Jean-Louis MURAT à LYON: le JAGUAR capture un lièvre!
Publié le 14 Octobre 2011
Contraste amusant avec le Murat des Steppes affiché sur un mur urbain cradingue
Allez disons le tout net (ah, c'est cool, on est sur le net), et vous pouvez compter sur moi pour le dire sans circonvolution et autres... je... oui, je le dis: tout Pierrot que je suis, je n'allais pas à ce concert de manière tout-à-fait enthousiaste... soucieux de savoir comment le "Grand Lièvre" allait être cuisiné, et un peu décu par la set-liste probable...
Et puis, non pas au bout du compte, mais dès les premiers instants, c'était parti... Après une intro en lente progression, "qu'est-ce que ça veut dire" attrape le public dès le début... Plus de 6 minutes 30 plus tard, on accélère encore pour "sans pitié pour le cheval" (3 minutes...)... mené au galop.. et des jolis parties instrulementales avec des chouettes choeurs de Fred et stéphane... Le 3e titre reprend plus calmement, la basse de Fred nous vibre dans les oreilles, tandis que les doigts de Slim nous livrent une jolie partie d'orgue: "Rémi est mort ainsi" (5 min). Sur la fin, lalallallala, JL MURAT propose au public de chanter à ses côtés... Un début de concert nettement meilleur il me semble que sur la dernière tournée... notamment du fait de "qu'est ce que ça veut dire", enchainé au quasi-endiablé "sans pitié...".
On découvre donc un "grand lièvre" sévèrement électrifié, et une section rythmique pêchue. De quoi vraiment faire taire les critiques (que je n'ai jamais comprises) sur une soi-disante monotonie ou atonie des compositions de cet album... D'ailleurs, même si le public ne connait forcement tous ses nouveaux titres (mais c'est une information à vérifier), il semble rapidement conquis et applaudit vigoureusement. On part par contre sur un autre écueil : un concert assez monobloc... Et deux amies, moins adeptes, m'ont exprimé au bout du compte un peu de lassitude... Un titre au piano, une partie acoustique... dont on imagine ce qu'elles pourraient donner bien sûr!, ferait de ce show, peut-être le meilleur de Jean-Louis Murat... Et pourtant, ils ont été nombreux ce soir-là, à penser que c'était le meilleur concert de Jean-Louis qu'ils aient vu (Laurent Cachard, Dory Faye, Jean-Luc... et à eux trois, ils en ont usé des chaussures dans les fosses...)... Le fait est que "grand lièvre", déjà gaillard, au sortie du terrier se sort largement renforcé de cette course au grand air... Je me rappelle de la tournée "moscou" dans le même lieu, où les versions jouées étaient très largement ralenties, parfois tellement différentes de l'album... Là, le choix de l'ardeur est toujours effectué mais on retrouve toujours les chansons de l'album comme on les a aimés. Comme sur la tournée du Cours ordinaire des choses (c'est du moins ce que j'avais écrit), on se dit que dans ce cadre semble-t-il assez respectueux de la Tonalité, du Tempo et de la "Tructure" (les 3 T), et devant un set totalement impeccable et sans "fausse note", il y a peu de places pour l'improvisation et l'inspiration du moment...Et pourtant, je suis impatient de voir à Fontaine comment Jean-Louis réinventera tous ces titres... et il ne manquera sans doute pas de le faire.
Soit reprenons...
Alexandrie ensuite... nous laisse encore sur un rythme calme... Ca devrait être le moment d'émotion du concert, mais ça ne parvient pas totalement à remplir cet objectif... mais c'est néanmoins un excellent moment. J'aime beaucoup le texte dans son effet "liste" ou "accumulation"... Encore une fois, les choeurs interviennent... Plus de 6 minutes.
On poursuit sur "Haut-Arverne" (5.3)... magnifique fin, avec une voix de Jean-Louis au meilleur de sa forme, entouré des choeurs.... Ensuite, "Vendre les prés" (5)... Je constate que nombreux sont ceux qui opinent du chef... Le single a apparemment été bien choisi... Là aussi, Jean-Louis se lâche: "il faut vendre les prés" rageur... Slim Batteux est bien sage dans un coin, assis, derrière un tout petit clavier... On est donc loin de Denis et de ses doubles synthés. On le sent concentré, mais zen... mais partageant peu de regard, me semble-t-il, avec les autres... C'est d'ailleurs aussi le cas de Jean-Louis... Même s'il présente deux fois les musiciens il me semble.
Un superbe moment à mon avis ensuite: le coureur espagnol, qui débute sur un petit sample... Le titre est rythmé... mais fait une pause sur un Jean-Louis Murat quasi a capella... sa maison.. sa maison... avant de repartir de plus belle dans le Tourmalet... Vraiment une excellente version... mais un morceau trop court (pas plus de 5 minutes)... J'en aurai bien repris deux minutes, comme aurait dit Fignon....
Par contre, les morceaux défilent... ne laissant pas vraiment le temps de souffler. Là encore, Jean-Louis donnerait encore plus de gage de son plaisir d'être avec nous, en prenant quelques secondes... et je ne parle pas de "parler"... C'est vrai que je ne m' attends plus vraiment à ce qu'il le fasse. Par contre, là encore, d'autres camarades qui ne l'avaient vu que deux fois et sur la tournée TRISTAN, en solo donc, m'ont exprimé de vrais regrets là-dessus... Comme son entourage et lui-même ont l'habitude de l'expliquer, le silence de Jean-Louis est avant tout dû à la concentration sur sa musique, son "soi à soi"... et que s 'il commence à l'ouvrir, il a dû mal à s'arrêter. En fin de soirée, à la fin d'une très très longue séance de dédicace, où il démontre son plaisir d'être là et de discuter avec chacun, il ajoutera une autre raison (en réponse à l'évocation d'un concert à Rouen où il n'hésitait pas à s'engager politiquement...) : "non, mais je ne vais pas parler des ... [je ne me rappelle plus du terme utilisé, mais c'était élogieux bien sûr!] du PS parce qu'avec internet, c'est le lendemain de partout..."... J'étais dans mes petits souliers (rouges)... et je me suis fait tout petit... Le fait est que l'argument ne tient pas réellement... Il y a 20 ans il y avait bien un correspondant presse dans la salle, et c'était une toute autre diffusion... Mais soit...
Je remarque à de nombreuses reprises que Jean-Louis ouvre les yeux pour chanter... même si l'éclairage peut malmener ses yeux clair. Je vois cela comme une vraie tentative (et je pense : réussie) de se mettre en contact avec le public. Tout comme demander au public de chanter (à 3 reprises)... Le caractère ou non "très spontané" de ces gestes fera l'objet d'un petit débat entre camarades à la fin du concert... Jean-Louis récolte ce qu'il a semé... dans sa constante tâche médiatique de brouiller une identité... Marie Audigier nous indiquera en fin de concert, alors qu'elle interrogeait méthodiquement en prenant des notes sur un carnet à spirale, certains spectateurs à l'issue du concert : "jean-louis ne fait que ce qu'il veut, s'il le fait, c'est qu'il a envie de le faire"... Quand j'ai aperçu Marie derrière la console avant le début du concert, je me suis dit que Jean-Louis Murat allait peut-être jouer pour elle... ou avoir en tête qu'il allait être "jugé" par sa manageuse historique... Peut-être a-t-il encore la volonté de lui démontrer qu'il est meilleur que Manset? (sur l'aspect "live".. c'est sûr que là dessus...)...
Vrai plus sur cette tournée, le jeu de lumières essentiellement lié à des miroirs orientables vers lesquelles sont pointés des projecteurs... Les lumières enveloppent parfois Murat, l'entourent... Assez superbe... Petit bémol : on reste sur le noir et blanc... et les projecteurs vers Slim et Fred me font penser à une gazinière 6 feux... mais soit, je dis ça pour faire mon intéressant.
Voilà qui se pointent Les rouges souliers en taille 8... L'orgue swingue... Version assez semblable à ce que l'on a déjà entendu... On repart ensuite directement sur le gros riff de la lettre de la pampa, et les violents coups de batterie , leitmotiv de cette version... Jean-Louis se lâche sur la voix... mais le titre est bouclé en 3 minutes... une de moins que sur l'album.
Partie de guitare plus que familière ensuite: Mousse noire... Ca en est donc fini des titres de "grand lièvre"... pas de "je voudrais me perdre de vue"... pourtant très apprécié des fans me semble-t-il... Dommage... Un titre où Jean-Louis pourrait se livrer de manière un peu plus intime...
Il s'agit donc de la 3e tournée où Jean-Louis Murat joue "mousse noire", titre datant de Tristan (il figure sur le live inclus dans l'édition limitée de grand lièvre)... mais promis, juré : très belle version... "quel orage...." Très belle prestation vocale de Jean-Louis... et superbes ponts musicaux... Une version encore plus rock que celle enregistrée à Clermont, même si la version n'est pas étirée plus que cela.
Le public frappe dans ses mains... C'est "yes sir"... idem que mousse noire... on avait découvert le titre sur la fin de la tournée Tristan.. et il figure sur le Live... Et pour moi, c'était plutôt "no sir!!"... d'autant plus que la version donnée précédemment et son gimmick très répétitif me lassait... Cette fois, cet écueil est évité... et c'est après une longue intro d'une minute trente, que Jean-Louis se met à chanter... Et pas de doute... il aime ce titre.. "C'est ma vie..."... et s'amuse énormément à faire des variations sur le "yes sir"... puis à livrer un beau solo de guitare... même si la version est finalement plus courte que celle du "live in clermont"...
On reprend un peu son souffle ensuite avec "Foule romaine" (5), très cool... Jean-Louis nous invite à chanter... Je relâche un peu l'attention, même si j'écoute avec plaisir le public reprendre le refrain... Très belle partie de guitare... mais j'ai eu nettement plus de plaisir à retrouver "le train bleu" lors de la précédente tournée...
Première vraie interrogation ensuite... à l'écoute de l'intro suivante... Ca balance grave... et c'est près de 3 minutes plus tard que le public manifeste sa joie de retrouver JIM (7). Je n'adhère pas tout-à-fait à la version (orgue, et certains choix rythmiques)... mais là, encore, Mr Murat livre une belle prestation...
C'est le rappel... et public conquis... cris, applaudissements...et tout...
On n'a pas trop à attendre... Et Jean-Louis revient avec le groupe... avec une nouvelle guitare... Son plus saturé... et là, encore, je m'interroge... avant cette fois de reconnaitre au milieu de l'introduction, le titre de Bashung "ALCALINE"... Seule vraie surprise de ce set (puisqu'il ne contient aucun inédit..). J'aime beaucoup... la version me semble plus proche de celle diffusée chez LENOIR que celle qui avait été plus largement diffusée. Un très grand moment de guitare sur la fin du titre... Jean-louis se déchaine... accompagné d'une longue séance de stomboscope... C'est rock, coco! 7 belles minutes encore.
Je vais encore faire mon rabat-joie... mais "les voyageurs perdus" (6), là encore.. comme Yes sir...je ne leur aurais pas indiqué le bon chemin... Et puis finalement, là encore, belle intro rythmée, avec une jolie partie de clavier... Jean-Louis a son harmonica... mais l'utilise peu ou pas... Et surtout, jolie partie chantonnée sur la fin où jean-louis invite une dernière fois le public a chanté avec lui.. lalalalala... Et redemande même aux musiciens "encore une fois"... avant que le morceau se mette à s'emballer... Vraie surprise cette version... très réussie au bout du compte par sa réorchestration.
Dernier rappel... public toujours enthousiaste... et moi, je trépigne.. Je sais ce qui nous attend... Le retour du jaguar... et je ne suis pas le seul... Au premier riff reconnaissable, les cris fusent... Très très chouette introduction... (encore sous trombinoscope) avec un solo de guitar héro... à tomber... 3 minutes de rock intense... puis un retour au plus calme pour les premiers refrains... Jean-Louis Murat frotte son manche avec sa main... et se plante un peu dans le texte.. On repart encore sur un solo à tomber, avec un Stéphane d'enfer... mais après l'introduction exceptionnelle, le morceau peine à aller crescendo dans l'intensité.. peut-être du fait que jean-louis privilégie la guitare (et quelle guitare!).. à la partie vocale moins inspirée... mais enfin, c'est quand même le pied... enfin, la patte... ce titre... Un très très grand plaisir de le réentendre...
Le public est enthousiaste, ravi.
Comme je l'ai déjà dis plus haut, à chaud, Laurent et Dory m'indiquent que ce n'est pas loin d'être le meilleur concert de Murat qu'ils aient vu... Stéphane du Voyage de NOZ a apprécié mais émet des réserves notamment sur Alcaline et aurait peut-être apprécié retrouver un peu du Murat intime (genre "amis amour amant...).
Et moi? J'ai passé un excellent moment... A part quelques oublis de textes (JLM n'a pas de pupitres sur scène), on n'a pas l'impression d'assister au deuxième concert de la tournée. Le groupe tourne comme jamais, et le clavier est excellent. Pas vraiment de temps morts, de morceaux étirés ou méconnaissables et d'impros se terminant un peu à la one again, et on fait l'économie des nappes de synthés de la dernière tournée que je ne goûtais pas trop...Toutefois, en tant que membre de la section semi-hardcore des muratiens, pour m'assouvir totalement, il me manque quelques surprises... des inédits ou le choix de ressortir deux-trois vrais vieilleries, et quelques prises de risque... un morceau solo, piano... ou autres... Le set et les orchestrations jouent le jeu d'une grande "accessibilité" (même si parfois très rock)... La priorité semble plus d'être plus de conquérir un nouveau public et de défendre "grand lièvre" que d'assouvir des pulsions étranges de fans acariatres... Je m'étais déjà fait la réflexion en écoutant l'annonce, un peu surprenante, faite au tout début du concert : "jean-louis murat assurera une séance de dédicace...". C'est une super initiative qui a permis à tous et pas seulement aux plus courageux pour patienter un peu, de découvrir un Murat accessible et agréable auprès de chacun... et de faire un peu travailler Jocelyne!
J'attends avec impatience ma nouvelle soirée avec le "grand lièvre"... Ca sera à FONTAINE...Cette fois, dans une salle qui sera peut-être en configuration "assise"...
Découvrez le compte rendu de LAURENT CACHARD, dont le dernier livre vient de sortir:
tchao... ouf... c'est enfin bouclé ce c-r...