Publié le 24 Mars 2016

 

 

"Suite à des contraintes d’ordre logistique, le concert de Jean-Louis Murat à La Maroquinerie, prévu initialement le 26 mai, est décalé au MARDI 3 MAI
Les places achetées pour le 26 mai restent valables pour le concert du 3 mai ; et sont remboursables en cas d’impossibilité"
.

 

IL RESTE DES PLACES!!

http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Pop-rock-Folk--PIAS--NITES---JEAN-LOUIS-MURAT-97454.htm#/calendrier/

 

Le problème de logistique est lié à un manque d'ubiquité de certain. C'est pourtant si facile de se dédoubler, n'est-ce pas Raoul? (Raoul, c'est moi).      Signé : Pierrot, alias Pierre.

 

Je rappelle que la seule autre date programmée pour l'instant  est le concert pour Clermauvergne à la coopé le 18 juin. On espère que d'autres dates vont tomber rapidement... sinon, ça va commencer à devenir inquiétant, nous qui aimons respecter  nos petits rituels, nos petites habitudes de petits fans pépéres: une sortie d'album avec  les concerts qui suivent dans la foulée...    Allez, à plus: faut que j'écoute le dernier MANSET qui est arrivé ce jour.... Putain, il slamme...  non... si... ou bien... voyons... non... bein si...

PIAS NITES : Changement de date!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu babel

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Publié le 21 Mars 2016

Une nouvelle fois aujourd'hui, on oublie l'écume de la promo médiocratique pour aller au "fond" (on retournera se vautrer dans la fange très vite, ne vous inquiétez pas). En effet, M. nous propose un travail historique et rend un magnifique hommage à un grand journaliste musical, "un passeur" [avant une 2e partie plus axée sur J.L. Bergheaud, avec un contenu tout-à-fait inédit]. Comme je le disais à Laurent Saligault quand on évoquait Mickey Finn, c'est une grande joie et fierté de donner un coup de projecteur sur des personnalités que le web était en passe d'oublier.

 

Chanson
Toi qui ne veux rien dire, Toi qui me dis tout

Voici environ un an, nous mettions en lumière, grâce à la vigilance d'Olivier Nuc, un pan de l'activité journalistique de Jean-Louis Bergheaud, à une époque où celui-ci ne se faisait pas encore appeler Murat. La découverte de son éloge de Véronique Sanson – republié à la page 85 du livre de Laurent Calut et Yann Morvan, Véronique Sanson, les années américaines (Grasset, janvier 2015) – apprit à beaucoup l'existence de la revue dans laquelle était paru le texte initialement, la bien nommée Chanson. Avant de nous pencher davantage dans un prochain article sur la brève collaboration de Murat à Chanson, nous nous proposons ici de raviver le souvenir de ce journal méconnu, qui joua pourtant un rôle non négligeable dans le paysage musical francophone des années 70.

"Laissez parler vos imaginations
Ne me laissez pas seul à gueuler des chansons
Ça ne veut rien dire si vous ne faites jamais rien
Si vous projetez sur moi votre destin"

Môrice Benin

Une équipe de "fous de la chanson"

Le premier numéro de Chanson paraît le 25 juin 1973. Il fait une petite trentaine de pages, "ne pèse que 100 grammes" et affiche en couverture Jean-Michel Caradec. Éditée par OGI publication, la revue a son siège au 185 bis rue Ordener, dans le 18ème arrondissement de Paris. Son ours nous apprend qu'elle compte un Directeur-Rédacteur en chef en la personne de Lucien Nicolas, un Secrétaire général et un Comité de rédaction, composé de sept autres membres. Mais derrière cet habillage officiel, la réalité est plus amateur et précaire. Chanson est en fait pour sa plus grande part l’œuvre de Lucien Nicolas, alors journaliste à Télérama, qui l'a créée avec ses moyens personnels (limités, comme on le verra) et s'est entouré pour la réaliser d'une poignée de passionnés qui l'assistent bénévolement. Marc Legras, entré dans l'équipe à partir du numéro 10, se souvient qu'à défaut de pouvoir payer ses collaborateurs, Nicolas les invitait parfois à partager un couscous à la sortie des concerts.
Si la liste des membres de ce comité de rédaction virtuel, "professionnels ou non, alternatifs ou continus, mais toujours au courant de la chanson", évolue considérablement au fil des numéros, ces fluctuations ne signifient pas que Nicolas ait choisi ses compagnons au hasard. À ses côtés figurent ainsi, au démarrage de l'aventure, d'autres spécialistes reconnus de la chanson, tels Robert Mallat, du Point, fondateur en 1963 de l'Académie de la Chanson, Lucien Rioux, du Nouvel Observateur, déjà auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet et Guy Silva, le Monsieur Chanson de L'Humanité. Christophe Izard, lui, a longtemps été en charge de la rubrique Music-hall à France Soir, avant de devenir producteur d'émissions de variétés pour la télévision, tandis que Jacques Vassal, qui écrit à Rock and Folk, est passionné de chanson française depuis son enfance. En plus de ces journalistes de profession, le premier comité de rédaction comprend aussi le parolier Jean-Pierre Kernoa, qui a notamment œuvré pour Le Forestier, Gréco ou Guichard, ainsi que Françoise Ulricht et Pierre Gossin, sur qui nous n'avons malheureusement pas pu glaner d'informations.
Parmi ceux qui viendront prêter main forte à Lucien Nicolas dans les années suivantes, on peut mentionner Marc Legras, animateur sur France Musique d'une émission quotidienne sur la chanson (en alternance avec Jacques Erwan), François Possot, poète qui vient de faire paraître un livre d'entretiens avec son ami, l'acteur Pierre Fresnay, Régine Mellac, universitaire et traductrice, grande spécialiste de la chanson latino-américaine, Jean-Marc Cherix, photographe amateur et organisateur de concerts du côté de Lausanne, qui sera le correspondant suisse de la revue, Jean-Marie Verhelst et Bernard Hennebert, deux défenseurs de la chanson alternative en Belgique, qui rendront compte de l'actualité de ce pays (avec à la clef un numéro spécial en 1977), Christian Hermelin, critique de variétés à Témoignage Chrétien, qui développe une approche sociologique du genre, plus quelques autres personnalités, dont Rémy Le Tallec, André-Georges Hamon, Michel Duvigneau, Robert Ballet ou Jean-Louis Bergheaud...

Structure et Tonalité

Dans son éditorial, Lucien Nicolas annonce vouloir parler de la chanson depuis "l'information courante, pratique, technique, jusqu'à l'information essentielle, c'est-à-dire l'information qu'on ne peut trouver qu'au cœur de la création, au cœur des créateurs." En ce sens, il désire se situer "à un niveau de l'information où peu de journalistes, à moins qu'ils ne soient vraiment fous de la chanson, s'aventurent généralement." Cette ambition élevée va se décliner au fil des numéros, à travers un certain nombre de rubriques qui structurent la revue. Tentons-en un rapide survol :

La couverture : D'abord centrée sur un seul chanteur, elle se compose par la suite de plusieurs petites photos associées à un aperçu du sommaire. L’honnêteté oblige à dire que ce n'est pas le point fort de la revue et que le choix de la couleur peut parfois laisser sceptique. Nougaro, Tisserand, Berger, Zacha ou Béranger y seront à l'honneur, la "une" la plus originale restant sans doute celle du numéro 12, qui présente un enfant de cinq ans dont l'identité n'est révélée qu'à l’intérieur.

L'éditorial : Il permet à Lucien Nicolas de défendre sa vision de la chanson (cf. infra) et de mobiliser les lecteurs.

Les articles de présentation d'artistes : Sous la forme de portraits plus ou moins fouillés et/ou d'entretiens, ils concernent des chanteurs dont la plupart ont entre vingt-cinq et quarante-cinq ans. Annegarn, F. François ou Claire figurent parmi les plus jeunes, Béart, Dimey ou Julien parmi les quadras. Des auteurs plus confirmés tels que Lemarque ou Caussimon ne sont pas pour autant snobés.

Les articles écrits par les artistes : C'est une des originalités de Chanson, conforme au souhait de son directeur : "Les auteurs, les compositeurs, les interprètes pourront s'y exprimer librement, quelle que soit leur opinion (et pourvu qu'ils en aient une)". Ainsi peut-on lire dans la revue des témoignages de créateurs tels que Ferrer, Berger, Brassens, Gainsbourg, Dumont, Nicoletta, Sylvestre, Rodrigues, Magny ou Duteil, pour n'en citer que quelques uns. Ils livrent dans ces textes des réflexions sur l'exercice concret de leur métier, évoquent leurs projets et leurs déconvenues, leurs espoirs comme leurs frustrations.

Les articles de fond sur la chanson : Qu'ils développent des réflexions politiques (la censure en Espagne), économiques (le montant de la TVA sur le disque, la distribution, le piratage), organisationnelles (le développement des Centres Régionaux pour la Chanson, la création de Prospective Chanson), médiatiques (la politique de programmation en radio, l'engagement de la Sacem dans le concours de l'Eurovision), pédagogiques (les moyens pour bien débuter, l'éducation culturelle dans l'enseignement agricole), théoriques (la distinction entre chanson et variétés, le choix entre amateurisme et professionnalisme) ou pratiques (l'analyse de chansons, à travers les rubriques "Le tiroir à chansons" ou "Chansons à la douzaine"), Lucien Nicolas et ses camarades de jeu ne cessent d'interroger et de s’interroger sur cette catégorie de "chanson", afin d'en déployer toutes les potentialités.

Les témoignages d'acteurs auxiliaires : De temps à autre, la revue donne la parole à des professionnels qui, sans être eux-même des créateurs de chansons, gravitent autour de ces derniers. Il peut s'agir d'animateurs de radio, d'organisateurs de concerts, de professeurs de chant, mais aussi, moins attendus, du patron d'une célèbre épicerie-buvette-cabaret ou des animateurs d'un CE en hôpital psychiatrique…

"15 questions à..." : Le nombre de questions varie, mais le concept de cette rubrique reste le même : interroger trois protagonistes du monde de la chanson en leur posant une quinzaine de questions identiques sur leur métier – l'intérêt étant alors de pouvoir comparer les réponses des uns et des autres. La rubrique peut s'intéresser à des vedettes (Ferré et Leclerc par exemple) comme à des acteurs moins exposés : paroliers, arrangeurs, directeurs artistiques, chanteurs d'Afrique noire (avec Manu Dibango) ou même à… "Trois filles libres", dans le numéro 24.

Les fiches de présentation de nouveaux talents : Baptisée dès le numéro 2 "Scène-Service", cette rubrique est destinée à faire connaître à la profession des artistes qui débutent. Dans cette optique, elle fournit un certain nombre de renseignements pratiques, à la façon d'un bref CV. Parmi les heureux fichés, Duteil, Annegarn, Booz, Viglietti, Tristan, Voulzy, Buhler ou Magdane, plus beaucoup d'autres qui n'ont jamais explosé. De Souchon, mis en avant dès le numéro 1, il est écrit : "Auteur-compositeur-interprète un peu nostalgique, qui exprime, sur des structures mélodiques bien en place, le regret de voir disparaître les choses de la nature, et un certain romantisme." Quant à Thiéfaine, il se voit affublé d'un prénom inédit. Quelle idée, aussi, de s'appeler Hubert-Félix…

Les comptes rendus de concerts ou festivals : Ce n'est pas un rendez-vous fixe, mais il arrive que Chanson revienne sur telle ou telle manifestation : le Festival pop'celtic de Kertalg 74, le festival de Spa, les éditions 74 et 75 de Sigma Chanson, Fellap Grenoble, le Festival des Arts traditionnels de Rennes, le premier Festival de la chanson populaire d'Auxerrre, le Midem 74 ou divers spectacles donnés dans la capitale.

Les chroniques de disques : Relativement courtes et descriptives, elles sont surtout remarquables par leur éclectisme. Petit aperçu subjectif et alphabétique : Aubret, Bowie, Chelon, Dylan, Elbaz, Fugain, Gréco, Higelin, Ionatos, Jonasz, Kerval, Lama, Manset, Nicoletta, Ogeret, Piaf, Quilapayun, Ricet-Barrier, Schuman, Tisserand, Utgé-Royo, Voulzy, White (Tony Joe), X, Young, Zacha. Chanson proposera aussi sur la fin quelques chroniques de livres.

Les brèves : Annonces de futures parutions, dates de concerts, informations institutionnelles, remises de prix, coups de main aux collaborateurs de la revue, etc.

Le courrier des lecteurs : Il est composé d'éloges, d'encouragements, de questions, de conseils, mais aussi de critiques plus ou moins appuyées, auxquelles Nicolas se fait généralement un plaisir de répondre avec une pointe d'humour. À un lecteur qui s'étonne qu'il signe la plupart des articles, il fournit cette explication mi-sérieuse, mi-taquine : "L'équipe de Chanson a (heureusement pour elle) d'autres activités plus lucratives qui ne lui permettent pas d'être aussi disponible que vous et elle le voudriez. Nicolas, lui, gagne beaucoup d'argent avec Chanson, il est donc plus disponible pour aller au charbon." L'un des plus fidèles lecteurs-épistoliers se trouve être un lycéen de Clermont-Ferrand du nom de Christian Queuille. Dans le numéro 8, il complimente la revue pour ses choix et recommande une demi-douzaine d'artistes, arguments et citations de presse à l'appui (notamment Patrick Abrial, "que je considère comme un très grand"). Dans le numéro 21, il partage sa découverte de Môrice Benin et dit avoir écouté Morange. Dans le suivant, il s'énerve contre François Possot qui a vigoureusement égratigné ce même Benin. Dans le 24, il s'inquiète pour l'avenir de la revue... et il a malheureusement raison de le faire.

Éclectisme et débats

Parmi les qualités manifestées par Chanson tout au long de ces rubriques, deux méritent notamment d'être saluées. La première, rapidement abordée ci-dessus, est son éclectisme. Même si la revue traite avant tout de chanson francophone, la conception qu'elle s'en fait n'a rien d'étriquée. Non seulement elle n'est pas parisianiste, accordant une place de choix aux chansons régionales – de Bretagne, d'Occitanie, d'Alsace, du Pays basque ou du Nord –, mais elle n'a rien non plus de cocardière. Ainsi, que ce soit au travers d'entretiens, de dossiers spéciaux, de panoramas ou de sélections de disques, la revue fait découvrir à ses lecteurs les chansons de Roumanie, d'Allemagne, du Japon, d'Amérique du Sud, de Mongolie, d'Irak, du Portugal, du Vietnam, d'Espagne, de Cuba, d'Haïti (sans oublier, bien sûr, la Belgique et la Suisse). Cette ouverture à des langues, des accents et des rythmes différents est d'autant plus méritoire qu'elle ne se double pas d'un mépris à l'encontre de la puissante chanson anglophone nord-américaine, mise en avant à plusieurs reprises, notamment par Jacques Vassal, qui réussit la prouesse de mettre un zeste de Chanson dans Rock and Folk et une pincée de Rock and Folk dans Chanson.

Une autre qualité notable de la revue est sa capacité à faire vivre le débat, que ce soit en interne ou avec l'extérieur. En ces années 70 qui voient la chanson traversée par de nombreux questionnements autour de son organisation, de sa représentation dans les grands médias, de sa reconnaissance comme fait culturel, de sa professionnalisation, de la place qu'y occupent les femmes, etc., le journal joue le rôle d'une caisse de résonance pour ces différentes problématiques. Mais l'engagement de ses rédacteurs peut aussi porter sur des questions plus circonscrites : c'est Lucien Nicolas qui reproche au Printemps de Bourges son gigantisme, lequel occulterait le foisonnement d'associations militantes régionales et ferait, au final, le jeu du système ; Jacques Bertin qui dénonce le mépris bourgeois de France Culture envers la chanson ; François Béranger qui se défend contre des militants d'extrême gauche lui reprochant de se faire payer pour chanter ; ou Marc Legras (ci-contre) qui répond à François Mitterrand, après que le premier secrétaire du Parti Socialiste eut exprimé son goût pour les chansons de Sheila, en se lançant dans une défense lyrique de la chanson populaire, la vraie.Marc Legras, en 1976

Pourtant, si ces réactions passionnées en restaient au stade de brillants soliloques contre l'air du temps, Chanson ne serait qu'un sympathique repaire de rouspéteurs. Or, le débat a lieu tout autant en interne, dans les colonnes même de la revue. Et à une époque où les notions de buzz et de clash ne régissent pas encore l'espace médiatique, ce débat se révèle à la fois vif, honnête et souvent éclairant. Quand Yves Simon déplore l'état et le fonctionnement de certaines MJC, le directeur de l'une d'entre elles lui répond dans le numéro suivant, en pointant du doigt le comportement de ces chanteurs bien contents de s'y produire quand ils débutent, mais nettement moins respectueux quand le succès se profile ; une chanteuse d'Occitanie réagit aux propos d'un de ses confrères issu du même mouvement, en proposant une autre vision de son métier ; François Possot et Lucien Nicolas s'écharpent au sujet de la démagogie éventuelle (quoique de gauche) de Morice Benin – une discussion animée qui se poursuivra jusque dans le courrier des lecteurs ; ce même Nicolas se voit reprocher par un ACI amateur ("et désirant le rester") d'avoir une conception étroite et culpabilisante de l'amateurisme ; Nicolas, toujours lui, ferraille vigoureusement avec le directeur de la SACEM et plus poliment avec le directeur du festival de Spa ; Jacques Bertin, de son côté, juge que la plupart des chanteurs sont nombrilistes, irresponsables et politiquement immatures… avant de recevoir une réponse musclée de son confrère lyonnais Alain Bert ("il a une légère tendance à prendre les gens pour des cons du haut de sa 'poésie' syndiquée"). On pourrait encore citer d'autres exemples…

Nicolas dans le texte

Comme cela a été expliqué au commencement de cet article, Chanson est principalement la création de Lucien Nicolas. Il est donc à présent grand temps d'évoquer un peu plus ce journaliste et de donner à lire sa prose. Né dans les années 30, il s'est probablement spécialisé dans la chronique de chansons au début des années 60. On trouve son nom dans Diapason, dont il fut directeur-adjoint, et dans Télérama, où il accomplit une grande partie de sa carrière, ainsi que dans plusieurs revues professionnelles (La Discographie française, Le Métier du disque et de l'audiovisuel, Show-magazine… jusqu'au Billboard américain). Il fait aussi partie d'associations spécialisées, telles que l'Académie Internationale de la Chanson et l'Association des Critiques de Variétés. Jacques Vassal se souvient avoir apprécié les chroniques qu'il signait dans Télérama, car Nicolas s'y intéressait à des gens atypiques, à une époque où la culture de la chanson et la culture politique se faisaient ensemble. Il le décrit comme quelqu'un d'intègre, avec des idées personnelles. De son côté, Marc Legras garde en mémoire un homme d'un abord extrêmement facile, fin connaisseur de son domaine et très exigeant.


Ce même Marc Legras rappelle, dans sa biographie d'Allain Leprest, ce qu'était la place de la chanson dans ces années-là : "Au bout de la table officielle de la culture – lorsqu'elle y est conviée –, la chanson est le parent pauvre à l'assiette vide quand les autres se repassent les plats. Et le chanteur, un pauvre hère à qui on glisse quelque menue monnaie en le prenant par l'épaule pour le pousser gentiment vers la sortie". Un contexte qui permet de comprendre pourquoi Nicolas, non content d'être un journaliste réputé dans le domaine de la chanson, se mue peu à peu en une sorte d'activiste de ce secteur, comme d'autres peuvent l'être à la même époque dans le rock, le théâtre ou le cinéma par exemple.
Pour tenter de résumer en quelques mots son combat, on peut dire qu'il se fonde sur l'analyse suivante : "le paysage de la chanson offert au public n'est pas objectif par rapport à la réalité de la création, mais fabriqué par un petit nombre de décisionnaires partiaux (radio, télé, firmes discographiques, distributeurs, tourneurs, etc.)". Partant de ce constat, il mène une lutte qui se développe autour de quatre grands axes, complémentaires les uns des autres :
1. dans le domaine de la critique des médias : déconstruire l'image médiatique de la chanson, en menant "la critique objective des mécanismes qui conduisent à sa fabrication".
2. dans le domaine de la critique de chanson : donner à voir la chanson dans toute sa diversité, y compris dans ses aspects les moins éclairés.
3. dans le domaine du journalisme culturel : offrir à la chanson toute sa place à côté des autres styles musicaux d'une part et parmi l'ensemble des disciplines artistiques d'autre part.
4. dans le domaine philosophique : rappeler constamment le lien entre la chanson et la vie, montrer l'interaction quasi biologique que l'une entretient avec l'autre.

Mais pour faire comprendre plus concrètement au lecteur l'engagement de Lucien Nicolas, le mieux est peut-être encore de faire entendre sa voix à travers quelques unes de ses prises de position, dans différents registres.
On l'a déjà souligné, Nicolas ne cherche pas à substituer une forme de chanson à une autre, mais à faire connaître les différentes facettes de cet art. En ce sens, la création en 1976 par CBS d'une collection "Marginal", destinée à mettre en valeur des œuvres a priori peu commerciales, aurait pu le ravir. Pourtant, il ne se satisfait pas de cette catégorisation qui, en définitive, laisse le système intact et il s'emporte :

"ainsi, le marginal deviendrait à la mode ? Sans doute, puisqu'il se transforme déjà en étiquette... On va pouvoir faire de l'argent avec le marginal ! On va pouvoir sortir au grand jour nos culs-de-jattes et nos hydrocéphales ! Il est en train de s'organiser un marginalisme officiel qui offrira aux gentils marginaux l'occasion de démontrer une qualité marginale... […]
Et bien non, il y a des drapeaux qu'on ne brandit pas comme ça, et il y a des mots qu'on ne devrait pas vendre. Marginal. La marginalité est une maladie honteuse du système, on ne devrait pas s'en servir comme d'un attrape-mouches. La marginalité est une défaite provisoire de l'expression personnelle et de la création originale : à défaut de la respecter, on ne devrait pas la mettre en vitrine comme une petite tour eiffel peinte en jaune pour touriste japonais.
Du reste, elle n'est pas un drapeau, la marginalité, personne n'en veut comme drapeau – sinon drapeau noir – personne n'est prêt à mourir pour rester marginal si la société cesse d'être marginalisante. il n'y a pas de marginaux par vocation, il n'y a pas de parallèles, il n'y a que les parallèlisés d'un système paralysé et parasité. […]
Car enfin, a-t-on honte à ce point d'une chanson qui se cherche en dehors des sentiers battus et des normes aseptisées de la radio qu'on n'ose pas la diffuser dans une série d''expression traditionnelle' ? Jusqu'à quand acceptera-t-on que la grande farce jouée au public et à la chanson par les radios et la télévision soit réputée traditionnelle et irréversible ?
Dès fois, je rêve d'une grande marge blanche qui bouffe toute la page..."

L'une des rares archives audiovisuelles où apparaît Lucien Nicolas...

Il faut dire que par son implantation dans le métier, Nicolas commence à bien en connaître les dessous. Raison pour laquelle son jugement sur l'un des animateurs vedettes de cette décennie est assez virulent (libre au lecteur d'adapter ces mots à notre époque et à d'autres présentateurs...) :

"Alors reprenons depuis le début. Pour moi aussi, le monde de Guy Lux, avec ses paillettes, ses savonnettes et ses vachettes, est un monde magique qui me délasse de mes fraiseuses et de mes sabots. C'est de la télé populaire. Je n'en veux à personne d'aimer ça.
Mais il se trouve que, quand on connaît l'envers du décor, on ne peut plus supporter les choses de la même façon. Quand on connaît le monde de la chanson, les problèmes de la chanson, ce qu'est la chanson, ce qu'elle peut apporter aux gens, et quel tort lui font de telles mascarades commerciales, on ne peut plus voir en Guy Lux un innocent Monsieur Loyal, un simple montreur de marionnettes en smoking et de Sheila/chiens savants. Non. On voit revivre l'éternelle histoire des marchands du temple, des médailles de Lourdes, des Jésus de St-Sulpice, des peintres de Montmartre, des voix d'enfants dans la publicité, de l'amélioration de la race chevaline et des poupées gonflables. On voit se profiler, en kodachrome et en chromo-sourires, les grandes forces souterraines de l'exploitation, du bourrage de crâne et du proxénétisme.
Alors, vous comprenez, voir Béart dans ce cirque, ça choque. Non pas tant pour la caution que sa présence pourrait éventuellement apporter, que pour l'alibi qu'il donne. Quand Lux (qui est à la lumière ce que le watt est à l électricité : une mesure, un calcul) pourra programmer aussi Le Forestier, Brassens, Simon, Vasca, Ferré, Nougaro et quelques autres, il aura gagné la partie de pouvoir placer sous de hauts patronages les conceptions-vaseline qu'il se fait de la chanson et du public.
Glisseront mieux ces tiercés, palmarès, coups de chapeau, hit et ring parades qui maintiennent artificiellement la température du malade.
À moins que Béart n'ait élevé d'un demi degré la capacité de curiosité, d'exigence et de résistance du public de Guy Lux ? Mais qui m'en convaincra ?"

Toutefois, avant d'être un journaliste en colère, Nicolas est d'abord un passionné, épris de certains artistes qui le bouleversent. Si ses chroniques sont souvent descriptives et sobres et si lui-même revendique une forme d'objectivité, il peut à l'occasion se faire lyrique et plus personnel. Par exemple à propos de L'espoir de Ferré, sorti en 1974 :

"Quand la chanson n'est pas une commodité de l'oreille, mais une ruche viscérale où se tourmente le miel de la vie, entre 'L'espoir' et 'La damnation', on trouve Ferré. Quand il faut se brûler pour vivre plus loin que la vie, ou donner sa chair en pâture aux 'Oiseaux du malheur', on trouve Ferré. Quand la chanson est un sperme indestructible, le jaillissement d'une source ardente où se mélangent le soufre et l'hydromel, on trouve Ferré. Quand il faut un prêtre marron pour marier l'amour et le diable, ou la voix d'un dieu marin pour chanter 'Les étrangers' on trouve Ferré. Ferré partout. Dans la cendre, le feu et la tempête, dans la luxure, la mort et le sang."

Son ton est tout aussi admiratif quand il décrit le passage sur scène de celui qui reste l'un de ses chanteurs favoris, Môrice Benin :

"Une puissance et une présence énormes. Une montagne d'humour et de férocité qui chante. Des cordes de guitare qui craquent. Un calme inouï pour en changer. Derrière les lunettes, un regard de mage un peu trouble et un peu fascinant. Mots-cisailles qui coupent dans le vif, mots-bourgeons qui réveillent. Le pouvoir de faire passer en nous des choses qui n'ont pas de nom mais qui ressemblent à une sorte de force heureuse. Ouais, un étonnement. Quelque chose comme autre chose que de la chanson, de plus loin que la chanson, quelque chose comme une arrivée lumineuse, pour des vacances imprévues, dans la dernière petite gare de campagne. Bon, lyrisme, emballement, etc. vous exagérez, cher rédacteur. Pas sûr. Pour le public, c'était ça aussi. Et c'était la joie de ne pas être un public."

Cet amour pour Benin survit à l'épreuve du disque, puisque dans le même numéro, Nicolas s'embrase de nouveau pour l'un des albums du chanteur, concluant sa chronique par ces mots :

"Peut-on écouter Je vis, Plus tu es heureux, Peut-être, ou tant d'autres, sans se sentir partir comme une montgolfière ? Moi pas. Les chansons de Benin me mettent à la voile. Me donnent envie de chanter. De changer. J'aime ça. J'aime la solide chanson qui nous provoque en nous aimant."

"Plus tu es heureux" par Môrice Benin (1975). Attention, la montgolfière va décoller...

Ni la colère, ni le lyrisme n'interdisent l'humour, que cet homme à l'apparence austère pratique volontiers. Concluons donc ce petit florilège de citations avec ce commentaire sur Michel Zacha, l'un des chouchous de la revue (avec qui nous avions eu le plaisir de nous entretenir en 2012) :

"Ceci explique le disque, mais n'explique pas comment un garçon du sérieux et de la qualité de Zacha, peut, dans l'ombre de tous les systèmes existants, penser à une œuvre comme celle-là, la concevoir et l'enregistrer en compagnie de quelques-uns des meilleurs musiciens français (Alarcen, Rodi, Rabol, Bloch-Laîné, Chanterau, Guthrie), y mettre tant de musique 'planante' (terme à la mode qui convient particulièrement bien dans le cas présent), tant de lumière heureuse, donner à l'idée de disque une telle plénitude et une telle noblesse, sans que personne ne s'en aperçoive... Dans quel monde vivons-nous ? Qui en parle ? Qui n'a pas dans les oreilles les 'petits pois' chers à Fonfrède ? Où sont les gens ? À quoi s'occupent-ils ? De quoi sont-ils morts ? Où est la presse ? Où sont les informateurs ? La radio passera-t-elle une seule fois 'L'enfant et la mer' ? Ou se dira-t-elle : oh, ce n'est pas grave, ce n'est que Zacha, il n'y a derrière lui personne à craindre... (personne, c'est peut-être Claude Dejacques, responsable de la réalisation artistique et du contrat de Zacha chez Pathé Marconi, Dejacques qui, effectivement, ne se promène pas tous les jours avec son 22 long rifle à la main...).
Quand le monde aura fini de brûler ses feux de paille, il se traitera de con. Et il aura raison."

On pose le 22 long rifle et on écoute paisiblement "L'enfant et la mer". Zacha, 1976.

Vie, Mort et Survivance de Chanson

Le numéro 1 de Chanson paraît donc au début de l'été 1973. D'emblée, son directeur annonce que l'entreprise est périlleuse. "Ce n'est pas facile à faire, tout ça, et, disons-le, c'est cher." Dans le numéro 3, Kernoa rédige un éditorial poétique pour solliciter de nouveaux abonnements et rêve déjà d'une revue "deux ou trois fois plus épaisse, deux ou trois fois plus près de vous" pour mener avec les lecteurs "des conversations interminables". Le nouveau journal connaît alors une parution régulière (quatorze numéros entre juin 73 et janvier 75) et reçoit un accueil favorable. Un lecteur de la banlieue parisienne le trouve "sobre et courageux". Un autre se montre enthousiaste, malgré son jeune âge : "Si vous publiez ma lettre, précisez bien que j'ai 15 ans, et qu'il importe peu d'être vieux ou jeune pour aimer la vraie chanson française." Les soutiens viennent aussi de beaucoup plus loin, comme de cette sociologue californienne et francophile : "J'aime beaucoup la façon que vous replacez la chanson dans le contexte humain, professionnel et économique. C'est très intéressant, et je vous souhaite beaucoup de lecteurs." Ou de cet animateur de radio qui écrit d'Australie : "Enfin une revue qui parle des autres, dont on ne sait rien, et qu'on aime pourtant bien. Croyez-moi, faire la promotion d'un, d'une artiste inconnu (e) n'est pas aussi facile qu'on le pense. Continuez dans cette voie, d'autant que vous semblez vous montrer à la hauteur de la tâche que vous vous êtes fixée..." La revue devient par ailleurs l'organisatrice de spectacles qui ont lieu chaque mardi dans la salle Papin du Nouveau Carré Silvia Monfort. En l'espace d'un an, plus d'une centaine d'artistes s'y produisent lors de soirées animées par Marc Legras, avant que Lucien Nicolas ne renonce pour des raisons budgétaires et politiques. Mais l'année 75 est aussi paradoxalement celle où l'état financier du journal se dégrade. Dès le numéro 14 de janvier, Nicolas souligne les pressions contradictoires qu'il doit subir, certains lui reprochant de se préoccuper d'artistes marginaux, d'autres jugeant au contraire que la revue accorde trop de place à ceux du show-bizz. Dans le livre de Vassal, Français si vous chantiez, il confie aussi ses difficultés : "il y a, dans la chanson comme dans les autres domaines, une presse de consommation et, à côté, une presse d'information. Quand tu veux faire une presse d'information, tu tombes sur les problèmes commerciaux au départ, parce que la simple information, ce n'est pas très excitant ; si tu te refuses à éveiller des curiosités malsaines sur ce qui se passe entre les jambes de Sheila, ça pose des problèmes financiers difficiles." La dure réalité éclate avec le numéro 15 qui paraît… huit mois après le précédent ! Nicolas y annonce un déficit de 70000 francs (environ 50000 euros aujourd'hui). Ses causes : une baisse brutale du budget publicitaire, un nombre d'abonnements encore insuffisant pour être autonome et une tentative risquée de distribution en kiosques qui s'est avérée coûteuse et décevante. Diverses mesures sont donc prises : augmentation du prix de la revue, qui ne sera plus disponible que par abonnement, diminution de la pagination et création de l'Association des Amis de la Revue Chanson, chargée de trouver les moyens permettant à celle-ci d'être autonome et de mettre en place des circuits de distribution alternatifs. Dans la tempête, le capitaine Nicolas maintient pourtant le cap :
"Nous pourrions être productif, concurrentiel et créateur d'emplois, faire Podium ou Salut les Copains, et cette hypothèse rentre parfaitement dans le cadre de notre liberté. D'ailleurs, signalons-le, c'est dans cette direction qu'on voulait progressivement nous attirer, et les propositions d'aide que nous avons pu rencontrer se sont soldées, au bout du temps raisonnable, par des suggestions de ce type.
Devenir loup pour qu'un loup nous aide.
Mais nous ne voulons pas être productif, concurrentiel et créateur d'emplois en passant par les dénaturations que cela implique. Nous voulons être novateurs, vrais et utiles, avancer des idées, former des consciences, proposer des choix. […]
Comment vivre quand la santé économico-nationale passe par les autoroutes, et la santé culturo-personnelle pas les sentiers ?"

Il en appelle alors aux lecteurs, en des termes politiques qui évoquent les années 70… mais ne paraissent guère démodés en 2016 :
"À ces derniers de bien comprendre que, dans un système économique qui confond liberté et droit, c'est-à-dire qui ne donne pas au faible les vrais moyens d'exprimer son droit à la liberté, c'est à eux de défendre leur intérêt – leur information – en nous aidant à établir un circuit court, déparasité, mais qui les sollicite davantage sur le plan financier et sur le plan du prosélytisme.
C'est une œuvre d'union, mais c'est aussi un pari d'espoir."

La publication reprend au rythme d'un ou deux numéros par trimestre, des campagnes de publicité dans la presse permettent de recueillir de nouveaux abonnements, des concerts de soutien sont organisés (Maxime Le Forestier, parmi d'autres, promeut la revue lors de ses tournées). Mais dans le numéro 20, Nicolas est explicite : "si chacun de nos abonnés ne nous en trouve pas un autre dans les semaines qui viennent, ben… il y a de bonnes chances pour qu'on reparle du vide." Jusqu'à la mi-77, la revue conserve ce rythme de parution à peu près régulier. Mais ses difficultés d'existence finissent par affecter son contenu. Un lecteur s'en émeut d'ailleurs, avec bienveillance : "pourquoi vous marginalisez-vous à ce point ? […] vous avez choisi de ne pas parler, ou peu, des artistes qui ont à la fois popularité et talent […] Mais il existe quelques vrais chanteurs populaires, qui ont leur place dans Chanson, et ce n'est pas en les ignorant que vous mettrez la chanson, la vraie, celle que nous défendons avec vous, à la portée de tous..." Nicolas ne peut que donner raison à son correspondant : "je dirai que c'est principalement une question de place, donc d'argent. Une revue de 48 pages serait beaucoup plus ouverte… […] Chaque fois que nous interviewons des gens connus (bien que ce soit utile à tout le monde, à commencer par nous) nous avons l'impression de gaspiller la lumière des pauvres." Le second semestre de l'année se fait sans Chanson, qui ne réapparaît qu'en février 78. À en croire Nicolas, ce n'est pourtant pas faute de compter des lecteurs. "Le nombre d'abonnés augmente (car la revue n'est pas du tout en recul !), mais il n'augmente pas aussi vite que les coûts d'exploitation. C'est une course sur une piste savonnée, comme les aime Guy Lux." Se voulant à la fois lucide et incitatif, il précise : "Il faut se rendre à l'évidence : sauf miracle – ou mécène – 78 sera moins une année de parution pour Chanson qu'une année de promotion. Le n°28 n'est donc pas encore le premier d'une longue série infaillible, mais un numéro comme ça, pour ne pas vous oublier. Une matière fraîche pour les innombrables prosélytes qui s'en vont aller tirer les sonnettes de l'attention et de la curiosité des autres. Prosélytes… LE SEREZ-VOUS." Ce vingt-huitième numéro, qui contient entre autres une lettre ouverte, à la fois critique et affectueuse, adressée à Brel, ainsi que la charte de l'association Prospective Chanson, est pourtant le dernier de la revue. Il n'y aura jamais de numéro 29.

Chanson est morte, mais pas complètement enterrée. En effet, au cours du second semestre 79, Mauricette et Fred Hidalgo, jeune couple d'entrepreneurs de presse passionnés de chanson francophone, décident de créer un journal entièrement dédié à ce domaine. Son premier numéro voit le jour dès juin 1980 sous le titre de Paroles et Musique. Et dans le noyau dur de l'équipe rédactionnelle initiale, on retrouve notamment Marc Legras, Rémy Le Tallec, Régine Mellac, François Possot, Jacques Vassal, Bernard Hennebert, Jean-Marie Verhelst, tous passés par Chanson. Fred Hidalgo ne cherche d'ailleurs aucunement à dissimuler cette filiation, puisqu'il se fend en page 36 d'un chaleureux "Merci, Lucien..." et accorde à son confrère de Télérama une chronique. Laquelle devient vite régulière, Lucien Nicolas profitant de cet espace pour développer ses réflexions théoriques dans des papiers d'une ou deux pages… voire cinq ou six, quand il se sent inspiré ! Parfois amené par des lecteurs à se justifier des différences entre Paroles et Musique et son ancêtre, Hidalgo ne manque pas de rappeler "les qualités de précurseur" de Lucien Nicolas. Il décide même de lancer en 1983 une souscription, afin de pouvoir sortir un livre écrit par son chroniqueur. Celle-ci ne rencontre pas le succès escompté, mais Chanson vivante n'en paraît pas moins au printemps 1984, aux Éditions de l'Araucaria (fondées par le couple Hidalgo). Dans cet ouvrage ardu, original et ambitieux, Nicolas pousse encore plus loin ses analyses, en adoptant "une sorte d'approche biologique de la chanson, d'aspect plutôt organique", avec la volonté d'intégrer et de réunir toutes ses composantes. Son vieux confrère Lucien Rioux le décrira en ces termes : "Déconcertant, son livre est en même temps attachant. Il n'offre pas de clé, pas d'explication mais met le lecteur dans cet état qui le rend perméable aux émotions. Peut-être est-ce mieux."

Rétrospectivement, on peut considérer la publication de Chanson vivante comme l'aboutissement de la carrière de Nicolas. À la même époque, en effet, son nom disparaît de l'ours de Télérama, où il est remplacé à la tête de la rubrique "Chansons" par celui d'Anne-Marie Paquotte, qui s'était déjà fait remarquer par quelques longs papiers sur le sujet. Puis en fin d'année, c'est des colonnes de Paroles et Musique que Nicolas disparaît, alors qu'il avait encore signé une chronique en septembre. La revue de Fred Hidalgo connaît une légère inflexion, mettant davantage l'accent sur la chanson-rock, sous l'impulsion du tandem Jacques Vassal-Frank Tenaille. En 1987, elle comptera plus d'une centaine de pages et ses ventes culmineront à 130000 exemplaires (!), un chiffre dont n'auraient sans doute pas osé rêver Nicolas ou Kernoa. Une autre histoire a débuté...

En forme d'épilogue... forcément provisoire

Nous sommes en 1983, le 12 juin. Sur France Inter, Le masque et la Plume est consacré ce dimanche soir aux Variétés. Il y sera notamment question du récent concert-événement donné par David Bowie sur l'hippodrome d'Auteuil. Mais en préambule, Pierre Bouteiller lit à ses chroniqueurs un court extrait d'une lettre de cinq pages envoyée par "l'un de vos anciens confrères", un certain Lucien Nicolas, de Toulouse. Dans le passage choisi, ce dernier reproche à ses collègues de n'avoir jamais cherché à développer la curiosité de leurs lecteurs et d'avoir épousé l'air (commercial) du temps : "Satisfaire les curiosités passives. Vedettariat, vedettariat, vedettariat, cueillir les fruits mûrs. Aucune révolte contre les injustices pour les mêmes raisons commerciales de la production, de la diffusion, de la distribution, contre les silences de la presse, contre leur propre silence." Comme on pouvait le prévoir, le retour du boomerang ne tarde pas et il prend la forme d'un procès en ringardisation. Claude Fléouter, du Monde, décrit Nicolas comme "très représentatif d'une culture passéiste qui est la culture de la chanson rive gauche". Il oppose à celle-ci les noms de Couture, Novembre et Thiéfaine. Henri Quiqueré, journaliste au Matin de Paris, dit recevoir régulièrement des lettres de Nicolas, sans jamais lui répondre. S'il avoue une "certaine estime" pour son travail d'autrefois, il le juge également "très passéiste" : "il est resté à ce qui s'est passé sur la rive gauche en 1960, y a pas d'autres explications." Patrice Delbourg, des Nouvelles littéraires, intervient ensuite et, avec le brio qu'on lui connaît, porte l'estocade : "La variété, c'est un peu la garde-robe de l'oreille, lui il semble que ses habits sentent un peu la naphtaline. Qu'il préfère défendre Jacques Vassal, Môrice Benin ou Jacques Bertin, c'est son droit ; pour ma part, j'préfère Novembre, Souchon ou Jonasz… Bon, c'est une question d'épiderme et ça va pas plus loin que ça." Ça ne va pas plus loin que ça… et pourtant.

Pourtant, dans cet échange à distance – caricature de dialogue de sourds – entre un Nicolas effectivement attaché aux artistes qui l'ont ému dans sa jeunesse (mais qui de nous ne l'est pas ?) et ses respectables confrères qui se piquent ici de modernité, ces derniers oublient quelques détails. Ils oublient, par exemple, que Souchon, Jonasz et Thiéfaine furent chroniqués dans Chanson, et que Souchon, pour ne citer que lui, fut mis en avant dès l'époque de "L'amour 1830". Ils oublient que Nicolas pouvait saluer dans sa revue "le rythme bâtard, gras, captivant, que nous connaissons, ce son lourd comme le dévidement d'un rêve" du Zuma de Neil Young, lequel ne correspond pas tout à fait au portrait-robot du chanteur rive gauche. Ils oublient encore que Nicolas considérait en 1974 comme une "révolution" "l'apparition de la musique moderne dans la chanson 'à texte'" et qu'il redoutait, à propos d'artistes tels que Bertin ou Tachan, "qu'une prise en considération trop réservée [de leur part] de l'oreille musicale contemporaine puisse avoir pour conséquence une injuste limitation de leur audience." Dès lors, il y a quelque ironie à lire, trente ans précisément après le coup de la "naphtaline", les lignes suivantes, écrites dans le cadre d'un portrait de Jacques Bertin, par Patrice Delbourg :
"Le vide dans lequel les 'chanteurs à textes' sont confinés sous nos latitudes continentales est proprement sidérant. Visiblement, ces artistes exerçant le même métier que d'autres n'ont pas tous les mêmes droits de se faire entendre sur nos antennes périphériques.
La liste est longue des tombés au champ d'honneur de la chanson de qualité […] tous ces artistes désemparés, ces sans-grade, oubliés dans les bas-côtés des routes nationales, tous ces poèmes et ces textes piétinés par le passage du troupeau de la rentabilité à tout crin, cornaqué par un système maffieux. Cette manière de chanter avec une parole libre pour changer le monde aurait-elle cessé d'être convenable ? Le jour venu, on se rendra compte du gâchis." [extrait des
Funambules de la ritournelle, Écriture, 2013].

"Paroisse" de Bertin, enregistrée sur scène fin 78. Chef d’œuvre...

Or, c'est notamment pour tenter d'éviter ce "gâchis" dont il pressentait le risque, en même temps que le possible avènement d'un autre rapport du public à la chanson, que Lucien Nicolas avait fondé, quarante ans plus tôt, la modeste revue Chanson. Et tandis que cet art est désormais devenu notre fond sonore permanent et ses vedettes, les emblèmes de l'époque (cf. le nom de la personnalité préférée des Français selon le sondage du JDD), il faut bien constater que la plupart des travers que dénonçait Nicolas – au niveau des médias, des salles de concerts, des maison de disques, etc. – existent toujours. On peut donc estimer que son combat a, en grande partie, échoué. Néanmoins, si l'homme n'a sans doute pas toujours su mettre en œuvre les armes et outils les plus efficaces pour le conduire et s'il fut probablement plus rétif que d'autres au basculement politico-culturel survenu au tournant des années 70-80, on peut difficilement lui reprocher d'avoir essayé de proposer une alternative. D'autant qu'il ne se révéla, dans cette entreprise, ni le moins valeureux, ni le moins perspicace.

Contacté pendant la préparation de cet article, Lucien Nicolas nous a fort aimablement prié d'accepter son "désengagement", nous avouant que "tout cela est assez loin de moi à présent" et nous confiant : "La vie me pose d'autres questions auxquelles je dois essayer de répondre." Pour mieux comprendre l'état d'esprit de celui qui tenta, avec d'autres, de faire s'épanouir en ces années 70 une chanson vivace, qui échappe à la gadgétisation médiatique, on peut citer ce qui est sans doute l'une de ses dernières apparitions publiques, discrète, sous la forme d'un simple commentaire laissé sur le blog de Fred Hidalgo, quelques jours après la mort du chanteur Luc Romann. C'était le 15 janvier 2014 : "La tristesse de vieillir, c'est de voir mourir tous ceux qu'on aimait, et de réentendre dans la mémoire, mais plus en vrai,leurs chansons qui nous aidaient tant à vivre. Je connaissais et ai vu partir Brel, Ferré, Brassens, Barbara, tant d'autres, et aujourd'hui Foulquier, Romann... Le tissu de la vie s'effrite, et les couleurs d'à présent, me semble-t-il, n'ont ni l'éclat, ni la profondeur de celles d'hier. Luc, toi qui nous faisais de si bonnes paellas, prépare où tu es la grande table où nous viendrons tous en déguster une géante à tes côtés..."
Alors, en attendant le moment de ces éventuelles retrouvailles autour d'une paella géante et puisque Nicolas avait précisément choisi de placer, en ouverture de Chanson vivante, le texte de "La Berceuse" de Romann, réunissons une fois encore paroles et musique, en écoutant ce morceau et en souhaitant à Lucien Nicolas, si l'occasion lui est donnée de lire ces lignes, de toujours conserver, au fond de sa "garde-robe", "Un habit de lumière dans l'ombre du chagrin". Et à vous tous, que la nuit vous soit douce.

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Cet article n'aurait pu être rédigé sans l'aide de nombreux intervenants. Nous remercions donc très chaleureusement Marc Legras, Jacques Vassal, Hervé Bréal, Jean-Marc Cherix et Lucien Nicolas qui nous ont chacun à leur manière, avec leur ton, leurs mots et leurs souvenirs personnels  accordé quelques précieuses minutes. Un grand merci également aux diverses personnes, trop nombreuses pour être toutes citées, qui ont joué au cours de cette recherche un rôle d'intermédiaire, notamment à Patrick Amine, Nicolas Brulebois et Môrice Benin. Merci aussi aux personnels des bibliothèques municipales de Limoges, Colmar et Lyon qui ont grandement facilité notre accès à la documentation. Et bien entendu, merci à Marguerite et à Pierrot.

Quelques suggestions en guise de conclusion... On pourra lire l'histoire de Paroles et Musique racontée avec plus de détails par son fondateur, Fred Hidalgo, dans cet article de son blog ; l'histoire de la revue qui lui succéda, Chorus (la petite-fille de Chanson, en quelque sorte), est évoquée par le même auteur dans cet autre article. Tous deux cités ci-dessus, Claude Dejacques et Michel Zacha ceux qui suivent le parcours de Jean-Louis Murat le savent déjà  ont joué un rôle important dans le début de carrière du chanteur. Retrouvez ICI notre évocation du premier et notre longue et riche rencontre avec le second. Et afin de faire le lien entre les années 70 et l'époque actuelle, on mentionnera, dans la vaste galaxie des médias qui tentent d'informer sur la chanson francophone contemporaine (et sans aucun effort d'exhaustivité), côté presse écrite, le magazine Francofans, côté net, les blogs d'anciens de P&M ou Chorus, celui de Fred Hidalgo déjà cité, celui de Michel Kemper qui se veut "Le quotidien de la chanson" ou celui de Daniel Pantchenko. À la radio, Philippe Meyer et, plus encore, Hélène Hazera continuent à défendre une conception de la chanson qui nous semble entretenir un lien avec celle évoquée plus haut. Longtemps à la radio, désormais sur le net, Isabelle Dhordain est toujours sur le pont... celui des Artistes. La première de la nouvelle version de son émission a eu lieu en janvier, elle peut être visionnées ICI. Enfin, un tout nouveau magazine culturel sort ce mois-ci et comme il inclut dans son équipe le gai muratien Nicolas Brulebois (qui s'y entretient avec Dominique A), nous lui faisons volontiers un petit coup de pub. Il n'est d'ailleurs pas impossible que l'article "Qu'est la rive gauche devenue ?", annoncé au sommaire du premier numéro, ait un lointain rapport avec le sujet du jour... Plus de renseignements sur L'Impératif ICI.

Enfin, si certains lecteurs-oiseaux de passage ont des souvenirs de la revue de Lucien Nicolas ou des réflexions autour des thématiques que nous avons abordées, ils sont cordialement invités à les partager dans la zone "Commentaires" juste en-dessous.

 

la 2e partie : http://www.surjeanlouismurat.com/2016/03/chanson-volet-2-jean-louis-murat-journaliste.html

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Publié dans #divers- liens-autres

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Publié le 20 Mars 2016

Allez, c'est dimanche, rions un peu... d'autant plus que demain, ici même, croyez-moi, ça va être du sérieux! du lourd! Des mois de travail dévoilés... (alors que là, j'ai bien dû y passer 3 minutes à ma blague...).

Alors, voilà, on a beaucoup parlé du noir de la pochette de MORITURI, pas d'une extrême gaité il faut bien se l'avouer... Le fait est que Frank Loriou a testé plusieurs versions, mais les cygnes sur fond blanc, ce n'était pas concluant il faut bien le dire.

Le petit rien du dimanche

Autre petite rigolade pour les retardataires:http://www.surjeanlouismurat.com/2016/02/cliches-n-28-recreation.html

PS: N'oubliez pas le concert privé de Sébastien Polloni ce soir. Les infos dans son inter-ViOUS ET MURAT

2 PS: 3 titres de Murat à découvrir dans l'album d'Eryk E. http://www.surjeanlouismurat.com/2016/03/eryk-e-l-album-est-sorti.html

A demain! Sans faute! Avec vos lunettes, un bon thé, voire un peu d'aspirine.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Morituri

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Publié le 18 Mars 2016

Voici une petite interview du chanteur clermontois Sébastien Polloni, auteur d'un bel album de chansons "Ravines", produit avec Guillaume Cantillon (ex-Kaolin) et sorti sur le label de Bertrand Betsch il y a presque un an (le 20 avril 2015). Elle est terminée depuis quelques temps mais j'attendais une actualité de sa part pour la publier... et elle arrive ce week-end... Et c'était assez important de vous l'annoncer, si comme moi, vous n'aimez pas les surprises, les gars qui s'inscrutent... En effet, Sébastien Polloni viendra CHEZ VOUS DIMANCHE! Oui chez vous! Et rien que pour vous, en concert privé... Via le site 1peet.tv, qui diffusera un set de 45 minutes (paf de 4 euros minimum). Le concept est intéressant...

Je continue mon introduction dans la première question... on se retrouve ci-dessous.

Sébastien sur les pistes auvergnates, février 2016.

Sébastien sur les pistes auvergnates, février 2016.

 

Bonjour Sébastien,

 

- J'avais partagé votre clip sur le blog à l'occasion d'un article sur Bertrand Betsch qui vous a signé sur son label, mais je ne crois pas que votre nom ait figuré dans mon fil d'actualité muratienne et clermontoise. Vous m’avez contacté ensuite pour que je puisse transmettre à J.L. Murat votre disque, ce que j'ai fait cet automne. Est-ce que c’était important pour vous de lui faire écouter votre musique ou est-ce que dans le "désert foisonnant" du marché, vous frappez à toutes les portes?

Alors, reprenons les choses dans l'ordre où je pense les avoir vécues !
J'ai effectivement vu passer sur fb un article sur Bertrand Betsch, je suis donc allé voir le blog. Curieux à la fois de voir l'interview de Bertrand et ce que cachait ce blog sur Murat.

J'ai trouvé un contenu qui m'a plus, sans concession et j'ai effectivement découvert que vous aviez lié mon clip à l'interview de Bertrand (qui m'a signé sur son label).

Evidemment je me suis dis que si vous aviez partagé mon clip c'est que vous n'étiez pas insensible à ma musique et j'ai donc sollicité votre avis sur mon album.

Il y a longtemps que j'essaie de faire entendre ma musique à Jean-Louis Murat, je suis auvergnat comme lui, et j'aime sa musique, j'aime son côté brut en promo qui contraste avec sa voix feutrée et carressante. Pourquoi est-ce que je voudrais qu'il écoute ? Pour avoir son avis, ses critiques même, c'est à cela que servent les figures tutélaires...
Cela fait longtemps que j'essaie, mais je crois qu'à chaque fois c'est un échec. Lors de nos discussions, quand j'ai compris que vous pouviez avoir l'opportunité de lui passer un disque, j'ai effectivement sauté sur l'occasion. Je crois que depuis, il n'a toujours pas écouté une note de ce que je fais, mais comment lui en vouloir, il doit être sans cesse sollicité et je comprends que rien ne l'incite à découvrir mon disque plus qu'un autre...

En tout cas, même si j'essaie de saisir toutes les opportunités qui se présentent à moi, je ne frappe pas à toutes les portes. Je pense être intègre et ne sollicite que les personnes pour qui j'ai un vrai intérêt musical et artistique.

 

- Je ne voyais pas de manque d'intégrité dans la démarche de "frappez aux portes", simplement une nécessité si on a l'ambition de faire entendre sa musique. Vous parliez de figure tutélaire concernant Murat. Diriez-vous qu'il reste incontournable sur Clermont? Est-ce qu'à un moment, point godwin d'une discussion, on en arrive toujours à Murat? Je pense à Pain noir qui lui a tenu à s'écarter de lui en disant qu'il ne l'avait jamais écouté. Que représente-il à Clermont?

J'avais bien compris qu'il ne s'agissait pas de remettre en doute mon intégrité, mais je préfère préciser !
En fait je ne sais pas ce que représente Murat en Auvergne, pas plus qu'à Clermont même, ce que je sais, c'est qu'il a un public fidèle.
Personnellement j'ai beaucoup écouté Murat, pas tout, car sa production foisonnante ne m'en laisse que peu le loisir. J'ai adoré des albums comme Mockba, des morceaux comme Jim, j'aime sa poésie éthérée et cependant terrienne. Il y a quelques années, alors que j'en étais à mes premières productions musicales, un programmateur local m'a dit que je devrais m'adresser à 2 personnes pour demander leur avis ou de l'aide. Il s'agissait de Guillaume Cantillon (Kaolin) et Jean-Louis Murat. A cette époque j'ai essayé brièvement d'entrer en contact avec les deux, sans succés. Les hasards de la vie m'ont fait rencontrer Guillaume, j'ai pu travailler avec lui et avoir ses talents de réalisateur sur mon album. J'espère que le prochain sera Murat et que la boucle sera bouclée...

En parlant du point Godwin, il y a une certitude... Quasiment tous les projets chansons d'envergure de la région qui me touchent ont un lien avec Jean-Louis Murat, récemment on peut citer Matt Low ou Morgane Imbeaud... Je me désespère donc de ne pas avoir eu ce privilège...

 

- Vous n'êtes donc pas un "Muratien invétéré", mais pouvez-vous nous en dire plus sur votre histoire avec Lui? Est-ce que vous vous souvenez quand vous l'avez écouté pour la première fois?

Je ne suis certes pas un Muratien invétéré s'il s'agit de tout connaitre par coeur. Je ne suis d'ailleurs pas un fan invétéré de qui que ce soit, il y a des artistes que j'aime énormément mais je n'en idolâtre aucun... Je ne me souviens pas de la première fois où je l'ai entendu, ce qui signifie que je devais être très jeune... en général ma mémoire est bonne !

 

- les questions rituelles:  Votre album préféré de Murat?

Mockba

- 3 chansons préférées de lui? Et bien sûr pourquoi?

La fille du capitaine parce que je la chantais sans cesse à ma plus grande fille sur sa table à langer...

Jim: parce que j'ai souvenir d'un live remarquable sur NPA... la musique et le texte me transportent et son côté cinématographique me plait.

Maria Dolores: pour ce côté si intime...


- Est-ce que vous l'avez déjà vu en concert?

Je l'ai vu en concert à Animatis en version trio: un très beau souvenir de concert *Issoire, tournée Mockba

- Y a-t-il une chanson de votre répertoire qui vous évoque Murat ou dont il serait une partie de l'inspiration?

Dans mon répertoire, je pense que "les hommes au revolver" est la chanson qui se rapproche le plus de son univers: le chant lexical est assez commun avec celui de Jim par exemple !

 

- Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours de musicien? (de l'éducation musicale jusqu'à votre album)

Alors, à l'école primaire j'ai fait beaucoup de solfège ainsi que du piano. J'ai dû arrêter cela vers 12 ans. Je ne sais pas comment cela est possible, mais je ne me souviens quasiment de rien... J'ai laissé complètement dans un coin de mon cerveau tout cela et je n'arrive pas à y accéder ! Quoi qu'il en soit j'ai décidé de m'acheter une guitare lors de ma 18ème année (en 1995) et j'ai bossé cet instrument en autodidacte complet. Dès les premiers accords appris, je me suis tourné vers la composition. J'ai fait mes premiers concerts, aussi maladroits qu'amateurs, quand j'avais 21 ans.
Parallèlement à cela j'ai fait une licence de maths, puis passé le capes, puis 5 ans après passé l'agrégation de maths, je ne pouvais donc consacrer qu'un temps limité à la musique. A cette époque, je jouais en version groupe assez rock. En 2008 la coopé m'a proposé la première partie de la Grande Sophie en solo: j'ai accepté. Ce fut mon premier concert solo, et le premier avec une guitare acoustique: j'adore me mettre en danger. J'ai décidé ensuite de tourner seul, de faire mes armes devant un public, en me présentant avec juste une guitare et un texte...
Vinrent quelques autres formules... Puis j'ai rencontré Papillon en 2012, nous avons immédiatement adhéré à nos univers respectifs et commencé à travailler ensemble.
En 2013 j'ai eu la proposition de Guillaume Cantillon de me réaliser des titres, j'ai peu après signé sur le label "Les Imprudences" et Bertrand et Audrey Betsch m'ont convaincu de faire un album complet. Cet album est sorti en avril 2015.
Ce parcours est chaotique et jalonné par des rencontres inattendues... Le hasard est mon guide...


- Est-ce que vous étiez déjà sous votre nom ou sous un nom de groupe? (question pour les archivistes du rock clermontois)
Je préfère qu'on  ne retienne rien de cette période là !

- Que pouvez-vous nous dire de plus sur cette rencontre avec Bertrand Betsch? et ce nouveau label?
Bertrand Betsch m'a signé dès qu'il a entendu mes titres. C'est un immense honneur qu'il ait aimé mon univers. Sa qualité artistique est énorme, sa production foisonante et toujours de très bon goût. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois sur Toulouse et Clermont, c'est qualqu'un de charmant. Ses conseils et son avis me permettent de me setir légitime et me donne toujours plus confiance, c'est un plaisir d'être sur le même label !

 

- J’avais contacté Audrey et Bertrand Betsch pour une autre question, et Audrey m’a exprimé comme elle s’était en quelque sorte prise en pleine face la difficulté de faire exister un label et sa production.

Je crois effectivement qu'elle ne savait pas au moment de ma signature à quel point la qualité ne suffit pas. Elle a toujours été claire, son but ainsi que celui de Bertrand est sûrement que je trouve une autre structure capable de porter mon travail en termes de communication et de contacts..

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J'ai demandé  à Bertrand Betsch de nous parler de Sébastien :

"Sébastien est un garçon charmant et extrêmement talentueux. Je me souviens que lors de l'élaboration de son album, à chaque fois que l'on recevait un nouveau morceau, Audrey et moi étions interloqués. A chaque fois, sourire aux lèvres, on se faisait la même réflexion : "ça y est, encore un tube". "Mais comment ce garçon fait-il pour ne faire que des tubes !". Sa plume, sa voix et son sens mélodique à chaque fois font mouche. Ils sont rares ces artistes qui dès leur premier essai se réalisent sans détour et enquillent les moments de grâce. La qualité des arrangements et de la production aussi est très importante. C'est à cela que l'on reconnaît également les futurs grands. Certes Sébastien est très talentueux mais il sait aussi très bien s'entourer. Papillon et Guillaume Cantillon ont su se mettre généreusement au service de ses chansons pour les emmener vers le meilleur. Je lui souhaite longue route, en toute amitié. B/B/"
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- Vous avez aussi été dans un collectif Novembre, notamment avec Julien Estival, pouvez-vous nous en parler? Est-ce encore d'actualité?


Le collectif s'appelalit "Septembre" ;) ... Il n'existe plus. L'idée était de se fédérer, mais nos univers artistiques prenaient des chemins trop différents et nos priorités n'étaient plus les mêmes pour que perdure cette belle aventure.

- J'aimerais bien parler de votre album maintenant... et j'ai pensé que j'allais peut-être vous demander de nous parler de 3 titres de votre choix (musicalement, textes, histoire)...

Hum... Que c'est difficile... L'album porte le titre de "Ravines". C'est un titre qui me tient à coeur, je pense que le texte est assez abouti et que la mise en musique colle bien au côté "poisseux" du texte. C'est ma part sombre qui s'y exprime, j'y ai mis beaucoup de moi et beaucoup de références... Certains auront sûrement remarqué les clins d'yeux à Bashung...


Un titre aux antipodes: "Le Pont des Arts": rythmé et en apparence très léger... en apparences seulement, ce titre parle aussi bien de la difficulté de vivre une histoire à deux que de la peur de la page blanche... Pour moi il n'y a que des Ponts puisqu'il faut sans cesse franchir des obstacles.


Enfin, je choisis "les hommes au revolver", parce que de tous mes titres c'est sûrement celui qui se rapproche le plus de l'univers de Jean-Louis Murat, et parce que ce morceau est le fruit d'une collaboration très étroite avec Papillon. Là encore c'est une histoire complète en elle-même et une métaphore dans son ensemble, aussi. Ce titre résonne très différemment depuis le 13 novembre, il est terriblement d'actualité... La version scénique est très différente de la version album, plus "Eastwoodienne" !

- J'ai été très interpelé par Rose-Croix  du fait de cette référence en titre (à cause d'un visiteur solitaire d'un château en Normandie- ultraprivate clin d'oeil)  et aussi de cette très jolie guitare sur ce titre (et ce grand beau final intrumental).             

Ce titre est très intime, je suis ravi de voir qu'il touche aussi un tiers !

Ce morceau est une ode à la métaphore... celle des alchimistes.
Transformer le plomb en or est le but des alchimistes. On sait depuis des siècles que cela est impossible... Mais il ne faut pas se borner au premier degré, cette quête est une métaphore de ce que doit viser l'humaniste: opérer un changement sur lui-même, faire de son quotidien quelque chose de sans cesse meilleur. Nous sommes tous de "l'hypothétique or pur", dans le sens où il ne tient qu'à nous de nous transformer, de nous transcender, de viser le meilleur.
Ce morceau est bourré de références plus ou moins ésotériques, libre à chacun de les chercher et de les décortiquer...

- Le prochain album de Fred Jimenez devrait donc vous plaire...  Comment envisagez vous la suite? Vous multipliez les concerts depuis novembre en tout cas, dont prochainement dans la boutique de la Kütü Folk?

J'ai envie de jouer, encore et toujours et le plus loin possible. J'ai déjà de quoi faire un nouvel album... peut être un moment de studio va-t-il arriver...

- Question subsidiaire: vous avez joué avec Matt Low, eu une date dans la boutique d'Alexandre Rochon...  Savez-vous si la famille Bergheaud vous a écouté?

Je suis ravi de rencontrer toutes ces personnes, mais je ne crois pas que la famille Bergheaud ait écouté... en tout cas aucun retour pour l'instant !

 

Interview réalisée par mails du 5/12/15 au 31/01/16. Merci Sébastien.

Inter-ViOUS ET MURAT- n°20 : Sébastien Polloni

On termine par un long texte de Bertrand Betsch:

  • « Ravines » de Sébastien Polloni

Par

Né un 1er juillet, Sébastien Polloni, avec son premier album « Ravines », incarne l’été de cette nouvelle chanson française décomplexée qu’a vu naître le XXIème siècle…

Artiste rôdant aux alentours de Clermont-Ferrand, Sébastien Polloni s’est adjoint les services de Dany Rodriguez alias Papillon et de Guillaume Cantillon (ex chanteur du groupe Kaolin). A eux trois, tantôt co-auteurs, co-compositeurs, co-arrangeurs et co-producteurs ils forment une sorte de triumvirat qui règne en maître sur ces 11 chansons au parfum inédit.

Déboulant de nulle part, Sébastien Polloni s’impose dès son premier essai comme un artiste déjà parfaitement accompli. Ils sont si rares ces premiers albums qui vous plantent d’emblée un décor comme on franchit un col de montagne pour déboucher sur une vallée harmonieuse qui vous en met plein les mirettes. C’est la principale force de ce disque. Tout est en place. Pas une chanson en dessous de l’autre. Une arrivée plus qu’un départ. Un véritable accomplissement. Une marque de fabrique qui tient dans ce pari fou de proposer des morceaux qui vous enrobent dès la première écoute. Des textes écrits au cordeau, des mélodies entêtantes, des arrangements composés de guitares acoustiques très présentes, relevées ici ou là par des guitares électriques tendance ligne claire, quelques notes de claviers, des batteries simples et efficaces et des chœurs comme des tapis volants.

Mi-dandy, mi-cow-boy, Sébastien Polloni impose son style original, mêlant la tourbe au miel. Ni vraiment pop, rock, folk ou chanson française pur jus, ou tout cela à la fois, Polloni impose d’emblée son propre idiome. Tantôt sophistiqué, tantôt rugueux, Polloni n’est jamais là où on l’attend. Son album « Ravines », plein de ravissements et de ravins, est de ces disques tellement rares que l’on écoute en boucle comme une envoûtante ritournelle. « Ravines » est un carrousel où l’on se plaît à tourner indéfiniment. Parfaitement maîtrisé, il participe d’une certaine idée de la grâce. De celle qui nous révèle toute la beauté du monde, dans ses évidences comme dans ses escarpements…

En bon enchanteur, Polloni distille à travers ses chansons une sorte de poésie de contrebande.

Dans cet album il y a des « secondes hors d’haleine » et « des étreintes qui traînent ».

Il y a des sortes d’incantations qui nous permettent de dompter la pénombre, de faire en sorte que nous soyons « maîtres de nos parts d’ombre » et que « la nuit apprenne à nous connaître ».

Il y a cette tendresse dans la voix, dans les mélodies finement ourlées, dans les chœurs irisés.

Il y a la valse des amoureux « le long du pont des arts », ce « pont des hasards » où chacun espère sceller une histoire d’amour au long cours.

Il y a des « ravines dont on ressort KO » et où « l’on titube le vertige à la main » mais dont on finit par se relever prêt à affronter « d’improbables matins à pisser contre un mur ».

Il y a des « hommes au revolver » et « aux manières brutales » qui n’en finissent pas de rêver de bousculer un monde trop policé pour être honnête.

Il y a des coups de sang, la menace d’un fusil, des malédictions, des coups du sort.

Il y a des effluves corporelles qui nous viennent de nos amours de jeunesse, ces « idylles surannées ou simples histoires de cul » qui ne sont « qu’un peu de chair froissée ».

Il y a la réminiscence des rondes enfantines où l’on se promet de se marier, l’un en cow-boy et l’autre en fée.

Il y a l’expression de ce sentiment de finitude qui gouverne nos existences car « même les lignes droites, même les courbes de reins, tout comme le début ont aussi une fin ».

Il y a également le désir de jouir de l’instant présent, de ne penser à rien d’autre qu’à la volupté délivrée par la chaleur d’un corps endormi dans les draps d’un matin délicat.

Il y a ce pari fou de vouloir transformer les cailloux que l’on a dans nos chaussures en diamants, d’aller puiser « dans le creuset de nos fêlures » pour en extraire « l’hypothétique or pur ».

Il y a ce mouvement de balancier sous un vieux chêne, « les poches vides, les artères pleines » avec juste cette envie de se sentir exister, pleinement, passionnément, follement.

Il y a tout cela et beaucoup d’autres choses.

L’album est sorti le 20 avril sur le label Les imprudences. Pas de risque, il vous plaira. Je vous le promets.

Bien-sûr: retrouvez nos autres interviews exclusives dans la catégorie "inter-ViOUS ET MURAT" (Françoise Hardy, Jeanne Cherhal....) dont les récents:

Eryk e

Laurent Saligault

Deux autres interviews sont programmés... on ne s'arrête plus!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 16 Mars 2016

Voilà le clip est disponible ailleurs que sur France inter,  le voici ci-dessous. (Je commence à l'aimer cette chanson...).

Sur Pils, le blog music de France 3 auvergne:

"Pour son dernier single « French Lynx », le chanteur a choisi de confier la mise en images au photographe Jean-François Spricigo. Pour mettre en images son nouveau titre « French Lynx« , Jean-Louis Murat a choisi le photographe, auteur et cinéaste Jean-François Spricigo, dont l’univers est peuplé d’animaux sauvages, ou pas, ou de personnes dont il semble capter les regards juste avant qu’ils ne se détournent". 

Rhiannon nous  parlait en commentaire de ce réalisateur:

"Je viens de visionner le clip ...et de lire la biographie de Jean -François Spricigo....on peut dire que leur univers sont assez proches ....je comprends le choix ....ces courts métrages sont assez particuliers...."En silence ,je l'ai aimé "un dialogue entre soi et l'inconnu me rappelle quelque chose...et "la part de l'ombre " court métrage sur Benedek , .un photographe hongrois ou la mort est omniprésente...,on y voit des cygnes....coïncidence . le texte de l'exposition du "loup et l'enfant " une merveille ,très émouvant......je comprends mieux la pochette de "Morituri'" une sorte de continuité ou un clin d'oeil à l'oeuvre de ce photographe qui est très proche de la psychologie animale. Ces animaux auxquels il voue un énorme respect".

http://phom.fr/jean-francois-spricigo/

Sur Pils, également une nouvelle photo:

Frank Loriou

Frank Loriou

LE LIEN JAMAIS DEFAIT EN PLUS

 

Christophe PIE a créé sa page facebook. Allez, likez! (on peut écouter les titres de l'album Sky Lumina désormais introuvable).

Et découvrez une nouvelle chanson inédite...  un petit air pop, et cette voix qui me touche toujours...

 

A part ça, Matt Low sera en perm à Nantes.http://www.lesonunique.com/content/matt-low-labordage-du-public-nantais-59660

Et les DELANO sont toujours sur tous les ponts... On parle ici (sur tv5 monde) de leur projet avec Jean-Philippe Toussaint (M. nous a déjà parlé de la relation qui lie Alexandre Rochon à cet auteur).

NB: Voilà la première critique du prochain Manset dans le télérama de cette semaine. Valérie a aimé: 4 ffff. L'album est inspiré par Pierre Louÿs.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Morituri

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Publié le 16 Mars 2016

Le Voyage de NOZ, fabriquant de rock, Since 1986.

Ils l'ont montré:

- qu'ils ne sont "pas encore morts" pour reprendre un de mes titres préférés (que j'ai choisi de faire figurer un bon matin, parce que c'était ce matin-là, dans mon top Ten dans le livre "le top 100 des chansons que l'on devrait tous connaitre par coeur" de Baptiste Vignol.

- qu'ils pouvaient remplir le club Transbo après plus de deux ans de silence, après une belle campagne d'affichage dans Lyon, pour rappeler aux habitants que la ville avait encore son "groupe".

- que dans la quarantaine bien installée, il était toujours plus que nécessaire de montrer son cul sur Cheval punk et de faire huer une certaine modernité ("j'empire").

- que leur public connait encore par coeur un grand nombre de titres, et qu'en piochant dans l'ensemble de leur répertoire (7 albums), "rien ne doit disparaitre"... (bon, ok, "sunny".. peut-être...titre pondu à l'arrache dans le premier album).

- que tout en n'oubliant pas les titres les plus marquants (des débuts "chaque nuit", "opéra", "pierrot le fou" à "une nuit sans étoile", "le secret" de Bonne espérance), ils pouvaient faire des choix plus personnels... et peut-être discutables... mais chacun aura ses propres regrets en la matière (ah, j'ai tellement aimé "Bonne espérance"...).

- que, même avec une voix défaillante (que la cortisone n'a pu soigner), ce qui l'a obligé à adapter ses interprétations, à solliciter le public, ou encore se faire soutenir par les chœurs de la nouvelle violoniste punchy, Stéphane Pétrier reste... reste... et le moment où l'on dira "il a encore des beaux restes" n'est pas encore venu. On verra ça pour les 60 ans du groupe. Ah, mais que ça a été dure pour lui de ne pas être à 100% de ses capacités... J'ai pensé au cours de la soirée à un concert sur une péniche (la Marquise?), où il était arrivé en costume du travail, fiévreux... et il avait livré ce soir-là un show énorme...

- que...

- que...

Alors, oui, voilà, les NOZ sont de retour... Ils nous avaient manqués. Beaucoup. Je suis parti en serrant Stéphane Pétrier : "promis, vous n'attendez plus deux ans pour revenir...".

Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
On a rarement vu autant Stéphane aux instruments : guitare (Esther appertine, le secret...) et au piano (près du vide, happy ending...).

On a rarement vu autant Stéphane aux instruments : guitare (Esther appertine, le secret...) et au piano (près du vide, happy ending...).

Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!

Pétrier (extrait de la dernière interview): "Ou en concerts : on a toujours aimé les plans mise en scène, il y a une époque on faisait des trucs de dingos, mais on ne fait plus parce que le moindre truc, ça coûte des ronds. Quand tu fais 1000 personnes, ça va, quand tu fais 500, ça devient compliqué, et tu ne peux pas prendre ce risque- là". Voici donc en photos le petit plan de mise en scène auquel on a eu droit hier... sur "j'empire".

Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!
Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!

Quand à l'affiche du soir, qui m'évoque forcement celle de Morituri... c'est un pure hasard (elle a été faite avant). L'idée des Noz était d'évoquer le précédent concert au transbo (exit part one) où des poissons rouges étaient offerts au public durant le concert.

Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!

Que dire de plus? J'ai frissonné au premier titre "attache-moi", puis sur les titres de "Bonne espérance"... eu parfois un peu du mal avec certaines titres revisités (mais j'apprécie toujours l'effort), regretté forcement un peu l'absence de la guitare de Manu Perrin... mais apprécié la présence de la nouvelle violoniste qui, malgré son cv, était parfaitement enthousiaste, la maitrise d'Aldo à la batterie (... la longue intro d'"une nuit sans étoile")... et voilà, hier soir, j'avais juste 20 ans.

une première vidéo dispo sur fb (avec le public qui chante...)

Merci beaucoup.

Le Voyage de Noz: ils l'ont montré!

Le Voyage de Noz sur le blog:

 

Interview Stéphane Pétrier de2011

Chronique de bonne espérance

Chronique de concert en 2011 (kao) et un autre (avec vidéos, St-Just)

Dernière interview en Février dernier avec Mathis et Sly Apollinaire (qui vient de donner de ses nouvelles : ci-dessous)

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Rédigé par Pierrot

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Publié le 15 Mars 2016

Le clip de FRENCH LYNX

Exclusivité mondiale décrochée de haute lutte par... France inter: le clip du premier single de MORITURI, uniquement visible via le Facebook de la radio :

http://www.franceinter.fr/depeche-exclu-le-nouveau-clip-de-jean-murat

Je ne peux le visionner pour l'instant... mais ça a l'air très beau!

Ps: n'oubliez pas de lire les deux articles précédents sur Eryk e. et l'interview de Laurent Saligault!

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Rédigé par Pierrot

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Publié le 15 Mars 2016

Eryk e., l'album est sorti.
  • Voilà l'album d'Eryk e. est sorti hier! Il est donc possible de découvrir l'intégralité de l'album sur les différentes plateformes et acheter l'album "seize" en numérique, dont les 3 chansons écrites par Jean-Louis Murat.

Nous vous donnions l'information de cette nouvelle collaboration de Jean-Louis Murat en exclusivité en février dernier, puis M. nous avait permis d'en savoir plus sur Eryk e. dans une très bel entretien. On ne va pas tout récapituler... alors allez lire les articles, bande de retardataires... d'autant plus que pour ce 3e article, nous vous avons gardé de l'inédit! En effet, nous ne voulions pas éventer le contenu du disque avant que vous ne puissiez l'écouter! Oui, le spoiler, comme on dit maintenant...

Résumé des épisodes précédents:

- "Il y a 3 ans environ que Jean-Louis lui-même, après que je lui ai fait écouter 2 ou 3 trucs à la maison, m'a un jour dit "il faut que tu enregistres un album, et moi je peux t'aider si tu en as envie". [...] Une fois mon livre sorti en septembre 2014, Jean-Louis m'a dit "maintenant tu n'as plus de prétexte!", et alors je me suis pleinement investi dans l'écriture ». En août/septembre 2015, ils se sont retrouvés dans le studio de… Denis Clavaizolle, qui a pris les manettes, fait quelques claviers. Guillaume Bongiraud, Julien Quinet des Delano Orchestra sont venus… A la section rythmique : Stéphane Mikaelian, ranchero, et Clément Peyronnet, multi-instrumentiste et musicien pro, a pris la contrebasse. Une choriste à la voix surprenante intervient également sur quelques titres : Gaëlle Cotte.

- Dans un univers essentiellement piano, qui évoquera Barbara et Sheller, "Un bouquet de mélodies qui ne demandent qu'à être fredonnées, des approches originales dans le traitement de certains sujets, une tessiture vocale feutrée en harmonie avec la production, une seconde voix étonnante qui déterritorialise les morceaux, des contrastes subtils (entre texte et mélodie ou à l'intérieur d'un même texte), l'ombre d'un Murat qui plane avec ses tourments essentiels" (M.)

 

Voici un petit tour dans l'album:

- Le premier titre écrit par Murat est "Morte saison".

"Que fais-tu mon corps en morte saison ? Que fais tu ma vie en morte saison ?". Bergheaud est adepte du procédé, mais la concision du titre le rend efficace: 1 minute 45.

- "mes nuits" offrent un peu de guitare (signé Murat) mais toujours en second plan, un titre un rien enlevé, où apparait pour la première fois les improvisations de Gaëlle Cotte.

- "Jeune face" est le 2e titre signé Murat qui m'évoque Ferré de "20 ans" et "avec le temps", avec le violoncelle de Guillaume toujours superbe (très belle partie orchestrale pour terminer).

« puis jeune face un jour s’en va »

- "Bleu" est assez symbolique de la "tension" que souhaitait donner Eryk e. En effet, Gaëlle improvise des chants douloureux, assez slaves, au dessus de celle très rapide d'Eryk e.,   un sentiment d'urgence.

- Et voici "les lieux"... le plus beau texte de Murat... et le plus personnel. Cette ballade parisienne pourrait apparaitre surprenante –pour Murat- (rue des blanc-manteaux, place des abesses) : «Sans toi, tous ces lieux sont à désespérer »... mais il s'agit bien du quartier que Jean-Louis a fréquenté. La preuve (avec cette fameuse rencontre avec Guillaume Depardieu qui appelle Murat "le Polnareff des Abesses"):

 

Murat évoque beaucoup de choses assez sordides.

Les parties de violoncelle de Guillaume sont superbes. Eryk e. dit en avoir encore "la chair de poule".

 

- "Ma terre" est d'une grande limpidité, simplicité (qui se termine avec un joli sifflement).. avec l'appui d'une belle trompette. On pense à Le Forestier et une petite fugue...

 

- Voilà "Seize":

"Les chansons, ça a été avant la médecine. Après, pendant la médecine, il n'y a pas eu grand-chose, j'ai écrit 2-3 trucs et le dernier texte que j'ai écrit et qui m'a vraiment plu, je l'ai mis dans l'album. Donc ce texte, il date de 87-88, c'est sur une chanson qui s'appelle "16", qui est le titre de l'album et c'est une chanson sur la guerre de 14. Je me souviens, j'étais en train de bosser et puis à un moment donné, je fais un petit break… […] Et j'ai écrit ça, en fait, parce que mon père m'a beaucoup parlé de la guerre de 14, guerre qu'évidemment il n'a pas connu, mais qui l'a beaucoup marqué historiquement et j'aime beaucoup une chanson de Le Forestier qui s'appelle "Les lettres" qui est un échange de lettres entre un homme et une femme, un homme qui est parti à la guerre de 14 et la femme qui est restée à la ferme. C'est une chanson que j'adore et donc entre tout ça, ça m'avait beaucoup marqué, et j'ai eu envie d'écrire quelque chose - enfin c'est venu, d'ailleurs, c'est pas que j'ai eu envie, c'est que c'est venu… Et puis j'ai écrit deux petits couplets de quatre vers et j'ai essayé un peu à ce moment-là et puis dans les années qui ont suivi de les mettre en musique et ce n'est jamais venu. Et je l'ai ressorti dans l'hiver dernier, 2015, quand j'ai écrit les sept chansons, j'ai repris ce texte-là que j'ai désarticulé et que j'ai agencé d'une manière différente, avec la musique qui est dans l'album."

La musique est très réussie, avec un air, bien que martial (tambour, pipeau sur la fin), qui n'en rajoute pas dans la tragédie; au contraire, qui annonce des lendemains meilleurs. Très réussi.


- "Le bouquet" sonne plus dramatique, avec un piano dépouillé... "il en a fallu de peu que je tranche tes jolis mains"... Petit bruitage électro léger qui ne me semblait pas indispensable.

 

- "Les maisons closes" "qui est un texte que j'ai écrit dans un contexte complètement iconoclaste, puisque ce texte, contrairement au titre et à ce qu'il peut faire penser, ça ne parle pas des bocsons, mais… je l'ai écrit en pensant aux tombes, aux tombes des cimetières, en particulier celles qu'on trouve en Auvergne, qui ressemblent à des petites maisons et les maisons closes pour moi, c'était ça. Et au fur et à mesure de l'écriture de ce texte est venu spontanément le lien qu'il y a entre la vie et la mort, qui est quelque chose qui est assez obsédant en médecine, ce parallèle simultané et permanent entre la vie et la mort, maintenir la vie, l'améliorer et puis la mort qui est là, qui de toute façon nous rattrape. Et "Les maisons closes", c'était tous ces gens qui ont vécu, qui sont dans leurs petites maisons, toutes fermées et qui ont leur histoire, et qui sont là et qui veillent les uns sur les autres, et qui sont tout nus et qui se sont aimés, et qui ne vivent plus…. Ils n'ont de contact avec l'extérieur que peut-être la racine qui peut s'insinuer dans la petite maison, avec la fleur… Pour moi c'était ça et en fait, durant l'écriture, le parallèle immédiat évidemment entre la vie et la mort, le plaisir et la douleur, et les maisons closes vraiment, ce parallèle qui est une simultanéité de la vie de tous les jours, de tout vivant entre la douleur et le plaisir, la vie et la mort et en fait, on est vraiment dans cette dichotomie entre la vie et la mort et cette simultanéité de l'existence vivante et de l'existence à venir… Je l'ai écrit dans un contexte très particulier, puisque j'étais en vacances en Indonésie chez des amis et avec le décalage horaire, j'avais du mal à dormir et j'étais dans cette maison ouverte sur tout, c'était pas très loin de l'océan Indien, donc on entendait le bruit des vagues et je passais une partie de la nuit réveillé, dans cette partie ouverte de la maison, à penser, à bouquiner et puis le texte est venu et il est venu là-bas avec les images des tombes du cimetière d'Egliseneuve d'Entraigues où sont enterrés une partie des gens de ma famille… Et je voyais cette tombe-là et c'était une petite maison close."

- Le dernier titre est "épanadiplose", terme que les spectateurs du film "PROFS" connaissent... mais cela n'a aucun rapport avec l'inspiration d'Eryk e.
"J'ai peint un petit peu à un moment donné, mais de façon tout à fait modeste. Par contre j'ai un ami, dont j'adore littéralement la peinture, qui est clermontois, qui bosse beaucoup, il s'appelle Claude Legrand, qui fait des belles expos, dont j'ai peut-être une trentaine de toiles ou dessins chez moi, j'aime beaucoup ce qu'il fait… […] En fait, à côté de mon piano, y a 3-4 tableaux de lui, y en a un qui montre une maison dans la forêt, que j'avais directement en vision quand je suis venu au piano, et j'ai écrit en regardant ce tableau… avec l'idée de rentrer dans le tableau… […] Un violoncelliste qui s'appelle Yo-Yo Ma a publié des DVD où il joue les suites de Bach. J'en ai 3 sur les 6 et notamment celui où ils ont intégré son image dans des reconstructions 3D d'eaux-fortes du Moyen-Age, où on le voit dans une espèce de prison absolument fantasmagorique. Il est au bord d'une sorte de précipice, avec des colonnes effondrées, ça date du Moyen-Age, à la fois c'est très romantique, c'est très bizarre, et ils ont réussi par des technologies numériques à l’intégrer là-dedans, mais surtout à transformer l'eau-forte en vision 3D, donc la caméra se balade au milieu de ça et il est vraiment au sein du tableau, au sein du dessin et c'est fantastique".  http://www.claudelegrand.fr/    Le fameux tableau d'Eryk e. figurait sur le site, mais a été retiré depuis.

 

Eryk e. est un "job à côté", selon l'expression de Murat, et quel job... si prenant, ce qui rend les aventures artistiques encore plus compliquées... mais c'est ancré en lui, et maintenant qu'il est lancé, il ne s'arrêtera pas, toujours avec le soutien de Murat. Et on ne peut que l'encourager à notre tour car pour un premier album, malgré les influences évidentes, il y a un vrai parti pris, un univers, peut-être un peu suranné... mais qui justement fait du bien, au milieu des univers électro toc et bling bling. 

Eryk e. sera en concert au caveau de la Michodière à Clermont le 19/04.  après une première prestation en première partie de  Babx et Cascadeur en février.

 

Rappel: L'interview d'Eryk e.

http://www.surjeanlouismurat.com/2016/02/eryk-e-nouveau-coup-de-coeur-coup-de-pouce-de-murat.html

site officiel : https://www.facebook.com/Eryke-661722910636414/

LE LIEN EN PLUS

 

Et voilà qu'on a des nouvelles de FRED JIMENEZ! Le bassiste et compositeur d'"a bird on a poire" n'était plus apparu aux côtés de Johnny Vacances pour le dernier album. On sait peut-être pourquoi:  il lance une campagne de crowfounding pour sortir un disque... avec un petit mot très gentil de son camarade Bertrand Burgalat sur le site de tricatel.

"Il y a près de 20 ans, Fred Jimenez envoyait une démo au 52 rue Richer, siège de Tricatel à l’époque. Une pop parfaite dans la ligne du Love is All de Roger Glover. Lorsqu’il fallut trouver des accompagnateurs à Michel « pop idol » Houellebecq, Thomas Jamois s’en souvint et suggéra de faire appel à lui. Il débarqua avec sa Squier Japon et ce fut un enchantement : un son parfait, (au médiator il étouffe les cordes avec la paume de sa main, sans recourir à une éponge comme moi…), une attaque impeccable, l’énergie, l’intelligence, la bonne humeur, bref un parfait Dragon.

Après le premier album de ceux-ci Fred, qui avait déjà passé pas mal d’années en Suisse à écumer les clubs avec Les Needles, n’avait plus envie de repartir à l’arrière d’un camion : comme les croupiers à Nice ou à Luchon il nous présenta son digne successeur, David Forgione, et continua sa vie de musicien avec ses hauts et ses bas, n’hésitant jamais à prêter main-forte aux uns ou aux autres, ou à jouer avec Jean-Louis Murat, pour qui il composera un album. Sa générosité sera récompensée quand Yarol Poupaud, qu’il accompagnait dans des jams désintéressées, l’entraina dans son sillage auprès de Johnny Hallyday. La Squier noire à plaque blanche de Fred a ainsi joué devant son idole Paul McCartney, croisé Brian Wilson, joué avec Brian Setzer, écumé les stades et accumulé assez d’anecdotes et de souvenirs hilarants pour égayer plusieurs tournées en camion.
 
Mais celui que Johnny appelle affectueusement « le Beatles » est également un héritier de Jimmy Page et du Comte de Saint Germain. Féru d’alchimie, il a écrit un album sur ce thème avec un spécialiste de la question, Patrick Burensteinas. Le projet est ici: http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/alchy-me

 Il s’agit de textes alchimiques, écrits en alexandrins, mis en musique et interprétés par Fred.

L’argent ainsi collecté sera transmuté en 12 super chansons (elles sont déjà enregistrées), un bel accomplissement à mettre au crédit de cette discipline".

 

Je me rends du coup sur le site  http://www.kisskissbankbank.com/alchy-me  et je m'interloque, c'est une blague?  il s'agit de mettre en musique des textes d'un certain Patrick Burensteinas, alchimiste, qui parle de reptilien sur radio "ici et maintenant",  le créateur de «La Trame» : une technique thérapeutique vibratoire qui transpose les trois phases du Grand Œuvre sur l’homme, pour déloger la souffrance à tous les niveaux"... entre autres choses (l'explication de la comptine "la souris verte" vaut son pesant de cacaouettes)... Alors, là, je dis bravo la Suisse...  mais rapatriez votre argent en France, ce n'est plus sûr.   (je dis ça même si mon chanteur préféré Manset a peut-être des penchants pour les rose-croix)

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Rédigé par Pierrot

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Publié le 10 Mars 2016

Après la chronique de son disque publiée en octobre dernier, je suis très fier de vous proposer une interview de LAURENT SALIGAULT, tout-à-fait inédite et exclusive: Il s'agit en effet de sa  première! C'est pourquoi, avant de parler de son album, et du fait du peu d'informations disponibles sur lui, j'ai voulu le faire parler de son parcours, son travail avec Mickey Finn, Sébastien Hoog, Merlin, Jeanne Cherhal et Barbara Carlotti notamment et c'est passionnant. Au delà de l'anecdote savoureuse qui aura sa place dans la grande histoire du rock, c'est aussi l'occasion - dans la lignée de l'interview précédente des 3 lyonnais- de parler de la vie de musicien, de la difficulté de faire vivre un disque,(même pour un vrai parisien). Un grand merci à Laurent Saligault de s'être investi dans cet exercice.

Merci de vous pencher attentivement sur ce dialogue puis d'aller découvrir la pop de Laurent sur bandcamp (CD physique disponible pour 10 euros ou en téléchargement).

 

Edit: Laurent Saligault aux 3 Baudets le 25 avril 2016, à 20h.

Laurent Saligault, the first interview.

Bonjour Laurent!

- En sachant que je vous ai découvert sur scène avec Carlotti et Cherhal qui sont deux artistes qui apprécient Murat, je souhaitais savoir si c'est aussi un artiste qui vous plait ou vous intéresse?

 Je ne connais pas ses disques.  Je crois qu’il est très prolifique mais je peux écouter. Quel album me conseillez-vous ?

- Ok !  On ne part donc pas sur l'inter-ViOUS et MURAT classique - Comme quoi, on peut faire de la « française pop »  en ignorant totalement Murat!  Je vous conseille Lilith et Parfum d'acacias au jardin -un dvd-, le Moujik et sa femme,  mais l'album Mustango est souvent celui qui est cité). Parlons-donc de vous…    Je crois que vous êtes autodidacte. Comment en êtes-vous venu à la musique?

- Je suis en effet autodidacte, j’ai commencé assez tard (17 ans). Avant je voulais être footballeur.  J’avais des amis de lycée qui avaient un groupe mais sans bassiste, ni chanteur.  Je ne savais pas jouer de basse et mon expérience du chant se limitait à des imitations sur les vinyles des Beatles dans ma salle à manger.   J’ai trouvé un job dans une poissonnerie pour l’été dans le but de m’acheter une basse et en attendant, un ami m’a prêté une guitare classique pour que j’apprenne des lignes de basse.

J’ai bossé sur le double rouge des Beatles (la compilation des singles) et sur The Cure, mais du coup j’ai appris à jouer de la guitare et tout de suite l’envie m’est venue d’écrire des chansons… En juillet, j’ai acheté ma première basse (une Fender Precision). Dès ce jour, j’ai stoppé le foot et décidé d’être musicien. Premiers concerts de rock (chanté en anglais) à la fête du lycée puis dans les bars, premières maquettes. Ensuite,  j’ai rencontré Seb Hoog (1994) on a fait nos classes ensemble dans les clubs de blues rock, on jouait les Stones, les Beatles, les Who, Bowie, Hendrix….

 

- Avec Sébastien Hoog, une amitié de plus de 30 ans donc, je l'apprends... mais on y reviendra... 

 On se connait avec Seb depuis le 1 octobre 1994, on cherchait un guitariste pour notre Groupe (the Sticky Beets), il travaillait dans un magasin de musique à Pigalle, on s’est tout de suite entendu ! Lui Hendrix, moi les Beatles.

Sébastien derrière Izia (copyright Julien Mignot-Babel)

- Footballeur, vous étiez vraiment sur la voie du professionnalisme ? A quel poste ? (j’ai vu une DRH qui m’a dit que c’était important de donner son poste dans un CV!).

J’étais gardien de but, pas mauvais mais trop petit (1m72) le football changeait à l’aube des années 90 : plus physique. J’étais un gringalet, suite à des blessures j’ai fait 2 matches en Division d’Honneur qui à l’époque était le 5eme niveau en partant d’en haut.  Gardien de but et bassiste c’est pareil ;-))

- A partir de ce moment-là, vous devenez ainsi rapidement musicien professionnel?  Vous jouez avec le fameux Micky Finn (à ne pas confondre avec le batteur de Marc Bolan .comme certains journaux à la mort de ce dernier).   Pouvez-vous nous parler de cette expérience avec ce musicien de Nino Ferrer et d'Higelin et qui disait ne pas aimer les musiciens français? 

Avant de parler de Micky,   il faut passer par la case Alain Gouillard (dit Merlin). Avec Seb nous faisions les bars de rock blues. Un jour,  notre batteur n’était pas dispo pour une date et  il nous a envoyé  Merlin, batteur virtuose, de quinze ans notre ainé, qui avait joué, entre autre, avec Edition spéciale, Océan, HF Thiefaine et Bertignac. Nous l’avons gardé et ça a été le début d’une époque : le groupe Ego (qui existe encore). Ça a été pour nous le premier contact avec un musicien confirmé, reconnu et professionnel. Je dois reconnaitre, qu’en tant que bassiste, je lui dois beaucoup et Seb dirait la même chose…

Micky,  je le connaissais depuis longtemps sur les vinyles de Nino. Un jour, Merlin m’a appelé pour me dire que Micky remontait les Bluemen, son groupe des années soixante, et qu’il l’avait recruté à la batterie en lui laissant le choix du bassiste ! Etant également chanteur, je me suis retrouvé Bassiste/chanteur de Micky Finn and the Bluemen. 

Micky était un grand, on apprenait juste en l’écoutant jouer…  je veux bien en parler mais il faut un chapitre juste pour ça !

   pochette Higelin à Mogador3 pages sur Mickey dans un livre sur Nino Ferrer

- Mais vous avez donc fait partie du même groupe que Jimmy Page!...  C'est impératif de s'attarder d'autant que j'aime beaucoup l'histoire du rock à travers des personnages, et  mettre en lumière sur le blog certains "oubliés"!   Comme à chaque fois que j'ai une question sur les années 70, j'ai interrogé MICHEL ZACHA... Voici ce qu'il m'a dit: "Micky, Je l'ai connu en 68 à St-Trop  [il était effectivement animateur d'une boite là-bas]. Très cool… très discret et extrêmement doux, disponible et gentil".    Dans une interview accordée en 1991 aux «Inrockuptibles » (n° 30), Nino Ferrer évoque son Micky avec une fin magnifique: « Il avait joué avec tout le monde, les Pretty Things, les Stones, les Small Faces, Electric Banana... Avec lui ça a été une grande aventure, il m'a beaucoup marqué. Nous sommes restés amis, je l'aime très très fort. Il m'a beaucoup apporté, c'est un frère (…) C'est le genre de type qui me téléphone bourré d'un bar d' Hambourg à six heures du matin pour me dire qu'il pense à nous et qu'il nous aime. Un vrai bohémien, un gitan... Il pourrait être aujourd'hui le guitariste des Stones, mais il est trop destroy. Il n'a pas de maison, pas de fric, pas de vêtements. Si tu travailles avec lui tu dois lui prêter ta guitare, ton ampli... Il explose ton ampli, fout ta voiture dans le fossé, vide ton frigidaire, met le feu à ta maison. Quel mec génial ! ».    Est-ce qu'il s'était un peu assagi à l'époque?

Pas vraiment assagi non !   Tout ce que dit Nino est vrai, je l’ai vérifié de 1999 à 2006, nous avons fait un paquet de concerts la plupart dans des bars, mais aussi chez les bikers…

C’est la personne la plus attachante que je n’ai jamais rencontrée, très doux, guitariste mais aussi auteur-compositeur extraordinaire,  vraiment très drôle et hyper R’n’R. Bien sûr, il buvait une quantité d’alcool impressionnante, vivait chez des potes ou des maitresses, taxait des guitares… Il lui arrivait toujours des trucs incroyables. Sans exagérer, j’ai au moins une vingtaine d’anecdotes incroyables et drôles…  Mais il faut surtout retenir de lui son « son », cette main droite incisive très British et ses chansons… 

 

- Sans en faire un chapitre, ah, svp, contez nous au moins une de ces anecdotes  à ranger dans la grande histoire du rock and roll  (on l'y rangera à côté de l'histoire de la  bouteille de J.Daniels que sa fille a fait circuler durant la cérémonie d'enterrement).

Nous jouions à Orbec, au Bar de la Mairie je crois et Micky avait mal aux dents,  du coup il était d’une sobriété rare, même boire était pour lui peu agréable. Après la balance, je suis allé à la pharmacie lui acheter du Synthol puis j’ai vaqué à mes occupations.

Au repas du soir, avant le concert,  Micky me dit : « yeah Lolo c’est super ton truc ! Ca marche drôlement bien ».   On commence le concert. Il avait posé sur son ampli une pinte de blonde, un petit verre de whisky et la bouteille de Synthol à moitié vide. C’était un de ces début de concert où il jouait super (pour trois concerts, il y en avait un énorme, un moyen où ça restait encore très bien et un vraiment catastrophique). Je me souviens qu’après la 2eme chanson,  je le vois se diriger vers son ampli, prendre la bouteille de Synthol et la finir cul sec ! Ensuite,  il attrape le verre de whisky, le vide dans sa pinte et en boit une bonne moitié !

Merlin heureusement avait tout vu ! Lui et moi avons passé le 3eme morceau en larmes, mort de rire, à ne pouvoir plus respirer et encore moins chanter. Micky m’a confirmé ensuite qu’il avait  bien tout bu (la première moitié dans l’après-midi). Le concert, ce soir-là, fut excellent car Micky du coup avait commencé à boire tard ou alors le Synthol en boisson a des vertus inconnues… Reste à savoir s’il savait qu’il s’agissait juste de bains de bouche ? Je pense que oui (malgré son air ingénu quand je lui ai dit… après) mais qu’il a eu envie d’essayer quelque chose, que ça marcherait mieux comme ça…

(en fin d'article, une vidéo avec Micky, Merlin et Laurent).

1999 : Enregistrement de l'album "Black hole" de Mickey Finn and the blue men avec Micky Finn (Guitares et chant), Merlin à la batterie et Laurent Saligault à la basse + 4 titres "go clean" en 2002.

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- Et  c'est un peu une surprise (on vous connait plus dans l'environnement pop de Cherhal et Carlotti) que de vous découvrir bluesman à bikers!!  C'était une musique dans laquelle vous vous épanouissiez?  Dans la vidéo, vous parlez aussi d'un concert avec Luther Allison (le genre de souvenir peut-être assez unique, et qui a tendance à devenir "légendaire" - petit clin d'œil au  pote de Murat Christophe Pie, batteur des Delano Orchestra, qui a joué avec Chuck Berry...)?

En fait, j’ai fait mes armes dans ce milieu (Seb également) et même dans le milieu chanson/pop,  je pense avoir une image plutôt R’n’R, Barbara l’est aussi dans son genre, la basse/batterie/guitare d’"histoire(s) de J" aussi…

J’ai fait une quantité énorme de clubs et bars  avec Sticky beets, Ego et Micky, peut-être 500…. J’ai chanté la voix reprise dans un ampli de guitare dans toutes sortes de lieux (y compris chez un vendeur de pneus) et notamment aux Puces de St-Ouen (où j’ai rencontré Luther Alison, Merlin, Micky et tant d’autres)… D’ailleurs, nous y avons joué avec Seb et Merlin le 14 février (Brasserie Biron).

 

- Ego est le groupe que vous avez avec Merlin et Sébastien, aviez? (répertoire Who, Led Zeppelin, Beatles ai-je lu).     Quant au Stinky Beets, pouvez-vous nous en dire plus?  (le nom a été repris par d'autres)

Ego existe toujours mais il tourne au ralenti. Par contre, quand on joue, c’est du lourd : Power trio!

Pour les Sticky Beets (betteraves collantes), il s’agit de  mon premier groupe formé avec mon pote de collège Jean Serge Karsky (batterie), ensuite nous avons intégré 2 voisins (et amis d’enfance)  de l’immeuble ou j’ai grandi dans le marais : Paolo Lauri (basse) et Eric Kipnis (guitare). Moi, je tenais la guitare rythmique plus pratique pour la composition. Enfin, il y avait  un chanteur new-yorkais Tadzio Koelb. Nous faisions du pop rock en anglais.  Au bout de deux ans,  les autres ont jeté l’éponge.  Nous nous sommes retrouvé Jean Serge et moi, je suis parti à l’armée (et oui) et puis nous avons décidé que je repasserai à la basse et au chant et que nous recruterions un guitariste (Seb Hoog), un pianiste (Ed Schmitt) complètera le line up (1994/95). Aucun disque ne sortira de ces 2 périodes mais j’ai un sac de sport rempli de cassettes 4 pistes. On avait des super chansons…

Ego

Sébastien HOOG, compositeur d'Izia, arrangeur d'"histoire(s) de J." pour Cherhal:  "Un petit mot sur Laurent? Tu peux lui dire que je suis fier d'avoir appris la musique avec lui..."

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- Durant toute cette période-là,  avez-vous travaillé en "studio" avec ces artistes ou d'autres? (repère: Sébastien commence à travailler avec Barbara en 2006, puis pour Daphné et Izia)


Quand j’ai dissous le groupe (Sticky Beets) en 95,  Seb et moi avons commencé à apprendre notre métier  dans les bars parisiens (rencontre avec Merlin),  nous jouions un peu partout : le chat noir, who’s bar, Baryton et tant d’autres…
Moi,  je continuais à vouloir défendre mes chansons (en français maintenant). Quand nous avons monté Ego, l’objectif était d’enregistrer des originaux. Nous avons enregistré un disque de 10 titres (4 Saligault, 4 Merlin, 2 Hoog) qui est sorti en 50 exemplaires (c’est vrai !).  Mais le groupe battait déjà de l’aile : Seb jouait dans un groupe en Angleterre, il commençait à être dans le  bizz (ah ah) : Big Mama puis Barbara alors quand Merlin m’a proposé Micky, j’ai dit "Tant pis ».

Au final,  cette période a duré de 1996 à 2004 environ. Dans mon coin, je continuais à enregistrer chez moi un bon paquet de chansons que je jetais pour en écrire des meilleurs (j’en ai 150).  J’avais fait un quatre titres mais que je n’assumais pas complètement. Je jouais dans pleins de projets annexes  à Micky [Catholic Boys], mais toujours dans les bars et vivait de cachets en cash et du RMI. 

Ego (collection personnelle de Sébastien)

- Comment cela s'est-il enchainé ensuite pour vous?

Seb jouais de la basse avec Barbara Carlotti  (tournée les lys brisées) que je ne connaissais pas et puis,  il a eu Daphné et je l’ai remplacé sur les 6 dernières dates de la tournée. Puis, Barbara a fait « L’idéal »  et je suis reparti deux ans en tournée (2008/2009). Après,  j’ai réalisé un EP pour Vanessa Chassaigne,  puis j’ai rencontré Antoine Leonpaul qui venait de sortir son premier disque et partait en tournée : je l’ai accompagné à la basse et à la guitare avec Stéphane Bellity (Ricky Hollywood) à la Batterie (2010/2011). 

Parallèlement, avec toutes  ces fréquentations,   j’affinais mon style et continuais à « remplacer » mes chansons par des meilleures!  Ensuite,  Barbara sort L’amour l’argent le vent et on repart en tournée en 2012/2013. Là,  ça s’accélère un peu : Jeanne Cherhal me demande de faire la basse pour son projet Amoureuse au 104 (2012) puis d’enregistrer son prochain disque (août 2013) puis de faire la tournée (2014/15). 

Parallèlement, je réalise une signature sonore pour Marionnaud qui va s’avérer lucrative : je m’achète un Magnéto à bandes, des micros, des préamplis,  bref du bon matos, et j’entame en avril 2013 la production de mon premier disque.  En juin de cette même année,  je fais la basse pour le 2eme Disque de Nicolas Comment avec Raphaël Leger à la batterie que j’ai rencontré sur Barbara C.   et qui est le batteur du groupe Tahiti 80.  En ce moment, il produit le disque de Cléa Vincent [vous les accompagnez parfois sur scène] et a  tenu les baguettes sur mon disque.

 

- J'avais un peu imaginé que votre disque était celui d'un  (bébé)requin de studio, ou d'un musicien  qui voulait s'affirmer, et je constate que c'est en fait un projet muri depuis de très nombreuses années par un auteur-compositeur interprète.   Encore quelques questions sur ces collaborations:  je suis forcé de vous faire parler de Barbara et Jeanne, dont j'ai tant parlé sur le blog... et des soirées merveilleuses que vous m'avez fait vivre avec elle (au moins 5 je pense). Que pourriez-nous vous dire sur Barbara?  Un souvenir de concerts ? (vous terminiez à la guitare, avec elle au milieu du public).

Barbara est quelqu’un de super qui se met toujours en danger artistiquement. En plus de son immense talent,  elle est travailleuse, drôle et fidèle. J’ai fait 2 grosses tournées avec elle et d’innombrables projets annexes. Entre ses tournées, elle écrit toujours de nouvelles choses (conférences chantées, spectacles littéraire).  Du coup quand on bosse avec elle, on doit toujours apprendre des nouveaux morceaux !

Le groupe est l’un des plus drôles jamais rencontrés (JP Petit : guitare / Benjamin Esdraffo : claviers / Raphaël Leger : Batterie et choeurs / Jérémie Régner : claviers, percussions et choeurs / Laurent saligault : basse, guitare et choeurs). On a vraiment beaucoup rigolé durant toutes  ces années.

Pour l’anecdote et puisque vous parlez de « bête farouche » (guitare au milieu du public),  voici une histoire qui résume l’esprit qu’il règne dans cette équipe : Barbara se perd entre les sièges du public et capte toute la lumière, j’arrive en 2eme position avec une partie de guitare pas simple à jouer en me faufilant parmi les gens dans les rangées étroites de fauteuils ou dans les allées en escalier, souvent dans la pénombre, ensuite, arrive le reste du groupe, faisant choeurs et percussion. Pendant les 3 minutes que dure la chanson, c’est l’occasion, pour les 4 cancres qui suivent derrière moi, de blagues diverses et loufoques (toujours drôles bien sûr) ! Barbara à ce moment est connectée au public et même aux gens puisqu’elle les touche et qu’ils peuvent la toucher, moi je suis connecté à Barbara pour que la chanson se passe bien et eux, il profite que la maitresse ait le dos tourné pour embêter le 1er de la classe (que je suis à ce moment-là)…

 

Barbara, la grande prêtesse.

Comment je n'ai pas assuré avec Barbara Carlotti  et un 2e compte-rendu de concert

Vidéo en fin d'article d'un set de janvier 2016 (Barbara et Laurent au petit bain, à Paris)

- Ah, ils ont été discrets dans les concerts auxquels j’ai assistés… L’anecdote est amusante en tout cas, car  les musiciens faisaient très sérieux, voire patibulaires… 

Même question pour Jeanne (vous aviez sévèrement remué le théâtre de Fourvière cet été notamment).

Pour Jeanne,  c’est une ambiance finalement assez similaire. Si Jeanne est peut-être un plus sage, l’équipe  n’est pas en reste en matière de  rigolades. Sur scène,  je suis particulièrement connecté avec Jeanne par le fait que nous jouons tous les 2 des lignes de Basse (elle au piano). Nous avons quelques passages duo (l’oreille coupée, j’ai faim, noxolo, femme debout) où nous jouons juste tous les deux et où la connexion est indispensable. Jeanne entend tout ce qui se passe, c’est une excellente musicienne doublée d’une talentueuse compositrice. Les deux barbus qui avec moi forment le trio « hacking band » sont des sérieux également, Seb qui est mon frère musical, et Eric Piffeteau (Little Rabbit) qui est un de mes batteurs préférés (super son et laid back). Les bons soirs,  quand la machine est huilée, il y a les chansons délicates et charismatiques de Jeanne avec derrière elle une fantastique locomotive électrique.

- Est-ce que ces participations marquantes  (je rappelle que Seb Hoog a réalisé Histoire(s) de J,) ont fait évoluer votre propre travail? 

En termes de méthode certainement (j’entends l’organisation, les réseaux, etc…).  Il est également certain que l’écriture de Barbara et des autres (je pense aussi à Antoine Leonpaul) m’a influencé à force de fréquentation. Avec Seb les influences sont miroirs. Je n’ai jamais été complaisant avec mes chansons, j’ai toujours voulu progresser et j’ai énormément écrit, enregistré, composé. Je suis un laborieux et j’aime ça.

- Ces concerts avaient certains éléments de mise en scène, de scénographie (qui ne vous impliquait pas énormément certes), comment vous sentez-vous avec cela?  Le côté "comédie" de la scène? Et le côté "très cadré" d'un set? (Murat revendique de ne jamais jouer un morceau de la même façon).

Je viens de la pop musique, donc a priori c’n’est pas trop mon truc, tout au moins pour mon projet. En tant qu’accompagnateur,  je n’ai rien contre au contraire (Barbara le fait beaucoup). Ca peut être drôle même quand je vais voir un concert d’un artiste que j’aime, j’aime bien qu’il enchaine les chansons et qu'il les joue bien. Parler 2 heures entre les titres, une fois par concert pour le lien avec le public je comprends mais parfois la tchatche masque le talent, Mick jagger laisse rarement passer une minute entre deux chansons et j’aime ça … Après,  je ne suis pas un extrémiste et quand c’est bien fait, je le reconnais. 

En résumé en tant que musicien,  le côté comédie c’est souvent cool (ça fait des pauses, ça donne du rythme au show…),  en tant qu’auditeur ou interprète je préfère un truc plus rock.

- Petite précision pour mieux connaitre la vie de musicien:   toutes ces rencontres se sont faites petit à petit, de contact en contact? Ou bien avez-vous tout de même un agent, avez-fait des essais pour décrocher des engagements?   Est-ce que c'est d'avoir pu assurer votre intermittence dans les années récentes qui vous permet de concrétiser ce projet solo?  
 

Petit à petit, de contact en contact sans chercher à "faire du réseau" (ce que font beaucoup d’entre nous) et je n’ai jamais eu d’agent. Il faut sortir, trainer, s’intéresser aux autres projets, ne pas hésiter à dire : «  j’aimerais jouer avec toi », et s’activer sur les réseaux sociaux. Après, si on a  une bonne gueule/look, qu’on travaille vite (mon cas), qu’on a de l’humour, qu’on est sérieux et surtout qu’on est bon, alors c’est plus facile…

 

- J'ai découvert avant hier Antoine Léonpaul. Vous êtes arrivé dans son parcours après son premier album, mais vous travaillez maintenant plus étroitement avec lui. Pouvez-vous nous en parler? Ce nouvel album est-il encore signé chez Because?

J’ai rencontré Antoine en 2010, il venait de sortir son premier album, il cherchait un musicien polyvalent pour l’accompagner (basse, guitare et choeurs). On s’est tout de suite bien entendu et on a finalement intégré un batteur (Stephane  Bellity) que je connaissais. On a fait une vingtaine de concerts.   On est devenu amis : même génération, même quartier d’enfance, même goût pour le matos vintage et la production à domicile et puis Nino Ferrer, William Sheller…

A la fin de la tournée,  on a commencé à enregistrer chez lui ses nouvelles chansons, j’ai fait quasiment toutes les guitares et basses, c’est un bon songwriter. Le nouvel album n’est pas encore sorti et je ne sais pas dans quel cadre il sortira. Il travaille aussi sur des tournages, il a réalisé mon clip (Ma Vieille Honda), il est également auteur (pour Michel Muller).

au Printemps de Bourges. Bertrand VACARISAS / PURECHARTS.FR


- Encore un dernier mot sur une autre collaboration passée ou future, Vanessa Chassaigne peut-être?

Avec Vanessa, on a écrit une petite dizaine de chansons, je l’ai rencontrée alors qu’elle cherchait un bassiste, j’ai emmené avec moi Raphael Leger et on a joué en trio. Vanessa organise depuis 2009 un petit festival  dans une ferme marine près de Sète (Août). Depuis 2010, je les ai tous fait ! C’est un lieu paradisiaque et au fil des années la programmation s’étoffe. J’y ai rencontré et accompagné Antoine (trois fois), joué avec mes chansons (4 fois), accompagné Mehdi Zannad (2 fois), Nicolas Comment,  Vanessa bien sûr (chaque année), Barbara Carlotti en duo (2015). Pour compléter la liste de ceux qui y ont joué : Rover, JP Nataf, Mathieu Bogaert, Laetitia Shérif, Ricky Hollywood, Luce, Batist (qui joue la guitare dans mon Trio), The Rodéo, O, Wilfried etc.

En 2011, j’ai produit un cinq titres chez moi, des chansons qu’elle avait écrites avec Jay Alenski (compositeur de Lio). Je ne travaille avec elle que très rarement aujourd’hui (faute de temps).


* Medhi Zannad (Fugu, qui a droit à son article dans « la française pop » de Conte. La Féline, récemment interviewée, en a été aussi.

la photo de couverture sur fb de la page de Vanessa

Festival "sur le sable" à Vic La Gardiole.

 

- Passons enfin  à votre disque...  Vous nous avez dit que vous aviez un gros stock de titres, est-ce que vous avez  eu un fil directeur pour en choisir  8?

Non. J’ai pris les 8 qui me paraissaient les plus aboutis. En fait, je compose en maquettant (pour l’écriture des textes,  c’est toujours quelque chose de chaotique et sans méthode de travail). Depuis une dizaine d’année,  j’ai trois dossiers sur mon mac : « bloc note »  qui sont les idées jetées en vrac ou des musiques sans texte ou une phrase de départ,  « honneur » qui sont les chansons terminées mais que je ne considère pas assez fortes, des chansons de travail ou des exercices de style. Et enfin « premium » qui sont les chansons les plus excitantes souvent les récentes pas encore désenchantées par le temps. Les chansons vont de l’un à l’autre selon mon humeur, mes goûts ou l’avis d’un ami.

Pour illustrer mon propos, je prépare en ce moment la production de mon prochain disque, j’ai écrit une nouvelle chanson, les 8 autres viennent  du bloc note et la dernière est une rescapée de « honneur » ayant retrouvé grâce à mes yeux.

Pour répondre à votre question, plus qu’au fil conducteur, je pense à la variété des titres sur un même disque (up tempo, ballade, morceau bizarre, morceau long ou court et si possible tube ;-).   J’ai grandi à l’école Beatles qui pouvait mettre sur un même disque Eleonor Rigby, Yellow Submarine et Tomorrow Never Knows (Revolver).

 

- Mon idée en  posant cette question du fil directeur était d'aborder cette dictature du "storytelling" pour exister médiatiquement et dans les labels (Burgalat expliquait qu'il ne sortait pas un disque prêt parce qu'il n'avait rien de particulier à en dire). Qu'en pensez-vous?

C’est sûr que d’un point de vue bizness c’est toujours mieux d’avoir une histoire à mettre en avant, même si c’est souvent indigeste d’entendre toujours la même histoire dans toute les émissions où un chanteur passe faire sa promo.

J’aime assez l’idée de faire un disque parce qu’on a des chansons, point. Après,  il y a le conceptuel (par exemple faire un disque tout seul, ou sur un vieux magnéto, ou ceux qui partent écrire et enregistrer dans un pays lointain, ou ceux qui font un disque après une rupture ou une naissance ou encore sur un seul thème, etc.),  je pense y venir un jour mais un premier disque c’est souvent une présentation donc pas besoin d’en dire plus.  Je peux parler de chaque chanson (comment, quand et où m’est venue l’idée, ou comment, où et avec qui je l’ai produit) mais je n’ai pas grand-chose à dire en général sur ce disque, si ce n’est que je suis content de l’avoir accouché (et produit) moi-même, que j’en suis content car je pense qu’il vieillira bien et que j’ai hâte de faire le suivant.

 

- Du coup,  est-ce que vous avez eu des contacts avec des labels? Ou avez-vous eu une stratégie un peu différente (Pain Noir était sorti en digital avec microcultures, ce qui lui a ensuite permis de signer)?  la question m'intéresse parce que je suis quand même étonné que ça ne trouve pas preneur... 

Là vous touchez le point sensible ! Car si j’accompagne sur scène et en studio des artistes confirmés et surtout signés, que je fréquente leurs labels, tourneurs éditeurs et autres managers, il n’est pas évident pour moi (et pour tant de mes collègues chanteurs) de se mettre en avant vis à vis d’eux, c’est à dire, se mettre dans la lumière et dire : je chante, j’écris, je compose etc. Je n’ai pas encore assez confiance en moi pour « y aller » complètement. Evidemment, j’ai démarché à gauche à droite (j’ai quand même donné plus de 200 disques),  avec quelques résultats (surtout des concerts) mais si on n’est pas un bulldog (ce qui est mon cas), c’est plus difficile.  Je ne suis pas du genre à harceler un directeur artistique tous les jours pour qu’il me signe. J’ai été quelque peu refroidi quand j’ai distribué mon disque autour de moi (j’entends les gens du bizz qui me connaissent en tant que bassiste) par le nombre  « super Lolo,  je te fais un retour honnête, je te dis ce que j’en pense" et qui ne m’ont jamais répondu.

Du coup, ma stratégie  c’est : avoir de la visibilité sur internet et surtout faire des concerts (clubs, petites salles,  pour rencontrer d’autres personnes susceptibles d’aimer ma musique). Pour le prochain, je vais travailler différemment, c’est à dire démarcher les pros avec mes maquettes, et si rien ne se passe je le produirais moi-même comme pour le premier.

- ... Je vous prends au mot...  Pourriez-vous nous parler de 3 de vos chansons?  Libre à vous d'en dire ce que vous souhaitez...   

Ma Vieille Honda a été écrite en Grèce, sur l’ile d’Amorgos, dans les Cyclades, elle fait partie de ces rares chansons que j’ai composées sans instrument à portée de main.

Ça peut faire cliché ou exagéré mais c’est la stricte vérité,  nous étions avec mon amie sur un ponton près des rochers, un site de baignade idéal, elle son livre, moi mon cahier acheté sur l’ile et je me suis mis en une après-midi à écrire tout un tas de chansons,  quelques mots que je me chantais dans la tête puis j’écrivais sans difficulté l’intégralité du texte. Quand j’ai eu fini la première,  je suis descendu dans l’eau 5 minutes  puis remonté écrire la suivante, et ainsi de suite jusqu’à l’heure de partir boire une Mythos, quand le soleil passe au-dessus des collines. Le lendemain, nous sommes revenus nous baigner dans ce lieu et j’ai repris mon travail presque comme un rituel, c’était devenu un jeu¸ je m’interdisais de me baigner tant que je n’avais pas fini la chanson en cours (il faisait 30°). Ce deuxième jour, je me souviens avoir écrit une chanson appelée « sur les rochers » m’être baigné et être ressorti de l’eau avec cette phrase « j’aimerais tant être un autre que tu n’connaitrais pas pour retenter ma chance avec toi, comme si tu n’m’avais jamais vu »,  le tout avec la mélodie ! Je me suis assis et j’ai tout écrit d’un trait, l’idée de la honda était provisoire,  presque pour boucher un trou, puis le soir en relisant, je me suis dit :  « ben non c’est cool la honda, ça fait route, romantique, un peu loser » (dans l’histoire il s’agit d’une voiture et non d’une moto).  Le problème était de me souvenir de la mélodie (je n’écris pas la musique), je l’ai évidemment perdu le soir en allant manger etc.  Mais le lendemain matin elle est revenue définitivement dans ma tête.

En rentrant à Paris,  j’ai commencé à enregistrer des maquettes de la chanson dans tous les sens  (j’en ai 5 versions). Elle fut le déclencheur de mon projet de disque, chronologiquement c’est la 3eme plus ancienne, mais j’avais enfin ma chanson référence résumant mon identité musicale et ce que je suis. Durant ces mêmes vacances,  j’ai écrit le texte de Blue Star ferry.

Carton est une autre chanson importante pour ma construction. Elle est la deuxième plus ancienne (la plus vieille étant Fatigué). Elle date de l’époque où j’avais vraiment du mal à finir une chanson, je faisais écouter mes démos à mes amis et je sentais bien que ce n’était pas encore ça ! Je me souviens, j’étais à Lyon après un concert avec je ne sais plus qui, et j’ai fait écouter cette minute de démo que j’avais enregistré peu de temps auparavant, il y avait un petit orgue, une basse, un tambourin et ma voix suraigu qui chantait la mélodie avec des « tadadas », il y avait un couplet et un refrain pas plus. Une personne que je ne connaissais pas a dit  «  c’est joli ça ! ».

Rentré chez moi, j’ai ouvert le Bloc note¸ extirpé le dossier appelé « aigu bizarre »,  j’ai copié collé 3 fois le couplet/refrain,  ouvert une piste voix, chanté la première phrase :  « j’ai tous les bonbons, tous les moutons, tous les garçons »,  c’était une voix inédite pour moi, je me suis pris au jeu,  j’écrivais un phrase sur un bout de papier et je l’enregistrais. Au final, j’ai eu ce texte bizarre avec cette voix bizarre. C’était provisoire, en attendant… Je n’ai jamais ni rechanté ni réécrit quoi que ce soit car ces voix/textes sont ceux qui figurent sur le disque ! J’ai tout enregistré autour. Tous les gens à qui je faisais écouter me disait : « elle est super cette voix, tu pourras jamais refaire mieux ».  De plus, sans faire exprès,  j’avais écrit une chanson sur la douleur mentale des gens qui dorment dans la rue sans que ce soit tire larme, moraliste ou je ne sais quoi.

Il n’y a que le final (voix plus grave sur les grosses guitares de Seb Hoog) que j’ai chanté au plus tard 

Civic est la petite dernière de l’album (même si elle joue en premier). En terme de réalisation,  c’est ma préférée. Quand j’ai décidé de me lancer dans la production de mon disque, j’étais en pleine tournée L’amour l’argent le vent avec Barbara et je découvrais le musicien qu’elle avait ajouté à l’équipe pour cette tournée : Jérémie Régner : un grand, auteur compositeur interprète, clavier, percussionniste choriste etc. On s’est toute suite entendu musicalement, la même passion pour McCartney et le matériel vintage.

J’avais bien avancé dans ma sélection de chanson,  j’en avais 7 qui tenait la route et je cherchais ma huitième (je m’étais dit que 8 c’était bien pour un premier). Un jour dans le tour bus,  je lui fais écouter une chanson un peu bizarre car en 7 temps (nous faisions beaucoup ce genre de truc avec Ego)  pour la tester, sauf que j’avais muté (coupé) la voix.

Il écoute au casque et moi je ne sais pas qu’il n’y pas la voix. A la fin, il me dit « super ! c’est bien d’avoir un instru sur un disque ».  Ca a fait tilt, je l’ai enregistré avec Raphael Léger (batterie) sur mon magnéto à bandes la semaine d’après. La basse est le seul instru qui date de la démo.  A partir d’elle, j’ai fait les acoustiques (même session que batterie),  puis un jour que Seb passait à la maison, il m’a fait quelques solos que j’ai montés ensuite, et puis enfin Jérémie est venu enregistrer toute une clique de claviers. Après j’ai rajouté des chœurs et bidouillé avec des bandes de classique qui trainaient dans ma boite de bandes.

- En matière de textes, vous vous disiez besogneux mais vous racontez là une écriture rapide sur un bout de serviettes… Est-ce que vous vous sentez auteur ? est-ce important pour vous de chanter vos propres mots ?  Que pouvez-vous nous dire de votre écriture ?

En fait je dois avoir un complexe social qui me fait dire ça (fils d’ouvrier, petit fils de paysans) mais en vrai je me rends compte que c’est les autres auteurs qui ne parlent pas de leurs difficultés à finir un texte, ou à trouver un thème. Finalement, je ne me sens pas auteur mais j’en suis un ! Je pourrais chanter les mots des autres s’ils sont issus d’une collaboration de travail, par exemple un texte dont j’aurais fait la musique et qu’on aurait peaufiné avec l’auteur dans le cadre d’une séance de travail.

Hormis les 4, 5 titres écrits d’un seul jet, j’aurais plutôt tendance à écrire en chantant sur mes maquettes, en tout cas pour l’idée de départ, après c’est le brainstorming qui commence, je travaille sans jamais être content vraiment, et puis ça vient d’un coup sans prévenir. Dans les textes, je pense être un romantique qui a un peu peur de se prendre au sérieux et qui du coup met toujours une note légère, ou psychédélique, ou drôle soit au sein d’une même chanson, soit d’un groupe de chansons (un disque par exemple  avec une ballade romantique un up tempo avec un texte léger, puis un texte avec un thème plus grave, une drôlerie etc.). Quoiqu’il en soit j’écris pour la chanson, les textes sortis de la musique, ce n’est pas mon truc. En résumé je suis un rockeur qui aime la variété c’est toujours mieux qu’un chanteur de variété qui s’essaye au rock !

- Dans ma chronique,  J'ai parlé des Who à l'écoute de  "blue star ferry"... Est-ce que c'est effectivement une référence que vous aviez en tête pour ce titre?

Vous avez vu juste ! Les Who sont inscrits définitivement dans ma carte d’identité musicale. Avec Seb et Merlin,  on joue une partie de Tommy sur scène (enfin sur les estrades des bars),  plus quelques standards  (substitute, my génération…).

Avec Seb,  on a déchiffré tout ça pendant notre saison comme g.o. musiciens au club med d’Otranto dans les Pouilles(1998). Quand j’aborde un nouveau morceau,  il y a toujours le truc récent entendu qui me donne envie, mais à peine commencé le travail, il y a une lutte entre ma construction musicale et le désir de me surprendre ! Pour Blue star ferry (qui est le nom de la compagnie grecque),  le basse/batterie est très Who je le concède mais c’est sans m’en rendre compte tellement j’ai écouté, joué et chanté ce groupe.

Il en est de même pour les Beatles ("pendant les zones de turbulences » archi LennonMcCartney). Dans la liste de groupes que j’ai en moi, on peut rajouter les Stones,  les Floyd, Dylan, Neil Young, The Cure, ACDC,  Bowie et pour le français, Nino Ferrer, Polnareff, Sheller et tellement d’autres (Mlle Carlotti…).

- Concernant l'instru, j'ai pensé à Florent Marchet, qui en place un  dans tous ses albums, et en profite pour faire des références à des grands compositeurs :Colombier, De Roubaix, Morricone... et c'est amusant d'apprendre que c'était un peu le hasard vous qui vous a orienté là-dessus.  Florent Marchet lui par contre, fait le choix presque d'une "pastille", 1min30, générant une frustration certaine.... mais évitant l'épineuse question "comment mettre une fin à un morceau instrumentale?" Est-ce que c'est une question que vous vous êtes posée?

En fait,  ma principale inspiration pour les instrumentaux, c’est les albums McCartney I (1970) et McCartney II (1980),  disques truffés d’instrumentaux. Mais aussi avec Ego nous en avions 3 ou 4. Mon prochain disque commencera également avec un instru, je trouve ça élégant de ne pas imposer sa voix et ses textes dès le premier titre.

Pour la fin,  j’ai voulu mettre ce petit montage car j’ai toujours aimé bidouiller avec les magnétos à bandes,  il s’agit d’une création à partir d’un truc classique (je ne sais pas quoi),  découpé aux ciseaux et recollé presque aléatoirement (truc piqué au Beatles, qui avaient dû le piquer à je ne sais quel avant-gardiste). Au départ,  ça durait 1mn de plus (ouf). Je pense l’avoir mis là pour dire « ok c’est mon premier disque, je prends des voix sérieuses, chante des trucs mélancoliques, me la pète sur la photo,  mais tout ça n’est pas sérieux, c’est juste pour mon plaisir ».

- La dernière question que m'évoque ce point:  Est-ce que composer une musique de films vous intéresserait?

J’ai fait, en 1991,  une chanson (aucun intérêt) pour le court-métrage d’une amie et après,  quelques tentatives non retenues, mais j’adorerais ça !  Sinon j’ai fait en 2013 cette signature musicale pour Marionnaud qui a financé mon disque.

- Jeanne a dit de son trio de "histoire(s) de J": "ils sont restés bloqués dans les années 70"...   Qu'est-ce que vous en pensez?   Et si vous "rejetez cette affirmation",  est-ce que vous avez d'autres références plus immédiates (en matière de pop, on s'attend à ce que nous cite Daho, Dominique A, Murat, JP Nataf ou les innocents...)?  Vous citiez Sheller, qu’a-t-il de particulier à vos yeux?

C’est vrai que quand on joue ensemble Seb et moi,  on a des réflexes de jeu seventies et Eric n’arrange rien car il joue pareil.

Moi, j’ai commencé la musique dans les années 80 et j’ai aimé pleins de trucs de l’époque : Cure, Depeche mode, Tears for fears etc.  Et puis en français, il y a eu Taxi girls, Ntm, Daho, l’album no comprendo des Rita Mitsouko, et surtout Michael Jackson qui a une influence énorme sur moi,  même si ça ne s’entend pas.

Pour William Sheller, j’aime le citer car il est sous-estimé dans la variété française, grand mélodiste, arrangeur interprète et auteur (tout comme Nino Ferrer mon préféré). 

 - Le côté 70, on peut peut-être le retrouver dans l'utilisation du saxo dans l'album. Etant fan de Supertramp, j'accroche... mais le saxo a une sacré mauvaise image chez certains.  Je n'ai jamais compris pourquoi... Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire (l'utilisation de cet instrument dans la pop et dans votre album)?

Ah oui, j’ai oublié Supertramp, j’adore ! Sur Fatigué, j’ai utilisé le procédé utilisé sur Hide in your shell (crime of the century), c’est-à-dire le saxo qui reprend à la fin la mélodie de voix.

Mais bizarrement, c’est plutôt les eighties qui m’ont donné envie d’en mettre, le côté kitch, careless whisper de G Michael ou les Bowie années 80 ou encore, je ne sais plus quelle chanson de Dire Straight sur Brother In Arms.   Pour le son, j’aime bien le saxo qui joue sur 2/3 titres de l’album « Band on the run » et aussi sur « Pendullum » des Creedence. 

Pour revenir à mon disque, au départ ça ne devait être que sur « Reste » et puis j’ai trouvé qu'il manquait une envolée finale sur « Fatigué »…  Il y a beaucoup de snobisme chez les auditeurs de musique surtout s’ils sont musiciens !!  Moi non plus je ne comprends pas pourquoi ! C’est la même chose pour l’harmonica ou le djembé. Dans les années 1990/2000, il y avait plein de groupe qui mettait du ukulélé partout, c’était hyper branché, maintenant c’est total ringard, c’est comme ça. Par contre, si vous mettez Ram On de McCartney (joué au ukulélé) dans une soirée, vous êtes « super in ».

- Vous parliez  de Taxi girl, est-ce que vous y avez pensé sur "vie de chien" ?

Pas directement. J’avais déjà 3 chansons (fatigué, Carton et la Honda) et j’étais décidé à faire un disque. Nous étions fin 2011, et je me souviens que Vanessa m’avait dit « tu devrais essayer de faire quelque chose de "plus moderne, plus électro" ce qui m’avait un peu vexé et surtout, j’avais trouvé ça bête car c’était du suivisme. Il y avait un gros revival  80 à l’époque, avec des groupes qui pompaient Taxi Girl, Ellie et Jacno.

Moi, j’connaissais bien Taxi girl (j’ai 4 grandes soeurs) et j’écoutais ça (indirectement), quand c’est sorti, j’aimais bien ! Une nuit d’insomnie, je quitte mon lit, vais dans mon studio, et tout doucement sans faire de bruit je chante le 1er couplet de Vie de chien  sur un beat électro (le tout au casque). J’y ai passé la nuit, j’avais tout fait en midi avec des instrus virtuels (donc pas de bruit car mon amie dormait 2 pièces à coté) et chuchoté la voix et c’est vrai qu’à ce moment-là, je me suis dit «  tiens,  je peux faire ça aussi ? Mais d’où ça vient ça ? ». Probablement un peu de mes soeurs et de leur taxi girls…

Interview réalisée par mails entre deux couches, trois concerts, un enregistrement d'un 2e album, entre autres choses,  tout cela entre le 10 Janvier et 25 février 2016.

Chronique : http://www.surjeanlouismurat.com/2015/09/grand-saligault.html

Sites officiels:

https://laurentsaligault.bandcamp.com/releases

https://www.facebook.com/laurent.saligault

25 avril 2016, concert aux 3 Baudets!

Retrouvez l'intégralité des interviews du blog (F. Hardy, Erik Arnaud, Bertrand Louis, La Féline... et la toute récente collaboration de JL Murat: Eryk e.) là: http://www.surjeanlouismurat.com/tag/inter-vious%20et%20murat/

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 3 Mars 2016

Et une date... Kolokesque...

Et oui, elle est là.. la petite date du mois de juin, du côté de la rue serge Gainsbourg... Elle est là!

Ca sera donc le samedi 18 juin 2016, Jean-Louis Murat à la coopérative de mai... et je crains que ce soit sans moi... purée de bois...

merci M.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu babel

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