Chroniques québécoises et TELERAMA
Publié le 24 Avril 2013
LE TOBOGGAN est sorti hier au QUEBEC.
"De sa belle voix feutrée, tout en douceur et même quelquefois chuchotée,
Jean-Louis Murat nous interprète dix chansons à débit lent avec des bruits de la nature. Un album folk différent dont la majorité des pièces sont chantées avec des voix en arrière plan et des arrangements musicaux sublimes dans leur dépouillement.
Murat à travers ses pièces nous suggère des émotions, peint des atmosphères, joue avec les mots, découpe les syllabes et chante sur un ton de confesse.
Sur ses compositions, il a exclusivement joué d’une guitare aux cordes nylon, réuni quelques instruments qui semblent pour lui être autant de jouets (orgue, synthés, piano, cuivres, boîte à rythmes antédiluvienne…), varié les effets, ajouté des bruits volés au quotidien.
Murat est un homme de contraste qui déteste la routine et se répéter. Il serait même plutôt du genre à “risquer le pire”, mais toujours mu par l’authenticité qui fait de lui un artiste singulier, insaisissable, libre, difficile à cerner, impossible à cataloguer.
Autrefois chez Universal, il a été accueilli par la structure indépendante [PIAS] France avec laquelle il commence aujourd’hui un nouveau chapitre de son histoire rocambolesque. Un chapitre qui débute sur ses terres.
Depuis quatre décennies que Murat sort du lot avec sa discographie. On pourrait évoquer Grand Lièvre, sorti en 2011, beau disque épris d’espace, intense et lumineux, entre ses mélodies enjouées et ses paroles éplorées.
Murat a beaucoup voyagé. De Paris (Dolorès, 1996 – entre autres) à Nashville (Le Cours Ordinaire Des Choses, 2009), en passant par New York et Tucson (Mustango, 1999) ou Saint-Rémy-de-Provence (Grand Lièvre, 2011), sans oublier Moscou ou Taormina. Pour ce nouvel album, il a d’abord pensé (re)partir en Amérique. Cette terre qui a tant nourri son imaginaire.
Voici une brève description de ses chansons
Il neige : chanson lente qui nous ramène à l’hiver avec ses silences. On peut entendre l’écho de loups qui hurlent.
Amour n’est pas querelle : « aimer c’est être aimé, un mot n’est pas que rêve » On souhaite que l’amour soit éternel, mais quelquefois, ça se termine en même temps qu’une saison. Un dialogue avec lui-même sur cette très belle ballade.
Over and Over : Cette pièce est en français, même si le titre est en anglais. « Commeaprès un mariage. Je ne vois pas ton amoureux. Me voilà poubelle ». (Même l’amour est consommable et jetable).
Le chat noir : Dans le vent, le chat cambriole partout où il passe. L’espoir est pour le printemps.
Belle : Une chanson sur le désir. Il serait prêt à réchauffer sa belle de l’hiver. (On entend japper les chiens)
Robinson : vent, chevaux, oiseaux, canard, tout y est. On avise Robinson qu’il doit apprendre à s’orienter.
Agnus Dei Babe : Ta légende, je n’en veux pas.
Extraordinaire Voodoo : Des voix intérieures.
Voodoo simple : l’ensorcellement.
J’ai tué parce que je m’ennuyais (plutôt inquiétant comme titre de chanson)
“Le meilleur que je peux donner, c’est quand j’ai une guitare entre les mains ou que j’écris une chanson”, explique Jean-Louis Murat d’une voix posée. “En fait, soit je devenais artiste, soit je devenais malfaiteur. Je n’ai jamais vu de troisième case possible pour moi.
Murat a façonné « Toboggan » à la maison, en quasi reclus, dans une solitude qui l’a définitivement encouragé à se dépouillé de guitares électriques et de revenir aux instruments où l’on entend les mots.
Comme le laisse entrevoir la photo de sa pochette, on peut dire que c’est un album près de la nature avec l’espoir de jour meilleur par la clarté de la lumière blanche et douce qui apparait en arrière plan telle une auréole.
Christophe Pie à la batterie (que l’on croise désormais avec The Delano Orchestra et St. Augustine) et Robi aux chœurs sur la chanson
Over and Over". Marie-José BOUCHER
- Une chronique de Radio-Canada autour des nouveautés de la semaine: A partir de la 7e minute, c'est un peu court mais la chroniqueuse avoue qu'elle écoutait encore assidumment GRAND LIEVRE... et descelle du DIRE STRAITS dans Toboggan!
- Et enfin, dans TELERAMA! 3 f. Le tarif habituel... On notera une petite allusion à l'année dernière dans le commentaire de V.LEHOUX. C'est bien envoyé.
"Il paraît que le titre évoque la glissade de l'humanité. En ce qui le concerne, on parlerait plutôt de mouvement ascendant. Le nouvel album de Murat — qu'on aurait volontiers titré Chants bucoliques de plaines et de collines — est réussi. Une symphonie poétique et pastorale, aux accents médiévaux, dont les textes se peuplent de chiens, chats, grives, génisses ou autres brouteurs qu'il affectionne tant. L'animal y est même si viscéralement présent que des aboiements, des hennissements, des beuglements se mêlent à la voix et aux instruments... dans une harmonie étonnante.
Quant au chant, délicat et aux manières presque féminines, il ouvre la porte à toutes les interprétations. La neige qui tombe dans les textes est-elle là pour ouater un monde trop piquant, ou pour figurer l'hiver venant d'un homme ? La belle chanson Robinson, avec son antienne « apprends à savoir t'orienter » et ses questionnements (« quel est le chasseur qui m'aimait ? »), s'adresse-t-elle à un ami égaré, ou est-elle l'allégorie d'un sentiment troublé ? Murat a beau parler de culbute et de nudité, il reste secret, et garde toutes les clés. C'est ainsi qu'on le préfère. Et qu'on se laisse flotter en sa douce compagnie, sans savoir où cela va mener". — Valérie Lehoux
Murat est dans une petite interview dans le ROLLING STONE qui doit juste être sorti.