Et bien, je vous écris d'une journée de pluie. Totale. Vous me direz "il aurait donc pu écrire plus tôt son compte-rendu...". J'ai préféré, entre autres contingences, rester un peu dans l'émotion de la soirée. L'écriture fait dégonfler le soufflé (vous connaissez le sérieux, le sens de la mesure, qui s'imposent aux rédacteurs de ce blog qui veillent à ne pas se laisser troubler par n'importe quelle surplus d' émotions fallacieuses)... mais voilà, ce soir, le devoir m'appelle.
Qui plus est, j'étais bien requinqué par notre comité de rédaction annuel (avec M., correspondant souffre douleur-archiviste -poil à gratter- rat de bibliothèque- mémoire vive et hôte hors-pair hors-catégorie) et comme chaque année, par les témoignages d'amitié et de soutien (merci par exemple à la dame de Besse). Avec l'ensemble de la soirée, ces genres de moment permettent de se rappeler pourquoi on fait ça... et pourquoi il faut aussi en faire un peu plus (il faut dire que je termine ma période "allemande"... sans avoir bouclé aucun des quelques projets pour le blog que j'avais au départ...). On va s'y mettre.
Qu'on se le dise tout de même : je n'ai pas fait les 1800 km exprès... Il fallait que je rentre et c'est vraiment par hasard que c'est justement tombé ce week-end. Oui, le hasard, je vous dis. Et le hasard est heureux.
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Et nous voilà, dès 17 heures donc, devant la coopérative de mai. Au programme pique nique, et petit accompagnement musical: d'abord par la balance de Jean-Louis qui nous prévient que les inédits seront bien là, puis par les deux guitares de Pierre-Emmanuel et David, venus de Picardie, et qui ont bien bossé pour nous proposer un répertoire muratien impressionnant. Les gens se joignent un peu à nous, certains timides regardent de loin. Tout est parfait, si ce n'est Matthieu qui tient absolument à nous faire gouter un fromage... le fromage aux artisons, de Haute-Loire... (je rigole: il était excellent...comme la Plan B et le jus de Gingembre d'Armelle). Un grand merci à lui pour tout.
Et c'est parti dans une petite coopé finalement sold out (on y est malgré tout à l'aise).
Et Alexandre DELANO ouvre la soirée... avec un TDO auquel il manque un violoncelle. Guillaume est pris par ailleurs, paris ailleurs (ça marche bien pour lui).
On découvre l'album EAU plus en détail, juste avant sa parution le lundi suivant (Alex le vendait à l'accueil). Orage et Penélope que nous avons déjà écoutés passent bien. L'ensemble sonne comme une petite musique pop lo-fi, sans les grandes envolées orchestrales des TDO (on a une impression différente à l'écoute du disque, avec une orchestration assez recherchée et variée). L'effet sucré, étouffé de chaleur, comme un après-midi corse, est accentué par les choeurs féminins de Madame, et bien sûr le thème aquatique. Comme lors de précédentes prestations, les réactions négatives se centrent semble-t-il sur la voix d'Alexandre... Celui-ci accepte pourtant en français de se mettre en avant, et esquisse même un petit pas de danse... (le chantier des francos est passé par là... et les conseils de Christophe Mali...).
Alexandre confirme que Murat a joué un rôle initial dans ce passage au français, puisqu'il restait un jour de studio libre lors de l'enregistrement Babel, et que Murat lui a proposé de l'utiliser, mais à condition que ce soit en utilisant le français. C'est en tout cas porteur puisqu'on les a entendu sur Inter dans ALive et qu'une bonne presse semble s'annoncer.
On reparlera peut-être d'EAU après une écoute plus attentive.
http://www.deezer.com/album/10505072
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Après un changement de plateau, et une petite intervention de François AUDIGIER de la coopé, se présente Jean-Louis et le camarade Stéphane (" que serai-je sans toi qui vient à ma rencontre"), ainsi que Mathieu LOPEZ à la basse.
Et petite surprise de la soirée: Jean-Louis va disposer d'une guitare acoustique. 12 cordes.
Grand LIEVRE: "Pourquoi j’ai choisi la douze cordes ? Pour des raisons assez pragmatiques. Souvent, en studio, c’est cette guitare que je prenais pour faire découvrir mes chansons aux musiciens, qui trouvaient son acoustique beaucoup plus sonore que celle d’une six cordes. J’ai donc pris l’habitude de me servir de la douze et j’ai commencé à enregistrer avec. Au bout de deux ou trois chansons, j’ai eu envie de continuer. Et j’ai tout fait à la douze, sauf sur un titre ou deux où j’ai pris la six. La douze, en fait, au départ, c’est une histoire de commodité pour communiquer avec les musiciens. J’arrivais en face d’eux et je leur chantais mes trucs en m’accompagnant de cette douze qui est très musicale et qui envoie beaucoup de son. C’est une Takamine de première génération que j’ai ramenée de Tucson, lorsque j’ai travaillé là-bas avec les Calexico. C’est John qui l’a choisie pour moi".
Malgré Toboggan et sa guitare nylon, c'est depuis TRISTAN qu'on ne l'avait pas vu ainsi sur scène. Avec l'harmonica pour débuter le premier titre noté "Fidèle à...[ton âme]". Bon, pas de doute, c'est du Murat (faudrait compter combien de fois j'ai écrit ça sur un compte-rendu). Ce n'est pas parce qu'on joue de la sèche que c'est Maxime Leforestier ou les Innocents. Ça reste aride et blues... et Murat parle encore d'orage... Le titre s'anime néanmoins sur le refrain, avec une batterie bien percutée... là encore: c'est du Murat...
Longue intro, toujours avec l'harmonica.... et ce n'est pas un inédit... mais presque : MAITRESSE. Une chanson figurant sur FACE NORD , Murat LIVE et Sentiment nouveau. Une chanson d'il y a 20 ans donc. J'avoue que sur place, je n'ai pas tilté. Une belle ballade.
Puis, nouvelle chanson... avec Morgane... annoncée. Murat dit qu'il est détendu puisque c'est son dernier concert... Classique. Vanne sur Aznavour ensuite... Du classique je vous dis.
C'est "le GRAND VIVIER DE L'AMOUR", titre qui effraie les poissons. Là encore très longue intro. Morgane joue du piano. " Dans le grand, han, han, han...vivier de l'amour". Là, encore, on n'est pas surpris, et ce n'est pas un gros choc. La guitare est acoustique, mais on a droit au solo tout pareil qu'avec la fender ou presque, et même deux fois qu'une. Le titre est très entrainant, et invite à chanter... "Dans le grand...han... han... han... vivier de l'amour....". Petit single potentiel, mais la version jouée dure 8 minutes...
Murat parle encore un petit peu. On comprend qu'il saute un titre prévu qu'il devait jouer seul... Dommage, dommage. On verra ensuite que ce devait être "Perce neige"...
On n'entend pas tout (faut être devant s'il se met à parler). Il parle d'une nouvelle chanson mais dit qu'elle n'est peut-être pas enregistrée. Il annonce "les crétins d'auvergne"... mais c'est une blague... Il s'agit des "chrétiens d'orient"... chanson sur l'actualité, peut-être polémique, mais pas tant que ça. Murat semble-t-il s'adresse aux djihadistes "européens" : "si tu veux mourir pour Dieu, si tu veux mourir pour lui, où est le châtiment divin... "... C'est assez endiablé. Là encore, ça devrait peut-être se finir à la fender...dans un morceau de bravoure qu'on devine. Le public est conquis.
Et autre vieillerie... Belle surprise: "surnage dans le tourbillon d'un steamer", titre sorti sur le cd "l'au delà" (2002), avec Royal cadet notamment. Chanté en koloko cette année-là. Les TDO se sont joints à l'équipe... pour une superbe version. Le pied... Comme sur le titre précédent, Murat lâche la voix... et derrière, c'est puissant. Un titre au long cours (une dizaine de minutes) comme on les aime... Matthieu nous dira ensuite qu'il soupçonne Alex de lui avoir soufflé l'idée de ce titre...
Deuxième partie d'une quarantaine de minutes... et c'est la remise du chèque. On est dans les 7000 euros je crois. M. CHASTAN explique que cette année, ils n’emmèneront pas les camions eux-mêmes du fait de l'insécurité sur le territoire africain. Contact CLERMAUVERGNE HUMANITAIRE.
Et 3e partie ! Une heure avec Babel...Toujours avec les TDO (sans Guillaume) et Alexandre qui reste à la guitare électrique, Murat toujours avec sa guitare électro-acoustique.
Neige et pluie au Sancy, très réussie.
Long John, avec Morgane qui a un petit raté sur les chœurs du début.
Les Frelons d'asie.
Et je me dis que j'ai du mal à percevoir la différence entre la version jouée ce soir et celle où Murat joue avec sa guitare électrique.... Cela sonne toujours aussi métallique. La différence se joue aussi ce soir dans la chaleur du public qui réagit parfois au cours de chanson.
Murat après quelques propos de remerciement, souhaite dire quelque chose... hésite puis renonce... "je vous dirai après".
C'est "Les Ronces". Toujours bien. Murat évoque finalement après un petit silence Philippe Mallaret, "mon photographe attitré, qui était là l'année dernière".... et qui est décédé accidentellement il y a quelques semaines (J'avais découvert ces photos l'année dernière, mais je ne connaissais pas d'autres photos officielles de Murat par ce photographe).
Et Mujade ribe... Une version un peu étonnante: la longue intro laisse penser qu'on est parti pour 10 minutes... mais Murat fait l'impasse sur 4 couplets! Il a plutôt envie d'aller s'amuser sur LE BLUES DU CYGNE. Clin d'oeil amusé à Alex et son riff... Murat part sur de nombreux "haïe haïe haïe"... et le public applaudit... Bonne ambiance... Murat remercie encore. Il est resté souvent assis sur un tabouret... mais je ne l'ai pas remarqué...
Rappel qu'on nous présente comme une chose improvisée: Murat commence tout seul pour montrer au groupe, puis donne les accords du refrain : ré sol do fa mi la... C'est une nouvelle fois l'inédit Le GRAND VIVIER DE L'AMOUR. Une fois la mise en place faite, Christophe débute une rythmique d'enfer... et c'est parti... Julien trouve un peu de place pour sa trompette. Et ça déchire...
Trois inédits, deux raretés (dommage pour perce neige en moins), et des retrouvailles avec les DELANO un an et demi après le set sur Inter : KOLOKO très bon. Un Jean-Louis en forme, sans plus... qu'on ne verra pas après le concert. Marie Audigier fête sa nomination comme , dont elle avait fait partie quelques années. Elle quitte donc Universal et sa structure de management pour un pari plus risqué...
On se retrouve rapidement sur le trottoir... et on profite du beau temps pour aller se planter au beau milieu de la place du 1er mai, cet endroit malfamé... pour chanter du Murat jusqu'à 3 heures du matin. J'essaye de chanter un peu fort pour faire venir les flics, mais sans succès. fait la promotion de Murat au petit jeune qui passe et nous écoute gentillement durant quelques minutes. On s'amuse bien aux sons des jolis harmonies de guitares de Pierre-Emmanuel et David... C'est moi qui décide de lever un peu le camp à 3 heures du mat... J'ai des covoitureurs dans ma voiture demain... C'est inexorable: soyons raisonnable (un chouia).
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PS: Flou? Alors que le propos de Murat à Montceau Les Mines (enregistrement prévu quelques jours plus tard) et l'annonce de dates à l'automne laissaient clairement penser à un nouvel album, ce que j'ai allégrement annoncé, les infos glanées par certains (pas par moi, je suis resté dans mon coin) laissent planer le doute : L'épisode BABEL n'est peut-être pas terminé (album live des PIAS NITES?), et il a été évoqué une session d'enregistrement en novembre (Murat a dit au cours de la soirée qu'il ne savait pas si les inédits joués ce soir seraient enregistrés, ce qui va également dans ce sens). Flegme britannique de rigueur donc: Wait and see.