Nicolas Paugam, un artiste d'AU-R.A. aime Murat
Publié le 23 Juillet 2021
Allez, avant le déferlement médiatique que va susciter son nouveau disque en novembre... je vous prépare!
Via l'attaché de presse, j'avais découvert DA CAPO en 2017, qui m'avait conduit à proposer une interview d'Alexandre Paugam, qui a gardé le vaisseau, seul maître à bord du groupe (on le retrouvera aussi sur "Aura aime Murat" dans un magnifique instrumentale de "GENGIS". Nicolas PAUGAM, le grand frère, avait pris une voie en solo quelques temps plus tôt (même si "les frère Paugam à meustaches", side project tzigane, les réunit encore). Je n'avais livré qu'une oreille trop rapide à cet artiste, même si la lecture de chroniques (télérama 4f) me le laissait en haut de la liste des "à écouter" (liste que je ne tiens pas, ce qui complique les choses il faut l'avouer). Ce n'est qu'en recherchant des artistes pour "AURA aime Murat" que je finis par lui accorder toute ma considération... juste avant que Burgalat dans Rock and Folk s'étonnasse de ne découvrir "qu'en 2021 ce chanteur de la trempe de Annegarn, Vassiliu, Ricet Barrier, pas loin de Ferré, période "les souvenirs" ou de "nous deux" avec Caussimon". Il cite la chanson "L'homme heureux" qui "jette par dessus bord toutes les fadaises sur les migrants". Elle fera partie de son prochain opus à sortir en novembre: "PADRE PADRONE", la petite assistance du concert de jeudi 15/07 a pu l'entendre, ainsi que la chanson titre qui fera l'objet d'un duo avec, excusé du peu: JP NATAF. Ils s'étaient croisés dans Paris, avaient discuté, Nicolas lui a glissé ce jour-là le nom d'un artiste à découvrir... Le contactant pour le duo quelques années plus tard, JP ne l'avait pas oublié: "mais oui, je me rappelle, c'est toi qui m'a fait écouter le chanteur éthiopien Mahmoud Ahmed!"... artiste depuis qu'il a dit "adorer" en interview. JP et Nicolas feront une scène commune le 3/12/21 à Esquelbecq, village culturel des flandres. On retrouvera aussi NICOLAS au WALRUS, à PARIS Le 29/09.
Le concert du soir est organisé par une adorable bouquinerie LE RAFIOT LIVRES sur la place du village de Saint-Geoire en Valdaine, au pied de la Chartreuse, et le temps exécrable a coulé le marché nocturne de producteurs qui doit normalement se tenir, et il y a donc repli parmi les milliers de livres. Quelques acteurs culturels du village, une petite diaspora auvergnate dont un touriste de Montluçon, on tient tous, sans servir de serre-livres pour autant. J'ai découvert quelques jours plus tôt que j'avais déjà croisé il y a dix ans sur le net le patron du lieu, qui exécrait Murat. Je lui pardonne... d'autant que non seulement la soirée est gratuite, mais qu'il nous offre aussi à boire (une bière artisanale produite au village La Dauphine)...
Tout cela est donc bien sympathique. Avant le concert, j'ai le temps d'interroger Nicolas sur sa rencontre téléphonique tout récente avec un certain Gérard Manset (filiation revendiquée plutôt qu'à la grammaire: "je mourirai" chante-t-il dans une de ses chansons)... Bien-sûr moment inoubliable pour un fan comme lui de l'oeuvre de Gégé , notamment pour ses compositions, ses mélodies, "plus riches que Murat".
On évoque aussi sa reprise pour "Aura aime Murat". Il aimait beaucoup "baby carny bird", il l'a travaillé mais n'a pas trouvé comment l'adapter à sa façon, d'autant que Murat jouant plutôt de sa voix basse, Nicolas est sur un registre beaucoup plus haut. Son repli vers "le reason why" est plutôt heureux selon moi. On a ainsi un titre très récent, et qui va bien au côté fantasque (il figurait dans le numéro spécial des Inrocks "les excentriques de la chanson française") et au flow de Nicolas, une très belle adaptation. Il me demande si quelqu'un a osé se frotter à "nu dans la crevasse"... La réponse est non (on re-saluera du coup le courage de Lionel Fondeville qui avait produit un bel ouvrage pour le tribute to Mustango-chez A.D.A.).
Ce jeudi, c'était concert en solo, à la guitare électrique, mais Nicolas tourne aussi avec des musiciens, ce qui lui permet de partir plus à l'aventure avec la guitare. En solo, la virtuosité guitaristique est tout de même visible, et la part d'improvisation aussi, ce qui le rapproche de Jean-Louis Murat, comme les quelques cris d'oiseaux ou d'animaux qui vont conclure certains morceaux ("les barbus" par exemple). On est mis à contribution sur certains morceaux et c'est toujours bien sympathique. On est en droit de se sentir privilégié d'assister à ce concert quasi-privé, même si Paugam nous évoque les ambiances plus électriques et en suées des concerts en groupe.
Paugam pioche dans ses différents albums... "les sablons", "les ablettes", "mon agitation" (il me semble) et notamment le single du dernier album sur le Titanic, sur une mélodie remarquable :
Il faut vraiment faire l'effort de se familiariser avec ce timbre de voix qui peut être perturbant, et on se rend compte ensuite du talent mélodique du Monsieur. Passionné par les arrangements, la production, il sait aussi enluminer ses compositions sur disque, inspirées parfois par le jazz, la musique brésilienne, mais moins la bossa nova que le tropicalisme plus expérimental et pop et moins marqué par la "saudade", ou carrément la variété ("tu savais, tu savais" digne d'un Mike Brandt dans le refrain (S'il était apparu dans les années 60/70, j'imagine qu'un éditeur aurait proposé ses créations à des interprètes).
A la fin du concert, pendant le petit verre de l'amitié, Nicolas Paugam raconte le passage chez LITHIUM de DA CAPO (disque minor swing), et le travail de D.A. de Vincent Chauvier. Malgré le bon succès du disque, notamment au Japon, le groupe se sent laissé tomber, avec leur refus de passer au français. On entend aussi que, autant que LOVE, The Pale Fountains ont été une référence pour lui et Da Capo... autre point commun avec Murat.
"C'était à l'époque des Pale Fountains : d'un seul coup, je sentais quelque chose de neuf, que je pourrais aller dans cette direction."
Ainsi les Pale Fountains auraient été une des influences majeures qui expliqueraient la transition de la musique de "Passions privées" à celle de "Cheyenne Autumn". C'est fort probable quand on sait que Marie Audigier a déclaré de son côté que "Pacific Street" des Pale Fountains était "le disque fondateur de ma culture". Mon groupe préféré". (site SANADOIRE.COM). Murat parlait lui d'"album parfait".
J'ai randonné mercredi et jeudi, et j'ai eu "rendez-vous au sommet" dans la tête pendant les deux jours... et j'avoue que... c'était pénible. Alors attention, je vous aurais prévenu.
Retrouvez NICOLAS PAUGAM:
https://www.nicolaspaugam.com/
https://www.facebook.com/nicolas.paugam6
et bientôt sur le disque "AurA Aime MurAt"...
Pour en savoir plus, deux interviews: