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- Poisson du lac : de Genève, le Sirkis amer
A Geneve, Interrogé par le muratien Yann Zitouni, Nikola se plaint toujours du traitement que certains lui infligent... au contraire de Murat, qui aurait aimé Indochine... Cela reste peut-être à démontrer, il a plutôt dit qu'il avait de l'estime pour Sirkis.
Le Matin Dimanche, no. 23741
Cultura, dimanche 24 novembre 2024
Dédié à Jean-Louis Murat
Il est aussi dédié à Jean-Louis Murat, chanteur disparu en mai de la même année et avec lequel Sirkis avait déjà collaboré. « On avait prévu de travailler ensemble sur une nouvelle chanson. » Il se rappelle ce concert collectif organisé en hommage à Murat, auquel il a participé. Il se rappelle aussi la façon dont le magazine « Les Inrockuptibles » a couvert l'événement. « Selon eux, je ne pouvais pas aimer Murat et Murat ne pouvait pas m'aimer. Donc ils ont effacé mon nom, comme si je n'avais pas été là. On a toujours rangé Murat dans une niche, c'était l'artiste d'une intelligentsia. Eh ben, non! Il aimait Mylène Farmer et il aimait Indochine. C'est ça que j'aimais bien chez ce mec-là, il n'avait pas d'œillères. Et il disait beaucoup de choses dont j'appréciais la justesse. »
Murat et Erwin Olaf sont partis, le propre père de Nicola Sirkis s'en est allé il y a trois ans et il a récemment perdu sa belle-mère. Une chanson sur cet album (« Annabel Lee ») salue sa mémoire et, curieusement, c'est une chanson dont le texte est très clair, très direct, alors que Sirkis reconnaît lui-même que son écriture est souvent opaque.
- Plat léger ou pesant selon les estomacs: un morceau de Jaguar, froid (Cold wave).
Varsovie est un groupe de Grenoble formé en 2005, je ne crois pas en avoir jamais entendu parler mais il bénéficie semble-t-il d'un réseau européen underground et punk rock, avec des labels et des salles. Ils jouent ainsi dans toute l'Europe, récemment à Turin... en chantant la plupart du temps en français . On trouve ainsi une chronique du disque sur un site polonais, et leur page fb affiche plus de 5000 likes.
Et ils nous proposent donc la chanson la plus punk du répertoire de Murat... pour rendre hommage à ce morceau de bravoure. C'est repris assez sagement (fidèlement mélodiquement), avec la voix un peu en retrait, mais le final apporte de belles variations, notamment par l'apport de plusieurs guitares me semble-t-il (c'était toujours chouette quand Murat était accompagné de Pie ou d'Alex Delano avec une 2e six-cordes).
Disponible en CD avec cette belle photo de nos montagnes. On trouve aussi une reprise de Joy Division et là encore, choix peu surprenant dans le répertoire de Bashung: "Légère éclaircie", tant ses morceaux peuvent coller à l'univers dark et punk du groupe. Les 5 compositions du disque m'évoquent Noir Désir, notamment par le chant.
Vu que nous garantissons l'origine de nos produits, voici la traçabilité, un petit mot du producteur spécialement pour vous, confirmant l'humilité de la démarche:
Jean-Louis Murat n’a jamais été une influence directe pour Varsovie, mais nous accompagne depuis longtemps, notamment sur la route à travers l’Europe, avec sa capacité à produire des images marquantes, hors des sentiers, et à fixer des saisons mentales particulières. Le lien entre Murat et Varsovie est plus à chercher dans l’atmosphère et l’impact de la langue française dans un style où elle n’est pas la norme. Aussi, plus généralement, pour le côté « périphérique », à différents niveaux.
Personnellement, je l’avais découvert ado, comme beaucoup de gens, via son duo avec Mylène Farmer pour « Regrets », puis j’ai commencé à suivre sa musique, de loin, à partir de l’album « Mustango », surtout les chansons « Nu dans la crevasse » et « Au Mont Sans-Souci ». Le véritable coup de foudre est venu plus tard, avec « Lilith ». À partir de là, j’ai commencé à creuser sa discographie et à attendre ses nouvelles sorties. Bref, selon nous, Murat est l’un des plus grands musiciens français contemporains avec Bashung, Manset et quelques autres.
À la suite de l’enregistrement de notre 5ème album « Pression à froid », nous avons eu l’idée de faire des reprises pour un EP futur. Le disque « Déviation » est finalement sorti le 28 novembre 2024, avec quelques bonus. Nous avons choisi « Les Jours du jaguar », car la chanson nous semblait évidente. Son groove crépusculaire, son texte, son côté déjà quasi post-punk, le défi de chanter « bébé féroce » ou « petite guêpe personnelle »… Nous ne voulions pas nous éloigner de l’originale, mais simplement la jouer à notre manière, de façon un peu plus frontale, à peine moins détachée.
En soi, elle est inutile, dans le sens où elle n’apporte pas grand-chose par rapport à celle de Murat, mais nous tenions à l’intégrer à cette poignée de reprises aux côtés de Bauhaus, Joy Division, Bashung et Siekiera qui nous ont accompagné tout autant ces 20 dernières années, et ce, bien avant d’apprendre sa mort, puisque la décision avait été prise deux mois avant. D’une évidence strictement artistique, c’est devenu une sorte d’hommage accidentel.
Pour l’anecdote, Greg l’avait brièvement croisé à la sortie de l’un de ses concerts, il y a plus d’une dizaine d’années et lui avait donné un de nos albums. « J’écouterai ça dans la bagnole ! » avait-il lancé, avant de partir. Nous n’avons jamais su s’il l’avait écouté ou non, s’il l’avait détesté ou non, pas plus que nous ne saurons ce qu’il aurait pensé de ces « Jours du jaguar » affectueusement défigurés.
Arnault Destal / VARSOVIE
Merci Arnault!
Sucré:
Le reportage de Fr3 est en ligne depuis une semaine, après sa diffusion mercredi (jeudi à la première heure plutôt).
« J'adore son caractère d'ado chiante », nous avait confessé Jean-Louis Murat. On avait alors joué les messagers. « C'est mon côté saturnien ça. On sait que les gens qui sont nés à la culmination ou à la levée de Saturne ont une fixation au stade de l'adolescence ». L'écouter répondre ça un après-midi de mars 2010, allongée sur le canapé de son appartement du XVIe arrondissement parisien, ce n'était pas rien.
L'émission de France 3 est déjà en ligne. On en a parlé avec Richard Beaune ici. Un très joli moment à (re)vivre
plateforme France3 (disponible jusqu'au 28/12!). La diffusion sur les ondes sera le 27/11 (après minuit aux dernières nouvelles).
Je serai heureux d'avoir vos avis en commentaire!
Pour en rester sur cette soirée du 25 mai, on peut voir l'affiche exposée jusqu'au 18/01 au centre camille Claudel à Clermont:
la Montagne
Clermont Ferrand, jeudi 14 novembre 2024
1) Je n'ai pas fait beaucoup de pub à la sortie CD du PARFUM D'ACACIA... après celle en vinyle (épuisé sur la boutique Pias). Et cela n'a pas suscité de chroniques (d'ailleurs, j'ai même oublié de l'acheter en fait). C'est un peu dommage car c'est bien sûr un grand disque.
En première semaine, le CD est quand même apparu dans le top album avec... moins de 300 exemplaires... et a disparu ensuite.
«Avalanche» par Nick Cage ou par Jean-Louis Murat ?
Alexis Bernier
Deux reprises au programme cette semaine, d’après l’original «Avalanche» de Leonard Cohen: Nick Cave and the Bad Seeds et Jean-Louis Murat.
Nick Cave and the Bad Seeds
Deux reprises cette fois, puisque Avalanche est une création de Leonard Cohen dans son troisième album en 1971. La version qu’en donne Nick Cave and the Bad Seeds sur leur premier disque, le très flippant From Her to Eternity, est autrement plus démoniaque que celle du poète yogi canadien. A l’hypnotisant jeu de guitare nue de Cohen, les Bad Seeds, où s’illustrent à l’époque le guitariste «industriel» Blixa Bargeld et le fidèle Mick Harvey aux percussions, opposent un fracas spectral et glaçant que les hurlements funèbres de Nick Cave achèvent de rendre terrifiant. Assagi, Cave en donna plus tard une autre interprétation piano-violon-voix, bien plus fidèle à l’originale. Choisis ton camp, camarade.
Jean-Louis Murat
Amoureusement défendu par ce journal et malheureusement devenu un artiste presque underground à la fin de sa carrière, le montagnard disparu il y a un peu plus d’un an , était un compositeur unique, mais aussi un très grand chanteur. On n’insiste jamais assez sur le niveau vocal de ses interprétations. S’ouvrant sur le souffle du vent et le chant d’un oiseau des volcans qu’il aimait tant, cette version en français fut enregistrée en 1991 pour un magnifique album «tribute» commandité par les Inrocks. A la fois puissante et lasse, l’Avalanche de Murat semble flotter nue dans la brume de l’hiver. Sur cet écrin de nature glacée, la manière dont il fait respirer les mots est totalement déchirante.
3) Interview de Stuart Staples des Tindersticks: Je pensais qu'il connaissait un peu plus Murat (il me semble qu'ils s'étaient rencontrés en coulisse). Par Pierre Andrieu sur concertandco:
Un songwriter français (et auvergnat) disparu en 2023, Jean-Louis Murat, a lui-aussi collaboré avec Claire Denis. Il a aussi travaillé avec des membres des Tindersticks pour ses disques. Connais-tu sa musique et si oui, l'apprécies-tu ?
Je connais un petit peu la musique de Jean-Louis Murat, je ne peux pas dire que j'ai tout écouté mais je me souviens du moment où Dickon (Hinchliffe, nda) bossait avec lui, ça se passait bien. Je sais aussi que Murat habitait dans les montagnes au-dessus de Clermont, mais je n'en sais pas beaucoup plus, j'ai juste écouté quelques-unes des ses chansons.
Murat avait enregistré une version française de "No more affairs", qui était devenu "Plus de liaisons"?
Ah oui, je me souviens.
7) Un point 7 en passant parce que marre de la didacture du chiffre et parce que ce point ne méritait peut-être même pas un lien en plus :
4) On a consacré une chronique au livre d'Armanet il y a quelques temps. Je ne sais pas s'il mérite d'être dans le journal de Claire Chazal, mais en tout cas, c'est Guillaume Durand qui évoque certains propos de Jean-Louis Murat qui sont dans le livre. C'était sur public sénat, 3 muratiens (et je salue bien bas Guillaume qui a parlé de ce modeste au blog à 300 Millions de personnes en 2018 - je n'ai même pas la vidéo, suscitant une... non, rien du tout, mais quand même :
C'est à la 18 minutes (il est encore cité ensuite vers les 20 minutes)... "en d'artagnan, poète absolument formidable" selon Armanet [Grégoire Bouillier parlait de lui en Cyrano la semaine dernière, Murat qui s'est d'ailleurs grimé en ce personnage dans un clip]. Guillaume explique ensuite la ruée vers la musique anglo-saxonne chez les jeunes par le comportement des français pendant la guerre... C'est une analyse un peu audacieuse. Claire Chazal finit l'émission en conseillant la lecture d'une nouvelle revue Aventures dirigée par Y. HAENEL, autre muratien. On a partagé son hommage à Murat paru dans Charlie.
Guillaume en reste à l'important et n'évoque pas la pique sévère à J. PAGE dans l'émission Traffic Music. en 2004 (ça parle d'ailleurs du Parfum d'acacia au jardin, avec B. Molko).
5 si je ne m'abuse) Le nom de Murat ressort cette semaine au côté de Louis Chédid (les échos)... grâce à un nom qui ne me disait rien... Stan Neff.
"il l'a enregistré avec un jeune musicien, Stanislas Neff, avec lequel il s'est immédiatement entendu. Sur le CV de celui-ci, on remarque des collaborations avec Jean-Louis Murat, Camille, Brigitte, Christine and the Queens aussi Lilly Wood & The Pricks - un univers que l'on imaginait à tort bien éloigné du compositeur de succès comme Hold-up [ah oui! ;.)], T'as beau pas être beau, Ainsi soit-il".
6 Et le 6e point, Pierrot se reposa). It's time to lunch surtout.
7) Point Julien DORE
Bon, a priori la critique est plutôt d'accord avec moi sur le disque, même s'il a cartonné en terme de vente.
Sur France Inter: Jean-Louis Murat disait que le but ultime de l'album populaire, c'est quand l'auteur s'efface pour que la chanson appartienne à tout le monde. Julien Doré ajoute : « Comme si elle était désincarnée et qu’elle retrouvait une pulsion de vie, un corps, au travers des souvenirs de ceux qui se la sont appropriés par leur histoire. C'est le moment le plus miraculeux dans une chanson. En tant que chanteur, elle ne vous appartient plus. C’est peut-être dû à l'âme, à la médiatisation, à la célébrité, au succès de l’artiste. On pense souvent que c’est l’auteur de la musique qui mérite le piédestal, or, souvent, c’est la chanson. »
La citation est réelle (figaro 2008) et elle légitime le fait de "reprendre Murat" qui aspirait à être populaire (puisqu'il se disait le "meilleur"!!).
Toujours pas de version en ligne officielle de la reprise et pas d'autres mentions de Murat. Ma vidéo non répertoriée (visible que sur le blog ou en ayant le lien) a été vu 600 fois, c'est énorme. Allez, je mets en public pour voir...
J'ai pu m'organiser pour monter à Paris, même si la Maison de la Poésie a joué un peu avec nos nerfs en ne dévoilant la date du vendredi 15/11 que tardivement... la première date qui est devenue la deuxième, puisque une représentation jeudi a été ajoutée - ne permettant pas néanmoins à tous ceux qui souhaitaient venir de le faire. 160 places, c'est modeste. J'ai ainsi croisé le journaliste Dominique Séverac qui espérait rentrer par exemple.
D'ailleurs, dehors, c'était un peu la cohue dans le passage Molière, puisqu'un immortel vivant chauffait la place du nôtre, l'inacadémique tout aussi vivant d'après ce que nous dira quelques minutes plus tard Grégoire Bouillier. En effet, Dany Laferrière causait de James Baldwin à 19h, un Haïtien en lever de rideau d'un haï des siens (une partie de ses pairs mais je ne veux pas me justifier d'un mauvais jeu de mots)... Et en fait, l'autre frange (qualitative !) est là, bien représentée, sur scène mais aussi dans le public : je parle avec Barbara Carlotti qui m'évoque rapidement l'influence de Murat, ce dernier a aussi sorti CLOU (lui qui en est sorti beaucoup, des clous, d'où les inimitiés sus-évoquées), Barbara cite "Foule romaine" comme sa chanson préférée en story sur instagram le lendemain. L'adjointe de la Mairie de Paris aux anciens combattants est là, mais aucun rapport avec ses fonctions... Enfin, j'espère.
Je retrouve aussi Antonin, l'équipe du Lien défait... et on croise beaucoup de F : F. Vergeade, F. Loriou, F. LO, et la discrète F. du blog de Pierrot qui refuse tout net de se charger du compte-rendu... Ah, c'est dur de trouver du personnel.
Presque plus de personnalités donc qu'au dernier concert parisien de Jean-Louis... Non, ce n'est pas pour faire ma mauvaise tête, non. C'est juste pour parler.
Jolie scène, avec des canapés sur le fond et des tapis, c'est chaleureux.
La soirée débute avec le petit nouveau (dont nos lecteurs fidèles et très attentifs - je ne sais pas s'il y en a - connaissaient déjà l'amour pour Muragostang, l'un de ses trois disques préférés avec un Zappa et un Miles Davis) : l'écrivain Grégoire Bouillier. Exercice un peu difficile de démarrer une telle soirée, d'autant qu'il arrive dans un lourd silence de la salle, qu'il nous fait remarquer... Et il se lance dans une longue intervention, sur un rythme rapide, il a beaucoup à dire, c'est une course, c'est comme ça quand on a décidé de déclarer son amour que l'on avait tu longtemps, CQFD Penny!, faut que ça sorte, même si la pensée va plus vite que les mots qu'on en avale en passant, la sincérité évite toute péroraison pompeuse, et Grégoire de raconter que Murat n'est pas mort, qu'il est là l'accompagnant, qu'il ne peut être ami qu'avec des gens qui aiment également Murat (l'ami Pierre K. disait cela quelques temps auparavant), même dans ses piques de "Cyrano de La Bourboule" (il en cite quelques-unes - j'aime à rappeler moi qu'il a aussi dit du bien des rappeurs et même finalement de PNL mais passons-) pour terminer par un bouquet garni de vers, un cut up Murat très personnel, un best of perso, comme chacun en a un à lui, propre - ou plus sale (Eric Reinhardt fera lui aussi entendre les mots de Murat, dans une lecture émouvante et émue de "Au-dedans de moi" et "Bang Bang" : de la poésie, oui). Comme on le comprend en lisant son dernier livre, Le syndrome de l'Orangerie, chacun aborde une oeuvre avec son vécu, de son enfance comme aux jours précédents, son inconscient... un substrat qui va construire un pathos échappant peut-être à l'auteur - à condition de ne pas avoir la vie intérieure d'un teckel, pour reprendre une expression muratienne citée par Grégoire. Mais me voilà à le singer! C'est que je prends beaucoup de plaisir à lire Le syndrome de l'Orangerie, fasciné que je suis par les artistes, l'inspiration, la flamme -le feu sacré-, la vocation... C'est aussi ce qu'il nous raconte ce soir, et c'est très troublant de voir le narrateur de mon livre de chevet en face de moi, avec tout son aplomb et sa fantaisie (j'aime les deux ensemble).
Un solo de 15 minutes très applaudi, avant que les autres participants le rejoignent sur scène, et y restent : on alterne les solos, les duos, les chansons tous ensemble, mais tout le monde reste sur scène, s'assoit sur les côtés ou derrière, écoute attentivement... Eric Reinhardt contribue même au tambour sur "Nu dans la crevasse", piloté par Jeanne Cherhal qu'il ne quitte pas des yeux tandis qu'elle martèle le rythme à suivre sur sa poitrine. Et finalement Grégoire Bouillier et Eric Reinhardt s'agitent en gogo danseurs sur "Le cri du papillon" au deuxième rappel !
On retrouve beaucoup de titres joués à la soirée du 25 mai à la Coopé : très semblablement "La maladie d'amour" par Jeanne Cherhal, "Le cafard" par Morgane Imbeaud, comme la lecture par Eric Reinhardt, accompagné par Morgane, d'un extrait de son roman Cendrillon. Avec des variations sensibles et bienvenues cependant. Eric Reinhardt introduit sa lecture par le rappel du rôle qu'a joué Taormina dans la composition de son roman, et à une des périodes les plus difficiles de son existence. Il dresse aussi un beau portrait de Jean-Louis, homme et artiste. Florent Marchet a retravaillé l'accompagnement musical du "Monde intérieur", et la chanson prend encore une autre dimension : splendide reprise, suivie de celle de "Fort Alamo", tout aussi enthousiasmante. "Gilet Jaune#4", très dansant en grand orchestre à la Coopé est ici repris plus low fi... par les Red Legs qui nous font la surprise d'une reformation pour l'événement. Les Red legs, c'est la formation avec JP Nataf à la guitare et Jeanne à la basse. Ils sont très drôles tous les deux.
Mais je retiens surtout JP Nataf en solo sur "Le troupeau", une version qui s'éloigne beaucoup de l'original musicalement (plus que la version de Gontard sur Aura Aime Murat qui m'est si chère), qui me fait dire une nouvelle fois oh combien j'aime ce gars et son jeu de guitare. Et également le choix de Morgane Imbeaud de reprendre un titre de Travaux sur la N89, "La vie me va", seule au piano. Très très beau et de quoi peut-être faire réviser à certains leur avis sur cet album.
Je crois que j'ai dit ce qui me tenait à cœur, pour le reste.... ah, oui, c'est en intégralité là: (mais je vous propose de l'inédit ensuite!)
Bravo à Florent Marchet, Jeanne Cherhal, Morgane Imbeaud, JP Nataf, Grégoire et Eric, et Olivier Nuc, chargé de la guitare... et à Arnaud Cathrine, programmateur, pour qui Murat a été si important dans les années 80. Bon c'est peut-être l'occasion de citer quelques extraits que j'ai sous le coude depuis plus de 10 ans pour une interview qui ne s'est pas faite. Arnaud Cathrine :
J’ai eu, disais-je, une vie musicale clandestine, d’autant plus impérieuse pendant les années collège et lycée. Je revois ces garçons férus de Cure qui débarquaient dans la cour les ongles noircis au vernis et les lèvres rouges… Je ne comprenais rien à Cure, pour moi il était entendu que les garçons avaient le droit de pleurer (je n’aurais jamais pensé à aller chercher un quelconque second degré dans une chanson anglaise) et j’avais eu bien assez de leurs soupirs affligés lorsque j’avais brandi le magnifique « Cheyenne Automne » de Murat. « C’est quoi cette voix de tapette ?! » Sans appel. Je repasserai. Et je continuerai à écouter Murat. Je ne suis pas un garçon pop,je crois. Pas pop anglaise, en tout cas. Vous ne m’en voudrez pas ? (Mixte 2008 - disponible sur le site officiel d'Arnaud)
J'écume le répertoire de William Sheller, Véronique Sanson et Jean-Louis Murat. Je bêle dans le dos de mon professeur; je suis univers, je suis "Amoureuse", je suis "Passions privées". "Lorsque je tente de faire entendre la voix de Murat, je constate l'incompréhension crasse que l'Auvergnat aux yeux bleus inspire à mes congénères: sa voix alanguie désarçonne; le féminin qui s'y joue, il faut s'en défendre; quant à cet accent qu'il ne cherche pas le moins du monde à dissimuler, n'en parlons pas. A moi, il indique une voie, celle de la singularité (seul horizon, m'a-t-il toujours semblé). Et puis, il y a de goût pour le français et cette façon d'assumer totalement le sentiment (entre autres); voilà bien ce que je traque en moi-même à l'époque, restant du même coup à la porte des "bandes" qui sont majoritairement occupées non pas par la question du sentiment mais par l'expression brouillonne de la pulsion"
(NRF, de juin 2012, "variétés¨littérature et chanson")
Voilà ce que l’inconscient collectif semble demander à la chanson française. Du divertissement, tout simplement. Et je m’énerve tout seul, encore et toujours. Moi qui considère les textes de Dominique A, de Barbara, de Léo Ferré ou encore de Jean-Louis Murat comme de la pure littérature. Et pourquoi pas ? Moi qui considère que la chanson est un art majeur. Et pourquoi pas ? Mais c’est sans compter le paradis obligatoire et écervelé du divertissement… Sauf que nous parlons à un moment où les maisons de disque ajoutent leur contribution, paniquées Mixte 2009
Une chanson française qui ne va pas forcément aux Victoires de la Musique peut-être parce qu’à l’image du cinéma d’auteur et de la littérature; elle a d’autres ambitions que celle de nous divertir : elle, elle veut nous bouleverser, nous bousculer, nous désarçonner, affronter le pire et le meilleur de nos vies. Elle, elle n’arbore pas ce sourire forcé qu’on a parfois pendant les fêtes où l’on singe la joie comme des épouvantails. Elle n’est pourtant ni sinistre ni ennuyeuse : elle fait juste de l’or avec notre boue, selon la formule du poète. Rappelons-nous : c’est une expérience sacrément remuante de suivre le corbillard de Fernand avec Brel, de sentir le mal de vivre se changer en joie de vivre avec Barbara, d’assister au naufrages nocturnes de Richard avec Ferré, de regarder en face la mécanique terrible des trompettes de la renommée avec Brassens… C’est tout ça que fouillent, avec leur modernité et leur immense talent, Dominique A, Jean-Louis Murat, Florent Marchet, Bertrand Belin, Arman Méliès, Joseph d’Anvers, Valérie Leulliot, Bertrand Betsch, Alain Bashung, Philippe Katerine, Claire Diterzi, Frank Monnet… et Erik Arnaud. Entre autres. C’est ça aussi la chanson française. Une expérience sacrément remuante. Au moins autant que la « fête ». Sauf que ça nous laisse plus vivant. Alors pourquoi d’entre tous ces noms cités y en a-t-il que vous ne connaissez toujours pas ?
Cherchons l’erreur. Chronique écrite pour Envies de voir, TV5, 2007
Il y a de très jolies noms dans cette dernière liste... presque tous des "muratiens"... De quoi imaginer beaucoup d'autres belles soirées hommage... soirées ou week-end... Je dis ça, je dis pas rien, c'est bien l'annonce d'un week-end Murat, yes sir! le 20 et 21 juin, tout pareil, mais pleins de nouveaux participants!
J’ai lu, en duo avec Jeanne Cherhal, et non chanté, parce que Murat était aussi et avant tout un écrivain, un poète, le texte de sa chanson « Bang Bang ».
J’ai aussi lu, accompagné par la voix et les nappes de Morgane Imbeaud, un extrait de mon roman « Cendrillon », le livre qui nous a valu de nous rencontrer, Jean-Louis et moi, à l’automne 2007 et de devenir amis…
J’ai écrit une grande partie de « Cendrillon » en écoutant « Taormina » de façon éperdue, désespérée, comme si je m’étais raccroché à lui et que ma vie en dépendait.
Ma femme avait appris qu’elle était atteinte d’un cancer grave et m’avait fait promettre, comme un pacte entre nous, de terminer mon roman pendant qu’elle se battrait contre la maladie, afin qu’à l’automne, quelques mois plus tard, je le publie, elle soit guérie.
Je n’avais jamais eu autant besoin qu’une force extérieure me secoure, me protège, me donne foi dans la vie et le moment présent, fasse que le temps se dilate et qu’il m’accueille tel un nuage aux cieux — et c’est précisément ce que j’ai trouvé dans « Taormina », qui est la seule musique que j’ai écouté quatre mois durant, y puisant des forces et une ferveur phénoménales. Il y avait une dimension sacrée dans ma fréquentation ritualisée de cet album, ce qu’autorise voire favorise l’art de Jean-Louis Murat, incantatoire, épris d’absolu, d’au-delà, de transcendance.
Qui sait si j’y serais parvenu sans lui, la question pourrait paraître rhétorique mais elle ne l’est pas et c’est précisément, je crois, ce qui lie un grand nombre d’entre nous à sa musique : y trouver la puissance magique et tellurique dont nous avons besoin pour vivre, nous enchanter, nous consoler, endurer nos propres gouffres.
C’est ça, aussi, la musique, dans nos vies, on le sait bien.
Billeterie ouverte, puis fermée (car prise d’assaut?) et finalement rouverte lundi... la soirée du vendredi a été complète rapidement... Rappelons que la jauge de la maison de la poésie est toute petite.
Cet après-midi, nous apprenions qu'une 2e date est programmée le jeudi soir. 14 Novembre. Le site de la Maison de la poésie n'est pas mis à jour, mais l'information est donnée par Florent Marchet et il indique que les billets seront en vente jeudi à 15 heures!
On a parlé de ces soirées du côté de Sunburnsout... et nulle part ailleurs...
2) Un doux chant vient de nous parvenir de Suisse : avec MILLA, dont on avait déjà parlé ici et dont on reparlera! Sa version de "LE MONDE INTERIEUR"
3) Et un peu plus anecdotique mais amusant, mais la Montagne nous apprend qu'il serait question de Murat dans un hymne... non pas national, mais écrit pour le club de rugby de Brives: ... Il semblerait que ce soit plutôt une vanne adressée aux auvergnats...
"Fidèle à sa réputation, Vlad, qui sortira un nouvel album le 11 janvier 2025, a créé un hymne qui ne se prend pas trop au sérieux.
Un exemple de « sa poésie » : « Le Stadium a 100 ans, mais il a toutes ses dents. Même si sur le terrain, il doit en rester plein. » Ou encore : « On a gagné la Coupe d'Europe en fumant des clopes, on va gagner le Brennus, en mangeant des Dragibus » Autre extrait : « Un jour le stade Michelin (l'antre des rugbymen de l'ASM Clermont Auvergne, NDLR) , nous a chanté du [Patrick] Sébastien; c'est sûr on se vengera en chantant du Jean-Louis Murat (chanteur auvergnat, NDLR). »
En tout cas pour l'instant, les auvergnats, ça ne les gêne pas de chanter du Murat! La preuve, le fidèle Sébastien Polloni qui était présent aux 2 week-end Murat, yes sir!
LE LIEN EN PLUS à L'OUEST
samedi 26 octobre 2024 dans Ouest France : Jennifer Charles:
Vous êtes sans doute plus connus en France que dans votre pays, les États-Unis. Vous avez signé plusieurs albums sous des labels français et travaillé avec Jean-Louis Murat. Qu’est-ce qui explique cela selon vous ?
Je suis vraiment reconnaissante que la France nous ait accueillis pendant toutes ces années. Je pense que nous partageons un romantisme, une sensibilité ainsi qu’une juste dose de sérieux et d’humour.
Votre section rythmique est également française avec Matthieu Lopez à la basse et Olivier Pérez à la batterie. Qu’apportent-ils au groupe ?
Ils nous apportent une cohésion naturelle. Ce sont de grands musiciens, généreux et beaux. On a surtout l’impression de faire partie d’une famille et la musique est notre langage universel.
Dominique A le disait dans la vidéo partagée dans l'article précédent, il avait préparé sa reprise du "mont sans-souci" pour une émission radio.
Cela a été diffusé: une version plus aboutie, avec un accompagnement.
Et Dominique A. parle joliment de Jean-Louis, même s'il revient sur les piques qu'il lui a infligés (pas si méchantes) une vraie blessure pour celui qui cherchait la reconnaissance d'un "maître".
Pour inaugurer son Music & Co, Dominique A a décidé de reprendre « Au Mont Sans Souci » du plus auvergnat des chanteurs français, Jean-Louis Murat.
Dominique A a découvert Jean-Louis Murat avec Cheyenne Automne, son deuxième album sorti en 1989 et qui l'a révélé au grand public. C'est un copain de lycée qui lui avait fait découvrir l'artiste auvergnat : « Il a passé le vinyle sur sa chaîne. Je revois encore la scène dans un appartement au 10ᵉ étage d'une tour en banlieue de Nantes, avec toutes ses chansons qui parlaient de nature. »
Avec ce seul disque, Murat est soudainement devenu le référent de celles et ceux de la génération de Dominique A : « Avant, on ne jurait que par la scène indépendante anglo-saxonne. À lui tout seul, Murat nous a vengé du reste de la variété hexagonale. Avec quelques copains musiciens, on parlait de lui sans arrêt, il nous obsédait. Quand j'ai enregistré les chansons de mon premier disque, j'étais clairement sous son influence, même si je l'ai nié à l'époque. »
Dominique a choisi de reprendre Au mont Sans-souci, une chanson sortie sur l'album Mustang en 1999, une comptine immémoriale doublée d'une petite merveille d'écriture classique.
PS: Une autre vidéo du show case chez Gibert est disponible : là et dans l'article précédent.
On peut aussi l'écouter avec Vincent Josse dans "la ballade".
2) Autre histoire compliquée : celle avec Mustang et Jean Felzine que ce dernier nous explique dans Libération d'hier.
Il avait chanté du Murat avec les amis de Belfour récemment (à revoir en fin d'article) et voilà qu'il trouve que ce qu'il connaît de Murat est "magnifique". Pas encore suffisamment pour accepter de venir à un week-end Murat (l'an dernier), mais il m'avait gentiment répondu (lui!).
Merci Pierre M.
Je ne rediffuse pas leurs derniers clips déjà montrés mais bien à propos ce titre : Un petit message que Murat aurait pu signer. L'histoire contrariée, elle est aussi avec la chanson française !
Sur ce thème, petit -gros- clin d'oeil, Erik Arnaud lui a reçu les félicitations et encouragements de Murat, notamment pour:
(Il faut que jeunesse se passe)
Cet article a été rédigé sur mon téléphone sur un lieu de villégiature. Il n'y aura donc pas de lien en plus, mais c'est quand même agréable de passer un moment avec 3 artistes qu'on a envie d'aimer, au contraire d'autres qu'on aime mais qu'on pourrait détester. Enfin, je me comprends...
Ah, revoilà Dominique A sur le blog! Ça faisait longtemps, lui qui nous a permis de l'alimenter souvent (et sans que je parle de ses albums...).
Voici une nouvelle reprise. Il n'est pas indiqué où ce show case avait lieu, mais en tout cas, ça nous amène à la Bourboule ("Au mont Sans-Souci"). Sa "muratisation" (indiqué aux Inrocks en 2020) a l'air d'aller mieux malgré tout car il a décidé de faire du recyclage pour son dernier disque ("quelques lumières" qui revisite d'anciens titres).
Édit: C'était un showcase le samedi 19 octobre chez Gibert Disc Paris
NB: C'est avec cette même chanson que la route du rock à St-Malo où Murat avait ses habitudes qu'un hommage lui a été rendu là-bas. C'est Pierre Andrieu qui nous l'indique : https://www.concertandco.com/critique/concert-la-route-du-rock-slowdive-kae-tempest-the-kills/fort-de-saint-pere-saint-malo/55240.htm"Signalons également un touchant hommage à Jean-Louis Murat, grand fan du festival et auteur de prestations remarquées ici-même, avec la diffusion dans les enceintes de son titre le plus connu, "Au Mont sans-Souci", en version live lors de la tournée Mustango. Un très émouvant extrait du live Muragostang."
Pour en revenir à A, précédemment il y avait eu ça.... (et oui, je sais il en manque un bout... il faudrait que j'en occupe!)
NB: C'est avec cette même chanson que la route du rock à St-Malo où Murat avait ses habitudes qu'un hommage lui a été rendu là-bas. C'est Pierre Andrieu qui nous l'indique : https://www.concertandco.com/critique/concert-la-route-du-rock-slowdive-kae-tempest-the-kills/fort-de-saint-pere-saint-malo/55240.htmSignalons également un touchant hommage à Jean-Louis Murat, grand fan du festival et auteur de prestations remarquées ici-même, avec la diffusion dans les enceintes de son titre le plus connu, "Au Mont sans-Souci", en version live lors de la tournée Mustango. Un très émouvant extrait du live Muragostang.
- Encore un dimanche soir qui ne sera pas le grand soir : UNIVERSAL rachète PIAS (après avoir acquis 49% de la société il y a déjà quelques temps - ça m'avait échappé). La plus grande (?) des Maisons indépendantes qui dispose du catalogue "Jean-Louis Murat" (acheté en partie à Universal me semble-t-il) intègre donc la word compagnie... et l'oeuvre muratienne retourne ainsi dans la maison "Emi-Virgin-Labels..." de ses débuts. Ce n'est pas pour autant la fin de Pias qui devrait poursuivre ses activités... Notamment dans l'immédiat, la sortie en cd du "parfum d'acacias au jardin".
LE LIEN EN PLUS IL NE NOUS RESTE PLUS QU'A CHANTER
édit: après avoir fait cet article en me brossant les dents, d'où l'absence de saillies drolatiques, de commentaires spirituels, je suis allé vaquer à mes occupations secondaires... Mais prenantes... Non sans avoir prévu un billet pour cet événement. Il se trouve que lien ci-dessus a disparu ensuite. Le site ne fait plus apparaître l'événement... Mais il n'y a pas eu de message aux titulaires de billets... Rappelons que c'est un petit lieu qui réunit moins de 200 personnes. Donc, wait and see ! Notons également que les soirées sont souvent filmées.
Je crois qu'il est temps à nouveau, oh, temps à nouveau.... oui, bienvenue sur SURJEANLOUISAUBERT.COM ! Oui, il a de l'actu lui...
-Euh... non... merci! On va en rester à Murat si vous voulez bien.
Bon, ok, alors reprenons... temps à nouveau de reprendre le clavier car me voilà avec quelques actualités dont il faut bien causer, et d'autres dont j'ai envie de causer.
1) Je ne me suis pas précipité pour en parler, ça me replongeait juste dans le passé je crois : Mylène Farmer vient de donner ces jours-ci ses concerts du 30 juin et 1 juillet 2023! Cause ils avaient été annulés en raison d'émeutes. Et le show a donc commencé, comme les autres, par la diffusion du clip de Regrets, en hommage à Jean-Louis. Le Parisien a cette sentence : "On ne change pas un show millimètre qui gagne. À 20h40, il débute toujours avec un bel hommage à Jean-Louis Murat et le clip de leur duo « Regrets »"... C'est donc du win/win... Passons...
Bon, en y réfléchissant un peu, je me dis qu'il y avait peut-être de quoi être ému... Paris, le Stade de France, 240 000 spectateurs, plus de 600 000 spectateurs, les mois qui passent... et c'est peut-être pour ça que je n'ai pas regardé.
C'était donc le 27/28 septembre et le 1/10.
Cela a fait l'objet de mentions dans la presse. "Entre l'hommage émouvant rendu à Jean-Louis Murat" (nostalgie.fr, purepeople et Femina), "Hommage bouleversant à Jean-Louis Murat" (gala), "un hommage à Jean-Louis Murat décédé en mai 2023, avec qui elle avait sorti Regrets en 1991 sur une musique de son producteur historique, Laurent Boutonnat" (les inrocks), "Dans un premier temps, l’interprète de Libertine a tenu à rendre hommage à son ami disparu en mai 2023, Jean-Louis Murat. L’occasion pour elle de diffuser le clip de Regrets, leur inoubliable duo sorti en 1997"(officielles.fr). Et encore : "En 1991, Mylène Farmer donnait la réplique à Jean-Louis Murat dans une chanson restée célèbre, Regrets. Aujourd'hui, plus d'un an après la disparition de celui-ci, elle lui rend un bel hommage en diffusant le clip du titre en préambule de son show" (le figaro), "L'écran diffuse le clip en noir et blanc de Regrets (1997), que Mylène Farmer avait enregistré avec feu Jean-Louis Murat, décédé en mai 2023 (Télérama)
Mylene.net : Diffusion du clip Regrets en hommage à Jean-Louis Murat.
Un hommage diffusé avant chaque concert durant plus d'une année.
On "n'oublie pas". Avant même que ne débute le spectacle, Mylène a rallumé une étoile.
2) De Jean-Louis Murat, il en sera vraiment question sur France 3 Auvergne, le 27 novembre avec la diffusion d'un documentaire filmé à l'occasion de la soirée "Te garder près de nous". On vous l'avait annoncé. Une première date avait été indiquée et finalement changée, et on attend encore l'heure de diffusion. Mais on en reparle très très très vite.... en inter-ViOUS et MURAT-.
Richard Beaune en est le présentateur. Et il y aura du Jérome Caillon dedans.
Petit clin d'oeil avec l'interview dans le JT de R. Beaune cette semaine de Michel Bussi ... qui exprime que pour lui, l'Auvergne, c'est l'eau qui coule... et pour nous, c'est aussi Murat (à relire /elisee-reclus-jeanlouismurat-eau-source-riviere-theme). L'auteur à succès ( et très sympathique) nous annonce également que le Sancy sera de nouveau à l'honneur dans un téléfilm: l'adaptation de son roman qui se déroule en Auvergne a été tourné par TF1 (je croyais en avoir parlé sur le blog pour sa faute de goût de choisir un titre de chanson de JJ Gargamelle sur un livre se déroulant dans le Sancy, mais je ne retrouve pas, c'est peut-être que ça ne m'avait pas enthousiasmé à la lecture... ). C'était un message de touttouttoutsurlesancy.com
3) J'avais un rendez-vous... Rendez-vous avec vous... Bienvenue sur suralainchamfort.com.... Euh, non? Non plus? Pourtant, je suis vraiment très admirateur d'Alain... et j'espère le revoir.... mais passons... Le rendez-vous, il sera avec les photos de Carole Epinette. Au Café Caumartin, 13 rue Caumartin 75009 Paris.
La photographe qui a eu plusieurs sessions chez Jean-Louis Murat y expose ses photos rock (de live) du 5 octobre au 3 janvier 2025. Et au moins une photo de Jean-Louis Murat y est visible....
Pas celle-ci...
4) surerikarnaud.com
C'est un rendez-vous que je ne peux pas honorer, mais le très rare ERIK ARNAUD sera de concert à Paris lors d'un festival organisé par nos amis muratiens de Sunburnsout! Le 16/10 festival Outsiders (avec les amis Gontard, M. Malon et Pauline Drand également).
Et on ne peut pas enlever à Benjamin Berton qu'il nous vend bien son événement ! (prends en de la graine, le minus Pierrot)... Faut dire qu'il a des solides arguments, comme de parler de "AURA AIME MURAT"... mais surtout il peut être fier d'avoir réussi à lui faire accepter cette invitation (même si il semble qu'il a de nouvelles chansons!). Ce n'est pas donné à tout le monde!
Revenons-en à l'ordinaire de l'actualité... en 5 points et quelques sous-parties.
1) INDOCHINE (suite)
Voici un bout de pochette qui indique la dédicace à Jean-Louis Murat sur le dernier album.
Ils ont par ailleurs indiqué sur RTL (après la trentième minute) qu'ils n'étaient pas responsable du titre généré par IA qui aurait été fait par des fans, mais je les trouve un peu mal à l'aise devant Flavie Flament (qui clame son amour pour Jean-Louis, "mon idole absolue"). J'ai un peu pensé au clip "Comme un cow-boy à l'âme fresh" qui a été mis sur un compte bidon, pour éviter sans doute des problèmes de droits sur les images.
J'ai un peu constaté dans les commentaires autour d'Indochine qu'un certain nombre de personnes leur en voulaient de faire trop de politique dans leur disque et d'avoir refusé de jouer à Perpignan. Cela a contribué à me les rendre sympathique... Et cela me permet de rappeler l'engagement de Jean-Louis Murat en faveur du Sous-marin, salle rock de Vitrolles fermée par B. Megret.
2) Une étape
On n'a pas eu énormément d'infos sur les questions posées par la "succession" de Jean-Louis Murat, si ce n'est la volonté de Yann Bergheaud de jouer pleinement son rôle d'ayant-droit (avec les autres enfants). Mais voici un élément qui indique que cela est en train d'avancer, même si c'est un peu triste... moi qui utilisais le terme "Scarlett" pour parler de la petite entreprise muratienne, et de ses quelques acteurs... Donc, voilà : Scarlett s'est fini, au moins pour la partie éditions... La société créée avec Marie Audigier, puis gérée par Laure, a vendu son fond de commerce à une maison d'édition "indépendante", Premier music Group (qui fait néanmoins partie d'un groupe international : Wise).
Pendant ce temps-là, dans la nouvelle et belle maison de Laure, on n'oublie pas Jean-Louis... Voici la 3e version live de Jeanne Cherhal sur "La maladie d'amour" (après celle at-home il y a plus de 10 ans et celle donnée en mai dernier à la Coopé).
3) Petit tour au Québec
Karkwa étaient en France pour quelque dates... et Louis-Jean Cormier s'est rebaptisé "Jean-Louis Murat" au moment de se présenter (à Paris, comme à Orléans).
merci à Antonin pour l'info. Et hop, on en profite pour partager son montage des différentes vidéos sur sa prestation du week-end Murat, yes sir en juin dernier:
4) On reste sur le thème "Murat - influence" :
- Toujours au Québec avec un article sur le duo Gustafson’s : "Il y a quelque chose de très « français » dans cet album, que ce soit dans la manière de chanter d’Adrien Bletton, qui rappelle un peu Jean-Louis Murat, une référence au cinéaste Gaspar Noé ou l’ambiance qui évoque parfois un vieux film de Claude Lelouch" (Vos étincelles).
Et avec deux noms déjà croisés :
- les alsaciens de SINAIVE qui avaient repris "Perce-neige". Gonzai en fait "les dignes héritiers de Phil Spector, de Jean-Louis Murat et de Neu!" et Les Inrocks les décrivent "s'inspirant d'un mélange entre le son de Broadcast et The Telescopes, avec une touche à la Jean-Louis Murat".
- La Suissesse Mila (découvert ici avec une reprise de "L'au delà"). Un article de La Tribune de Genève nous permet de lire le nom de JLM : "Aujourd’hui, la playlist Spotify de Milla confirme que les Beatles ne font plus la loi. Presque exclusivement de la chanson française, Jean-Louis Murat, Alain Souchon, Yves Duteil (!), Delpech et Cabrel..."
5) Collaboration avec l'animal et les animaux
Vous avez lu l'article précédent signé Florence? Ce n'est pas trop tard... Je fais le lien (avec aussi son article sur les animaux) avec l'univers d'un artiste qui a croisé la route de Jean-Louis en réalisant le clip "French lynx" Jean-François Spricigo, "grand nom de la photographie contemporaine"... qui célèbre le vivant.
Ses sujets de prédilection sont la nature et les animaux. Selon le photographe, ils "ont participé à [le] réconcilier" avec l’humain. "Les animaux ont particulièrement participé à m’apaiser face à ce que je percevais comme des injustices, l’évidence de leur présence et leur ancrage spontané m’ont donné accès à une respiration plus sereine" (France info avec une vidéo pour voir les oeuvres)
Exposition Toujours l’aurore – Palais synodal, 135 rue des Déportés et de la Résistance à Sens Jusqu’au 30 septembre – Tous les jours de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h30 – Entrée gratuite
THE LIEN INTER EN PLUS UN RIEN RÉCURENT
Récurrent car on a déjà parlé de la mention de Jean-Louis Murat dans des billets de Tanguy Pastureau... dans lesquels Murat est convoqué pour incarner le spleen absolu. La preuve, cette fois, c'est pour parler de notre premier ministre.
"Lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal, il a été cassant, c’était un octogone verbal, j’ai cru que le petit allait fondre en larmes. J’ai failli ouvrir une cagnotte en ligne, « Des sous pour Gabou », pour qu’Attal puisse acheter une palette de Xanax, parce que c’est ce qu’il faut quand tu croises Barnier. Sur son visage, on lit l’état de la France, ce mec est l’antithèse de David Guetta. Vous le foutez à Ibiza, il mixe tout l’album Mustango de Jean-Louis Murat avec Les Roses blanches de Berthe Sylva, et les clubbers chialent".
Au printemps dernier, en haut de la Puy de la vache, nous avions pour mission de parler de l'ancrage de Jean-Louis Murat avec une journaliste. De cette cogitation est née l'envie chez Florence d'aller plus loin. Son amour pour l'Auvergne est plus ancien que celui pour Murat, mais les deux sont désormais intimement liés. On le devinera aisément à la lecture de ce texte, qui nous permettra de patienter en attendant la thèse universitaire promise sur le sujet.
Photo : V. Jeetoo
Jean-Louis Murat en sa contrée
D’une œuvre aussi ancrée dans un territoire, il est tentant de faire un but de visite, de promenade. Monter à la roche Vendeix, regarder couler la Dordogne, saluer la Dent de la rancune, passer le Col de la Croix-Morand, découvrir la Tuilière et la Sanadoire depuis le puy de l’Ouire, et désormais déposer un bouquet de fleurs des champs sur un portail fermé à Douharesse…
Puy de l’aiguillier
A les écouter chantés, ces lieux nous semblaient familiers, et pourtant, alors que leurs formes s’offrent au regard, on les découvre. Ils étaient un nom, un horizon, un espace ouvert : on avait fait le reste. Pas d’image précise, de tableau à mettre en regard avec la réalité, comme on en trouverait sur les chemins d’Etretat ou de Saint-Rémy de Provence. On en avait rêvé comme on rêve sur une carte. Ils se dévoilent, tout neufs. Mais on les reconnaît. Les lumières, le climat. La façon dont ils sont habités, par les hommes et les bêtes. Le rapport à cette terre, ce ciel grand ouvert, ou enserré dans le brouillard et les nuages.
Et si, comme le dit Julien Gracq, « tout grand paysage est une invitation à le posséder par la marche », très vite le parcours balisé devient flânerie, au gré des chemins de traverse, des perspectives qui s’ouvrent à chaque virage, derrière chaque col, après chaque sommet. Alors arrive la joie de découvrir par hasard d’autres lieux-dits, hameaux, sources dont le nom résonne, d’avoir mis sans le savoir ses pas sur des chemins familiers. De faire connaissance avec un paysage déjà tant de fois arpenté en imagination.
« L’Auvergne, je m’en fous complètement !» avait pourtant lancé Murat, jamais avare de paradoxes et de provocations, et fatigué sans doute de lire les éternelles périphrases l’enfermant dans cette spécificité du chanteur régional. « Le barde auvergnat », « le troubadour arverne »… Nous voilà sur un terrain déjà largement labouré. Au-delà du relevé patient des lieux qui émaillent les chansons, de leur cartographie minutieuse, reste toutefois à essayer d’examiner comment dans cette petite forme de la chanson, Murat dessine tout un monde, comment il rend à ce point sensible son territoire familier, et ce qu’il y a en effet d’injuste ou paresseux à le réduire à l’artiste du terroir, « le chanteur AOC » souriait-il.
Les travaux et les jours
Le paysage auvergnat chez Murat, c’est d’abord celui du quotidien, un territoire façonné par ceux qui y vivent, y travaillent, y aiment. Leurs gestes et leurs préoccupations le dessinent, au rythme du temps et des saisons : dans les chansons de Murat, « il fait grand beau partout on fane », « d’estive rentrent les troupeaux », on soigne le veau dans l’étable, il faut couper les genêts, on s’inquiète du bois pour l’hiver ou du manque d’eau… On va pêcher dans le ruisseau des grands moulins, dormir dans la bruyère, fêter la Saint-Jean, ou regarder le taureau bander. « L’almanach amoureux » égrène de dicton en dicton l’année des paysans, avertit, enjoint, s’exclame : « mieux vaut chien enragé que chaud soleil en janvier », « Si tu veux bien moissonner, voilà l’heure de semer », « Nom de Dieu déjà septembre, fainéants peuvent s’aller pendre »… Cet almanach amoureux, Murat le file dans bien d’autres chansons, où l’amour se vit lui aussi dans la succession des saisons : dans « Sévices amoureux » par exemple : « L’hiver vient contrarier nos jeux Dès novembre et décembre tu retrouves tes collants bleus… L’automne passe la main, mets au chaud le bout de tes seins… Vive le printemps prochain ces jupes libèreront tes reins », ou encore « J’ai fréquenté la beauté », « tout un mois de juillet », et « tout un mois de janvier, Nuit et jour il neigeait autour ». Dans « Pluie d’automne », il promène sa mélancolie « en forêt... peine vaine, bois mort et genêts », dans le souvenir de l’amour passé « jachère brûlée, terre fière, nature de juillet ». L’hiver donne lieu dans plusieurs chansons à des peintures mélancoliques ou inquiètes. « L’Ouire est blanc il a neigé… tous les skieurs sont enchantés… Mais peu me chaut » chante Murat. La sagesse populaire de l’almanach amoureux a beau signaler que « An de neige sera toujours un an de bien », cet hiver interminable est, Murat l’a dit en interview, un des inconvénients « d’être né quelque part, entre Tuilière et Sanadoire ». « Il neige », répète inexorablement la chanson éponyme, qui peint un cadre familier recouvert peu à peu d’un manteau uniforme, comme soumis à une divinité cruelle, enterrant toute vie et refermant tout horizon. Tableau en blanc, noir et rouge, la chanson isole des silhouettes et des ombres inquiétantes, « chasseur accroupi dans la neige, gorge de loup dans la ténèbre », et fait pressentir la violence qui couve dans ce grand ennui de l’hiver : « il n’y a place que pour le silence, au couteau sur ta chair blanche ». Alors, le printemps même devient une perspective fragile et incertaine. « Dis Valentin, est-ce que le printemps revient » s’inquiète « L’almanach amoureux ». Même souhait dans « Le chat noir » : « Que l’espoir laisse au printemps, chanter la grive passer le givre, Que l’espoir laisse au printemps passer la neige en tourbillonnant ».
Chaudefour
Tous mourus
Âpre vie dans ces montagnes, et ce paysage est celui d’un mode de vie qui peu à peu s’efface. Certes, vaille que vaille continue à survivre un rapport ancestral au lieu, au temps, à la terre : à Chamablanc, indifférents à l’avion qui les survole, s’accomplissent encore les gestes anciens, « Cuire la rhubarbe pour le petit, qui a toussé toute la nuit », « soigner le veau de l’enragée ». « Nous avons d’un courage constant maintenu notre vie d’avant » chante Murat dans « Entre Tuilière et Sanadoire ». Pourtant le constat parcourt nombre de chansons : chaque jour amène un suicide (« Tous mourus »), « il faut vendre la terre, il faut vendre les prés », « c’est la fin du village », « méconnus les rires d’enfants (...) dans ce pays qui n’est plus qu’un mouroir ». Cette désaffection se lit dans le paysage, lorsque « faudrait nous couper les genêts » qui gagnent sur les champs et les prés, ou que ne restent que « les ronces », puisque les vieux s’endorment, on n’arpente plus la montagne. Les chansons se font alors lieu de mémoire, où se conserve cette « vie d’avant ». Le film En plein air, tourné dans la chapelle de Roche Charles, s’ouvre sur des phrases en patois, la voix de la grand-mère de Murat. Il explique : « Elle raconte une journée type de sa jeunesse : le fenaison, etc. Ces derniers temps, je remplis des cassettes entières avec ces souvenirs. Avec elle, c’est toute une époque de la paysannerie qui disparaîtra ». Soucieux de conserver des traces de ce temps et de cette langue qui s’effacent, Murat a également enregistré « Le pastrassou dien sa tsabano » (Le berger dans sa cabane »), sur un texte de Joseph Canteloube. Dans Babel, il donne à un des sommets de l’album un titre en patois, « Mujade Ribe », et fait entendre le parler et les préoccupations des paysans de Chamablanc : « Martin vient nous aider demain, Il sera tôt si le temps nous tient... Y a si peu d’heures à ramasser ».
“Le pays premier”
« Dans le pays où je suis né » scande cette chanson. En effet ce territoire est celui de son enfance, les « pays premiers » dit Marie-Hélène Lafon, avec lesquels elle entretient « un rapport nourrissant, charnel, vital ». Dans une passionnante interview croisée avec Jean-Loup Trassard, Murat affirme de son côté : « Le paysage de l'enfance se décalque à l'intérieur, sur l'âme. ». Ilqualifie la vallée du Vendeix, où il a vécu petit, de « berceau », et rappelle – il le dit dans « Montagne » - que sa famille était appelée Bercail. Ses souvenirs irriguent ses chansons, la plupart du temps sous forme d’allusions ou d’images, « Le Mont Sans Souci » étant une des rares exceptions qui le voit céder à la tentation du récit. Murat évoque dans au moins deux chansons le Ciné-Vox de la Bourboule, ou parle dans « Fort Alamo » de « La Belle Ozo », un des poneys qui transportait les enfants des touristes. Les « clarines bleues » de « Chagrin violette » le renvoient à l’enfant malheureux qui s’enivrait de leur chant. Le temps se retourne, les chagrins resurgissent, et avec eux des voix du passé : le petit garçon qui vivait auprès des vaches, qui demande « Dois-je donner aux bêtes » et réclame « Garde-moi la peau du lait », mais aussi des phrases en patois dans « Mujade ribe » et « Le voleur de rhubarbe ».
Arpenter les lieux, c’est donc remonter le temps, plonger dans les souvenirs. « Le voleur de rhubarbe » déroule, entre Lusclade, la Compissade, le Rocher de l’Aigle et la Fontaine salée les rêveries du « petit Bertzo ». Devant la Dordogne, comme au cours de la promenade avec Aurélie Sfez pour l’émission A la dérive, son « cœur étonné revit ses étés au Vendeix ». L’image de la maison d’enfance dans Babel amène avec avec elle le souvenir du « sang noir », la « viande crue », déjà présents dans « Perce-Neige » et « Accueille-moi paysage ». Les interviews de Murat sont également riches de souvenirs et de réflexions sur le lien entre paysage et mémoire. Dans sa conversation avec Jean-Loup Trassard, elles découlent d’un mot : « Vous ne trouvez pas aussi que le mot de remembrement est drôlement vicieux ? Il y a la remembrance, le "remember" anglais, le souvenir. Donc, la racine de remembrement est le souvenir, alors que le mot dit le contraire. Comme vous le dites, le souvenir et l'émotion passent beaucoup par la reconnaissance intime d'un paysage. Dès l'instant où on y touche, on bouleverse nos souvenirs. »
Epaisseur du temps
Le passé qui persiste, souterrain et têtu, c’est aussi celui des contes et légendes. Les lieux dans les chansons de Murat sont souvent traversés de récits ou empreints de spiritualité. En 2008, au cours d’une conversation avec les lecteurs de Télérama, il parlait de sa « foi rurale, campagnarde, primaire » : « Je crois en Dieu un peu comme je crois en les cerisiers, les fourmis ou les bêtes à bon Dieu, pas toi ? (rires) ». Jean Théfaine raconte comment, au cours d’une de leurs rencontres, il l’a vu ramasser une croix en granit, de celles qui jalonnent les chemins et les carrefours de sa région, pour la mettre près de sa maison. Lui qui disait admirer chez Bob Dylan sa quête spirituelle, qui affirmait sur FR3 en 1993 : « Je maintiens que la vraie chanson a une vocation de prière », il a chanté la vierge d’Orcival, investi la chapelle de Roche Charles pour l’album En plein air, et revient dans son œuvre vers des pôles qui semblent l’aimanter. Dans « Col de la Croix-Morand », devenue emblématique, il évoque ce point de passage battu par les intempéries, balayé par les tempêtes de neige, et particulièrement dangereux puisqu’« à la Croix-Morand il faut un homme tous les ans » dit le dicton. Il représente un lieu de solitude et de dénuement extrêmes, auquel il s’identifie dans la mort même : « Quand à bride abattue les giboulées se ruent, Je cherche ton nom. Oh je meurs mais je sais que tous les éperviers sur mon âme veilleront… Dans mon âme et mon sang col de la Croix-Morand je te garderai ». 23 ans plus tard, il y consacre une autre chanson dans Babel. Sous son autre nom de « Col de Diane » (Dyane dit la carte) il devient alors le théâtre d’une quête érotique et mystique désabusée : « au col apercevoir la dame », « en forme noire embrasser Diane », « Au pont de la mort trouver son âme »…. « faut pas y compter ». Passant par le col, si on va de Pessade à Courbanges, on descend vers un autre lieu hanté : le lac Chambon, dominé par la Dent du Marais ou Saut de la pucelle. La légende dit que, pour échapper à la poursuite d’un seigneur, une jeune fille a sauté du rocher. Arrivée au bas saine et sauve, elle est allée se vanter du miracle, et a sauté à nouveau – chute mortelle, cette-fois ci, Dieu l’ayant récompensée pour sa foi et sa vertu mais punie pour son orgueil. Le souvenir de ce saut hante le marcheur de « La petite idée derrière la tête », et « Noyade au Chambon » dans Babel en reprend les motifs : elle raconte comment une jeune fille saute dans le lac pour échapper à un jeune Allemand qui voulait lui faire violence. Cette chanson semble d’ailleurs exemplaire de l’épaisseur du temps chez Murat : dans un disque où il arpente son territoire familier, et convoque son passé, il raconte un fait divers qu’il situe pendant la guerre (quand « Le maquis tenait Bozat, tenait le château des Croizat »), et qui semble une réécriture de la légende. La forme même de la chanson, rythme et orchestrations, l’associent à un conte ou une ritournelle populaire.
Magie des noms
Habité, hanté, parcouru de récits et de souvenirs, ce paysage paraît donc extrêmement sensible, et même charnel à l’auditeur. Et pourtant, on peinerait à trouver de réelles descriptions dans les chansons. Il semble que Murat pourrait souscrire à cette phrase de Philippe Jaccottet dans Les Semaisons : « Je ne veux pas dresser le cadastre de ces contrées, ni rédiger leurs annales : le plus souvent ces entreprises les dénaturent, nous les rendent étrangères ; sous prétexte d’en fixer les contours, d’en embrasser la totalité, on les prive du mouvement et de la vie ; oubliant de faire une place à ce qui, en elle, se dérobe, nous les laissons tout entières s’échapper ». La vue d’ensemble du pays de Murat, on la saisit vraiment sur la carte qui accompagnait la sortie de Babel :au centre, la Bourboule et le Mont-Dore, tout autour des puys et massifs grossièrement griffonnés, des traits et flèches comme pour marquer les chemins ou les points d’arrivée et, principal élément structurant, deux épais traits bleus pour le Vendeix et de la Dordogne.
Dans ses chansons, pas plus soucieux de topographie ou de peintures précises, Murat procède plutôt par notations ponctuelles, et joue sur les changements de point de vue et de perspectives. Il dessine de vastes espaces, des lignes générales, la terre, le ciel, les horizons : « la prairie », « mille hectares de forêt », « les foins, les genêts », « les champs, les forêts », « les monts », « la large plaine »… Dans ces étendues, il isole des éléments, points de repère, traits saillants, ou silhouettes, ouvrant parfois, de façon métonymique, à tout un espace : « le rocher », « nos roches » « le château », « le cerisier », l’« abreuvoir », « les cornes des bœufs », « un troupeau, un enfant », « cavalier sous la pluie »... Avec la justesse de celui qui le connaît intimement, il dit aussi son paysage par ceux qui le peuplent, animaux et végétaux : narcisses, myosotis, reine-des-prés, camélias, jean-le-blanc, chardonneret, faucon cendré, milan noir, ferrandaises, renards ou mouflons. Finesse du regard de celui qui peut appeler tous les oiseaux par leur prénom, mais aussi belle confiance en la magie de la langue et la puissance d’évocation de ces noms (la reine-des-prés, tout de même !) Et que dire des noms de lieux, constamment présents, Courbanges, Les Longes, Chamablanc, la Dent de la rancune, l’Ouire, l’Aiguillier, Lusclade, le Crest, qui à eux seuls ouvrent tout un monde ? Nommer : faire entrer avec lui, de plain pied, dans son univers familier. Ouvrir grand l’espace de la rêverie. Tout un monde en germe dans cette petite forme de la chanson, qui se déploie dans l’imagination de celui qui écoute.
« Le printemps me sert de lieu » 1
Faire imaginer, faire sentir : Murat rend aussi sensible le paysage par les sensations qu’il procure, parfois dans une dimension synesthésique, quand il parle du « chant des clarines bleues », la nuit. Un vers, une notation, et voilà posé un climat - y compris au sens météorologique du terme - quand le lieu est d’abord une présence physique : dans la « pluie du matin », le « printemps pluvieux et chaud », le « vent chaud » venu d’Espagne, la nuit qui « nous tient en ciel d’orage »... avec la fièvre qui saisit quand embaument « les senteurs de juillet », le « parfum d’acacia au jardin » ou l’odeur de la femme aimée au verger… les mains trempées dans l’eau à Fonsalade par un mois de mai brûlant, le « ventre nu sur le gazon », la saveur du « lait au goût de réglisse et d’airelle » ou la première framboise à savourer… ou à écouter le « grand silence de printemps », la « drôle de chanson » du coucou en haut d’un hêtre. Parfois d’ailleurs on l’entend, cet univers familier, chants d’oiseaux, clarines, aboiements de chien dans Toboggan, Mockba, Le Manteau de pluie. Morceaux atmosphériques, où la musique, les arrangements, le chant murmuré nous immergent dans des espaces singuliers. « Le lait des narcisses » nous entraîne même sur des pas qui crissent sur un chemin, alors que coule goutte à goutte l’eau de ce que j’ai toujours imaginé comme la neige qui fond au soleil. Et surtout, Murat porte une attention constante à la lumière, à la qualité de l’air : « pleine lune au mois de mai », « dernière étoile s’enfuyant vers le Fohet », « gorge de loup dans la ténèbre », « les soirs illuminés entre les cornes des bœufs ». Le « ciel rougeoyant en soirée », le soleil qui « se lève ensanglanté », « la pénombre de juillet », « l’ombre épaisse de la tour », « la nuit des forêts ». Le brouillard qui « déjà (...) noie les grands moulins », les Combrailles qui s’embrasent au loin, ou la lumière (sans doute surnaturelle, celle-là) qui s’est posée sur une fille dans « Mujade ribe »...
« Apprends à trouver le chemin »
Poète du monde sensible plus que topographe, Murat n’en peint pas moins des espaces orientés, parcourus de lignes de forces, le cours des ruisseaux ou les pas du marcheur. Sans cesse le paysage est saisi dans le mouvement de celui qui l'arpente : il s’agit de partir dans la direction du Crest, prendre par Lusclade, marcher de Courbanges à Pessade, suivre le chemin des poneys, aller au Servières se rafraîchir, fréquenter la beauté par les champs les forêts, marcher dans la montagne en ce joli mois de mai, y courir et siffler le renard, apprendre à savoir s’orienter... Les lignes directrices sont également dessinées par les ruisseaux et rivières, omniprésents : d’abord le Vendeix et la Dordogne, lieux de rêveries de l’enfant, de méditations de l’adulte, mais encore le Chavanon, le ruisseau des grands moulins, le Sioulot… Les cours d’eau matérialisent aussi les forces souterraines qui traversent le territoire : la Dordogne de la chanson éponyme gronde au sein des profondeurs de la terre d’être « crachée sur terre », « du fond de l’enfer » ; des sources jaillit une eau « salée », ou avec laquelle on soigne les enfants malades aux thermes de Choussy; elle sort brûlante de la « Faille » gardée par « la fée des eaux ». Le vent court lui aussi sur les plaines et le long des vallées, comme « le vent d’ecir sur la Limagne » dans « Les hérons »; dans « Mujade ribe », « en souffle d’homme sur la Dordogne qu’il remonte en courant », il annonce l’orage qui déjà « gronde au Chavanon ». Murat dit la violence, le feu qui peut traverser son pays, lui qui évoque souvent l’orage (et disait aimer sortir sous le déchaînement des éclairs). Il rappelle même les puissances géologiques qui l’ont façonné, lorsqu’il parle de « l’empreinte du glacier » dans « Le voleur de rhubarbe ». Prenant à rebours la métaphore convenue attachée à la source et au ruisseau, il qualifie de « vieux » le cours d’eau qui « part en chantant » dans « Le jour se lève sur Chamablanc ». [NDLR : sur le thème de l'eau]
Au dedans de moi
La Dordogne : « Fureur muette au cœur de mon être ». La puissance de cette terre fait écho à une violence intérieure, le paysage est le reflet de celui qui s’y mire, et Murat reprend toute la tradition poétique du paysage état d’âme – à moins que ce ne soit l’inverse. Quelques exemples, mais on pourrait les multiplier : il compare son âme triste à la jachère dans « Perce-neige », peint dans «Démariés » le paysage glacial et inquiétant des adieux : « Jeune fille s’en va dans sa pluie de flocons bleus / Vers le dernier ravin où s’aventurent les loups ». Il souhaite dans « Je voudrais me perdre de vue » « pouvoir regagner la prairie avant la tombée de la nuit », se demande dans « La tige d’or » « Qui a fait ce fond de ravin dans ma verdure ? » ; ou encore, marchant de Douharesse au Guéry, de l’aube au couchant, il se retourne sur sa vie dans « Le chant du coucou ». Après une course vive, qui le voit fouler « d’un pas moderne le chiendent et le mouron », insulter le coucou chanteur, il finit par se « baigner nu, dans l’eau noire des regrets ».
"L'Indien" - photo: V. Jeetoo
Mais lorsque les courbes et les reliefs dessinent des visages et des corps, le paysage s’anime et palpite de désir. Véronique Jeetoo raconte que Murat appelait « L’Indien » le profil de la Sanadoire vu depuis Douharesse ; Roger, son ami d’enfance lui montrait depuis le col de la Croix-Morand l’horizon du Guéry comme un corps de femme. Car ces montagnes, ces vallées sont avant tout féminines, et Murat les peint avec une extrême sensualité. On y fait l’amour, sous un séquoia au parc Fenestre, au Mont sans souci, ou « nu parmi les genêts ». Elles sont parcourues d’eaux courantes, sources, ruisseaux et rivières, élément féminin chez Murat comme chez Elisée Reclus qu’il admire. Comme le Rhône et la Saône se mêlent s’étreignent les amants, « ventre contre ventre » dans « Pluie d’automne ». Et c’est au cœur du chemin creux que Murat trouve la fontaine dans « Au dedans de moi » : « Au-dedans de moi ta rivière, Au-dedans de moi ta liqueur, Au-dedans de moi ta fontaine, Au-dedans de moi tes merveilles, Par le chemin creux ta fontaine ». Sexuelles aussi, les fleurs. Murat parle de « se cueillir en narcisse », évoque dans « Colin-maillard » le désir impatient de voir « le grand lys au fond de la vallée », veut « sucer la fleur secrète ». La femme aimée est « reine des bois, des ronces et des genêts », le contentement de la lady est « anémone du soir », ou « rond comme un pommier ». Encore une fois, le jeu avec les noms opère aussi ce déplacement, parfois avec malice, lorsque Murat chante « Montboudif lui dit plus trop », ou qu’il indique avec un aplomb imperturbable au réalisateur de son clip : « Col de la Croix-Morand ? Col de l’utérus ! » Le Mont-sans-souci, centre équestre sur les hauteurs de la Bourboule où il situe ses amours avec une jolie infirmière, est aussi (d’abord ?) le sexe féminin.
Au-delà encore de cette projection, il montre un paysage qui le façonne, et avec lequel il finit par se confondre. La Dordogne est « source de (s)a vie » ; il se dit montagne dans Vénus: « Oh ! Vois, j'ai dans les yeux le bleu de l'eau des montagnes, dans ma voix l'accent des gens de montagne ». C’est l’espace de son « âme », mot qui revient de façon obsessionnelle dans « Col de la Croix-Morand ». De cet accord entre l’âme et le paysage, il passe par la suite à une véritable fusion. Dans « Parfum d’acacia au jardin », le mort n’est plus sous la garde des oiseaux, mais emporté avec eux : « j’ai su que mon tombeau serait une hirondelle ». Et dans Babel, l’âme n’est plus cette entité vague, ce mot employé de façon un peu convenue, elle a un lieu, est un lieu : « Le siège de l’âme c’est la forêt, sans les larmes, sans pitié… Le siège de l’âme c’est la forêt, le brouillard, les genêts ». Dès « L’ange déchu », il demandait : « Fais de mon âme une branche, de mon corps un talus » Comme le notait Agnès Gayraud au Fotomat, c’est dans la nature, le paysage que semble finalement se trouver toute transcendance. Le mourant appelle d’ailleurs à s’y fondre : « Accueille-moi paysage, accueille mon vœu, Fais-de moi paysage un nuage aux cieux ».
Rêveries géographiques
Dans cette façon singulière de présenter son paysage, elliptique et précise, rêveuse et puissamment évocatrice, dans son appel constant à l’imagination et la rêverie, Murat compose une œuvre solidement ancrée dans un territoire, et qui simultanément s’ouvre à tous les horizons et les imaginaires, du présent vers le passé, d’ici vers l’ailleurs. Grand voyageur, il reconnaît loin de chez lui des paysages amis, qu’il comprend intimement. Dans Taormina se mêlent et parfois se confondent les paysages siciliens et auvergnats, tous hantés par la mélancolie et l’omniprésence de la mort, à l’ombre des volcans. « Caillou » ouvre l’album : « Tout ce qui mène au tombeau ici bas devient beau, fait la mélancolie des gens de mon pays », et « Taormina » répond en écho : « A Taormina, je mesure ma peine ». Les vastes plaines, les horizons lointains s’élargissent aux deux pôles entre lesquels naviguent son œuvre et ses sources d’inspiration, l’ouest américain et l’est des moujiks. Murat, grand amateur de westerns, donne à un de ses premiers albums le titre d’un film de John Ford, et les grands espaces américains parcourent toute sa discographie, du « Troupeau » à « Géronimo », avec un déplacement notable des cow-boys vers les Indiens auxquels il s’identifie. Dans Cheyenne Autumn, on entend aussi la voix d'Andreï Tarkovski; les grandes étendues, ce sont aussi celles des steppes, pour celui qui se rêve en moujik, ou de l’immense forêt de la taïga chantée dans Le cours ordinaire des choses : dans l’hiver interminable, la neige qui tombe sans cesse, s’élève la plainte du « monde d’en bas », pour implorer le retour de la lumière. Les espaces se chevauchent régulièrement, lorsqu’il voit par exemple « une mêlée d’Indiens » au milieu des narcisses et jasmins dans « La Chanson du cavalier », et l’Histoire s’invite bien souvent au détour des chemins. Dans « Michigan » se mêlent ainsi les massacres des Indiens et l’épopée napoléonienne : « je vois nos os mêlés à la prairie », « est-ce que je vois l’armée de Napoléon ? ». Ouverture enfin, choc fécond, ses références et modèles. « La plus haute tour » de « La chanson du cavalier » convoque Rimbaud, dans la « noire Sibérie » de « La surnage dans les tourbillons d’un steamer » surgit un vers de Louise Labé, « La fille du capitaine » rend hommage à Pouchkine… Même Babel, son « disque AOC » disait-il, est né d’un ailleurs géographique et temporel, la lecture à ses enfants de L’Île au trésor de Stevenson. Enfin c’est sur une musique anglo-saxonne qu’il chante ses territoires intimes : « John Lee Hooker à la sauce Cropper résume à merveille toute l’inspiration de Murat, tantôt funky, tantôt blues », écrit Antoine Couder dans Foule romaine. « Un folk avec des échardes, boueux » nous disait joliment Agnès Gayraud lors de sa conférence au Fotomat. Et en effet, la langue de Murat est volontiers rugueuse, elle saute joyeusement du très littéraire au très trivial, ce qui l’éloigne là encore de la littérature régionaliste telle que la définit Hélène Lafon : « le roman de terroir joue à l’évidence sur la corde nostalgique ; on y subit des épreuves, on les affronte, et on est finalement consolé, caressé, le tout dans une langue bien écrite, pas trop ébouriffée. ». La nostalgie est certes loin d’être étrangère à Murat, elle revient à longueur d’interviews, mais c’est plutôt de la mélancolie qu’expriment ses chansons, avec la conscience aiguë du caractère éphémère de toute chose. Et il me semble bien le retrouver dans ce travail au corps-à-corps que raconte Marie-Hélène Lafon : « je ne pouvais pas manger de ce pain-là ; il y avait trop d’âpreté première, native et définitive, à étreindre, à affronter, mâchouiller, ruminer... »
Puisque les noms donnent un tel élan à l’imaginaire, comment Murat a-t-il rêvé les siens ? Bergheaud-Murat, son âme de berger, enraciné dans son pays d’enfance, son bercail... Murat-Bergeaud, qui se rêve en maréchal d’Empire, et par la magie de cette racine bergh étend les siennes jusque vers le grand nord et la Sibérie...Voilà qui excède décidément toute clôture géographique et temporelle !
1- «Le printemps me sert de lieu»: citépar Martin de la Soudière dans son ouvrage Arpenter le paysage
photo : F.Loriou
Merci à Didier Le Bras et Pierrot, au site Muratextes, à Patrick Ducher et Florence Couté pour leurs précieuses transcriptions d’interviews, Jean-Louis Murat, le ramasseur de myrtilles, à Agnès Gayraud, pour sa conférence au Fotomat le 22 juin, à Arpenter le paysage de Martin de la Soudière, au Pays d’en haut, de Marie-Hélène Lafon et Fabrice Lardreau.
Florence D.
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Un grand merci à toi, Florence! Merci pour ce "corpus" que tu constitues.