Publié le 15 Novembre 2023

- Bon, Madame Florence, faudrait voir à justifier votre poste, y'a  beaucoup  de monde à la porte, vous savez!   Le job de  bénévole non indemnisé souffre-douleur du blog de Paulo, ça fait rêver!  Et j'ai connu des plumes à barbe nettement plus enclines à faire tout le boulot à ma place!  Alors,  et que ça saute, il y a une soirée coopérative de Mai à Paris, go go...                  - Euh, plait-il  Paulo?              - hein?                           -PAULO!           - .euh.. désolé... Vous sierait-il  de vous rendre à un concert voir le charmant Coco, ça serait super sympa pour vos lecteurs de leur proposer votre avis?

 

 

L’Elysée Montmartre, Le Trianon, La Cigale… Remonter le boulevard Rochechouart, c’est replonger dans tant de souvenirs de concerts, de découvertes et de rencontres - Jean-Louis Murat était au Trianon pour ce qui fut son ultime concert parisien… Tout au bout, alors que Rochechouart est devenu Clichy, presque discrète à un angle de rue, la salle qui évoque des grands noms de la chanson française, qui a vu passer Brel, Brassens, Vian, Gainsbourg, Gréco, celle qui depuis toujours fait émerger des artistes, Les Trois Baudets met ce soir l’Auvergne à l’honneur : en ce jeudi 9 novembre, la Coopé de Clermont y est invitée (c'est le cas une fois par an semble-t-il : Belfour avait joué en 2021). 

Les fauteuils rouges au sous-sol se garniront au fur et à mesure de l’avancée de la soirée, mais même encore un peu clairsemé (20 heures pétantes pour le début, j’ai bien failli être en retard) le public accueille avec enthousiasme Coco Macé. Coco, c’est notre découverte de l’an dernier au week-end “Murat, Yes sir !”, avec sa reprise de “Montagne” toute en sobriété et émotion. Ce soir la formation à trois fait résonner bien joliment ses textes  tour à tour inquiets, tendres, mélancoliques. Il dessine à nouveau la montagne, ses paysages, ses habitants - la sienne, c’est le puy Mary, qui regarde le Sancy par delà le moutonnement du Cézallier. Petit nuage accroché au cou, voix douce et sourire rayonnant même quand l’intranquillité ou une forme de dureté pointe, Coco chante l’intime, des histoires d’amour, sa tendresse pour sa fille, le temps qui passe… et avance vite d’ailleurs en sa compagnie. Déjà sont annoncées les dernières chansons, le set ne dure que 30 minutes et il est temps de céder la place à Argil.


 


 

Ah

Eux aussi sous le nom d’Hiver Pool se sont illustrés par une belle reprise sur l’album Aura aime Murat, une relecture inspirée du “Monde intérieur” (ci-dessous), véritable invitation au départ, à l’envolée.   Anna de Noailles, George Sand, Verlaine, Baudelaire, ce soir ils présentent des mises en musique de poèmes du 19ème et 20ème siècle, autour de la célébration de la nature. La musique, les voix mêlées où domine celle, envoûtante, de Théotime, portent au plus haut le lyrisme des textes, nous enveloppent dans l’atmosphère d’un paysage glacé de Verlaine ou la communion avec le monde de celle qui se rêve arbre… Le set culmine avec “Élévation” de Baudelaire, qui offre à nouveau une longue envolée (Bertrand Louis en propose également une magnifique interprétation sur son disque dédié aux Fleurs du mal).

La salle s’est remplie peu à peu, et la scène se fait plateau de théâtre : on y dispose des fleurs dans des vases, trois livres, parmi lesquels, la poésie étant décidément à l’honneur ce soir, je distingue un recueil de René Char. Les musiciens se préparent, vêtus d’une combinaison noire ornée de dessins. Tout est en place pour l’arrivée de Lémofil (nom qui me laissait dubitative mais suscitait carrément les sarcasmes  de  Pierrot, -vous connaissez son mauvais esprit-, heureusement qu'il n'a pas vu le nuage sur la tête de Coco, les bermudas et le bandeau de pirate sur le jeune chanteur d'Argil...)


 

 

La lumière s’éteint, le bruissement de la salle s’apaise. Arrive un jeune homme avec une valise… et déjà nous voilà saisis, toutes réserves balayées. La langue et le phrasé, le flux de cette parole poétique nous transportent instantanément sur un quai de gare, dans le déchirement et les espoirs d’un départ pour un ailleurs rêvé. La présence scénique, dense, habitée, peu à peu se déploie, capte nos regards, embrasse tout l’espace. Dans le deuxième morceau, chant douloureux de ceux qui sont restés, me vient tout à coup l’image de Jacques Brel (référence revendiquée, je le verrai après), pour son intensité, cette poésie d’un chagrin, d’une rage livrés sans retenue ni prudence. Le début d’un autre morceau, “Jusqu’au bout du monde”, me fera par la suite penser  fugitivement à “Jeff”, sa main tendue à l’ami découragé, qui ouvre chez Lémofil sur des horizons dessinés, l’impulsion à partir ensemble, vite, parce qu’ “il y a la prudence qui nous rattrape en courant”... Dans cette recherche d’expressivité, tout ce qui peut porter les textes, les faire sonner, tout ce qui peut nous faire vibrer est convoqué, sans que rien ne devienne jamais systématique : la scansion du slam, le parler de la poésie, le flow du rap, la chanson, et même des bribes de narration pour faire le lien entre les morceaux, et des musiciens les personnages d’un récit. La belle et riche composition musicale suit, lie, porte le tout. Plus qu’un enchaînement de chansons, c’est un spectacle qui nous est offert, c’est beau et brûlant. La salle transportée se soulève d’ailleurs pour une standing ovation. “C’est la première fois” sourit Lémofil, pas sûr dans un premier temps de pouvoir assurer un rappel, mais qui finit par nous offrir un dernier morceau enragé.

 

 

 

Il serait sans doute très artificiel de chercher une spécificité auvergnate à ces trois groupes aux inspirations bien différentes. Pourtant on a goûté tout au long de la soirée le soin apporté à l’écriture, la présence des poètes, la peinture des paysages et de la nature, une dimension lyrique assumée, et la tension entre le chez soi et l’ailleurs, le départ et le retour rêvé ou accompli. Tout pour combler des fans de Jean-Louis Murat…

Et c’est décidé, dès ce soir je retourne voir Lémofil sur scène (mercredi 15/11)

 

 

- Et bein qu'est-ce qu'on dit ? hein?  merci PAULO!  Mais enfin, y retourner ce soir? Dois-je rappeler ce que Murat disait de Brel?  hein?     euh, ok...  

 

Coco Macé:  instagram  soundcloud

Site officiel:  ARGIL

Lémofil :   facebook  instagram

 

LE LIEN EN PLUS

On a vu ARGIL invité de France 3,  il y a peu c'était les amis du Voyage de NOZ avec Stéphane Pétrier qui avait eu droit à l'invitation:

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Rédigé par Florence

Publié dans #divers- liens-autres

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Publié le 13 Novembre 2023

J'ai déjà dû vous transmettre des photos de cet endroit... Un de mes coins favoris... et quand on peut profiter d'une fenêtre de soleil au milieu de cette pluie, cela fait du bien. J'espère que ça vous fera le même effet.

De cette crête du sud-Bugey dans l'Ain -pas loin du lieu de la renaissance du ramequin-,  la vue s'étend de la Haute-Savoie (Chablais - abondance-, Mont-Blanc et Aravis - reblochon), Savoie (Vanoise - bleu de termignon-, Bauges -Tome-...), Isère (Chartreuse -galet-, Grandes Rousses, Taillefer...),  Drôme (Vercors - bleu de sassenage- Saint-Marcellin), Ardèche (Cevennes -picodon-), Rhône (Monts du Beaujolais -persillé-), et la Loire (Pilat -rigotte)... tous les départements de l'ancienne Rhône-Alpes... avant qu'on soit obligé de faire de l'humanitaire avec les auvergnats et leur apprendre à faire du fromage...   (pour reprendre une vanne- inversée- chère à Jean-Louis Murat-)

 

 

Clichés n°61 : Ain Automne
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chemin du renard:

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Les montagnes:

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Hier, un peu plus loin (avant-pays savoyard), au dessus du Rhône:

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #montagne - rando et photos

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Publié le 6 Novembre 2023

Cette semaine, en deux jours (vendredi et samedi), deux jeux télé de France TV ont interrogé les candidats sur Jean-Louis Murat... et ce n'est pas brillant. Dans "tout le monde a son mot qui à sa place à prendre" ou un truc dans ce genre, les candidats ne trouvent pas, même si Olivier Minne reprend plusieurs fois "chanteur auvergnat"... et dans "questions pour attendre le Journal régional",  il faut attendre la toute fin pour qu'un candidat glane un malheureux point. 

Les deux émissions  n'ont pas la même production (Nagui et Freemantle) et il s'agit donc d'un hasard.

Voici les extraits (son faible): 

Pas d'erreur dans les énoncés, comme en mars dernier, sur TF1.  La question était : qui a chanté "la maladie d'amour"? avec 4 photos de chanteur dont Murat et Sardou... Il fallait trouver Sardou.... sauf que Jean-Louis a bien-sûr intitulé une de ses chansons ainsi également.  http://www.surjeanlouismurat.com/tf1-12coupsdemidi-jeu-images-chaudefour-neige-2023-03-jeanlouismurat

 

Enfin, voilà... tout ça, tout ça... C'est lundi... 

 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 3 Novembre 2023

Il y a bien longtemps je numérotais les articles nombreux réalisés en piochant dans les vidéos youtube, dailymotion... J'ai abandonné petit à petit en privilégiant souvent mes chers amis du LIEN EN PLUS pour écouler les fonds de tiroir. 

Je me résous -en attendant les actualités 2024 : livres (x et y), documentaire (z?)  et autres rendez-vous  (a, d, d)- de reprendre le concept pour alimenter un peu.  L'équation a beaucoup d'inconnus pour en parler. 

 

1) On commence par la chanson hommage... qui devient un genre en soi... après Fred Signac, Denis des Rues, les Dory4, Alain Klingler ... et en attendant  DC...   c'est Maison9  ("projet musical familial") qui propose ceci: 

 

2) Ici, c'est un autre style... l'hommage en musique... ici électronique:

 

3) Du côté des covers: 

Je ne crois pas - il fut un temps où je me rappelais de tout mais je suis trop vieux désormais-  avoir partagé cette version live d'Adèle Coyo, la participante du disque "aura aime Murat". 

PS: Son disque sort enfin le 17/11, une release party a lieu au Fotomat le 1/12.  https://www.adelecoyo.fr

4) Un petite virée dans les chaines passe forcement par un petit arrêt "archives"... et un voyage dans la télé des années 80, ça ne se refuse pas... enfin, quand on a 3 minutes à perdre. 

L'interview, c'est plus sympa! 

5) Je ne vous ai pas parlé de l'événement par les amis Antonin et Alexia du 26/08 dernier. Il en existe une vidéo avec :   

Ode à Jean Louis Murat (Par Soleil Brun & Alexia Aubert) Valbonne, Le 26 Août 2023 -Foule Romaine - French Lynx - Sentiment nouveau - J'ai fréquente la beauté - Il neige - amour n'est pas querelle - Si je devais manquer de toi - Elle était venue de Californie - Zibeline Tang - L'Au-delà

Voici une salle paroissiale qui est bien utilisée!

Enfin, il a été mis en ligne le concert de Lons Le Saunier...  La voix n'est pas très à mon goût, mais les amateurs d'harmonica pourront assouvir leur plaisir coupable. 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #vieilleries -archives-disques

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Publié le 27 Octobre 2023

J'ai fait l'article précédent très vite fait sans prendre le temps de recherche. Il s'agissait de vous parler d'un concert hommage ce vendredi 27/10 au Café du Palais à Lons Le Saunier.  JLR (merci) me signale des vidéos du projet (même si ce soir il y aura un bassiste en plus).

Comme l'année dernière où j'ai raté d'un jour le concert à Dijon, je suis passé à Lons hier... 

Il y a des enfants un peu turbulents lors de cette captation. Sur le Mont Sans Souci, ça nous rappellera presque Jean-Louis en train de babiller... 

https://www.facebook.com/Sacreblues.harp

Voilà pour ceux qui avait projeté les sources de La Loue, les reculées, et de s'avaler du Mont-Dore d'OR... 

LE LIEN EN PLUS

 

L'archiviste en chef Five-R a modifié le nom d'affichage de sa chaine Dailymotion en "Passion Murat". C'est l'adresse à connaître pour se replonger dans des archives. https://www.dailymotion.com/five-r

Mais il a mis en ligne sur youtube une belle séquence live, l'émission Pollen de 94 avec Foulquier avec un excellent son:

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 25 Octobre 2023

Bonjour 

Je n' en sais pas plus... Mais je vous partage ceci.

Le lien en plus

"De fait, son album La Symphonie des éclairs provoque un éblouissement rare, du même ordre – et ce rapprochement n'engage que l'autrice de ces lignes – que jadis Cheyenne Autumn de Jean-Louis Murat. L'impression de pénétrer dans un univers à nul autre pareil, d'emprunter un passage secret vers des sentiments nouveaux..."

https://www.marieclaire.fr/zaho-de-sagazan-interview-la-symphonie-des-eclairs,1461715.asp

Le lien en plus

Je vous ai parlé du livre de F. Lardreau. libération aussi: 

https://www.liberation.fr/forums/trente-deux-personnalites-par-les-monts-emerveilles-20230911_ZNMPUZOLRBAZHBPUAANYNDE24E/

Le lien en plus 

On a déjà croisé Sinaïve ici. Il cite encore Murat: 

https://www.popnews.com/2023/09/11/sinaive-il-fallait-creer-son-propre-modele/

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 10 Octobre 2023

bonjour,

Je crois que j'ai fait la bise à Stéphane Reynaud l'autre jour à Orcival. Je ne me voyais pas me rapprocher de certains, mais Stéphane, je voulais aller lui témoigner de ma sympathie. Il a toujours été très gentil avec moi, sa timidité est touchante, et il y a notre fraternité montagnarde:  En été 2008, je descendais des Cornettes de bise, montagne du Chablais, dans un sentier alternatif, sous un couvert de végétations, et humide..  voilà que dans une partie bien raide, portant un gros sac à dos en bon papa, surgit un batteur en plein effort... et sa famille. Tout le monde est bien surpris qu'un fan le débusque là! La rencontre est furtive, l'endroit ne se prêtait pas à plus... mais c'était rigolo.

Je ne suis pas le seul qui l'apprécie tant l'article du Dauphiné Libéré paru dimanche a fait plaisir aux fans sur les réseaux sociaux.  J'arrive donc un peu tard, et je vais donc tenter d'apporter mon petit plus.

En attendant, voici donc l'article récent:  https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2023/10/07/l-ex-batteur-de-jean-louis-murat-stephane-reynaud-garde-le-tempo?fbclid=IwAR152S_psgWnnAfW1wpQMWTc08_Z5rnNG2OflATobsN46_41-ygA7slZ6nU

 

« Jean-Louis Murat était l’artiste avec un grand A » : son ex-batteur, Stéphane Reynaud, garde le tempo   Pascal Arvin-Bérod - 07 oct. 2023 
Après avoir accompagné durant 20 ans Jean-Louis Murat, le batteur Stéphane Reynaud est de retour dans le Chablais. S’il parle volontiers de ses souvenirs et son admiration pour le musicien auvergnat, aujourd’hui il participe à des projets et donne des cours de batterie avec son fils.
Après avoir accompagné durant 20 ans Jean-Louis Murat, le batteur Stéphane Reynaud est de retour dans le Chablais. S’il parle volontiers de ses souvenirs et son admiration pour le musicien auvergnat, aujourd’hui il participe à des projets et donne des cours de batterie avec son fils.
Dans cet “atelier du rythme” où il transmet son art avec passion, vingt ans de complicité avec Jean-Louis Murat continuent d’inspirer le batteur Stéphane Reynaud.
Caisses et fûts, pédales et cymbales comme s’il en pleuvait, garnissent cet “atelier du rythme”, aménagé au rez-de-chaussée du domicile de Stéphane Reynaud. La pièce idéale pour un cours de musique. De ceux que dispense le batteur thononais, associé à son fils Léonard dans Guitar drum lab, une petite structure via laquelle père et fils forment à la musique en groupe.
« Une façon, aussi, de m’ancrer », ajoute Stéphane Reynaud. Le Chablais n’a jamais cessé d’être son port d’attache, entre deux enregistrements ou deux tournées aux côtés de Jean-Louis Murat. Deux décennies de fidélité à l’auteur-compositeur-interprète, brutalement disparu le 25 mai dernier. De quoi charrier un flot de souvenirs.
À commencer par Lilith , double album qui fête ses vingt ans. Stéphane Reynaud n’a pas oublié. « Fred Jimenez, un ami bassiste qui jouait avec Jean-Louis, m’appelle pour me dire que ce dernier recherche un batteur. Je dis ok, on me donne rendez-vous au studio. Je n’ai même pas passé d’audition. Nous avons enregistré à Paris puis nous sommes partis en tournée dans la foulée. »
Entre le Chablaisien et l’Auvergnat, le courant passe d’emblée. Une passion commune pour la soul et le rhythm’n’blues des années 50 et 60 a servi d’accélérateur. « Jean-Louis était fin connaisseur. Il s’intéressait aussi au jazz et à la musique classique » souligne, toujours admiratif, le batteur.
Autre dénominateur commun, leur aversion partagée pour un « milieu parisien branché » que ces deux provinciaux attachés à leurs terres ont côtoyé. « J’ai bien essayé de m’installer à Paris mais… je ne suis pas un citadin », reconnaît Stéphane Reynaud. Et d’évoquer le souvenir de la ferme de Jean-Louis Murat, où celui-ci aimait à recevoir ses musiciens.
Au fil d’albums enchaînés à un rythme soutenu, le batteur a appris à composer avec le versant médiatique de son métier. « La télé embellit tellement les choses. Les journalistes à la recherche du buzz chauffaient Jean-Louis. Arrivait toujours ce point de rupture, qui pouvait le faire passer pour quelqu’un de détestable. » La scène est un autre jardin dans lequel chanteur et batteur se sont épanouis. « Grand fan de cyclisme ou de Formule 1, Jean-Louis y voyait une dimension sportive. J’aime cette idée. »
Un rythme soutenu que le Covid a brisé. « Je n’ai pas repris de tournée depuis le deuxième confinement, un peu lassé aussi, il faut dire, d’être souvent sur la route », confie Stéphane Reynaud.
Son activité, quelque peu recentrée géographiquement, se partage désormais entre plusieurs projets, dont celui du trio du pianiste Pascal Wintz. Et, naturellement, dans cet “atelier du rythme” où il déploie une notion qui lui est chère, celle de transmission.
Une pièce emplie de musique, de passion et aussi d’un grand absent, à jamais présent. Jean-Louis Murat, salue avec émotion son batteur, était « l’artiste avec un grand A, avec ce que cela peut comporter d’excès, dans l’exagération comme la gentillesse. »
Bio express : itinéraire d'un batteur
Classique, jazz, rock… On écoute de tout chez les Reynaud. Stéphane, le cadet, découvre la batterie à 11 ans. Il essaye d’autres instruments mais sa décision est prise tandis qu’il accompagne, dans la cave de ses parents, le groupe de son frère. « Une révélation. » Dans les bacs du disquaire Jacques Favrat, il fouine, découvre, s’emballe. Après deux ans de solfège, il opte pour un apprentissage empirique. Puis c’est le temps des groupes de bal, et celui du conservatoire d’Oyonnax, aux côtés d’un professeur féru de jazz. À 16 ans, il tourne en première partie des Inmates. « 16 ans, c’était un peu jeune mais on se crée un réseau. » Avec les Bordelais de Kid Pharaon, il enregistre outre-Manche. De retour dans son fief, alors qu’il dispense ses premiers cours de batterie, l’aventure Murat est sur le point de le happer.
Murat à "Taratata", Johnny à Genève
Outre Murat, Stéphane Reynaud a accompagné en tournée le Suédois Peter von Poehl, avec lequel il a – de même qu’avec Murat- enregistré “Taratata”.
Au sein de son groupe Daddy-O, il a accompagné Johnny Hallyday. « C’était à Genève. Nous avons joué du rock’n’roll des années 50. J’ai été scié ce soir-là par sa voix. »
Beau souvenir également que le tandem Murat-Reynaud, seul sur scène en 2013, lors de la tournée Toboggan.
Autre tandem, celui formé avec son fils Léonard. Leurs cours sont ouverts à tous.

 

En 2011, un article du même genre, où il était aussi question de sa collection de vieilles batteries:  à lire ici

 

Au Koloko 2011 (concert pour ClermAuvergne), je capte la section rythmique que la France et la Suisse de la musique envie à Murat... et dont certains profiteront tout de même (au fil des années, on a parlé à l'occasion: Marc Aymon, L'autre Philippe).

des nouvelles de Stéphane Reynaud... et  des souvenirs avec Stéphane Reynauddes nouvelles de Stéphane Reynaud... et  des souvenirs avec Stéphane Reynaud
des nouvelles de Stéphane Reynaud... et  des souvenirs avec Stéphane Reynaud

- Stéphane Reynaud dans les MANIACS de Genève... qui ont bien bourlingué (notamment aux cotés des Thugs, et des Needles de Fred Jimenez) et réalisé plusieurs albums.  Article ici et une page wikipédia (en allemand), et une chaine youtube

En 2009:

https://www.discogs.com/fr/artist/509098-St%C3%A9phane-Reynaud  (il n'a pas participé au très intéressant disque "égyptien" du groupe... Petit clin d'oeil à un projet non abouti de Murat).

Ensuite, Stéphane jouera notamment avec les KID PHARAONS (pas de rapport avec l'Egypte cette fois). Il portait déjà le gilet mais on le voit faire quelques mouvements chorégraphiques de baguette que l'on n'a peut-être pas vu en accompagnant de Murat!):

 

 

 

 

- Saut dans le temps:  à l'occasion de LILITH  (Batteur magazine N°162)

 

 

 

On termine par la tournée toboggan évoquée dans le premier article, Stéphane et Murat en duo...

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #divers- liens-autres, #2023 après

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Publié le 6 Octobre 2023

bonjour,

Je vous propose de découvrir mon petit travail de la semaine... qui est un très très vieux projet (dès la sortie du disque?). J'ai décidé de m'y mettre enfin  lors d'une montée à Paris pour le concert du Trianon en 2022. Mon matériel étant décevant, je l'ai à nouveau mis de côté... Mais le magnifique enregistrement live de la chanson (sorti de console, merci au talentueux Théophane Bertuit) lors du Week-End Murat, yes sir!,  m'a incité à m'y remettre.  Magnifique interprétation et que dire de la guitare du fameux Fred "Lézard".

Voici donc mon petit clip sur "les lieux" d'Eryk e. , texte de Jean-Louis Murat. (je vous invite à le regarder sur un écran pas trop petit). 

 

 

Voici le live que je vous remets pour écouter le propos préalable d'Eryk e, qui était très ému.

 

Dans la chanson, dite inédite, AMEN OTIS (face B de "par mégarde", dont le titre fait aussi référence à OTIS Redding: on l'entend en introduction chanter son "amen" ):   on retrouvait déjà cette rue des Pyrénées et cet amour déçu en juillet...      Est-ce que le fait d'en avoir fait deux chansons prouve qu'il y a là une histoire vraie? Mystère...  Il n'existe pas en tout cas à Paris de Rue Bondy depuis 1944 (c'est la rue René Boulanger, je vous en parlais dans un article "playlist juillettiste"-mais ne cherchez plus la boutique de produits auvergnats Bergheaud à OTHIS, c'est fermé).

 

AMEN OTIS

 

ralentissez le pas
pour le pire, pour le meilleur
gardez les yeux sur moi
pour le pire, pour le meilleur

amen, amen

j'habitais rue Bondy
vous rue des Pyrénées
quand soudain vers minuit
ce lundi vingt-deux juillet

vous veniez
à l'affection, à la douceur
j'aimais me dévouer
à la religion du bonheur

je vis loin de Paris
et vous où je ne sais
pensez-vous vers minuit
à nous les vingt-deux juillet

quand vous veniez
à l'affection, à la douceur
j'aimais me dévouer
à la religion du bonheur

amen, amen

La version du disque:

 

LIENS EN PLUS DES HABITUES

Habitués du blog:

- Bertrand Dicale qui doit lutter pour ne pas placer du Murat dans chaque chronique... mais pour parler du Pape, il n'y avait pas pléthore de choix.   "le pape musulman":

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/ces-chansons-qui-font-l-actu/le-pape-plus-souvent-drole-que-severe_6051467.html

 

- Olivier Adam a sorti son livre annuel... On n'y retrouve pas Murat a priori cette fois (utilisez la zone recherche du blog pour retrouver les différents articles)... mais il en parle en interview quand on l'interroge sur l'artisanat, "j'adore Jean-Louis Murat"... et de parler "des chansons qui puent la chaise". c'est un peu avant 8 minutes.... avant la diffusion d'un extrait de  "chanter est ma façon d'errer" (que cite encore ADAM ensuite).

https://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/invite-rtl-olivier-adam-ecrire-c-est-revenir-au-monde-et-le-toucher-sans-mettre-de-gants-7900298476

 

LE LIEN EN PLUS QUI ARRIVE DE DIABLE VAUVERT

Emission sur France Culture sur Ferré/Baudelaire... et Murat est convoqué avec Morgane Imbeaud:

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/tour-de-chant/leo-ferre-et-les-poetes-2-charles-baudelaire-9805626

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 2 Octobre 2023

Après la petite ou grande (je n'ai pas décidé encore) déception du Magic spécial, j'ai découvert avec plaisir les 10 pages consacrées à Jean-Louis Murat dans HEXAGONE numéro 29.

Comme de bien entendu, c'est Nicolas Brulebois qui s'y colle. En grand admirateur mais capable d'avoir un regard critique, il livre une analyse plutôt juste, mais toujours personnelle et subjective, et il rend très bien hommage à la spécificité de l'oeuvre de Jean-Louis Murat, dans la chanson française, par sa résolution à ne rien céder au texte sur la musique, à l'inspiration, notamment sexuelle, sa prolixité, son rejet de la chanson réaliste... L'article est poursuivi par un choix de 10 chansons "en forme d'itinéraire bis", une occasion d'évoquer là encore pas mal de choses (ses chansons sociales, ses collaborations...).

Nicolas qui a apprécié le disque aura aime Murat y fait référence deux fois dans le texte, et heureux hasard, on retrouve 3 chanteurs du projet dans les chroniques de ce numéro: Nicolas Paugam, Gontard et Fred Bobin. Il sera certainement question du nouveau disque d'Alain Klingler dans le prochain...

On retrouvera en couverture Lynda Lemay, qui fait l'objet d'un dossier qui rappellera les grandes heures de Chorus.

Aidez la presse musicale en achetant le numéro:    https://hexagone.me/boutique/

Bon, si on doit faire une petite remarque, c'est au moins la 3e fois qu'Hexagone fait plusieurs pages sur JLM, et toujours avec des illustrations (une question de coût, les photos utilisées sont généralement celles faites par le rédacteur en chef), et celle de la photo ci-dessus n'illustre pas si bien le propos en en restant un peu à la caricature. Dommage.

 

LE LIEN EN PLUS

Dans le grand atelier diffusé sur france inter ce week-end, était invitée Marie-Hélène Lafon dont on a justement parlé dans l'article précédent. 

Vincent Josse réconcilié avec Murat a choisi de lui faire écouter "si je devais manquer de toi", on entend subrepticement avant la chanson  l'auteure du Cantal dire son admiration pour le chanteur (un peu avant la 40e minute). Les propos qu'elle tient juste avant sur Cézanne et le "côté pas fini" m'évoque Jean-Louis Murat ("son flou artistique" dit Brulebois dans l'article d'Hexagone avec l'opposition avec Voulzy, Cabrel).

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-atelier/le-grand-atelier-du-dimanche-01-octobre-2023-6117479

Après la chanson, Vincent Josse propose à Lafon d'improviser une suite à la phrase "si je devais manquer de toi", et elle avoue alors être incapable de faire des chansons, elle a essayé sans succès.  Le lien est par contre direct avec Murat ensuite quand elle indique qu'en cours, elle aimerait ne faire que de la lecture à voix haute... Murat aurait aimé, lui qui adorait partager ses coups de coeur à son entourage et à ses musiciens.

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 23 Septembre 2023

Vient de sortir chez Glenat (Hommes et Montagnes), le recueil des portraits réalisés par Fabrice Lardreau dans la revue La Montagne et Alpinisme (essentiellement), le magazine du Club Alpin Français.  Ca se nomme Leurs montagnes, 32 personnalités racontent

Et l'entretien de Jean-Louis Murat de décembre 2013 y est reproduit sur 6 pages.... avec une mention dans l'avant-propos: "J'ai ainsi appris avec tristesse la disparition de trois personnalités marquantes: Axel Kahn, Michel Butor et Jean-Louis Murat. Ces hommes m'ont beaucoup appris [...] Du troisième, j'ai en tête "le col de la Croix-Morand", chanson magique et envoûtante, véritable hymne à la montagne: pour ce monde oublié, de royaume enneigé,  j'éprouve un sentiment profond"*.

L'article original est en ligne sur le blog. Allez le lire et revenez, j'ai des choses à vous dire!

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Pour bouder notre plaisir, on pourra toujours regretter, comme toujours avec ce genre d'ouvrages de compilations (je pense à la Française Pop de Conte/Berberian dont j'avais parlé)  que l'auteur ne remette pas en perspective ou actualise les informations sur les personnalités interviewées. Il faut donc prendre cela comme des archives de presse, et bien prendre note de la date de parution (de 2013 à 2022)... et  pour Murat, se résoudre sur la thématique "montagne", à ce qu'il ne soit pas question de Babel par exemple...  ou que l'erreur classique à l'époque de situer sa naissance à  La Bourboule ne soit pas corrigée.

Je m'interroge aussi sur la phrase "à 17 ans, il se marie et devient père", comme si la décision de se marier n'était pas liée au fait de devenir père. Fabrice indique ensuite que c'est après le divorce, que Jean-Louis commence à vadrouiller... C'est effectivement ce qui a été rapporté souvent, mais c'est en famille que Jean-Louis a débarqué à Paris chez son oncle journaliste Edmond.   Sa cousine marquée par ce souvenir d'enfance me l'a rapporté.

Le tout reste quand même très intéressant, même si l'article, ai-je l'impression, laisse assez peu la parole à Murat par rapport à d'autres interviewés (il a été peu prolixe lors de l'entretien?). On trouvera donc évoqué sa passion pour Messner (Matthieu regrettait de nous quitter sans en avoir fait un article), le plus médiatique et contesté René Desmaison (dont il raconte qu'il le suivait de conférence en conférence, Desmaison était un grand nom des "Conférence du monde"), des personnages comme "Marie Paradis la première femme à avoir gravi le Mont-Blanc en 1808", la période où la moitié des livres qu'il achetait était consacrée à la montagne, l'Himalaya. 

 

* tant pis pour  le sous-texte érotique (que le Muratien à l'esprit mal placé recherchera vainement dans les 32 témoignages).

 

En lisant les autres articles (sans doute à faire petit à petit car le procédé est un peu répétitif, avec une partie biographie systématique), les amateurs de montagne seront amenés à réfléchir à leurs propres sentiments et émotions. Les mots d'Axel Kahn et Boris Cyrulnik  qui racontent comment ils ont pu être saisis par l'émotion à certains endroits, "parfaits", cette rencontre avec le sentiment de "bonheur",  de fréquenter la beauté sont par exemple très beaux. Cela m'évoque fortement les propos de  Murat dans l'émission "A la dérive" (radio nova).  On retrouve avec Belinda Cannone ce même moment de conscience:  "cette totale fusion avec le décor dans lequel on évolue" (Fabrice Lardreau cite Romain Rolland qui a nommé cet instant "sentiment océanique"), et Belinda de raconter les 3 endroits où elle a ressenti cela: "on est en continuité avec tout ce qui nous entoure, les rochers, la montagne, les rivières. Je suis athée, mais cette expérience se rapproche pour moi de la mystique...".  Murat toujours: "maintenant que je suis un grand garçon, et je me rends compte de ça, cette ombre, cette température,  cette couleur, tout, c'est comme si j'étais à l'intérieur de moi. Je pourrais mourir ici, par exemple, je serais entouré ce qui est essentiel" ("à la dérive").  Valentine Goby parle elle "d'expérience radicale d'émerveillement". 

Rapidement, je me suis interrogé en lisant ces pages : mais cette fascination, elle vient aussi de  la peur de la montagne, personne n'en parle... et justement, l'article de Belinda Cannone fait le lien ensuite: "la montagne est le plus à même de procurer ce genre d'expérience [mystique] car de tous les paysages naturels, elle est la seule à susciter ce qu'Edmund Burke appelait le sublime: une beauté tellement énorme qu'elle n'est pas entièrement distincte de l'effroi. En cheminant sur un sentier, un gravissant une paroi, nous gardons en mémoire cette vieille expérience humaine d'un univers qui, jusqu'à ce que les premiers touristes l'apprivoisent,  a longtemps fait peur"  (NDLR: c'est pour ça que je n'aime pas les traileurs dont la pratique pour moi méprise la montagne). Ceci dit, j'imagine que la contemplation de la mer, de l'océan, peut tout autant susciter ce même sentiment.

 

Michel Butor me parle aussi avec la fascination pour la montagne qu'il observait tous les jours et dont il s'inspira pour 35 vues du mont Sadia le soir l'hiver et neuf autres vues du mont Sadia, ou avec la façon dont il parle de ce bout de montagne pourtant un peu banal (1400 mètres) mais qui est son chez lui (massif des Voirons, près de Genève) et dont il n'est jamais "blasé".  Heureux les hommes et Murat qui ont pu connaître ce sentiment? Point d'interrogation car Murat, dans l'émission nommée plus haut, après avoir exprimé un coup de foudre pour Douharesse, et aussi  ce sentiment d'être à l'intérieur de soi,  terminait par : "c'est l'enfer d'être de quelque part, vraiment dans mon for intérieur, je ne me sens pas du tout d'ici". Les contradictions toujours.

 

Les pages sur Luc Bronner donnent envie de lire son livre la montagne blessée sur Chaudun, un village abandonnée du Champsaur. Elles m'ont également ramené à l'univers muratien des chroniques paysannes même si Luc Bronner en journaliste est  libéré de tout regard nostalgique. Il faut dire qu'il évoque par exemple les enfants illégitimes de la ville qu'on laissait en nourrice aux paysans et qui pour beaucoup décédaient assez vite... Les habitants de ce village finirent par vendre leur terre devenue stérile à l'Etat... et partir aux Amériques. (Ps: mince, Samuel, ami géographe de Jean-Louis, celui -là même qui lui a fait lire E. Reclus,  me l'avait déjà recommandé! Il faut que je m'y mette. -c'est acheté!-).

Envie de lire suscitée aussi pour  8 montagnes et Sans jamais atteindre le sommet de Paolo Cognetti, qui est allé vérifier au Tibet dans un long périple s'il existait un seul et unique "peuple des montagnes"...  ce qu'il semble finalement réfuter... On est bien d'accord, entre les Auvergnats et les alpins (plus ou moins tous des Suisses pour Murat), la comparaison est vite faite!  Ah, mince, jusqu'à là, j'étais sérieux...  Claudie Hunzinger, vosgienne, quant à elle, quand on lui demande sa nationalité, dit "je suis de la montagne". 

On retrouve chez les nombreux auteurs interviewés  la relation entre l'écriture, la création et la marche. Par exemple, Céline Minard explique avoir "besoin de marcher pour écrire, de sentir le rythme s'installer, mais aussi la fatigue, libératoire".  Pour Murat, l'exercice physique, distinct de la contemplation,  était nécessaire, mais il ne l'a pas relié me semble-t-il directement à l'écriture (l'artisan travaille dans son atelier).  La fatigue, elle était peut-être plus un échappatoire pour se perdre de vue ou du moins se canaliser. 

Un des grands intérêts du livre est de se dresser une très longue liste de lecture pour aller plus loin : outre les livres des interviewés,  chacun y va de sa référence, des classiques:   Hugo (Le voyage aux alpes), Rousseau, les grands récits de voyage (David-Neel...) en passant par Thoreau, Frison-Roche à des auteurs moins connus : Le mont Analogue de René Daumail, Steve Roger, Ascension de L. Hohl (les choix de Céline Minard) pour n'en citer que quelques uns.

Dans la liste des héros de la montagne cités, elle aussi très fournie (Maurice Baquet par exemple), je retiens le récit impressionnant de Nicolas Philibert sur les films avec Christophe Profit  qui ont marqué ma génération (quelle tension de se retrouver dans une falaise à filmer un homme non assuré avec 700 mètres de vide et qui parfois se retrouve en échec dans un passage et doit faire marche arrière!) 

Au rayon "auvergnat",   Céline Coulon figure dans le livre, et elle évoque le Sancy, sans le relier à Murat, mais la référence est faite par l'auteur : "elle a une affection particulière pour le col de la Croix-Moirand, passage vers ce lieu magique, célébré par Jean-Louis Murat   : «il n'y a quasiment rien là-haut, sauf une auberge toujours où on vient déguster des omelettes qui sont délicieuses. Ca fait partie des endroits mythiques pour moi»".

On retrouvera surtout Marie-Hélène Lafon, l'auteur "du Cantal", fille de paysans, "les derniers indiens" disaient-ils (F. Lardeau  dit :"elle explique avoir grandi dans cette litanie de la fin du monde paysan" ce qui lui a donné ce besoin de transmission: «j'ai eu le sentiment que ce pays lui aussi allait disparaître, s'effondrer que les montagnes allaient littéralement s'écrouler [...], il fallait par conséquent saisir ce monde »).  Elle évoque aussi le sentiment d'insularité (lien avec Vialatte), avec cet isolement : "cet univers austère, au climat rude, dont on dit qu'il ne connaît que deux saisons, l'hiver et le  15 août" et   le regard des gens de la plaine sur les " gabatchs"  ("des gens moins civilisés, un peu braques"),  et notamment l'"humiliation sociale" ressentie aux journées de  ski au Lioran devant les citadins qui se moquent.  Inutile pour vous, chers lecteurs fidèles, d'illustrer le lien évident avec Murat dans tous ses propos...   La fin de l'article en donne encore un supplémentaire :  "l'aspect rugueux des montagnes, son austérité, entretiennent des liens profonds avec la discipline de l'étude et de l'écriture" dit F. Lardreau pour résumer les propos de M.H. Lafon.

Pour conclure, dernier petit clin d’œil (double, voire triple) à Murat,  avec Matthieu Ricard qui cite Cartier-Bresson : " «je ne prends pas de photos, je suis pris par la photo ». Moi, je suis pris par les paysages".

 

 

 

 

LE LIEN EN PLUS

Ouest France, 17/09/23

 

 

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Rédigé par Pierrot

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