Et bien, pour un énième compte-rendu (que je suis obligé de faire minute), Murat m'a dans un sens facilité les choses : il y a des choses à raconter... mais dans un sens seulement: de l'autre côté de la voie-voix, c'était un peu le bazar, un bazar à la Belge? un concert façon urbanisme Belge ou politique Belge? des trucs un peu dans tous les sens et dans lequel on peut se perdre?
La nouvelle salle du REFLEKTOR sentirait presque encore la peinture fraîche... mais faut-il faire autant de concession au confort juste pour un local en plein coeur du centre ville? Bon, certes, le stationnement dans les parkings tout proche est aisé, le balcon dans la salle de concert sur l'arrière et un côté est agréable pour ceux qui veulent tenir la rampe... mais quel bazar dans l'espace bar: c'est étroit, il faut attendre un moment pour décrocher une bière, descendre un escalier pour les toilettes... Quant à la salle, elle donne l'impression d'être très étroite. Il y a peut-être 20 mètres entre la scène et le fond (par où l'on rentre), si étroite que PHI-PHI se retrouve à faire le son à l'étage: il n'y a pas de cour, ni de jardin : on rentre par le derrière (sans référence à DSK et à Monsieur La Saumur dont il fut question lors de la soirée).
Enfin, soit, je dis ça, c'est pour le plaisir de râler (c'est bon pour la santé)... Y'a 20 bières à la carte, mais si faut attendre 10 minutes pour en boire une... sans parler de la restauration assurée dans une caravane devant l'entrée... restauration se limitant à des hamburgers à 6 ou 8 euros... non garnis. rrrrruhh: J'ai pas eu mes frites! Je suis marri.
A part ça, la petite scène, ça me plaisait bien au départ: les membres du quartet jazzy vont pouvoir fusionner, Chris va pouvoir se connecter aux autres... et est-ce en effet de la petitesse?, mais j'ai remarqué et plutôt apprécié le light show, qui m'ait paru plus dynamique que lors des concerts précédents.
Kris Dane toujours et encore en première partie. Il a beaucoup évolué depuis la dernière fois puisqu'il joue sans tabouret. Sa set-liste a peut-être changé d'un titre ou deux... (J'ai tout de même une chanson dans la tête depuis hier).
Murat fait son entrée à l'heure, à 21 heures. "bonsoir"...
Ca débute doucement... et je me dis "mais où va-t-il arriver?"... Le son est très puissant, et mes jambes vibrent de la basse. Un peu surpris. C'est "chant soviet" qui se pointe et je me dis que ça commence très bien... Il a l'air en forme... mais rapidement, il va montrer qu'il a un problème. Il réclame par des gestes qu'on lui monte son retour, puis en parlant dans les chansons "je ne m'entends pas, ce n'est pas possible", puis par des jurons... Du coup, les premières chansons "passent en force"... il force sur la voix pour s'entendre. C'est énergique, Murat se donne, mais au détriment de sa palette d’interprète. Arrive Mujabe ribe... et Murat finit par poser la guitare au cours de la chanson... "Quand ça veut pas, ça veut pas"... Il continue pourtant de chanter, et dans la salle, perso, je trouve ça très bien. Je ne perçois pas de fausseté. J'ai envie de le crier entre deux chansons, histoire peut-être de le remettre en selle... Pour finir Mujabe ribe, il se met une main sur une oreille façon chanteur corse, et je suis presque surpris de sa volonté d'assurer le show malgré tout. Après le morceau, quand il se rend en coulisse, que je le vois faire un geste de dépit, je commence à croire qu'il va arrêter là... mais non, il revient. Durant quelques chansons, le problème semble moindre, mais un petit larsen apparait néanmoins entre deux titres... Je suis content de la première intervention de Murat car c'est pour se plaindre de la qualité d'écoute des spectateurs. J'en ai été un peu gêné durant une partie du concert. A Vienne (tournée Lilith), avant "se mettre aux anges", et alors que du bar provenait un bruit de fond important, il avait dit : "c'est comme faire l'amour au milieu d'une gare". Il a été moins joli hier... et se met les filles à dos... pas toutes, notamment L et M présentes toutes les deux.
Le groupe assure bien, mais on ne retrouve pas la cohésion de MONS. Murat ne va pas les "chercher" (pas de petite fight avec GAEL par exemple, Chris que j'ai moins vu en "enjoy"). Dans les moments de flottement du leader, j'ai l'image d'un poulet de bresse à qui on a coupé la tête et qui continue de courir.. durant quelques temps.
Et avant la "chanson d'amour", la chanson la plus difficile à chanter... le voilà parti, comme souvent, à déconner... Je ne vais pas dire des choses nouvelles: c'est le signe qu'il se déconcentre... Hier, en plus, cela donnait l'impression qu'il tentait suite à son énervement de se "rattraper" dans le coeur du public... Et comme vous le lirez dans le compte-rendu joint de Bernard, c'est réussi. Moi aussi, j'apprécie le moment d'ailleurs. Je connais ces trucs, ses idées fixes, je rie à contretemps parfois, mais Murat est très drôle, et se sert des musiciens, prenant à partie le pauvre Stéphane, ou parlant anglais avec l'accent auvergnat à Chris. Cette pause est un véritable entreacte, et un entreacte dans un spectacle, ce n'est pas un obstacle, un tacle au beau jeu, le signe d'une débâcle, un manque de tact... et ce "tout m'attire" qui finit par arriver, on avait fini par ne plus y croire, est plutôt réussi.
Du flottement donc, mais au bout du compte, Murat qui ne lâche rien... qui siffle joliment (il termine même un titre sur "la Marseillaise"), qui livre quelques parties de guitare, fait un joli rappel sur "qu'est-ce qu'au fond du coeur".
Alors, en résumé:
Les plus: l'engagement de Murat, son énergie, sa voix que j'ai trouvé excellente malgré ce problème de retour, le groupe qui est vraiment bien bien sûr (notamment la variété des claviers proposés par Gaël), les orchestrations des chansons très différentes de l'album parfois ("les ronces" totalement crépusculaire... )
Les moins: le flottement occasionné par le problème technique, la contrebasse peu utilisée (notamment à l'archet -pas vu), l'ambiance de la salle (notamment sur le "blues du cygne"), certains titres un peu balancés in extenso... sans l'expression de la liberté que l'on attend de Murat.
Malgré un Mujabe rib maxi riquiqui (pas forcement pour me déplaire d'ailleurs), cela nous a quand même fait un concert de plus deux heures qui sont passés très vite, et même si pour moi, le concert à MONS était nettement plus intense, je trouve qu'il n'y a pas à apporter un jugement trop négatif. Murat a fait le job, et n'est pas rentré chez lui... puisqu'un autre concert avait lieu ce soir à CREIL. Véro, dolo de la première heure qui m'accompagnait, qui a un peu lâché Murat pour Léonard Cohen depuis quelques années, a elle aussi beaucoup aimé, même si elle n'a pas accroché à BABEL.
Et pour nous, le retour est long... et nous partons rapidement....
VOICI DEUX AUTRES AVIS (l'un très positif, l'autre négatif):
Un compte-rendu de BERNARD F.
"LIEGE (B) Salle Reflektor 17/3
Et bien et bien ! Tout d'abord, le fait majeur du concert: une diatribe de JLM pendant genre 10' (!). Record personnel absolu (je dois l'avoir vu 6 ou 7 fois depuis une quinzaine d'années). Et encore, à chaque fois qu'il entamait les premiers accords du morceau suivant, il s'arrêtait et racontait vanne sur vanne (certaines inracontables, j'ai d'ailleurs commencé à filmer sur la fin, pour la postérité, mais un garde de sécu m'a fait couper tout de suite...). Beaucoup de vannes sur les belges et les français : "tous aussi cons les uns que les autres", sujet sur les flamands et les wallons qui se causent en anglais, comme en Espagne dit-il avec les catalans et les basques..), vanne/anecdote sur Simenon (auteur liégeois célèbre, donc JLM est allé dans son quartier d'origine dans la ville et a(urait) demandé à une passante où se situait son ancienne maison. La passante lui demandant "Simone qui??". Et JLM de se moquer de l'inculture locale et en général puisqu'il a raconté le même genre d'anecdote: en se renseignant sur Sophie Volland (compagne de Diderot, j'ai googlisé, j'avoue n'avoir jamais entendu parler d'elle) au syndicat d'initiative [de Langeac ou Figeac] : on lui répondit "L'expo des cerfs-volants vous voulez dire ? oui elle se situe dans la rue XXX"... Ensuite vanne sur Hollande, un début de chanson s'appelant "casse-toi connasse", certainement en allusion aux élections chez vous de dimanche... Puis "partouzes au Palais Royal" en parlant de Bruxelles, "La prochaine Syrie c'est la Belgique.." et j'en oublie ! Anecdote aussi avec une serviette qu'il demandait pour s'éponger, on lui donne une serviette noire (ou gris foncé) et après s'être passé le front dedans: "mais ça pue ce truc ! qq'un a vomi dedans ou quoi ?! des serviettes noires, mais quelle idée ?! en plus on a l'impression que ça essuie moins bien que les blanches.." "Sinon, depuis Johnny, vous n'avez plus vraiment eu de philosophes en Belgique? Ah ben si, Annie Cordy. Enfin, notez que nous on a JP Pernaut"... donc, chacun sa fierté nationale.. "Sinon vous êtes quand même venus? Et vous avez payé en plus ? Pfff dire que vous payez pour nous voir jouer et nous on est payés pour jouer...Faudrait imaginer l'inverse, nous on paie pour venir jouer et qq'un vous paie pour venir nous voir...Note qu'on dirait des fois que ça existe en France ça.." "Pfff on n'entend que les femmes causer aux concerts...déjà qu'on les laisse conduire des voitures, si en plus on les laisse l'ouvrir aux concerts, putain..." (hum hum, rires jaunes dans le public).
Sinon donc, musicalement parlant: formation à 4 (le claviériste, très jeune, un peu guindé, le batteur Steph et un bassiste américain, Chris, qui prend un immense plaisir à jouer apparemment). Murat en jeans et t-shirt blanc manche longues comme souvent (il faisait très chaud hier comme partout et dans la salle c'était étouffant). Il joue donc uniquement du Babel. Grands moments: Mujade ribe (qu'il étire au possible, c'est le genre qui peut durer 1/4h mais dans la 1ère partie du set il se plaignait sans cesse de ne pas s'entendre dans les retours, et gueulait souvent off micro "putain de merde", "j'entends rien bordel!!", d'ailleurs on craignait vraiment qu'il écourte le concert et laisse le groupe en plan!). DONC Mujade là a duré environ 10', et JLM a fait signe au groupe qu'il n'allait pas "jammer" plus loin, fait signe "on stoppe" de la main et va backstage quelques secondes... Gros doute dans le public, crainte du camouflet, alors que pourtant le son dans la salle était super, de notre côté rien à redire. Ensuite, visiblement tout s'est réglé et JLM est vraiment rentré dans son set et ses vannes au public. Certains morceaux sont vachement étirés comme il aime à le faire, et ce sont souvent les plus belles prestations: Mujade donc, mais aussi Frelons d'asie, Chèvre alpestre ou Vallée des Merveilles, vraiment splendides, tellement supérieures encore en live/électrique que sur l'album! Je me disais qu'avec ce traitement plus électrique et plus rock, Babel aurait une gueule terrible (écourté en nombre de tracks alors). Les rares morceaux qui groovent un peu sur l'album groovent éminemment/évidemment bien plus en live, presque tout est rallongé dès l'intro et dans l'outro comme en général. Un rappel. 2H10. Très très bonne prestation, je la préfère à celle du Botanique de la tournée Toboggan d'ailleurs (mais là il n'étaient que 2, JLM+batteur)."