Canada 8 : petit article et impressions
Publié le 13 Juin 2010
http://7jours.canoe.ca/musique/entrevues/2010/06/03/14254141-7j.html :
Jean-Louis Murat aux FrancoFolies
Jean-Louis Murat @ Carole Epinette
«Vous ne m’avez pas invité, je crois!» blague à l’autre bout du fil Jean-Louis Murat pour justifier son premier passage à Montréal en 10 ans. L’artiste français, qui lançait en décembre dernier le 25e album de sa carrière, Le cours ordinaire des choses, se produira à L’Astral les 10, 11 et 12 juin, dans le cadre des FrancoFolies.
Loin de proposer une rétrospective de ces 10 années passées loin des scènes québécoises, Murat se concentrera plutôt sur son dernier opus, en plus d’interpréter quelques pièces inédites, prenant soin de présenter un concert différent chaque soir. «J’ai la réputation de ne jamais faire deux fois la même chose. Ce sera le même répertoire mais, en l’occurrence, ce ne sera pas les mêmes interprétations; ça, c’est sûr! Je fais partie de ces originaux qui n’arrivent pas à faire comme tout le monde.»
Possédant une source d’inspiration inépuisable, l’auteur-compositeur-interprète a évolué dans le milieu artistique au rythme d’un album par an. Se renouveler semble pour lui être un véritable jeu d’enfant. «C’est ma nature. Je me sens toujours débutant. Chaque fois que j’enregistre un album ou que je donne un concert, je pense que c’est le premier. Ça me place dans une sorte de climat de crainte. J’ai la chance de faire ce métier. J’essaie de ne pas m’enfermer dans des rêves et des habitudes.»
Cette tendance à déjouer le cours ordinaire des choses l’a mené à Nashville, au studio Ocean Way, qui a notamment vu passer en ses murs Ray Charles, Eric Clapton et les Rolling Stones. Mythique, l’endroit a quelque peu influencé la sonorité de son dernier opus. «Je crois à la mémoire des lieux. Le choix du lieu dans lequel on va enregistrer n’est jamais innocent. C’est toujours intéressant et fructueux.»
Avec un sens de l’autodérision surprenant, Murat se défend bien d’avoir voulu livrer une quelconque morale par l’entremise du Cours ordinaire des choses, précisant avoir plutôt exprimé une partie de lui-même. «Je suis très Français et très égocentrique. Mes chansons parlent de moi, essentiellement. C’est un questionnement de moi à moi. Il n’y a aucun message.»
Entre pessimisme et passion
L’artiste, qui a aujourd’hui 58 ans, en convient: la situation de l’industrie musicale s’est largement détériorée. «C’est de moins en moins excitant. On est de plus en plus marginalisé, et il y a de moins en moins d’argent. C’est, je crois, un domaine en perte de vitesse. Ce n’est pas très marrant. Chaque chanteur français est un peu un looser. Ça me contrarie beaucoup. Je suis un anti-looser, et l’obligation d’être un looser pour continuer à surnager dans ce cloaque de la chanson française est un peu pénible parfois.»
Le prix à payer pour l’évolution technologique est, à son avis, la disparition d’artistes de sa trempe. «Je ne vois pas vraiment comment on peut lutter contre ça. C’est un combat perdu d’avance», confie-t-il, pessimiste.
Pourtant, sa passion pour la musique, elle, est demeurée intacte. «J’ai envie de faire des disques significatifs, importants et optimistes pour le futur.» D’ailleurs, l’artiste prépare déjà deux nouveaux albums: «Je ne sais pas quand ils sortiront, mais j’y travaille.»
Jean-Louis Murat sera en spectacle à L’Astral les 10, 11 et 12 juin à 20 h 30, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.
Je vous livre quelques impressions de personnes présentes :
- Jean-François : Génial ! Génial ! Génial ! J'ai apprécié ses talents de pianiste il y a 10 ans lors de sa visite au cabret du Musée juste pour rire. Hier il a su nous faire vibrer avec son immense talent de guitariste, tout simplement accompagné d'un batteur, d'un bassiste et d'un claviériste. Le tout dans une petite salle intime avec des éclairages sobres. Mais vraiment, je peux confirmer que tous ont beaucoup apprécié ce moment intense avec Jean-Louis. Souhaitons qu'il revienne nous voir avant 2020 !
- Rico sur le forum sur Manset a été conquis : Le concert de JLM avant-hier soir dernier à l'Astral dans le cadre des Francos de Montreal a été tout bonnement phénoménal...
Avec une excellente alternance entre des belles balades à la Murat et des morceaux tellement rock piqués dans son dernier opus "Le cours ordinaire des choses"
1h45 de show qui restera gravé longtemps ds ma mémoire! Yessss . N'ayant pas toujours été fan de JLM, je dois avouer que là , il m'a bluffé. Et un nouveau converti, un !
- Nicole dit "froid et décevant"... ce qui ne l'a pas empêché de faire l'aftershow avec Jean-Louis semble-t-il. Quant aux Inrocks, ils reviennnent sur le débat sur la fermeture du bar... :
puis on trace à l’Astral, pour le premier concert de la semaine, Jean-Louis Murat.
En regardant l’affiche, on trouve que JLM ressemble un peu à Olivier de Kersauzon mais ça nous frappe moins à l’intérieur. En tout cas JLM a décidé que tous les bars de la salle devaient être fermés lors de ses concerts (il en donne 3 en 3 jours, les brasseurs ne lui disent pas merci). Du coup on regarde le concert avec une acuité nouvelle, et croyez-moi c’est plutôt agréable. Bon ok JLM est vêtu d’une espèce de surchemise très longue dans les fesses qui ressemble un peu à une nuisette ou à une blouse d’épicier, mais ça lui va pas mal. Plus les chansons passent, plus la filiation avec Neil Young devient évidente. Murat est peut-être plus bavard dans ses textes, mais les laves de guitare, les morceaux qui déroulent, les litanies, tout cela rappelle le vieux Neil et donne une tournure très chouette à ce premier concert. Murat fait quelques blagues avec le public, dit qu’il va jouer des chansons très sexuelles, et ça fonctionne pas mal. Des femmes intéressées lui répondent, il sourit un peu gêné. Ah si seulement on avait ouvert le bar on aurait rigolé un peu plus hein Jean-Louis, t’es tout inhibé vieux.