Dans les Echos
Publié le 6 Octobre 2011
Allez, la tournée, ça commence ce soir (et il reste des places) et pour fêter ça (la tournée, pas qu'il reste des places!), un grand article tiré des ECHOS... qui malgré la crise, traite quand même du chat... à foueter? (est-ce que ça veut dire quelque chose?...)
http://www.lesechos.fr/journal20111006/lec1_entracte/0201668142992-grand-murat-229290.php
Le premier poème que Jean-Louis Murat a appris par coeur s'appelait « Les Petits Lapins » d'Emile Verhaeren. Voici bondir l'excellent « Grand Lièvre » qui ramène le chanteur vers les hautes terres d'Auvergne, après un détour par Nashville. Chez les Indiens d'Amérique du Nord, le lièvre, architecte de l'univers, est un esprit farceur. Sauvage et libre comme l'air. Rétif à toute domestication. « "Grand Lièvre" était un titre provisoire, explique Murat. Finalement, je l'ai gardé jusqu'au bout, même si la chanson qui portait ce titre a sauté. Le sens, je m'en fous un peu. J'aime surtout la graphie de ce titre, sa sonorité. A l'oreille, en bouche, ça se tient. Je pratique une poésie instinctive. Je n'aime pas la poésie pensée. Le rap, c'est la mise à mort de la poésie, ce qu'il y a de plus bête dans l'art poétique, le mécanisme mis à nu de façon simpliste. La poésie, c'est la langue des dieux. Aujourd'hui, publier un recueil de poèmes, c'est devenu suspect. »
« Vendre les prés »
D'une écriture inspirée, cet album aux grandes oreilles évoque la guerre, celle de 14-18 où s'est illustré un ancêtre homonyme Jean-Louis Bergheaud (« Sans pitié pour le cheval »), et la résistance (« Rémi est mort ainsi »). « Vendre les prés » et « Haut Arverne » sont un vibrant plaidoyer contre le dépeuplement des campagnes et l'abandon de l'agriculture au profit d'un industrie touristique mal maîtrisée et destructrice. On y croise aussi Federico Bahamontes et Andreï Tarkovski.
Au départ, Murat disposait de quarante-quatre chansons, écrites à l'été 2010. « J'avais la matière à quatre albums. Ca m'a rendu malade d'en écarter autant. J'en ai gardé une dizaine. » Selon quels critères ? « Celle dont je me souviens au bout de trois jours, je la garde. C'est qu'elle est nécessaire. Il ne faut pas perdre de vue la nécessité d'une chanson. Ce métier est dégoûtant quand il cherche à rendre vrais des mensonges. Un tube, c'est un mensonge qui a l'air vrai. »
L'enregistrement s'est fait dans l'urgence, avec les fidèles Fred Jimenez, Stéphane Reynaud et le piano de Slim Batteux -un magnéto 24 pistes tournant en continu. « Le principe était : "on ne touche à rien". Je voulais conserver tout ce que le mixage enlève habituellement, le travail, la sueur, les interrogations, les erreurs. » En revanche, cette fois, les choeurs, mis en avant, jouent un rôle plus important qu'à l'ordinaire.
Tournée en préparation
Pour la tournée qui s'annonce (à partir du 12 octobre à Lyon avec un passage au Trianon à Paris, le 10 novembre), les répétitions ont commencé. « On fait deux ou trois jours de répétition, cinq ou six fois chaque chanson. Après, je fais l'artiste. Je suis capricieux : si une chanson ne me plaît pas, elle saute. Les chansons qui manquent de vérité m'obligeraient à des clowneries. Or, pendant la tournée, j'ensemence pour le prochain album en interprétant les chansons d'avant. » Et pas question de chanter forcément les titres les plus attendus. « Les gens se démerdent avec leur attente. Je ne suis pas là pour faire plaisir. Mon public sait que s'il me demande une chanson, je ne la ferai pas. » C'est dit.