Clichés 16 : une année en pays sauvage avec Magali Brénon
Publié le 24 Juin 2014
Je vous proposais il y a quelques jours une "inter-ViOUS ET MURAT" avec Magali Brénon, autour de son livre "jamais par une telle nuit" (éditions le mot et le reste). La page Fb de Jean-Louis Murat a dans les jours suivants mis à l'honneur le livre:
"Roche branlante, Fontaine Salée, col de la Croix-Morand. Dans la voiture en appeler aux murmures aux chansons, aux notes déviées sur la portée (...) Contre le silence des images décolorées faire intervenir la mémoire, les sons les sensations à l'épreuve de mon corps, tenter de rencontrer le monde sauvage et de contrer la chute, rouler." Extrait de "Jamais par une telle nuit", la réponse littéraire de Magali Brenon aux chansons de JLM... Editions Le mot et le reste, janvier 2014.
Mais ce n'est pas pour ça que je vous en reparle... Devant tout le matériel photographique que Magali Brénon m'a envoyé pour illustrer l'interview, je lui ai proposé de réaliser un article "clichés" en complément... avec le principe habituel: que le vagabondage se réalise aussi en poésie, mais pour une fois, non pas avec les mots signés Bergheaud, mais en compagnie des sons et des sens de Magali Brénon... Sans dévoiler en rien le récit inclus dans "jamais par une telle nuit". Et quelques jours avant le Koloko 2014, le week-end où toutes les routes mènent à Clermont (même celle de Magali), ces photos vont nous permettre avec quelques heures d'avance de nous retrouver au coeur du Sancy... plus que jamais au coeur de l'inspiration de M. Bergheaud.
J'irai de la Godivelle à Compains, de Servière au col de la Croix-Morand. Un pied, l'autre, un pied devant l'autre....
Arrivé au sommet, observer les paysages de mon corps et tenter d'en lire quelque chose.
Le lac a quatre-vingt-douze mètres de profondeur. A en croire la légende, mieux vaudrait ne pas le réveiller. Je lui jette donc la première pierre...
Temps blanc, sol blanc, je m'engourdis, je me laisse recouvrir et je m'endors d'un sommeil lourd, sans rêves.
Roches montagnes pierriers et feuillage s'effacent ; autour de moi le paysage s'évanouit. J'écoute.
Près de moi les torrents du fleuve produisent une clameur tapageuse ; j'écoute leur murmure.
Là, j'irai me rafraîchir dans les cascades à pic et dans l'eau éclatante, au bord des cavernes et des sources, je chanterai pour vous.
Nager, m'immerger, m'éloigner.
Avancer et et des mots peupler le trou du silence.Rouler avancer au hasard des panneaux de signalisation.
Pieds nus sur le sol couvert de branchages, de tapis d'herbes, de feuilles de hêtre, je gravis un escalier minéral aux paliers de roc, une volée de marches de terre détrempée et de pensées sauvages. Avancer.
Dans le miroir des fontaines gorgées d'eau je me cherche et ne me vois pas.
Cascade du Saut du loup, lacs de cratère ; échapper à ta peau et à tes langues de sable, dans les rivières et torrents. plonger mes racines, m'accrocher aux profondeurs de la terre.
Armée de mon seul vocabulaire, je me construirai un barrage. Me voici face au lac de retenue.
Bascule la trappe, filent à l'égout l'été les chaleurs immobiles du mois d'août.
A défaut de danser, rouler avancer dans la densité des herbes folles. Douharesse, Orcival, Lady of. Dans la voiture monter le son laisser éclater les chansons.
un pays de landes et de bois, de prairies de tourbières, d'humidités de petits lacs.
Schiste,gneiss, mica, cristal de roche et grenat,à mes pieds le sol resplendit
Au loin, le barrage tient bon
Le jour s'est dissipé l'air s'épaissit. Ce chant n'a rien à voir avec les autres, ce soir avec les autres soirs.Face à la nuit sur mes champs de glace il vient déposer une couche de paroles.
Toutes les photos: © Magali Brénon
Citations extraites : Edition le mot et le reste.
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