Publié le 12 Novembre 2017

"Tu n'as qu'à te faire la main en bossant sur ma nécro (tu parles de ma science des titres qui compensait difficilement ma lenteur, tu évoques mes chemises à manches courtes, tu racontes qu'une fois, tu m'as vu habillé en jaune poussin, etc.), comme ça, tu seras prêt le jour J. (mail: Nez-crocs)

"Quant à ton homophobie, je compte la dénoncer publiquement – en plus de ta célèbre capillophobie – dans le livre que j'écrirai après notre séparation et qui s'intitulera : Merci pour cette Kro.

"Je n'aime pas vraiment voyager, mais bon. Un concert avec toi... La dernière fois avec tous les  Delano... Peut-être "Extraordinaire Voodoo"... Isa et Barbe-à-papa... Ouais, ça va aller. Dimanche, je visiterai un peu Grenoble, je leur demanderai comment ils ont fait pour s'entendre entre les verts et les rouges, sans les roses, puis j'irai voir ce concert de Mme Nkaké – même si j'ai un peu peur qu'il s'agisse d'une femme noire... tu ne répèteras pas ça dans ton bouquin, Merci pour cette Despé, hein ?

"mais comme je ne pratique décidément pas l'art du smiley, j'ai pensé qu'au moment de la publication de notre correspondance, Pierrot - Matthieu, un dialogue rhônalpauvergnat, il risquait d'y avoir quelques polémiques au sujet de nos supposés antisémitisme, racisme, homophobie et misogynie. Regarde les poux que certains cherchent déjà dans la tête de ce pauvre Heidegger, qui n'a pourtant rien fait de mal, à part adhérer au parti nazi à une époque où ce mouvement (dont certaines idées étaient contestables, j'en conviens) connaissait un succès d'estime dans le pays où tu te trouves en ce moment. (tiens, tiens...). Heureusement qu'en ce temps-là, nous pouvions compter, nous autres Français, sur le Maréchal qui s'évertuait, du côté de Vichy, à protéger nos israélites, en faisant voter des lois humanistes et salvatrices...

Sacré Matthieu...  Matthieu sacré. Le voilà l'article qui t'est consacré... Ton anonymat si cher, tu peux l'oublier...

Oui, même si j'ai déjà rendu hommage à de multiples occasions  à notre M., contributeur  puis collaborateur du blog durant 6 ans - et  ça ne sera pas la dernière fois aujourd'hui-, je suis contraint aujourd'hui de mettre ça à l'ordre du cahier du jour.  Je  viens d'apprendre sa mort... 

Je suis désolé d'avoir à l'annoncer à tous ceux qui l'avaient croisé aux Koloko, à Uriage, ou dans les concerts clermontois, peut-être à la Bibliothèque universitaire, avec son look d'étudiant en philosophie,  mâchant sa branche de réglisse bio, bravant le froid en tee-shirt noir...

"À + (Couvre-toi, je remarque que les gens commencent à me regarder bizarrement dans la rue derrière leur écharpe et leur bonnet...)..

Je pense que ceux qui ne l'ont connu qu'à travers ses articles seront également tristes ("merci de m'avoir apporté un peu de bonheur" lui avait écrit Patrice de Clermont). Après sa démission d'ici même en juin 2016,  j'attendais d'avoir de ses nouvelles via un texte, un livre, un blog, une thèse, enfin que son talent explose... mais on doit renoncer à cet espoir, et ça rend la nouvelle encore plus triste.

"Bon, mon petit, je te souhaite bonne continuation avec ce blog et, plus encore, pour tout le reste. Je n'ai pas répondu à ton courrier de l'autre jour sur le fait que nous ne soyons pas amis, parce que je ne suis vraiment pas le mieux placé pour disserter sur l'amitié et puis parce que je ne crois pas cela serve à grand-chose d'en discuter. Si l'on entend l'amitié au sens fort du terme, le contraire de l'amitié Facebook, alors il me paraît évident que nous n'étions pas amis toi et moi. Nonobstant, j'ai tendance à penser qu'on n'accorde en général pas assez d'importance aux relations que j'appelle infra-amicales, notamment les relations de travail et celles de voisinage. Avoir un bon collègue de travail, avec qui l'on parvient à entretenir une excellente entente dans le travail, même si ce n'est pas un ami et même si l'on ne se voit pas en-dehors du boulot, je trouve par exemple que c'est précieux. Au cours d'une vie, il me semble qu'on ne compte, dans le meilleur des cas, qu'une toute petite poignée d'amis, une autre petite poignée d'histoires d'amour fortes et, si tu ajoutes à cela quelques membres de la famille qui vont véritablement compter (en gros, ceux qu'on aurait envie de fréquenter même s'ils n'en faisaient pas partie), tu te retrouves avec un nombre de gens avec qui tu auras entretenu des relations profondes et intimes très réduit. Alors, à côté de ces relations-là, autant essayer de faire en sorte que les autres soient aussi enrichissantes que possible, sans chercher à tous prix à y plaquer de grandes étiquettes du type "Amour" ou "Amitié".

"En résumé, si nous avons réussi toi et moi durant quelques années à établir une bonne complicité dans le travail, en sachant que cette relation de travail était très originale, puisque tu étais un chef qui ne commandait pas et moi un employé qui n'obéissais pas, eh bien je trouve que c'est déjà beaucoup. En tous cas, pour moi, ça l'est.
 
"Sur le côté "secret", pas de commentaires, cela demanderait des heures d'explications. Mais je pourrais te citer une liste longue comme l'avenue de la République de personnes qui partagent ton opinion sur ce point me concernant. Quand je précise cela aux gens, s'ils ne sont pas trop stupides, ils pigent que ce n'est pas un sort spécial que je leur réserve à eux personnellement.
     Je pense que notre relation comportait deux caractéristiques (parmi d'autres) intéressantes : nous ne mêlions pas la vie privée et le travail (à part le hand et le vélo pour toi, la drogue et Serge Daney pour moi...) et il n'était pas question d'argent entre nous. Disons donc que mon avenir se passera ailleurs et autrement (pour reprendre le titre d'un livre).
 

La drogue, c'était une boutade, hein!... mais Daney et le cinéma, il se piquait sans doute avec:

"Il y a quelques années, Les Inrocks avaient longuement interviewé Louis Skorecki, un cinéphile que j'aime beaucoup, qui était au lycée avec Serge Daney. Tout jeunes, ils sont allés ensemble à Hollywood pour interviewer des géants du cinéma (ils se sont rendu compte beaucoup plus tard de ce qu'il pouvait y avoir de gérontophile dans leur démarche...). Bref, dans cet entretien, Skorecki règle quelques comptes avec Daney, il y a un peu d'aigreur de sa part, mais il a le mérite de ne pas tomber dans le "culte" que certains réservent à Serge. Et il y a un passage intéressant où il dit :
"C’est vrai que pour moi publier les textes de Serge Daney publiés dans Libé seuls, c’est une connerie. Les textes prennent un sens dans l’ensemble de ce que le quotidien publiait à l’époque et qui constituait la meilleure revue de cinéma au monde. Daney n’était pas seul, et l’équipe comptait vraiment : Séguret, Louella Interim, moi… Et surtout Lefort. Lefort et Daney constituait un équilibre formidable. Daney a appris à devenir journaliste et Lefort est devenu critique. C’était très bien ce qu’il écrivait sur le cinéma. Et il y avait quelque chose d’incroyablement neuf et vivant qui s’inventait entre nous dans la façon de parler du cinéma. Isoler les textes de Serge, c’est de l’idolâtrie. Et pourquoi pas bientôt ses cartes postales ?"
Je suis très content, à titre personnel, que P.O.L ait édité en volumes les textes de Daney, mais je trouve que ce que dit ici Skorecki est particulièrement pertinent. Et sans comparer le moins du monde mes écrits à ceux de Daney, ni les tiens à ceux de Lefort (ni le blog aux pages de Libé de l'époque), c'est un peu ça que je veux dire : mes textes n'avaient de sens que dans le dialogue plus ou moins explicite qu'ils entretenaient avec ceux que tu avais publiés avant ou après et avec le support lui-même (ton blog).   (Quant aux cartes postales de Serge, le réalisateur d'Être et avoir, Nicolas Philibert, a en effet eu le projet à une époque d'en faire un documentaire - Daney ayant envoyé plus de dix mille cartes postales rien qu'à sa mère, sans parler de toutes les autres personnes à qui il écrivait !)                   [NDLR: bien sûr il pensait à cela quand il fait son reportage à St-Jean de Vedas]
Voilà pour cette parenthèse. Donc, si tu veux publier ton brouillon-chiffon, fais-le. Je ne vais évidemment pas le modifier, c'est ton texte, je te laisse libre d'écrire ce que tu veux. Et puis, j'ai tellement l’habitude d'entendre des conneries sur mon compte (des conneries très gentilles, le plus souvent, mais les compliments immérités ne sont pas moins douloureux que les reproches infondés) que je suis plutôt agréablement surpris que tu rapportes avec justesse certains de mes propos, je reprendrais presque confiance en l'humanité ! Et puis, il est empli d'affection, c'est très touchant.
 
Oui, je  le considérais comme un ami, d'autant plus après l'avoir rencontré physiquement à une dizaine de reprises, et de visu apprécier sa gentillesse, sa générosité, son empathie pour les gens...
 

Ces derniers jours, j’ai relu le millier de  mails qu'il m'avait transmis, parfois la larme à l’œil, parfois m’esclaffant (c'est pourquoi je ne veux pas renoncer à l'humour ici). Des milliers de mots qui ne m’auront  rien appris de son passé. Pas question de savoir où il habitait, ce qu’il faisait dans la vie (je le voyais éluder la question sur le parvis de la coopé). Juste des micros bribes :  son grand intérêt pour le sport (handball, tennis,  foot), qu’il a déposé une annonce d'anniversaire de décès le 4 sept 2014 dans la Montagne,   qu'il était aux francos en 2010, qu'il a été tourneboulé par un « événement douloureux qui l'a mobilisé intellectuellement et moralement » : le licenciement de l'assistante du cinéma Le  Rio (la promotion d’une projection m’avait valu son premier mail),  qu’il a a participé à la randonnée Bourges-Sancerre,  ou que François Michelin était son ancien patron, ou encore une phrase où il me demandait conseil pour une  connaissance sur la création d’un blog ou d’un site:

"Salut ma reine d'Ossa,
J'ai un service à te demander, qui n'est pas urgent, mais je préfère te le demander avant que ne déferle sur la France le torrent informationnel muratien de la fin du mois.
Tu sais que tu es pour moi un dieu de l'informatique, que je t'associe toujours dans mon cerveau malade à Norman, l'informaticien qui aide Jesse dans "Tonnerre mécanique". Tu sais bien, il y a Jesse qui dit : "Norman, enclenche la troisième." Et Norman, devant son écran compte "5, 4, 3, 2, 1, 0". Et à ce moment-là, Jesse fonce et l'on entend la musique de Tangerine Dream. Tin, tin, tin, tin, tintintintin ! C'est amusant, tu sais que cette musique est issue d'un concept-album autour des parcs du monde entier ? Il y a un morceau sur Central parc, un autre sur le Bois de Boulogne, etc. Drôle d'idée. Où en étais-je ? Ah oui, Norman. Eh bien tu es mon Norman, même si moi, je ne suis pas ton Tonnerre mécanique.
Donc j'aurais besoin de conseils pédagogiques pour savoir comment on crée un blog et comment on crée un site internet. Moi qui n'y connais rien, je crois savoir qu'un blog est plus lié à l'actualité qu'un site. Mais je me trompe peut-être. En fait, je connais une personne qui voudrait créer un site pour y exposer (si l'on peut dire) ses peintures, dessins et autre créations graphiques... Et un autre site pour mettre en valeur des photographies historiques (disons, patrimoniales) prises par son père qui est mort et qui, de son vivant, travaillait pour les monuments historiques. Donc, je me dis qu'il vaudrait mieux créer des sites que des blogs. Mais c'est peut-être un raisonnement stupide. J'aimerais ton avis éclairé sur ce point précis. [...]Voilà, c'est le service que je te demande. Je te le redis, il n'y a pas d'urgence, tu n'es pas obligé de me répondre tout de suite. Mais si tu trouves le temps pour me donner quelques conseils simples et compréhensibles, tu seras un coeur. Après, je viendrai sur ton blog et au lieu de t'appeler Pierrot, je t'appellerai "mon Normanichou"

Ah, comme ce monde est cruel. Je viens de regarder les résultats du concours d'entrée à une école de psycho-motricien de ma photocopine et.... pfff, elle est classée 343ème sur plus de 1100 candidats et il fallait finir dans les 70 premiers. Ces concours à la con ! 70 places pour 1100 participants ! Et si encore on leur demandait des trucs en rapport avec le boulot, mais la sélection se fait sur des critères à la noix. C'est comme la présidentielle : il faut de nombreuses qualités pour être un bon candidat, mais elles n'ont que très peu de rapport avec les qualités nécessaires pour être un bon gouvernant. Du coup, celui qui passe est celui qui aura été le meilleur comme candidat, mais rien ne prouve qu'il fera un bon responsable. Si ça se trouve, dans les 70, certains n'auront aucune des qualités requises... Enfin, bref, je suis dépité, je viens de brûler nos deux billets pour demain, tu peux donc rester chez toi. (qui est cette copine? la retrouverons-nous?)

 

 A part cela, quelques anecdotes la plupart du temps amusantes (certaines ne me font plus rire, avec le recul).  Rien. Tellement rien.

"Mais soyons clair : nous ne sommes, Dieu merci, ni Jacques Pradel, ni Patrick Sabatier. Donc, si le mec veut qu'on le laisse peinard (je parle de Hexylaine) et ce, quelle qu'en soit la raison (bonne ou mauvaise), on ne va pas aller l'emmerder. Comme disait Charles, on néglige toujours, dans la liste des droits de l'Homme, celui de se contredire et celui de s'en aller.

  J’ai respecté cette distance.  Je ne me suis pas épanché non plus,  lui racontant des bouts de vie quotidienne (10 fois plus que lui déjà), mais rien de trop intime, pour me mettre sur la même longueur que lui. Je me freinais.   Je me pose désormais la question de savoir si j’aurais dû suivre la pente naturelle de l’amitié que je lui portais. J'aurais dû. J'aurais dû. Et le questionner.... ne pas le laisser  dans son système. Mais j'ai toujours séparé la bulle muratienne de la vraie vie, et je pensais qu'il le faisait également, son implication sans doute irraisonnable des derniers mois s'accompagnait de l'annonce qu'il allait passer à autre chose ensuite. Pourtant, j'ai souvent eu envie de l'inviter, jamais osé.  Si, une fois, à  randonner à  la Montagne… sans succès. Comme de venir à Paris pour la soirée Livre unplugged (pas question pour lui  de mettre les pieds à Paris... en fait, de remettre les pieds... puisqu'il a vécu là bas jusqu'en 2004...(Ah, la canaille! lui qui se faisait passer pour un auvergnat des plus "ancrés", notamment quand nous autres Rhône-Alpins avons décidé de l'accueillir dans la modernité).

 
Quelques temps mois auparavant cette date, il venait d'arrêter après son Deug Lettre modernes des  études universitaires (Fac Paris8-St-Denis). Il était extrêmement brillant mais n'oubliait pas d'aller défendre les étudiants sans papier.  Il se renfermait alors petit à petit, chez lui, tout en dévorant LE MONDE, se coupant  des proches. En mars 2004, il quitte la maison en secret, avec un mot annonçant sa décision. Il quitte tout,  le passé et l'actif (sans l'argent de son livret A, ni même les billets dans les enveloppes reçues pour son anniversaire dans son tiroir).  Ses parents s'inquiètent, contactent la gendarmerie. Rien n'est possible. 15 jours plus tard, Matthieu rappelle: il souhaite que sa mère vote par procuration aux prochaines élections!   Il semble qu'il ait rejoint Clermont. Guidé par la musique de Jean-Louis Murat? On ne le saura pas mais chez ses parents, il faisait des k7 avec ses concerts se rappelle sa mère, qui m'a raconté tout ça.

Il donnera des nouvelles, et de moins en moins, jusqu'en 2012.  Après une période en CHRS (logement transitoire, foyer au 49, rue des cordeliers), où il a dû recevoir de l'aide et du soutien, il a un appartement rue des jacobins, une rue que l'on a traversé une fois ou deux ensemble! C'est dans cet appartement limite insalubre que les gendarmes ont trouvé son corps début mars 2017...  Plusieurs mois après le décès (septembre/octobre 2016).

Il reposait semble-t-il en paix, dans un appartement vide, presque à même le sol. Des cartes de Barcelone à côté de lui. Etait-il sur le départ? C'est une des questions que sa mère se pose... et qui restera sans doute sans réponse, d'autant qu'on ne connait pas la raison de sa mort. On espère que cet article permettra de recueillir des témoignages qui  seront d'un grand réconfort pour sa famille. J'espère vraiment que nous découvrirons d'autres aspects heureux de sa vie.. ou comment il arrivait à vivre sans RSA... Et c'est pourquoi je vous invite à partager cet article (notamment les clermontois).

Pour le moment,  un des chocs, c'est  d'apprendre   que de "vrais amis", de famille qu'on choisit, Matthieu n'en avait peut-être pas. Il y avait ceux qu'il avait remercié à son départ du blog... et le groupe Alma loca (découvert à la suite d'un voyage blablacar réussi à l'occasion d'un concert de Murat, le chauffeur était membre de ce groupe). Un CD dédicacé qui a été le seul objet que sa mère a récupéré a permis de faire le lien avec eux et donc de diffuser un peu l'information. C'est en essayant d'avoir des nouvelles (je m'y étais refusé avant, acceptant tout comme sa mère, les "choix d'un homme") que j'ai appris la nouvelle.

Co-voiturage:

"moi, j'ai écrit la vérité : que je suis un gros con au quotidien, mais que le temps d'un voyage de quelques heures, je suis tout à fait supportable. Résultat : ça se passe très bien, les chauffeurs me jugent pour la plupart "Exceptionnel" ! Bon, j'ai aussi ajouté pour plaisanter que j'avais failli être condamné pour assassinat d'automobiliste, mais que le témoin principal était mort dans un accident avant mon procès. Sauf que mon chauffeur de Montceau a pris tout ça au sérieux : il a essayé de comprendre, a cru que j'avais tué quelqu'un accidentellement, que je n'avais pas pu prouver mon innocence lors d'un procès équitable, que j'étais resté fragile de ce côté-là... J'ai dû lui expliquer que c'était une blague.

"Si ça peut te rassurer, je suis déjà arrivé à Koloko en partant à pied d'un village situé à plus de trente bornes, sans billet (tout avait été vendu) et en me perdant dans les bois (mais en me perdant vraiment). Résultat : une dame m'a déposé en voiture à Riom, j'ai pris le train et un type m'a vendu une place au noir sur le parvis.
     Ouais, je sais, j'ai eu du bol cette fois-là...
     M.
 P.-S. : Je me suis quand même évanoui pendant qu'une spectatrice montait sur scène pour interpréter "L'aéroport"... Manque de sucre, fatigue, etc. On n'a rien sans rien.
 

"Encore merci de m'avoir proposé de venir et merci pour le bref covoiturage (je ne t'évalue pas, car mon avis sur ma conductrice de l'aller vient d'être refusé par Blablacar : il ne respecterait pas la "charte" du site... J'ai écrit qu'elle était "joliment dorée telle un pain sorti du four"... mais elle gère une boulangerie !!! Putain, Mauser et Beretta, voilà donc les seuls camarades ?!).

L'humour, l'humour, toujours de l'humour... une armure pour se cacher.

Que dire encore?

Matthieu était d'une grande culture, toujours capable de sortir une référence littéraire, ne ratait sans doute pas une émission "ripostes" sur france culture. Je retiendrai surtout sa tolérance, sa défense de la liberté de paroles et de la presse, et sa rigueur morale... qui l'a conduit (pour un motif bénin qu'il a pris pour de la censure) à se brouiller avec Alexandre Rochon, son autre "chef" comme il disait. Il me recadrait également si j'étais prêt à m'égarer. Autre exemple de sa droiture: Il m'avait raconté qu'il avait été viré de l'ELECTRIC PALACE un soir...

T'as encore joué au redresseur de torts?    -Ah, il y a un peu de ça, c'est vrai... L'un des meilleurs jeunes batteurs de jazz de Clermont (dont le talent est salué par la Fourme lui-même) m'a dit que sur ce coup, j'avais été "royal".

Et puis, lui qui vivait avec rien découvrons-nous,  était d'une générosité extraordinaire (par exemple en m'envoyant un gros colis d'archives à son départ). Avec les membres d'Alma Loca, il agissait semble-t-il de même. Il tenait toujours à vous raccompagner à votre hôtel ou à la gare (n'est-ce pas Barbara, Amparo?) ou encore profitait de ses recherches pour collecter aussi des infos pour les fans de Renaud, de  Sanson  ou encore les camarades manséens.

"Je lui ai envoyé une pelletée de captures d'écran du Monde qui n'étaient pas sur le site, en remontant à des CR de Fléouter du début des 80's. Ainsi qu'une bonne rasade de presse suisse, avec les adresses des sites... Voilà  ce que tu as fait de moi pendant ces années : un psychopathe de l'archive !!!

Alexandre Rochon me disait: "J'en ressens qu'il y a des personnes qui comprennent trop bien le monde dans lequel on vit pour parvenir à y rester".  Et effectivement, Matthieu ne voulait semble-t-il pas se corrompre dans ce monde-là, malgré ses silences, ses secrets ou ses contradictions (je pense que beaucoup à Clermont ne l'avait pas identifier comme celui qui écrivait sur le blog, c'était par exemple le cas de Laure  ou de Jean-Louis Bergheaud - qui se rappelle  bien des échanges riches avec lui).

"Plus il y a de moyens de communication, moins on réussit à communiquer ? Oui, c'est à peu près ce que je pense, tu as lu dans mes pensées...

"Non, il n'y a pas de vie en-dehors de la bibliothèque : dehors, c'est la guerre, les gens s'entre-tuent, meurent de faim, de maladies et préfèrent les disques de Patrick Fiori à ceux de JLM. Non, dehors, c'est moche.

"On se croirait à la télé, à se faire de la lèche les uns aux autres. Je suis sûr que le paradis doit ressembler à ça, c'est pour ça que je ne veux pas y aller...

"Je pensais vaguement aller à Aurillac, mais c'est complet. Putain de ville de merde... J'ai raté un concert d'Eicher là-bas, alors que j'avais le billet. Et lorsque je me suis posé dans un coin d'escalier d'immeuble pour passer la nuit, une voisine n'a rien trouvé de mieux à faire que d'appeler les flics, sans même me dire un mot. L'une des expériences de non-communication entre les gens les plus stupéfiantes de ma vie. 

"un fan est toujours au moins un peu ridicule, toi et moi y compris – le temps que nous passons à disserter dans le vide sur JLM ou à suivre son actualité, nous pourrions l'employer plus intelligemment – même si tu peux toujours te dire qu'au moins, pendant que je lis ton blog, je ne mets pas le feu aux voitures de ma rue, ce qui te confère une certaine utilité sociale non négligeable...).

"[à propos de Finkelkraut insulté/insultant avec les Nuits debout]   ...Des limites de l'arbitrage vidéo, de l'honnêteté intellectuelle, de l'esprit démocratique, de la possibilité de se parler encore, des réseaux sociaux, etc., etc., etc.    Allez, Bashung, pour chialer en silence :http://www.dailymotion.com/video/xotwa_alain-bashung-j-passe-pour-caravane_music

Matthieu n'est plus là pour me donner des conseils,  mais j'ai trouvé le moyen de le faire participer à cet hommage, que je prolongerai encore par d'autres extraits de mails. Ce qu'il n'aurait pas dit, lui toujours si modeste, c'est que sa plume et son travail ont été salués par les lecteurs, mais aussi par des "professionnels":  Fred Hidalgo de Chorus, Marc Legras,  Gérard Davoust, grand éditeur de musique,  le chanteur Pierre Schott saluait ses analyses sur la chanson à propos de cet article. Enfin, Michka Assayas, Silvain Vanot et Erik E ont je crois beaucoup apprécié l'interview qu'il leur proposait (Eryk e me parlait de l'immense impression qu'il lui avait fait). Dans sa boite mail, je suis certain qu'il devait y avoir des "trésors", lui qui n'hésitait pas à contacter celui à qui il souhaitait dire quelque chose:

"J'ai contacté Claude Guillon, l'auteur de Suicide mode d'emploi (tu as sans doute entendu parler de ce bouquin qui fit du bruit dans les 80's) et très bon connaisseur de l’anarchisme. Il m'a dit que le suicide était rarement une solution proposée par les anars, ceux-ci le condamnant plutôt comme une forme de désertion... Pour ma part, cette partie-là du tag me fait davantage penser à l'esprit punk de l'époque (No Futur, etc.). En revanche, l'idée de peuple mort fait selon lui écho à une vieille thématique anarchiste, celle d'un peuple trop passif. De fait, Charles d'Avray (l'auteur de "L'idée")  a ainsi écrit un "Le peuple est vieux" et dans "Ni Dieu ni maître", tu trouves le vers "le peuple sommeille"...
 Donc, selon Guillon et moi, ce slogan porte les empreintes de l'anarchisme et du punk. L'humour de l'autre tag ("C'est plus propre") me paraît également le rapprocher du punk, voire d'un certain situationnisme.. Mais j'ai préféré résumer ces diverses conjectures, plutôt que d'ajouter une mini-thèse à l'album photos...[à propos de l'article Au commencement était un graff]
 
"Tiens, j'ai eu une réponse à un mail de Benjamin Stora ! Bon... il n'a pas la réponse à la question que je lui ai posée, mais au moins il m'a répondu, LUI !
 
Ci-dessous, un  échange avec un sociologue connu...
Cher Monsieur,   Vous ayant entendu dimanche dernier, sur France Inter, réfléchir sur les notions de domination et de capacité des dominés à partir de la chanson de Michel Jonasz, "Les vacances au bord de la mer", j'ai songé que vous devriez écouter - si vous n'avez pas déjà eu l'occasion de le faire - la chanson de Florent Marchet qui s'intitule "Courchevel" et qui, me semble-t-il, s'inscrit un peu dans la lignée de celle de Jonasz. Sauf que dans "Courchevel", on découvre que l'univers qui faisait rêver l'enfant Jonasz n'est peut-être pas si désirable qu'il paraît l'être à première vue. La preuve avec ce court extrait du texte :
 "Tu nous faisais rêver Mais on ne savait pas Que dans cette vie-là  Le  coeur n'y était pas".
Je vous laisse écouter le reste si vous ne connaissez pas cette chanson, qui évoque, en somme, la souffrance que peut aussi générer la domination sur... les dominants eux-mêmes. Cette chanson, qui raconte une histoire triste sur un rythme dansant, dans la  grande tradition de "Je chante" ou de "Marcia Baila" par exemple, me semble être une popsong très réussie.
 Désolé d'encombrer votre boîte à lettres professionnelle avec ce courrier bien futile, mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour vous contacter.
 Chaleureusement,
M. GUILLAUMOND.

 Et voici sa réponse :
> De : "Philippe CORCUFF"
Bonjour,   Merci pour votre réaction et surtout la nouvelle piste. Je ne connais pas les chansons de Florent Marchet en général et "Courchevel" en particulier.  Vous avez raison de pointer les effets de la domination chez les dominants eux-mêmes. Dans le chapitre 10 de mon livre (qui s'efforce d'élargir la critique du capitalisme contemporain), je distingue les deux types de critique : 1) une critique qui met en avant les effets des inégalités, et qui dans l'analyse du capitalisme renvoie à ce que les marxistes appellent la contradiction capital/travail; et 2) une critique qui met en avant les effets désagrégateurs de la domination de la marchandise et de l'argent, et qui renvoie à ce que j'appelle "la contradiction capital/individualité". bien à vous

 

Encore une fois: quel regret de découvrir qu'on ne le lira plus...  Il était le plus grand des muratiens, il fait désormais partie de la petite histoire de la musique, à l'instar des anonymes auxquels il aimait rendre hommage (le premier auteur d'un article sur Murat, tel musicien obscur...), mais il aurait sans doute pu être beaucoup plus. 

PSDT Matthieu alias M, alias Fred PLAINELLE    (23/09/81- 01/3/2017)

P.

Merci de vos témoignages dans la zone commentaires ou via la zone contact. La Maman de Matthieu est très reconnaissante de  chaque marque d'amitié ou d'informations sur la vie de Matthieu. 

Un des plus beaux textes de Murat d'après  Matthieu :

PS: Pour retrouver les articles signés Matthieu, vous pouvez taper ce prénom dans la zone recherche du blog. J'aurais dû indiquer les liens, mais j'ai oublié

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #divers- liens-autres

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Publié le 9 Novembre 2017

Dernières chroniques, car ces premiers mots posés sur "TRAVAUX sur LA N89" sont  dans le dernier numéro de Magic! qui annonce "une pause dans sa parution" (interview de Luc  Broussy). Cela ne m'étonne pas vraiment: je crois n'avoir même pas reçu tous les numéros de mon abonnement pris à sa renaissance et même pas avoir reçu un courrier commercial pour me réabonner), sans compter que j'ai eu du mal à trouver des pages qui m’intéressaient...

Enfin soit, Magic aura toujours été fidèle à Murat (on en parlait ), même si ce dernier numéro met en couverture son meilleur ennemi époque Virgin : Daho. Murat cantonné aux pages chroniques pendant que Daho est consacré?  Ne le disons pas trop vite! En effet, on nous dit que c'est un de ses meilleurs albums qui va sortir... mais peut-être pas pour les Muratiens lilithiens...  En tout cas, l'auteur de la chronique semble avoir de la suite dans les idées:  au moment du cours ordinaire des choses, il demandait à Murat de se renouveler.

Première chronique... dernières chroniques?  (Travaux sur la N89 se dévoile)

Voilà encore une nouvelle vidéo de teaser  (il semble que la promo est axée autour de celles-ci, puisque je n'ai  pas encore entendu parler d'autres promotions).

On y entend si je ne m'abuse la voix de la nouvelle venue: Sonia Hizzir. Cette jeune femme d'une trentaine d'année est  une protégée de Denis qui je crois l'a découverte lors de l'aventure "LA GRANDE CHORALE DE LA COOPE".  Il l'a recrutée ensuite dans son projet TOUCH, projet qui me disait-elle il y a peu, est toujours d'actualité.

 

Voili.Je dois vous dire d'autres choses mais c'est long à écrire. Amitiés. et Prenez soin de vous.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Travaux sur la N89

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Publié le 4 Novembre 2017

 

 

- Première Diffusion radio hier sur INTER chez VARROD en début d'émission, "un événement", mais il ne cite pas le titre:

https://www.franceinter.fr/emissions/foule-sentimentale

Grand retour en arrière du côté de l'orchestration, pour fêter les 30 ans de Si je devais manquer de toi?

Une énorme pensée à Matthieu qui s’intéressait à toutes les interventions de Didier Varrod, et qui m'a d'ailleurs offert son premier recueil de textes, avec du Murat... (et "encore merci, Didier", rigolions-nous, et cette fois, il peut me dire merci lui parce je n'ai pas retrouvé la photo que M m'avait donnée de son premier passage à la télé. C'était amusant... On verra ça plus tard). 

Nous étions ensemble  un jour de concert:

Premières chansons

la chanson de marquis?

Et encore un teaser diffusé en début de semaine:  Les pensées de Pascal    26 secondes, c'est un peu court pour des pensées, mais tant pis puisqu'il s'agit de s'en foutre.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Travaux sur la N89

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