Publié le 25 Novembre 2019
Pour ne retenir que l’arrière goût (dû à la durée?) : l’autre soir à Villefontaine, dans ce Nord-Isère encore en alerte sécheresse, Murat avait pioché, pioché, sans vile visée (mais peut-être une Bill Withers visée*), mais n’avait pas trouvé la source ou du moins rarement : morte fontaine saturée, et des grands torrents qui font flaques et eau plate. Le chanteur des Puys était muni pourtant de 12 cordes pour aller au puit… Superfétat-b-oire pour élever son sceau au niveau qui doit être le sien? On était reparti la soif non épanchée, et pour certains en toussant d’une fausse route.
*on était plus dans le Rythm and blues que la « soul »
Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise ? Tant pis, je remettais ça, peu inquiet de boire la tasse et de vivre avenue de Lénine une petite Bérézina. (c’était pas si catastrophique que ça l'autre soir non plus faut dire, et même plus à mon goût que la tournée précédente peut-être).
A Fontaine, au lieu dit la Source, en choisissant la ligne claire, tout est devenu plus limpide, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Sans qu’il emplisse notre tasse d’amplifications, nous avons sans à coup à l’acoustique, bu du petit lait lé de lé lé. Dans l'eau oxygénée, nous avons pu frayé. Et pour autant, le goût, la saveur et la vivacité était dans ce saint-graal. Pas de renoncement à l’énergie ! Et pour la réussite de la soirée, tous les ingrédients étaient là, notamment un public sans doute déjà conquis.. et pour autant chaleureux ! Un ou deux animateurs qui crient de manière supportable, des claps pendant quelques chansons (pas facile de le faire sur du Murat, c’est le problème)… et même le chanteur qui finit par nous proposer de soutenir nos choristes sur les « ouh ouh ouh » de Hold up (cf mon dernier compte-rendu).
Finalement, non, ce n’était pas aqueux ce qu’on nous a délivré, de la force d’une bonne goutte, avec la part des anges qui était encore dans l’air.
A part ça, il n’a bien sur pas chanté Dordogne, l’eau de la rivière, Le pont Mirabeau, Morte fontaine… mais ça, on s’en doutait.
Allez, fini les jeux d’m’eau, c’est le moment de reprendre mon compte-rendu classique au fil de l’eau.
Du coup, je vous passe les détails « en amont », la traversée de l’isère et les travaux grenoblois ! J’étais en retard et la première partie avait débuté quand j’arrivais… et je n’ai pas voulu en « profiter », d’autant plus que ça envoyait semble-t-il : autant avoir les oreilles nettes pour JL.
Une fois n’est pas coutume, c’est Isa qui gardait ma place. Excentrée, par rapport au chanteur (à une quinzaine de mètres) et aussi par rapport aux baffes, j’ai eu un peu peur aux premières notes d’être laissé sur le côté… mais ça n’a pas duré longtemps. A Villefontaine, j’avais indiqué que j’ai trouvé désagréable d’avoir le visage de Murat souvent dans l’ombre, ce jeudi, pas de soucis : le profil était en pleine lumière. Les 3 colonnes supportant des projecteurs en fond de scène ont disparu au profit de petites barres (déjà vues sur une tournée précédente)… Ceci explique peut-être cela mais je pense que c’est surtout plus facile à transporter pour une équipe réduite se contentant d’une camionnette.
« Merci »… et c’est parti… Bonne intro d’un peu plus d’une minute trente, et j’entends une guitare pour une fois presque « acoustique », avec la voix qui prend sa place. Kids, « i’ve got a message for you »… Sur la fin, on a tout de même une belle partie de guitare, nerveuse et funky. 4 minutes 30 pour une entrée réussie.
« merccii »
Batterie, tam tam un rien amérindien, rythme ! Ah, tiens, c’est vrai qu’il est question de Géronimo dans GAZOLINE… le Rollin, rollin… et toujours ce rythme (bien plus tendu que la version « innamorato »… et qui accélère… « ooouuuh » ! Une belle énergie, mais toujours avec un son de guitare sobre (autant que puisse l’être la 12 cordes), qui laisse la section rythmique faire son job, tempo, tonalité, tructure, pas besoin de plus, et l’interprète qui va avec… On retrouve des intonations du jeune Bergheaud/Murat (78/82), mais sans excès, il maîtrise. 5 minutes.
« merci... merci ».
Voilà « les voyageurs perdus ». Il a pris l’harmonica… ouh… ça s’est bon. Chant au bout d’une minute quinze sur un rythme doux, avec la voix toujours bien en avant. Je réclamais de « la chanson » oui, laissons la chance à la chanson, et là, elle est bien là… Petit break toujours avec l’harmonica… « couplet » et ça repart pour finir sur un dernier petit pont pour laisser filer l’eau claire… Simple et efficace, comme une chanson de « Tristan » ou de « Vénus »… D’ailleurs, un moment donné, j’ai l’impression de le voir, tenant son micro, comme au coeur de « Mlle Personne ».
On repart sur un tempo de batterie plus soutenu, mais doux, la guitare l’affiche ainsi aussi. « lot et garonne ». Pas de longues intros rock ce soir! J’aime pourtant assez ça mais on s’en passe très bien. « hi han, oui han» (je garderai cet air dans la tête durant deux jours). Le public tente quelques claps sur l’envolée finale… après qu’un spectateur ait exprimé sa joie. C’est court : 4 minutes… mais on est à l’essentiel, et on a des beaux ornements tout de même.
« merci beaucoup ».
Et voilà « over and over ». Tout cela est chanté de manière assez semblable à Villefontaine, mais la guitare est bien différente, et le son de Villefontaine ne correspondait pas forcement au mieux à cette ballade sucrée. La pureté n’est pas forcement ce qu’il y a de mieux dans beaucoup de domaine, mais ce soir, je l’apprécie. Sans traficotage. Ça se traduit aussi en terme de durée : c’est court, mais précis.
Chac chac chac… Je lance les clacs sur l’intro de « Autant en faire quelque chose » débutée par la section rythmique de rêve, une trentaine de secondes avant que la guitare toujours « acoustique » de Jean-Louis livre une belle partie. Au bout d’une grosse minute, le chant débute. « autant en faire quelque chose, autant en faire quelque chose, plutôt que rien plutôt que rien plutôt que rien» sur le deuxième refrain… « ouuhhh », super bon ! La voix est bien avant. Le public y va aussi de ses claps et de quelques « ouhh »… Fantastique. Même pas 5 minutes non plus cette chanson, mais voilà, on n’en demande pas plus, c’est parfait.
« Merci beaucoup »
Là, ça débute juste à la guitare « sèche »… puis quand le rythme arrive, Murat y ajoute quelques notes de sifflet… C’est « achtung ». Beaucoup de place à la ligne de basse. Une bonne partie de la chanson est plutôt calme, et Murat se livre à diverses variations de chant soutenu par quelques chœurs, puis il y a encore une grande envolée, avec un vrai plaisir à entendre ce son de guitare-là, même quand Jean-Louis accélère au maximum le mouvement des mains comme dans ce final. Une réussite qui a été poussée sur 6 minutes cette fois.
« merci ».
Petite pause… un « ça va ? » monte du public… mais Jean-Louis est tourné vers ses musiciens.
Stéphane commence puis s’interrompt. « il faut qu’ils se mettent d’accord » « Quand vous voulez les gars... »
Quelques secondes encore… Murat rajoute quelques mots que je n’entends pas, et quand les deux musiciens se lancent enfin, il y va d’un « ahhh ! »…
Murat a profité de la pause pour appuyer sur les pédales de sa guitare. Et c’est bien venu, ça apporte un petit changement. On retrouve donc une guitare plus électrique dans une longue intro jazzy (2 minutes), « ciné vox ». C’est assez proche de la version de la semaine dernière, et on n’a pas s’en plaindre.
« Merci beaucoup. Bon, à vous les gars! Et si vous voulez les aider, vous pouvez, allez-y... »… Ca sera donc « Hold up »… et les « ouh ouh ouh » des deux acolytes. Les claps débutent… je n’entends pas si d’autres à part moi, reprennent les chœurs… mais ça s’agite bien.
« Merci, merci beaucoup»
Et on enchaîne rapidement sur « Tel est pris »… La version est moins endiablée qu’à Valence, mais tout de même jouée un peu plus rapide que la version studio. La guitare est restée sur le mode « ronflante »… Les breaks musicaux sont une réussite, dont un avec harmonica, et le final où Murat le remplace par sa voix et un léger scat voyellisé.
"Ca commence à faire beaucoup, il serait temps de vous présenter mes camarades, Stéphane à la batterie… Fred à la basse"
Après quelques notes de guitare, la remarque "classique" :
« Y en a un de Genève, l’autre de Thonon alors… On est entouré d’helvètes… Ah, bein, tiens une chanson d’helvètes ».
Ça sera donc « il neige ». Pour l’intro, la guitare est toujours bien amplifiée, mais pas avec la saturation de Valence et Villefontaine, puis elle se fait plus claire. Là, pour le coup, sur cette chanson atmosphérique, la guitare saturait participait à l’ambiancer de manière inquiétante. Ici, la voix est en avant, et l’interprète est à l’honneur… Et il s’en sort bien. Le public applaudit chaleureusement.
Et on est parti sur le voodoo… La guitare est revenue à un son acoustique. Pas de camouflage sur le texte qui en est plein. Comme à Villefontaine, le morceau ralentit, ralentit… puis repart sur des accélérations. Là, le morceau s’installe bien sur 7 minutes, et le final est très réussi.
C’est les salut… « Stéphane !!! » que JL refait applaudir.
Le public crie… même s’il ne s’est pas mis debout…. J’essaye de lancer le mouvement… On n’attend pas trop longtemps… et les voilà de retour.
Et vlan… ouh, sur les chapeaux de roue, avec une guitare qui a pris la vitamine funky et de la saturation, « french lynx », avec des claps du public (très désorganisés…). Petite intro nerveuse, avec un joli solo. « est-ce que tu connais le lynx, est-ce que tu connais ? »… Je ne sais pas si d’autres personnes reprennent le refrain… mais moi oui, Murat semble nous y inciter. Le public est conquis. Rien à voir avec le public d’abonnés de la semaine dernière.
Et voilà un son lourd de guitare qui reprend la mélodie de « Je me souviens ». Il est rejoint par les camarades… sur une longue intro, et pour le coup, j’ai l’impression d’entendre « like a hurricane »… ou presque. Je me plaignais la semaine dernière que Murat semblait viser cela sans atteindre l’objectif… là, c’est totalement rempli. Après une première partie d’intro très guitare, une petite rupture où j’en profite pour lancer des applaudissements, et Murat a pris son harmonica… et repart sur une 2e partie d’intro… 3 minutes et le chant se lance, toujours sur le même rythme… et l’harmonica reste présent tout du long. J’en ai vraiment des frissons, et une vraie émotion… avant d’être un peu sorti de la chanson par deux « cons »… qui discutent debout de l’autre côté de la travée. Isa et moi les regardons méchamment. Après 8 minutes,
« merci bonsoir, merci bonsoir, Stéphane à la batterie, Fred, merci d’être venu (en chantant)... »
Et JL repart sur la chanson sous les applaudissements pour une petit temps additionnel d'une minute.
« on vous embrasse, bonsoir, bonne nuit, mercciiiiiiii » sur les notes finales.
1h26… Le public applaudit fort… mais la lumière revient. Je découvrirai cette durée après, car, perso, je n’ai pas conscience du temps qui s’est déroulé...et j’ai eu ma dose, même si bien-sûr, j’aurais bien pris une version du jaguar ou un inédit dans les oreilles.
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J'essaye toujours d'être mesuré dans mes propos, et surtout de ne pas porter un jugement définitif: je donne juste des impressions, des souvenirs, parfois cristallisés, et je ne suis pas sûr toujours d'être d'accord avec moi, d'autant que je n'ai aucune qualification musicale. Je ne sais pas toujours pourquoi j'apprécie plus ou parfois moins un concert, et je pense que c'est aussi lié à des contextes personnels, cerveau disponible, fatigue (et pour ce soir, c'était pas gagné du tout de ce côté là), aussi à l'ambiance de la salle (quelles bonnes ondes à Fontaine!). J'écoute aussi à droite ou à gauche ce qui s'exprime pour le rapporter. Et à Grenoble, les avis étaient pour une fois assez unanimes. Encore quelques personnes pour se plaindre du son et de la voix pas assez en avant de Jean-Louis, mais je ne trouve pas cela justifié du tout ce soir. La prestation était rock, la guitare 12 cordes prend une place importante, mais on percevait très bien la voix et les mots... C'est toujours le fidèle Fifi qui est présent à la console et applique les consignes du chef. Ce que l'on entend, c'est ce que veut Murat, son choix. A Villefontaine, il l'avait joué Rythm and blues, allant dans des registres délicats pour lui. A Fontaine, il a joué "à domicile", dans la zone qu'il maîtrise... autant que faire ce peut. Car il faut quand même souligner qu'il s'est mis aussi un peu danger sur cette tournée avec cette guitare 12 cordes, pas si tout terrain que sa telecaster... Et ce soir, j'ai eu l'impression qu'il en a vraiment utilisé toutes les possibilités, sans pour autant que ça passe devant l'interprète. En tout cas, un de mes meilleurs concerts de Murat depuis un petit moment...
LE LIEN EN PLUS
Stéphane DUCHENE et son petit article rituel quand Murat est grenoblois (avant le concert):