Concert de Montpellier, ventes et chroniques
Publié le 17 Octobre 2018
Note pour demain: Rebecca Manzoni « Pop & Co » le 18 octobre
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J'ai fait une petite pause en pleine promo "ÉMOTICÔNE ANIMÉE Cheveux qui se dressent sur la tête", ÉMOTICÔNE grosse fatigue.
Maintenant, il faut s'y remettre... ÉMOTICÔNE Bon élève. ÉMOTICÔNE Pouce levé. Mais quand même, c'est aussi de votre faute... Pas un petit compte-rendu de concert qui m'est parvenu! ÉMOTICÔNE bouderie. ÉMOTICÔNE fâché. EMOTICONE je vous avais prévenu, je vais arrêter les devoirs conjugaux. Du coup, j'ai laissé filer l'affaire, et pris du bon temps ailleurs (je me suis protégé ne vous inquiétez pas).
merci Rachel P.
1) CONCERTS
Bon, du coup, cette année, vous n'aurez pas de points concert par concert. Je ne veux pas me consacrer à ça, c'est fort dommage. Puisque je trouvais important qu'on puisse continuer à mettre à jour le travail du LIEN DEFAIT, avec les set-listes et des comptes-rendus.
Je vous mets néanmoins deux comptes-rendus de Montpellier: le premier par L. CACHARD, déçu par la durée du set. Ne pas entendre "je me souviens" est effectivement très difficile à avaler. Murat n'apprécie pas vraiment les obligations professionnelles, mais ne pas respecter celle-ci, c'est... difficilement compréhensible, même si on connaît bien sûr sa difficulté à chanter certains titres (le cafard pas exemple sur la dernière tournée).
http://laurentcachard.hautetfort.com/archive/2018/10/12/murat-au-conditionnel-passe.html
[...]Le trio Jimenez-Murat-Reynaud a toujours été la meilleure des formations, les musiciens se connaissant par cœur, humainement, le duo scrutant, en permanence, les mains du Bougnat, ses regards, ses choix soudains dans le song-book, pour américaniser. Car Murat a l’habitude, comme Dylan, de lancer des morceaux par des accords qui ne décident qu’au dernier moment la chanson qui va suivre, et il faut être là. Jimenez dans son groove particulier, rond et chaleureux, Reynaud tout en subtilité, on était entre nous, même s’il a fallu supporter le choc d’une formation assise, à son aise, sortant de repas – sauce au poivre trop épicé – pour entrer sur la scène du Rockstore à 20h30 pétantes. Pour deux heures de show, comme à Nantes, la veille, la première de la tournée du Il Francese. La salle mythique, un son parfait, un light-show idoine, oui, ça aurait pu être un concert inoubliable, surtout quand, dès les premiers morceaux (superbe « Achtung, baby ! » en ouverture), on comprend que Murat va s’adonner à un exercice qu’il goûte peu, ramener d’anciens morceaux à la surface, les réarranger à la sauce des nouveaux : « Mousse noire » est de la partie et, choc émotionnel ravivé, les premières notes de « l’amour qui passe » résonnent dans la salle. Murat est en voix, joue de labiales prolongées, siffle, maîtrise delays et voix de tête, à distance parfaite du micro. A l’habitude, pas de démonstration, la culture de l’air bougon, faussement surpris par la reconnaissance et les applaudissements chaleureux. Mais il sait qu’il l’emporte, le Boss (français), que sa formation, resserrée, sonne comme un très bon Neil Young. Les musiciens se chargent des chœurs pop et on ne regrette ni Morgane Imbeaud, ni Jennifer Charles pour remonter plus loin encore, à qui il dédie, un peu forcé par un de ces inénarrables fans qui veulent engager la conversation le sublime « Ami, amour, Amant », là aussi ressurgi du néant. Ça aurait pu être un concert parfait parce que les morceaux choisis du dernier album sont très bons, que « Hold-Up », ralenti et désélectronisé, est parfait, qu’il y a du Grand lièvre, du Tarn & Garonne, qu’assis, ils vont pouvoir tenir plus longtemps, et tant pis si le public est vieillissant… Ça a même été parfait jusqu’à la pause, au bout d’une heure, le temps d’un rappel hors d’âge, si, revenant, le Murat n’avait pas commencé à soigner sa sortie, en l’annonçant une fois, deux fois puis, à peine un couplet du « Jour du Jaguar » embriqué dans « Il neige », sans tenir compte du synthé que le technicien venait de lui installer, en quittant définitivement le plateau. Sans scandale, au bout d’1h30 de concert, sinon celui du prix pratiqué et des morceaux de choix du finale – « Je me souviens » – non joués. Huit, au total, si l’on se fie à la play-list, demandée en fin de concert. Huit morceaux, une demi-heure, celle de Nantes. Lire (le début et la suite) sur http://laurentcachard.hautetfort.com/archive/2018/10/12/murat-au-conditionnel-passe.html
Le deuxième "sans fausses notes" par https://lartvues.com/concert-de-jean-louis-murat-rockstore-a-montpellier/
Salle plutôt intimiste, accompagnement limité à une basse et une batterie, une heure et demie sans la moindre pause : tout était réuni pour que le concert de Jean-Louis Murat au Rockstore se déroule dans la sobriété et l’empathie que suscite la proximité. Le public ne fut pas déçu même si on sentit le chanteur concentré sur son tour de chant, ses partitions, son jeu de guitare reconnaissable entre tous. En fait, on savait qu’il s’agissait pour lui de faire la promotion de son dernier disque, Il Francese, encensé par la critique mais, à l’instar des précédents quelque peu boudé par le public. Murat privilégia donc les morceaux qui passent aisément la barrière du studio pour s’essayer aux nécessités de la prestation publique (on pense à Achtung, Hold-up ou le magnifique Rendre l’âme). Mais il nous gratifia aussi de quelques fleurons de son répertoire, parfois empruntés à ses premiers CD, du temps de sa gloire (L’amour qui passe) ou du moins à ses anciens qui n’ont rien perdu de leur capacité de séduction et passent facilement la rampe du temps (Mousse noire, Les voyageurs perdus. Il neige – en rappel…). L’ensemble donne ainsi une impression de cohérence et de continuité. J.L Murat communique peu avec son public. Il n’a pas besoin de cela. La pureté de sa voix si particulière, si aisément reconnaissable et surtout sans la moindre défaillance suffit à maintenir la fascination. Les textes sont souvent inattendus, originaux, en décalage avec ce qui se produit en général et qui est censé être ingurgité sans effort de compréhension. Les textes de J.L Murat résistent à l’interprétation immédiate. Les mélodies sont en général superbes et soignées, l’artiste se permettant certaines modulations vocales que l’on sent authentiques et non préfabriquées. Le chanteur vit ce qu’il chante et montre ainsi qu’il demeure au plus près de ce monde qu’il a créé, quelque peu distinct du nôtre, si condamnable à certains égards. En jeans et bottes de cow-boy à l’âme fière CAD auvergnate, sa chemise sans cravates ni veste superflu, Murat donne l’impression d’avoir quitté inopinément quelque ferme afin de s’inviter dans le nôtre, mais pas de s’y mêler. On pense à un dandy rural qui condescendrait à nous entretenir du fruit de ses méditations poétiques mais refuserait nos règle, nos attendes dérisoires. Il demeure assis tout au long du concert, comme un qui serait venu chez chacun de nous, faire partager un moment d’intimité rare. C’est ce qui fait que ce chanteur, plus que tout autre, et justement parce qu’il ne rencontre pas la reconnaissance générale méritée, nous semble si attachant et ses réalisations si précieuses. BTN
EDIT- OUPS... Je n'avais pas vu que Patrice m'avait envoyé son live-report! Mince! EMOTICONE HONTE.... Le voici. Merci PATRICE!!
Concert à Montpellier, du 11/10 au Rockstore, Internationales de la guitare.
Petite salle , 400? personnes ,durée 1H30;
Par rapport à la set-list de Nantes, 13 chansons,pas de BEN ni de Il faut s'en aller, 2 en rappel ,pas de JE ME SOUVIENS ni d'inédits.
PLAISIR et DECEPTION !!
PLAISIR parce que retrouver JLM après 3 ans,tournée BABEL/MORITURI,cela fait du bien.
Parce que Ami Amour Amant était excellente,mieux que sur MURAGOSTANG, IL NEIGE,sublime,
malaxée avec LES JOURS DU JAGUAR,la seule où le public ,reconnaissant l'intro , a applaudi pendant,
c'est dire l'attente...
KIDS,GAZOLINE de bonne facture.Sur cette dernière,rare échange de JLM avec le public:"le patraque
c'est DYLAN et KENDRICK...il faut que j'explique si je veux vendre des disques."ou après une intro,seul
à la guitare:"je gratte la guitare...je suis aux Internationales de la guitare..."
Quelques "On t'aime",habituels fusent.
TARN ET GARONNE,MALADIE D'AMOUR,OVER AND OVER bien menées.
DECEPTION:
Sur beaucoup de chansons,sa voix,grave (trop !) était dominée par les guitares et cette façon de forcer
sa voix,nous ne l'avions plus entendue depuis avant la tournée TOBOGGAN de 2013;Quel dommage !
Déjà sur les 2 premières chansons,des échos intempestifs,MURAT,agacé sur CINEVOX ,regardant vers les techniciens.
6 chansons d"IL FRANCESE sur 15,ce n'est pas beaucoup pour lancer le disque,surtout jouées comme cela en puissance,sauf HOLD UPen langueur...
Les anciennes,MOUSSE NOIRE,TEL EST PRIS,L'AMOUR QUI PASSE manquant d'inspirationet d'envie et VOYAGEURS PERDUS sans relief.
RENDRE L'AME presque inaudible,la batterie trop mordante.
Et surtout,suite au rappel convenu,les claviers étant amenés,après IL NEIGE et OVER,tout le public attendait JE ME SOUVIENS,JLM salue de la main,s'en va .10mn d'applaudissements de re-rappel;
RIEN! Fini. CELA NE SE FAIT PAS !
Vraiment pas sûr qu'un spectateur néophyte de MURAT ait aimé ce concert.
Il repasse,dans notre région,près d'AVIGNON,le 24/11,pour la première fois en 15 concerts suivis de
JLM,ma femme et moi n'avons pas envie de cette deuxième chance !
Espérons, pour tous les autres concerts à venir, un MURAT plus concerné, aux choix techniques et musicaux plus judicieux pour défendre IL FRANCESE qui le mérite.
Plaisanterie lâchée par JLM,dans la présentation d'une chanson "...débrouillez-vous!"
Pas tout le temps.
2) VENTES "il francese"
On est le premier avril? Mon fournisseur me fait une blague? Je vous disais que Mylène Farmer avait fait un beau carton en première semaine... mais elle descend à la 2e place.. pour un truc dont je n'ai jamais entendu parler: 3 cafés gourmands... avec 29 000 disques! A noter néanmoins, l'excellent score d'Angèle (3e) avec 22 000, et l'entrée pas fameuse de l'abbé Dominique (à lire sur le blog de Vignol, par ailleurs très élogieux sur Angèle justement). Sur le classement incluant ventes et streaming, Dom réalise 3266 (400 de plus que Murat en première semaine).
Sur ce même classement, Murat passe déjà au 94e rang (36 en 1er semaine), et ne vent que 970 disques (878 physiques, 49 download, et 43 streaming. Il est 50e sur le classement "physique et download". Murat ne parvient donc pas à séduire, notamment les programmateurs radio...
3) Chronique chez Benzinemag:
A lire, merci, dans son milieu naturel sur le site https://www.benzinemag.net/2018/10/13/avec-il-francese-murat-reprend-hauteur/
"Imaginons que le « j’en sais rien » de l’introduction du dernier album de notre cher Jean-Louis (Murat) soit l’écho français (franco-italien ?) au récent « I Don’t Know » de notre encore plus cher Paulo (McCa) : nous vivons en des temps incertains, et quel que soit notre âge, la tête nous tourne. A cela s’ajoute forcément le doute chez JL Bergheaud, car après des débuts difficiles et une confirmation tardive d’un succès commercial qui resta quand même mitigé, et malgré un talent reconnu et une dizaine d’albums excellents explorant différents formats « rock » et « chanson », le plateau (de popularité) atteint semble désormais interminable. Alors, qu’est-ce qui a foiré ? Et surtout, que faire, maintenant ?
"Le précédent album, Travaux sur la N89, montrait une volonté inédite chez le soi-disant « ermite » épris de nature et de solitude d’ouverture à des sons contemporains, électro-jazz, et un attrait nouveau pour une forme plus libre. L’abandon quasi total de la mélodie, typique de cet artisanat pop dont Murat reste l’un des plus beaux exemples français, condamnait néanmoins cette tentative à l’échec, l’auditeur se fatigant rapidement de ce qui paraissait avant tout un exercice de style. Il Francese, pour ne pas constituer encore la grande réussite qui pourrait répondre à toutes les questions et relancer la carrière de Murat, propose une passionnante évolution par rapport à Travaux sur la N89… D’abord, parce qu’il contient au moins deux chansons très accrocheuses, Achtung, en ouverture, et surtout l’irrésistible Hold Up, qui bénéficie aussi du chant toujours gracieux de Morgane Imbeaud, et qui déploie une efficacité mélodique et rythmique remarquable. Deux chansons qui nous rassurent quant à la vitalité de l’inspiration de Murat et constituent deux solides piliers autour desquels déployer les volutes électroniques, artificielles et paradoxales des autres morceaux, plus déstructurés, voire expérimentaux parfois.
En retrouvant un format de chansons plus traditionnel sans abandonner les nouvelles sonorités développées dans l’album précédent, en confrontant ses mêmes thèmes éternels – la Nature, l’Histoire, l’Amour – à une musique « actualisée » – électronique surtout, chaotique parfois, stimulante toujours -, Murat semble près de résoudre la quadrature de son propre cercle. L’album souffre malheureusement d’un « ventre mou » avec quatre ou cinq titres plus flous, avant de se reprendre avec un final grandiose : Je me Souviens, moment à très haut degré d’émotion, nous permet de retrouver, in extremis, le GRAND compositeur que nous aimons, l’un des plus beaux artistes français depuis plusieurs décennies. Cette chanson magnifique, peut-être un hommage à un compagnon de route récemment disparu, peut d’ailleurs être accusée de contredire tout ce qui précède, de déséquilibrer encore plus la trajectoire clairement incertaine de Il Francese, mais peu importe finalement : il s’agit là de l’un de ces fameux « albums de transition », imparfaits mais tellement féconds, qui sont en général tout à l’honneur de leurs concepteurs.
Murat ne sait pas bien ce qu’il fait là, ne comprend pas clairement ce qui a foiré, quand et où… Mais le fait qu’il ne se résolve pas pour autant à faire du surplace est cette fois splendide. Le doute est fécond, toujours.
Très très bonne note pour 3 chansons! Il est vrai mes préférées aussi.
4) Chronique chez Sunburnsout par Benjamin Berton, qui fait juste une petite erreur en parlant de Kanie west au lieu de K. LAMAR. A lire sur leur joli site : cliquez, cliquez: https://www.sunburnsout.com/jean-louis-murat-il-francese-pias/#comment-5346
La discographie de Jean-Louis Murat s’organise comme un vaste cabinet de curiosités où s’accumulent des albums de chanson poétique, des disques de pop, quelques chefs d’œuvre et des bizarreries expérimentales qu’on ne conseillerait pas à nos meilleurs amis. L’Auvergnat, de 66 ans, a su garder une créativité de jeune homme. Arrivé à la notoriété sur le tard, Murat n’a jamais cessé d’occuper la marge, s’imposant par la grâce et la magie d’une poésie que d’aucuns ont toujours trouvée urticaire et à la limite du supportable mais qui renvoie sûrement à des schémas de composition venus des siècles précédents. Après un Travaux sur la N89, sorti à l’automne 2017, qui nous avait laissé de marbre et fait devenir chèvre, Il Francese sonne, d’une manière audacieuse, le retour aux valeurs sûres.
Faut-il considérer avec Murat que tout est affaire de chansons ? C’est lui qui l’a dit pendant des années, son horizon ne dépasse qu’assez rarement la composition suivante. Et il y a bien quelques chansons sur Il Francese, projet suscité (nous raconte-t-on) par la soudaine admiration éprouvée par Murat pour Kanye West. Kanye West, oui, ce qui explique sûrement et peut-être bien l’irruption amusante de sonorités électroniques dans un album qui sent aussi bon le terroir que les précédents. L’entrée en matière, Achtung, est à elle seule une chanson qui vaut le déplacement. Le chant est alerte, la rythmique plutôt emballante et le texte démarre par « Un jour où ils nous rouvriront la boucherie. C’est la bête elle-même qui me l’a dit. » que seul Murat est capable de chanter sérieusement sans que cela nous paraisse bizarre. Véritable boucherie ou bête immonde ? Il y a une telle facilité dans l’écriture, une telle élégance qui se dégage du morceau qu’on n’en croit pas nos oreilles. Entre les paroles un brin hermétiques, le faux rythme et maintenant les arrangements électro d’arrière-plan, on se demande souvent ce qu’on est venu faire là, sans pouvoir s’en échapper, ni nous sortir de la tête qu’il y a là quelque chose de précieux et d’intéressant. Murat alterne les belles réussites comme le magnifique Cinevox (et son autotune royal), l’excellent La Treizième Porte, peut-être la plus belle chanson du disque, et des choses plus difficilement écoutables à l’image du complaisant Sweet Lorraine, agaçant et affecté, ou d’un Marguerite de Valois qui ne mène nulle part.
Le disque évoque d’anciennes obsessions du chanteur : Marguerite de Valois, donnée ici dans une version western qui nous renvoie elle-même à la poésie de Dolorès (1996), le roi de Naples Murat, homonyme du Quercy bonapartien dont on croise la métaphore et quelques autres. Les titres sont alignés sans idée de manœuvre véritable et manquent d’homogénéité. Le « d’où vient Murat ? » qui pourrait être avancé comme le thème fédérateur du tout ne tient pas. Les comptes se règlent vers à vers et presque au mot à mot. Le single Holp Up, chanté en duo avec Morgane Imbeaud, en est une belle illustration. Infiniment plus pop que le reste de l’album, il semble enregistré « un ton au-dessus » comme cela se pratiquait dans les années 60, comme si il s’agissait de faire ressortir le titre fort parmi les titres. Kids est un morceau ample où l’on croise le fantôme des Kids (United), le renard qui file comme dans cent autres morceaux de l’Auvergnat et quelque chose qui ressemble à l’amour. Entre le refrain mantra « Please i got a message for you » et l’inspiration rurale, auquel Murat ajoute une production « à l’américaine », le spectacle est aussi grandiose que déconcertant. On ne peut pas dire que Murat réussisse à réconcilier modernité et archaïsme mais plutôt qu’il les fait cohabiter dans un même espace en en soulignant les coutures pour mieux les faire sauter. La tentative qu’il poursuit depuis une demi-douzaine d’albums est bien de montrer en quoi le son évolue, en quoi il n’est rien d’autre qu’une convention non conventionnelle que l’on doit traiter sans respect excessif, quitte à faire n’importe quoi avec. Sans doute est-il difficile de soutenir un projet esthétique autour de ça, ce qui peut expliquer nos hésitations à en rendre compte désormais.
La modernité est un leurre, c’est un attrape gogo. Tout est ancien et ancré dans la tradition. Toute tentative de faire du neuf est anéantie par son rattachement à la terre et la force antique de la poésie. La démonstration est si radicale que Murat n’hésite pas à nous précipiter dans l’horreur avec un morceau affreux comme Gazoline, mêlant une scansion d’antan à des sonorités faussement modernes. Il est assez paradoxal que, malgré les expérimentations et les dynamitages qui nous font parfois penser à un Pere Ubu rural (Silvana cuivré), les morceaux qu’on retient ici sont ceux qui s’approchent le plus près d’une chanson française fantasmée et à laquelle le souvenir de Murat sera attaché pour l’éternité.
On finit à l’écoute du beau Rendre l’âme et du chef d’œuvre qu’est Je me souviens, son titre le plus fort depuis plus de dix ans, par réaliser que tout le cirque orchestré par Murat, toutes ses outrances et toutes ses excentricités musicales n’ont jamais fait que nous ramener à ses chansons les plus simples et les moins arrangées. L’Auvergnat a beau faire le spectacle et tenter l’impossible. On l’a condamné depuis vingt ans à chanter des poèmes à la guitare ou sur un manteau de pluie. Il Francese est comme un exercice de gymnastique intempestif dont la seule utilité véritable est de nous ramener aux cinq ou six titres ici où rien ne bouge et tout s’émerveille
LE LIEN EN PLUS
On retrouve la discussion de brasserie parisienne (on apprend qui a mal aux dents, qui a une Peugeot...) entre Valérie Lehoux, Sophie Delassein, et le journaliste de l'express Gilles Médioni, désormais sur Radio Neo:
C'est en fin d'émission.
http://www.radioneo.org/fr/podcasts/view/1157/ricochets-branche-les-sonos
A noter la bonne blague d'Olivier Bas: "je ne sais plus qui disait : quand je ne peux pas dormir, je compte les albums de Jean-Louis Murat". Il cite ensuite "Deshoulières" comme un album inoubliable. A part ça, on connaissait déjà les avis de Valérie et Sophie, même si entendre la première défendre Murat est agréable (elle était très lassée dit-elle précédemment). Elle va même jusqu'à dire que le disque est "politique" (à propos de Hold up). Quant à Sophie, c'est incompréhensible: elle dit ne pas avoir entendu les paroles. Elle réagit ensuite sur la surproduction de Murat s'offusquant sur le fait d'écrire une chanson par jour... "au bout d'un moment,c'est le marronnier".
Quant à Gilles, dont on n'a pas vu d'article, il se range plutôt du côté de Valérie, même s'il indique avoir eu du mal à entrer dans le disque. Il est très fier de son expression, jolie : "Murat écrit sur du papier brouillard". Il insiste ensuite sur le côté "référence" de Murat, le grand auteur de chansons, avec une science des mots.
Il y a quelques bribes de discussion intéressante ensuite sur ses autoportraits (égocentrisme ou travail sur ses états d'âme, la mise en scène d'un personnage public?).