Interview auvergnate
Publié le 24 Avril 2013
Après avoir parlé du QUEBEC, recentrons nous: une interview dans INFOMAG, magazine auvergnat. Murat annonce qu'il doit faire une émission avec Houellebecq...
A lire sur leur site:
« Toboggan » abandonne le superflu pour offrir à nos tympans abrutis de bassesse dix morceaux de choix. Du très bon Murat, qui valait bien quelques confidences…
I – Où es-tu en ce moment ?
J.-L. M. – Hier j’étais en concert à Montpellier, là je suis dans un hôtel à Bourges. Demain je serai en concert à Saint-Ouen… Bref, je suis en tournée ! Mais j’aime bien changer d’hôtel tous les jours, ce rythme me plaît …
I – As-tu prévu de venir jouer en Auvergne ?
J.-L. M. – On ne me propose jamais de venir jouer en Auvergne ! Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’habitude ; c’est comme ça depuis des années.
I – Tu joueras quand même pour ClermAuvergne le 22 juin à La Coopé !
J.-L. M. – Effectivement ! Je le fais chaque année depuis 10 ans. C’est une association de pompiers ; un concert de charité, de soutien. Maintenant, je connais bien l’équipe, et je lui suis fidèle.
I – Ton dernier album, « Toboggan », est très dépouillé musicalement… Pourquoi ce choix ?
J.-.L. M. - J’en avais marre de la batterie, de la guitare électrique, de la basse. Tous les quatre ou cinq albums, j’ai besoin de refaire un travail chez moi, en solitaire, pour me défaire de certaines habitudes. J’éprouve un grand ras le bol envers tout ce qui « code » la musique…
I – Tu dis avoir été guidé par la « faillite morale » de la société pour créer ce disque…
J.-L. M. – Ah bon ? J’ai dit ça ? C’est vrai que j’aborde un peu ce thème dans ce disque. Comme dans tous les autres, d’ailleurs. Mais qui ne le fait pas ? Je trouve qu’on vit une époque déglinguée. C’est Daniel Cohn-Bendit qui disait ça ce matin sur France Culture. Il suffit de suivre l’actualité pour s’en rendre compte : quand je suis en tournée, je me fais des shoots de télé ; je suis fasciné par la nullité de certaines émissions. Pour oublier tout ça, j’écoute « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust lu par différents comédiens. Ca me fait des vacances !
I – Que symbolise le « Toboggan » dont tu parles dans ton disque ?
J.-L. M. – Il symbolise la pente de la connerie qui nous guette tous ; il faut essayer de tenir bon et de ne pas se laisser guider par la consommation, les idées absurdes. Plus les gens ont de temps libre, plus ça les rend cons ! Je le vois au quotidien en marge de mes tournées dans les hôtels, sur les trajets… comme un sociologue en immersion dans la société.
I – Tu mets les Auvergnats dans le même sac ?
J.-L. M. – Ils sont bien gratinés. Je trouve le Clermontois bobo-mélenchonien. On fait marrer tout le monde avec l’ASM. Je n’ai pas cette passion pour les Jaunards, cette fibre régionaliste du rugby. Heureusement, plus on monte en altitude, moins les gens sont tarés. Les paysans n’ont pas ce souci de se regarder en permanence le nombril !
I – Ce disque marque-t-il le début d’un nouveau cycle ?
J.-L. M. – Je n’ai pas de plan de carrière ; je me laisse porter les évènements. Ceci dit, c’est vrai que je pense en permanence au disque suivant. Je vis rarement dans le présent, je me projette toujours un peu plus loin. C’est ma façon d’être, mon désir de faire. Finalement, il faut toujours croire que le dernier album sera le meilleur.
I – Apparemment, tu rêverais de faire un album pour enfants…
J.-L. M. – J’ai toujours aimé la chanson pour enfants. Anne Sylvestre, par exemple, est une artiste admirable. J’aimerais bien me lancer là-dedans, je me trimballe cette idée depuis une quinzaine d’année. Mais c’est un exercice très difficile : pour toucher les plus jeunes, il faut une certaine épure, de la simplicité. On ne peut pas tricher, il faut s’oublier un peu… Ecrire pour les adultes, c’est beaucoup plus facile !
I – Tes textes sont hyper travaillés…. Pourrait-on imaginer un recueil de poèmes signé Murat ?
J.-L. M. – Personne n’achète de la poésie ! Si on enlevait la musique à mes textes, il faudrait que je songe à chercher du travail. Je n’ai donc pas très envie de faire ça. En plus, je n’ai aucune prétention littéraire. Je n’écris pas des poèmes, mais des textes de chansons. Je dois faire une émission prochainement avec Michel Houellebecq. Je pense qu’on abordera ce sujet là…
Entretien Emmanuel Therond
CV 1952 Naissance de Jean-Louis Bergeaud dit Murat en Auvergne 1981 Premier 45 Tours, boudé par les médias… 1987 Se fait un nom avec « Si je devais manquer de toi » 1991 « Regrets », un duo avec Mylène Farmer, le fait connaître du grand public. Le titre est classé 3ème au Top 50. 1993 Sortie de « Vénus », enregistré en six jours dans une ferme du Puy-de-Dôme 2001 Collaboration avec Isabelle Huppert sur « Madame Deshoulières » 2013 Sortie de « Toboggan », composé de dix titres. L’artiste défend actuellement ses chansons sur scène… |