10 chansons que l'on devrait connaitre par coeur par Jean-Louis MURAT
Publié le 20 Janvier 2013
Le camarade Baptiste VIGNOL, "inter-ViOUvé ET MURAT" numéro 2, et qui m'a apporté un appui important par la suite, fait paraitre le 24 janvier, un nouveau livre intitulé :
"le Top 100 des chansons que l'on devrait connaitre par coeur" (Edition Le Carpentier).
Même si le titre évoque une émission de TF1 présentée par Dechavanne, on retrouve la fine plume érudite et acérée de Baptiste telle qu'on la lit sur son blog "qu'est-ce qu'on nous chante?". Le principe était simple... mais sans doute bien difficile et long à réaliser : demander à des artistes francophones de donner leurs 10 chansons de chevet.
Avant de vous parler de manière plus détaillée du livre, je vous propose de découvrir la sélection de Jean-Louis MURAT, ce qui me permet de réactiver la "catégorie d'articles: le goût de qui vous savez"...
- Une bien belle chanson pour commencer... (Venez découvrir le pays de Mandrin, c'est bien joli... du côté de St-Genix sur guiers).
Une version orientale par Faudel et Lavilliers : http://www.dailymotion.com/video/x4ee3b_bernard-lavillier-et-faudel_music#.UPvsiGfVHEw
- L'affiche rouge : Ferré-Aragon.
- L'affiche rouge : Ferré-Aragon.
«Dans ce désert qu'est la chanson française, le moindre artiste sert de repère. Il y a la piste Brassens, la piste Ferré, la piste Brel ou Boby Lapointe. Léo Ferré est un mec du xixe siècle que l'on est bien obligé de rencontrer un jour ou l'autre, car il reste un maître: il n'y a rien à jeter dans La Mémoire et la mer, son chef-d'œuvre. J'ai toujours été un grand fan, même si je n'ai jamais adhéré à ses idées politiques. L'anarchie selon Ferré, c'est Bagdad. Je l'ai rencontré une fois, quand j'étais gamin. Il passait en concert à Clermont-Ferrand, des anars bloquaient la rue et il s'est senti obligé de se justifier d'avoir un chauffeur. A sa place, j'aurais foncé dans le tas.» (L'express, en 2007)
- Le passage au titre suivant va être un peu brutale, même si ça parle aussi d'exécution :
Ne pleure pas, Jeannette est une chanson traditionnelle francophone. "Cette chanson anonyme est apparue dans les armée françaises à la fin du 19e siècle comme chanson de marche puis fut reprise par les scouts et devint une chanson enfantine; Il s'agit d'une reprise simplifiée, mais sur le même thème, d'une chanson bien plus ancienne "la Pernette se lève" sur une musique très différente (voir chansons historiques de France 251 )"
interprétation : Lucienne Vernay et les quatre Barbus, disque "rondes et chansons de France"
- On en revient à une chanson moins originale pour ce genre de classement... La seule chanson de ce classement qu'il a reprise.
- On en revient à une chanson moins originale pour ce genre de classement... La seule chanson de ce classement qu'il a reprise.
la version de Murat : http://www.youtube.com/watch?v=iU1imbGG11s
- Et petit pied de nez à la Murat... il insère dans son classement aussi la version de COHEN...
J'ai trouvé une petite vidéo avec introduction par Joe Dassin...qui aurait peut-être pu figurer dans ce classement...
- Et petit pied de nez à la Murat... il insère dans son classement aussi la version de COHEN...
J'ai trouvé une petite vidéo avec introduction par Joe Dassin...qui aurait peut-être pu figurer dans ce classement...
- On rebascule encore dans le passé...par l'immense Malicorne... Ce n'est pas les "Tristes noces" dont j'ai pourtant déjà entendu dire que c'était la plus belle des chansons françaises (par Bernard Lallement, chef de choeur)... mais Marions les Roses
A noter que Murat se trompe de titre et indique : les roses font un beau bouquet (quand elles sont jolies)
- On trouve encore deux grands classiques : LES FEUILLES MORTES (Yves Montand), et LE TEMPS DES CERISES... Après le chant des partisans et l'affiche rouge, voici encore une chanson à haute valeur historique, hymne du peuple de gauche...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Temps_des_cerises_(chanson)
J'ai beaucoup aimé la version de Noir Désir:
- Dans tout classement de chanson... Il faut un TRENET... et Murat choisit, non pas la MER (qui est la chanson choisie par le public) mais une chanson plus personnelle de l'auteur de "que reste-t-il de nos amours?" (classé 10e) :
La Folle complainte est d'ailleurs classée 12e.
La Folle complainte est d'ailleurs classée 12e.
Très belle évocation de son enfance... dont on comprend facilement qu'elle touche l'auteur Bergheaud.
Dans la maison qui dort,
La bonne n'est pas sage
Mais on la garde encore.
On l'a trouvée hier soir,
Derrière la porte de bois,
Avec une passoire
La bonne n'est pas sage
Mais on la garde encore.
On l'a trouvée hier soir,
Derrière la porte de bois,
Avec une passoire
Se donnant de la joie. ... Je n'ai pas aimé ma mère.
Je n'ai pas aimé mon sort.
Je n'ai pas aimé la guerre.
Je n'ai pas aimé la mort.
Je n'ai pas aimé mon sort.
Je n'ai pas aimé la guerre.
Je n'ai pas aimé la mort.
ET ceci qu'y pourrait être du Bergheaud :
La vie, la mort, les squares
Et les trains électriques,
Les larmes dans les gares,
Guignol et les coups de triques,
Les becs d'acétylène
Aux enfants assistés
Et le sourire d'Hélène
Par un beau soir d'été.
- Le dixième titre nous permet de finir sur un peu d'humour... avec le grand Boby... dont on aurait aimé qu'il nous laisse un peu plus de chansons... Murat l'avait déjà cité, notamment à côté de Dassin et Caussimon dans une interview avec RAPHAEL (de 2006). On ne sera donc pas étonné de ces choix peu modernes faits par Murat. Ce classement illustre bien les propos qu'il tenait au Nouvel-Obs en 2002:
Et les trains électriques,
Les larmes dans les gares,
Guignol et les coups de triques,
Les becs d'acétylène
Aux enfants assistés
Et le sourire d'Hélène
Par un beau soir d'été.
- Le dixième titre nous permet de finir sur un peu d'humour... avec le grand Boby... dont on aurait aimé qu'il nous laisse un peu plus de chansons... Murat l'avait déjà cité, notamment à côté de Dassin et Caussimon dans une interview avec RAPHAEL (de 2006). On ne sera donc pas étonné de ces choix peu modernes faits par Murat. Ce classement illustre bien les propos qu'il tenait au Nouvel-Obs en 2002:
C’est la chanson française actuelle que je mets en cause parce qu’elle ressemble de plus en plus à de la variété internationale. Par le passé, il y a eu des artistes formidables comme Bourvil, Boby Lapointe, Dick Annegarn, Isabelle Aubray, Charles Trenet... Je constate qu’aujourd’hui il y a une sorte de mondialisation qui me déplaît souverainement. Les chanteurs québécois, qui sont le cheval de Troie de la culture anglo-saxonne, hurlent dans le micro comme si l’électricité n’avait jamais été inventée. Par eux, c’est la culture américaine qui s’infiltre et dénature notre paysage. Alors que nous, les peuples d’Europe, sommes des murmurants. Pour moi, la voix de la France, c’est Etienne Daho ou Miossec, Johnny Hallyday étant une exception. Mais cette tendance un peu vaine qui consiste à mélanger ce qu’il y a de plus branché dans le rock avec ce qu’il y a de plus branché dans la poésie m’agace. Cela dit, on pourrait me retourner le compliment! C’est difficile d’être un chanteur français. Je pense que c’est une espèce en voie de disparition.
A noter tout de même la présence de Prévert qu'il a déclaré "détesté" et d'Aragon qualifié de "sous Baudelaire" (L'express, 2007).
"II me semble que dans la chanson française on s'est de plus en plus éloigné de la musique de la langue, jusqu'à arriver à une sorte d'impasse. Gainsbourg, Bashung, évidemment que c'est sensas. Mais si tu les mets sur l'arbre de la langue, c'est une branche morte. Tu ne vois pas quelle descendance ils peuvent avoir. Moi, j'essaie plutôt de rester dans le tronc, dans la montée de sève. Quand tu travailles sur des textes comme ça, tu t'aperçois que ce qu'on appelle la chanson française, c'est la langue classique, celle qui a été posée au XVIIe siècle et qui possède sa musique intérieure. Et on y revient toujours, quels que soient les détours. Je pense par exemple à Carlos Jobim qui explique qu'il a inventé la bossa en jouant du Debussy. Il jouait du Debussy au piano, les fenêtres ouvertes, et c'est en entendant les rythmes provenant de la rue mélangés à Debussy qu'il a inventé la bossa. Et aujourd'hui, par un détour fulgurant, Salvador cartonne, en chanson française, avec un album bossa ! C'est pourquoi, à l'arrivée, je trouve pathétique la manière de Gainsbourg de jouer avec les mots. S'il parlait de la chanson comme d'un art mineur, c'est finalement qu'il ne s'en sortait pas ! Il aurait bien aimé faire toujours Je suis venu te dire que je m'en vais, faire du Verlaine, mais ça ne marchait pas. Comme le Gainsbourg avait un esprit de synthèse fort, qu'il voyait bien quelles musiques marchaient et qu'il ne voulait pas ronronner, il dynamitait les mots. Mais après quoi, c'est l'horreur. Parce que tu te retrouves dans un langage publicitaire, parce que tu fais du publicitaire. Arrivent alors des mecs élevés au Gainsbourg qui font du publicitaire, et comble de l'horreur, qui arrivent à te le faire passer pour de la littérature : Frédéric Beigbeder, par exemple. La langue est alors finie.
A noter tout de même la présence de Prévert qu'il a déclaré "détesté" et d'Aragon qualifié de "sous Baudelaire" (L'express, 2007).
"II me semble que dans la chanson française on s'est de plus en plus éloigné de la musique de la langue, jusqu'à arriver à une sorte d'impasse. Gainsbourg, Bashung, évidemment que c'est sensas. Mais si tu les mets sur l'arbre de la langue, c'est une branche morte. Tu ne vois pas quelle descendance ils peuvent avoir. Moi, j'essaie plutôt de rester dans le tronc, dans la montée de sève. Quand tu travailles sur des textes comme ça, tu t'aperçois que ce qu'on appelle la chanson française, c'est la langue classique, celle qui a été posée au XVIIe siècle et qui possède sa musique intérieure. Et on y revient toujours, quels que soient les détours. Je pense par exemple à Carlos Jobim qui explique qu'il a inventé la bossa en jouant du Debussy. Il jouait du Debussy au piano, les fenêtres ouvertes, et c'est en entendant les rythmes provenant de la rue mélangés à Debussy qu'il a inventé la bossa. Et aujourd'hui, par un détour fulgurant, Salvador cartonne, en chanson française, avec un album bossa ! C'est pourquoi, à l'arrivée, je trouve pathétique la manière de Gainsbourg de jouer avec les mots. S'il parlait de la chanson comme d'un art mineur, c'est finalement qu'il ne s'en sortait pas ! Il aurait bien aimé faire toujours Je suis venu te dire que je m'en vais, faire du Verlaine, mais ça ne marchait pas. Comme le Gainsbourg avait un esprit de synthèse fort, qu'il voyait bien quelles musiques marchaient et qu'il ne voulait pas ronronner, il dynamitait les mots. Mais après quoi, c'est l'horreur. Parce que tu te retrouves dans un langage publicitaire, parce que tu fais du publicitaire. Arrivent alors des mecs élevés au Gainsbourg qui font du publicitaire, et comble de l'horreur, qui arrivent à te le faire passer pour de la littérature : Frédéric Beigbeder, par exemple. La langue est alors finie.
Dans la variété, ça donne toutes ces biches, ces petites nanas qui déplacent l'accent tonique et chantent comme des Américaines pour faire sauter le dernier verrou de la langue. Alors que la grande tradition de la chanson française, c'est l'articulation. Ce phrasé, c'est d'ailleurs la force de Gainsbourg. Là, il est dans la lignée de Nat King Cole qui institue, avec Frank Sinatra, le grand phrasé américain. Salvador est tout à fait là-dedans. Yves Montand aussi. Moi, je ne le fais pas assez, je baragouine, comme me le dit tout le temps Isabelle".
La version studio : http://www.youtube.com/watch?v=SgTnwn7Xu-w
A noter que Dominique A a choisi "Amours débutants" (et pour Manset, Camion baché) et Florent Marchet "Nu dans la crevasse"... Cherhal, Bertrand Soulier, Robi ont également indiqué un Murat... mais je n'ai pas fini de vous compiler tout ça... On en reparle!