Erik Arnaud "l'armure"
Publié le 18 Juillet 2010
Bon, je voulais le faire depuis un bail… et puis, un poil sur la main en chassant un autre, et ces putains de chats et autres crèmes à fouetter…voilà… mais j’ai réécouté l’album cette semaine, après une petite pause Randy Newman et New Order, et… je me suis dit qu’il fallait s’y mettre, que quand le devoir appelle, il faut y répondre… sauf si on a du lait sur le feu, ou alors piscine… et vu que là, c’est minuit… et que je m’emmerde… allons-y !
Alors, oui, « l’armure » d’Erik Arnaud… (je rappelle que j’y connais rien en musique, instruments etc …)
Pas trop de surprise qu’il figure sur « surjeanlouismurat-over-blog » : il aime Murat, moins que Manset, mais il aime… et c’est un fidèle collaborateur de Florent Marchet dont j’ai l’habitude de vous entretenir… Je n’ai pourtant pas accroché en un instant, une écoute rapide sur myspace m’avait laissé dans une neutralité qui ferait passer un fromager suisse pour un guérillo du Sentier Lumineux… et puis, j’ai finalement prêté l’oreille… Et il ne me l’a pas rendu ! Allez, je ne vais pas vous faire la bio et une critique construite, il faudrait pour ça que je bosse… Juste la musique (écoutez: http://www.musicme.com/#/Erik-Arnaud/albums/L-Armure-3661585275664.html ) : Play it, dégaine Sam !
Et effectivement, ça flingue d’entrée, les basses… voix presque chuchotée… mais qui nous dit « putain, ça suffit »… Synthé montant… accélération… mais pas de délivrance, on reste dans la tension… Ambivalence des sentiments ? Erik Arnaud n’a pas peur de prendre le rôle de la femme : « tu me prends pour une conne »… L’orchestration est magnifique… avec une belle utilisation de chœurs… Ce titre, c’est « Cheval » ( encore un clin d’œil à Manset et son « cheval cheval »).
Batterie… Rythmes enlevés… « Richard Cordoba »… un son étrange de guitare ( ?) qui fait l’originalité du titre… avec des claviers efficaces… J’ai lu qu’il s’agissait de faire allusion à Abel Ferreira… le mal, et le bien, la rédemption… C’est Florent Marchet qui tient la basse et des claviers sur le titre. On a ainsi quelques participations additionnelles sur le disque des frères Poggio et de B. Perrin, l’ancienne équipe de Marchet, mais Erik Arnaud a joué l’essentiel des instruments, et enregistré et mixé… Faut dire qu’il a pris son temps…
La 3 est ma préférée… celle qui me reste dans la tête… avec encore un titre assez manséen : « nous sommes ». Petit clavier…. Voix (« nous sommes le désert, une ville olympique, un village dans le Cher »)… très belle… Deuxième vague : orgue… puis une troisième presque cheap sur le refrain… et ça marche… alors que ça pourrait paraitre désuet… « sommes-nous le métal ou le bois ? »…. Jolie utilisation de « claps » de mains dans cette ambiance synthétique (on pense là à Murat première période… celle qu’Erik Arnaud préfère)… et le titre s’allonge doucement dans l’introspection…. On a quand même droit à une jolie guitare sur la fin…
4 :Rue de parme… Quelques notes de piano, voix…. Les titres commencent souvent par un instrument solo, puis l’arrivée rapide de la voix… rejointe après par les autres instruments….
« et on baise, et on parle jamais plus qu’un quart d’heure »…. Très simple (la musique est de F. Poggio). L’orchestration s’enrichit d’un synthé…et de chœur… J’ai l’impression qu’Erik Arnaud fait sauter un verrou de pudeur dans l’interprétation en osant pousser sa voix vers le haut (et en interprétant une nouvelle fois une femme : les deux couplets nous révèlent successivement, les pensées d’un homme, puis d’une femme, lors d’un 5 à 7 plein de non-dit, le tout en 2 min 23).
On a droit ensuite à la reprise de Manset : « vies monotones »… issues du même album qu’ «Entrez dans le rêve », le titre que Murat avait repris. Erik Arnaud accélère nettement le rythme de la version originale.. mais c’est un magnifique crescendo… guitares vibrantes… belles nappes de synthés jusqu’à une grandiloquence assez frappante sur le final… qui contrebalance assez bien avec la litanie manséenne du texte… joli coup ! Fallait oser…
Le 6e titre est plus léger (mais pas exempt de sombre) …et électrique. D’ailleurs, il débute avec des « yeah yeah »… pas très yéyé… mais plutôt datés 80’s… C’est l’histoire de « Rocco », un homme qui ressemblait à Rocard mais qui en avait une grosse… une chanson qui m’interpelle moins que les autres (bien que j’ai été rocardien…faut dire que j’en ai une petite).
Du bel ouvrage…
7 « Abigael ». Cette fois, c’est guitare sèche et voix. Un slow de feu camp….jusqu’à une petite progression très réussie à l’aide de guitare électrique, de piano…
La 8 commence à l’orgue… De nouveau une ambiance synthétique… C’est les orgues d’une église : « nous vieillirons ensemble, je suis avec toi dans tout ce que tu feras »… mais là encore, le rythme s’élève…. Et c’est difficile de ne pas taper du pied… Dommage que le titre soit si court (2’35)… J’en reste sur ma faim !
On reste toutefois sur un rythme rapide sur le titre suivant, avec une belle intro à la guitare électrique… On a encore droit aux petites orgues par la suite… Cette chanson « combat » a tout l’air d’un tube des années 80… presque dansant… Erik Arnaud y va même franchement avec un petit pont de clavier réjouissant : « merde, je suis adulte, j’ai plus rien à prouver »… mais il faut oser…
Dernier titre… débutant avec ces jolis vers à la Bashung: « il faut sortir de l’ornière, retrouver le pays de l’or noir », c’est « l’armure », la chanson titre de l’album qui clôt magnifiquement l’album, en faisant appel à une orchestration assez riche (avec des samples de voix)…amenant à une partie instrumentale en guise de final… que j’aurais aimé une nouvelle fois plus longue.
Cet album est assez sec, tranchant (10 titres, de maxi 4 minutes), de format assez classique, ne cherchant pas à sortir un bouzouki ou une onde Martenot pour faire original… Les textes sombres pourraient être rapprochés de ceux de Biolay, introspectifs, et nous interrogent sur l’avenir, les promesses et les ruptures… « s’il faut faire un choix, demandons nous pourquoi »…
Cet album, à l’image de celui d’Arnaud Fleurent-Didier, a été longuement muri. J’ai pas envie de dire qu’on espère vite un nouvel album… plutôt : qu’ils mettent autant de temps à faire le suivant pour faire aussi bien !
avec un petit cadeau à télécharger gratuitement....
PS: l'humeur du jour sur FB de Pierre Schott, l'autre chanteur adoubé par Bayon : Je n'ai qu'un seul regret dans ma carrière musicale: que JL Murat n'ait jamais relevé mon défi du Puy de Dôme à vélo. Sans doute ce baratineur craignait-il de prendre la trempe qu'il mérite!
JLM ne parle plus trop de vélo... Il a dû lever le pied...