"Sérénité et Concentration" sur un bateau... et personne ne tombe (L'écho rép.)
Publié le 10 Octobre 2011
INTERVIEW dans l'écho écho écho cho républicain,
Honte à vous, christophe MAE, Aznavour, et René La Taupe, Honte à vous!
... et un scoop: un projet avec DEPARDON?
http://www.lechorepublicain.fr/selection-loisirs--serenite-et-concentration-,358.html
L'Echo Loisirs
Lundi 10 octobre 2011
Publié le 10-10-2011
«Sérénité et concentration»
Jean-Louis Murat vient de sortir un album tellement bon qu’il devrait remplir de honte certains de ses compatriotes moins inspirés.
Depuis plus de vingt ans, Jean-Louis Murat suit une trajectoire imprévisible qui le mène aujourd’hui à la sortie de son superbe nouvel album, Grand lièvre. Entretien avec un outsider.
Ce qui est frappant dans ce disque, c’est qu’il est très littéraire. Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre la plume ?
Il n’y a pas eu d’étincelle particulière. C’est vrai qu’il y a une certaine utilisation de la langue, c’est ma façon de faire.
Quel est votre processus d’écriture de chanson ?
Je suis assez rapide, quand j’ai lancé la machine, j’ai quinze-vingt couplets, et ensuite, je choisis. Certains mettent des mois et des mois pour pondre un texte, mais moi, j’ai une pratique quotidienne de l’écriture, je suis surentraîné.
L’enregistrement de l’album a été aussi rapide.
J’ai toujours trouvé que six ou sept jours pour enregistrer un disque, c’était suffisant. Aujourd’hui, il y a une sur-utilisation de la technologie, la numérisation de la musique est une perte de temps.
Votre album est assez calme, c’est ce que vous vouliez ?
Je suis un grand garçon, je ne confonds pas l’énergie et le survoltage. On sent dans ce disque beaucoup de sérénité et de concentration.
S’il y a un thème à dégager des textes, ce serait celui de la perte.
C’est vrai. La première chanson, Qu’est-ce que ça veut dire ?, c’est un peu l’Alzheimer de notre époque. Au départ, mon idée, c’était d’explorer le phénomène de perte de mémoire et ses conséquences sur l’entourage. Ma génération se retrouve avec des ancêtres frappés par Alzheimer. Je n’ai pas pu m’empêcher de voir ça comme un symptôme de la société actuelle. Ce n’est pas grave de perdre quand on trouve quelque chose d’autre, mais notre vraie crise actuelle, c’est qu’on perd sans rien retrouver.
Les nouvelles technologies nous proposent toujours plus de neuf...
Il y a une boulimie de ça, et ça nous “pète à la gueule”. On est entouré de gens qui sont enfermés dans des bulles spéculatives de leur propre vie. On est dans une fuite en avant, comme si l’ancien monde ne représentait plus rien.
«L’Auvergnat de service»
Plus vous vieillissez, plus vos disques sont organiques. Quand avez-vous réussi à vous libérer ?
C’est venu avec l’âge. J’essaye de rester pur dans mon comportement, j’espère que ça s’entend dans mon écriture. Je veux finir par composer des chansons de plus en plus simples.
Avez-vous conscience d’avoir créé une oeuvre ?
C’est vrai que les disques commencent à s’accumuler, mais je préfère ne pas y penser. Plus j’avance, plus je pense au futur. Mon prochain disque est déjà prêt. Je vois tellement de transformations dans la société que ça m’inspire énormément. Notre époque est terrifiante, on arrive à un état de décomposition où on ne sait plus où
donner de la chanson.
Vos prochains disques, vous ne pourriez pas les vendre directement en ligne ?
Pour mes trois derniers albums, j’ai touché 47 € de mes ventes sur Internet ! Le modèle économique viable arrivera trop tard, quand il n’y aura plus de musiciens.
Si on vous dit que vous faites de la chanson française, ça vous embête ?
Un peu, oui. Quand on parle de chanson française, ça renvoie à quelque chose de perdu, de mortifère. C’est comme si j’étais cocher de fiacre.
Votre nouveau clip, Vendre les prés, est assez proche de ce que fait Raymond Depardon.
Alors là, je suis embêté, je ne l’ai pas vu ! On me parle beaucoup de Depardon. J’ai un projet avec lui mais j’ai une réticence, car je ne veux pas faire l’Auvergnat de service, bougon, toujours au cul des vaches. Je me méfie du folklore. Propos recueillis par Rémi Bonnet
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