Publié le 24 Mars 2017
M est parti il y a quelques mois en nous laissant un petit cadeau... Enfin: un grand comme d'habitude! Je l'ai gardé pour moi tout ce temps, comme si, après, il faudrait définitivement tourner la page de cette "collaboration". J'avais aussi, c'est vrai, quelques regrets dans l'utilisation des "trouvailles" que j'avais effectuées (en allant jusqu'à me frotter à Marc Zermati, JW Thoury et à Patrick Eudeline). Pour une fois, nous avions travaillé ensemble le sujet (cela date de 2015). M injoignable, j'étais face à un dilemme: lui préserver son indépendance, ou me frustrer comme jamais... J'ai ainsi choisi de faire quelques ajouts via des Notes De La Rédaction, sans toucher à la prose de M et à ses choix (comme préserver l'anonymat de certains témoins ou personnages). J'espère qu'il ne m'en voudra pas (et s'il m'en veut, j'espère que ça sera l'occasion d'avoir des nouvelles!). Ceci dit... Je vous invite à remonter dans le temps, en 1978, (et non 77 comme on le pensait depuis le dossier Chorus de 2002),
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Quelques images en Super 8 de La Bourboule, durant cet été 1978. Une rareté.
Les chics types de Clara (casting I)
Clara n'était certes pas la tête d'affiche ce samedi-là, mais puisque nous avons commencé à parler du groupe et que nous nous nous trouvons sur un blog dédié à Murat, autant revenir brièvement sur sa composition. Bergheaud (ci-dessus, à la fin des 70's), en cette soirée d'été, partage donc la scène avec trois musiciens recrutés par petite annonce. Tous trois sont nettement plus jeunes que lui et ont pour point commun d'être passés par le lycée Ambroise Brugière de Montferrand, où règne en ces années 70 une atmosphère politique, sociale et musicale, propice à l'éclosion d'une génération de musiciens qui fera les beaux jours du rock local pendant les décennies suivantes. Ces trois jeunes gens sont donc :
~ Alain Bonnefont (guitare et chant). Originaire de Gerzat, il compte déjà une petite expérience sur la scène clermontoise et a décidé de se consacrer à la musique, après avoir brièvement envisagé une carrière dans l'enseignement. De 1977 jusqu'à aujourd'hui, il est resté l'un des plus proches complices de Murat, jouant à ses côtés les rôles de bassiste, de clavier, de guitariste, de choriste ou de backliner. Il mit également plusieurs fois son talent de compositeur à son service, tandis que Murat réalisa une belle adaptation d'une de ses chansons. Car en plus d'être musicien et d'avoir pris part à différents groupes, Bonnefont a toujours écrit et composé, en essayant de marier ses influences angloaméricaines avec la langue française. Au cours des décennies 90-00-10, il a ainsi publié quatre albums et il continue aujourd'hui, pour le bonheur de ceux qui apprécient sa belle sensibilité, à faire résonner ici ou là "le doux bourdon de [ses] chansons". (NDLR: Plusieurs fois cités par Murat comme exemple de victime de la crise du secteur musical, il a finalement repris sa guitare pour des concerts sur la région clermontoise avec Messieurs PIE et MIKAELIAN).
"Le ciel s'est éclairci", petit bijou pour enchâsser le cœur des amoureux inquiets... De son vieux complice, toujours à ses côtés sur scène en 2016, Murat a dit : "Il était certainement le plus doué. […] Alain est quatre fois plus rapide que moi pour composer une chanson."
~ François Saillard (basse). Âgé d'environ 17 ans, il s'est mis à écouter sérieusement du rock cinq ans auparavant, au point de devenir, selon ses propres termes, "un des premiers punks clermontois". Il s'installe à La Bourboule pour s'impliquer humainement et musicalement dans Clara, mais n'y reste pas aussi longtemps que ses camarades. Il poursuivra la musique au sein de formations locales dans les années 80 et dirigera un studio – où se tiendront notamment les répétitions du deuxième 33 tours de Murat –, avant de voyager dans le cadre d'activités humanitaires. Si, en 2003, Murat s'amusait du niveau de son jeune bassiste trente-cinq ans plus tôt ("le p'tit François qui en mettait pas une dans le panier") – ce qui lui vaudra une réplique taquine de l’intéressé chez notre camarade Didier ("Comment ça : 'pas une dans le panier' ? Je débutais, mais j’inventais une nouvelle manière de jouer de la basse : pas dans le temps, mais pas à contre-temps non plus") –, il semble que Saillard ait accompli depuis de notables progrès, du moins si l'on en croit la description faite dans ce texte de présentation du groupe Sly de Bruix : "Un somnambule, avec un son rond comme une boule de démolition. […] Peut poser une basse reggae sur une chanson des Ramones."
~ Jean Esnault (batterie). Décrit par Christophe Adam, dans l'ouvrage de Patrick Foulhoux, comme une "égérie politique" au temps du lycée de Montferrand, EDIT 2024: Marie Audigier sa petite copine de l'époque confirme: ils militaient à Rouge. C'est grâce à lui qu'elle rencontre JL. Le jeune homme qui considère Murat comme un Mentor semble avoir arrêté assez vite la musique. Il est en revanche resté fidèle à La Bourboule, puisqu'on le retrouvera dès 1983 à la direction du cinéma Le Roxy, situé avenue d'Angleterre. Il tente depuis vaillamment de faire vivre – avec les difficultés inhérentes à cette activité – cette salle d'Art et Essai mono-écran, qui fait également office de bar au sous-sol et accueille de temps à autre des soirées musicales.
Nouvelle Vague (histoire)
Après avoir publié le 24 août un bref communiqué pour annoncer le "FESTIVAL DE 'NEW WAVE ROCK' À LA BOURBOULE", La Montagne en livre le lendemain une nouvelle version, augmentée de renseignements complémentaires sur l'ambition des organisateurs "Les partenaires" (cf. ci-dessus). Pour bien comprendre l'enjeu de cette manifestation, il n'est peut-être pas superflu d'apporter quelques précisions sur le contexte d'alors, tant national que local.
Au niveau national
En ces années 60-70 où l'adjectif "nouveau" est appliqué à de très nombreux domaines, l'expression New Wave comporte incontestablement une dimension marketing. Cela peut expliquer (entre autres) que la notion soit vue par certains comme une trahison commerciale du punk originel – une version édulcorée de celui-ci. Pourtant, dans les années 76-77 où elle commence à être utilisée, l'étiquette désigne souvent dans la presse les groupes punks eux-même. Reportons-nous à ce qu'écrivent Assayas, Caron & Caron dans Le Nouveau Dictionnaire du Rock : "Face à la destruction des idoles entraînée par la révolution punk en 77, la presse musicale londonienne baptise 'new wave' tout ce qui s'inscrit en rupture avec le heavy metal, la musique progressive, le folk, le country-rock et le rock FM, censément lénifiants, qui faisaient jusqu'alors l'ordinaire des années 70." Quel que soit le rapport exact qu'on établisse entre punk et new wave, il paraît donc incontestable que ce dernier mouvement ait à voir avec la rupture sauvage opérée par le premier dans le cours de cette décennie 70.
Pour mieux discerner cette (r)évolution au niveau français, on peut lire avec intérêt l'analyse formulée par Pierre Mikaïloff dans l'ouvrage de son collègue Jean-Éric Perrin, Frenchy but chic : "Le punk et la new wave ont eu un effet salutaire sur la scène française, dominée jusque-là par les courants folk et progressif, représentés par Malicorne, Ange, Magma, Atoll, Pulsar, Gong, Édition Spéciale et autres Wapassou. […] L'événement qui marque la rupture entre ce passé baba et la direction que pourrait prendre la scène frenchy est La Nuit Punk de L'Olympia […] Le rock français n'a plus seulement un passé émaillé d'occasions perdues, il possède aussi un futur." Mikaïloff parle ici de "Nuit Punk" pour désigner ce qu'Alain Pons, dans son compte rendu de l'époque, appelait une… "Nuit New Wave" ! Pons, qui soulignait alors "l'importance de l'événement" survenu du 10 au 11 juillet 1978, "dans un Olympia surchauffé" [Feeling n°7]. Ce jour-là en effet, huit groupes français enflammèrent la salle durant une bonne partie de la nuit – dont deux que l'on retrouverait un mois et demi plus tard à La Bourboule. Mais entre-temps se sera tenu, à Lyon cette fois, un autre événement de taille : le 29 juillet 1978, sur la colline de Fourvière, treize groupes se succédèrent jusqu'à l'aube devant près de 6000 spectateurs, pour un "Festival New Wave" qui accueillit notamment Téléphone, Bijou, Marie et les Garçons, Little Bob... Le festival de La Bourboule a donc lieu dans une période où d'autres manifestations comparables sont organisées un peu partout en France pour accompagner cette nouvelle vague punk. On peut d'ailleurs noter que la formule mélangeant formations régionales et nationales sera de nouveau de mise quelques jours après, au festival de Lesdins (02) le 2 septembre, puis à celui d'Arvuker (44), les 16 et 17 septembre. (NDLR: Nous avons parlé de ces événements avec Michel Zacha...à qui fut confié la réalisation du premier EP de Murat)
Il serait pourtant inexact de faire comme si tout avait commencé en 1978, puisque le premier "European Punk Rock festival" avait pris place, deux ans plus tôt, à Mont-de-Marsan. Pour saisir ce qu'il représenta alors, citons ce témoignage rétrospectif d'un spectateur, qui était encore adolescent en ce 21 août 1976 : "j'ai pris la claque de ma vie. Puis, on sortait d'une génération de groupes super-produits américains. Là, on retrouvait l'authenticité du rock n roll. Les mecs arrivaient, ils balançaient leurs morceaux. Ça plaît, ça plaît pas : ils n'en avaient rien à foutre. C'était sans concession." L'année suivante, ce sont environ 5000 spectateurs qui débouleraient dans les arènes de la ville pour voir The Clash, The Damned, Dr Feelgood, Little Bob Story, Bijou, etc. Dans sa biographie de ce dernier groupe, l'écrivain Jean-François Jacq (NDLR: croisé au koloko 2016) explique que "ces deux actes estivaux de Mont-de-Marsan vont avoir un impact non négligeable sur la confiance que l'on peut désormais accorder aux diverses formations françaises." Et d'ajouter que lors des étés 78 et 79, "aucun festival digne de ce nom ne [peut] désormais se concevoir sans la présence de groupes français." À travers cet effet Mont-de-Marsan, il faut aussi insister sur l'influence considérable du principal instigateur du festival, Marc Zermati, par ailleurs fondateur du label Skydog et propriétaire de l'Open Market. Ainsi retrouve-t-on à La Bourboule, en 1978, pas moins de quatre groupes ayant frayé d'une manière ou d'une autre avec Skydog. Le festival auvergnat s'inscrit donc dans un contexte musical et éditorial assez cohérent.
[NDLR: pour la petite histoire, Zermati fait partie dans les années 60 de "la bande du drugstore"... au côté de J.B. Hebey, et de Manset/ Pour info, Alain Gardinier contacté pour l'article a écrit un livre sur le festival de Mont De-Marsan]
Au niveau local
L'article de La Montagne situe le rassemblement de La Bourboule dans la lignée d'une manifestation antérieure, "l'événement qu'avait constitué les trois jours de concert d'Orcines." Si le modèle de Woodstock est dans la suite du papier plutôt écarté, la référence rappelée ici est pourtant bien ce que le même journal, quatre ans plus tôt, avait nommé "un nouveau Woodstock aux portes de Clermont-Ferrand." Trois jours durant, les 13, 14 et 15 septembre 1974, la commune nichée au pied du Puy-de-Dôme avait en effet accueilli plusieurs milliers de spectateurs dans une ambiance hippie et politique, où s'étaient produits entre autres Kevin Coyne, Hatfield and the North, Crium Delirium, Lard Free, mais aussi Colette Magny ou encore une certaine Nico... Léon Mercadet, qui avait fait le déplacement pour Actuel, témoignait :
"J'ai vu : un chapiteau vert, de cirque, et deux mille freaks contents dessous – des vapeurs de merguez et d'encens dériver sur la prairie – des enfants au pourpoint rouge fardés de blanc et de rose – Nico – les fidèles du Maharadji s'occuper de l'intendance : assiettes de riz à la tomate à deux balles – un mec tripper toute la nuit en arpentant le cirque, rugissant comme une bête, hurlant que le gourou c'est lui, et qu'il entend manger tous les autres gourous. Branchement total sur le soft, le cool, le flash, les gestes lents et sûrs.
Jusqu'à deux ou quatre heures du matin, la musique. Et la musique aussi passe à côté de la déprime, du crachement chronique dans les amplis. Rare."
Manifestement moins habitués à ce genre d'ambiance, le localier de La Montagne et son photographe se montraient néanmoins ouverts et curieux (même si leur compte rendu mentionne la présence d'artistes... qui ne sont en fait jamais venus) et saisissaient l'opportunité d'enrichir leur vocabulaire :
"Les touristes du dimanche sont venus voir, les chasseurs en mal de gibier aussi. Ils ont essayé de comprendre. Y sont-ils parvenus ? Certainement mieux que ceux qui, dans les environs, ont fermé les portes de leurs commerces aux hippies…
Pour notre part, sur le chemin du retour, nous avons pris deux auto-stoppeuses au regard vague. Elles semblaient heureuses de leur séjour en Auvergne et repartaient pour Paris encore sous l'effet du 'shit' – excusez l'orthographe, mais nous découvrons le terme – à savoir une mystérieuse tablette euphorisante."
Les organisateurs du festival bourboulien semblent donc vouloir recréer, l'espace d'une soirée, un peu de l'atmosphère qui régnait à Orcines au cours de ce week-end de la fin d'été 1974. Mais le challenge n'a rien de simple, pour plusieurs raisons : une soirée dans une petite ville thermale située loin de tout, avec des groupes exclusivement français, n'a pas autant d'attraits sur le papier qu'un week-end de trois jours dans la banlieue d'une métropole, avec une affiche internationale ; en 1978, le milieu rock régional n'est pas encore aussi structuré qu'il le sera quelques années après (grâce à la passion et à l'engagement d'une poignée d'activistes) ; les groupes locaux ayant acquis une petite notoriété ne sont pas légions à l'époque (on peut citer SOS ou Bateau Ivre parmi les anciens, High School ou les Sales Gosses pour les plus récents) ; enfin, il n'est pas certain qu'un festival "pop" et "hippie" de 1974 soit le modèle le plus adéquat pour organiser une manifestation étiquetée "New Wave" en 1978 : en quatre ans, des modifications sont intervenues, que ce soit dans la façon de jouer de la musique ou dans celle de la recevoir lors d'un concert. Comme on va pouvoir le constater plus loin, l'encens et le riz à la tomates ne sont pas forcément les ingrédients les plus demandés lors d'un festival de rock en 1978, de même que le "soft" et le "cool" ne sont plus nécessairement les sensations recherchées en priorité...
Au Mont Sans-Souci... (casting II)
Voici à présent un rapide passage en revue des artistes ayant participé au festival...
~ Mirage IV : La Montagne annonçait la venue de Cosa Nostra, mais le groupe n'a pas joué à La Bourboule. Erreur du journal ? Annulation de dernière minute ? Cette deuxième hypothèse est la plus probable, car la formation de remplacement semble s'être montée en très peu de temps. Profitons toutefois de ce changement dans la programmation pour saluer ici la mémoire de Marc Dutheil, Jean-François Alos (successeur de Saillard au poste de bassiste de Clara) et Patrick Véziand, tous prématurément disparus entre 2005 et 2014, qui étaient de proches compagnons d'Olivier Chabrillat, le leader de Cosa Nostra.
Pour ce qui est du groupe qui se présenta sur scène en début de soirée ce 26 août, comment mieux réussir à l'évoquer qu'en laissant la parole à son chanteur, Pierre-Jean Fontfrède, qui revenait en mars 2015 sur cette prestation : "Vu que ce soir je suis reparti dans les vieilles photos, voici celle du groupe qu'on avait formé un vendredi soir de juillet 1978 pour passer en première partie à un festival rock à l'hippodrome de La Bourboule avant Clara (le groupe des débuts de Jean-Louis Murat), Asphalt Jungle et Bijou. On s'était appelé Mirage IV et on a existé un jour avec des reprises de 'Johnny B Goode', 'Dead flowers', 'Cocaine' et un morceau que j'avais composé et enregistré pour sortir un 45 tours en 80 : 'Nous sommes'. A la basse Philippe Danais (où es-tu, Philou ?), à la guitare solo Jean-Noël Meyer et à la batterie X des Sales Gosses [NdA : vraisemblablement Jean-Marc Gérard]. Contrairement à Murat, je n'ai pas fait carrière par manque d'ambition et de persévérance..."
Si Fontfrède n'a pas fait carrière dans la musique, malgré son 45 tours sorti en 1980 – sur lequel on retrouve donc "Nous sommes", enregistré à Londres –, il a en revanche accompli un beau parcours de photographe et réalise à l'occasion de petits films. Aujourd'hui encore, il n'est pas rare de le croiser dans les salles clermontoises avec son appareil, généralement surplombé d'un sourire pudique d'éternel adolescent. Il osa même effectuer en 2015 son retour à la chanson, dans un bar, avec à son répertoire... "Dead flowers". Puisque, comme chacun le sait, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures...
"Dead Flowers", dans une version live de 1972, par les Mirage IV britanniques...
~ Minuit : S'il n'était qu'un simple spectateur au festival d'Orcines en 1974, Dominique David se trouve sur la scène quatre ans plus tard à La Bourboule. Minuit a grosso modo existé de 1976 au tout début des années 80, avec entre autres, en plus de Dominique David au chant et à la guitare, sa compagne, Marie, à la batterie. Le groupe chantait en français une musique influencée par le Velvet, les Stooges et Dr Feelgood. Notons qu'il a de nouveau partagé une scène avec Clara, quelques mois plus tard, le 21 avril 1979, lors du festival Rock d'ici à Riom. Mais c'est une première partie de Little Bob dans le Cantal qui semble être son titre de gloire. Dans les années 80, le couple David ouvrira un magasin de musique à Clermont, Melody Maker, qui restera en activité jusqu'au milieu des années 2010. En tant que luthier, Dominique David se fera notamment remarquer par la conception et la fabrication d'une guitare originale, la Style D.
~ The Partners : Il s'agit d'un petit groupe fondé par Olivier Huret (NDLR: managé par l'associé de Marc Zermati: Pierre Thiollay, créateur par ailleurs du premier "gratuit" distribué dans les salles de concert: Gig). Celui-ci le quittera quelques semaines plus tard, pour aller retrouver une formation plus réputée, dont il est le bassiste et avec qui il a déjà enregistré en cette année 1978 un 45 tours, Extraballe – groupe punk-rock constitué au printemps précédent, autour de Jean-Robert Jovenet. À défaut de disposer de traces précises de The Partners, groupe également proche de l'écurie Skydog (via son manager Jacques Dauty), on peut du moins avoir une idée de ce à quoi ressemblait Olivier Huret en 1978 en relisant la description faite par Jean-Éric Perrin dans le Rock & Folk, du mois de décembre : "lui est essentiellement british sixties, je crois qu'ils l'ont découpé dans une vieille pochette d'un single des Kinks, il porte des vestes cintrées avec des revers vertigineux, une lourde frange sur les yeux et ne tient pas en place, il chante et joue de la basse, une Höffner violon, vous aviez deviné, il joue d'ailleurs très anglais, un peu comme McCartney, c'est-à-dire qu'il fait plein de notes qu'il poursuit de haut en bas du manche, je n'ai pas entendu un bassiste pareil depuis Bob Brault du Martin Circus originel". Quelques mois plus tard, Perrin affinera le portrait de Huret : "Depuis toujours, Olivier est mod : frange british, des Shelly's aux pieds, il aime autant les Kinks que les Jam." Dans les années suivantes, Huret montera le groupe Dolce Vita, puis le duo Lena Moor, avant d'entrer aux éditions EMI dont il occupera la direction pendant plus de dix ans. Il y recroisera d'ailleurs JLM, sans qu'aucun des deux ne se souvienne de leur passage commun sur la scène bourboulienne en 1978... ce qui aurait pourtant pu leur éviter une légère brouille. Il semble se consacrer aujourd'hui à l'édition et à la production de musique afroantillaise au sein de Couleurs Music Publishing.
(NDLR: Pour la brouille, on veut parler du disque "Murat 82-84"... L'anecdote ci-dessus, je vous l'avais promise dans la dernière interview de Stéphane du VOYAGE DE NOZ. En effet, nous y évoquions déjà Olivier Huret (et Extra-balle) car celui-ci a signé en édition le groupe à leur début (même si c'est d'autres noms vaguement plus fameux qui reviennent en mémoire à Olivier quand il parle de sa carrière: Responsable de signatures telles qu'entre autres Youssou N'Dour, Sade, Prince, Bronski Beat, Michel Polnareff avec qui j'ai collaboré étroitement pendant de nombreuses années en tant qu'éditeur et ensuite en tant que conseil, Christophe, NTM, Lambada, Pascal Obispo, Kassav', et ... Zouk Machine").
Faute de traces de The Partners, un titre d'Extraballe, avec Olivier Huret à la basse et aux chœurs.
~ Les Lou's : Formé en 1977, managé par Zermati, le groupe est composé de Pamela Popo au chant et à la guitare, de Raphaëlle à la guitare, de Tolim Toto à la basse et de Sasha à la batterie. Il s'agit donc d'un groupe de filles. Pardon, de nénettes. "Ce qu'on veut faire, c'est de la musique qui branche les gens, qui les fasse sauter en l'air. On est juste des nénettes bébêtes. Des nénettes bé-bêtes ! Ouais... et on tient à le rester. C'est tellement chiant d'être intelligent." Bébêtes peut-être, mais loin d'être ridicules, si l'on en juge par un parcours qui les a déjà menées en Angleterre, où elles ont effectué la première partie des Clash. Souvenirs ? "En Angleterre, le public est fantastique. Le plus marrant, c'est quand il te crache dessus. C'est une manifestation d'amour... Celui qui a le mieux joué, c'est celui qui est le plus couvert de crachats. Là-bas, les mecs sont impossibles. Si tu veux leur répondre et que tu leur glaviottes dessus, ils ouvrent la bouche ! C'est dégueulasse ! Les concerts n'ont rien à voir avec ceux d'ici. Avec le public français, t'as l'impression de jouer en face d'un frigo. Là-bas, les mecs remuent, ils dansent de haut en bas, ça bouge et ça bouge en masse..." [Rock & Folk, janvier 1978]. De ce côté-ci de la Manche, elles se sont tout de même produites à Mont-de-Marsan, pour un concert que le reporter du Monde qualifia alors de "costaud, carré, sans aucune prétention, mais d'une authenticité incontestable". Notamment influencé par le Velvet, le combo est en train de revenir au bercail Skydog après un bref détour par CBS. La chanteuse et la bassiste créeront par la suite un groupe de rhythm and blues, Les Rois fainéants, qui sortira un album en 1983.
Les Lou's sur la scène de l'Olympia, le 10 juillet 1978. Le disque live est réalisé par Michel Zacha, que l'on retrouvera comme choriste sur l'album des Rois fainéants.
~ Asphalt Jungle : C'est le groupe de Patrick Eudeline, ancien journaliste de Best, où il était le "décadent punkoïde" de service. Créé début 1976, Asphalt a sorti un premier 45 tours un an plus tard, puis un deuxième la même année chez Skydog, avant de signer chez Pathé un juteux contrat. Il enregistre alors en mai-juin 1978, dans les studios de Boulogne-Billancourt, un dernier 45 tours réalisé par Michel Zacha. Sa face A, "Poly Magoo", est aujourd'hui considérée comme l'un des titres les plus emblématiques de l'histoire du punk français. Interrogé sur son passage en Auvergne, Eudeline n'en garde que de vagues souvenirs : "La Bourboule, je crois que c'est le pire concert d'Asphalt, si je ne confonds pas… C'était la période 'défonce' d'Asphalt. On était en pilotage automatique." Le groupe, qui avait déjà largement commencé à mettre le nez dans la poudre en 1977, comprend au moment de cette date auvergnate, en plus d'Eudeline au chant et à la guitare, Éric Feidt, alias Rikky Darling à la guitare, Henri Beaulieu, alias Riton à la basse et Didier Laffont, alias Grand Did' à la batterie. C'est en tous cas sa composition sur le papier. Car ce soir-là, Grand Did n'est pas en état de jouer et se voit donc remplacé par Dynamite, le batteur de Bijou. En souvenir de cet éphémère cross-over et de l'estime réelle que se portent les deux formations, Bijou ouvrira en 1980 son disque En public par quelques sonorités de "Poly Magoo". Tous les membres du groupe ont aujourd'hui disparu (qu'ils soient morts ou partis sans laisser de traces), à l'exception de Patrick Eudeline, qui poursuit une carrière d'écrivain, de chroniqueur et de musicien. Il a publié en 2016 Bowie, l'autre histoire.
Une image (de piètre qualité, mais précieuse) d'Asphalt jungle à La Bourboule. Puis le 45 tours "Poly magoo", face A et face B.
~ Bijou : Originaire de la banlieue parisienne, Bijou existe sur scène depuis 1975 et sur disque depuis 1977. Le groupe est composé de Vincent Palmer (guitare), Philippe Dauga (basse) et Joël Yan, dit Dynamite (batterie), tous susceptibles de chanter. Un quatrième membre agit depuis les coulisses : il s'agit de Jean-William Thoury, à la fois parolier, manager et producteur de la plupart des disques du groupe. L'année 1978, qui nous intéresse ici, constitue une période particulièrement riche et chargée pour les membres de Bijou : en janvier, ils assurent les premières parties de Status Quo ; en mai, ils sortent leur deuxième album, OK Carole, considéré comme l'une de leurs pièces maîtresses (un disque enregistré à une centaine de kilomètres seulement de La Bourboule, en Haute-Loire) ; la semaine qui suit leur passage sur l'hippodrome du Mont Sans-Souci, ils jouent dans les arènes de Barcelone, puis enchaînent avec une grosse tournée, dont le point culminant sera leur concert à Mogador, en décembre, avec Gainsbourg en guest. Il faut dire que Bijou a invité le chanteur à faire les chœurs sur sa reprise des "Papillons noirs", collaboration qui débouche sur une réelle camaraderie, au point que Gainsbourg écrit spécialement pour le groupe "Betty Jane Rose", sorti fin 78 et qu'il les rejoint à plusieurs reprises sur scène. En live, justement, Bijou s'est taillé une solide réputation, qui fera écrire à Best début 79 : "il n'est plus un seul groupe français susceptible de les concurrencer quant à la qualité de leurs prestations." Cette même année 79, ils iront enregistrer leur nouveau projet à Los Angeles, puis sortiront encore trois albums (dont un live), avant de se séparer en 1982. Adeptes du jus d'orange et du pain complet (ni drogue, ni alcool !), les membres du groupe sont encore en vie aujourd'hui.
Bijou sur scène, quelques semaines avant son passage par La Bourboule. À l'Olympia, le 8 juillet, puis à Fourvière, le 29.
~ Gérard Daval : Le quotidien régional annonce, en plus des groupes de rock listés ci-dessus, "la projection des films d'un jeune cinéaste clermontois, Gérard Daval." Le réalisateur en question n'est en réalité pas si jeune, du moins par rapport à la moyenne d'âge générale du plateau, puisqu'il approche de la trentaine. Après avoir interrompu ses études universitaires, il s'est lancé en 1974 dans la réalisation de courts métrages, un format dont il apprécie la liberté qu'il lui offre. Il tourne ses films en Auvergne, avec des acteurs et techniciens du coin, et les finance avec l'aide des ses proches. Suite à un premier essai intitulé Trauma, il a notamment produit Cancer, Psychédélire et Tempora. Ce dernier film, réalisé en 1977, fut sélectionné dans plusieurs festivals, dont celui de Cannes. Daval explique : "j'imagine que cette relative 'popularité' avait favorisé sa projection à La Bourboule. Ce film avait retenu l'attention parce qu'il s'agissait d'un clip avant l'heure : un concept, le temps qui passe et le mélange d'effets spéciaux, d'animation et de prises de vue réelles…" Le synopsis du film indique : "Genèse de l'homme et son évolution jusqu'à sa mort. L'homme créateur face à la matière qu'il façonne." À la fin de l'année 1978, Daval commencera le tournage de son premier long métrage, Shoot again, qui évoque les difficultés de deux êtres à trouver leur place dans la société, puis continuera à réaliser des courts métrages et des films institutionnels. Il mène aujourd'hui une activité de plasticien du côté de Tours.
Poudre blanche sur La Bourboule (ambiance)
Il est difficile d'obtenir de nos jours des témoignages précis sur un festival qui eut lieu voici près de quarante ans, qui ne paraît pas avoir autant marqué l'histoire de la musique locale que Murat aimerait le laisser penser et qui ne rassembla pas une foule immense. Pour avoir une idée de l'atmosphère sur place, on peut toutefois s’appuyer sur quelques éléments trouvés ici ou là, à commencer par l'article paru dans La Montagne le surlendemain. Signé d'un certain "C.G." (peut-être Christian Guillaumin, reporter bien connu du quotidien...), il porte un titre qui renseigne vite sur le degré de satisfaction de son auteur, lequel n'a manifestement pas passé la meilleure soirée de sa vie :
On ne reviendra pas sur les raisons possibles de ce que le journaliste considère comme un piteux échec, certaines d'entre elles ont été effleurées plus haut. Peut-être faut-il aussi envisager que l'Auvergne n'était pas encore prête pour accueillir cette supposée "Nouvelle Vague"... Après tout, deux mois avant La Bourboule, c'est Genesis, groupe phare de la musique planante, qui avait créé l'événement à Clermont et joué devant 5000 personnes, pour une soirée qui resta dans les annales locales – pas seulement pour des raisons purement musicales [NDLR: voir en fin d'article]. On supposera tout de même que la sévérité dont fait preuve La Montagne dans son compte rendu n'est pas sans rapport avec le niveau d'ambition affiché initialement par les organisateurs.
Mais le dénommé C.G. aurait sans doute pu passer une meilleure soirée s'il s'était adressé aux bonnes personnes. Il semblerait en effet qu'il y ait eu à La Bourboule les ingrédients pour se divertir. En 2014, JLM nous livrait quelques détails : "Mon premier festival de rock, c'était un gros dealer français qui l'avait organisé, fin des années 70. Dans la chambre d'hôtel, il y avait une pyramide de coke, et si tu voulais de l'héro, il y avait des trucs à côté. Tout était gratos." Scarface sur les bords de la Dordogne ? Un musicien présent sur place, sans se montrer aussi pittoresque dans sa description, garde en mémoire l'image d'un organisateur, comme qui dirait, nerveux : "je me souviens de son pote taulard, gros dealer, qui organisait le concert et qui tournait dans sa bagnole pendant le festival dans la Bourboule pour ne pas se faire repérer par les flics. On était obligé de monter à l'arrière pour se faire payer en roulant, car il ne voulait pas s'arrêter!". Rappelons que le "dealer" en question jouera un rôle important dans le destin de Clara, puisque, quelques mois plus tard, alors qu'il se trouve en prison, il entendra un morceau du groupe diffusé dans l'émission de Jean-Bernard Hébey et préviendra ses amis, permettant ainsi à Bergheaud d'entrer en contact avec celui qui deviendra le producteur de son premier disque. [EDIT: En 2024 -dans un livre dédié à l'auteur de cet article!- Marie Audigier précise l'anecdote, et indique que ce serait ce prénommé Charly qui aurait envoyé les cassettes à RTL]. Ce dernier, sollicité par le journaliste Sébastien Bataille, ne confirme pas l'anecdote livrée par Murat, mais comme l'ancien présentateur de Poste restante souffre – en plus de menus soucis d'audition... – d'une mémoire "défaillante", il est difficile de trancher le vrai du faux entre les souvenirs (et oublis) des uns et des autres.
Toujours à la rubrique Délinquance dans le Sancy, nous avons pu retrouver un des spectateurs de ce festival qui n'était alors âgé que d'une douzaine d'années et qui passait ses vacances dans la région : "Je me rappelle le vol des affiches sur la camionnette annonçant le concert et nous fûmes repris par la police… Coup d’œil d'Eudeline qui nous avait déjà vus au concert à Beauvais quelques mois auparavant. […] Je sais pas si l'organisateur du festival était un dealer, il ne nous a jamais rien proposé en tout cas quand il a fallu qu'on recolle les affiches qu'on avait décollées sur sa camionnette !" Mais avant d'être un dangereux terroriste en puissance, le jeune homme était d'abord un passionné de musique : "Je me rappelle surtout du passage des Lou's, wahhhhh… Quelle pêche ! Ensuite, le passage de Bijou qui m'a paru un peu fadasse… […] Je me rappelle que j'étais monté sur scène pendant le concert des Lou's et que j'ai eu mal au cou pendant quelques jours !"
Notre premier témoin musicien pose quant à lui un regard plus favorable sur la prestation du trio de Juvisy : "Le concert par lui-même, je me souviens de Bijou, toujours impeccable, d'Asphalt Jungle qui était assez détruit, comme dab. Je crois qu'il y avait les Lou's, un groupe de filles très Clash. Aux alentours de 500 personnes. Beaucoup d'alcool." Tous deux s'accordent en revanche pour dire qu'il faisait chaud... là où CG évoque "le froid" qui aurait désaccordé les instruments. Concernant l'affluence, on note aussi un écart significatif entre les cent spectateurs comptabilisés par La Montagne et les cinq cents évalués par le musicien cité. Mais outre le fait que le festival s'est étalé sur une après-midi et une soirée, rendant le nombre des spectateurs fluctuant, il serait présomptueux de penser que nous puissions parvenir, à quarante ans de distance, à dissiper totalement la fumée qui entoure ce modeste et lointain festival.
NDLR: Hasard... Chuck Berry est décédé ce week-end (18 mars 2017), et les acharnés pourront noter avec un gros point d'interrogation "Sweet little 16" dans la longue liste des inédits de Jean-Louis Bergheaud. Voici en effet ce que nous disait JR:
"Je revois les yeux complètement éclatés de Patrick Eudeline sans ses lunettes, ni gris ni verts... Je me rappelle avoir chanté peut être sweet little 16 accompagné par Jean Louis qui en avait fait un arrangement inédit, c'est vague..."
Tous mourus ? (ad lib)
Au matin du 29 septembre de cette année 1978, on retrouve dans son lit le corps sans vie de Jean-Paul 1er, qui serait décédé la veille au soir, dans des conditions qui demeurent aujourd'hui encore obscures. Albino Luciani n'aura donc pas eu le temps de faire escale à l'Hôtel des Étrangers de La Bourboule, où son prédécesseur Jean XXIII avait ses habitudes et comptait quelques amis. Mais la mort prématurée du souverain Pontife, dont l'élection avait coïncidé avec le baptême scénique de Clara, ne serait-elle pas un mauvais présage pour ce groupe ? La une de La Montagne du 8 novembre pourrait le laisser craindre, puisqu'elle contient ce titre, inscrit sur trois colonnes, en lettres capitales : LA MORT DE CLARA.
Déjà ? Un groupe à peine monté, composé de jeunes musiciens prometteurs, emmenés par un leader au charisme évident ? Il n'y aura donc eu en tout et pour tout qu'un seul petit concert de Clara et puis voilà ? En réalité, la Clara dont il est question dans le journal n'a a priori aucun rapport avec la bande à Bergheaud. Sous ce titre accrocheur, on distingue en effet la photo d'un homme en larmes, serrant dans ses bras le cadavre d'un animal. Puis, juste en-dessous, ce chapeau : "La jeune lionne a été abattue pour avoir vécu cinq heures de liberté." Pour mieux comprendre qui est Clara, il faut revenir quelques semaines en arrière.
Le 2 août, La Montagne consacre un long article à Roger C., modeste employé de la SNCF, qui vit aux Martres-de-Veyre (à une quinzaine de kilomètres de Clermont). Enfant, l'homme rêvait de devenir dompteur, mais ne put embrasser la carrière, faute d'être issu du sérail. Loin de renoncer à son aspiration, il se documenta patiemment, partit observer les fauves dans leur milieu naturel au cours d'un safari en Haute-Volta, puis finit par adopter une lionne, nommée Clara. Un fauve qu'il installa chez lui, dans une cage située dans son jardin et avec qui il réussit petit à petit à établir un rapport de confiance, au prix de quelques coups de griffes de temps en temps. Mais ce mardi 7 novembre, au cours de sa promenade quotidienne, Clara échappe à son maître. Les gendarmes sont alertés, ils parviennent à localiser l'animal en fuite grâce à un chien policier, sans toutefois réussir à l'approcher. La lionne s'est en effet réfugiée dans d'épaisses broussailles. Son maître tente alors de la faire sortir, en vain. À la tombée de la nuit, le vétérinaire équipé d'une seringue hypodermique, que des proches de Monsieur C. sont partis chercher, n'est toujours pas arrivé. Les gendarmes décident alors d'exécuter la bête. D'où le titre définitif du journal local le lendemain...
Si ce retour sur le concert initial de Clara (le groupe) n'était déjà pas assez touffu, on pourrait se laisser aller à méditer longuement sur l'histoire de Clara (la lionne). Car dans ce mini-feuilleton tiré de la presse régionale, il est question, mine de rien, du destin des rêves d'enfants dans le monde des adultes, des rapports complexes entre humanité et animalité, de l'instinct, de la domestication et du goût inextinguible pour la liberté, de la sauvagerie jamais apaisée, mais encore, de la prison que tout amour peut devenir, prison que l'on ne saurait pourtant quitter sans y laisser sa peau... Autant d'éléments, on l'aura compris, qui nourrissent depuis toujours le rock and roll.
REMERCIEMENTS : Pour leur contribution, de près ou de loin, à cette petite plongée dans le passé, un grand merci à Olivier Chabrillat, Gérard Daval, Marie David, Elmeco, Christian Eudeline (Nos années punk : 1972-1978), Patrick Eudeline, Pierre-Jean Fontfrède, Patrick Foulhoux (Une histoire du rock à Clermont-Ferrand), Guillaume Gilles (L'esthétique New Wave), Olivier Huret, Jean-François Jacq (Bijou. Vie, mort et résurrection d'un groupe passion), Bruno Juffin, La Montagne, Didier Le Bras, MrAttila76, Jean-Éric Perrin (Frenchy but chic. Chroniques 1978/1982) et Pierre Sanki. J'ajoute les sites Gonzai et paris70.free.fr.
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Note de Pierrot:
M évoque le concert de Génésis "devant 5000 personnes, pour une soirée qui resta dans les annales locales – pas seulement pour des raisons purement musicales". Des raisons non musicales mais liées à ce qu'était le secteur de la musique à l'époque et qui a eu une grosse influence sur ce même secteur ensuite! En effet, l'organisateur du concert, le principal de Clermont, "s'est auto-braqué" le 02/06/78 la recette du concert... mais avec une voiture louée à son nom, un flic qui promenait son chien note la plaque...et il file en prison. La place est ainsi laissée libre pour Arachnée (la société de Pierre-Yves Denizot) qui aidera par la suite Murat et Clara (en leur proposant des premières parties). Le pied nickelé du concert de Genesis aurait-il pu être l'organisateur du festival de la Bourboule? Non, il semble qu'il s'est fait arrêter rapidement et séjourne donc en prison en août.... L'autre personnage le rejoint quelques temps plus tard, ainsi que Marc Zermati (4 mois en 1979).
Et au fait, pourquoi me suis-je décidé à sortir enfin cet article?
- Parce qu'en mars 2017, le premier festival "Larsenik" de la Bourboule a eu lieu... "point d'orgue d'une saison culturelle qui a déjà fait la renommée de la Bourboule" (sic). [A La Bourboule, "soignez vos bourres, soignez vos..." ... et vos esgourdes. Since 1978]. - Avec la mort de Chuck Berry, un pan de l'histoire disparait... mais avec cet article, je suis heureux de participer à ma petite échelle à l'écriture des petites anecdotes qui font la grande histoire du rock, même si ça ne change pas le monde.
"Le rock'n roll est passé comme une comète. Ce n'est pas parce que 40 000 personnes vont aller voir les Rolling Stones que cela représente encore quelque chose. Nous avons vécu dans l'illusion qu'un riff de Chuck Berry allait changer le monde. Tu parles! L'inventeur de la pilule a plus fait avancer le monde que l'inventeur de Sweet Little Sixteen... Ce sont les scientifiques qui ont changé le monde, pas les artistes. Cela m'énerve d'être un chanteur aussi vieux que mon pays". JLM, événement du jeudi 1995
Reconnaissances éternelles accompagnées de ma plus haute estime à l'irremplacable M.