Pauline et François... en 4 points
Publié le 15 Septembre 2010
Après Strasbourg, Nancy, Renaud Fely était à Metz... mais j''apprends dans l'article qu'il y avait une avant-première à Annecy! Grrr... Moi qui avait tenté de me faire inviter quelque part, on m'a dit qu'il n'y avait rien de prévu dans mon coin! Annecy, c'est à une heure!!! Tant pis, je ne ferai plus la promotion de ce film pendant.... une ligne... mais quoi dire alors? En une ligne... pas si facile... surtout que Murat ne reprend sa tournée que dans quelques jours et qu'après tout
la ligne est passée... revenons-en à Pauline et François:
1) un premier article là:
http://www.lasemaine.fr/2010/09/13/pauline-et-francois--les-yeux-de-renaud-fely-pour-laura-smet
Sortie cinéma à Metz et Nancy
“Pauline et François” : Les yeux de Renaud Fély pour Laura Smet
Par Fernand-Joseph MEYER • Correspondant LS • 15/09/2010 à 15h49
On n’en dira pas plus. Renaud Fély ne tarit pas d’éloges sur Laura Smet, interprète principale de son premier long-métrage qu’il présente en avant-première dans plusieurs villes. Après Strasbourg, Nancy, juste avant Lille et Annecy, Renaud Fély s’est arrêté au cinéma Caméo-Ariel de Metz dans le cadre de l’opération Ciné-Cool.
Très jeune quadragénaire, Renaud Fély travaille dans le cinéma depuis plus de 20 ans. Plein de boulots avec le statut d’intermittent du spectacle après l’INSAS, l’école de cinéma de Bruxelles. Deux courts métrages, un moyen à son actif. De l’écriture de scénario. De l’assistanat auprès de cinéastes qui n’ont pas pu ne pas l’influencer : Maurice Pialat (« Van Gogh »), Jacques Doillon, Alain Guiraudie et surtout Pascale Ferran. Avec elle, il a été à la fois repéreur et réalisateur de deuxième équipe pour « Lady Chatterley », le film-événement de 2006. La recherche de sites et de lieux a sans doute donné des idées à Renaud Fély pour « Pauline et François ». Le scénario, déjà en écriture avancée, s’est enraciné en province, côté campagne. « Je suis né à Limoges, j’ai vécu à Paris puis huit années en campagne profonde, sur le plateau de Millevaches. » Au départ, Renaud Fély a une idée en tête, faire un film avec « quelqu’un qui n’est pas de la ville ». Quand il a réussi à faire lire son scénario à Laura Smet, la rencontre qui s’ensuivit, a été « facile, foudroyante ». Elle a donné très vite son accord. Renaud Fély tourne essentiellement en Corrèze. Laura Smet a vécu son enfance dans la Creuse voisine auprès de Nathalie Baye, sa mère.
Renaud Fély est plus qu’ébloui par Laura Smet. Récemment, dans « Insoupçonnable », un film beaucoup moins abouti que « Pauline et François », l’actrice l’a démontré, d’elle émane l’aura de ces actrices dont le moindre geste, le moindre regard est un trouble sans nom. Pour Renaud Fély, Laura Smet, « c’est le mouvement perpétuel, la parole, la pensée, un déséquilibre formidable et fertile qui ne tend que vers la vie, l’incertain et le fragile ».
Le personnage de Pauline est ainsi, comme une éponge qui recueille les aspérités, les douleurs, les contrariétés, les fulgurances d’un monde en mouvement. Tout le film tend vers cette plénitude : aller de l’avant, dépasser les atavismes d’ordre familial et les petits désordres économiques, avantager la bonté. Renaud Fély y tient : « La bonté, ça n’est pas une valeur en baisse, le film pose la question de la bonté, Pauline et François abandonnent leur méfiance pour aller vers la confiance et le respect. » Le film fonctionne ainsi. Il est nourri de cette simplicité qui compose avec toutes les complexités, les jalousies, les frustrations, les mesquineries. La déjà fameuse séquence du brame du cerf condense le propos de Renaud Fély, elle nous fait goûter ce qui trame la vie réelle, les fulgurances et ces petits moments arrachés à la durée.
2) Sur le site toutlecine.com.... une belle critique
Critique - Pauline et François de Renaud Fely
Assistant réalisateur chez Pascale Ferran et lauréat des ateliers Emergence, Renaud Fely puise dans la nature corrézienne la source d'inspiration poétique de son premier film sobrement intitulé Pauline et François. Sous ce titre évoquant pudeur et délicatesse se cache une belle ode humaniste, célébrée par la partition habitée de Jean-Louis Murat.
Avant Pauline, il y avait François, jeune homme issu d'une famille de paysans traînant derrière lui un lourd fardeau dont il n'arrive pas à se défaire. De cette culpabilité, ses proches s'accommodent fort bien, abusant de son caractère conciliant ou l'infantilisant, car dans cette fratrie ordinaire où l'on est couvreur de père en fils, chacun préfère pérenniser les habitudes détestables, l'irrespect de soi et des autres par impuissance ou peur du conflit.
Il y a un peu du drame familial classique dans Pauline et François avec cette séquence de dîner aux allures de cène où l'on se cache derrière l'ironie des propos pour asséner une vérité parfois cruelle. Le quotidien immuable de cette famille usée ne tardera pas à être bousculée par l'arrivée dans le voisinage de Pauline, dont l'âme pleine de bleus fera, de manière évidente, écho aux misères sourdes de François.
Cette rencontre inévitable est une remise en vie, initiant une nouvelle donne qui vient perturber les relations établies. L'arrivée de Pauline est une libération pour François qui s'affranchit peu à peu de son silence.
Si Pauline et François conte une rencontre sentimentale, son sujet véritable se concentre davantage sur la force que chacun des protagonistes en retire, comment cette histoire les affranchit. On assiste tout au long du film à la transformation de ces deux individus minés par la vie, qui vont se libérer de leurs peurs pour mieux vivre, plus pleinement, plus humainement aussi.
N'abordant pas directement la religion, le film en croise cependant les grandes thématiques sur le bien et le mal, deux contraires entre lesquels l'homme vacille, en équilibre fragile sur un fil. A la tentation, représentée par l'argent, les valeurs matérielles auxquelles l'entourage de François se soumet, ce dernier oppose sa logique de la gratuité, tend l'autre joue aux railleries dont il est victime.
Ce personnage christique, porté par la douceur et la force tranquille de Yannick Renier, fait le pari de l'espérance contre les valeurs sclérosées d'un monde soumis aux dictats de la richesse matérielle et du pouvoir d'achat.
Film au thème naturaliste, Pauline et François croise le mondes des hommes, en mouvement permanent et marqué par la finitude, et celui de la nature, immuable, impérial et mystique, et en montre l'interaction conflictuelle ou fusionnelle. Différent selon chaque personnage, le rapport à la nature est tantôt hostile, tantôt vital et spirituel.
Pauline et François, eux, y puisent le ressourcement, magnifiquement illustré dans la scène du brame du cerf, mystérieuse et sauvage, où l'intensité des émotions qui les étreint les affranchit. Personnage à part entière du film, Dame nature est omniprésente, dans ces arrière-plans impressionnistes, dans ces ciels crépusculaires, dans la fraîcheur de l'aube ou les tonalités automnales des feuillages.
Par ces allers-retours entre la nature et les hommes qu'accompagne la musique habitée de Jean-Louis Murat, dont les morceaux gravitent autour du sentiment et du sensible, Renaud Fely nous emmène dans un voyage sensoriel et humaniste sur la nature et les hommes, racontant leurs bassesses, leurs peurs comme leur désir de dépassement.
Un film à la forme simple et réaliste, mais qui ne manquera pas de séduire par ce rapport de poète qu'entretient son auteur à la nature.
3) Interview de 5 minutes de l'équipe du film : http://player.canalplus.fr/#/372209
On y entend rien de vraiment neuf... et pas parler de Murat.