord. Mais taper sur la gauche ne veut pas dire qu’on est de droite ou d’extrême droite. Personnellement j’utilise un joker pour régler ce problème qui s’appelle Pierre Desproges : « à part la droite, il n’y a rien que je méprise autant que la gauche ! » Muray a lui aussi tapé sur la gauche et il est normal qu’il soit récupéré par la droite, surtout en ce moment. Mais bon je ne sais pas trop quoi dire sur ces histoires de récupération à part que ça me débecte. Je revendique la liberté de lire Léon Bloy, Philippe Muray et d’autres parce que leurs qualités littéraires sont énormes, un point c’est tout ! Vous allez voir qu’un jour,  aimer la littérature française, écrire (bien) en français, cela va être considéré comme réactionnaire, si ce n’est déjà le cas. En tout cas ce qui sépare Muray de certains de ses récupérateurs, c’est que lui est dans le littéraire, je ne suis pas persuadé que les dirigeants ou les militants de ces partis extrêmes seraient capable d’en lire deux lignes et de les comprendre.
 
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                                                                                 Photo: Blondie Photographe


- Pour en finir sur ce chapitre, je voulais vous interroger sur un paradoxe que Murat peut incarner, mais auquel vous êtes confronté également : s’il y a d’un côté quelques tentatives de  récupération, on a de l’autre côté un soutien assez constant d’une certaine gauche culturelle bien-pensante, sur laquelle Murat a tapé, et que Muray exècre, et qui pourrait paraitre tout aussi étonnant    Je pense bien-sûr à Libé, aux Inrocks, Télérama, et Inter et leur public… Vous-même, vous avez été invité sur Inter… Est-ce que cela vous inspire quelques réflexions ? Et comment ces médias accueillent votre album (si vous le savez) ?

 
Bertrand LOUIS:     Oui c’est effectivement un paradoxe car cet héritage de la culture française est évidemment très présent chez Murat, chez Muray et chez beaucoup d’autres mais qu’il n’est pas très bien vu de le revendiquer aujourd’hui. Je pense vraiment qu’un artiste n’a pas à se préoccuper de ces choses-là. Arriver à chanter Philippe Muray sur Inter relève de l’exploit et j’en suis très fier. Il est un peu tôt pour moi de parler de l’accueil de mon album, je crois savoir que les médias dont vous parlez n’y sont pas insensibles, mais s’ils vont s’engager, je ne le sais pas encore. Peut-être que Muray pose problème, mais je m’en fiche car, je le répète, la qualité littéraire est énorme.
 

- Je viens de prendre connaissance de la dernière polémique (la polémique du jour) à propos de l’appel des 343 salauds, lancés par CAUSEUR (qui publie du Muray). Bruno Roger-Petit cite Muray dans un article à propos de cet appel.  
(Le lien que donne B. Roger-Petit  vers une interview de Muray permettra de comprendre d’où proviennent quelques propos de Murat)
Une réaction particulière à cette actualité ?
 
 
Bertrand LOUIS:        Encore une fois on veut nous faire croire qu’il y a les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Personnellement j’aime beaucoup les prostitués, je pense qu’elles sont les gardiennes du Temple de l’Amour. Nous vivons dans un monde absurde et schizophrène, d’un côté tout est fait pour provoquer le désir du Mâle et de l’autre tout est fait pour le châtier. Mais concrètement, dans la « réalité » encore une fois, comment cela va-t-il se passer ? Ils vont laisser les filles exploitées tapiner et d’un autre côté guetter les clients pour les verbaliser. Vont-ils le faire avant ou après ? Ou pendant tant qu’ils y sont ? Bref, c’est ridicule et cela va donner des situations très cocasses ! Finalement, leurs lois sont tellement débiles que j’ai bien envie d’être le 344ème salaud. Et puis tenez, puisque c’est malheureusement aussi d’actualité, « Let’s take a walk on the wild side ».  


- Alors, pour en revenir à l’album et à la musique,  Muray a lui-même chanté certains des titres que vous chantez. Est-ce que vous vous êtes servi de cette première mise en  musique ou avez cherché justement à  partir de zéro ? 
 
 
Bertrand LOUIS:      Muray a fait un disque de son vivant mais il avait lu les textes d’abord et ensuite, des musiciens ont fait la musique. J’ai essayé dans ma version, comme je l’ai dit plus haut de « chanter » les textes et cela impliquait de repartir de zéro. Qu’il l’ait fait lui-même m’a tout de même conforté dans ma démarche en me disant qu’il n’allait pas se retourner dans sa tombe.

 
- Vous avez évoqué dans votre première réponse la question des arrangements, en parlant d’électro. Ce n’est absolument pas une image que je garde de cet album… peut-être du fait de l’utilisation du piano que j’ai vraiment apprécié. Parlez-nous de ces arrangements ?
 
 
Bertrand LOUIS:      Effectivement c’est l’utilisation du piano qui était primordiale pour moi puisque c’est mon instrument de départ, que j’en joue depuis mon plus jeune âge et que je l’avais un peu délaissé pour le moment. Dans ce disque particulièrement, il représente pour moi le classicisme qu’il y a chez Muray. Le côté rock basse batterie guitares met en valeur l’énergie, la « santé mentale » des textes et enfin « l’électro » et les synthés, même si ça ne date pas d’hier, mettent l’accent sur le moderne mais aussi sur l’ironie. En même temps, toutes ces considérations n’appartiennent qu’à moi et chacun peut le ressentir à sa façon.
 
    bertrand louis 11 09 blondie                                                                                                       Photo: Blondie Photographe


 - Si votre voix et votre interprétation collent parfaitement à Muray,  j’ai un coup de cœur terrible pour la voix qui arrive dans deux chansons… celle de Lisa Portelli*. Quelle est l’histoire de cette collaboration ?                                                              
                                            *la rencontre Lisa/Jean-Louis chez D. Varrod ici, où elle dit ceci :"j'aime ne pas me 
                                               sentir en sécurité avec les gens avec lesquels je travaille".   


Bertrand LOUIS:      Oui moi aussi je l’aime bien c’est pour ça que je l’ai choisie… Mais c’est vrai que sa voix est d’autant plus mise en valeur que le reste est vraiment très masculin. 
 
   
-  Vous chantez donc avec Lisa une chanson autour du 11/09... Un thème qui a inspiré de nombreux auteurs compositeurs, aux Etats-Unis, comme en France, dont Murat…  Est-ce que vous y pensiez en la réalisant ? Pouvez-vous nous parler plus en détail de cette chanson ?
 
 
Bertrand LOUIS:      Le 11 septembre 2001, c’était franchement difficile de passer à côté. Je me souviens m’être demandé qui allait faire une chanson dessus en premier. J’aime bien celle de Katerine. La musique m’est venue assez naturellement quand j’ai lu le texte, l’idée du duo également. Lisa et moi étions d’accord pour dire que sa voix est un peu jeune pour chanter cette histoire de vieux couple. Mais j’aime bien dans les duos, que cela ne soit pas trop cinématographique, sa voix est un comme prolongement féminin de la mienne.
     
     bertrand-louis-live.jpg                                                                            


 - Vous chantez bientôt à PARIS,  est-ce que vous avez un tourneur pour d’autres dates en France ?
 
Bertrand LOUIS:       Oui, je monte un spectacle piano voix et avec un guitariste électrique, Jérôme Castel. Le but étant de proposer une version plus intime du disque tout en gardant un esprit rock, afin de rendre au mieux la puissance des textes de Muray. Je me suis un peu inspiré de l’album Songs For Drella de Lou Reed et John Cale, album que je trouve admirable. Il y aura aussi sûrement quelques lectures qui vont s’insérer par la suite. J’aimerais « installer » ce spectacle musical dans un lieu parisien pendant longtemps et évidemment pouvoir « tourner » avec, cela démarre d’ailleurs plutôt bien, vu les trois premières dates que l’on vient de faire.


Un grand merci Bertrand Louis pour votre disponibilité et votre bienveillance!

Interview réalisée par mails du 6/10/2013 au 15/11/2013.
Cette inter-ViOUS ET MURAT- ne contenait toujours pas de questions sur la crise du marché du disque (ne mangez pas au mac-do, achetez un disque).   
 

LE LIEN EN PLUS :

- Le site officiel:
http://www.bertrandlouis.com/


- Pour que "Sans moi" ne soit pas sans vous:



 
- Concerts à l'espace Christian Dente, Paris:
les lundi 13 et mardi 14 janvier 2014

- Vidéos:
Les diverses ambiances du disque "sans moi" dans ces deux vidéos:
          * Avertissement: Ecouter de la musique ne provoque pas de cancer.

 


- Et pour finir, une émission en écoute: LA BANDE PASSANTE sur RFI
http://www.rfi.fr/emission/20131104-2-bertrand-louis
et une interview par Baptiste ViGNOL:
http://delafenetredenhaut.blogspot.fr/2010/11/bertrand-louis.html

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RETROUVEZ LES PRECEDENTES Inter-ViOUS ET MURAT-  :

http://www.surjeanlouismurat.com/categorie-11422242.html


Merci encore à Baptiste Vignol (inter-ViOUS n°2)  qui m'a permis d'entrer en contact avec Bertrand Louis.  
Ecoutez "l'armure" d'Erik Arnaud.    

 Avec également (ceux que je n'ai pas cité en introduction) : le journaliste Olivier NUC, Armelle PIOLINE d'HOLDEN, Eric Quenard (homme politique), Les groupes Le Voyage de NOZ , Karl-Alex Steffen, Porco-Rosso

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 15 Novembre 2013


Bayon. Ah, Bayon... en pure Bayon.  Et ses "lalalallalalananère j'ai tous les inédits et même plus", ceux que vous ne connaissez pas, et ses raccourcis "comprenne qui pourra" (dit-il en parlant de Murat)... Enfin, il aime ça. Enfin, je crois avoir compris ça.

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http://next.liberation.fr/musique/2013/11/14/murat-dans-loi-du-cyclone_946978

 

 

"CRITIQUE

Le chanteur folk-rock propose une annexe à son dernier album, «Toboggan». De l’art du court sur le long terme.

Assez Hamsun «vagabond» des volcans éteints, Murat poète païen profus, indian runner marathonien avec 62 ans et au moins trente-cinq albums depuis 1980 à son actif, est aussi homme de raid - d’EP, comme on appelle encore le moyen métrage CD.

On se rappelle à ce rayon certains meilleurs Murat : l’Au-delà (incluant le lustral Royal Cadet), Petite Fille (avec Tous les chanteurs sont malheureux dans notre bonne version), ou bien sûr le projet filmé 1993, Murat en plein air (Dordogne) - sans compter tant de N’attends rien, Un biplan de plus ou Au vent mauvais inédits par coffrets.

 

«Héron». La sortie du jour, Toboggan Spécial, sous illustration solarisant celle du dernier album gelé Toboggan (soulevé par le radieux Robinson au soleil noir), est de cette lignée. Soit cinq plages emmenées et hantées par Loï, qu’on veut voir d’abord comme un nom d’héroïne à la Lilith ou Philomène, ouvrant le ban - Loï étant finalement Murat en soi, surnommé ainsi enfant pastoureau. Loï en -14, titre exact de cette invocation d’ouverture («Loï en moins 14»), est une mélopée folk-rock. Le sujet, rond et doux-amer comme sa boucle arpégée, la mort du chanteur enfant, survenue «quatre ans après» le début de la fameuse boucherie d’Etat, confie-t-il dans le noir en concert (comprenne qui pourra), inspire au chanteur des inflexions vocales vaticinantes inédites, entre tête trouée et cœur étreint.

Du côté de «la queue du chien qui va mourir», dans les mêmes tonalités badines, le bestiaire reconvoque plus loin certain «héron» tutélaire familier (Mustango), deux fois. Très Manset de gloire au «cheval fatigué (/Qui traîne la patte, laissez passer)», ce chien courant mourant entre en scène dans le Michigan, troisième morceau du récital, de la veine épique, titre dylanien c’est-à-dire opaque en sens, martial et flamboyant dans l’arrangement. En complément de programme, dans ces mêmes tonalités de saga, l’Eau de la rivière, plage 5 et fin, brasse le remous d’eau de rock - guère limpide non plus mais tumultueux, en point d’orgue battant.

Passé le pont Mirabeau, cependant, en 2, pour rester dans les effets fluviaux, est une ballade vague d’abord, dans un entre-deux eaux où flotte volontiers l’inspiration maison, entre rumination plus ou moins sibylline, au sens antique, et oraison. L’occasion m’est venue, qui ne paye semblablement pas de mine a priori, s’enflamme bientôt en requiem trop serein, avec son thème élevé : celui d’un pilote de guerre - encore elle - que Murat se rappelle de «lorsque j’étais enfant», descendu en torche près d’un «lac», vers «Compiègne» : «L’occasion m’est venue / Et je suis mort hier»…

Rongée.«Là ou je vais je ne serai plus, là où je vais, vous non plus», a tranché il y a bien longtemps déjà un rêveur auvergnat parent en millénarisme du chanteur à la voix de bois… Un jour, Murat qui ne fredonne au fond que le trépas qui nous mord d’amour, aura vécu, et cette heure des comptes venue, les plus injustes conviendront de la vertu inexpugnable de son «œuvre au noir». Rien à peu près, ici, pour égaler ce chant grave, âpre et las, tendre et pierreux (comme on disait des «chanteuses du Néant» les Pierreuses), fervent et morose. Rien qui vaille cette figure indéchiffrable toujours même et déphasée ; qui tienne la comparaison de génération avec ce flux prodigieux à force d’airs par centaines, ce florilège de vitalité rongée.

Dans la lignée d’un Léo Ferré, si rébarbatif aussi à sa façon acerbe d’en dehors partagé de même entre férocité rimbaldienne et mignardise verlainienne, intime et force, légèreté et morbidesse, avec le temps, tant la vie demande à mourir et que tout s’en va, on finira par entendre que quelque chose d’un Jean-Loï Murat emmuré demeure.

BAYON

 

Jean-Louis Murat CD (5 titres) : Toboggan Spécial (Scarlett / Pias). En concert le vendredi 22 novembre à la Gaîté lyrique, 3 bis, rue Papin, 75003. Rens. : www.gaite-lyrique.net

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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Publié le 12 Novembre 2013

 

Encore une fois, très fier de vous communiquer un article de notre correspondant à Clermont, FRED PLAINELLE, qui nous révèle encore des infos exclusives sur le concert de CEBAZAT, et nous livre son ressenti. BONNE LECTURE!
Note pour plus tard: lui conseiller de voir un médecin s'il parle encore de Sébastien Tellier. Un dédoublement de personnalité passe encore, mais un triplement...

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John McEnroe privé de fromage

Après le point de vue d'Yseult, les vraies-fausses aventures de Frédéric « Tristan » Plainelle chez les Cébazaires. Et les sonos tonnèrent...

 

* Un mauvais plan Q

 

     Ce samedi-là, tout avait pourtant commencé de façon assez habituelle, par un coup de téléphone.

– Oui, allo ?

– Ouais Paulo, c'est Fred. Quitte pas, j'te passe Elena, il faut que tu règles un problème.

– Attends Fred, c'est qui cette Elena ? Tu devrais pas être à Sémaphore à cette heure-là ? Me dis pas que t'es rue Saint-Dominique ?

– J'suis en Q21, Paulo ! Q21, t'entends ? Autant dire dans les combles de Sémaphore. Il faut que t'arranges ça !

– Fred, je t'entends mal, il y a du bruit autour de toi... C'est quoi cette histoire de cul ?

– Q 21 !! C'est le numéro de ma place ! Comment veux-tu que je fasse mon job en étant à dix bornes de la scène ! Explique à Elena qu'il y a une erreur et que tu m'as réservé une place au premier rang. Il doit y avoir un autre Plainelle dans la salle, à tous les coups...

– Non, mais mon Fred... Tu sais, j'ai réservé la place qu'on m'a donnée, c'est pas moi qui l'ai choisie. Si t'es loin, c'est emmerdant, mais j'y peux rien.

– …

– Tu m'entends, Fred ? T'es toujours là ?

– Tu veux dire que t'as pas été foutu de m'avoir une place VIP ? Putain, t'es vraiment un crevard, Paulo ! Tu me débectes !

– T'es à Sémaphore, Fred, des places VIP ça n'...

– Ouais, te casse pas, j'ai compris. Soirée de merde...

 

     Dés le début, cette histoire de place m'avait mis de mauvais poil. Et puis de toute façon, je ne la sentais pas cette soirée. Comment écrire le CR d'un concert dont tout le monde sait déjà tout ? La setlist, on la connaît par cœur (il n'a pas joué « J'ai tué », ni « Caillou », ni « L'occasion m'est venue »). Le coup des lunettes, du tabouret, du vrai-faux rappel, la marque de la guitare et le descriptif des images de fond, dix commentateurs en ont parlé avant moi. Le métier de journaleux est mort, y a pas à dire... C'est donc pas l'envie qui me manquait d'aller me murger au bar de Sémaphore et de pomper sur les autres pour pondre mon papelard. Mais vous savez ce que c'est : avoir la conscience professionnelle solidement cousue à la veste multipoches, ça crée des obligations. Et puis faut dire qu'avec Murat, on n'est jamais à l'abri d'une surprise...

 

* Osez la BM

 

     En première partie, un Québécois nommé Moran vient égrainer quelques ballades honnêtes et bien foutues dans une version légère (deux guitares) inédite pour lui. Entre les morceaux, il parle beaucoup et tient tout le concert avec un running gag consistant à citer le nom d'une célèbre marque de bagnole allemande. L'explication est simple : d'habitude, à leur arrivée en France, lui et ses potes ont droit à une Peugeot de location. Cette fois, ils se sont retrouvés sans savoir comment au volant d'une BMW. Manifestement, il est assez lucide pour prévoir qu'il ne fera pas fortune dans la musique, du coup, conduire une telle bagnole pour quelques jours le met en joie. Mais il est aussi question de Dauphines durant son set, puisque le garçon se risque à une reprise d' « Osez Joséphine », un peu trop geignante. À Montpellier, on avait eu droit à une reprise de Dominique A. À quand du Manset en première partie de Murat, histoire de le mettre de bonne humeur ? Cela dit, Moran n'oublie pas de rendre hommage à celui qui va lui succéder sur scène. À sa manière. « Apparemment, le mec après moi, il parle pas beaucoup. J'essaye de compenser... » Marrant le Moran. Et effectivement, Murat ne va pas beaucoup parler ce soir. Un peu trop, quand même, au goût de certains... 

 

* Une soirée entre potes

 

     JLM arrive donc avec des lunettes sur le nez (c'est nouveau) et son fidèle batteur avec un gilet sur le dos (là, c'est le minimum requis). Les deux hommes imposent d'emblée un son très électrique et strident, qui a le mérite de donner une unité à des morceaux d'origines diverses. On a ainsi l'occasion de vérifier que « Fort Alamo » vieillit bien, que « Sans pitié » est un des sommets de Grand Lièvre, tout comme « Le champion espagnol », avec son gimmick immédiatement reconnaissable, et que Murat a eu raison d'écouter les fans nordistes qui lui réclamaient « Agnus Dei Babe » sur la première partie de tournée, puisque la chanson passe sans problème l'épreuve de la scène.

     Côté salle, il y a comme un parfum de Koloko dans l'air. Alain Bonnefont est dans les parages, Christophe Pie tapote sur ses genoux à deux mètres de Jérôme Caillon (Rogogine joua ici-même en première partie du patron, fin 99), Laure traine près de la console. Et les membres de The Delano Orchestra, avec qui Murat est censé jouer dans un mois pour Inter, sont également présents. On se prépare donc à une soirée entre potes. Enfin presque...

 

* « Mon destin est de batailles »

 

     Je vous ai dit que la guitare était stridente ? Un son qui n'a rien de très inhabituel pour Murat, mais ce soir, il y a quelques habitués... d'un autre genre de musique. Au bout de quelques minutes, ça râle. « Moins fort la guitare ! » JLM, fidèle à lui-même : « Faut changer de sonotone. » Quelques sifflets et remarques indignées. « Il le fait exprès. » « Qu'il est désagréable ! » Ça y est, la salle est divisée entre partisans amusés et opposants outrés. Et Murat, loin de rechercher l'apaisement, en rajoute une couche.  « Vous pouvez partir, je vous laisse cinq minutes. » Puis arrive l'erreur fatale : il critique le son de la salle, le comparant à celui d'une autoradio. Certains ne lui pardonneront pas.

     Mais dans l'immédiat, le concert se poursuit avec deux inédits, un « Mirabeau » douceâtre, suivi de « Loï en - 14 ». Puis un classique baignant dans son jus, « Si je devais manquer de toi », une vieillerie devenue en quelques années un titre fétiche de beaucoup de fans, « La louve », qui fait se trémousser les filles, un extraordinaire « Extraordinaire Voodoo », qui ne déçoit décidément jamais, et une version seizeheurisée (la rythmique rappelle  « 16H00 ») de « Ceux de Mycènes ». Puis Murat sort de scène, tandis que des dizaines de spectateurs, peu désireux de supporter son ton goguenard plus longtemps, quittent la salle. On s'interroge sur son retour, vu l'ambiance, mais il finit par remonter sur scène. Pour calmer le jeu ? Il faudrait mal connaître le bonhomme pour le croire. « Ça y est, on a fait le vide ? » Cette fois, le public adhère et applaudit : ceux qui sont restés sont des adeptes. L'un crie : « On est entre nous ! » Un autre : « On reprend tout depuis le début ! » N'exagérons pas... On aura droit à trois chansons d'un Murat plus apaisé : « L'eau de la rivière » dédiée à une spectatrice (Marie-Claire), « Amour n'est pas querelle » et « Michigan », que le chanteur annonce comme d'actualité. « Frère, je ne vois venir que le néant. » Un vers prophétique ?

 

* Tout un fromage

 

     Le concert terminé, le clivage entre pro et anti se prolonge dans le hall. Les premiers réservent compliments et gentillesses à la vedette, qui les rétribue en autographes, les seconds, un peu à l'écart, fulminent. Le plus rancunier est facile à repérer : il s'agit tout simplement du maire de Cébazat, Bernard Auby (socialo, cinquième et dernier mandat en cours). Colère, le maire. Murat n'a pas d'humour, il ne respecte pas le public, il est le premier artiste à se plaindre du son de la salle, alors qu'il n'a pas daigné faire les balances dans l'après-midi. Un dialogue de sourds s'engage entre l'élu et un sosie de Sébastien Tellier (sans les lunettes), déjà aperçu lors d'autres concerts de Murat. Verbatim approximatif :

 

Le maire : Vous ne vous rendez pas compte de ce que ça représente pour une ville la politique culturelle. Tout le monde ne le fait pas.

Tellier : Quand il dit que le son n'est pas bon, il ne porte pas un jugement sur la politique culturelle de Cébazat, ce n'est pas son sujet.

Le maire : Il n'a pas d'humour. Il aurait pu expliquer calmement ses choix musicaux au public qui l'aurait compris.

Tellier :C'est son style, on le connaît. Il y avait du second degré dans son propos, c'est vous qui manquez d'humour.

Le maire : Oh non, ici on pratique le troisième degré. Il n'a simplement pas été à la hauteur.

Tellier :Pas à votre goût, c'est différent.

 http://www.lamontagne.fr/photoSRC/bqViVeldaWelbKxCPNWs_pusXXdNGltxXD4uu1iw_sR0IkLcazbGupnwlQUaVQo_pWI48f0HY_sxYvETMFwM2diAkJo-_/bernard-auby_1180951.jpeg

     Verdict ? Auby (ci-dessus) va offrir à Murat, comme c'est la tradition pour chaque artiste, une boîte de Saint-Nectaire. Sauf que ce soir, le maire dédicace une boîte... vide. « Une boîte vide pour une prestation vide », selon l'élu, décidément remonté. De retour des loges, il enfonce le clou : Murat n'a pas d'humour, pas de courage, pas d'élégance. Putain, même moi dans mes papiers, je ne suis pas aussi méchant !

     Et sinon, quelqu'un se souvient des Rancheros :

 

                                                                « Moralité mes amis

                                                                   Emmerde pas Bernard Auby

                                                                   Et j'te passe tous les ennuis

                                                                   Qu'ont eu chez Bernard Auby

                                                                   Le fromage et Jean-Louis »

 

     Paulo vous mettra un lien pour avoir le son. Si vous êtes gentils...

 

* « Chanter est ma façon d'errer »

 

     Bon, à la base, c'est-à-dire avant de sombrer dans l'alcool, j'étais journaliste d'investigation. Enfin, c'est ce que raconte ma légende. Essayons donc d'y voir un peu plus clair dans tout ce merdier.

     À l'origine, le concert de Cébazat est le résultat d'une erreur du tourneur. JLM souhaitait finir cette série de concerts à la Coopé, en famille. Le tourneur s'est loupé et l'a programmé dans le cadre du bien-nommé « Sémaphore en chanson » – et non pas « Rock à Sémaphore », vous saisissez la nuance ? Pendant la séance de dédicaces, Murat explique ainsi qu'il n'a rien à faire dans un tel festival où le public s'attend à du Brassens, pas à du rock. Et la même mésaventure lui serait déjà arrivée dans la semaine (à Saint-Étienne). Il assume donc parfaitement : « Dans ces cas-là, il vaut mieux qu'ils s'en aillent. »

     A-t-il raison ? Oui et non. Non, car « Sémaphore en chanson » programme depuis longtemps des formes de chansons qui intègrent largement le rock. Pour ne citer que des noms d'artistes évoluant dans les mêmes eaux que Murat : Dominique A, Arman Mélies, JP Nataf ou Bertrand Belin y sont passés. Le public du festival n'est donc pas composé uniquement d'imbéciles allergiques à la guitare électrique. Et là, l'honnêteté oblige à reconnaître que ce n'est pas tant le son de guitare trop fort de Murat qui a fait fuir les spectateurs (certains, oui, mais minoritaires) que son humour cassant et son ironie acerbe – qu'on aime ou pas. Pourtant, il n'a pas complètement tort non plus : une partie du public de ce festival est composé d'abonnés à la saison, une autre partie d'abonnés au festival, autant de gens qui n'étaient pas venus spécifiquement pour lui. Et l'on trouve aussi une frange qui aime la chanson dans sa forme la plus traditionnelle et qui pourrait chanter comme Jean Yanne « J'aime pas le rock ». Une habituée des lieux, dotée d'une solide culture musicale et qui avait déjà vu Murat sur scène, disait avoir été d'emblée irritée par sa mauvaise humeur (supposée) et ne pas avoir été émue, tout en reconnaissant que le public sémaphorien est un public « spécial ».

     Cela dit, on imagine sans peine qu'entendre des spectateurs parler pendant qu'il jouait et se voir reprocher l'intensité de son son de guitare (qui a paru raisonnable à beaucoup d'auditeurs) ait pu contrarier Murat. Mais là encore, admettons-le : JLM est sans doute l'un des artistes dans la chanson française qui fait le moins d'efforts pour séduire le public, pour l'emmener avec lui : il ne compte que sur ses chansons, ce qui le différencie sans aucun doute de l'immense majorité des artistes présents dans ce festival. Or, entre absence de démagogie et absence de politesse, la frontière peut être ténue et certains peuvent ne pas la percevoir.

 

* « Voilà donc la disgrâce »

 

     Quoi qu'il en soit, le mal est fait. JLM ne remettra vraisemblablement jamais les pieds à Cébazat. Bernard Auby allait jusqu'à affirmer, à l'issue du concert, qu'il allait contacter des salles partenaires pour leur conseiller de ne pas l'inviter. Quand un notable de gauche se prend des envies de boycott, ça fait rêver... Mais le mal, je le disais, est fait et il est plus profond. Dimanche, lors du Tremplin qu'organise chaque année le festival, le directeur de la salle ironisait : « Le son est bon. On a tout changé pendant la nuit. » Applaudissements du public. Le lendemain soir, au cours d'un concert remarquable, Loïc Lantoine lançait : « Il paraît que Murat vous a fait chier. » Et ajoutait, moqueur : « J'aime pas vos fringues. » Rires dans la salle.  Dans dix ans, Auby continuera à affirmer à qui voudra l'entendre que Murat est un type dépourvu d'humour. Dans vingt ans, les nouveaux bénévoles du festival écouteront les plus anciens leur conter les grandes pages de son histoire. Et dans la catégorie « Mauvais client », on ne manquera pas de leur signaler que Murat est un gros con.

     Voilà. Le désert avance.

 

* L'hypothèse McEnroe

 

     Alors puisqu'il est trop tard pour inverser le cours de l'histoire, testons une hypothèse et ajoutons deux ou trois remarques élémentaires.

     L'hypothèse, d'abord. Il y a du McEnroe en Murat. Tout le monde a en mémoire les célèbres coups de gueule du tennisman américain dans les années 80. Relisons ce qu'écrivait Serge Daney dans Libération, en 1981 :

 

     « McEnroe est décidément un joueur passionnant. Il ne joue bien que s'il a le sentiment que tout le monde est contre lui. L'hostilité, c'est sa drogue. Il faut que les arbitres, les lignes, le filet, le juge de filet, le public le menacent et l'obligent à gagner tout en donnant le sentiment d'avoir le dos au mur. Mais attention, c'est une ruse. Il observe simplement une règle d'or selon laquelle il ne doit jamais avoir l'air content de lui, d'où toute une panoplie de gestes allant du cri de désespoir à la moue de l'enfant qui ravale ses sanglots en passant par le chagrin sans fond de celui qui se noie. Enfant gâté, caprice, mauvais caractère ? Oui, bien sûr. Mais je penche pour une autre hypothèse : tout ce cinéma, cette comédie de l'autodestruction, est une technique pour transformer cette hostilité dont il fait semblant d'être la victime en un très beau tennis, indifférent à tout, "sublime" (au sens de sublimé). »

 jean-louis-murat-TENNIS.jpg                                                                                      Murat au tennis en 2010


     On ne peut évidemment pas appliquer telles quelles ces lignes à Murat. Il n'empêche que JLM semble parfois avoir besoin de rechercher la confrontation, que ce soit avec ses confrères, son public ou les journalistes, au point de se faire détester. Réaction de défense d'un grand timide ? Effet d'un mauvais caractère (bourboulien) trop prononcé ? Volonté de perturber le système ? On peut imaginer beaucoup d'interprétations. Mais laissons là la psychologie de comptoir pour se poser une question simple : McEnroe est-il aujourd'hui plus célèbre pour ses colères ou pour son talent ? Variante : Murat restera-t-il dans l'histoire de la chanson comme un bon ACI ou comme un sale gosse ? Variante bis : n'y a -t-il que la polémique à retenir du concert de samedi denier ?

 

* Contre-champ

 

     OK, il a mauvais caractère. Mais Murat, samedi soir, a joué en rappel devant une salle qui le réclamait et ce rappel fut impeccable. Puis il s'est prêté avec le sourire à un bon quart d'heure d'échanges avec son public. Dans le genre « tête de con », on a connu pire.

     Alors oui, on a vu samedi un élu local susceptible et manifestement incapable de faire la part entre la personnalité d'un artiste et son travail. On a aussi vu autour de lui un personnel de Sémaphore à l'indignation un peu excessive pour une simple critique – sacrilège ! – de la qualité du son. On a encore vu quelques spectateurs râleurs qui n'avaient en fait aucune envie d'assister à ce genre de concert et auraient mieux fait de regarder deux ou trois vidéos sur youtube avant de s'asseoir dans leur fauteuil. On a vu, surtout, pas mal de gens sincèrement froissés par les sarcasmes du chanteur. Toutes ces personnes sont bien évidemment dans leur droit et elles s'en remettront. Mais n'oublions pas deux détails.

    Murat a trente ans de carrière, ce n'est pas un débutant dont on découvrirait avec surprise le sale caractère. Il est largement connu, pour ses qualités comme pour ses défauts. On peut difficilement le programmer dans une salle et aller ensuite jouer les vierges effarouchées à cause d'une mauvaise vanne. Dans l'histoire du rock, on a vu des comportements plus indignes et sans doute plus hypocrites.

     Enfin, n'oublions pas l'essentiel. Murat a donné samedi un bon concert, qui a séduit plusieurs centaines de spectateurs. Il avait à ses côtés un Stéphane Reynaud magistral, qui semble se bonifier au fil du temps, au point qu'on a parfois l'impression que c'est le guitariste-chanteur qui l'accompagne et non l'inverse. Ensemble, ils ont interprété, en plus des titres déjà commentés, une version de « Loï en - 14 » poignante avec ses images de monuments aux morts en gros plans, et une version parfaitement maîtrisée d'« Amour n'est pas querelle », qui aurait donné envie au plus endurci des misanthropes de tomber amoureux.

     Daney, toujours, en 80 : « Borg envoie la balle là où l'autre n'est plus. McEnroe, lui, aurait plutôt tendance à l'envoyer là où il ne sera jamais. » Heureusement pour Murat, il reste encore quelques personnes prêtes à faire l'effort d'aller chercher ses balles dans des angles impossibles. On lui souhaite simplement de ne pas finir en joueur de jokari.

Fred PLAINELLE pour Le Blog de Paulo.

 

 

Post-scriptum : Finissons sur une note plus légère. Quand Murat demande, ironique : « Vous connaissez 14-18 ? », Christophe Pie, perché à l'étage, marmonne : « Bah ouais, c'est l'heure de l'apéro. De 14h00 à 18h00. »

En complément

 L'article de Julien Dodon est déjà connu et on saluera sa capacité à émettre des critiques argumentées contre Murat, sans pour autant jeter son talent aux oubliettes. On en profite aussi pour adresser ici une pensée confraternelle et chaleureuse au personnel de La Montagne, puisque la direction du groupe Centre France vient d'annoncer la suppression prochaine de plus de trois cents emplois, dont une trentaine à La Montagne.

     On ajoutera au dossier l'article d'un certain Romain, paru dans le petit quotidien gratuit de « Sémaphore en chanson ». Un article qui se veut apaisant. Ouf...

Article-Romain-cebazat.jpg

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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Publié le 12 Novembre 2013

 

Merci à Yseult, correspondant spécial, qui m'a proposé de se substituer à mon correspondant local, dont je n'ai plus de nouvelle depuis la veille du concert. Je l'attends au tournant, celui-là... et au tournant, il y aura la porte!  S'il croit que j'ai les moyens d'entretenir un correspondant local! C'est la crise!

Paulo.  

 
la--montagne--10-11-2013.png                                                                                                                                     Même Dodon se fâche....




Compte rendu du Concert de JLM à Cébazat le 9 novembre 2013 (et un peu plus en fait …)

 

 

Pour notre part,  c’est tout un week-end qu’on avait du organiser …  C’était la seule date possible et ça nous garantissait un retour en Puy de Dôme, le 6èmedepuis la première fois qu’on y a mis les pieds en juin pour aller à la coopé. Plus de 500 km depuis la Catalogne … un sacré dénivelé à prendre avec notre véhicule de punks de luxe (faut bien dormir quelque part !) mais Jean-Louis et le Puy de Dôme réunis valent plus que ça encore ! On a donc pris la route vendredi soir et dormi à Champeix … pérégriné tout samedi et sommes arrivés bien en avance à Cébazat … Après un rapide tour en ville, on a fini par entrer dans le hall … même si les places étaient numérotées … (Lettre Q … 31 et 32 … pour nous, pas tout au fond mais loin d’être devant a priori !).

On est au balcon, on voit bien mais on est loin. Mon chéri râle un peu, c’est vrai : j’aime pas les concerts assis …  Mais moi, je suis tellement heureuse d’être là que … je relativise (on aura une vue d’ensemble, on verra bien l’écran derrière etc … ). En plus, pour une fois que je me cogne pas le géant vert juste devant (et que l’inclinaison des sièges est bonne).

 

Bref … première partie pas mal : Moran, qui fera une reprise de Bashung après avoir évoqué le souvenir de l’annonce de sa mort, le fait qu’il aurait bien fait sa première partie mais que celle de Murat c’est très bien aussi. Il fera une autre allusion à Murat lorsque échangeant avec le public il nous précise d’en profiter car (en chuchotant dans le micro) « Il paraît que celui qui suit ne parle pas beaucoup » …

 

Un peu avant 22 h 00, JLM entre sur scène avec Stéphane, on le sent tendu … On entre dans le vif du sujet avec Fort Alamo, assez vite ficelé et un « Vous êtes bien aimables » pour le moins sarcastique, lancé au public pendant les applaudissement. Puis se tournant vers Stéphane on perçoit le « Tu vois, j’te l’avais dis ... » qu’il lui adresse.

Ok, le ton est donné, concert aux forceps à l’horizon …

Mais bon il a raison l’ami Jean-Louis en bas on les sent peine à jouir les loustics, on avait bien noté la moyenne d’âge assez élevée et le coté bobo Clermontois … mais ce qu’on n’avait pas calculé c’est le coté « Festivalier » … En bas la salle est remplie de gens qui ont probablement acheté des Pass pour la soirée, voire la semaine et qui en fait n’ont pas spécialement choisit de voir JLM, ou qui s’en foutent visiblement … Les chansons s’enchainent assez vite, le rapport de force est mis en place … Et assez vite entre les chansons, en bas, on voit des gens quitter la salle.

On se rend assez vite compte que le vrai public de JLM est en réalité installé au balcon, d’ailleurs en Q-29 Christophe Pie a pris place au moment ou JLM entrait en scène (et on repèrera Alain Bonnefont dans le hall en sortant du concert).

Finalement, quand il lui est argué « Moins fort la guitare, on comprend pas les paroles » (nous, là haut tout va bien –un petit larsen de guitare, pas pire-  y’a t-il un problème de son en bas ou est ce de la provoc de la part des festivaliers car la première partie était jouée aussi fort !?) il se lâche total … « Ben, faut régler les sonotones … ». Bon c’est clair y’a un truc qui le gave en bas … Perso ça me fait beaucoup rire, hier j’ai raté Didier Wampas dans la Creuse mais j’ai un punk et JLM dans la même soirée, c’est top ! Plus tard il déplore «  Ils ont deux autoradios, alors on a du son d’autoradio … » « Vous êtes pas devant le rugby ? » … Bref il se la joue acariâtre et peu à peu, ça fait son effet, la salle se vide. Le public Clermontois est égal à lui-même, ingrat avec JLM … qui lui rend bien ! Lorsqu’un spectateur quitte la salle avant qu’il attaque une nouvelle chanson il lance à Stéphane « C’est pas à droite, les chiottes pour homme ? ». On nous met un peu de lumière en haut pendant une minute (pour lui montrer que nous, on est là … ou pour éviter des fractures de cols du fémur lors des départs ? Mais en haut, pas de défections !!! ).

On voit qu’il prend peu de plaisir quand même, mais il va jusqu’au bout, dommage pour Ceux de Mycènes, pas rallongée et moins pêchue que ce à quoi je m’attendais à la lecture des divers CR lus chez Pierrot. JLM et Stéphane se cassent après un au revoir lancé presque de dos …

 

Là je me dis, « Merde, pour le rappel c’est probablement mort » … (et encore j’ai pas eu l’occasion de lire le CR de Pierrot sur Saint-Etienne !!!). La salle du bas se vide quasi totalement en quelques minutes, et en haut, on tente un rappel … Une fois les festivaliers dehors, JLM revient, se rassoit et nous dit «  Eh ben voilà, on va pouvoir passer aux choses sérieuses ... maintenant qu’ils sont partis » .On lui répond, on applaudit, on lui propose de tout reprendre …  On aura droit à un rappel de qualité mais pas de surprise non plus. Il me semble qu’il a gardé le Voodoo pour le rappel quand même mais je n’en suis plus sûr, en tout cas, on finit sur Amour n’est pas querelle et Michigan. C’est sans commune mesure avec ce qu’on vient de vivre. Là il nous fait, et se fait plaisir, on a changé de ton, c’est indéniable.

 

Bon alors avant de conclure sur les dédicaces, moi j’ai apprécié Loï en 14 et me suis rendue compte en fin de morceau que j’étais hypnotisée par les images de prénoms qui défilaient et les jeux de lumières en forme d’explosions d’obus au dessus de Stéphane. (Au fait personne s’est interrogé sur le pourquoi de la réédition du disque le 11 novembre ? Perso j’y vois un rapport avec Loï !). J’ai apprécié aussi Mirabeau, pareil, j’ai plané dans les arbres … J’accroche moins sur Michigan pour l’instant, déjà entendue à la coopé pourtant, on verra sur le disque … J’aime beaucoup l’eau de la rivière, même si je préfère la version plus pêchue qu’on avait eu à la coopé, surtout grâce à la batterie de Stéphane qui nous avait asséné une rythmique hors du commun et les boum boum boum plus convaincants de Jean-Louis.  J’ai bien aimé reconnaître la route, même de nuit et enneigée, des images sur La Louve. Je peux pas dire que j’ai été déçue, mais j’ai moins eu l’occasion de le voir que la plupart des lecteurs de ce blog et que Pierrot, alors …

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Et donc, les dédicaces, bon, ça été vite plié quand même mais j’ai pu m’offrir 1451, et le faire signer … tout en échangeant 3 mots.  

Je l’ai remercié d’être revenu quand même et nous déplorons ensemble le public de festivaliers. Il nous explique que ça fait deux fois qu’il est programmé sur un festival  et que c’est classique. Alors il s’arrange à faire sortir les gens qui ne veulent pas de lui et ne souhaitent pas se laisser convaincre pour ne garder que son vrai public. « Ils sont dans un festival de chanson francophone alors ils s’attendent à avoir du Brassens » nous dira t-il. Visiblement, les gens discutaient déjà lors de la première chanson sous son nez ce qui explique la remarque faite à Stéphane et l’irritation immédiate. Je lui dis que je suis venue de loin, que j’étais aussi à la coopé et je le remercie encore.

J’ai eu un sourire, et ses beaux yeux de près il ne m’en faut guère plus pour partir quand même contente.

 

Nuit ventée sur le parking, le lendemain passage à Orcival surtout pour aller saluer les Roches qui vont bientôt se couvrir de neige. Et pour me combler complètement j’ai eu la traversée du Col de la Croix-Morand avec justement, la neige qui commençait à recouvrir les bas-côtés. L’hiver va s’installer en Puy de Dôme.

J’ai adoré y passer l’été et l’automne …



Bon, merci encore Yseult... mais, même si effectivement Murat n'aimait pas cette date, je regrette qu'il ne souhaite pas conquérir le spectateur lambda, le spectateur qu'il a en face de lui. C'est lui qui dit qu'il aimerait jouer dans des grandes salles... alors pourquoi se limiter à son public acquis?  Et puis, depuis Tristan, il a l'habitude de ce public d'abonnés de salles municipales!  Je me rappelle qu'il avait dit à un concert : "j'ai vu qu'il y avait un enfant et j'ai joué down tempo"... Là, il voit qu'il y a un public chansons (et l'orchestration de Toboggan alors?), et il met sa guitare à fond...

Ces explications ne me convainquent donc pas... 

Voyez le retour du journaliste blogueur MICHEL KEMPER sur la soirée d'UNIEUX, qui a bloqué sur la sono:

http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2013/11/10/murat-mure-en-son-art/#comment-10564
J'ai indiqué  dans les commentaires qu'on peut discuter de ces derniers concerts, mais que Murat ne fait pas pour autant n'importe quoi sur scène. Il livre une prestation, certes pas mainstream, mais qui lui ressemble et qui plait aux amateurs.  

 

SUR CEBAZAT, cela continue ici:     http://www.surjeanlouismurat.com/article-cebazat-par-fred-plainelle-un-article-de-fond-de-cour-121089839.html

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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Publié le 11 Novembre 2013

 

 

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Le Fb de Jean-Louis Murat annoncait ce jour la sortie numérique de la réédition de TOBOGGAN... mais le retard de l'édition physique... lié à des problèmes de production.... J'espère qu'il n'était pas produit en Chine.

 

Ce n'est que quelques heures après que je me suis dit qu'il était peut-être sur DEEZER... et effectivement,  c'est en écoute. Je me suis précipité sur les inédits...

 

C'est dans la droite ligne de la production acoustique de Toboggan. J'ai failli m'étrangler au début du totalement inédit "l'occasion m'est venue" (jamais joué en live à la différence des 4 autres)... au son techno que j'entendais... mais c'était la pub deezer... C'est avec des coups comme ça qu'on en arrive à s'abonner à cette plateforme... Le titre est du Murat pur jus, acoustique, avec des intonations arabisantes, et des jolis choeurs. Très joli refrain.  Il est encore question de guerre.... et de personne "mort hier".  Résonnance de LOI en -14.  

 

L'eau de la rivière est plus ornée: jolies cuivres, un peu de guitare électrique, quelques effets... on ne retrouve pas le rock débridé du live, mais il y a quand même le riff, et  de l'énergie. Encore des jolis choeurs... Vraiment une belle orchestration, riche. Great job.  Et pour le rock, il nous reste les pirates et les captations vidéos...En attendant, nos coeurs font boum, boum.

 

Loi en -14, débute en guitare sèche... ca sonne comme du 1829.  On est loin de ce qu'on a entendu en live, très loin. Le refrain est orchestré avec des choeurs, presque sirupeux... enfin, c'est le mot qui me vient devant cette version, quand le live nous donnait à entendre une sortie de tranchée à Verdun.  Mais ceci n'est pas une critique... Je n'ai pas aimé la chanson en live, mais la version studio est belle, surtout la voix de Murat, notamment sur la refrain. Joli passage entre les couplets et le refrain.  LOI, c'est LOUIS... comme on l'appelait, comme son aieul Jean-Louis B., mort en 1918 en Somme.

 

L'orchestration de Michigan est très réussie : début par une guitare acoustique, puis intervention de choeurs, puis d'une guitare électrique... Cela reste pourtant assez down tempo.Un peu dommage qu'on ne retrouve pas aussi la force avec laquelle elle est délivrée en live, mais là encore, c'est du bel ouvrage.

 

Bon, sans surprise, mon titre préféré est PASSE LE PONT MIRABEAU, même si la version studio ne nous surprend pas... si ce n'est l'absence de batterie, et quelques notes de violoncelle.  Pure. Epure.  J'adore les petites boucles à la guitare acoustique, et la voix de Murat est parfaite.  J'adore.

 

Bon, je ne sais pas vous, mais moi, j'acheterai la réédition de TOBOGGAN... dès que la France sera livrée...  Sinon, c'est téléchargeable dès aujourd'hui.

 

http://www.deezer.com/album/7094730

http://www.qobuz.com/album/toboggan-special-jean-louis-murat/5414939616778

https://itunes.apple.com/fr/album/toboggan-special/id736766395    12 euros pour 18 titres.

 

 

 

 

LE LIEN EN PLUS :

 

Murat va-t-il changer de nom et s'appeler MUROL?

http://auvergnenouvelles.tumblr.com/post/66082103636/les-groupes-de-musique-auvergnats-vont-tous-devoir

 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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Publié le 10 Novembre 2013

 






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- Quoi? Une salle de concert? A UNIEUX?  VOUS RIGOLEZ?  Elle est bien bonne celle-là!!"

 

Mince, me revoilà plongé comme il y'a 20 ans à chercher un concert du Voyage de NOZ dans le coin de Saint-E, que jamais nous n'avons trouvé, même après avoir demandé, appelé jusqu'à la Gendarmerie... 

 

Bon, ah, oui, le QUARTO? C'est le cinéma!  Là, enfin, c'est tout droit, après la station-service. Juste avant l'usine  Ambiance Florent Marchet. Ceci dit, les gens auxquels j'ai demandé ma route sont bien sympathiques.

 

 

Ca sent le vin rouge dans le hall, dans les rangs, on parle syndicats, 50 000 bénévoles, 350 participants. La salle apparait récente ou rénové, sièges confortables, un espèce de rouge chaud au mur et au sol.

 

Jocelyne a l'air d'avoir pris froid, et et j'aperçois Stéphane assis derrière la console dans les gradins l'air soucieux. Petit sentiment d'inquiétude.  Il s'en va quand ça commence à se remplir gentillement. Apparemment, on n'est pas nombreux à être venu de loin... et pour une fois, je ne connais personne. Lyon-Caluire n'est pas si loin, et Cebazat bientôt là.

Texto: "garde moi deux places"... Tiens, Isabelle sera là et en retard comme d'habitude.

 

    Allez, soyons sérieux: on est dans le cadre d'un festival sympathique : Les Oreilles en pointe, qui fait venir de belles têtes d'affiche depuis 23 ans dans l'ONDAINE. L'ondaine, ça ne fait pas rêver, on pense que c'est aussi chiant du Giraudoux (et je me demande si la guerre du DUO aura lieu ce soir... sur ceux de Mycènes), surtout de nuit (alors que de jour, les gorges de la Loire sont à un pas).  Cette année, outre Murat, les gens du cru verront Charlebois, Brigitte Fontaine, Daran... et Murat se retrouve donc au cinéma, alors que c'est au  Firmament de Firminy que les gros concerts ont lieu.

 

Première partie : Yvan Marc, un petit air  de Sylvain Vanot, résidant au Puy. Il me faut quelques titres pour entrer dedans, mais le Monsieur a une plume, et les compos sont sympathiques, et il est fort bien accompagné par deux musiciens, avec des séquences musicales porteuses jouant de la basse (on se rend compte du coup qu'elle manquera bien à la suite), de la  guitare gibson, et  du banjo. C'est de la chanson pop agréable, et le Monsieur soigne ses "entre-chansons"... où il manque peut-être un peu de spontanéité.  Le public apprécie et les musiciens ravis. Est-ce parce que le public a eu droit à ses séquences humoristiques que Murat ne se sentira pas obligé de badiner? C'est une excuse comme une autre...

 

 

Changement de scène. Assez long... Et un peu par surprise, alors que la musique d'ambiance n'a pas été arrêté, Jean-Louis et Stéphane arrivent sur scène.

Un "bonsoir Messieu' Dam'"... et c'est Fort alamo... dont j'aimerai dire qu'il fut fort alumé... mais non.  Et la set-liste habituelle et sans changement de cette partie de tournée.

Je suis surpris par le volume sonore. Ouh, ça arrache... et mes jambes vibrent. Je suis à la limite de chercher un bout de kleenex pour attenuer l'effet... mais me contente d'un doigt sur l'oreille gauche par moment.

Murat glisse entre deux phrases de la chanson un grognement  dans lequel  on comprend un ou deux mots grossiers, contre  la sono... Il laisse ensuite un petit pont musical pour que des réglages puissent s'effectuer... Sans doute des problèmes de retour, car dans la salle, on ne discerne pas le problème.  Mais j'en reviens au volume sonore... Je plains le spectateur lambda, des cinquantenaires... C'est âpre...

 

Et pas de chichi entre les morceaux, pas de blabla.. Sans pitié est enchainé avec JIM. Comme "si je devais manquer de toi" avec la Louve (certains spectateurs ayant commencé à applaudir avant la fin de "si je devais...", il dit "ne vous fatiguez pas".

"Il neige" est toujours marqué au fer rouge par une intro lourde et chaotique... que je trouve intéressante, mais ce n'est pas la meilleure composition, ni texte de Murat.

Le coureur espagnol est bien balancé, cris y compris... On a le coureur dopé... mais la séquence massage et récupération  n'est pas au programme. Ca aurait fait du bien.

 

J'avais fait une remarque sur sa voix un peu de tête à Annemasse sur ces premiers titres. Là, il chante de sa voix pleine.

 

Agnus del Babe m'ennuie encore... Je baille, mais Isabelle à côté danse sur sa chaise et me réveille... Ca tombe bien car il faut franchir le PONT MIRABEAU... et j'aime beaucoup cette chanson.

Dans cette petite salle,  bien positionné devant les écrans, les vidéos fonctionnement bien... et surtout sur ce titre, je ressens des impressions visuelles fortes... et je m'efforce de me concentrer et de me plonger dans l'image.  Cela m'évoque certaines impressions vécues grâce à quelques oeuvres d'art contemporains autour de la lumière.  Bon, c'est peut-être tout simplement très joli ce passage figuré, cette marche sous les feuilles et le ciel...

 

Petite réflexion sur les toux et les enrhumés... et c'est LOÏ... sans explication sur ce titre... qui permettrait au public de s'accrocher ...  devant cette explosion et ce chaos de guerre... même si la vidéo sur le monument aux morts explicite un peu le sujet... mais pas  la "proximité  intime" entre ce sujet et Jean-Louis B.  Ceci dit, bien que je la connaisse, je n'adhère toujours pas à cette chanson, surtout à la version brute délivrée à Unieux.

 

Si je devais manquer de toi... peu passionnante, suivie d'une Louve, toujours down tempo... Mes voisins font mine de vouloir partir... Je leur dis qu'il reste 2/3 chansons, et restent... La bonne dame me dit: "il a changé depuis ses débuts"...

 

Ginette Ramade est réussie... Jean-Louis est de toute évidence de mauvaise humeur ou malade, il enchaine, il enchaine, on distingue mal Stéphane caché derrière une symbale, mais peu de marque de complicité au cours du concert... Par rapport à Annemasse, c'est vraiment une toute autre ambiance...

 

Encore une autre remarque entre deux accords sur les enrhumés ("ce n'est pas un pays très sain")... et c'est Extraordinaire Voodoo. Toujours un bon moment (même si pas à la hauteur des versions livrées au printemps).

 

Alors l'ambiance est un peu pesante, mais Murat ne balance pas le concert... Peut-être un petit plus de "lacher-prise" dans l'interprétation... et j'avoue ne pas discerner toujours ce qui relève de la belle envolée et du "yaourt" dont il peut abuser... C'est surtout le cas sur ceux de Mycènes... Où mon plaisir est un peu brimé tout-au-long d'une longue, et longue intro, suivie d'une partie en impro, en yaourt donc... Car je me demande s'il va réellement se mettre à chanter le titre ou s'il va se contenter de ça (comme ça lui est arrivé de le faire) quand il en a marre d'un titre... Ah, oui, ça y'est : il retombe sur ses pieds... Ah, c'était enfin une belle variation par rapport aux concerts précédents... alors qu'ils semblent que sur cette tournée, les concerts se ressemblent beaucoup... mais cette appréhension qu'il allait nous planter au cours du chemin, m'a empêché d'embarquer pour le voyage... Dommage, car c'était encore une fois le grand moment du concert.  Sur la fin, Murat boit un coup, et laisse la place à un gros solo de Stéphane... qui précède la présentation de celui-ci par Murat, avant que le morceau ne reprenne, pour un "au revoir, merci"... et des très courts saluts.  Mes voisins se lèvent illico...

 

Et... au bout de quelques secondes, on voit la Régisseuse faire signe  des loges... qu'il faut rallumer la salle... Oh, quelle mauvaise surprise..  Pas de rappel et  trois titres en moins... Ah, bein, ça alors, j'accuse le coup.  Ca grogne un peu dans la salle... mais un tout petit peu...ça applaudit... quelques secondes...

 

 

Je remonte dans les gradins...et constate que Marie Audigier était dans la salle. Je l'interpelle, sur un ton amusé : "et alors, c'est parce que vous êtes dans la salle qu'il raccourcit le concert?"...  "c'est comme ça, je ne sais pas ce qu'il avait"... Je me présente et elle me dit : après avoir demandé mes avis sur les concerts que j'ai vues, "ah, mais venez, je vais vous présenter jean-Louis..." "Euh... non... je...".... Déjà qu'un jour normal... mais alors ce soir...  "Allez, venez"... On monte sur la scène... et la Régisseuse nous intercepte... De toute évidence, il y a un cordon sanitaire et de sécurité... Marie me dit qu'il faut mieux qu'elle aille voir seule... et revient me dire qu'il ne vaut mieux pas ce soir... "vous savez, même avec moi".     J'ai un sentiment de soulagement qui m'envahit... Marie disparait... et on ne reverra personne: Murat a annulé sa séance de dédicaces. On n'échange que quelques mots avec Jocelyne, qui range son stand rapidement car il est déserté. J'achète le DVD du film de Laetitita Masson, pour les 5 minutes de musique de Murat et faire marcher le petit commerce.

On nous confirme que Murat et les DELANO ORCHESTRA feront scène commune pour FRANCE INTER début décembre à la coopé...et je me dis qu'un concert avec un combo complet (violoncelle, cuivre) mérite le déplacement... d'autant plus quand on a réclamé comme moi un peu de variétés dans les orchestrations...   

 

 

 Avant de partir, on m'alerte sur les radars pour rejoindre ma contrée (1h40 de route quand même), et 15 minutes, après, j'ai droit à ma photo sur une portion  à 70 kilomètres/ heure... alors que distrait, je commençais à penser à mon compte-rendu. Dommage que les radars ne soient pas aussi indulgents avec les conducteurs que les amateurs de Murat avec celui-ci...  Mince, nous aussi, on a droit à un écart d'un soir!!

 

 

 

 

 

 

  PS: J'oubliais de signaler que vous trouvez le meilleur conseiller culturel dvd et jeux vidéos à L'ouest de La LOIRE, au LECLERC de FIRMINY.    

 

 

  Compte-rendu élogieux du concert de Strasbourg par Pierre SCHOTT:

  http://www.surjeanlouismurat.com/article-le-concert-de-murat-a-strasbourg-par-pierre-schott-120835995.html

 

Mes autres comptes-rendus:

http://www.surjeanlouismurat.com/article-concert-de-murat-a-annemasse-120591909.html

http://www.surjeanlouismurat.com/article-jean-louis-murat-ir-radiant-caluire-le-8-octobre-2013-120495359.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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Publié le 1 Novembre 2013

 
 
Ca ne sera pas pour fêter les 5 ans du blog "surjeanlouismurat" (né le 3/12/2009), mais un événement pour fêter les 50 ans de FRANCE INTER!
 
Matthieu m'en a informé car ce n'était pas encore sur mes tablettes. On trouve l'info sur le site de la COOPERATIVE DE MAI:
 
En public et en direct de la Coopérative de Mai !
Pour fêter les 50 ans de France Inter, Philippe Collin et Xavier Mauduit allument la scène de la Coopérative de Mai avec des invités « surprise », et Jean-Louis Murat pour un concert inédit !
Une journée exceptionnelle à vivre sur France Inter (à Clermont-Ferrand sur 90.4) et sur franceinter.fr
murat à la coopé
Les Delano Orchestra ont vendu la mêche sur FB: ils seront de la partie...
Gratuit
Entrée libre & gratuite, dans la limite des places disponibles.
ET CELA A PARTIR DE 9 HEURES!! 


Voila de quoi ravir les amoureux de Murat dont Philippe Collin fait partie, et les amoureuses de celui-ci, mais pas d'autres infos pour le moment. Les DELANO ORCHESTRA indiquent qu'ils "accompagneront JEAN-LOUIS MURAT pour un concert exceptionnel", vont-ils jouer ensemble?  Le concert aura bien lieu le matin car le soir, un concert (festival RAP)  est programmé.  
 
Sur le site d'inter, pas d'infos sur le moment, même sur le blog "france inter a 50 ans"
Après le concert de  CEBAZAT de cette semaine, les auvergnats seront donc gâtés!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Actu-promo sept 2012 à...

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