Jean-Louis Murat, un soir à Villeurbanne (Rhône-AuRA). photo : Fabrice Buffart
C'était une vieille idée de Jean-Philippe Fayet des Dory4 dont il m'avait parlé un soir de concert de Murat. L'auteur de "la complainte du bougnat" (qui figure sur leur dernier disque) avait lui-même organisé une magnifique soirée hommage au Voyage de Noz sur Lyon. La petite idée derrière la tête m'est toujours restée, et je l'avais évoqué du coup, à droite, à gauche, surtout devant un comptoir, constituant une petite liste de camarades lyonnais ou environnants pour le faire... dont Mathis, devenu Stan Mathis, découvert à l'occasion d'une reprise de Murat, (mince, déjà 10 ans) et interviewé ensuite (avec Antonin Lasseur) et lors d'une rencontre au sommet à Lyon. Matthieu Guillaumond était présent lors de cette dernière rencontre et il nous avait dit : Dans une émission de Taddéi, à la question "qu’est-ce qui marque l’époque?", un invité a répondu « le making of ». C'est vrai que dans tous les domaines, il faut présenter le « making of » de ce qu’on fait.
Alors, soyons dans notre époque... et poursuivons:
Étant qu'un cul terreux coincé devant mon écran, cette petite idée aura beau me suivre, ça aurait pu en rester là... Mais Stan Mathis, à peine sorti du projet "PLACE HUBERT MOUNIER" (un beau CD avec Kent, Carmen Maria.... et une soirée magnifique dans un transbordeur plein comme un oeuf, organisé avec sa structure Stardust), m'a contacté.
- Alors, le Murat, on le fait? Je suis bouillant!".
-Euh... disons... euh, enfin... tu crois que Murat, ça va être aussi porteur qu'Hubert, qui a tant marqué les lyonnais?
- Je te dis, je suis prêt à prendre le risque! Tant pis si le label Stardust y perd un peu...
Devant tant de motivations, quoi répondre... et là, je dis le truc qui me passe par la tête... comme quand j'écris un article quoi, une truc sans réfléchir...
- Et si on donnait au projet une ampleur régionale, ancrée, ça pourrait être... "AuRA aime Murat!", Murat a chanté tous les coins de la Région! On l'aime car ses montagnes, ses terres, c'est aussi celles de l'Ardèche, de la Drôme, la neige de la Haute-Savoie, un train qui passe entre Lyon et Genève, même Montluçon, des petites ruisseaux jusqu'à nos deux grandes rivières ("une pluie d'automne sur les hommes comme Rhône à la Saône tu te mêles à moi")... et on le ferait chanter par des artistes eux aussi "de quelque part"...
- Génial!...
- Et... on pourrait avoir un ou deux parrains iconiques... et... et... LA MACHINE à IDEES était lancée...
Et voilà comment tu te retrouves embringué dans un truc... tout-à-fait excitant... et de plus en plus motivant au fur et à mesure que l'on décroche les premiers accords... Et des noms assez enthousiasmants (ayant fait l'objet de pluies d'étoiles ou de ƒƒƒ, dans Télérama, les Inrocks, pour certains encore récemment... Vous trouvez?). Certains, on les Aur-A parfois retrouvé sur le blog durant ces onze années... mais aussi des nouveaux camarades, dont certains ne maîtrisant pas forcement l’œuvre de Jean-Louis Murat (mais il faut être un véritable acharné pour ça!), tous des artistes musiciens auteurs interprètes qui nous promettent des belles propositions artistiques et qu'on espère fidèles à leurs univers. Et c'est cela rendre hommage à une œuvre de chansons, permettre à celles-ci d'exister en dehors de leur auteur, crier haut et fort comme elles sont vivantes, après 10, 20 et 30 ans. Alors, en fait, j'entends déjà les critiques en lèse majesté (le premier commentaire, sur facebook a été pour dire "ce n'est pas une bonne idée!!), mais je les espère! Murat, c'est aussi la polémique, être désarçonné... J'ai en mémoire ce que disaient certains de "Route manset" (par Bayon) mais il a été pour moi un disque important dans la découverte de ce dernier. Jean-Louis Murat a contribué à ce projet avec "rentrez dans le rêve", et il a livré tant d'adaptations magnifiques, montrant ainsi son amour de la musique et des musiciens (de Cohen, Dylan à Celentano, et tant d'autres), qu' on peut se permettre de le reprendre à notre tour... d'autant qu'il rechigne lui à regarder dans le rétroviseur. Sachez ainsi qu'il a été informé du projet et n'a pas mis de veto.
Alors, parfois on m'a dit, "drôle d'idées, il n'est pas mort?"... NON, IL NE L'EST PAS! IL VA TRÈS VITE NOUS REVENIR -et ça sera une vraie nouvelle aventure!!-. Le premier hommage à un artiste vivant est de lui acheter ses disques et d'aller aux concerts, mais on voulait lui dire qu'on l'aimait alors qu'il est encore là pour l'entendre et participer à diffuser sa musique, un tribute peut contribuer à le faire entendre par un nouveau public.
IL FAUT AIMER LES ARTISTES VIVANT... et Au-RA aime Murat!
La liste des participants vous sera dévoilée demain lundi à 18h... mais sachez que nous pourrons compter sur des parrains venus d'un peu plus loin... Et nous vous donnerons un autre rendez-vous mardi à la même heure.
Mais pour que tout cela existe, on compte sur vous!
NB: Nous avons convenu que www.surjeanlouismurat.com participait à titre amical au projet. Même si j'y suis suis étroitement associé à ce stade dans les choix artistiques, afin de vous proposer amis muratiens, un bel objet à l'écoute et à regarder, c'est l'association lyonnaise Stardust (agence artistique) qui porte le projet. Cette première étape s'est fait sur un rythme rapide, en un mois, sans pouvoir lancer un appel à contributions et une sélection très organisée (mes excuses aux oubliés éventuels).
Dans un deuxième temps, on espère vous proposer un concert, avec des artistes du disque et sans doute d'autres, et c'est bien sûr un rêve pour moi que cela puisse être un petit "koloko"... ou du moins une "belle convention"des muratiens, à Lyon ou/et à Clermont... Et on espère qu'en fin 2021 et 2022, vous aurez tous à cœur de reprendre la vie là où on l'avait laissée en 2020.
RENDEZ-VOUS DEMAIN à 18 heures pour les participants
1) L'autre jour, je fais un petit post facebook sans nommer et taguer Olivier Adam (il me semble)... Juste pour me rappeler ce beau cadeau de cette dédicace:
ça fait combien de livres qu'il m'oublie depuis? ;.)
Et M. ADAM... a commenté et m'a adressé son livre!! Oui, je me la ramène je sais, mais votre amour m'est très nettement insuffisant par moment, surtout qu'il est bien médiocre, je ne suis au mieux qu'une maitresse à qui on accorde quelques minutes sur un smartphone en cachette... et inutile d'aller me chanter : ne joue pas au jeu de l'amant le plus vaniteux... enfin passons. Et vous savez quoi, il y était de nouveau question de Jean-Louis Murat... Oui, encore (dans les quelques feuilletons disponibles sur ma plateforme, ceux qui ont le plus de "saisons" sont "Games of thrones de la pop : Dominique A/Jean-Louis Murat" et "la famille ADAM" sans aucun doute)... Voici en replay:
Le livre débute par du Murat sur "ça, c'est fait, babe"... Il est donc question de séparation... mais ça va bien au delà d'un divorce.
Pour la saison 2021, globalement, j'ai trouvé qu'on restait bien dans l'univers d'Olivier, la mer, la Bretagne, l'exploration de l'univers familial, le héros qui est loin d'en être un (après l'incompréhension, il se rend compte et nous aussi des raisons de la séparation), et sa passion pour le Japon... qui pourtant est sévèrement égratigné, en mettant en scène en bonne partie ce que Carlos Ghosn a reproché à la justice de ce pays. Mais ce n'est peut-être pas essentiel... même si comme dans tout bon mélo, différentes cordes sont tirées pour que le drame se noue. Injustice judiciaire et injustice de la vie. Si fortes. Et c'est sans doute l'histoire qui m'a le plus touché dans l'oeuvre d'Adam, aussi parce qu'il est question de mariage mixte, de la fragilité de l'amour, et d'enfants, et qu'Olivier Adam ajoute une autre histoire de disparition à la principale (et même une 3e): un fils qui choisit de rompre avec ses parents bourgeois pour rejoindre l'ultragauche. C'est peut-être un peu casse-gueule dans le roman, mais là, encore, j'ai été ému par ce que cela m'évoquait. (J'hésite à le formuler, mais j'ai pensé à Matthieu et à sa maman- amitiés).
Pour en revenir à l'histoire principal même si on devine le dernier coup de poignard à l'intitulé du chapitre, celui-ci fait tout de même son effet, et ce "tout peut s'oublier" est un renoncement absolument terrifiant.
- On en revient à des choses plus légères et l'humour?
Le nom de Jean-Louis Murat est également cité dans le livre entre les Tindersticks et Etienne Daho.
Mais c'est Dominique A qui prend le dessus, cité deux autres fois: "au revoir mon amour, peut-être un autre jour, peut-être une autre année, aurait chanté Dominique A" et également "Ah, comment certains vivent, aurait chanté Dominique A. si de nouveau nous l'avions convoqué pour commenter - mais sans doute préférerait-il qu'on le laisse tranquille". Et nous aussi, car le name dropping occupe par endroits beaucoup de place... et en plus si c'est pour citer du Etienne Daho, franchement!: "il n'est pas de hasard. Il est des rendez-vous. Pas de coïncidence"-p.65 (je rigole). Enfin, on retrouve Daniel Balavoine... avec bien sûr "mon fils, ma bataille" (utilisé comme une expression idiomatique), et "Il était comme Daniel Balavoine. La vie ne lui apprenait rien".
Sachez que j'ai ri de la pique : le personnage principal étant programmateur d'un ciné "un Ken Loach, le nouveau James Gray et un truc avec Luchini parce qu'il fallait bien contenter les retraités", et comme en écho avec les chroniques familiales qu'il écrit: "Il écouta tout de même son père lui vanter les mérites d'une énième comédie avec Franck Dubosc, ou Kad Merad, d'un quelconque film de réunion de famille ou s'ébattaient Jean-Paul Rouve ou Guillaume de Tonquédec, et d'une daube de Nicolas Bedos..." ( Kad a bien-sûr joué dans "je vais bien, ne t'en fais pas", adaptation d'un livre d'Olivier....)
à 9'08: il est question de Murat : Adam "C'est fondateur"... "le manteau de pluie du singe même m'a conduit à lire de la poésie japonaise". Juste avant, il parle de Dominique A influence stylistique majeur pour lui. La séquence sur Murat à écouter :
Olivier Adam, tout s'oublier, flammarion, 20 euros.
Un grand merci à lui.
2) Et dans la série "ah quoi tu en es rendu mon fils", j'ai dû acheter un livre sur Johnny Hallyday!! Oui, je sais... Il va vite aller dans le placard "archives Murat". Normalement, j'aurais volé une petite photo au Cultura du coin, mais quand l'auteur est un bienfaiteur du blog... ça ne se fait pas... même si au passage, je l'ai grondé! En effet, Baptiste VIGNOL qui s'est sans doute plus volontiers consacré à son "Alain Delon, le dernier guépard" (sublime selon la presse unanime), a commis une boulette... que je ne pouvais pas laisser passer après mes deux articles précédents autour d'"a bird on a poire".
Le livre recense les chansons dans lesquelles Johnny est évoqué... et c'est effectivement assez surprenant de voir le nombre de titres... à commencer par la première: Ferré dès 1961.
Et naturellement, Jean-Louis Figure avec Mashpotétisés.
Vous avez vu la coquille?
Je vous laisse quelques instants pour y réfléchir. Aurait-il fallu citer également d'autres titres de Murat où figure le prénom "Johnny"? Jean-Louis répond:
Non johnny c’est moi ! Dans plusieurs de mes chansons je m’appelle Johnny. J’ai pris cette habitude depuis mes débuts, surtout lorsque je mets des paroles en anglais. Ce Johnny est un mec raté qui n’a pas eu de bol comme Johnny Hallyday qui aurait du naître à Nashville, mais a vu le jour à Montmartre, il chante Johnny B. Good mais ça fait rigoler tout le monde … Il a un côté un peu dérisoire, mais ce n’est pas Johnny Hallyday ».
Murat refuse sans doute que ce prénom soit privatisé par un SMET, ces références à lui étant sans doute Johnny Guitare, et Johnny Frenchman (deux titres de film), mais dans "le tremplin", il cite tout de même Les portes du pénitencier à quelques vers de Johnny...
Le fait est Johnny welcome home Johnny welcome
Oh les jours de neige de neige au Veillis Quelques bonnes longueurs de ficelle au cas où En bas claquent Les Portes du Pénitencier Mais bon dieu bon dieu elle va pas tout gâcher
Un peu à l'ombre (dans "la chronique muratienne"), d'un certain Dickon Hinchliffe, plus connu des critiques rock (par son travail avec les Tindersticks et crédité dans Lilith et Mockba), on ne l'avait guère mentionnée pour l'instant. Et pourtant, elle figure comme arrangeuse cordes de plusieurs titres d'A bird on a poire et de Mockba (7 titres) et son travail y illumine la production muratienne. Même si elle se consacre surtout maintenant à la musique de films et théâtre ("Guillaume et les garçons, à table"...), elle a un CV long comme le bras dans la pop... De Noir Désir (one trip/one noise), Aubert, à Stomy Bugsy, Diams ou Passi, en passant par Pagny et Zazi, ou Era, elle s'est mise au service de toutes les musiques et de leurs messages, ou quand il s'agit de théâtre ou de films, avec l'intime conviction que sa musique était vecteur du message. A un moment où il est question d'activité non-essentielle, ce discours m'a touché. C'est une belle rencontre, émouvante, sensible, avec une personne humble, qui n'est pas tournée vers le passé: elle ne réécoute jamais ce qu'elle a a fait - l'arrangeuse ne m'a donc pas donc arrangé pour l'interview mais on a composé avec!-. Au bout du compte, j'ai peut-être réussi à lui donner envie de le faire... Je lui réserve une petite surprise de deux témoignages en fin d'article (l'un d'entre eux est porteur d'une belle annonce pour les clermontois, pour Didier Varrod et les amateurs de chansons tout simplement...).
Mais pour vous rafraîchir la mémoire, presto commençons par écouter du Bergheaud/Serero/oiseaux (alla fine), avec ce contraste entre une guitare très résonnante et métallique et les cordes douces du violon…
- Encore une fois merci de m’accorder un peu de temps.
M.J. SERERO :Ça me fait très plaisir de revenir là dessus, mais je ne savais pas que c’était en 2004. Cela fait si longtemps … 2004 vous m’avez dit, c’est fou. [2004; sortie du disque, peut-être même 2003 pour l'enregistrement]
-Alors je ne demande pas de vous présenter, et je débute donc directement sur votre intervention dans « a bird on a poire ». C’est a priori Marie Audigier qui vous propose. Est-ce que vous la connaissiez bien ? Vous aviez déjà travaillé avec elle ?
M.J. SERERO : Oui, je pense. J’avais déjà fait des albums avec elle avant même qu’elle aille chez Naïve peut-être. Je faisais beaucoup d’arrangements à l’époque. On s’entendait bien.
[NDLR: Nous avions eu un premier échange la veille par téléphone, et je lui ai donné des nouvelles de Marie au Congo, de Jean-Louis Murat. Elle me demande s'il lira ses propos, elle l'espère. J'en profite pour signaler que Marie Audigier était très fière cette semaine d'annoncer qu'elle était nommée Chevalier dans l'ordre national du mérite. Félicitations à elle. Jean-Louis est lui chevalier des arts et lettres]
- J’ai vu que vous aviez notamment travaillé pour elle avec Marie-Jo Therio qui était une de ses protégés… C’était sans doute à ce moment-là, l’album sort en 2005.
M.J. SERERO : Oui, Marie-Jo… mais c’est loin.
- Comment s’est fait la rencontre avec Murat ?
M.J. SERERO : Je pense que Marie a dû donner mon numéro de téléphone à Murat, il m’appelle et me demande de passer au studio dans lequel il travaillait. J’étais bien sûr très contente et je réponds favorablement. Je travaillais beaucoup et comme il me disait qu’il était en studio toute la journée, j’ai dû passer deux ou trois heures après. Je n’y suis pas allé dans le quart d’heure qui suivait. Et je crois que je l’appelle, je m’en souviens maintenant, et l’accueil a été un peu...glacial. Il me dit comment ça se fait d’être aussi en retard. Bon, on avait dû mal se comprendre, mais ça a commencé comme ça et j’y suis allée mais en étant un peu raidie, un peu embêtée… alors que je m’en faisais une joie. Et bon, quand j’ai pu écouter les titres, on a parlé, la communication a été tellement formidable, douce et fluide, sans heurts, on s’est détendu et on a compris qu’on était tous les deux des êtres fragiles, tout débordant d’envie de faire de la musique. Donc, je pense qu’on était un peu gêné de tout ça… Enfin, voilà, c’était pas banal comme rencontre. Ça a démarré un peu comme ça de façon un peu intense, comme ça pour rien.
- Est-ce que vous avez travaillé sur des bandes démos ou à partir du matériel enregistré ? Murat a l’habitude de dire qu’il travaille beaucoup avant le studio. Est-ce qu’on vous donne des consignes particulières ?
M.J. SERERO : Oui, je pense, pas forcement, pas les voix encore, ou juste les textes sur les guitares… mais non, je ne me souviens pas très bien. Mais il avait à cœur de me montrer l’univers. Et puis, j’entendais, ressentais la fragilité de son univers et ça me parlait énormément. Et Frederic était là, je parlais avec lui de façon plus technique, plus concrète, et avec Jean-Louis c’était complètement dans la poésie de ce que véhiculait ses textes et son univers. Ça se passait de mots et c’est ça qui me plaisait. Et après, ils sont venus dans mon appartement tous les deux, Jean-Louis est arrivé avec un immense bouquet de fleurs, c’était tellement gentil, tellement incroyable. Et puis, j’étais au piano, j’avais un tout petit bureau à l’époque avec mon synthé, un ordinateur. Je leur ai joué ce que j’avais imaginé, les arrangements au synthé, les cordes. J’ai senti qu’ils étaient heureux. Et moi aussi forcement. Ça s’est passé très vite. C’était une évidence.
- Vous vous rappelez combien de temps vous y avez travaillé ?
M.J. SERERO : Je mets très peu de temps, je vais très vite… Enfin, je vais très vite ou… c’est que ça ne fonctionne pas. Mais quand je dis oui, c’est que je sais que ça peut faire. D’un autre côté, je dis que je travaille vite, mais il y a tellement d’années de «travail», d’écoutes et d’univers dans la tête avant. Et avoir fait le conservatoire, on analyse vite. Après, c’est simplement se câbler sur l’essentiel: ce qui ne se comprend pas théoriquement, mais sur le plan du sensible et c’est ça qui me fait le plus plaisir, et qui m’a fait plaisir chez Jean-Louis et Frederic, c’est que cette chose-là a marché. Techniquement, je savais que je pouvais faire les choses, mais ce n’est pas là où on m’attend.
Pause musicale: A bird on a poire, les cordes arrivent tout en douceur à partir du trentaine de secondes, pour accompagner la guitare (on a du mal à imaginer que ce n'est pas celle de Jean-Louis, bravo Fred) et finissent par entourer les amoureux de toute leur douceur. L'amour du matin m'évoque forcement cette grande chanson d'un autre suisse: Prière du matin avec des cordes elles aussi magnifiques.
- Et est-ce qu’on vous donne un budget qui vous permet de dire : j’écris pour trois, quatre, huit… violons, un orchestre… ?
M.J. SERERO : Je pense que pour cet album, on avait 10 cordes, ce qui était quand même beaucoup déjà. [8 violons et alto], mais je n’ai jamais eu besoin de beaucoup de monde. J’ai toujours pensé qu’un petit bateau va plus vite. Ce qui compte, c’est d’écrire, et même si j’écris pour 45 musiciens, ou qu’on est peu, ça n’a pas d’importance. Je n’ai pas la folie du grandeur par rapport à tous ça.
- Mais là, donc, si vous avez 8 musiciens, c’est qu’avant, on vous a dit : vous avez tel budget ?
M.J. SERERO : Oui, à l’époque, il y avait du budget*, mais si on m’avait dit qu’il n’y a que 4 musiciens, j’aurais écrit exactement la même chose…
*""un demi-budget" disait Fred, financé par JL en partie, mais avec la volonté donc d'en faire un maximum. Ça fait donc de ce disque le premier que Murat autofinance (même si juridiquement ce n'était pas une "licence", comme c'est le cas désormais.
- Est-ce qu’il y a quand même une question de puissance, de force qui nécessite un certain nombre de cordes? Vous avez arrangé plutôt des morceaux lents, est-ce que des chansons avec plus de tempo, nécessiteraient plus de musiciens peut être ?
M.J. SERERO : Non, peut-être que ça aurait nécessité d’avoir moins de monde pour plus de précisions. Plus on est nombreux, plus on peut écrire des choses romantiques, plus on a besoin de rondeurs dans le son, mais si c’est des choses plus pop, plus rythmiques ou plus sèches, moins on est, mieux on se porte. Avec des bons rythmiciens, des petites sessions, plus serré, c’est mieux.
- Sur mockba, vous avez juste un quatuor alors que l’autre arrangeur a 14 musiciens…
M.J. SERERO : Oui, ça dépend des titres.
- Mais lui a des chansons plus rythmées.
M.J. SERERO : Ça dépend. On peut aussi avoir beaucoup de musiciens et n’en faire jouer que la moitié. C’est un luxe qui est parfois nécessaire, mais qui parfois ne sert pas la musique. Donc c’est titre par titre qu’il faut imaginer. Parfois, il y a une écriture avec des cordes divisées où il faut 8 notes par accord et d’autres où il faut juste une note avec des unissons auquel cas il vaut mieux que quelques instruments. Vraiment, ça dépend. Quand il s’agit de ne faire qu’un raie de lumière très aigu on peut faire jouer à plusieurs V1 ou plusieurs V2...V1, V2, même s’il y avait une dizaine, une douzaine ou 14 musiciens pour faire une ligne, ça peut être intéressant. Parfois, c’est juste un solo, parfois un duo, parfois c’est un quatuor. Ça c’est vraiment l’étude de l’orchestration qui permet d’affiner le discours en fonction des titres, de ce qu’on a écrire. On m’a souvent demandé : c’est quoi ton effectif ? Et bien, ça dépend de ce qu’on a à écrire. Mais je n’ai pas d’effectif type. C’est juste ce qu’on apprend à l’orchestration. Ce n’est pas les musiciens qui font la musique, c’est la musique qui implique un nombre de musiciens. Que ce soit pour Jean-louis, ou pour toutes les musiques qu’on peut faire. Et moins il y a de musiciens, plus c’est dure. Parce que quand il y a beaucoup de musiciens, c’est plus facile de faire sonner qu’un petit ensemble où tout voix compte, doit être à nue.
- Excusez en tout cas mes questions très candides, je ne suis pas du tout musicien.
M.J. SERERO : Non, non, au contraire, c’est moi, peut-être que je suis trop technique, mais je suis professeur vous savez, et j’adore ce métier, et j’adore expliquer, et m’expliquer à moi-même comment les choses se font, parce que je les étudie et j’enseigne l’orchestration, donc tout ça me passionne.
- Oui, très bien, d’ailleurs, n’ayez pas peur d’aller les choses techniques pour les passionnés comme vous, même si ça sera du chinois pour moi !
M.J. SERERO : Oui, mais après ce qu’il faut retenir de ça, c’est qu’il n’y a pas de règles. C’est la musique qui implique un effectif et pas l’inverse.
- Donc pour poursuivre sur mes questions candides, je me demande parfois en écoutant certains titres si les cordes sont faits par ordinateur et synthés ou s’il y a des vrais instruments, est-ce qu’on peut s’y tromper ?
M.J. SERERO : Oui, oui, on peut s’y tromper, d’autant qu’à notre époque, en fait, on fusionne les deux. Il n’est pas rare d’avoir la maquette mélangée à des vrais cordes. On met les cordes un peu plus au dessus de façon à humaniser le son qui pourrait être un petit peu droit, et puis certains maquettent tellement bien que parfois, c’est même mieux… mais très souvent, notamment dans les musiques de film, on fusionne les deux. Et puis, il y a des musiques où le fait d’avoir un vrai son n’est pas intéressant parce que ça apporte quelque chose d’humain qui n’est pas nécessaire, c’est au contraire une musique qui nécessite une distance et un son très droit, un peu sans vie, un son blanc, un son plat et donc des cordes en skaï sont presque mieux que des cordes vivantes. Ça dépend des propos.
- C’est bien que ce ne soit pas qu’une question de budget...et on aura toujours besoin de vrais musiciens.
M.J. SERERO : Oh, oui, j’espère, j’espère et évidemment, mais je pense qu’on peut arriver aujourd’hui à mêler les deux. L’un n’empêche pas l’autre. L’un peut arranger l’autre. Avoir des fausses cordes permet d’apporter de la rondeur, comme un fond synthétique un peu large et le fait de rajouter devant des cordes avec des gens qui jouent, avec leur sensibilité, le timbre, le vibrato, le fait de mélanger les deux, ça peut être très intéressant. D’ailleurs, ce n’est pas que ça peut être intéressant, c’est ce qui se passe.
-Vous écrivez vous même avec un synthé et un ordinateur ?
M.J. SERERO : Oui, oui… enfin, j’écris avec le crayon, mais je maquette beaucoup aussi. Je fais les deux. En fait, je maquette avant de faire écouter au réalisateur, au producteur, et une fois qu’il valide, je peux faire jouer puisque tout est écrit, et je peux aussi me servir de la maquette en complément. Ça dépend des projets.
- Les sessions étaient au studio davout aujourd’hui disparu. Est-ce que c’était un studio particulier ?
M.J. SERERO : Oh oui ! Oh oui ! C’était absolument extraordinaire, d’abord, parce qu’il y avait DES studios, y avait du bois, il y avait du marbre, ça dépendait des endroits, il y avait celui du haut qui était un peu marbré et brillant, où tout était, oui, très brillant et une acoustique très vive, qui réagissait comme ça, très vite, et celui du bas qui était en bois, très grand, très spacieux,donc pour des musiques plus larges où on pouvait écarter les musiciens ou au contraire les resserrer. C’était passionnant. Il y régnait une atmosphère…
- Je crois que Michel Legrand l’aimait beaucoup..
M.J. SERERO : Oh oui… On était toujours là-bas. IL y avait Olivier Kowalski qui administrait et Marc Prada qui était là, et on sentait beaucoup d’amour. Ils nous entouraient du plus vif intérêt, comme s’ils se faisaient un point d’honneur que tout marche bien pour nous, que les projets soient bien amenés à bon port. C’est rare de sentir ça. Ce n’était pas simplement un studio où on passe et on s’en va, il y avait toute une vie, on y mangeait, on prenait du thé, on s’installait, on discutait, on vibrait, on avait le trac, oui, je me souviens, il se passait beaucoup de choses. C’était tellement intense. C’était une époque. Je pense qu’on était conscient de l’importance de créer, de faire, d’être heureux dans ces moments-là et on l’était vraiment. Je dis ça au passé, ça ne veut pas dire que c’est fini mais aujourd’hui il y a le covid, ça ralentit les choses… Et puis après il y a eu beaucoup de choses, avec graines de star, Star academy où tout d’un coup, on crée un produit, on fait sortir des gens qui vont durer un an, deux ans… et Jean-Louis c’était quelqu’un qui « était là » pour toujours et qui avait encore pleins de choses à dire. Il y a les grands et l’éphémère, et tout le travail des grands qui donnaient leur vie, voilà c’était ça qui se jouait dans ces endroits-là. J’ai vu ce carrefour, j’étais là… J’ai vu aussi l’arrivée du rap, j’étais là, en 91/92, où les gens disaient : ça va passer… Mais non, ça n’est pas passé, c’était un vrai combat, un vrai sujet d’actualité. D’un côté il y avait Jean-Louis, avec les textes, la poésie, le beau français… Tout ça s’est côtoyé.
- Oui, vous figurez dans des disques de rap français célèbres…
M.J. SERERO : Oui, j’étais au début des rappeurs, avec DJ Medhi , et il y avait une vraie passion, on n’avait pas peur d’aimer fort et de le dire et de le partager.
- Est-ce qu’il y a d’autres studios que vous avez aimé ? J’ai vu le Guillaume Tell ?
M.J. SERERO : Pas celui-là en particulier, plutôt Ferber et surtout le davout, c’était les deux grands, mais Davout j’ai dû faire 20 ans là bas, et Ferber, j’y suis allé un petit peu moins. Je suis une fidèle vous avez, maintenant, je vais à Ferber. G. Tell, je n’ai pas eu d’attachement particulier. Et sinon, il y avait pleins de petits studios.
- Vous n’êtes pas à proprement parlé une spécialiste des «cordes», violoniste...
M.J. SERERO : Oui, je suis pianiste mais formé à l'orchestration. j'ai fait le conservatoire, les classes d'écriture, l'harmonie, le contrepoint.
- Est-ce que le travail spécifique sur les arrangements corde est particulier pour vous ? Dickon Hinchliffe est formée au violon par exemple. Vous partagez avec lui les arrangements corde du disque suivant « mockba ».
M.J. SERERO : Non… Disons que dans la pop, à moins de faire du big band comme j’ai fait parfois, il n’y a pas beaucoup d’arrangement de bois, très peu. Quand on veut arranger, ça peut être ou des chœurs, et dans la pop, c’est souvent 3 nanas qui vont chanter et harmoniser, j’ai pu le faire comme pour Diams ou pour des rappeurs, mais dans le symphonique, on va plus souvent me demander des cordes que des bois. Et les cuivres, bon, c’est souvent sur les big band ou des sessions de 3 musiciens qui en général harmonisent très bien ensemble, sax, cors, trombone ou trompette, en voicing, un petit peu en impro. Ça m’est arrivé d’écrire, par exemple, pour les Lilicub, on est allé à Pragues, ils avaient besoin d’un symphonique, ils avaient quand même besoin de sax, on avait un quintet [en écoute ci-dessous]. Moi, dès qu’il y avait un symphonique, j’étais présente, mais dans la pop, on demande surtout des cordes.
- Est-ce que ça vous a amené quelque chose dans votre travail de prédilection ces emplois dans la pop, la variété? Et c’est vrai que vous avez fait beaucoup d’extras dans la variété, avec des produits dont vous parliez : L5, Eve Angeli ? Vous pouvez me dire que c’était alimentaire…
M.J. SERERO : Oui, j’aurais droit de le dire, mais je pense que j’ai eu une formation très classique, je suis rentré au CNSM à 12 ans, et avant à 6 ans dans un conservatoire, j’ai tellement bossé dans le milieu classique, je n’avais qu’un rêve, celui de s’émanciper et de découvrir d’autres musiques, les musiques du monde, que ce soit de la variété, rap, word music, toutes sortes de musique . J’avais l’impression d’avoir été frustrée de ne pas pouvoir « voyager ». Je me disais : le conservatoire de Paris, c’est génial mais si ce qu’on y apprend me sépare de toute un monde culturel et social, alors j’ai l’impression que quelque chose me manque. J’ai eu envie de prendre un bain, de partager des sensations et de ne pas être séparée dans une cage dorée, comme la musique savante, classique peut le faire. J’étais formée de cette manière là mais mon cœur est plus libre et plus ouvert que ma formation. Et c’était un cadeau pour moi que de gens venant d’un autre univers que ma formation vienne vers moi pour arranger leur musique et même un honneur, et je pense que eux de leur côté ils se disaient, oui c’est quelqu’un qui a fait le conservatoire mais qu’ ils n’ont pas vu chez moi la raideur. J’espère leur avoir fourni quelque chose qui pouvait magnifier un petit peu par endroits modestement leur musique et j’étais heureuse que mon savoir puisse aller aussi dans ces endroits-là. C’était comme si j’enlevais les frontières sociales de la culture populaire et de la culture dite savante et connotée bourgeoise. Il y a un peu de ça. J’essaye d’analyser. Et finalement, je n’ai jamais senti qu’il y avait de fossé quand j’arrange pour Jean-Louis ou pour d’autres, je sentais que ça fonctionnait bien. Si un rappeur me demandait d’écrire pour un orchestre symphonique, ou AARON d’aller à Bruxelles pour enregistrer un grand symphonique, quel bonheur [en écoute ci-dessous]… et je n’ai pas l’impression d’avoir écrit du Beethoven ou du faux Schubert derrière leur musique mais vraiment avoir essayer de se lover, c’est vraiment le mot, dans leurs harmonies, leur énergie qui me parlaient vraiment. Et j’ai eu l’impression que j’ai eu plus de problèmes au conservatoire en ayant cette capacité de passer dans d’autres mondes que l’inverse. Ça a gêné beaucoup plus le conservatoire que je m’ouvre à d’autres, ils trouvaient ça suspect et moi, c’était tellement normal, tellement un cadeau.
- J’ai vu que vous aviez travaillé sur un disque de DUTRONC, Jeanne Balibar et Rodolphe burger
M.J. SERERO : Oh oui, formidable rencontre, oohh!
- Avec derrière la vitre le célébre Ian Capple qui a enregistré un des plus grands albums de pop française : fantaisie militaire de Bashung.
M.J. SERERO : Extraordinaire !… Je pense que c’est Marie Audigier qui m’avait fait rencontrer Rodolphe… Extraordinaire rencontre. Bouleversante pour moi. Et avec Ian Capple. Il était venu à la maison, avait mixé extraordinairement, on avait enregistré dans une église* un quatuor à cordes, c’était toujours l’orchestre de Radio France et c’était génial. On travaillait dans la ferme de Rodolphe, dans les Vosges, ça a été extraordinaire. [*NDLR : peut-être l'Eglise où Jean-Louis a chanté invité par Rodolphe Un live de kat Onoma y a été aussi enregistré]
- Est-ce qu’il y a eu d’autres rencontres marquantes ?
M.J. SERERO : Non, là avec Rodolphe, vous pointez du doigt une rencontre qui m’a bouleversée. Et après les autres rencontres fortes, ça a été dans le monde du théâtre. C’est autre chose. Et pourquoi le théâtre, parce qu’il y a des textes. Et moi, je vois là le fil conducteur.
Pause musicale : écoutons du coup le fruit de cette belle rencontre, ici, les cordes sont plus discrètes. Cet album avait été un beau succès avec 30 000 exemplaires vendus et selon certains, avait suscité une vague de disques d'actrices (ah, bein, bravo!)
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On a cité le nom de Dutronc? De Dutronc, passons à Françoise Hardy: dans ses 3 chansons favorites de Murat en 2010 (interview ici), elle citait : "Elle était venue de Californie"! Signée Murat/Jimenez et Serero! Et on peut dire qu'elle connait la chanson, isn't it? '
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Reprenons!
- Et dans l’univers du classique, dans votre CV, il y a un très grand nom: celui de Rostropovitch? Vous l’accompagniez au piano durant combien de temps ? Que pouvez vous nous dire de cette rencontre ?
- J’avais 22 ans, à l’abbaye de Fontenay, il m’avait demandé de l’accompagner pour un concert pour Marc Meneau, le cuisinier, un gastronome extraordinaire. Il y avait 800 personnes et moi, j’accompagnais Rostropovitch. C’était une rencontre déterminante. Après il m’avait demandé d’être chef de chant au festival d’Evian, je faisais travailler les chanteurs d’Opéra sous sa baguette, car j’étais aussi chef de chant pour l’opéra. Je l’avais rencontré lors d’une audition où j’avais accompagné une cinquantaine de chanteurs et à l’issue de l’audition, il m’avait demandé d’abord d’être chef de chant dans ce festival, et j’étais renversée, enfin, vous imaginez, à 22 ans, c’est fou. Mais je me rendais pas du tout compte. Et après, j’avais aussi pu rencontrer son luthier, Vatelot, je crois qu’il est mort maintenant… Ça remue, des moment de vie. Vangelis, aussi, avoir enregistré, mixé là-bas [NDLR: Orchestration pour le concert donné par la cantatrice Montserrat Caballé et l’Orchestre Symphonique d’Athènes (composition Vangelis)]. Franchement, c’est sur qu’il y a des listes que je revendique pas, qui sont alimentaires, je ne veux pas citer de noms. Par contre l’exercice d’arranger, j’ai toujours mis toute mon implication pour le faire, même si le support, je le trouvais limite. Bon, disons pour Eve Angeli, je ne me rappelle pas de la chanson, mais je suis sûr que j’ai pris du plaisir et j’ai dû m’appliquer à faire quelque chose de joli, même si c’était alimentaire, mais sans mépris. Arranger, c’est comme une invitation à faire une jolie décoration dans une maison qui a été pensée avant. Ce n’est pas un sous-métier et ça m’a permis de découvrir pleins de milieux.
- Entre le monde de la pop, de la variété et celui du classique, du cinéma ou du théâtre, est-ce que vous voyez des différences fondamentales chez les « créateurs » que vous rencontrez? Je me disais qu’il y a peut-être plus d’humilité dans le classique par le travail quotidien qui est nécessaire… ou bien quelque que soit le milieu, il faut un ego tout à fait particulier pour émerger ?
M.J. SERERO : Non, L’égo, il est omniprésent et peut-être qu’il est nécessaire, parce que c’est extrêmement dure, et que l’égo, l’orgueil ou la vanité sont des moteurs. Pour moi, il me semble que c’est la passion, et je revendique tellement toutes ces années de travail par rapport à mon crayon, il est mis dans cette passion que j’ai mis et que je continue à mettre, et quand il est entendu ou un petit peu reconnu, rien ne peut me faire plus plaisir.
- Mais vous, vous vous mettez au service de quelqu’un…
-M.J. SERERO : Oui, et même la composition, ou au service d’un film… et cette humilité, je pense que dans le classique, on l’a parce qu’ on travaille sur un texte, et même si c’est un film, ou une pièce de théâtre, on travaille sur un texte, et la musique doit le magnifier. Et en tout cas, on n’est pas seul sur une île déserte, à exprimer quelque chose avec un ego qui pointe, on est toujours en relation. Si je peux définir ce que j’ai fait tout le temps, c’est d’être en relation avec, et il n’y a que ça qui m’intéresse, c’est de me dire que la musique elle est là pour tirer un trait de jonction, un lien avec autrui, un lien vers une autre œuvre d’art. C’est un art appliqué, en ce qui concerne le théâtre ou le cinéma. Je n’ai pas eu envie d’écrire pour être jouée salle pleyel et que les gens viennent pour écouter la musique de Marie-Jeanne Séréro. Je n’ai pas cet égo là. Par contre, faire une musique d’auteur à auteur humblement, en relation avec un sujet et d’être portée par le sujet, voilà la continuité avec l’arrangement. Pour moi, c’est exactement la même dynamique. Alors que peut-être qu’un compositeur a 100 % des droits, et quand on est arrangeur 10 ou rien du tout, mais mentalement, on part d’un texte, d’une composition, idem pour un film, on part d’une époque, on est soumis à une direction, que ce soit la direction des images, ou d’un ressenti du réalisateur, ça ça m’intéresse. Vous voyez bien le lien qu’il peut y avoir entre les deux.
- Pour en revenir à Murat, quelques mois plus tard, Murat fait de nouveau appel à vous pour Mockba ?… en partageant les orchestrations avec Dickon Hinchliffe…Vous le connaissez?
M.J. SERERO : Oui, de nom.
- Vous arrangez toujours sur les morceaux les plus doux. Et sur cet album-ci, c'est sans doute l'album où les cordes sont le plus présente. Votre travail est remarquable.. Après le grand cinéma de Dickon sur la fille du capitaine et son grand orchestre, Votre quatuor accompagnent la guitare et la voix de Murat notamment sur la fille du fossoyeur, sans basse, ni batterie, et Murat leur laisse aussi une grande place : avec des intro d’une vingtaine de chansons. Est-ce que vous vous rappelez de ce travail ?
M.J. SERERO : Non, je ne l’ai pas réécouté. Je ne réécoute pas le passé (silence). C’est comme ça. Je le réécouterai peut-être…
- En tout cas, dans l’œuvre de Murat, / et on voit aussi toute l’importance de ces cordes dans les titres orchestrées de Beranger par rapport aux chansons très nues figurant dans l’album suivant.
M.J. SERERO : En tout cas, je le remercie de les avoir mis à l’honneur et de m’avoir fait cette petite place.
- Murat disait que les compositions de Fred étaient complexes (je cite avec des diminués et des septième) par rapport au sienne qui n’utilise que 2/3 accords… on sent du coup que peut-être cela vous laisse plus d’options ?
M.J. SERERO : Ça m’est égal. Je dirais que moins il y a d’accords, plus il y a du challenge pour développer, trouver des idées. C’est aussi peut-être ce qui m’a plu dans le rap. Il n’y a souvent que deux accords pendant 7 minutes. C’est long pour faire du développement. Et je crois qu’on a trouvé un système de juxtaposition, en kit, avec des éléments, pour créer des développements. Mais non, ça me dérange pas que la grille soit simple, ça me challenge davantage.
- On voit sur l’almanach amoureux, une rengaine très répétitive que tout le sel musical est apporté par les cordes…C’est vraiment très beau.
M.J. SERERO : Ah, super, je vais réécouter. Ça me donne envie de réécouter.
- Votre actualité ? [on pourra se reporter à son site personnel pour plus de détails]
M.J. SERERO : Je suis à la fois chanceuse parce que j’enseigne au CNSM pour l’orchestration, aux métiers du son, et j’enseigne la composition à l’image et j’enseigne au Conservatoire international. Je suis des jeunes qui ont une vingtaine d’années. J’ai une quarante, cinquante étudiants dont je m’occupe en visio quasiment tous les jours de ma vie. C’est une grande chance, j’espère pour eux et en tout cas pour moi. J’ai toujours enseigné… Et à côté de ça, les pièces de théâtre que j’ai pu faire, les 3 ont été interrompus, mais pourront peut-être reprendre en avril et en septembre, et sur ce point, ça va. Et je termine une musique pour un film qui s’appelle « composer les mondes » avec un anthropologue Philippe Descola, et c’est sur «Notre-Dame des landes », ce combat pour essayer de vivre autrement, donc c’était intéressant. J’ai aussi d’autres projets de films, même si tout est au ralenti. Et puis, j’ai pu travailler sur 2 albums, quelques titres pendant cette période.
Donc ça va, ça va mais maintenant, c’est triste ce qui se passe. Je suis inquiète, et je vois l’insécurité pour beaucoup. Ça me fait de la peine.
Et pour mon fils aussi qui veut faire ce métier également. Il a 20 ans et il se forme actuellement. Surtout, je sais ce que j’ai vécu, je sais le plaisir que j’ai eu, je pense que ça ne se fait plus exactement de cette façon à cause d’un problème économique, et ça m’inquiète beaucoup, la facture de la musique, aujourd’hui, qui si elle n’est faite qu’avec de l’électronique, si on ne mêle pas les musiciens ou trop peu, ça peut avoir des incidences. Enfin c’est comme ça, le monde change mais on ne pourra pas enlever ce que l’humain a à dire, on ne peut pas faire l’impasse , et j’espère que tous les artistes vont tenir bon, et avoir pleins de choses à se raconter après ça.. J’espère qu’on va se retrouver, j’ai hâte…
Avant dire dire au revoir à Marie-Jeanne, voici quelques mots qui lui sont adressés d'Auvergne...
LA CONNEXION AUVERGNATE EN PLUS:
Marie-Jeanne Serero a collaboré avec d'autres auvergnats...
1) Dois-je représenter Christophe Adam? vraiment? Alors vite fait alors (vous retrouverez d'autres éléments ici) : CHRISTOPHE ADAM, pas le pâtissier, grand chef de French Kiss, producteur notamment du dernier Garciaphone, ex-Sales Gosses, Fafafa, et grand frère et oreille avisée de la toute la branche Kütü, nous dit quelques mots (j'évoquais Varrod en introduction car ce dernier parlait de l'album "la grande muette" de C.ADAM comme le plus beau disque de 2001). Après avoir évoqué la mémoire de Matthieu tous les deux...
"C'est bien Marie Audigier qui m'avait donné son contact. Cela a été une expérience fantastique pour moi, elle a su instantanément se coller à mes morceaux. Nous sommes allés, avec Daniel Larbaud, chez elle, pendant deux jours lui faire entendre les chansons et tout a semblé couler de source. J'ai l'espoir secret de croire que mes chansons lui parlaient. C'est étrange que vous me parliez de cela, car pas plus tard que la semaine dernière j'ai demandé à Pascal Mondaz de bien vouloir mixer quelques titres de ce concert avec quatuor à cordes que nous avions faits grâce à Jacques Madebène Directeur du Sémaphore à Cébazat. Je suis retombé sur cet enregistrement en revenant du Luxembourg dans la voiture d'un ami ingénieur du son (Emmanuel Perrot) qui avait cela dans son disque dur. Je ne me sens pas capable de mixer cela moi même, c'est trop difficile d'entendre la voix de Christophe Pie durant les sessions mais ce que j'ai entendu ce jour là m'a paru formidable. Je veux donc essayer d'en faire un 6 titres en vinyle si mes moyens me le permettent. Pour en revenir à Marie Jeanne, c'est une des personnes les plus exquises avec qui j'ai eu l'occasion de travailler et qui jusqu'au bout de ce projet n'a rien lâché jusqu’à ré-écrire des partitions le jour même du concert. Une grande dame que j'aurai plaisir à revoir et avec qui je rêve de refaire de la musique. I'm a lucky guy".
Voilà Marie-Jeanne: tu as laissé des beaux souvenirs à Clermont, et tu fais partie des rêves de certain... On peut rappeler que la production solo de Christophe Adam n'est pas très riche, et un groupe facebook avait même été créé 10 ans après "la grande muette" : "Le groupe de pression pour que Christophe Adam ressorte enfin un album". C'est donc une grande nouvelle que ce projet de vinyle. Un disque est disponible chez SOPHIANE PRODUCTIONS et Annick Clavaizolle; "live in Coopécabana". (on peut aussi acheter du Rogojine, du Denis c., le premier cocoon... il faut passer par Contact pour commander).
2) J'avais remarqué dans le CV de Marie-Jeanne un disque d'YVAN MARC. Je le croise souvent dans mes recherches car le nom de Jean-Louis Murat lui est souvent accolé dans les articles (il se revendique "cousin" dans sa bio, et pas seulement parce qu'il est de la Haute-Loire, ex-auvergne). Il avait assuré une première partie de Jean-Louis en 2013 (compte-rendu d'un mauvais soir : festival Les oreilles en pointe en Ondaine-42). J'ai interrogé Martial Semonsut, qui a produit le disque en question. Martial joue avec Yvan depuis longtemps et fait partie des HIVER POOL, un groupe dont on va reparler rapidement ici, je ne vous dis que ça, mais c'est énorme -enfin, j'espère-normalement-restez connecté-teaser...
Martial Semonsut: Oui, c'est suite au travail entendu avec JLM et aussi les bons conseils de Christophe Adam qui avait fait appel à Marie Jeanne. Marie Jeanne est une personne avec une grande sensibilité pour la musique, c'était très facile de travailler avec elle car c'est quelqu'un de très investie dans ce qu'elle fait et vraiment à l'écoute du projet. Pour la petite anecdote, je ne lis pas l'harmonie, je fais tout d'oreille, donc je lui chantais des phrases musicales ou des contre- chants que j'avais en tête et elle écrivait aussi tôt sur papier les arrangements pour toutes les cordes, c'était chouette de vivre çà!
Je laisse le dernier mot à Marie-Jeanne. Avez-vous un rapport particulier avec l'Auvergne?
M.J. SERERO : Non, pas vraiment... Je me souviens de ces maisons, ces jolis maisons d'artistes comme ça, ces ateliers qui vibrent de musique, ces musiques qui sont sur le sol, sur les murs, partout, qui sont poésie. Voilà ce que j'ai aimé, ce que j'ai ressenti, des gens tellement sincères, n'ayant pas peur de leur fragilité mais ayant beaucoup de foi dans leur expression. C'est le point commun que j'ai pu trouvé. Pour Christophe Adam, je me souviens que c'était une écriture pas facile, comme toujours pour ces titres-là, parce qu'il y a peu d'éléments, on peut aller partout. Il faut vraiment créer des branches à cet arbre. Et je me souviens d'une grande gentillesse, une énorme gentillesse.
Avec Yvan Marc, on peut entendre le travail de Marie-jeanne sur des chansons rythmées :
Interview réalisée par téléphone (janvier 2021). www.surjeanlouismurat.com J'ai choisi une retranscription le plus proche possible de l'oralité afin de rester fidèle à la rencontre.
Je vous laisse d'ailleurs avec la voix et l'image de Marie-Jeanne Serero au travail dans son bureau, telle que je l'ai entendu moi aussi il y a quelques jours; dans la vidéo, peut-être plus confiante et sûr d'elle-même car plongé dans "le présent d'un travail". Et Désolé pour le Voyage de Noz! Je ne vous ai pas placés : punition! J'attends toujours de pouvoir écouter votre nouvel album! na! Quant au storytelling,le nom n'y est pas mais Marie-Jeanne Séréro m'a rappelé que la musique avait "un message" et que ce n''était pas que du marketing.
Voici un petit panel d'arrangements réalisés par Marie-Jeanne Séréro (un peu au hasard -mais bizarrement il n'y a pas Eve Angeli- et également ceux dont elle nous a parlés: le rap, Aaron, Lilicub... et Murat...)
Jean Théfaine (CHORUS):
A peine a t-on eu le temps de se familiariser avec le contenu de ses précédentes malles au trésor – Le Moujik et sa femme, en 2002 ; Lilith, en 2003 ; A bird on a poire et le DVD Parfum d’acacia au fond du jardin, en 2004 – que revoilà Jean-Louis Murat, caracolant en grand équipage, les poches pleines de nouveaux louis d’or.
Dans la première bourse, Moscou, il y a quatorze titres. Dans la seconde, 1829, en téléchargement payant dès le 14 mars sur internet et dans les bacs le 3 mai, il y a onze textes du grand chansonnier (du XIXe siècle) Pierre Jean de Béranger. Dans la troisième, on découvrira (en commande exclusive sur son site www.jlmurat.com) 1451 : un poème inédit de mille vers décliné en un CD de 26 minutes et un DVD de 38 minutes – le tout glissé dans un livre illustré par Murat lui-même ! Vous suivez ? Moscou, donc, est le premier lot proposé. Une suite au Moujik et sa femme, penserez-vous. Pas si simple. On y parle bien de foulard rouge, de troïka, d’isba, de retraite de Russie, mais de façon tellement impressionniste et allusive qu’on est fort loin de la fresque enneigée.
Côté écrin, ce qui frappe d’abord, c’est que Murat renoue avec des climats où cela respire large, aérien, à fleur de peau. Fred Jimenez (basse et chœurs) et Stéphane Reynaud (batterie et percus) sont, bien sûr, de la fête, mais le « power trio » a enrichi sa palette. C’est ainsi que des cordes en majesté illustrent sept titres ; amples et crépusculaires (Le Désert, La Fille du capitaine, Colin-maillard) sous la direction de l’Anglais Dickon Hinchliffe, des Tindersticks ; romantiques et délicatement ornées sous celle de la Française Marie-Jeanne Séréro (Foulard rouge, La Bacchante, La Fille du fossoyeur, L’Almanach amoureux).
Spontanément, c’est le qualificatif somptueux qui vient sous la plume, pour désigner ce énième ovni de l’irréductible auvergnat, dont la course folle est de plus en plus fascinante ! Car aucun autre artiste n’a cette capacité à produire encore et encore, à brouiller les pistes, à inventer, à se remettre en question, à bousculer toutes les normes du métier. Ce pourrait n’être que de l’agitation, c’est le plus souvent magique. Comme si le fleuve de mots qui ruisselle de Murat trouvait naturellement son chemin dans une mangrove de mélodies et peintures sonores, balançant entre minimalisme acoustique et griffures électriques, draperies contemporaines et vêtures quasi médiévales. On allait presque oublier de vous le dire : Camille (L’Amour et les Etats-Unis) et Carla Bruni (Ce que tu désires) posent en duos au côté du monsieur, dont la diction sensuelle a rarement été aussi précise. Et puis, il y a des cadeaux cachés en fin de piste... Mais chut, le prince de la Croix-Morand va entrer.
Jean Théfaine
Chez Béranger et à Moscou, deux voyages de Murat
Véronique Mortaigne ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 17.03.05
Prolifique Jean-Louis Murat, qui ne trie pas. N'en a ni l'envie ni le temps, tout occupé qu'il est à bâtir son œuvre poétique, photographique, musicale. 1451, mille vers écrits à la main livrés avec les encres afférentes, lus par leur auteur (2CD), a des allures de manuscrit, ratures, work in progress, création en train.
.. Moscou est un album de forme plus classique, où Murat case trois chansons de Pierre-Jean Béranger, qui est la matière de 1829, album disponible en téléchargement payant (www.jlmurat), consacré au grand chansonnier du XIXe siècle.
Précieux, politique, populaire, grivois, Pierre-Jean Béranger s'accommode mal du traitement doux qui lui est réservé par le docteur Murat, amant indubitable, mais sans doute moins doué pour la satire politique ou la comédie de mœurs. Chantées en nuances douces-amères, alors qu'elles peuvent être criées, les histoires de La Fille du fossoyeur ou de Jeanne la rousse perdent en pertinence. Mais elles ancrent ainsi l'urbain Murat dans la France paysanne ("Un enfant dort à sa mamelle ; elle en porte un autre à son dos").
Ponctué de jolis chants d'oiseaux sortis des synthétiseurs, Moscou se réfère à Pouchkine (La Fille du capitaine en ouverture, ballade à la mélancolie hivernale, pur Murat, à l'instar de Foulard rouge, murmures proférés à la face de la jalousie). Il intègre les cordes à un univers musical défini depuis le Moujik et sa femme - Murat (guitares), Fred Jimenez (basse), Stéphane Reynaud (batterie).
Ensemble, ils avaient su produire un son clair et direct, un rock appareillé, que l'on retrouvera sur Nixon, une broderie rock sur une seule phrase ("Nixon, réponds-moi, je ne peux plus vivre comme ça !"), ou sur Winter, en clôture. Les deux arrangeurs de passage, Dickson Hinchliffe (des Tundersticks) et Marie-Jeanne Séréro, ont choisi de créer des climats. Et puis il y a le duo de charme : Ce que tu désires, avec Carla Bruni, qui a la tête de l'emploi, moins drôle que le sautillant morceau folk L'Amour des Etats-Unis, chanté avec Camille.
Et bien, cela faisait du temps que je ne vous avais pas proposé un contenu inédit! J'écrivais dans l'article précédent que la réédition vinyle d'A BIRD ON A POIRE n'avait pas suscité grande presse, et voilà que je me dis pas : je vais devoir m'y coller... Sans réfléchir: 4 petites questions balancées à Fred Jimenez sur messenger, qui m'écrit qu'il répondra volontiers... Volontiers? Je relance de 9! et encore de 3 (j'ai mis le pied dans la porte). Et me voilà avec une petite interview de la branche Basse de notre trio préféré pourtant le plus grand, les "90% de A BIRD ON A POIRE" selon Jean-Louis Murat. 90%, c'est à la louche pour cette musique limpide et claire... qui a si vite inspiré Murat (50% pour la story, la voix et... les pépettes) et qui a aspiré dans le projet Jennifer Charles (20% pour le charme)... si bien produite par Stéphane Prin (5%)... et saupoudrée par le talent d'une arrangeuse pour les cordes: Marie-Jeanne Séréro (5%)... et c'est sans parler des productrices exécutives: Marie (qui suggère Marie-Jeanne) et de Laure (qui boucle le budget avec Scarlett, le disque étant hors-contrat).
Calcul mental: ça nous fait un album à 170%, bien au dessus de la moyenne. Dans Crossroads, dans une discographie commentée, Yann Giraud, parlait "tout simplement d'une des plus belles collections de pop songs écrites en français". De cordes en aiguilles, je contacte Marie-Jeanne Serero... Mince, elle aussi me dit avec plaisir... mais me demande une interview par téléphone. Euh, vraiment? moi pas savoir bien parlé... Les trois derniers qui m'ont dit de les appeler, ils attendent toujours... mais cette fois, je ne peux pas reculer: je n'ai pas eu le temps d'oublier les résolutions de la nouvelle année. C'est pour vous, lecteurs! Et aussi pour moi: j'étais curieux de découvrir qui se cachait derrière ses arrangements magnifiques de A bird on a poire mais aussi Mockba: "La bacchante", "le calendrier amoureux",...
Commençons sans gagner l'aéroport, prenons plutôt le Train bleu entre Lyon et Genève... Et saluons FRED!
- Que pensez-vous de la remasterisation? Avez- vous travaillé sur la réédition?
F. Jimenez: Malheureusement j'attends toujours l'album. PIAS est censé me l'envoyer la semaine prochaine...
- Pouvez vous nous parler de Marie-Jeanne Serero que je n'avais pour l'instant jamais citée sur le blog? [un fidèle lecteur m'avait rappelé son nom il y a quelques temps]
F. Jimenez: Je me souviens d'une personne douce et très gentille. Dans mon souvenir Marie Audigier nous avait parlé d'elle. Nous étions allés, Jean-Louis Murat et moi, chez elle. Elle nous avait joué ses arrangements au clavier avec un son de violons. Nous avions beaucoup aimé et nous nous étions retrouvé en studio pour une journée d'enregistrement avec huit violonistes.
- Et les démos inédites? Ce sont les musiques que vous avez présentés à JL en premier? ou un premier travail de studio?
F. Jimenez: Un jour en tournée, j'avais fait écouter la démo de French Kissing à JL dans la voiture. Il avait adoré à tel point qu'il m'a dit qu'il pourrait arrêter la voiture et écrire un texte sur le champ.
Sur cette démo, initialement prévue pour April March avec qui nous avions enregistré un album avec Burgalat et AS dragon et qui ne fut pas retenue, je chantais en faisant lalala. Une fois que JL m'a proposé de faire cet album avec lui et Jennifer, il m'a demandé de jouer les mélodies avec un clavier ou une guitare, le son des lalala le perturbait un peu. Notre méthode de travail pour l'écriture des chansons fut la suivante. Je lui envoyais des démos enregistrées en 4 pistes et il écrivait un texte sur les titres qui l'inspiraient.
J'ai dû envoyer 23 titres par paquet de 4 ou 5 et nous en avons enregistré 15.
Les démos inédites sont donc ce qu'entendait Jean-Louis et qui lui inspirait le texte. Tous les titres furent conçus ainsi. D'abord la musique puis les textes. Nous avons conçu cet album sur le temps que nous avions initialement prévu pour une tournée qui fut annulée à la dernière minute en 2003 me semble-t-il, avec Jean Marc Butty à la batterie à l'époque du Moujic.
- Oui, c'est cela: automne 2002... période où Murat se met à travailler sur Lilith ("J’ai commencé à bosser le 19 novembre. Et à enregistrer, le 1er février"... C'est fou... Quelle période intense pour Jean-Louis: 4 disques dont un double en 2/3 ans!
Un petit mot sur Stéphane Prin?
F. Jimenez: J'avais déjà fait pas mal d'albums avec Stéphane Prin pour JLM: Moujic, Lilith, Parfum d'Acacia. Bird on a Poire étant un album "hors contrat" avec EMI, nous avions donc un demi budget et très peu de temps pour l'enregistrer. 3 jours pour tous les instruments, 1 jour pour les violons et 6 jours pour les voix. Son principal boulot fut de faire passer les démos "super huit" à du "cinémascope"(c'est ce qu' avait dit Jean-Louis).
Nous avions beaucoup aimé travailler ensemble avec S.Prin que nous avions remis le couvert pour mon album "Il est temps maintenant " en prenant plus de temps.
"Le jimenez style" en live, avec Stéphane il y a 10 ans:
- C'est quand même remarquable qu'il soit crédité de "producteur", à tes côtés [on est passé au TU, on se connaît depuis 2003 à Vienne! Enfin surtout moi], car Murat n'en a pas eu beaucoup dans ses disques: Zacha, toi, Denis...
F. Jimenez: C'était une manière de le remercier. Le budget était petit et en réalité on a bossé super vite car j'avais décidé en amont des tempos et des orchestrations comme l'attestent les démos. Nous avons cherché les bonnes tonalités avec J.L. On a pas eu le temps de se poser des questions en studio et d'essayer des trucs. Effectivement le disque est produit à trois. Ma part est visible sur les démos. J.L a choisi les titres, validé ou pas certaines orchestrations et fait quelques suggestions soit dans les arrangements soit quelques fois dans des modifications de mélodie. Stéphane Prin a principalement fait passer mes démos "super 8" à du "cinémascope". Bien évidemment il avait son mot à dire sur le choix des prises et d'insister sur la qualité de l'interprétation mais on a tout fait en trois jours de prises pour 15 titres!! Quand même! Batterie; basse, guitares sèches et électriques, piano; orgues, wurlitzer et trompettes...
- Oui, c'est assez dingue quand on voit le rendu et la qualité de la production... mais Murat dirait "mais c'est comme ça qu'on faisait avant etc...!!"
F. Jimenez: Effectivement on ne va pas se plaindre sur le peu de temps, on faisait comme ça dans les sixties. On avait même le luxe de rôder les titres sur scène avant de le enregistrer en ce temps là...
Écartez les suisses photo @surjeanlouismurat.com koloko 2011
- L’orientation très pop, sixties, était définie dès le départ ?
F. Jimenez: Il y avait les démos...
-euh... J'ai l'impression que ça t'agace qu'on résume parfois l'album à ça (l'illustration a peut-être joué aussi)? Tu disais a l'époque que c était moderne à part le Fender Rhodes.?
F. Jimenez: Ça ne me dérange pas qu'on trouve le son sixties, pour moi c'est l'Âge d'Or de la musique pop donc c'est un vrai compliment; cela dit à bien y regarder, il n'y a pas de gimmicks sixties, c'est plutôt l'esprit des sixties qui y est insufflé. Les chœurs y sont certainement pour beaucoup car on les envisageait comme ça dans la pop des sixties, je pense aux Turtles (happy together). Mais en réalité "l'esprit sixties" est dans l'ADN de la composition, pas dans la forme.
- L album fait un peu débat chez les fans, mais il fait aussi souvent parmi des préférés de certains (notamment je pense au chanteur des voyage de noz que j'ai interviewé plusieurs fois, dont ici).
C'est peut-être sans importance pour toi, mais Est-ce que tu penses que dans la discographie de jlm faut mettre ce disque à part, le ranger dans la catégorie "collaboration" ou au contraire tu peux revendiquer, avec fierté ?, qu' il occupe une place d honneur dans l'oeuvre muratienne? (Je ne sais pas si c'est clair). Je suis pour l option deux car l'écrin est particulier mais il a totalement inspiré l auteur dans ses thèmes chers!
F. Jimenez: Je suis très fier de A BIRD et éternellement reconnaissant à Jean-Louis Murat de m'avoir donné cette opportunité. Je crois que JL lui même pense que ce disque est un peu à part dans sa discographie. Il a effectivement une couleur plus pop anglaise que les autres mais il y a aussi des titres comme "Petite luge", "Gagner l'aéroport", "A bird on a poire" et quelques autres qui auraient pu être sur MOSCOU ou LILITH sans trop détonner.
- oui, et sur Mockba, inversement, on dirait que Murat s'est laissé inspirer sur certains titres.... Qu est ce que ça t as fait d entendre ta musique chez un gros annonceur français La Poste pendant quelques semaines ? J ai un peu peur de la réponse : ça t a rapporté plus que le disque?
F. Jimenez: Avec A BIRD nous avions voulu faire un "produit frais" de longue conservation; étrangement cette teinte sixties lui a conféré une sorte d'intemporalité qui lui a permis de pouvoir illustrer une pub près de quinze ans plus tard. Si nous avions eu le son et les gimmicks 2004 pas sûr que la Poste ait choisi notre titre.
Effectivement ça m'a plus rapporté que l'album lui même et m'a aussi permis de constater que les grands gagnants de cette opération financière furent la maison de disque et la Sacem, haut la main.
@surjeanlouismurat Les 3 dédicaces,, la dernière obtenue lors d'un concert des Elysian Fields
Frais mais costaud: l'avis de JLM:
"tout à fait, je me suis rendu compte que l'impression de légèreté et de fraicheur vient essentiellement des mélodies. Je n'ai pas fait d'effort pour alléger mes textes, mais ce sont les mélodies qui ont donné des ailes aux mots. C'est un peu une découverte d'ailleurs... Je pense même qu'il y a des textes dans l'album qui sont les plus plombés que j'ai jamais écrits. C'est le propre de la chanson pop je crois. On n'y trouve pas de textes légers, à part les texte de corniauds comme ceux de Daho, où tu n'as pas besoin d'alléger puisqu'il n'y a pas de pesanteur dans les mots". (crossroads 11/2004-
ah, bein, voilà: il suffit de faire intervenir Jean-Louis pour que ça dérape.. revenons-en à Fred:
- Un souvenir de la tournée ? A Lyon, c’était dans un théâtre en bas de la croix rousse, JL était très détendue dans mon souvenir (et les bootlegs de concerts). Est-ce que se retrouver comme un groupe, peut-être avec des chansons moins personnels, ne lui rendait pas l'exercice plus facile ?
F. Jimenez: Dans mon souvenir, ce fut compliqué de rendre ça à trois sur scène, le show était conçu en deux parties; les titres de Bird et des chansons de JL. Ce fut un peu une galère pour moi de passer du piano à la basse puis à la guitare. J'avais toujours la trouille de jouer "Petite luge" tant l'arpège était compliqué.
J'étais content qu'Albin de la Simone vienne nous prêter main forte pour les dates parisiennes du Café de la Danse.
- Mashpopotétisé et Johnny Vacances, vous avez eu l'occasion d'en parler avec Hallyday?
F. Jimenez: Non
- Tu as démarché encore les maisons de disque après cela pour ton disque solo? (3 ans plus tard, tu autoproduis le disque "il est temps")... et depuis, tu as peu produit en solo. En m'inspirant de propos de Burgalat (et aussi de Murat en promo) , je me demande si les "musiciens" (en opposition à ce qu'on pourrait appeler "des personnages") sont victimes de la dictature du "storytelling" dans le marché du disque? (présenter de la bonne musique ne suffit pas, il faut vendre autre chose). Qu'est-ce que tu en penses? (j'ai en tête aussi Laurent Saligault autre bassiste qui n'a eu que moi ou presque pour parler de son premier disque que j'ai beaucoup aimé).
F. Jimenez: Honnêtement je ne sais pas. Avant de débarquer en France en 1997, j'avais fait partie d'un groupe suisse "The Needles" nous avions enregistré 3 albums et des singles, nous étions très populaires là-bas. Nous avons joué beaucoup en Allemagne et aussi en France. je composais quelques titres que je chantais et jouais de la basse. Une fois arrivé en France je me suis rendu compte qu'on te mettait dans une case, "accompagnateur" me concernant, et qu'il était très difficile d'en sortir. Cela dit ça ne me dérange pas trop, je me suis rendu compte que je n'aimais pas trop être sur le devant de la scène, mon égo n'est pas assez gros pour ça. Mais depuis le temps j'ai de quoi faire au moins dix albums dans les tiroirs...
- Jean-Louis a dit une fois que Stéphane et toi étiez dans le même groupe, et qu'en Suisse, la moitié de la salle venait pour vous!
F. Jimenez: Non, Stéphane était l'attraction du groupe concurrent Maniacs... [et c'est Fred qui le conseille donc à Jean-Louis: "Sur On Ne Peut Rien En Dire, le tout premier morceau enregistré, je ne connaissais pas le batteur. Il souhaitait qu’on se parle au téléphone, mais je lui avais dit qu’on se verrait en studio. Et une seule prise a suffi" raconte Jean-Louis dans Magic n°74. ]
The Needles vs The Maniacs... Non, on ne peut pas parler de légendaire opposition façon Beatles/Rolling Stones, Oasis/Blur, G Scad/2be3... On sait juste que l'un des 2 groupes a critiqué l'autre pour avoir traversé une rue en dehors des passages piétons, entraînant une forte indignation des autres: "oui, mais eux, ont vidé leur camion alors qu'il dépassait largement de l'emplacement de stationnement"... Enfin, c'était la Suisse... Euh, c'est une blague. Ils étaient amis (the Needles remercie Maniacs sur un de leur disque). On en reparlera peut-être car je ne suis peut-être pas le seul que ça intéresse tant on les apprécie! The NEEDLES ont une page wikipédia en allemand. . comme Maniacs. Quelques titres en écoute sur cette chaine youtube.
Stéphane pour une fois devant
- J'ai mes questions rituelles: 3 chansons préférées de Murat? ton album préféré? meilleur souvenir de concert (généralement, c'est en tant que "spectateur" que je demande).
F. Jimenez: Les jours du jaguar, Je me souviens, Si je m'attendais ( si tant est qu'on puisse répondre à une question pareille )
Meilleur album: Baby Love, parce que selon moi c'est son album le plus personnel et abouti et celui qui lui ressemble le plus. [en effet, dès 2003, il disait:"il y a beaucoup de disco. Par exemple, je suis un fan absolu d’Eddie Kendricks, l’ancien chanteur des Temptations. D’ailleurs, Laure (ndlr. Bergheaud, sa femme), ça l’a toujours fait rigoler. Elle n’a toujours pas compris mon côté disco]
F. Jimenez: Avec JL, je me souviens d'énormes moments de rigolade, bizarrement aux antipodes de l'image publique qu'il a. C'est quelqu'un de très attachant et humainement me retrouver avec lui, Stéphane Reynaud et toute sa fidèle équipe; c'est toujours un grand plaisir. Vivement que ça reprenne!
Ps: J'aurais pu aussi bien cité "Le mou du chat"; "Foule Romaine" , "la petite idée derrière la tête"....
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un grand merci Fred! ( Interview fabriquée (mixage et arrangements) par mails du 31/12/20 au 17/01/21. Sans me forcer, comme d'habitude, on a évoqué les Voyage de Noz et le storytelling).
(bien-sûr, j'aurais aimé l'interroger plus en détails sur l'ensemble de son parcours, c'est partie remise)
En bonus, une rareté dont je n'avais pas souvenir: la propre chanson de Fred Jimenez sur l'air de "Mirabelle Mirabeau" (un inédit live).
- hé Fred! J'ai encore une petite dernière pour la route : cette version existait avant a bird?
F. Jimenez: Oui elle était antérieure. Il y a quelques titres sur Bird qui étaient des inédits que j'avais dans les tiroirs, les musiques qui ont servis pour: french kissing, monsieur craindrait les demoiselles (composée dès 1996), mirabelle mirabeau et peu me chaut... Il y avait des textes dessus mais je ne les ai pas montré à Jean-Louis pour ne pas l'influencer.
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J'ai tenté d'avoir un mot de Marie Audigier sans succès. Stéphane Prin, je l'avais déjà inter-ViOUwé-ET MURAT en 2010. Une interview complète à redécouvrir ici. Voici l'extrait qui concernait A BIRD:
On reprend le fil... avec ce qui reste une parenthèse... enchantée presque... car l'album a beaucoup de fervents: a bird on a poire. Cette fois ci, vous avez un titre de producteur (même si c'est pas si clair : sur le livret de l'album, vous êtes crédité pour les prises de son et mixage, mais comme co-producteur sur le maxi...).
S. PRIN :Ah? Sur le cd, il me semble être crédité comme co- real aussi pourtant, non??
En tout cas, c'était vraiment le cas. En gros, le projet s'est initié lors des mix de lilith. Pendant que je mixais, Jean-Louis et Fred étaient dans la pièce d'à côté en train de réfléchir déjà sur les morceaux de Fred que Jean-Louis aimait, et sur lesquels il voulait écrire un texte. Jean-Louis a ensuite eu l'idée de faire un album concept autour d'une rencontre entre une américaine et un français, à Paris et a parlé de Jennifer, en parlant d'un album duo.
Pour cela il a voulu se concentrer sur les textes uniquement et laisser carte blanche à Fred pour la musique. Fred m'a donc demandé de l'aider pour la réalisation et on a géré toutes les musiques seuls en studio, pendant que Jean-Louis écrivait chez lui. Il n'est revenu en studio que pour faire les voix avec Jennifer lorsque les musiques étaient totalement réalisées. Voilà pourquoi, cet album est un peu un ovni dans la discographie de Jean-Louis. Fred a définitivement des influences bien plus pop de JL :.)
Et ma galanterie légendaire devrait en souffrir, passons la main... euh, plutôt la parole à Marie-Jeanne Séréro, que l'on retrouve donc dans deux disques de Jean-Louis Murat (A BIRD ON A POIRE et MOCKBA) aux arrangements de cordes. Si la presse a souvent parlé de ceux de Dickon Hinc... (se mettre aux anges, la fille du capitaine), Marie-Jeanne a moins souvent été à l'honneur, et pourtant, sur des chansons peut-être moins faciles, elle a fait merveille... Allo, Marie-Jeanne, vous m'entendez?
- oui, bonsoir
Et ma galanterie légendaire devrait en souffrir, passons la main... euh, plutôt la parole à Marie-Jeanne Serero, que l'on retrouve donc dans deux disques de Jean-Louis Murat (A BIRD ON A POIRE et MOCKBA) aux arrangements de cordes. Si la presse a souvent parlé de ceux de Dickon Hinc... (se mettre aux anges, la fille du capitaine), Marie-Jeanne a moins souvent été à l'honneur, et pourtant, sur des chansons peut-être moins faciles, elle a fait merveille... Allo, Marie-Jeanne, vous m'entendez?
Avant du contenu inédit dans la semaine, n'oubliez pas de revenir!, je vous fais vite fait un article:
1) On commence par l'évasion du jour: PHIL SPECTOR a quitté son pénitencier, en franchissant le wall. Apparemment, certains ne savaient pas qu'il était encore vivant... C'est une légende de la musique pop et rock, mais plutôt contesté... si bien qu'on édite des disques nettoyés de ses arrangements (let it be)... et que Léonard Cohen rejettera le disque réalisé avec lui (Phil lui avait interdit l'accès au studio sur la fin).
Alors bien sûr, Jean-Louis n'ignore rien de son travail, mais ce n'est pas une référence. On sait qu'il est plutôt Stones que Beatles (Spector a travaillé avec Lennon, dont imagine)... mais pour le petit détail, voici ce qu'il racontait:
"Je me souviens que le jour où j'ai écouté un vieux Phil Spector avec 'Da Do Run Run' en version originale, ma mère rentrant chez moi m'a demandé qui avait repris la chanson de Sylvie Vartan. La culture de l'ersatz a complètement faussé le jugement de beaucoup de gens. C'est le terreau où pousse encore, de nos jours, la variété française. Ils sont tous dingues et l'arrogance de ces gens qui n'ont pas de culture musicale est très comique. Mes amis anglo-saxons rigolent bien en tout cas".
- On trouve les noms de Murat et Phil Spector sur deux disques:
a) celui d'Isabelle Boulay, les grands espaces (où figure Amour aime aussi vous voir tomber"), Isabelle y reprend To Know Him Is To Love Him, un standard de Phil Spector
b) Dans I'm your fan, le tribute à L. COHEN. Toutes les chansons ont été écrites par Leonard Cohen à l'exception de Don't Go Home with Your Hard-On et True Love Leaves No Traces (issu de l'album Death of a Ladies' Man produit par Phil Spector en 77). Il semble que les versions d'i m your fan sont jugés meilleurs que les originales.
2) On passe aux amis et camarades de Clermont:
On a déjà parlé de la chaine youtube "french kiss" de Christophe Adam and friends. Un concert va concrétiser cette belle aventure. Le 19/03/21à la coopé... si tout va bien. Voici la reprise de la chanson d'Alain Bonnefont chanté par Murat, par Christophe Adam.
Voici une chanson de KARTON, fan de Murat: il disait ceci à Pierre ANDRIEU:"Voilà un mec qui a réussi dans l'adversité : Murat au début ; c'était pas évident à écouter, les thèmes étaient un peu difficiles ! Il se fout de son image : il s'est fait connaître avec Si je devais manquer de toi mais il n'a pas refait indéfiniment la même chanson, comme Goldman par exemple ! J'aime bien son cheminement, je suis assez inconditionnel : j'ai tout ce qu'il a sorti ! Sur la tournée Mustango, il a osé surprendre en réinterprétant ses chansons avec des machines : il prend des risques. Ce n'est pas parce qu'il est d'ici mais il faut reconnaître qu'il sait écrire et qu'il a un univers ! C'est le seul d'ici à avoir réussi !"
- Denis Clavaizolle lui est toujours en train de lancer son duo ELKEEN.
- Morgane Imbeaud poursuite elle sa promo du disque AMAZON. On l'a vu notamment chez RUQUIER. Le nom de Jean-Louis Murat est assez systématiquement cité lors de ses passages.
Voici un clip d'une chanson signée Furnon/hburns, et le clip est signé par l'ami Matthieu Pigné, ex-batteur de radiosofa, Doré...Et qui a aussi une actualité riche avec Animal triste ( avec des membres de Darko et la Maison tellier) et son autre groupe City of exiles.
Morgane en concert à voir sur facebook:
- Matt Low a aussi des news. Après un essai chez Pias, son disque est annoncé chez MICROCULTURES le 5/03/2021!!
Il a diffusé un premier titre:
Et il a fait une résidence avec son nouveau groupe où figure Yann Clavaizolle et Jamie Pop (des Elders) ou encore un membre des Dragon Rapide, ce qui promet des bons concerts... enfin presque... Enfin, on espère.
Ps: ET dans la série "les auvergnats ont de la ressource", qui a réussi à faire un concert en janvier 2021? C'est Alain Bonnefont dans une médiathèque, seul lieu culturel ouvert... Bravo à Blanzat...
- On termine avec les amis de la coopé...
La coopérative de mai a fait son calendrier de l'avent en vidéo: on a pu voir Morgane... mais on avait peu entendu parler de Murat. C'est fait vite fait ce 22/12 avec JD Beauvallet, et le numéro se termine par un titre des Delano orchestra, avec des membres de la Kütü. Et on a droit à une spéciale dédicace à Christophe Pie:
le numéro #20 revient sur Bashung et la tournée "des grands espaces".
Dans le numéro 19, un petit message d'Annick Clavaizolle qui a posé devant elle deux disques de JLM..
Dans le 18, séquence humoristique avec Yann Clavaizolle, batteur, et crédité sur un album de JLM.
LE LIEN EN PLUS LES ENNEMIS
Jean-Louis nous avait fait découvrir le problème des rats taupiers... il y a bien des années... mais le renard est toujours classé nuisible... Il est pourtant le régulateur principal...