je n'avais pas eu le temps de me pencher sur le décès de Jean-Louis Trintignant... mais l'actualité me rattrape... dans le JDD de ce matin, SCOOP! merci Marc!
Dans la longue liste des projets inédits (plus ou moins) et avortés, nous avions effectivement en 1990, cette collaboration avec Jean-Louis Trintignant.
On en trouvait trace sur ce site consacré aux Disques du Crépuscule, label belge culte, dans lequel était très fière de signer Marie Audigier (c'est donc sans doute elle qui a suggéré le nom de l'auvergnat...).
les proses du transsibérien: – voix de J.L,Trintignant –musique
In 1990, another two (short-lived) divisions were called into existence: Dancyclopaedia, a dance label, and Little Circle, home of straight-forward rock acts like Fats Garden, Perry Rose and The Candy Men. Marie Trintignant, daughter of famous French actor Jean Louis Trintignant had a wonderful cassette released, Poemes A Lou, with poems and prose by the like of Apollinaire, Tescaro and Desnos. Her father was working on a similar project for Crepuscule, called Prose Du Transsyberian, together with Jean-Louis Murat. Although some of the tracks made it onto compilations, the project was aborted.
TWI 917 JEAN-LOUIS Prose Du Transsyberian n/a TRINTIGNANT
CD: BE n/a (Crepuscule TWI 917-2)
- Cancelled. Readings by the famous French actor, put on music composed by Jean-Louis Murat. Texts by Blaise Cendrars. Drawings by Enki Bilal.
extrait de http://home.planet.nl/~frankbri/cremain2.htm
Un extrait ainsi que des infos sur le poème était disponible chez LEBRAS après une diffusion sur France Culture: http://didierlebras.unblog.fr/121-cendrars-trintignant-murat/ La genèse du projet est également expliqué et il semble que les deux Jean-Louis ne se soient pas rencontrés.
Un extrait de ce projet a été diffusé sur une compilation du label (sans accompagnement de JLM) :
Quelques temps plus tard, de nouveau, ils se "croisent" sur le film ROUGE... auquel Murat participe:
... Encore un peu plus tard, le drame de sa fille touchera beaucoup Jean-Louis Murat (au moment de Lilith).
On se quitte dans la mélancolie, ce n'est pas toujours "vivement dimanche"... avec une participation de JL TRINTIGNANT sur un disque que j'aime beaucoup d'Arthur H:
Le titre du recueil est la dernière phrase d’Un singe en hiver d’Antoine Blondin, écrivain cher à son cœur. À la mort de Belmondo, j’y suis moi même allée de mon hommage, et donc, je vais avoir l’outrecuidance de me citer. J’avais bien sûr évoqué l’adaptation, avec Belmondo et Gabin, d’Un singe en hiver, ainsi que la très belle chanson éponyme de Jean-Louis Murat : « Je suis rentré d’Indochine un beau matin, et j’ai trouvé une vie bien trop facile, bête à crever ». Elles servent à cela les chroniques de Thomas Morales: nous consoler de nos vies, qui, en 2022, sont devenues, quelquefois, bêtes à crever.
LE LIEN EN PLUS NE NOUS FACHONS PAS
Quand un comique de France Inter n'est pas inspiré... il reste la référence à Jean-Louis Murat pour combler... Bon, en tant que roi de la vanne, il doit accepter quelques retours de bâtons...
Vous pouvez vous rendre vers 1 minutes 55...
Pour rétablir une vérité, il n'y a qu'une maladie qui tienne... est-ce que ce n'est pas beau ça, M. FROMET?
1) Dans le numéro de FRANCOFANS de ce mois-ci, une excellente chronique par Mathieu Gatellier, fidèle muratien. Talent, sensibilité, à ranger dans les meilleurs "tributes"... et appel à faire un TOME 2!
Suivez le conseil de Mathieu et procurez-vous le vinyle!
2) On peut découvrir une version live de "Tout est dit" par Adèle Coyo... et des titres de son répertoire dans la session vidéo ci-dessous. La révélation d' Aura aime Murat poursuit son bonhomme de chemin vers un premier album.
Enregistrement dans Les Studios du Paradis
🎚 Mix Nicolas BLAN
🎛 Mastering Rémi BLANC ⚓️Coordination et Réalisation
On va vous susciter des regrets... en vous parlant de la mini-tournée de Jennifer Charles et Oren Bloedow qui vient de s'achever. Les amis américains de Jean-Louis et de la famille, ont gagné l'aéroport, l'avion n'a pas fait bang bang mais a filé droit direct United States... en laissant dans l'air et dans la tête des spectateurs les souvenirs d'un doux american kissing [bon, il se peut qu'il soit encore possible de croiser Jenny dans les musées parisiens ce matin, si j'en crois son instagram!) . Notre correspondante parisienne a assisté au 2e concert parisien.
Paris, un soir de juin qui ressemble déjà à l’été. Les bars et leurs terrasses font le plein autour des monumentales portes Saint-Martin et Saint-Denis. Sur le boulevard de Strasbourg, L’Archipel, qui accueille ce soir pour leur deuxième date les Elysian Fields, avec Matt Low et Guillaume Bongiraud, voisine avec les illustres théâtres populaires. Ambiance intimiste dans la petite salle bleue, tout en longueur, la scène à un bout, le bar à l’autre. Le petit écran blanc en fond de scène finit de rappeler la salle de cinéma… Et de fait le spectacle de ce soir aura un grand pouvoir d’évocation.
Alors que les derniers spectateurs arrivent, soudain noir total… Des bruits de pas, des grillons… Ambiance de soir d’été, d’où surgissent les notes du violoncelle de Guillaume Bongiraud, pour un superbe premier morceau joué pizzicato. Suivent deux autres compositions, avant qu’il ne cède la place à Matt Low, « de Moulins-sur-Allier » : belles mélodies, textes introspectifs et souvent mélancoliques, ponctués d’adresses au public toutes en autodérision. Alors que Guillaume le rejoint pour son dernier morceau, s’amorce ce qui fera aussi toute la séduction de cette soirée : on n’assistera pas vraiment à une succession de prestations – première, deuxième partie… - mais chacun tour à tour sera invité à revenir sur scène pour jouer avec les autres, dans un climat qui ressemble à de l’amitié, et qui ne peut qu’envelopper la petite foule du public, si proche de la scène.
Vient le tour d’Elysian Fields, pour son dernier album, Transience of life, sorti en 2020, inspiré d’un roman de l’auteur chinois Cao Xueqin, qui raconte l’histoire mythique d’un amour maudit, épopée qui semble être l’équivalent de l’œuvre de Shakespeare pour la Chine du 18ème s. Jennifer Charles et Oren Bloedow disent avoir trouvé, dans cet univers si lointain et étranger, une proximité avec leurs thèmes de prédilection – et de fait les titres des chansons fixent tout un programme : Transience of life, Vain longing, Sorrow amidst joy, A life misspent, Separation from the dear ones… autant de variations sur l’amour condamné, l’impermanence de toute chose, la désillusion, le chagrin… La scène vient magnifier l’album qui joue de la rencontre entre deux mondes, pour nous plonger dans une atmosphère vaporeuse et onirique. Oren à la guitare ponctue les morceaux de sonorités orientales, Jennifer, étirant infiniment son chant, joue de sa voix si langoureuse et de la grâce expressive et mystérieuse de ses mouvements, dans une interprétation spectaculaire et théâtrale, entre le jeu et la danse. Accompagnée par Oren à la guitare ou au piano, elle dit le regret et la mélancolie – le « Helas, helas » de Union of enemies résonne magnifiquement. Mais le groupe excelle aussi dans les ruptures de ton et rythme, et la guitare de Oren sonne régulièrement très rock, pour des passages très enlevés. Les morceaux s’enchaînent sans guère d’interruption ni d’adresses aux spectateurs, comme pour nous laisser plongés dans cette atmosphère de sombre rêverie, et jouer de la puissante capacité du duo à faire naître en chacun des images. Pour le morceau final de l’album, The birds scatter to the wood. Jennifer demande d’ailleurs le noir, « like in a movie », et danse dans la pénombre sous l’écran où défilent des images de paysages. Bientôt elle sort de scène, et toujours dansant remonte la salle, frôlant des spectateurs émus, pour laisser Oren au piano conclure magnifiquement. C’est fini pour l’album, mais pas pour le spectacle, puisque Matt Low est invité sur scène pour jouer avec Oren et Jennifer son titre Saut de l’ange – il les remercie dans un anglais surjoué de frenchy de Moulins. Le rappel réunit tout le monde, pour une reprise enthousiasmante de Black Acres. Remerciements en français et en anglais… Et invitation à finir la soirée ensemble, au bar du fond de la salle
Je m’éclipse assez vite… mais la grâce, la chaleur, le charme infini de cette soirée n’ont pas encore fini de m’accompagner.
F.
Merci Florence! Merci à Matt Low d'avoir organisé cette mini-tournée qui a vu le groupe fréquenter la beauté des VINZELLES, la nouvelle place to be in le 6/3, le bois de SAOU... et le Blois du chato'do ce week-end.
Jennifer et Oren sont à retrouver sur Mustango.
Jennifer sur A bird on a poire
Oren est également sur Babel (chant soviet)... aux côtés de Matt Low et Guillaume Bongiraud (au sein des DELANO ORCHESTRA).
Guillaume a un nouveau projet avec Morgane Imbeaud: AVATARS... Je vous laisse découvrir
Le LIEN EN PLUS pas elyzian mais elisyhan
Il' faudra aller au fin fond de la Bretagne pour écouter du Jean-Louis Murat... Avec Elisyhan, dont on a découvert les reprises de Murat il y a quelques temps.
"La fête se poursuivra sur la scène des Chardons à partir de 19 h avec Elisyhan, seul en scène dans un répertoire de Jean-Louis Murat."
Bon, en attendant de pouvoir choper une place pour Bruce à Paris (je suis bloqué à 67% dans la file d'attente), je vais commencer un petit article...
D'abord, je tiens quand même à revenir sur l'article précédent, sur lequel on a bien bossé avec Florence, enfin surtout elle, et elle nous a rapporté quand même une interview inédite du Boss du 63... de deux questions certes... SCOOP EXCLUSIF: "sur un trottoir, Murat nous dit qu'il vit avec un homme depuis 30 ans!"
Pour les retardataires, c'est à relire ici. Le prix Nobel VS NAIPAUL compte moins de lecteurs que Marc Levy en France, mais cet article est aussi une belle chronique sur Morituri.
1) ILS AIMENT MURAT
a- Pour rappel, AURA aime Murat, le vinyle est arrivé... Pas chez moi, mais je devrais récupérer le mien vendredi. TIRAGE 100 exemplaires!! Un objet de collection à se procurer : paypalpaypal 22 titres! Attention: il en reste 40 seulement! Le CD 16 titres est bien sûr lui aussi disponible. On attend la chronique dans Francofans prochainement et un grand dossier dans HEXAGONE en juin!
b- Voici un extrait d'une interview de Helmut Tellier de la maison tellier, que l'on savait déjà amateur de Jean-Louis Murat. Il joue aussi dans ANIMAL TRISTE avec le batteur Matthieu Pigné, dont on a régulièrement parlé ici.
Où situerais-tu La Maison Tellier dans la cartographie de la chanson française ?
Je crois que justement « A7LAS », de par son nom, de par son visuel et de par ce que ça raconte essaie d’inventer une géographie et un folklore qui sont les nôtres. On ne s’inscrit pas dans quelque chose de déjà existant parce que c’est très compliqué finalement. Dans la musique que l’on fait, il n’y a pas vraiment de famille mais on y retrouve des représentants comme Moriarty, Emily Loizeau, Baptiste W. Hamon, Murat…
Ce sont des références pour toi ?
Oui. Concernant Murat, on a travaillé avec Pascal Mondaz à la réalisation et à la prise de son de « A7LAS » qui avait bossé avec lui sur l’album « Babel » (ndlr. Sorti en 2014) avec le Delano Orchestra. Il voulait marier des musiques très ancrées en Amérique avec un langage très ancré en France et plutôt fin de 19e. Et ça, ça me touche beaucoup. Chez Murat, il n’y a pas forcément de constance, et c’est normal depuis le temps qu’il fait des albums, mais par contre, il y a des éclairs de pur génie : il y a des trouvailles qui me mettent par terre, quelque chose de très, très brillant qui me touche en plein cœur. Je trouve qu’il n’y a pas tellement d’équivalent dans la chanson française quand il produit cet éclair de génie.
J'ajoute aussi ceci cette interrogation sur la langue française:
J’essaie toujours de me figurer des artistes qui chantent en français ou des groupes qui seraient dans quelque chose de joyeux dans leurs paroles, sans parler de musique… avec un truc de qualité qui nous plaît. Et j’en viens à me dire que c’est la langue française aussi qui ne s’accommode pas vraiment du « youpi tralala». C’est une langue qui amène à la gravité, et c’est pareil dans la poésie. Regarde Baudelaire, Rimbaud, René Char par exemple… Est-ce que les Français ont tous le blues depuis toujours ? Ou est-ce que c’est notre langue qui veut ça ?…
c- Bertrand Betsch avait déjà repris "Tout est dit" pour un disque de reprises. Il récidive dans un CD réservé aux contributeurs de son nouveau disque (200 ex). Et il fait le choix d'un titre plus rare, puisqu'on peut le classer dans les "inédits disque": "PRIERE POUR M". Denis est crédité en tant que co-compositeur. Le titre a été diffusé sur une compil "un printemps 90", et chanté à Paris en 94. La reprise est assez jolie, plutôt guitare, mais ponctué d'un joli pont de piano, avant qu'une orchestration plus forte synthétique ne s'impose.
Jukebox Babe Vol. 1 sortira tout de même en numérique le 23 septembre 2022. Avec aussi du Manset (revivre) et Bashung.
Le rock français, personne ne sait ce que c’est. A part peut être les fans de Johnny Hallyday, mais personnellement on n’à toujours pas compris.
D’abord, Jean-Philippe Smet était Belge. Bon d’accord il a été naturalisé Français, mais ça l’a tellement concerné qu’il a tout fait pour ne pas payer d’impôts en France, ce qui, en soi, est un motif d’excommunication. Et si on considère que le Rock’n’Roll c’est Little Richard, les Stones ou The Jon Spencer Blues Explosion, on ne voit pas le rapport. En fait on se demande si Johnny Hallyday n’était pas plus proche de la catastrophe naturelle que du chanteur de variétés.
La chanson française par contre, on sait ce que c’est. Et le seul « groupe de rock » français qui ait jamais pu prétendre à l’appellation (Noir Désir) à fini sa carrière en se rapprochant plus du registre de Léo Ferré que de celui des New York Dolls.
Il est par contre certain que les artistes français voulant exercer dans le champ de la musique pop ne peuvent pas s’extraire de 70 ans musique populaire anglo-saxonne.
Il y a alors deux attitudes :
Soit se considérer comme étant de la filiation d’artistes comme Brel, Brassens ou Barbara et creuser le sillon en considérant que ces choses là ne sont pas périmées. Bon courage, mais pourquoi pas.
Soit considérer qu’on fait de la musique pop à l’aune de sa condition de « non-anglo-saxon », mais en ayant une parfaite connaissance du sujet.
C’est la deuxième voie qu’a suivi Jean-Louis Murat, voulant écrire des chansons « de là où il parle », comme on dit sur les plateaux télé, tout en sachant tout de Tony Joe White, Wilson Pickett, Mark Hollis ou Robert Wyatt. A notre connaissance, c’est le seul à l’avoir fait, avec peut être Alain Bashung.
L’avantage avec cette attitude, c’est qu’on se débarrasse des grimaces « pop music/rock’n’roll » pour faire valoir la spécificité de la chanson française : sa langue. (ok, on va faire comme si Dylan n’existait pas). Et dans ce domaine, Jean-Louis Murat sait de quoi il parle.
Sur ce disque, édité pour la première fois en vinyle, il y a tout ce que l’on aime chez lui: les textes riches, le vouvoiement amoureux, le grain de la voix, la production soignée et l’évocation subliminale de la musique anglo-saxonne qui l’a nourri.
Ajouté à cela des compositions, un son et un groupe qui donne l’impression d’une correspondance avec la production de Neil Young. Le même format, la même attitude mais modelée par un terreau différent. Ce n’est pas rien.
Voici à propos de TAORMINA la reprise de DA CAPO en instrumental de GENGIS (disponible en numérique et sur le vinyle AURA AIME MURAT), un titre improvisé nous rappelait JLM en coulisse quand le disque lui a été remis.
3) Pendant ce temps-là sur twitter:
Une citation de Murat avait déjà fait le tour du monde, sur Zidane. J'en découvre trois autres traduites en anglais:
Enfin, on savait que poster DOLORES entrainait des problèmes sur facebook du fait de seins qu'on ne peut pas voir, mais il paraîtrait qu'on peut être bloqué sur twitter si on poste "suicidez-vous le peuple est mort"... Depuis 1981, les choses n'ont donc pas changées... et nous qui pensions que ça avait empiré...
#Twitter#help@JPChouard qui est bloqué parce qu’il a posté la chanson de Jean Louis Murat "Suicidez vous le peuple est mort."Ayant partagé cette chanson via YouTube il se retrouve bloqué par Twitter pour le prétexte fallacieux d'appel au suicide. #jeanlouismurat
Saluons l'ami Vincent Raymond qui quand il n'interviewe pas Murat en Forum FNAC ou au Toboggan, écrit sur le cinéma, mais ça laisse des traces :
Juste avant qu’elle ne s’achève, évoquons cette rétrospective Terrence Malick accueillie par l’Institut Lumière qui donne l’occasion, comme dirait Jean-Louis Murat, de « fréquenter la beauté ». Car si l’insondable cinéaste peut parfois laisser son public pantois avec ses fables panthéistes mêlant dans un savant macramé narratif récits, époques, voix, destins et personnages, il ne déçoit jamais l’œil : il fait partie de ses rares auteurs à avoir un style (ou des “tics“ se reconnaissant au premier regard).
- Allo, Madame D. ? Oui, c’est Paulo ! Je suis sur le cul… enfin… la culture… Ça marche plutôt bien en terme d’affluence… même si je me demande si les photos du gars avec ses yeux bleus pénétrants, ça n’y joue pas pour beaucoup. On va faire la nique à Babelio si ça continue. Bon, là, je te file encore une mission finger in ze noz, du tout cuit, je te dis. Écoute moi ça :
“J’ai une bibliothèque qui repose beaucoup sur V.S. Naipaul. Son livre sur les gens du Sud des Etats-Unis est absolument sensationnel. Son livre sur l’Afrique, ou son livre sur la Jamaïque, aussi. J’ai écrit beaucoup de chansons tirées de son livre sur la Jamaïque”(les choix culturels de Jean-Louis Murat, Vive la culture, novembre 2018).
“Beaucoup de chansons”! On va enfin percer le mystère de certains titres ! De quoi ? Tu n’es pas sûre d’aimer Naipaul ? Tu crois que je t'appelle pour des articles que je peux faire moi-même et m'embêter avec des auxiliaires ? Moi aussi le livre m'est tombé des mains. Mais je te fais une fleur, je te laisse tout le temps pour commencer à apprécier. Pas de pression, remise du texte le 10 mai à 8h.
Dire son époque : J.L. Murat et V.S. Naipaul
Tout amateur de Murat soucieux de lui conserver toute son admiration a appris à se détacher de ses interviews : provocations multiples – certes parfois drôles et bienvenues - , affirmations contradictoires, talent éprouvé à se saborder et provoquer la consternation des plus fidèles…
Mais est-il invité à s’exprimer sur son travail, ses goûts, ses admirations ? On le retrouve inspiré, généreux, partageur : nourrissant. Parlant musique, cinéma ou littérature, il sait susciter le désir de la découverte. Rendre curieux, jolie réussite pour celui qui aurait voulu être prof…
Marcher dans ses traces, c’est s’engager sur des terrains amples et variés, même si l’on circonscrit l’exploration aux sources d’inspiration proclamées, des films de Pixar à l’Histoire d’un ruisseau d’Elisée Reclus, ou encore à Vidiadhar Surajprasad Naipaul. C’est aussi risquer de s’égarer : l’animal est facétieux, et semble s’amuser à brouiller les pistes. Faisons donc le pari de le croire sur parole lorsqu’il affirme dans cette interview qu’il a écrit plusieurs chansons inspirées par le roman Guérilleros, et osons quelques hypothèses…
Guérilleros
Passons rapidement sur le fait qu’à l’image de celui que le New-Yorker a appelé “l’effroyable Monsieur Naipaul” sont attachées déclarations retentissantes et anecdotes déplaisantes, qui tendent parfois à prendre le pas sur l’examen de son œuvre et de son parcours, de sa naissance dans la communauté indienne de l’île de Trinidad en 1932 à son œuvre riche d’une trentaine d’ouvrages et au prix Nobel de littérature en 2001. Son regard sans illusion sur les sociétés post-coloniales qu’il s’est attaché à décrire et à comprendre dans ses ouvrages – romans, nouvelles, reportages, récits de voyage, dans un style qui estompe la frontière entre fiction et documentaire - a pu également susciter discussions et controverses.
Venons-en plutôt au roman cité par Murat : Guérilleros, donc, publié en 1975. Il a pour cadre la capitale d’une île qui ressemble à la Jamaïque, dont la géographie dit l’histoire et le destin, aux lendemains de l’indépendance. Au centre la vieille ville coloniale aujourd’hui décatie, où l’hôtel de luxe a perdu de sa superbe ; le port et la carrière de bauxite exploitée par les Américains, et plus loin, au mouillage, leurs navires de guerre ; au pied de la colline, les quartiers populaires, pittoresques uniquement sur les gravures pour touristes : les communautés et les familles depuis longtemps dispersées, les jeunes gens errent sans repère et sans règles dans les rues tortueuses et sales d’où sourd une menace constante. Plus haut, le Ridge, quartier aisé où vivent les anciens colons et les travailleurs étrangers, inquiets de la fragilité de leur position et quittant les uns après les autres un lieu devenu instable et inquiétant. Et enfin à la périphérie, après l’ancienne zone industrielle à l’abandon, vers la forêt, un vaste espace défriché proclamé “communauté du peuple pour la terre et la révolution”.
… Jusqu’ici, on s’imagine plus dans une chanson de Bernard Lavilliers ou de Gérard Manset… Mais poursuivons…
Le roman s’organise autour de trois personnages principaux. James Ahmed d’abord, révolutionnaire métis issu de l’île. Considéré comme une figure de la défense de la cause noire, il est devenu célèbre en Angleterre, puis est revenu sur son île natale après avoir été accusé de viol. A la tête de la commune agricole, il règne sur un territoire en déshérence, des jeunes hommes inquiétants et désespérés. Il reçoit régulièrement la visite de Peter Roche, venu d’Angleterre, chargé par une entreprise locale de superviser le projet – et surveiller de près son initiateur. Roche vit sur le Ridge avec Jane, sa maîtresse, qui sitôt arrivée de Londres a compris qu’elle avait commis une erreur en suivant un homme qu’elle avait cessé d’admirer. Entre elle et James Ahmed va se nouer un jeu trouble et tragique.
Le roman raconte les désillusions qui ont suivi l’indépendance, un monde post-colonial mais qui reste sous tutelle. Les Américains contrôlent la principale ressource économique, la carrière de bauxite. L’empreinte de Londres est toujours bien présente. Même le projet révolutionnaire de commune agricole est soutenu et contrôlé par une entreprise dont la fortune a été bâtie sur l’esclavage.
C’est un monde confus, sans direction ni idéal qui est peint. Les personnages, faute de savoir qui ils sont, ou parce qu’ils le savent trop, se mentent, à eux-mêmes, aux autres, ou jouent un rôle auquel ils se laissent prendre. Roche, opposant au régime de l’Apartheid, a été torturé en Afrique du Sud, mais loin de l’intellectuel militant ou de l’homme d’action, il se laisse porter par les événements, et ne peut que constater la vanité de ses actes. Jane, sa maîtresse, est un personnage sans mémoire, sans cohérence, qui adopte les façons de parler de ses amants successifs ; son assurance se nourrit de la sécurité que lui procure le fait d’être anglaise, mais aussi de son incapacité à se connaître. James Ahmed oscille entre l’identification à son image de leader révolutionnaire craint de tous, la conscience d’être instrumentalisé, et le désespoir d’être resté cet enfant né dans une arrière-boutique chinoise qui voit que tout lui échappe. Même un personnage qui en impose dans un premier temps par sa stature et ses convictions, Meredith, homme politique noir natif de l’île, est souvent décrit comme un comédien, insaisissable, manipulateur, volontiers cynique, et soupçonné par les autres d’avoir peu de maîtrise sur les événements.
Composer avec l’air du temps
Et alors, Murat dans tout cela ? Il y a loin de cette île des Caraïbes à sa géographie familière, et plus loin encore des Etats nouvellement indépendants à la France contemporaine. Pourtant sa démarche, son regard viennent parfois rencontrer ceux de l’écrivain qu’il admire. Il loue en Naipaul ce qu’il appelle son talent de journaliste, témoin de son temps (d’ailleurs Guérilleros est à l’origine un fait divers survenu à Trinidad en 1972, dont Naipaul a dans un premier temps rendu compte sous la forme d’une longue enquête), et lui se fait aussi chroniqueur du monde paysan, en passe de disparaître. Élargissant la perspective, il s’est fugitivement essayé à la chanson militante, quand il allait à Vitrolles chanter contre le Front National (« Les gonzesses et les pédés »), ou soutenait les Gilets jaunes en 2020. Mais dans son évocation de la France contemporaine, elles sont finalement rares les chansons si précisément situées, et si univoques. Lorsqu’il publie Morituri, un album imprégné des attentats de l’année 2015, il adopte un point de vue très englobant, procédant par formules générales : il parle volontiers de “tout” ou de “chacun” ou s’adresse à un “tu” sans référent. Pas de récit ou de description, un climat plutôt, comme pour laisser ouvertes toutes les interprétations possibles : à chacun d’y superposer des lieux, des noms, des événements. Les titres mêmes de l’album et des chansons, « French Lynx », « La Nuit sur l’Himalaya », jouent sur le décalage spatial et temporel, récusant tout effet immédiat de miroir. Et, alors même que Naipaul, pour qui le roman est un instrument d’élucidation du réel, refuse toute abstraction, c’est précisément par ce gommage référentiel que, semble-t-il, Murat peut le rejoindre lorsqu’il cherche à saisir l’atmosphère du monde qui l’entoure. C'est ainsi que le “Tout est d’impuissance et de fausseté” de « La Nuit sur L’Himalaya », ou le “Tout est vain et cruel” de « French Lynx » pourraient faire aussi de parfaites épigraphes à Guérilleros.
“Le monde est ce qu’il est”
Force est en effet de constater que lorsque dans ses derniers albums Murat capte l’air de notre époque, il retrouve l’état des lieux dressé ailleurs et naguère par Naipaul. Le sentiment d’être piégé envahit tous les personnages de Guérilleros ? “Chacun dans ce monde est un prisonnier” déclare de façon définitive « La Nuit sur L’Himalaya ». Pire, “Tous sont encore esclaves”, renchérit « French Lynx ». Quand Naipaul met en évidence une inconsistance généralisée, « French Lynx » s’adresse à un contemporain anonyme : “Vite tu penses une chose, tu penses son contraire, tu passes ton temps à faire encore plus à défaire”. Règnent alors les images creuses, les illusions sur soi, la perte de tout repère. “Tu rumines au sextant, tu te crois indigène” note Murat dans « French Lynx », comme en écho aux hommes acteurs, aux hommes jouets de Naipaul. « Comme un incendie » parlait déjà du “royaume où tout fabrique du faux”… et de “ce purin d’idéaux” qui produit “des sots”.
A quoi se raccrocher dans ce délitement généralisé ? Murat, examinant le rapport au pouvoir dans Morituri, fait le constat amer de la perte de toute grandeur et du règne du cynisme : “Nous tenons nos chefs en mépris complet, malgré des caresses fermes et répétées”, “Quelques gloires de France servent de risée”. L’autorité ne peut plus imposer de direction ni prétendre sauver qui que ce soit. Dans « Achtung » surgissent des questions angoissées : “Chef, qui m’a fait le choix de cette vie ?”, “Mon capitaine qu’avons-nous foiré ?”. Dans Guérilleros les figures du pouvoir sont elles aussi remises en question. Le roman peint ainsi le désarroi du personnage de Bryant, jeune homme des bas quartiers membre de la communauté agricole, à la fois pathétique et effrayant, avec son visage hérissé de tresses qui lui donnent une tête de Méduse. Il s’est attaché à deux figures tutélaires du projet : l’une a disparu, le laissant abandonné, l’autre, James Ahmed, ne saura que lui offrir une victime sacrificielle. Quant au représentant officiel de l’autorité, Meredith, redevenu ministre à la faveur d’une émeute, il n’est vu que par les yeux soupçonneux des autres personnages, qui doutent de sa sincérité et pensent qu’il est utilisé, pour mieux être jeté en pâture à la foule par la suite.
Alors, quelle issue envisager ? Se tourner vers le peuple ? Une impasse dans « La Nuit sur l’Himalaya » : “Je rentre du peuple, je n’ai rien trouvé”. Le premier titre de Jean-Louis Murat en 1981 s’intitulait d’ailleurs « Suicidez-vous le peuple est mort ». Dans Guérilleros, la population est déchirée entre rêve de libération et goût de l’ordre, et l’épigraphe du roman, attribuée au personnage principal, James Ahmed, fait le deuil de toute fraternité, de tout idéal révolutionnaires : “Quand tout le monde veut se battre, il n’y a plus de raison de se battre. Chacun veut mener tout seul sa petite guerre. Il n’y a plus que des guérilleros.” La religion ? Murat semble la congédier, par la voix du personnage de « Achtung » : “Prendre la croix, non mais quoi…” ou l’affirmation catégorique de « La nuit sur l’Himalaya » : “L’esprit religieux vient d’un monde faux”. Dans Guérilleros, elle apparaît notamment sous la forme de la pratique bornée et la morale austère d’Adéla, la domestique de Roche.
Reste une violence généralisée. Le roman de Naipaul met en scène toutes formes de violence, violence d’Etat, violences policières, émeutes et crimes de sang. Roche dit qu’aucun pays n’est à l’abri de ces couvées de violence, malgré la tranquillité apparente des habitants : même l’Angleterre ne lui semble pas sûre. Cette violence se manifeste chez Murat dans l’image - prémonitoire - des terrasses où l’on assassine (« Interroge la jument »), dans le triomphe de Satan, ou encore la métaphore de « Achtung » : “Un jour ils nous rouvriront la boucherie, c’est la bête elle-même qui me l’a dit”.
Poussière et sables mouvants
Si Murat rejoint Naipaul dans ce point de vue que l’on choisira de qualifier de lucide ou désespéré, le constat prend toutefois forme dans des images très différentes. Signe du délitement généralisé, la poussière recouvre tout dans Guérilleros : la sécheresse s’est installée depuis plusieurs mois, tout s’étiole, la forêt recule, partout des feux s’allument, le paysage est nappé de nuages de terre desséchée - et bientôt des fumées des bâtiments brûlés par l’émeute. Chez Murat où prédomine l’élément liquide, on patauge, on s’enlise : le chef de « Achtung » “pleure dans les marais”, “dans la boue épatante de ce pays” ; « Comme un incendie » évoque “ce purin d’idéaux”. Et si l’eau court, c’est celle qui nous emporte irrésistiblement, dans les remous et le chaos de ces vers de « French Lynx » : “Tu sens que tout de toi glisse sans fin vers la rivière… au temps que tout emporte rien ne tient le contre-courant”. L'élément solide n’est pas plus stable lorsque tout glisse et s’effondre : “tout est éboulis”...
“Que n’aurais-je pas fait pour Frankie ? ”
Enfin, chacun interroge l’usage et le pouvoir de l’écriture, de la musique. Guérilleros regorge de slogans, pour mieux mettre en évidence à la fois leur pouvoir et leur vanité. Les discours de James Ahmed sont qualifiés de “discours bavard” et de “devoir d’écolier”. Il écrit également des bribes de romans infantiles où il dit son fantasme d’être un héros et un chef charismatique, fascinant et effrayant, irrésistiblement attirant. Murat a de son côté beaucoup parlé avec désenchantement de la chanson, et en particulier du rock : cette musique contestataire qu’il a tant aimée est devenue l’instrument des puissants, et ce sont chez les Clash que l’homme d’affaires Matthieu Pigasse vient chaque matin puiser son énergie... Morituri dit bien cette défiance vis-à-vis de la chanson, et même de la poésie : “Tais-toi, tais-toi !” enjoint-il au coucou, cette “sale bête”. S’interrogeant sur “la lyre et le tambourin”, la poésie et la musique populaire, il parle de “farder le langage”…S’il rend toujours hommage aux poètes aimés, Bernard de Ventadour dans « French Lynx » et Rimbaud avec sa « Chanson de la plus haute tour » dans « La Chanson du cavalier », il dresse pour le présent un constat décidément amer : “tu vois la langue douce briser ce qui est beau… Il ne nous reste plus que la peau sur les os”.
“Un homme ne peut jouir que d’un petit nombre d’années d’optimisme” déclare Peter Roche à la fin de Guérilleros. Les derniers albums et les déclarations publiques de Murat semblent corroborer ce point de vue. Pourtant il serait réducteur de le résumer à ce retrait désabusé : succession d’albums et de tournées, goût de l’expérimentation, curiosité pour des artistes contemporains, sa vitalité artistique demeure intacte. “Comment faire une chanson ?”, s’interroge-t-il dans « Comme un Incendie ». Il lui reste visiblement, après toutes ces années, le désir de continuer à chercher.
Guérilleros est publié dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont, avec deux romans de V.S. Naipaul, et une préface de Jean-François Fogel. L’enquête sur le fait divers qui a donné naissance au roman, Michael X et les meurtres du Black Power à Trinidad est publiée dans le recueil Le Retour d’Eva Peron, chez 10/18. Toujours chez 10/18, Comment je suis devenu écrivain, qui réunit trois textes très éclairants - dont le discours de réception du prix Nobel - sur le parcours de Naipaul et sa conception de la littérature. Merci enfin au très précieux site https://alainfecourt.wixsite.com/muratextes !
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Merci Florence ! J’ai passé un agréable moment au creux de ton Naipaul… un joli essai qui montre l’ouverture au monde de Jean-Louis Murat(qu’on cantonne parfois aux références littéraires françaises et classiques), et tisse des jolis rapprochements entre les deux oeuvres.
Postface
Rosny, 16 avril 2022.
Une femme regarde l’enchanteur sortir de la médiathèque [à relire ici]. Dépitée. Elle était prête. Tendue vers la séance de questions. Il n'y en a pas eu. Elle a pourtant une mission, ça fait trois semaines que Paulo la lui rappelle tous les jours : tu y vas, tu lui parles ! C’est lui ta source ! N’écoutant que son sens du devoir - elle est envoyée spéciale, tout de même ! - elle trottine derrière lui sur la dalle de béton… il s’arrête. Elle se lance enfin :
- euh, pardon... bonjou... bonsoir…
Le regard. Droit dans le sien. Bleu, perçant, vaguement ironique. Elle n’y était pas préparée.
- Alors, euh… vous avez parlé de V.S. Naipaul… vous avez dit qu’il vous avait inspiré des chansons… Et donc… je me demandais… lesquelles… ?
- Naipaul ? En fait je me suis plus inspiré de son livre sur L’Iran, Crépuscule sur l’Islam… Et c’était dans mon premier groupe… Ce sont des chansons qui ne sont pas sous mon nom…
Stupéfaction. L’œil bleu s’amuse.
Elle avale sa salive, rassemble ses esprits et tout son courage.
- Mais, euh, tout de même… je pensais à Morituri… Est-ce qu’il n’y pas, comment dire, des points communs, enfin des convergences?
A-t-il pitié d’elle ? Il concède :
- C’est possible, je vis avec Naipaul...
…………………
Xanadu, 18 avril 2022
Madame D. a enfin fait son rapport.
Paulo regarde par la fenêtre (oui, ca fait partie du job). L'homme au sang froid transpire. Il a envoyé sa SDI (stagiaire à durée indéterminée) au front la fleur au fusil. Un instant, il a cru l'avoir perdue. Bien qu'elle ne soit pas barbue, il se rend compte que ça lui donne un peu d'entrain d'avoir un nouveau partenaire en chair et en os (l'ancien tente toujours de se rendre utile mais vaporeux, il fait ce qu'il peut…). Du remord ? "Ah, ah, ah, non, mais vous rigolez ! L'info must go on. Que Jean-Louis Murat se joue de nous, volontairement ou non, ça s'apprend sur le terrain, à l'épreuve des yeux revolvers. Ce n'est jamais du tout cuit avec Jean-Louis… Ça lui fera une leçon à la petite, je l'avais pourtant prévenue que le sujet serait compliqué ! Ah, dire qu' il nous renvoie sur Clara alors que le livre est sorti en 1981, en Angleterre comme en France... Et qu’il nous oriente sur des livres sur l'islam, qui semble plus sa préoccupation du moment...". Enfin soit, il apparaît de toute façon bien difficile de vraiment discerner si telle ou telle chanson a jailli d'une lecture ou d'une autre (Toboggan et Toy story ? Qui aurait trouvé la référence ?). Et si ça se trouve, les chansons inspirées de Guérilleros dorment dans la malle du grenier... N'importe, les textes sont là, amples, riches, pour des enquêteurs patients, des amateurs d'énigme... et après tout, il n'y a que l'intentionnalité de l'œuvre à prendre en compte si on considère que Bergheaud est un grand auteur de chansons. Aux arpenteurs de chemin de traverse de s'y exercer et de tenter des propositions. Ce texte est une première contribution et qui sait peut-être certains apporteront d'autres idées. Paulo déteste engager des frais, mais il a dépensé 5 euros pour le fameux essai sur l'Iran... Le jeu de pistes est lancé.
Vidiadhar Surajprasad Naipaul, Crépusucule sur l’Islam. Voyage au pays des croyants [1981], trad. par Lorris Murail et Nathalie Zimmermann, Paris, Grasset, 2011.
Le second essai de l’auteur sur l’Iran est Jusqu’au bout de la foi. Excursions islamiques chez les peuples convertis [1998], trad. par Philippe Delamare, Paris, 10/18, 2003.
C'est toujours comme ça: quand j'ai laissé filer une actu et que c'est en passe de devenir une archive, j'ai toutes les peines du monde à me motiver pour me poser pour faire la publication... Mais là, pas d'excuse, c'est un peu mort en terme d'actualité...
1) On commence par un article que tout le monde a dû lire: l'interview par Vergeade pour les INROCKS... mais que je n'avais pas publié à l'époque. Je voulais checker cette phrase : "Jusqu’en 1995-1996, je faisais encore des émissions de radio ou de télé pour l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, j’avais encore une demi-page dans El País". Denis Clavaizolle a indiqué qu'ils avaient eu de la presse anglosaxonne... mais il semble que les DOLOS n'aient gardé aucune trace de tout cela. Côté "el pais", j'avais regardé il y a quelques années... et je n'avais rien trouvé à part une mention ici. Depuis la création du blog, je n'ai relevé que l'article de MOJO pour Grand Lièvre.
Jean-Louis Murat : “J’aime autant Rimbaud que Robert Johnson”
Publié le 22 octobre 2021 à 12h24 À l’occasion d’un vingt-et-unième album parfaitement muratien, “La Vraie Vie de Buck John”, conversation avec l’Auvergnat infatigable et franc du collier.
Comment est né cet album autour du personnage de bande dessinée Buck John ?
Jean-Louis Murat : Au départ, j’étais parti sur l’année du blaireau, ce qui correspondait à la période du confinement pendant laquelle je vivais comme dans un trou. C’est en repassant devant les étagères de ma bibliothèque que je suis retombé sur des vieux numéros de Buck John, la première BD que j’ai lue enfant. J’ai donc intitulé le disque La Vraie Vie de Buck John. Buck John, c’est tellement moi. J’aime me transporter à travers les époques et j’ai appris le romanesque en grandissant à La Bourboule, sans radio ni téléviseur. Avec mon argent de poche, je m’achetais les fascicules de Buck John. Grâce à lui, j’ai découvert Sam Peckinpah, Bob Dylan, Walt Whitman, me construisant une culture américaine hybride. Enfant, j’avais envie d’aller à Nashville, pas sur la planète Mars comme l’autre abruti d’Elon Musk. C’était mon rêve de conquête. En tombant sur John Ford et John Wayne, je chanterai des années plus tard Fort Alamo. J’ai toujours été un petit garçon plein d’imagination et nourri par des éléments de la culture dominante, en l’occurrence anglo-saxonne. C’est pour cela que j’ai toujours détesté Johnny Hallyday, j’ai immédiatement vu l’ersatz. Pourtant, j’ai encore son tout premier 45 tours avec Laisse les filles. Je me suis donc toujours retrouvé le cul entre deux chaises. Il faut parfaitement maîtriser la langue anglaise ou l’expression de la culture américaine pour en faire un deuxième élément. Encore ce matin, je réécoutais Dylan, c’est comme s’il chantait en français pour moi.
Tu n’es finalement jamais entré en phase avec ton époque ?
Je ne peux malheureusement que le constater. Peut-être ai-je été un immense zéro. Nous sommes à un stade où chacun peut se dire ça tant nous n’aurons servi à rien. Je suis un peu satellisé d’on ne sait où.
Choisir un héros de son enfance est aussi un moyen de se retourner sur soi-même.
Si j’avais connu Homère plutôt que Buck John à 6 ou 7 ans, j’aurais peut-être agi différemment. Mon Ulysse, c’était Buck John. J’ai ainsi développé des voyages immobiles, même si je suis bien content d’avoir enregistré quelques disques aux États-Unis et d’avoir rencontré des musiciens américains, qui me considèrent vraiment et avec lesquels je suis encore en contact. Je n’ai jamais eu la moindre reconnaissance en France. Oren Bloedow, le guitariste d’Elysian Fields, me dit souvent que si j’avais été américain, j’aurais aujourd’hui une villa sur Beverly Hills. Pas de bol, je suis français ! Voilà toute mon ambiguïté : j’aime autant Rimbaud que Robert Johnson. J’arrive à un âge de vie [il fêtera ses 70 ans le 28 janvier prochain, ndlr] où je me dis que je me suis peut-être complètement trompé. Sur les affiches de mon groupe Clara, on précisait “continental rock” – ce qui sous-entendait que l’on essayait de développer sur le continent européen une musique aussi forte que celle des États-Unis. Fiasco total, jamais reconnu, la dèche dans la nuit.
Tu as pourtant connu la reconnaissance publique au tournant des années 1990, avec Cheyenne Autumn puis Le Manteau de pluie.
Si j’ai vendu un peu de disques à ce moment-là, c’est grâce à Mylène Farmer. Je ne suis pas idiot. Sans Bayon ni Mylène Farmer, je ne vends pas un seul album. Sans eux, j’aurais d’ailleurs fait autre chose. Je suis resté dans un entre-deux, en foirant à peu près tout : le continental rock et l’idée européenne. Dans ma vie, j’aurais été pour moitié profondément européen, et pour moitié profondément anti-européen. Jusqu’en 1995-1996, je faisais encore des émissions de radio ou de télé pour l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, j’avais encore une demi-page dans El País. D’un seul coup, tout s’est arrêté, à partir du moment où les Anglo-Saxons ont mis la main sur le business. Je suis désormais cantonné en Division 4, sans même pouvoir changer de crampons. On s’est bien amusés, on y a cru, mais on s’est tous plantés.
Au-delà du fil rouge Buck John, d’autres sujets t’ont-ils inspiré pour ce disque ?
Inévitablement Samuel Paty, comme dans les paroles de Marilyn & Marianne : “Avant Marianne/Sans penser y laisser la peau.” Moi qui rêvais de devenir professeur de français, sa décapitation m’a traumatisé. Cette émotion profonde traverse tout le disque.
Ton nouvel album paraît chez Cinq7, ta nouvelle maison de disques après un septennat passé chez PIAS.
Dans ce milieu, j’ai rapidement compris que ça ne servirait à rien d’être sentimental. Le business est un monstre froid. Parfois, tu rencontres des gens chauds, mais ils sont les représentants d’un monde froid. Faut donc rester à distance. Je me suis toujours pris le chou avec mes différents labels. J’ai connu des périodes où il y avait beaucoup de pognon, puis moins, puis plus du tout. Pour ce nouveau disque, il n’y a même pas de clip et c’est à peine s’il est mixé. Ce qui fait que l’ambition en prend un sacré coup. La musique n’est pas que du fond, c’est aussi de la forme. Or, la forme nécessite des moyens. Pour la tournée, je ne sais pas combien je suis payé. Ce qui m’importe avant tout, c’est de remonter sur scène. C’est le cœur du job.
Tu as toujours un ou deux albums d’avance ?
Je fais même mieux : j’enregistre des disques posthumes. Rien que sur La Vraie Vie de Buck John, j’ai enregistré vingt-quatre titres – il y a donc un autre album de douze chansons déjà prêt, qui paraîtra après ma mort. Car ce ne sont que des chansons polémiques d’actualité, comme sur l’incendie de Notre-Dame. J’ai déjà vu, à travers la méchanceté d’Internet, combien cela m’avait coûté de documenter en six chansons le mouvement des gilets jaunes. J’ai donc prévenu les enfants : quand papa ne sera plus là, ils auront plein de disques inédits à sortir. Je suis retenu par l’époque. Je reste donc dans le domaine strict de la variété et je ne suis plus un chanteur engagé – ce qui a pourtant fait le sens du rock qu’on affectionne tant. L’énergie de Joe Strummer nous a tous transcendés. Si Strummer n’est pas engagé, il n’est pas chanteur. J’aurai désormais une carrière en deux temps : de mon vivant et post-mortem. Je vais ainsi enregistrer vingt albums inédits pour vivre vingt ans de plus que ce que j’ai vécu !
2) On passe à quelque chose qui n'est pas disponible sur internet. L'interview de la REVUE PERSONA, hiver 2022, Numéro 18. Encore commandable ici.
Murat et ses petits cailloux secrets disséminés dans les chansons: ici, la voix de l'être aimé dans Buck John? Plus lointain, la voix de Freud dans Toboggan
Remerciement à France Inter... mais tacle à Meurisse "qui passe son temps à ridiculiser des gens qui viennent du monde auquel j'appartiens". Certes, le système Meurisse est désormais agaçant... mais sa cible principale est quand même "la start up nation"... et les racistes parisiens... Enfin, on l'interroge sur Zemmour... et il ne tient pas à se démarquer. "IL y a 15 ans je n'étais pas d'accord avec lui" dit-il... puis de parler de la liberté d'expression est menacée. Est-ce vraiment vraie? Cnews propose un micro à des gens qu'on n'entendait pas facilement il y a 20 ans...
On se retrouve dans la semaine pour causer littérature!
... Et bien voilà... une semaine que la tournée est finie, et on s'emmerde déjà... Pas de petits échos sur le prochain projet de JLM, pas une petite collaboration sur laquelle feuilletonner... même pas une petite polémique de derrières les ragots pour se lamenter... Ah, l'été va être long...
MAIS NON, MAIS NON... on va traverser le désert dehors (canicule)... mais pas sur le blog... enfin, j'espère... Et pour commencer si vous vous ennuyez... pourquoi pas tourner et retourner les faces d'un vinyle?
CAR IL EST LA! IL EST ARRIVE! LE DOUBLE VINYLE AURA AIME MURAT!
Double Vinyl Collector : 22 titres !
Les 16 de la version CD + les 6 de la version bonus !
Pour ceux qui l'ont précommandé, les envois sont en cours.
Le CD 16 titres est bien sûr lui aussi disponible sur les sites en achat et en streaming.
Je n'ai pas encore pris beaucoup le temps de remercier FRANCK COURTES pour sa photo. Elle lui tenait à coeur puisqu'il la conservait sur son téléphone. C'est ce qu'il nous avait dit lors d'une inter-ViOUS ET MURAT. Et quoi de mieux que ce Murat derrière une vitre, avec une main qui tente de l'attraper, pour illustrer ces 22 covers? J'ai enfin acheté son dernier livre (gallimard) "les liens sacrés du mariage"... et je vous en parle dès que possible. En 2018, je voulais de "la dernière photo" qui évoquait Murat.
Pour rappel: Jean-Louis Murat m'a à plusieurs reprises affirmé son soutien au projet et au résultat!
ET je vous annonce un dossier spécial sur le projet dans l'excellente revue HEXAGONE! Il faudra attendre un peu...
Hélas, pour l'instant, on ne peut toujours pas vous parler d'un concert...
Récapitulatif promo médias (et aussi dans la catégorie d'article "aura aime Murat" (ci-contre) :
Marjolaine Piémont - que je connaissais déjà un peu - a eu la délicate attention de venir me voir en concert (elle se produisait aussi pour le festival ce week-end là). En fin de soirée, on a mangé ensemble, parlé de choses et d'autres, évoqué nos influences musicales... Très vite le nom de Murat est venu dans la conversation et on a réalisé, elle et moi, que l'un des albums qui nous avait le plus marqués était son album "Mustango" !
Quelques semaines auparavant, on m'avait proposé de participer à un album tribute à Murat (hommage de la scène Auvergne-Rhône-Alpes rendu au chanteur auvergnat) et j'avais choisi la chanson "Au mont sans-souci", extraite justement de "Mustango".
La coïncidence était trop belle... J'ai immédiatement eu envie de partager cette chanson en duo avec Marjolaine et de l'inviter à venir poser sa très belle voix sur cette ballade de Jean-Louis Murat.
Un beau moment de partage que l'on a concrétisé quelques mois après, à Paris, grâce à la complicité de Marc Arrigoni de Paon Record, autour d'un micro Neumann et de quelques fous rires !
Merci à Marjolaine Piémont, Stan Mathis, Marc Arrigoni, Laurence et Christian... et bien sûr à Jean-Louis Murat !
Retour sur St-Brieuc d'un curieux... menfin les fans! Soignez vos tenues, et les couleurs! On va se faire remarquer! Moi, je suis chauve, je ne peux rien y faire!
Je ne connaissais pas Jean-louis Murat, bien sûr de nom comme tout le monde, mais c’est tout… L’occasion est donc trop belle de découvrir l’artiste lors de son concert donné à « La Passerelle« . Première surprise, le public est inhabituel. Peu ou pas du tout de jeunes, de nombreuses têtes chenues, des crânes chauves et d’improbables chevelures décolorées. Certaines tenues tiennent même des années 60, baba-cools tendance rétro… Apparemment Jean-Louis Murat a ses aficionados, ses groupies attitrés…
Un concert d’une heure et demie, Jean-louis Murat au chant et à la guitare, son complice de longue date Denis Clavaizolle au clavier, Yann Clavaizolle à la batterie et Fred Jimenez, si j’ai bien compris, à la basse…
Les premiers morceaux, aux très longues introductions mélodiques, nous situent le musicien. Nous sommes entre blues, rock et électro. Nous avons en fait sur scène quatre musiciens particulièrement brillants et tout cela est bien agréable à écouter, mais aussi à regarder, tant les éclairages sont magnifiques. La voix de Jean-Louis Murat est très particulière et rappelle parfois Alain Bashung, Hubert-Félix Thiéfaine ou Arno, chanteurs de la même génération. Excellent concert donc avec, naturellement, des chansons plus percutantes que d’autres…
Gros problème tout de même. On subodore que les textes de Jean-louis Murat doivent être intéressants; problème, je n’ai compris aucune des paroles, parfois seulement saisi au vol un mot et je trouve cela bien dommage. Il n’est pas possible que cela soit voulu de faire de la voix un instrument de musique inaudible. Il va probablement falloir écouter les CD pour se rendre compte.
Belle soirée donc avec d’excellents musiciens et un Jean-Louis Murat brillant créateur, un peu cabotin et qui joue manifestement un rôle, un personnage qui se prend tout à fait au sérieux, qui se la pète un peu pour tout dire, sans que cela enlève quoi que ce soit à ses qualités musicales.
Avant un dernier compte rendu avant la pause... mais que vois-je? Jean-Louis Murat jouera dans un festival en VENDEE cet été. Le cadre boisé semble charmant.
Ca sera semble-t-il la seule date avant la reprise en septembre. On remarquera le retour de JLM au Festival internationale de la Guitare et Nancy Jazz pulsation.
22/09/22
Montpellier
Théâtre Jean-Claude Carrière / Festival Les Internationales de la Guitare
FR
30/09/22
Yssingeaux
Festival Le Chant des Sucs
FR
06/10/22
Nancy
Nancy Jazz Pulsation
FR
07/10/22
Auxerre
Le Silex
FR
14/10/22
Oignies
Le Métaphone
FR
18/10/22
Lillebonne
Théâtre Juliobona
FR
27/10/22
Dijon
La Vapeur
FR
25/11/22
Mouscron
Centre Culturel Mouscron
BE
02/12/22
Saint-Egrève
La Vence Scène
FR
03/12/22
Montluçon
Le 109
FR
Voici donc le petit mot du TELEGRAMME sur le concert de Saint-Brieuc:
Jean-Louis Murat à La Passerelle : simplement rock
Publié le 08 mai 2022 à 18h42
L’Auvergnat était en concert à La Passerelle, à Saint-Brieuc, vendredi soir.
Jean-Louis Murat occupait la scène de La Passerelle vendredi soir, face à un public de convaincus, venu apprécier en live les titres du dernier opus de l’artiste auvergnat, « La vraie vie de Buck John ». Le gaillard, jeune septuagénaire juché sur son tabouret, n’a rien perdu question voix, toujours aussi suave, et à fait glaner un esprit rock tout au long de sa prestation. Murat alterne les ambiances introspectives et les moments plus rock, et instille un fragile instant d’intimité en piano-voix pour « chialer dans la cuisine » avec « La pharmacienne d’Yvetot », très beau moment suspendu. Après le classique rappel attendu, le chanteur gratifie le public de deux autres titres. L’éternel amoureux achève avec cette incantation « Finis pas le film ! » et on aimerait en effet que le film continue !
(deux photos à voir sur le site)
A priori, tous les concerts de la semaine se sont déroulés sans fait notoire, même si j'ai eu peu d'éléments. A Cholet, par contre, il semble que Jean-Louis se soit exprimé un peu plus, s'amusant sur les "oh oh oh oui" de Battlefield (sollicitant les dames de lui proposer ce cri...).
A part ça, Jean-Louis ne sera plus crédible quand il parlera de ses tournées dans les hotels ibis...
Sur ce, fin de tournée de printemps, bon, bein, on se revoit en septembre alors! Bonnes vacances à tous!
... mais non, je rigole, pas de panique! On reste sur le qui-vive, sur la brèche... 24/24, 7/7... un sacerdoce je vous dis...
Mais c’est ailleurs et un peu plus loin qu’on trouve notre compte d’émotions. Assez tôt dans le set, Murat s’offre un instant charmant avec le sublime Princess of Cool (sur Baby Love). On prend beaucoup de plaisir aussi avec une version énergique et augmentée d’un Frankie (album Morituri) que le groupe emmène dans un univers menaçant hanté par le brigandage et la solidarité criminelle. Le groupe abandonne un instant le chanteur pour une version acoustique magnifiquement chantée (clavier/voix) de la Pharmacienne d’Yvetot que Murat sera amené à recommencer après un démarrage raté. On a la vague sensation que les meilleures chansons ont été écrites par le passé. Pas la peine d’être grand clerc pour s’apercevoir que le Chemin des Poneys (2006) figure parmi les plus belles créations qui sont interprétées ce soir.
L’album Taormina (très en phase avec le climat musical du soir) se rappellera d’ailleurs à notre bon souvenir au moment du rappel avec une version musclée et hypnotique de son morceau titre. La soirée s’achève après 1H30 de jeu.
Ce soir, c'est Cholet dans une ambiance cabaret (les spectateurs sont assis autour de tables)... Demain, ANCENIS et vendredi, ça sera St-Brieuc et le télégramme nous propose un article inédit:
Jean-Louis Murat le prolifique est à La Passerelle, vendredi, en comité réduit, pour son dernier album, celui du confinement.
1 Un artiste prolifique
L’artiste a habitué son public à découvrir pas loin d’un album par an ! Voici le dernier, au titre énigmatique « La vraie vie de Buck John ». La référence au personnage de BD qui l’a accompagné dans son enfance en Auvergne, il l’explique dans les pages des Inrockuptibles : « Buck John, c’est tellement moi. J’aime me transporter à travers les époques et j’ai appris le romanesque en grandissant à La Bourboule, sans radio ni téléviseur. Avec mon argent de poche, je m’achetais les fascicules de Buck John ».
2 40 ans de carrière tout de même !
C’est du haut de ses 70 ans et de ses 40 ans de carrière que Murat viendra chanter à La Passerelle les titres de cet album enregistré pendant le confinement en formule réduite : lui à la guitare, son complice de longue date Denis Clavaizolle au clavier et Yann Clavaizolle à la batterie, formation qu’on retrouvera sur scène. Des titres courts, rythmés et efficaces, où l’on découvre aussi son effroi après la décapitation de Samuel Paty, l’amour, thématique qui lui est si chère, sur des musiques inventives.
3 C’est sur scène qu’il faut l’écouter
Si Jean-Louis Murat a un caractère bien trempé, peu consensuel, et s’il émet parfois des propos publics qui ont pu heurter, voire volontairement provocateurs, c’est bien sur scène qu’il faut l’écouter ; l’animal est fait pour ça ! Compositeur fécond, musicien éclectique et inspiré, l’artiste à la voix au timbre si caractéristique est de ceux qui comptent sur la scène française pour sa liberté créatrice, son exigence et ses textes poétiques gorgés de nature.
Pratique
Vendredi 6 mai, à 20 h, au grand théâtre de La Passerelle, à Saint-Brieuc. Tarifs : de 6 à 18 €. Contact : 02 96 68 18 40.
2) Une curiosité maintenant... On a consacré une émission à Jean-Louis dans une radio turque. Pas une petite radio numérique puisque la page fb a 30 000 abonnés. L'émission s'appelle: "fransiz-opucugu" ("baiser français"). Dès que j'ai vu ça, je me suis procuré une méthode assimil pour le turc, et j'ai fait vite fait une traduction. Vous m'excuserez sa qualité médiocre, mais apparemment, l'auteur a assez bien travaillé et produit un travail personnel, même s'il y a quelques incongruités. Petite pensée pour NUR.
Nous dédions l'émission de cette semaine à Jean-Louis Murat, qui a passé la majeure partie de sa vie loin de tous les bruits de l'industrie musicale, mais aussi dans sa ville natale, les montagnes du Massif Central. Au cours de l'émission, nous avons écouté les chansons que nous avons choisies parmi les albums de cet artiste extraordinaire de différentes époques.
Jean-Louis Murat, de son vrai nom Jean-Louis Bergheaud, est né à Chamalières en 1952 et débute sa carrière musicale avec le groupe de rock Clara qu'il fonde avec ses amis à la fin des années 70. Son premier 45 tours, Suicidez-vous, le peuple est mort, qu'il sort en 1980, attirera l'attention des critiques musicaux, notamment par son nom insolite, et le jeune homme sera bientôt comparé à un autre nom marginal du marché, Gérard Manset. Inspiré à la fois de la ville où il habitait et de Joachim Murat, l'un des généraux de Napoléon Ier, pour son nom de scène, l'artiste enchaîne ce single, ignoré du public malgré les critiques positives qu'il reçoit, suivi de "Murat", composé de six chansons, en 1982, et "Passions" en 1984. Il devra se séparer du studio avec lequel il travaillait après que les ventes aient atteint des milliers de chiffres lors de la sortie de leur album "privées". Après cette déception, Murat, qui a passé trois ans reclus dans sa maison d'Auvergne, lui sourit à nouveau avec l'album "Cheyenne Autumn" en 1989.
Ce travail de l'artiste, qui attire l'attention avec des pièces telles que Si je devais manquer de toi et L'ange déchu, a atteint un chiffre d'affaires important de cent mille. "Cheyenne Autumn", qui lance la carrière de Murat, est suivi de l'album "Le Manteau de pluie" en 1991. On peut considérer cet album comme la première œuvre de l'artiste, qui s'apprête à fêter ses quarante ans à cette époque, dans laquelle il réussit à faire entendre sa voix au grand public car les singles de l'album tels que Le lien défait et Col de la Croix -Morand a fait beaucoup de bruit, et le titre Sentiment nouveau figurait dans le Top 50 français. avait excellé. Outre ces morceaux, une autre chanson marquante de l'album était Le Mendiant à Rio, une nouvelle interprétation d'Antonio's Song par le jazzman américain Michael Franks. Cet album de Murat serait décrit par beaucoup comme le chef-d'œuvre de l'artiste à l'avenir. Murat, qui réussit à figurer pour la première fois sur la liste française avec Sentiment nouveau, obtint un plus grand succès en 1991, cette fois avec un duo. La chanson Regrets, qu'elle chante avec Mylène Farmer, se hisse à la troisième place du classement français et à la deuxième du classement belge. Cette union musicale entre les deux artistes est née d'une correspondance qui a duré environ un an. Mylène Farmer, qui a fait sensation avec son "Ainsi soit-je" sorti en 1988, a été émerveillée par l'album de Murat, sorti l'année suivante, et très impressionnée par le talent d'écriture de paroles de son collègue. En conséquence, le duo s'est réuni et a enregistré la chanson avec des paroles de Mylène Farmer et une musique de Laurent Boutonnat. Boutonnat a également réalisé le clip vidéo du morceau. Ce clip de six minutes a été tourné dans un cimetière abandonné en Hongrie avec un budget d'environ 35 000 euros.
Jean-Louis Murat, qui s'est fait connaître grâce à son duo avec Mylène Farmer, a sorti "Vénus" en 1993, qui a été enregistré en une semaine environ, après quoi il a fait une véritable tournée pour la première fois de sa carrière. "Murat Live", composé d'enregistrements de concerts qu'il réalise dans le cadre de cette tournée, sort en avril 1995, et un an plus tard, l'artiste propose à la vente "Dolorès", qui attire également l'attention avec sa photo de couverture. Bien qu'il ait été considéré comme un album de transition à lui seul, cet ouvrage, qui a conquis le cœur de nombreux auditeurs avec ses chansons soulignant les sentiments de romance et de mélancolie, a été suivi d'une courte tournée au cours de laquelle Murat n'a pris la scène que dans quelques salles en raison de à son malaise à l'idée de donner un concert. Malgré les difficultés à entrer en contact avec son public lorsqu'il est confronté, l'artiste, qui partage très franchement, notamment des recettes propres à l'Auvergne, sur le site qu'il a ouvert en 1998, sort son septième album studio "Mustango" en août 1999. Dans cet album, où il a travaillé avec des musiciens américains, il a inclus des chansons comme Belgrade et Les Gonzesses et les pédés qui traitent des problèmes liés à la violence et à l'intolérance. Dans la chanson Jim - L'hériter des Flynn incluse dans cet album, l'artiste parlait de l'écrivain et poète américain Jim Harrison, connu pour ses œuvres telles que Revenge et Legends of the Fall, qui ont également été adaptées au grand écran.
Débutant rapidement les années 2000, Murat sort un album en 2001, dans lequel il adapte en musique les œuvres de la poétesse Antoinette Deshoulières, qui vécut entre 1638 et 1694, en utilisant la voix de la comédienne Isabelle Huppert. En 2002, il sort « Le Moujik et sa femme », qui présente des œuvres plus populaires telles que L'amour qui passe et Libellule. Murat, qui a écrit la plupart des chansons de cet album lorsque le monde était sous l'influence des attentats du 11 septembre, s'est également inspiré des œuvres de Nietzsche pour certaines des chansons de l'album. En plus de cela, l'album, A.S. Les groupes Dragon et Les Rancheros ont également contribué. Dans une interview avec lui, Murat a déclaré: "Si cela ne tenait qu'à moi, je sortirais un nouvel album tous les six mois", et tout au long des années 2000, il a largement réalisé ces mots. Après avoir sorti "Lilith" en 2003, composé de vingt-trois nouvelles chansons, dont Le cri du papillon, en 2004 A.S. Accompagné du bassiste de Dragon Fred Jimenez et de la chanteuse d'Elysian Fields Jennifer Charles, il sort "A Bird On A Poire", un hommage aux chansons pop des sixties. En mai de la même année, il présente à la vente « 1829 », où il interprète les œuvres du musicien Pierre-Jean de Béranger, qui a vécu au XIXe siècle. Dans "Mockba" ou "Moskou" de 2005, elle a présenté des duos avec des chanteuses populaires de l'époque telles que Carla Bruni et Camille.
En 2007, Murat sort "Charles et Léo", dans lequel il chante quelques-uns des poèmes de Baudelaire que Léo Ferré a adapté en musique, et en 2011 il sort "Grand lièvre", dans lequel il reprend ses thèmes de prédilection tels que l'amour de la nature, l'amour et la solitude. Bien que certains critiques se soient moqués de cet album, le journal Le Soir l'a nommé "Personne de l'année" à cause de l'album. "Babel", sorti par l'artiste en 2014, a reçu la note de passage de la critique et du public. Le morceau le plus marquant de cet album, dans lequel Murat a collaboré avec le groupe rock folk The Delano Orchestra de Clermont-Ferrand, est J'ai frequenté la beauté. Sorti "Morituri", qui s'est fait remarquer avec le single "French Lynx" en 2016, Murat a réussi à gagner l'appréciation de certains critiques, même s'il a déçu ses fans avec "Travaux sur la N89" aux musiques expérimentales l'année suivante. En septembre 2018, cette fois, l'artiste a visité les marchés de la musique avec son œuvre "Il Francese". Il Francese était le surnom du maréchal Joachim Murat, qui l'a inspiré pour son nom de scène. Lorsqu'il fut proclamé roi de Naples en 1808, les Napolitains lui donnèrent ce nom. Après quelques travaux expérimentaux, l'album de Murat, qui navigue à nouveau dans des eaux familières, reçoit des critiques globalement positives. Franck Vergeade du magazine Les Inrocks l'évalue comme « l'une des œuvres les plus inspirantes d'un artiste infatigable ». Bien que méconnu (ou incompris) du grand public, Jean-Louis Murat est l'un des noms les plus distinctifs de la musique française avec sa franchise, son énergie sans fin et ses différentes sources d'inspiration. L'artiste, qui a récemment créé la polémique avec des déclarations ciblant des collègues aux larges fans comme Johnny Hallyday, Angèle, Alain Souchon ou Jean-Jacques Goldman, s'est également attiré les critiques pour ses propos élogieux à l'égard de l'homme politique d'extrême droite Eric Zemmour, bien qu'il ait déclaré qu'il n'avait jamais été intéressé par la politique. . Dans son ouvrage intitulé "Baby Love" paru en 2020, Murat a adapté en français la chanson Arcobaleno d'Adriano Celentano de 1999 sous le nom de L'arc-en-ciel, et son dernier album "La vraie vie de Buck John" sortira en octobre 2021 .. il a fallu.
Quelques mois à peine après la sortie de son dernier album studio, « Baby Love », Jean-Louis Murat est de retour. Et il nous propose son 21ème elpee, « La vraie vie de Buck John ».
Si le titre évoque un célèbre cowboy héros de bandes dessinées publié dans un fascicule éponyme et tiré des films de l’acteur américain de western, Buck Jones, ne vous attendez cependant pas à tomber dans les poncifs d’un univers folk/blues.
Sur le fond, la figure stylistique empruntée par Bergheaud (à l’état civil) reste dans la même veine que ses ouvrages précédents.
A ceci près que, bricolé durant le confinement, Murat s’est fixé comme contrainte de n’utiliser que deux ou trois instruments (vous n’y entendrez pas de basse), l’unique intervention extérieure se limitant à celle de son complice Eric Toury, à la batterie, à la prise de son et au mixage.
L’Auvergnat réunit tous les éléments pour proposer un produit intéressant : un grain de voix séducteur, un groove funky (« Battlefield »), des gimmicks sautillants (« Où Geronimo rêvait ») et des mélodies inspirées par la thématique de l’amour. L’utilisation sporadique de synthétiseurs et sons typés ‘années 80/90’ (« Marylin et Marianne »), permettent aussi de souligner subtilement cet habillage en lui communiquant un caractère plus contemporain.
Pourtant, dans sa globalité, si le disque répond aux exigences de l’artiste et est traversé par des courants de bonne humeur (?!?!?), il fait figure pâle. Si, objectivement, il n’est pas déplaisant, il n’est probablement pas celui dont on parlera le plus. Pour plusieurs raisons.
Outre le minimalisme de la durée (une trentaine de minutes seulement), le disque souffre d’un manque de corps et fait preuve d’une certaine légèreté, même si l’une ou l’autre chanson s’en tire plutôt bien.
Et puis l’ensemble s’avère un peu trop linéaire. Tout en laissant un goût d’inachevé. Murat se complairait-il dans la facilité ?
Alors oui, en matière de goûts musicaux, il faut parfois se faire une raison. Lorsqu'on aime, tant mieux, mais lorsqu'on n'aime pas… difficile d’être objectif.
La dernière phrase n'est-elle pas un peu ridicule?