Compte-rendu de (mon) MACON, concert du 27 mars.
Publié le 30 Mars 2013
4 jours après Meylan, j’étais impatient… malgré tout. Tout. Pas tant de choses… du coup, j’étais vraiment impatient, je vous dis… tout. Ou presque. Ah, difficile d’être précis!
C’était une belle journée, malgré le pic de pollution, 20 kilomètres à l’heure de moins ou de plus, on arrive.
J’avais envie de flâner sur les quais, ce front de Saône ouvert sur la campagne. Il est joliment réaménagé depuis que je l’avais foulé il y a une quinzaine d’années. Je marche sur les vers de Lamartine… en compagnie d'un satané petit vent glacé… Je file m’engloutir un kebab: non, jouer le romantique esseulé, ça sera pour une prochaine fois! Je file rejoindre la foule macoromaine des concerts de Jean-Louis Murat. Oui, la foule : Il y a une petite queue vers 20 heures devant la salle.
Comme d’habitude, je file devant l’espace flyers et gratuits pour glaner quelques pièces de papier de collection, et je fais chou petit macon (en bourgogne, on ne dit pas blanc, mais un petit macon). Ce n’est qu’en passant par les toilettes, que je tombe nez à nez avec Murat… sur une affiche de la soirée… et elle termine dans la poche. Histoire de. Juste par acquis de conscience. On n’a pas le droit de faire des photos, faut bien que je trouve de quoi illustrer cet article.
C’est une jolie salle… la cave à musique, qui n’est pas vraiment une cave, car on n’y descend pas… mais on s’y croirait: voute, pierres, assez bas de plafond. Pas un gros volume…. Ca serait parfait si le bar ne se trouvait pas dans la salle… Même s’il était fermé, et c’est bien normal, j’ai été un peu gêné par des gens qui y discutaient durant le concert. Enfin soit, pour le moment, c’est surtout que je ne vois pas sur la scène les écrans pour les vidéos… Manque de place pour les mettre ? Il n’y a que des toiles noires sur le fond. Ca serait dommage.
Autour de 20h45, la première partie débute : Olivier Depardon débarque… ah, amusant et intéressant : même configuration que Murat. Batterie, guitare… mais Olivier Derpardon lui a un peu de programmation et surtout un sampler… Et ces petits jeunes avec cet outil, j’apprécie toujours : une petite voix de chœur enregistré au départ, ou un bout de guitare… qui tourne en boucle, permettant au chanteur de s’offrir un petit solo ou une petite harmonie… Je me dis que j’aimerais bien voir Murat s’approprier cette machine… Mais faire comme tout le monde, pas question… et les vieux bluesmen, de ceux dont on se dit qu’ils ont toujours été vieux, n’utilisaient pas ça… Pourtant, Murat qui a redit cette semaine (dans une interview parue cette semaine, c’est différent) qu’il aimerait être reconnu comme musicien, aurait peut-être intérêt à utiliser ce genre d’artifice… Le mot est dit : artifice. En matière de mode, sur un set à deux, je pense que nombreux artistes in auraient pris un multiinstrumentiste avec eux, qu’on aurait vu des échanges d’instruments (comme on a vu chez Biolay, Marchet, Eicher)… Non, là, Murat, c’est : moi, la guitare, toi, la batterie. A la rigueur, j’ai une deuxième guitare. Et voilà.
Alors, oui, Depardon (ex-Virago), y’a pas photo (... huez-moi, huez moi): du point de vue, musique, plutôt bien, mais peu de chant, beaucoup de talk over (encore un fan de Diabologum ?), et des textes pas extraordinaires. Mais plutôt à découvrir ! Avait-il déjà pas mal de gens venus pour lui ? Il ne m’a pas semblé que le public était particulièrement chaud ou a réclamé des rappels, mais le fait est que quand Murat a débuté, la salle a paru moins remplie… Le changement d’installation scénique a pris un peu de temps, et le bar a fermé… Entre temps, j’ai été rassuré : on a déscratché le tissu noir pour faire apparaitre du blanc. Les projections seront néanmoins un peu réduites du fait de la voute… ce qui est peu dommageable : sur certaines chansons, les 3 pans sont nécessaires… et ayant décidé cette fois d’assister au concert de loin (15 mètres disons), j’ai l’impression de quelque chose d’un peu moins enveloppant… Plus près de la scène, on peut se sentir un peu immergé dans l’image… De loin, enfin, certaines projections ont tendance à camoufler un peu Murat (sur deux/trois chansons). A Meylan, j’avais aimé voir de temps en temps l’ombre de Murat se dessiner sur l’écran… En me reculant, j’espérais l’apercevoir, peut-être le voir mener sa propre vie, comme le petit personnage dessiné du clip de caillou… Et puis, et puis, je n’avais pas vu Stéphane de la soirée à Meylan, caché par la cymbale. Je me mettais donc bien de son côté, pour observer un peu la complicité.
Et c’est parti, mon Mimi…
Pas de surprise, même costume… mais point de paroles pour débuter …. Chauds applaudissements en tout cas. Quelques notes de guitare bourdonnantes… Lente intro d’« over and over » sous le scintillement de la rivière… on accélère le rythme doucement… Là, où la version chantée sur France 5(cf article précédent) restait down tempo, on a là une vraie variation.
Cela enchaine rapidement… « Belle ». Laurent Cachard vous a dit qu’il adorait cette chanson, moi, je vous ai déjà dit… quoi que… quand il chante « jeanne… »…. « jeanne »… là, je ne dis pas… peut-être à cause de Manset… C'est fou, cette Jeanne, ce qu'elle a comme succès avec les chanteurs...
Ensuite, l’inédit « l’eau de la rivière »… Cela évoque-t-il à certains Eicher et son indispensable « rivière » ? Pas au niveau musique : rythme lourd de la batterie… Mais j’adore la voix de Murat quand il la pousse haut, parfaitement juste. « Boum, boum » chanté en parfaite adéquation avec le battement violent des tambours. Enchainement sur le refrain vraiment entrainant… On espère que chacun pourra la découvrir rapidement.
Toujours pas de blabla… ça enchaine… on est dans l’étape du tour où ça se gagne au sprint : gros solo en intro, avec l’excellente batterie de Stéphane… Du blues endiablé… Au moins 3 minutes d’intro… avec léger ralentissement final, assez bien maitrisé, pour l’atterrissage sur « lindeberg ». Samedi, le morceau avait démarré plus directement…et s’était enflammé… là, c’est un peu inversé… c’est normal, c’est Murat, c’est différent tous les soirs, et c’est très bien comme ça.
Le coureur espagnol… et il pioche un peu: glycémie. Problème de texte… A-t-il choisi cette chanson au vu de l’actu sur Armstrong ? Pour le VTC de la pochette ? Peut-être que parce que c’est une des excellentes chansons de l’excellent « grand lièvre » ? Belle progression… et belle interprétation finale pour l’envolée jusqu’à la ligne… et…et… toujours pas un mot de Murat.. Il n’avait pas arrêté samedi… là, pas un mot…
La batterie enchaine rapidement très down tempo… mais.. mais… Murat improvise un peu, comme il l’a fait samedi, devant Stéphane pour l’accompagner.. mais c’est cette fois une sorte de chanson africaine… mais il le fait loin du micro. Difficile de l’entendre… Sans avoir parlé au public auparavant, on peut en ressentir un petit malaise… Surtout qu’il s’agit de l’intro de « j’ai tué… »… version très différente de samedi, où la chanson avait été emportée par un gros solo… c’était Sérial killer en burn out… Ce soir, c’est plus Serial killer calculateur, façon Dexter ou à en croire la voix doucereuse de Murat Landru 70’s… je vous ai déjà dit que Murat, c’était toujours différent ?
Je pense que là, il a dit quelques mots… en s’accordant… mais là encore, loin du micro! Un peu pénible ces guitares… On reste en tout cas sur un concert avec la même forme et enchainement qu’à Grenoble: Murat passe en solo…
« une chanson du nouvel album… qui se trouve sur le nouvel album… en vente à l’entrée »… le chat noir… Comme je vous l’ai dit au début, la mise en scène est un peu tronquée du fait de la configuration de la scène… Rien à rajouter par rapport à samedi. Belle chanson, mais je pense nettement moins bien interprétée que samedi où c’était à tomber (sur ses pattes… c’est l’avantage d’être chat plutôt que tartine de confiture). Murat, c’est toujours différent alors, faut accepter qu’on aime moins certains trucs… Le public qui n’était pas là samedi s’en pourlèche les babines… et ronronnent d’aise.
Encore un peu de paroles… souvent hors-micro… mais la séquence se termine sur une phrase bien agréable de présentation de cette grande chanson :
« quand on prend de l’âge comme moi, on va de plus en plus aux enterrements, et les étés sont de plus en courts, une chanson sur les enterrements et les étés de plus en plus courts »… Passer le pont mirabeau… Dans la ville de Lamartine, une petite excursion vers Apollinaire… On retrouve Murat bien concentré… et c’est juste une chanson magnifique.
Murat fait applaudir Stéphane qui revient…et alors que le haut-savoyard lance les baguettes, Murat chantonne : « on accompagne Stéphane, on accompagne Stéphane, on tape dans ses mains… »… yes, bien sympatoche… mais Murat se lance dans une jolie partie de guitare.. et le public s’arrête d’applaudir pour écouter totalement… C’est « sans pitié pour le cheval »… et ça nous fait une super intro très réussie, maitrisée malgré que ce soit bien sûr de l'impro. Nickel… la suite est un peu dessous : presque trop rapide… le cheval est emballé ! Murat tient pourtant bien les rênes… mais chanson un rien expédiée ! Donc, bein, c’était alors, là, mais alors, là… presque une autre chanson que celle jouée samedi… Différent tout ça… enfin… oui, je vous l’ai déjà dit… Et bein, je vous le répète, on ne sait jamais ! Meylan, one point.
Le titre suivant est enchainé au précédent comme samedi… même si on n’est pas du tout dans le même rythme… et c’est assez réussi : « il neige ». Je crois que c’est ce titre qui a été pénalisé par des larsens intempestifs… dont Murat va s’excuser après… Peut-être version moins « enfiévrée » que samedi.
Là, encore, petit temps pour la guitare… Je crois qu’à un moment, il dit « elle est fausse, tant pis »… ou un truc comme ça (pensée pour Pascal* qui est parti vite de la salle de Meylan pour écouter du Poulenc – un muratien cour-ordinairiste poulencien… d’ailleurs, on pourrait faire un rapprochement entre Murat et Poulenc … faudrait que je le contacte ce Poulenc pour une intervious…
*il a laissé un commentaire en partie consacré à ce sujet).
On a ensuite « tout dépend du sniper »… presque down tempo… Ca m’évoque un peu la tournée « moscou » où il me semble qu’il choisissait souvent cette « voie » douce. Ca s’énerve tout de même un peu sur la fin, avec de gros larsens encore. Moins de richesse que samedi dans la musique et l’interprétation ?
Stéphane attend la suite… mais Murat lui dit : « je crois que je vais rester seul »… Le public croit peut-être à un oubli du batteur… mais c’est Jean-Louis qui choisit de faire l’impasse sur « agnus del babe » (comme à Meylan, il l’avait pourtant chanté à Marseille).
Murat se retrouve donc en solo, pour « amour n’est pas querelle ». C’est une chanson que j’ai souvent dans la tête depuis une semaine… et c’est assez magnifique… même si je trouve peut-être le texte peu original (pour du Murat s'entend). Je suis pleinement dedans, le reste du public également, là, vraiment un magnifique accompagnement au sifflet… mais j’ai juste une petite saute d’humeur quand une ombre disgracieuse (son manche de guitare éclairé de dessous je pense… ) monte doucement… et va lui dessiner sur le visage un collier de barbe… à la Lincoln… Bon, c’est fugace, et peut-être lié à mon esprit malade… d’ailleurs, quelques secondes, l’ombre revient… et c’est le masque d’Hannibal Lecter que je vois… mais bon, je vous l’avoue, ça n’a aucun intérêt. A moins qu’il faille éviter de mettre un spot côté manche… Pour en revenir l’essentiel, peut-être la plus belle ovation de la soirée…
Ensuite, « Michigan »… un inédit magnifique. Evocation de la musique américaine ? de Jim harrison ?
RAPPEL.
Murat dit encore quelques mots… plaisante sur Maïcon, et les maconneurs, et les maconnasses… Puis présente l’équipe, charrie un peu la nouvelle venue : Camille à la vidéo… mais aussi les autres techniciens : si vous n’avez pas aimé la guitare, et les larsens, allez voir fifi… si vous n’avez pas aimé le son, allez-voir… »… Peut-être le signe quand même de quelques difficultés de trouver ses marques avec ces guitares… de collection… peut-être pas faites pour des sorties nocturnes sur les sentes muratiennes… qu’on utilise pour aller tôt en ville, ou descendre des hautes montagnes : Ginette Ramade… Pas de pb de texte ce soir… Là, pas photo, version réussie… Murat articule les mots comme dans un sermon…
Extraordinaire Voodoo… pour terminer calmement. Magnifique tempo tout doux sur lequel Murat colle sa voix… sans jouer de guitare durant un long moment... Une seconde de silence… puis repart… ah, encore un larsen… Presque de l’a capela… puis la rapide progression du rythme, avec l’entrée de la guitare, avant qu’on reparte sur un couplet plus calme… mais avec quelques notes de guitare… avant que ça ne s’enflamme encore…mais un rien « tranquillet »… Très réussie néanmoins. Au trianon, on peut imaginer une puissance mille (façon Bataclan lors de la dernière tournée).
Applaudissements chaleureux… un peu plus nourri qu’à Meylan… mais là, encore, la lumière se rallume vite… et on n’insiste pas, Murat ne cherche pas à se faire applaudir durant des plombes… il est d’ailleurs fort tard.
Alors, si faut récacapituler toutes les bêtises que je vous ai dites, ou du moins résumer, quoi dire… Je suis bien rentré dans le concert, plus qu’à Grenoble, peut-être, j’ai vraiment apprécié, mais une prestation je pense un peu en dessous, malgré un bon public… peut-être liée aux problèmes de guitares. Une heure 35 de concert, donc un peu moins que Grenoble pour une set-liste identique (j’espérais au moins agnus del babe en plus, voir un petit changement : ginette ramade ? ou le champion espagnol ? qui pourraient sauter pour des titres moins entendus sur les tournées précédentes ?)
Les échos que j’ai eu des fans présents sont très positifs : Jean-luc « New JLM, classe et à l'aise avec un professionnalisme hors pair! Grande présence à deux sur scène, bon guitariste et juste en chant! Il a occupé tout le volume de la salle. Il pourrait en faire autant dans un zénith rien que par son charisme ». D’autres m’ont évoqué, comme je l’ai ressenti, certains relâchement sur certains titres… et puis bien sûr, cet absence de bassiste… qui moi, ne me gêne pas vraiment , d’autant que la complicité avec Stéphane est forte, tant sur les morceaux que sur le côté (Murat le serrant dans les bras, lui demandant de revenir saluer).
J’ai eu un peu peur en ne le voyant pas prendre la parole, et puis ensuite, il s’est un peu ouvert… mais on n’entend parfois mal puisqu’il parle la plupart du temps hors du micro. C'est bête de finir là dessus? Oui... bon, c'est comme ça... Ah, non, j'ai une idée: 2013, c'est les 10 ans de Lilith... alors, bon, Monsieur Bergheaud, vu que vous avez lancé une tradition (si, si, si!) l'année dernière de reprendre, à la date anniversaire, un de vos albums en live... et puis, ça va s'enchainer, c'est pratique... je vous propose que la France entière vienne remplir la coopé le 22 juin... pour écouter Lilith... ou une partie, ne soyons pas plus bonapartiste que Murat... De toute façon, je n'aime pas les surprises... Allez, allez!
Les impressions du romancier Laurent Cachard:
http://laurentcachard.hautetfort.com/archive/2013/03/28/bravo-macon-titre-contraint.html
On retrouvera sur son blog d'autres articles sur Murat comme il l'indique dans l'article.
Petite question: arriverez-vous à reperer sur une des vidéos (la cd-thèque de Jean-Louis) un des rares disques en Français?
- Je pense qu'il s'agit d'un disque de MALICORNE.... A vérifier