inter-vious et murat

Publié le 20 Août 2013

 
 
OLIVIER NUC
                   nuc.jpg                                                                                                                                  droits  photos:    O.NUC          
 
 
Ayant effacé malencontreusement du blog la première édition de cette interview datée de MAI 2010, en voici une réédition... sous une nouvelle forme et  une introduction mise à jour. N'ayant pas de version sauvegardée,  ça a représenté un peu de travail... et je suis paresseux.  
 
Dans le petit cercle des journalistes musicaux parisiens, fidèles de Jean-Louis Murat, il y a bien sûr Bayon… et Olivier NUC qui a succédé à Bertrand Dicale dans les colonnes du Figaro, ce qui en fait peut-être le journal qui a apporté le plus régulier soutien à Jean-Louis Murat... que l'on rattache plus souvent pourtant à Libé et aux Inrocks.   Olivier Nuc, responsable des musiques actuelles du FIGARO,  était même administrateur d’un groupe «Jean-Louis Murat » sur FB, avant qu'une page officielle ne soit créée, ainsi qu’auteur d’une «conférence chantée» (Hall de la chanson) au côté de Florent Marchet (la Rochelle en 2007) . Plus récemment, il invitait encore Jean-Louis Murat pour deux titres live et une interview vidéo sur le figaro.fr.  Par ailleurs, il est aussi auteur de livres sur Neil Young et Hendrix.
 
 
 
Olivier NUC bonjour
 
 
-  Vous avez écrit que Jean-Louis était « indispensable à cette époque ». Quand vous recevez un nouveau disque, restez-vous journaliste avant tout ou bien ressentez-vous la fébrilité et l’émotion d’un fan lambda?
 
 
O.NUCJ'avoue que l'arrivée d'un nouveau Murat est toujours un moment que j'attends avec joie. Ceci dit, je veille à écouter chacune de ses productions avec la vigilance et l'exigence que j'applique à tous les disques qui me parviennent, qu'ils soient publiés par des artistes confirmés ou non. Je ne pense pas avoir jamais été aveuglé par la production du bonhomme. Il y a d'ailleurs des disques de lui que je n'écoute jamais.
 
 
- Oui, moi aussi… si bien que j’ai pris « Oiseau de paradis » pour un inédit… Donc je m’en veux ! Lesquels n’écoutez-vous pas ?
 
O.NUC :   Je n’écoute jamais Vénus ou Madame Deshoulières par exemple.
 
- Quand avez-vous découvert Murat ?
 
 O.NUC :   J'ai du entendre "Si je devais manquer de toi" à la radio à l'époque du succès de ce 45 tours. L'adolescent fanatique d'Hendrix que j'étais alors n'a pas du tout mais alors pas du tout aimé. Je le trouvais trop lisse pour être honnête, et, dans ma grande ignorance, je l'avais rangé dans la case "playboy variété", si une telle case existe d'ailleurs. Par la suite, je suivais son évolution au gré des sorties de 45 tours à succès. J'aimais déjà beaucoup plus les climats de "Col de la Croix Morand", mais je n'aurais jamais acheté un de ses disques par exemple. C'est à la sortie de Dolorès que j'ai complètement révisé mon jugement à son sujet. J'étais entretemps devenu journaliste, j'étais à l'époque (96 je crois) aux Inrocks, journal qui a beaucoup fait pour lui. Le disque m'a infiniment plus, au point de me précipiter à la Black Session de Lenoir organisée juste après sa sortie. Je crois que j'ai compris ce que Murat voulait faire en le voyant alors sur scène. Il me tardait de suivre son développement, ce que j'allais, par bonheur, être amené à faire dans le cadre de mon métier.
 
 
-  Quels sont vos albums préférés ? et s’il fallait retenir 3 chansons ?
 
O.NUC :   L'honnêteté me pousse à inclure Dolorès. J'ajouterai Mustango et Lilith. Trois chansons seulement ? Vous êtes dur ! Disons Fort Alamo, Bang Bang et le Désarmement intérieur.
 
- Ah, choix original (je serais bien embêter d’en faire un moi-même). Pourquoi l’honnêteté pour Dolorès ?
 
O.NUC :   C’est le premier disque de lui que j’ai vraiment aimé ? Honnêteté parce que j’ai un problème avec la production terriblement datée, mais je trouve que les chansons figurent parmi les meilleures qu’il ait écrites.
 
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 Quels souvenirs avez-vous de rencontres ou d’interviews avec lui (en fait, je n'en ai pas retrouvé)?
 
O.NUC :   Ils sont nombreux et excellents. Je l'ai rencontré la première fois pour Aden, supplément culturel du Monde, en 1999, pour la promo de Mustango. Je crois que cet entretien a posé les bases de nos relations à venir. Il m'a titillé sur un truc, je l'ai rembarré, la glace était brisée. Ensuite, je l'ai interviewé pour Le Moujik (toujours pour Aden), puis Lilith (Aden encore). Je suis allé pour la première fois chez lui pour un numéro spécial d'Epok, dont il a été le rédacteur en chef, à la sortie de Taormina. Et j'y suis retourné l'été dernier afin de parler longuement du Cours ordinaire des choses. Dois-je ajouter les rencontres privées, et celles faites à l'issue de quelques concerts au fil des années ?
 
- Ah, Mince, j’ai justement relu Epok hier en cherchant vos articles…. mais je suis allé trop vite : j’ai raté votre nom ! C’est un excellent article, notamment car il constitue une belle visite guidée des greniers de Douharesse… Vous avez vu les malles remplis d’inédits ! Apparemment, même s’il n’a pas l’habitude d’y piocher, il est assez rigoureux dans son classement, avez-vous parlé avec lui de cette matière ? En fait, je suis curieux de savoir s’il la considère comme un héritage, exploitable un jour pour ses proches, ou s’il a jamais pensé en faire quelque chose ?
 
O.NUC :   Il était question de mettre un peu d’ordre dans ces archives, je crois, mais finalement, se retourner sur le passé l’intéresse assez peu : tant mieux, c’est le propre de l’artiste d’aller de l’avant. Je serais bien sûr curieux de plonger dans ces inédits. Peut-être procédera-t-il un jour comme Neil Young ou Dylan, qui ont tout classé et publient régulièrement de beaux inédits.
 
  
 
Et des souvenirs et émotions de concerts en particulier?
 
O.NUC :   J'ai en mémoire, c'était le 11 novembre 1999, un concert ahurissant au Trianon, époque synthétique avec Denis Clavaizolle, après la sortie de Mustango. Je garde le souvenir de plusieurs Cigales réussies dans les années 2002 - 2004. Mais ce que j'ai préféré, ça a été de le voir trois soirs de suite aux Francofolies de La Rochelle en 2007, année où Florent et moi avons donné la conférence chantée d'ailleurs. J'ai pu constater à quel point il se réinventait d'une soirée à l'autre. 
 
 
- Manset avait parlé d’un « repli problématique » à propos de Murat… Je pense qu’effectivement on pourrait résumer ainsi les critiques généralement émises sur Jean-louis Murat… mais en réalité, comme Manset, il construit une œuvre à la cohésion remarquable…Que pensez-vous de son évolution musicale, de sa carrière ?
 
O.NUC :   Je pense qu'il y a une rupture nette à partir de Mustango, lorsqu'il commence à renoncer aux productions synthétiques pour se rapprocher du blues et du folk qu'il affectionne tant. En particulier, la phase qui va de la publication du Moujik à celle du DVD Parfum d'acacia au jardin me semble représenter le sommet de son inspiration. Il publie énormément de disques alors mais loin de baisser, leur qualité ne cesse d'augmenter.
 
- La référence à Neil Young est un peu le cliché journalistique depuis Lilith. Jean-Louis a parfois tenté de s’en détacher, en disant que c’était un bon mais en division 2… Que pensez-vous de la comparaison ? et en matière de jeu de guitare ?
 
O.NUC :   Dire que j'ai manqué de peu l'organisation d'une rencontre entre ces deux-là... Murat a appris à jouer de la guitare en écoutant Everybody Know This Is Nowhere et Harvest, c'est assez manifeste dans la manière dont il approche l'instrument. Je sais qu'il place Neil Young très haut dans son Panthéon musical, alors la comparaison est assez flatteuse à mon avis. Je serais curieux de savoir ce que Young penserait de sa musique...
 
- Ah, oui, cette rencontre aurait été géniale (comme sa rencontre avec Wyatt pour Télérama) mais je pense qu’« il ne préfère pas » , question de ne pas briser le mythe (cf ses histoires avec Manset, Cohen, T. Jo White… ). J’ai été notamment assez surpris lors de la promo du Cours ordinaire des choses, de son caractère absolument non blasé quand il parlait du lieu, des histoires de musiciens… Depuis, il en a beaucoup rajouté sur le fait que Nashville, c’était juste un truc à raconter aux journalistes, mais je pense qu’il était vraiment ému de rencontrer Dugmore par exemple. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette rencontre avortée?
 
O.NUC :   Il m’avait donné son accord de principe, oui. Il était question qu’il vienne à Paris pour cela mais Neil Young a finalement annulé sa venue sur nos terres. Mais je ne désespère pas, un jour…


- Enfin, je voulais aborder un point particulier... l'aspect politique, qui n'est pas j'avoue, crucial à mon avis, pour cet artiste dégagé chantant l’amour… qu'est jean-louis Murat (... même s'il a été militant: Amnesty, la cause Kurde, sa chanson contre Mégret... : http://www.rfimusique.com/sitefr/biographie/biographie_8887.asp . Vous avez cosigné un article sur « ces intellectuels et artistes qui appellent à la révolte » qui avait suscité quelques réactions… Jean-Louis Murat appelle bien à une certaine forme de révolte, mais en citant des gens comme Muray, en faisant des sorties anti-écolos par exemple… Ses prestations télévisuels ont parfois été contre-productifs jusqu’à carrément se tirer une balle dans le pied (l’article en dernière page de Libération à la sortie du CODC)? Est-ce qu’il ne s’est pas finalement un peu coupé de son public traditionnel (et de ses soutiens classiques : Inrocks, Télérama, Libé) ?
 
O.NUC :   C'est peu de dire qu'il existe un nombre de malentendus à son sujet. Il n'a d'ailleurs pas cherché à les dissiper, loin s'en faut. Le drame, c'est que certains connaissent mieux ses passages télé que ses chansons. Il est trop complexe pour une époque qui veut des chanteurs souriants et inoffensifs devant les caméras. Je ne suis pas sûr qu'il se soit coupé de ses soutiens traditionnels, je pense qu'il n'a pas voulu jouer un jeu qui le cantonnait à quelques références médiatiques seulement. Quant à sa seule chanson ouvertement politique "Les gonzesses et les pédés" c'est à mon avis une de ses moins réussies...
 
- Oui, ses textes ne se veulent pas engagés (mais on peut parler du « coup de jarnac », de « Giscard », de « la complainte du paysan… », de « 1829 », de « suicidez-vous »… Vous-même , pour parler du CODC, vous avez écrit qu’il donnait sa vision de l’époque…
 
O.NUC :   Le cours ordinaire brosse le constat d’une époque peu brillante aux yeux de l’auteur en effet. Il n’est pas vain d’envisager l’angle politique mais cette forme d’écriture fait courir le risque de dater les choses lorsqu’elle a trait à des événements très précis et marqués dans le temps.
 
- Par rapport au CODC, difficile d’avoir des critiques plus élogieuses dans la presse, mais cela ne s’est pas traduit par le succès espéré ? Crise du disque certes! mais n'y a-t-il pas aussi une crise dans la fonction prescriptrice des journalistes culturels (je n'ai pas d'avis là-dessus!) ?
 
O.NUC :   Le cas de cet album est un mystère. Une couverture presse très élogieuse - à juste titre - des concerts excellents, et pourtant, trop peu de ventes. Difficile de donner une seule raison à cette désaffection, mais il est sûr que Murat est aujourd'hui cruellement sous-estimé par ses pairs. La crise du disque est une explication, mais ce n'est pas la seule à mon avis. Le manque de curiosité des radios est une réalité dont souffrent hélas les artistes comme lui.
 
- Le meilleur disque en français de l'année 2009, pour vous, c'était  "la superbe"?   
 
O.NUC :   A égalité avec La musique (Dominique A), Clair (JP nataf) et Le cours ordinaire des choses…
http://i.ytimg.com/vi/10RHLYuMS1k/0.jpg
 
- Quelle marque laissera Jean-Louis MURAT dans la chanson française?
 
O.NUC :   Une marque beaucoup plus importante que son peu de succès actuel ne le laisse présager. Enfin, c’est ce que j’imagine mais je dois être un peu utopiste…
 
 
- Avez-vous des projets en cours? un livre? et éventuellement, quel est le disque que les muratiens ne doivent pas  râter en 2010 (mise à part Courchevel)?  
 
O.NUC :   Beaucoup de projets en cours, beaucoup de disques à ne pas rater, plein de choses vraiment. Bonne route aux Muratiens !
 
 
MERCI OLIVIER NUC! Interview réalisée par mails en avril/mai 2010.  
 
 
LES  LIENS  EN PLUS :  
 
Jean-Louis Murat : vite, de la sauvagerie ! ADEN | 28.10.03                                                                    Outsider de la production française, le chanteur remonte sur scène, un double album sous le bras. Exit les fioritures intellectuelles : "Le rock, c'est d'abord affaire de générosité et de spontanéité."
aden : On vous sait prolifique, mais c'est la première fois que vous réussissez à imposer un double album à votre maison de disques.
Jean-Louis Murat : Face au business, je me comporte comme un mafioso : je travaille avec eux tout en étant contre eux. Je suis contraint par la logique du système, mais je suis couvert par les chefs. Dès le début, ils m'ont dit : " On est sûrs de ne jamais gagner une thune avec toi, mais tu es notre danseuse. " En contrepartie, je leur interdis de venir en studio ; ils ne voient le truc qu'une fois terminé. Cela vous met en porte à faux par rapport au reste de la production française... Avec ce qui marche, en France, musicalement, on a l'impression d'en être au même point que s'il n'y avait jamais eu l'électricité. Comme si la musique avait cessé d'évoluer après 1962. On est à une époque où les réacs arrivent à se faire passer pour des progressistes.
Comment avez-vous procédé ?
Toutes les prises ont été faites en quatre jours. J'avais envie d'assommer la concurrence. J'aime bien la compétition. Quand j'ai vu toute la presse qu'a eu l'album de Bashung, j'ai eu envie de frapper un grand coup. En même temps, le rock n'est pas une expression artistique qui demande des tonnes de préparation. Il exige surtout générosité, simplicité et spontanéité. On est plus proche du foot que d'un synopsis de Hitchcock.
Vos chansons ont un côté plus brut que par le passé.
J'ai préféré revenir au cœur des choses. L'impasse, ç'a été l'album Dolorès. J'ai passé six mois en studio avec trois logiciels Pro-Tools. J'en avais marre d'intellectualiser. Le rock est devenu chiant à partir du moment où il a eu des prétentions intellos. Le point de non-retour, c'est le jour où Lennon rencontre Yoko Ono et commence à vouloir faire de l'avant-garde. Il est temps de remettre la sauvagerie et l'innocence au cœur de la musique, d'en faire à nouveau un art premier. Et puis, on n'a rien trouvé de mieux qu'un larsen pour représenter le monde dans lequel on vit, n'est-ce pas ? Propos recueillis par Olivier Nuc



Murat : "Je veux rester un animal sauvage" ADEN | 09.11.04 Co-signé avec Fred Jimenez et la chanteuse Jennifer Charles, son dernier album est presque un hommage à la pop des années 1960. Cette semainbe, Jean-Louis Murat s'installe au Café de la danse.
aden : Si l'on compte le double album Lilith et le DVD de chansons inédites Parfum d'acacia au jardin, A Bird on a poire est votre troisième projet en un an...
Jean-Louis Murat : Tant qu'on ne me traite pas de stakhanoviste. .. Pour certains, c'est comme si j'avais une maladie mentale. Je trouve bien qu'il y ait des cadences infernales. La musique, ce n'est pas un truc de retraité. Le business de la musique a transformé les gens qui ont le sang chaud. C'est une manière de les domestiquer. Je n'ai pas l'intention de me faire domestiquer. J'ai envie de rester un animal sauvage.
Cet album, vous le cosignez avec le bassiste Fred Jimenez et la chanteuse Jennifer Charles.
C'est la première fois que je ne compose pas et ne joue pas de guitare sur un disque. C'est un truc d'amitié : Fred avait des compositions sensationnelles dans ses tiroirs. J'ai choisi celles qui m'inspiraient le plus pour écrire des textes et lui ai laissé les coudées franches. La première fois qu'il m'a fait écouter ses musiques, c'était en voiture, en Camargue, et on a pensé à Jennifer tout de suite. C'était bien d'avoir une présence new-yorkaise, de sortir du truc franco-français, parce qu'il y a beaucoup de références à la musique anglo-saxonne sur ces chansons. En enregistrant, on a essayé de ne pas perdre le charme des maquettes faites sur quatre-pistes. C'est comme si on était passés d'un film super-huit à du 35 millimètres. Avec ses harmonies vocales en cascade et ses mélodies,
 A Bird on a poire est presque un hommage à la pop des années 1960.
La musique, c'est comme le vin. Il y a de supermillésimes. L'âge d'or, c'est les années 1966-1968. Globalement, ça part en couilles après 1976-1977... La musique des années 1990, elle va faire rigoler les générations futures. Ce qu'on retiendra, ce sera que ça a été le règne de la technologie et des producteurs qui mettent leur nom plus gros que celui de l'artiste sur la pochette.
 A Bird on a poire tranche assez radicalement avec le reste de votre production.
 Lorsqu'elle l'a entendu, ma mère m'a dit : "Tu as enfin fait un vrai disque." C'est un disque qui rassure parce qu'il est très mélodique. Or, la mélodie, c'est le monde organisé : ç'a un côté apaisant, comme un baume qui cicatrise. Pourtant, je ne connais rien de plus triste que les Beach Boys. Leurs chansons, c'est la mort qui chantonne. Il y a plus de noirceur dans Surfin' USA que dans toute la discographie This Mortal Coil. La justification de A Bird on a poire est aussi dans le décalage. L'ambition, c'était d'additionner nos étrangetés : Fred est suisse, Jennifer est américaine et je me sens assez peu français. On a joué de ce côté décalé, presque marginal. Aujourd'hui, les gens ont l'impression d'être ultra-branchés en écoutant quelqu'un comme Björk, alors que c'est la chanteuse officielle de l'intelligentsia, la chanteuse préférée de Chirac et Sarkozy. On ne peut plus vivre en étant dans la marge dans ce pays, c'est ce qui me fait enrager le plus... On nous rebat sans cesse les oreilles avec les succès de formations françaises comme Air ou Phoenix à l'étranger mais j'ai vu des groupes de bal dix fois supérieurs à eux. Nile Rodgers, le guitariste du groupe Chic, a dit un jour que "comprendre la musique, c'est danser". Ce n'est pas gagné dans un pays comme le nôtre... Propos recueillis par Olivier Nuc 
 
 
Le texte de la conférence chantée et le podcast :
Une vidéo:
 



AJOUT RECENT :
En décembre 2012, nouvelle interview, en vidéo: 



 
 
 
 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 9 Avril 2013

  quenard.jpg
 
         Quand j’ai vu que l’ « inter-ViOUS ET MURAT »  pouvait devenir une série,  j’ai souhaité l’ouvrir à différents types de personnalités, pas seulement des chanteurs ou des amis de Jean-Louis Murat (voir des anonymes, qui sait ?). Et voilà quelques années que je croisais sur les réseaux sociaux ou sur le fil de l’actualité, un muratien un peu particulier (peut-être totalement sui generis), mais je cherchais une occasion...    « The end, etc… », le web-film de Laetitia Masson mis en musique par Murat  me l'a offert, avec l'ambition d'aider à répondre à  la question posée par la réalisatrice  : « c’est quoi l’engagement ? ». En effet,  l’homme que j’ai interrogé… est un «politique» et un « politicien » (même s’il garde une autre activité professionnelle)! 
         39 ans, diplômé de droit public, il s’agit d’Eric Quénard, premier adjoint P.S. de la Ville De Reims, 12e commune de France en terme d’habitants, conseiller général de la Marne.  Il n’hésite pas à partager sur le net, très régulièrement, son enthousiasme pour Murat aux milieux de commentaires plus attendus (informations sur ses nombreuses activités quotidiennes,  piques à ses collègues de l’opposition...).  Battu aux législatives par la député sortante, il reste élu de terrain pour l'instant… et s'est accordé un peu de temps les dimanche soir pour répondre à mes questions, poussé par une seule motivation : sa passion, pas si évidente à affirmer,  pour Jean-Louis Murat. Il ne sera pas donc  question de choc de compétitivité, de choc de simplification, ni même de choc de moralité...mais, sans aller jusqu'à convoquer le fantôme de Malraux pour autant... de "choc esthétique"!
   
 
- Première question qui est un peu celle qui vient rapidement quand deux muratiens se rencontrent: ça  a débuté quand? comment?

Eric Quénard : J'ai découvert Murat d'une manière assez originale. C'était à la fin des années 1980 avec l'album Cheyenne Autumn. J'avais 16 ans.
Ma mémoire avait imprimé certaines chansons telles que "le garçon qui maudit les filles", "Si je devais manquer de toi" mais sans pour autant que je me sois attaché à rechercher l'identité de l'artiste. C'est en écoutant un jour la chanson "L'Ange déchu" que j'ai entendu pour la première fois le nom de Jean-Louis Murat. Je me suis rapidement rendu chez un disquaire pour acheter l'album.
Et là en écoutant Cheyenne Autumn, je découvrais finalement que derrière Murat se cachait l'auteur et interprète des autres chansons que j'avais tant fredonné. Ce fut une heureuse surprise.. Cette rencontre avec l'artiste fut pour moi déterminante. Depuis cette époque, je suis resté un inconditionnel.
 
- Donc vous êtes un Muratien historique... car l'ayant écouté dès que sa carrière a réellement débutée.... ce qui n'était pas réellement mon cas.  Aimer Murat à 16 ans, cela m'évoque Arnaud Cathrine (né en 74 également) qui a écrit :
"
J’ai eu, disais-je, une vie musicale clandestine, d’autant plus impérieuse pendant les années collège et lycée. Je revois ces garçons férus de Cure qui débarquaient dans la cour les ongles noircis au vernis et les lèvres rouges… Je ne comprenais rien à Cure, pour moi il était entendu que les garçons avaient le droit de pleurer (je n’aurais jamais pensé à aller chercher un quelconque second degré dans une  chanson anglaise) et j’avais eu bien assez de leurs soupirs affligés lorsque j’avais  brandi le magnifique « Cheyenne Automne » de Murat. « C’est quoi cette voix de tapette ?! » Sans appel. Je repasserai. Et je continuerai à écouter Murat. Je ne suis pas un garçon pop, je crois".   ET
"Lorsque je tente de faire entendre la voix de Murat, je constate l'incompréhension crasse que l'Auvergnat aux yeux bleus inspire à mes congénères: sa voix alanguie désarçonne; le féminin qui s'y joue, il faut s'en défendre; quant à cet accent qu'il ne cherche pas le moins du monde à dissimuler, n'en parlons pas"
 
Eric Quénard : Oui effectivement je me retrouve assez bien dans cette description surtout d'ailleurs dans les réactions que pouvait susciter Jean-Louis Murat auprès de mes amis. J'ai toutefois toujours assumé avec une certaine fierté mon intérêt pour l'artiste, ses textes, ses mélodies. J'y trouvais même là une occasion de me singulariser par rapport aux autres.
  Mustango-s.jpg
 
 
- Est-ce que la politique ne vous offrait justement pas cette singularité? L'engagement est-il venu plus tard?  Quel adolescent étiez-vous?
 
Eric Quénard : Non, car je me suis engagé quelques années plus tard à 19 ans à mon retour sur Reims. J'étais à l'époque dans la ville du Mans un collégien puis un lycéen plutôt discret même si j'exerçais déjà des responsabilités en représentant mes camarades de classe. Je lisais, j'écoutais pas mal de musique puis je faisais du sport (football, cyclisme).
 
 
- Comment et quand vous êtes vous engagé dans la politique?  Et quel a été le parcours qui vous a mené à vos fonctions actuelles?
 
Eric Quénard : J'avais des convictions, des idées que je souhaitais défendre, partager mais aussi confronter avec d'autres. J'étais profondément touché par les injustices. J'avais souvent des échanges avec mes amis, des débats parfois vifs. J'étais aussi critique vis à vis des structures partisanes. Je le reste d'ailleurs encore aujourd'hui. Rien ne me prédestinait à ce parcours. Je voulais en effet devenir commissaire de police. Mais j'ai choisi à l'époque de m'engager en rejoignant à l'âge de 19 ans un parti politique (PS) auquel je suis depuis resté fidèle. Rapidement, je me suis aperçu que cet engagement ne pouvait se concevoir sans un engagement plus concret dans le monde associatif. Tout en poursuivant mes études universitaires en droit, j'ai donc milité dans le milieu de l'éducation populaire (Maison des jeunes et de la culture ), pris des responsabilités dans un foyer de jeunes travailleurs et dans une structure qui aidait les immigrés à s'insérer.

 La fin de mes études en 1997 a coïncidé avec la dissolution de l'assemblée nationale et la victoire de la gauche. De nouveaux députés ont été élus. Une opportunité s'est alors présentée à moi. Je l'ai saisi. C'était pour moi l'occasion d'enrichir mon parcours d'une nouvelle expérience. J'ai travaillé pendant deux années au côté d'un député dans la pointe des Ardennes, appelée aussi la vallée de la Meuse, pays des fonderies puis ensuite auprès d'une députée européenne.

J'ai été ensuite élu en mars 2001 plus jeune conseiller général de la Marne sur un canton urbain avec un grand quartier populaire de 20.000 habitants où je vis encore aujourd'hui. Je suis depuis mars 2008 Premier adjoint au Maire de Reims où je suis les questions de logements, de politique de la ville, d'urbanisme, de voirie et de tranquillité publique.
 
 
 
- Et la dernière "aventure" fut la "bataille" des législatives où vous étiez candidat..  mais la vague rose n'a pas conquis totalement la ville du biscuit... rose.  Alors, concernant ce champ du politique et pour en revenir à "Murat et vous",  est-ce que vous écoutez aussi ce qu'il dit?  et n'est-ce pas parfois devenu difficile d'assumer votre intérêt pour lui?
 
Eric Quénard : Oui j'écoute ce qu'il dit. Je suis souvent en accord, parfois en désaccord. J'aime par exemple la manière dont il aborde son rapport à la nature, sa connaissance de l'histoire de la musique, son engagement pour des causes humanitaires (concert de la coopérative de mai), les sentiments, le sport. Je m'y retrouve souvent. Mais en même temps, ce qui me passionne chez Murat, ce sont ses textes, ses mélodies et son interprétation si singulière. Je n'ai jamais éprouvé de difficultés à assumer mon intérêt pour lui même si je reconnais bien volontiers que certaines de ses prestations ont pu me surprendre. En même temps, je pense qu'il assume son côté direct, franc et rejette la pensée unique. C'est un artiste libre.
 
 
 
- Vous ne vous êtes jamais retrouvé à devoir vous défendre de votre "passion" pour lui, alors que l'extrême droite  tenteait de le récupérer (quand il évoque Bernanos, Muray...) ou qu'il était dans le viseur de la presse gay?  ... Vous ne craignez pas encore de le défendre ou de parler de votre intérêt/goût/passion  pour le personnage, malgré la polémique?
 
Eric Quénard : C'est vrai que certains de ses propos ont pu m'interpeller. Je suis très souvent en accord avec lui à quelques exceptions près. Je ne me retrouve pas par exemple dans les propos qui lui ont été prêtés sur l'homosexualité. Quant aux tentatives de récupération par l'extrême droite, je n'ai jamais considéré que c'était très sérieux. Ces différentes polémiques n'ont en rien freiné l'admiration que je porte à cet artiste authentique. Je continue à défendre son travail, parce que je pense qu'il mérite d'être mieux connu et apprécié.
 
 
- Il a écrit un texte remarquable sur Mitterrand, support désormais de cours d'histoire, mais ses propos sur 1981, ses explications autour de "suicidez vous le peuple est mort",  ne fait-il pas un peu mal à l'homme politique de gauche forcément attaché à la conservation du "mythe" ?


Eric Quénard : C'est vrai que l'inédit de 1997 sur la disparition de François Mitterrand est remarquablement bien écrit. Il a su faire ressortir avec talent l'extraordinaire ambivalence et la complexité du personnage. Entre affection et rejet. En même temps, tout en étant remarquable, ce texte n'en est pas moins sans concession. Et je trouve que 16 ans après "suicidez-vous le peuple est mort", il y a une constance et une cohérence entre ces deux textes de Murat. On a beaucoup écrit sur François Mitterrand, sur son parcours, sur sa complexité, sa double vie. Il a été beaucoup décrié. Et malgré tout il fait d'une certaine manière partie de la famille. Personnellement, j'ai toujours eu sur le personnage un sentiment partagé entre admiration et incompréhension. C'est pourquoi sans doute, j'aime beaucoup cette chanson de 1997.
  quenard-2.jpg
 
 
-  A l'occasion de la sortie du livre de mon camarade Baptiste Vignol, j'avais envie de vous faire subir La question... belle séquence de torture que ce Monsieur a infligée à 276 artistes: "pourriez-vous nous confier la liste de
 vos dix chansons préférées, celles qui vous accompagnent, (que vous auriez aimé écrire, enregistrer) peu importe vos critères?  Établir ce genre de classement étant quasi-impossible si l'on veut être sincère et sérieux, trop de chansons étant liées à d'innombrables souvenirs, je vous conseillerai peut-être de le faire dans l'urgence, en prenant un quart d'heure..."

Eric Quénard : C'est effectivement un exercice difficile tant Murat fait partie de mon quotidien musical. J'aime de très nombreuses chansons de Murat. J'ai une faiblesse particulière pour la "chanson de Dolores" qui correspond à une période de séparation dans ma vie amoureuse. J'aime les premières chansons qui m'ont fait connaître l'artiste : « amours débutants », « l'ange déchu », « si je devais manquer de toi », « te garder près de moi ». J'aime le « Terres de France » de Murat en plein Air et sa chapelle de Notre Dame de Roche-Charles. J'aime « Montagne » et « Par Mégarde » sur Vénus. J'aime « Bang Bang » sur Mustango. J'aime « foule romaine » sur le Moujik. J'aime la reprise de Ferré « L'héautontimorouménos ». J'aime la sensualité de « Chappaquiddick », « le baiser », « Aimer » comme d'ailleurs de « Plus vu de femmes » en duo avec Camille. Plus récemment, j'aime beaucoup « qu'est- ce que ça veut dire » sur Grand Lièvre.
 
- Et  puisqu'on en est aux choix, voici les questions rituelles de l'"INTER-ViOUS et MURAT" : 
    votre album préféré de Murat ?  et s'il fallait retenir 3 titres ? et bien sûr pourquoi?
 
Eric Quénard : Live in Dolorès. Trois titres : « la chanson de Dolores »  pour la rupture, « Amours débutants » pour les premiers émois, « Montagne » pour la référence familiale et le lien à la nature.
 
 
 
- Pour les artistes, je pose ceci :"Est-ce que dans votre œuvre, vous avez une chanson qui vous fait penser à Murat, ou dont Jean-Louis Murat aurait participé à l’inspiration "?...  On va la modifier ainsi : Est-ce que votre passion vous a déjà amené à mettre du Murat dans vos discours?   Et une place Léonard Cohen, une école Jean-Louis Murat, cela vous-a-t-il déjà traversé l'esprit?
 
Eric Quénard : Non je n'ai jamais mis de référence Muratienne dans mes discours. Quant à baptiser une école du nom de Jean-Louis Murat, c'est une bonne question ... merci de me l'avoir posée. Je trouve que c'est une idée séduisante mais je ne suis pas sûr que l'artiste y soit favorable.
 
 Roches-Tuiliere-et-Sanadoire--m31.jpg
 
- Gardez-vous en mémoire un concert de Murat en particulier? un souvenir? une ancdote?  
L'avez-vous vu régulièrement (dernière visite à la Cartonnerie en 2006)?
 
Eric Quénard : J'ai vu effectivement Murat plusieurs fois en concert à Paris et à Reims au Manège ou à La Cartonnerie. J'ai eu l'occasion de le croiser dans un resto après l'un des concerts qu'il avait donné au Manège de Reims avec Denis Clavaizolle dans le cadre de la tournée Dolores. J'avais pu échanger avec lui très brièvement. Je rêve de pouvoir un jour le rencontrer et échanger un peu plus longuement avec lui sur son œuvre et sur l'engagement.
J'envisage d'ailleurs d'aller le voir au Trianon le 5 avril prochain. [il n'a finalement pas pu s'y rendre]
 
 
- Vous avez partagé sur votre mur FB  "la marseillaise" de Murat. Je suis un peu surpris du peu de buzz autour de cette version il est vrai "respectueuse". Que représente cette chanson pour vous? et cette version? 
 
Eric Quénard : J'aime la Marseillaise pour ce qu'elle est et représente en tant qu'hymne national. Je frissonne à chaque fois qu'elle raisonne lors des rencontres sportives ou lors des manifestions commémoratives. Je trouve que la version de Murat est tout en mesure et sobriété.
 
 
Eric Quénard :  L'envers du Zébu : la création de Murat sur ce projet. 
L'Internationale : très belle interprétation. L'Internationale revue et modernisée par Murat.
Ni Dieu, ni maître : La devise de Murat, non ?
La Marseillaise : Mesure et sobriété. 
L'Idée :  une comptine enfantine dans la même veine que Noël à la Maison, Au Mont sans souci. Je trouve ce texte très beau.
 
Ces cinq chansons sont un hymne à la liberté. N'est-ce pas finalement cela l'engagement?
 
 
 - Une réaction sur son commentaire  sur le fait que la Marseillaise et l'internationale ça lui faisait ni plus ni moins d'effet que "la danse des canards"?
 
Eric Quénard : Murat est un homme de contrastes voire parfois même de provocations. En voilà une illustration. On se demande s’il ne recherche pas finalement chez ses contemporains la réaction, la confrontation. A cet égard, c'est un artiste engagé au sens noble du terme.
 
 
    http://www.rando-planetepuydedome.com/site/img/tourinsoft/414x311/Chapelle-de-Roche-Charles-4.jpg



- Les Inrocks ont fait un article laissant penser que Reims bataillait avec Clermont pour prendre la place de ville la plus rock... c'est vrai  que 2012 a vu l'arrivée de "jeunes gens modernes" venant de  cette ville. Y a-t-il une politique municipale en ce sens?  Vous-même vous avez été actif dans une salle de concert?
 
Eric Quénard : C'est vrai qu'il y a sur Reims une véritable dynamique culturelle depuis plusieurs années avec l'émergence d'une nouvelle scène rémoise dont sont issus des groupes tels que les Bewitched Hands (pop), mais aussi Brodinski (musique électro), Yuksek (musique électro), Alb (électro pop), Barcella (chansons françaises). 
L'ouverture de La Cartonnerie, salle des musiques amplifiées, en février 2005 a largement contribué à cet essor. J'ai été administrateur de cet équipement culturel pendant trois ans 2005-2008).
 
 
 
- Quelles photos souhaiteriez-vous pour illustrer l’article ?
 
Eric Quénard : J'aime la pochette de Mustango et de Cheyenne Autumn. Photos prises à l'extérieur et dans la Chapelle de Notre Dame de Roche-Charles pour Murat en plein air. Les roches Tuillière et Sanadoire.  J'aime beaucoup également cette photo officielle de Toboggan:
muratpicto.png
                                                                                                                        C. Frank Loriou
 
 
 - et ce "toboggan" justement?

Eric Quénard :  Je trouve le nouvel album très réussi. Le CD tourne en boucle. Murat renoue avec ses fondamentaux.


    
- Qu'entendez-vous par "ses fondamentaux"?

Eric Quénard :
Quand je fais référence à certains fondamentaux, ce n'est naturellement pas un jugement de valeur mais bien une appréciation. Je trouve que cet album me rappelle d'une certaine manière Cheyenne Autumn ou le Manteau de pluie avec en particulier l'utilisation dans plusieurs titres de de samples d'animaux, des bruits de craquement et de vent. Mais aussi l'utilisation d'un clavier. Je reste en ce qui me concerne très attaché à ce travail sur les sons. Je le trouve très juste et minutieux. Il renforce l'impression de flottement comme sur "Il neige". J'aime beaucoup l'idée de la résistance au nihilisme que ce disque évoque. J'aime enfin plusieurs titres comme"Amour n'est pas querelle", "Belle", "Robinson" qui me rappellent des berceuses de l'enfance et certains titres de Murat "Au Mont sans souci", "Noël à la maison".
Murat reste incontestablement un artiste unique dans le paysage artistique. Je reste aujourd'hui plus que jamais un inconditionnel. J'espère avoir un jour la chance de le rencontrer.
 
 
 
--------------------------------------------------------------------------------------------------
 Merci de cette conclusion!
Merci à vous de nous avoir accordé un peu de temps, hors de toute promotion et d'élection!
 

Inter-VIOUS ET MURAT- réalisé par mails du 18/11/2012 au 08/04/2013.
Cette interview ne contient pas de questions sur la crise du disque, ni sur la crise du le/la politique (une pensée pour Paul Bacot- private iep'joke) et encore moins sur Woodkid. Parce que.  
 Et que Reims reste en ligue 1... et que l'OL soit en champions league.      
 

Liens:
 
  - http://www.surjeanlouismurat.com/article-reveil-calme-en-suisse-et-avec-jean-louis-murat-85563733.html


Eric Quénard a été une des personnalités à signer la pétition "Pour une émisson spéciale pour les 30 ans de carrière de Jean-Louis Murat", avec Laure D. et  Jean Théfaine... Et oui, c'est ça l'engagement...
           ;.)
           
 
 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 15 Mars 2012

Inter-ViOUS ET MURAT-, Numéro 12 :

 

Michel ZACHA   2e partie.

  

  
  

Dans la première partie que vous lirez ici, Michel Zacha, musicien, producteur, arrangeur, preneur de son, mixeur, nous racontait sa collaboration avec Jean-Louis Murat sur le LP "Murat" de 1982, et quelques infos inédites...  Voici la suite, qui m'a tout autant passionné : le punk français, ses amis Desproges et Kent,  une tournée en Chine, une autre autour du monde et une visite en Auvergne... entre autres...  

  1976 Machinacoeur

  "Au studio 1 d'EMI en 1980  (dans lequel j'ai mixé "Murat").   Le clavier au premier plan est la fameuse "machinacoeur"  que   j'avais  conçu en 1977 (à l'époque il n'y avait pas d'échantillonneur) pour mon album "INUTILE"   et dans l'ombre on distingue Danièle Chadelaud et Annie Vassiliu qui étaient là pour faire quelques choeurs".     

 Michel Zacha

 

  

 

- Alors, concernant MURAT, as-tu continué à suivre sa carrière?    assidument ?(puisque beaucoup de monde n' a pas réussi à le suivre) ...  Peux -tu me donner 3 titres préférés?  (c'est les questions rituelles de l'inter-ViOUS ET MURAT! ).

ZAC:  Je n'ai pas suivi la carrière de Murat car je n'en ai pas eu le temps. Les chanteurs et les groupes français je les écoute en général quand je suis derrière la console. Je n'écoute plus jamais ce que je produis une fois que c'est fini et je laisse les chansons me parvenir à travers le filtre des média et du temps, en zappant parfois sur une chaîne de télé ou sur une radio (rarement). C'est ce qui n'existe pas encore et qu'il faut découvrir qui m'intéresse, l'inconnu. Pendant toutes ces années j'étais en studio ou en tournée dans le monde. Un explorateur rentre rarement dans un musée ;-) 

Je n'écoute que très peu de musique, en tout cas celle que je ne sais pas faire, et jamais en bruit de fond.

 

Donc tu peux dire que je n’écoute pas Murat, mais j'écoute pas les Beatles non plus ! Quand je quitte mon ordi pour aller prendre l'air c'est pas pour me brancher un iPod dans les oreilles. Silence, lecture, cinéma, relations humaines, grandes marches, ça prend beaucoup de temps  mais je sais, à travers les bribes de Murat que je capte de temps en temps à travers l'espace et le temps, qu'il n'a pas dévié de sa route. Estime et respect... mais pas trop quand même.  Faut pas déconner non plus, c'est jamais qu'un être humain ! ;-)

 

 

 

Je me demandais si tu connaissais Marie Audigier avec qui vous partagez l'amour de la musique africaine ?

 

 

ZAC : Je l'ai croisé une ou deux fois mais je garde un jolie souvenir d'elle quand je suis allé voir Jean-Louis pour la première fois en Auvergne avant notre aventure. Je me souviens d'une maison en bordure d'une forêt froide et sombre sous la neige, du regard de Jean-Louis que je rencontrais pour la première fois, intense comme celui d'un husky et, à l'intérieur de la maison chaude, il y avait une personne fine et délicate mais un peu sauvage qui m'a servi du thé. Quand je suis ressorti dans la neige après avoir entendu les maquettes de Jean-Louis il y avait des ombres qui bougeaient dans la forêts et j'ai cru entendre Murat/husky chanter “ On chasse on sépare des montagnes en deux, on porte des colliers du plomb sur les mains, et pour la fin on mord dans des hanches de daims" et quand je me suis retourné, j'ai aperçu Marie derrière une fenêtre de la maison des "sévices amoureux".

 

 

 
- Sur ton parcours ce qui m'étonne, c'est comment tu es passé du "barde de Katmandou sur Seine et David Crosby de la vieille Europe" (comme je l'ai trouvé sur le net)  au  Big Zak punk... du fan des Beatles  à Get baque,    et    "célèbre musicologue et accoucheur des cas déspérés" sur la pochette d'Higelin 82... c'est-à-dire qu'en 6 ans, tu acquières l'image d'un sorcier du studio... 

J'ai trouvé des propos du patron de seveteen records  , spécialiste du punk, sur un forum à ton sujet :  "Big Zak aka Michel Zacha, was one of the rare breed who    recorded music in the late sixties / early seventies, both performing and producing, until he became one of the top punk band producers, in the late seventies. He knows how to record / remaster punk, prog, classical, as well as traditional songs / performer. Very versatile.
He is, as far as the "above 60" people I know, the only one who had 25+ years experience in both mixing, recording and mastering on analog, and who can master digital as well better than I do").

 

 

ZAC:  Les journalistes écrivent n'importe quoi et adorent faire des mots : Barde de Katmandou tu parles ! Tout ça parce que je jouais dans HAIR, que je m'accompagnais à la guitare acoustique et que j'adorais harmoniser les voix. Mais j'étais tout sauf un baba cool. J'ai certes appris à chanter avec les Beatles (je n'ai jamais été fan de personne) mais c'est le Lennon des champs de fraises qui me branchait et quand John a fait exploser les Beatles (il était temps !), c'est lui que j'ai continué à écouter et pas la guimauve que devenait le génial Mac Cartney. "How can you sleep " lui chantait John ...

 

 

1969 Hair Julien et Zac

                                                        Zacha et Julien Clerc à l'époque de HAIR (Juin 1969 à Paris)

  En 1976,  j'avais fini ma trilogie chez EMI (le dernier volume s'intitule comme par hasard "INUTILE" !) alors qu'un Disco laminoir et éléphantesque envahissait les radios et je me rendais compte en me tapant la corvée de la promo que je n'étais vraiment pas fait pour faire reluire les pompes de présentateurs débiles en chantant en play back entre deux pubs.

Avant, j'avais été skieur, gardien de but, basketteur, apnéiste et presque prof de lettres classiques et je n'avais jamais eu l'intention de devenir un vieux chanteur et d'ailleurs je n'étais pas un chanteur, ce que Constantin avait bien compris : je n'étais heureux que dans un studio, assis derrière une console comme dans la cabine d'un vaisseau spatial parti explorer des univers musicaux inconnus et croiser quelques extra-terrestres aux grandes oreilles. Fabriquer de la musique c'est quand-même autre chose que d'aller faire le cabot chez Michel Drucker (déjà là y’a 30 ans !).

La matière sonore c'était ça qui m'intéressait, qu'elle soit de moi ou d'un autre n'avait aucune importance, pourvu qu'elle soit originale et inventive. Alors que j’adorais les Beatles, quand j'ai entendu Get Baque de Starshoot ça m'a vraiment mis la banane. J'ai foncé là-dedans avec le même plaisir que j'avais eu à m'échapper de la Fac de lettres en 68, en comprenant que je ne serai jamais prof ! 

Et puis dans Starshoot y'avait Kent, et nous avions bien compris la même chose, Constantin et moi : Dans le fou furieux aux cheveux rouge qui bondissait sur scène sur une rythmique maladroite et des riffs de guitares simplistes se cachait un véritable auteur.

    

19780729 Lyon Th--tre Romain

 

 

vidéo et photo de 1978 au premier festival de Fourvière (Lyon)...

 

(Soirée culte:  Marie et les garçons se font chahutés... et Bijou, Kent, Kolinka viennent les rejoindre sur scène:  vidéo-là . Quelques jours avant, c'était  l'enregistrement de "le Rock d'ici à l'Olympia", admirablement produit par ZACHA.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ZAC:   Tous ces groupes avaient l'énergie, la virginité des nouveaux talents, la soif de vivre et la naïveté de croire qu'il allaient décrocher la lune. Ils étaient d'une inconscience totale, avec leur agressivité de façade et leur air d'avoir tout compris alors qu'ils ne savaient rien ... la jeunesse quoi. Comment résister au plaisir de partager avec eux cette expérience inoubliable du premier vol, du premier disque, et de leur offrir les meilleures chances ?

Rock'n Folk m'avait surnommé le gynécologue du rock et je trouvais ça plutôt flatteur...

 

Pour ta petite histoire on a tourné l'année dernière en Chine avec Kent et Bastello et j'ai enregistré un live "Made in China" avec un simple MacBook Pro. Je te garantis qu'on a toujours la même pêche et le même enthousiasme qu'il y a... trente ans ! Faut dire que les universités pleines d'étudiantes chinoises déchainées, ça le faisait vraiment ... même si j'ai souvent ramé avec la sono.

Comme le disait Bastello à la fin du premier concert (triomphal) : " C'est pas tous les soirs qu'on est les Beatles ! " 

 

Tu vois, t'avais pas bien compris ; j'ai jamais quitté les Beatles, les vrais, ceux du Star Club à Hambourg ;-)

 

 

- Oui, j'avais bien vu cette tournée en Chine, et voulait t'en parler,    histoire de fin un clin d'oeil à un "inoxydable", leader du groupe DEUCE, qui interrogeait Kent sur l'absence de live de Starshooter     :         

                       

 Kent: "- Je regrette qu'il n'y ait aucun live de Starshooter. Et il n'existe aucun enregistrement de concert correct, digne de ce nom, du moins à ma connaissance, hormis ce fameux soir à l'Olympia. Tout le concert a été enregistré et il ne tient qu'à EMI de ressortir les bandes et les faire mixer. Je suis certain que Michel Zacha serait partant pour ça. Et moi aussi ! 'Hygiène', qui figure sur la compil' 'Skydog Commando', a été enregistré à Paris par Marc Zermati dans un petit studio 8 pistes. Bien évidemment, nous n'avions pas le droit de le faire à cause du contrat avec Pathé, d'ou le pseudo les Scooters"

                                                                                http://www.steviedixon.com/Rockalyon/Starshooter.html

 

          

ZAC:  On ne retrouve pas les bandes !! Mais je vais en reparler à Kent. On connaît un responsable à EMI.

 

 

 

- J'ai bien sûr envie de revenir à CLAUDE DEJACQUES  dont le parcours m'a tant intéressé.... Que peux-tu nous dire de lui, lui qui dresse de toi un portrait plus qu'élogieux dans son livre ?


ZAC: C'est mieux d'en parler, ce serait trop long de l'écrire : c'était un véritable baroudeur au coeur d'or. Un frère.

Même chose pour Constantin : c'est ce déchirement perpétuel entre son amour des textes, de la musique et des artistes et son travail quotidien au sein des multinationales ultra libérales qui ont fini par le tuer.

 

  Michel+Zacha+Zacha_Michel_Inutile_F1.jpg

 

- J'aimerais bien savoir  si tu peux citer quelques productions dont tu es le plus fier, ou qui ont compté sur toi, mise à part Kent avec lequel je pense tu as vraiment une relation particulière?

   

ZAC:   Je vais t’étonner mais l’une des prods dont je suis le plus fier c’est l’intégrale de Pierre Desproges!  C’est l’exemple même de ce que peut être le métier du son :

Pour "La Scène", pas de problème (j’avais enregistré les deux spectacles sur mon Tascam 8 pistes) ; pour "les Chroniques de la haine ordinaires" idem ; mais pour les Réquisitoires :

Imagines-tu la somme de travail qu’il a fallu pour aller récupérer à l’INA les enregistrements sur bandes magnétiques de trois années de tournées dans toute la France du Tribunal des Flagrants Délires : 600  enregistrements qu’il a fallu numériser sur bandes DAT puis transférer dans mon ordinateur ( un Mac du moyen-âge :1992 ! ). Ensuite , avec Hélène Desproges, nous avons TOUT écouté, choisi les meilleures prises et là le véritable travail a commencé : tous les Réquisitoires de Pierre étaient écrits et nous avons décidé de respecter son texte à la virgule près. Cerise sur le gâteau, pendant le déroulement des réquisitoires Luis Rego et surtout Claude Villers faisaient des commentaires et des réflexions qui faisaient rire le public. Si on les avait gardés, non seulement ce n’était plus le texte de Pierre mais en plus notre cher « Massif Central » réclamait des droits exorbitants.

 

pierre-desproges-pierre-desproges-l-inte

 

 

Nous avons donc décidé de NE CONSERVER QUE LE TEXTE DE PIERRE !

Ce qui veut dire qu’il a fallu couper toutes les interventions de Villers/Rego, tous les rires, les hésitations, les digressions, pour reconstituer le texte de Pierre, à la virgule près sans que personne n’entende les montages, comme si Pierre avait parlé naturellement sans être interrompu. Accessoirement il fallait que la prise faite à l’hôtel de Ville de Lyon devant 200 personnes, soit "raccord" au niveau du son avec celle enregistrée en plein air sur le port de Dieppe !

Un immense travail pour que, finalement, le public ne se doute de rien !

C’est-ça une bonne réalisation. Et je devais bien ça à mon ami.

 

Un autre grand souvenir, c’est mon travail avec Geoffrey ORYÉMA (et Jean-Pierre Alarcen) tout simplement parce qu’il était dans l’écurie de Peter Gabriel et qu’après le tube "Yé,Yé,Yé", nous sommes partis en tournée avec WOMAD dans le monde entier… et sonoriser un concert devant 20 000 personnes  un jour à RIO, deux jours plus tard à ADÉLAÏDE… puis  le lundi à WINIPEG, le Jeudi à CACERES  etc … après LOU REED et avant PETER GABRIEL, c’est quand-même quelque chose !

 

Avec Geoffrey je me suis retrouvé aussi sur la tour-son de WOODSTOCK et dans la loge des Beatles avant de monter sur la scène du STAR-CLUB à Hambourg…

 

Geoffrey avec Alarcen à One shot not
   

 Il y a aussi  "TABLEAU N° 2" de Jean-Pierre ALARCEN, un poème symphonique pour Piano et Orchestre … produit à la maison dans les années 80s avec un Tascam 8 pistes  synchronisé avec un ATARI, un séquenceur midi Hybrid Arts - 2 AKAI S1000 et un D550 Roland. Rock’n Roll !!

 

J’en ai plein d’autres comme ça : Le Rock d’ICI à l’Olympia, Starshoot ou Xavier Lacouture, Asphalt-Jungle   ou les Mamy cubaines de la CASA de la TROVA rien ne m’a arrêté, rien que du plaisir !

 

 

-Il n'a jamais été question de rééditer tes disques en CD?

 

  ZAC:  Je remasterise petit à petit mes trois albums … quand j’ai le temps !

Là tu peux écouter le Vol d’Icare remasterisé  ( c’est dans la Part 2 : 2h00 du mat ) avec les commentaires sur l’ambiance de l’enregistrement :

  http://frenchup.blogspot.com/search/label/triangle

 

 

-  Tu peux nous parler de ton actu?  MAMIENCO ?

     

ZAC:    Pour Mamienco, tu vas sur leur site. Y’a tout. Je les sonorise le 23 mars au SEL de  Sèvres.           http://www.mamienco.com/

 

Et le 25 au Théâtre La Bruyère je sonorise Dassin d’Odessa qu’ils accompagnent.

 http://www.dassin-dodessa.com/

 

Je travaille en ce moment avec Erol Josué  http://geomuse.fr/?p=120      

 

Je viens de mixer et masteriser le dernier spectacle de Michèle Guigon au Théâtre Vidy Lausanne "Pieds nus traverser mon cœur"

 http://michele-guigon.com/

 

Kent vient de sortir en CD son MADE IN CHINA

http://kent-artiste.com/03musique/kent2011_alb18_0accueil.php

 

 

 

 

- Un énorme MERCI, Michel, pour ta disponibilité,  ta confiance, les  3 superbes photos tirés de tes archives...

Longue route à toi!

 

 

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INTERVIEW REALISEE PAR MAILS DU 22/01/2012 au 10/03/2012

 

Bien que je ne suis pas favorable à cette façon de faire, en raison de la spontanéité des échanges, de différents allers-retours sur les sujets,   l'interview a été  bricolée, "mixée" en collaboration avec Michel. 

 

©surjeanlouismurat.com    15/03/2012

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LES LIENS EN PLUS :   

  

- rappel : Mon premier article  évoquant Michel :  http://www.surjeanlouismurat.com/article-zacha-et-desjacques-producteurs-de-murat-en-82-84-part-1-97335518.html

 

- pour les fans de Manset : On trouve Zacha et Manset sur le même disque : compil Pop made in France (EMI c17812400/1), mais également sur un disque canadien  de Pierre Dufresne dont Manset a fait les arrangements et dirigé l'orchestre : Zacha est crédité d'un texte sur une musique d'André Popp. Ce grand compositeur était son éditeur, et c'est grâce à lui, et à Dejacques et Julien Clerc, qu'il a pû décrocher ce fameux contrat de 3 disques chez Pathé.

 

- En attendant une réédition de la trilogie de Zacha, 2 titres ont été réédités sur une compil "LOVE ENCHANTE" en 87 avec deux titres.

 

- Zacha a évoqué le groupe MAMIENCO :  

http://www.arcadi.fr/beneficiaires/bdd/structure.3805/fiche.1066/

 "Ça c’est Michel, le garant de la matière artistique, tour à tour coach, consultant, psy express, très présent, parfois râleur, souvent gouailleur, mais toujours de bon conseil. Et puis, faut qu’on reste sympa avec lui… c’est lui qui a les bandes et qui va mixer l’album !"

http://fr.ulule.com/mamienco-nouvel-album/news/ouf-morceaux-boite-655/

   

- Zacha évoqué rapidement sa récente collaboration avec l'haitien prêtre vaudou EROL JOSUE, celle avec ORYEMA, il faut ajouter au rayon "word" : Mama Sissoko  http://www.mali-music.com/Cat/CatM/MamaSissoko.htm  :

  "Michel Zacha (ouïe d’or, doigté d’horloger et patience de vieux sage" écrit Rémy Kolpa Kopoul de Radio Nova 

 

- Au rayon Punk, et petites histoires dans l'histoire du Rock, je ne résiste pas à évoquer les Guilty RAZORS:

http://www.seventeenrecords.com/seven001.html

"Les Guilty Razors n'étaient pas recommandables, et de nombreux faits divers leurs sont attribués : braquage du directeur artistique de Pathé Marconi à l'entrée d'un concert, vols de mobylettes diverses, mise à sac des salons de soirées cocktails du show biz français... " Ils sont virés de chez Polydor et leur disque passé au pilon!  Zacha a retravaillé sur leur disque à sa réédition.

Quant aux Asphalt Jungle... seul reste en vie du groupe Patrick Eudeline... 

 

- Une partie de la disco de Zacha:

http://www.discogs.com/search?q=Michel+Zacha&type=all&page=4

 

- Allez, on se quitte (mais on reparlera rapidement du LP MURAT -82-) avec un peu de ZACHA:

-

 

 

 

 

 

 A+ Merci de votre attention. ET VIVE MURAT 2012!  

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 15 Mars 2012

Inter-ViOUS ET MURAT-, Numéro 11 :

 

Michel ZACHA

  Murat-Zac.JPG                                                                                                                              ©Michel Zacha

                                                                                                         

 

"Ce message vous est envoyé par un visiteur grâce au formulaire de contact accessible en bas de page de votre blog:    

  Bonjour, je suis Michel Zacha!   Je suis à ta disposition ;-)"

----------------------------------------------------------------

 

             - Oh, mince!  Zacha - prononcez Zaka - !  Il me contacte!  J'avais bien vu sur le net qu'il était encore dans le circuit, que du côté des studios d'ALIGRE FM, on l'avait croisé... mais je n'osais plus espérer quelque contact avec le producteur du  LP MURAT (1982) et de tant d'autres disques, notamment avec Kent, Higelin... Mais je ne vais pas vous le représenter : je l'ai fait en détail dans l'article Zacha et Dejacques: producteurs de Murat en 82/84. 

             La découverte de sa musique, de son parcours (débuté en 1969 dans Hair aux côtés de Julien Clerc)  et l'éloge dressée par Claude Dejacques avait aiguisé ma curiosité... C'était l'assurance d'une "Inter-ViOUS ET MURAT"  passionnante... et l'occasion de lancer les festivités pour les 30 ans du premier LP de Jean-Louis Murat.  

             Après avoir vérifié la bonne identité du propriétaire du mail,  je fonce:

 

 

- Bonjour,
Votre mail était tombé dans la boite de spams... et je  viens juste de le voir...
Merci de cette prise de contact!     J'avais essayé de vous trouver lors de ma première publication de l'article vous concernant.
Etes-vous d'accord pour répondre à quelques questions?  Par mails ? (je préfère)...

 

 

ZAC: Pose-moi tes questions, amitié, Zac

 

 

 

- Vu qu'en fouillant un peu sur le net, je n'ai pas trouvé de bio suffisamment complète, j'aimerais bien que l'on en profite  pour la faire... et on évoquera l'épisode Murat... en espérant que vous l'avez bien gardé en mémoire!

 

 

ZAC:  Je ne sais pas si j'ai envie de partir sur une bio.

 

Ce que je peux te dire pour le moment c'est que je vois, posé à côté de mon Mac, le mini album 6 titres intitulé "MURAT" sorti en 1982 chez EMI :

Face A : MURAT (3'35) - SEVICES AMOUREUX (5'05) - CASSIS MOUILLÉ (3'11)

Face B : LES HANCHES DE DAIM (3'40) - LES MILITAIRES (3'10) - LE CUIVRE (4'22)

 

C'est Claude Dejacques, qui était mon directeur artistique entre 1970 et 1976 quand j'enregistrais ma trilogie "les Promesses d'Atlantides", qui m'avait fait écouter le joyeux premier 45 tours de Jean-louis Murat "Suicidez-vous, le Peuple est Mort !" -comme tu le vois, il ne nous a pas déçu depuis- en m'expliquant qu'il s'était déjà fait mettre le grappin dessus par Jean Bernard Hebey et son label SUMO qui pensait tenir un nouveau Manset, et s'était évidemment adressé à EMI...  Je sais que la première chose dont nous avons parlé avec Dejacques c'était justement d'essayer d'éviter toute référence à Manset... évidemment ! 

 

A l'époque, j'étais devenu, avec la complicité de mon ami Philippe Constantin -mon éditeur chez Pathé-EMI -  le spécialiste des accouchements difficiles d'artistes et de groupes de rock jugés pas commerciaux par les sourds du showbisenes  qui n'avaient, comme d'habitude, rien vu venir et signaient tout çà "au cas où"( je peux te faire la liste).

J'ai donc réalisé ce 1er album de MURAT...

 

Je l'ai enregistré dans un studio à la campagne et mixé aux studios d’EMI, rue de Sèvres à Boulogne. 

 

Je dois avouer que c'était difficile, je n'avais pas pu, au dernier moment, réunir l'équipe de musiciens idéale  (je voulais faire ça avec Jean Pierre Alarcen et Georges Rodi mais ils  étaient en tournée, l'un avec Béranger et l'autre avec Jonasz,  et je dois dire que c'est l'un des grands regrets de ma vie de producteur d'avoir raté cette rencontre entre Jean-Louis et ces deux oiseaux) et j'ai foiré quelques titres (j'ose pas réécouter "Murat" ! mais je remixerais bien "Les Hanches de Daim" et "Le Cuivre"). 

Jean-Louis était exactement comme il est aujourdhui, en plus jeune et donc complètement à vif, intraitable et inspiré.

 


P.S.: Quand à "L'Étrangère" je n'en ai aucun souvenir ! je viens d'écouter un extrait sur internet. ça me dit vaguement quelque-chose mais j'ai plutôt l'impression que c'est une maquette et pas une "prod".

On se tutoie?


 

pochette lp

 

 


- Tant pis pour la bio  (il semble que tu aimes la discrétion... Trop? Mais soit...).   Concernant Murat,  un flot de questions:  je n'avais pas tilté sur ce label "sumo"... un label mais qui ne faisait ni production, ni distribution?  donc à peu près, rien?
 

 

 

ZAC: C'était justement le label qu'avait créé J.B. Hebey pour coincer Murat (contrat de cinq ans, édition et tout le bazar... sans aucune structure conséquente). En effet, il avait été l'un des premiers à avoir entre les mains le 45 tours "Suicidez-vous le peuple est mort ".  Murat à l'époque ne connaissait rien au showbizz et mettra plusieurs années à s'en débarrasser.

 

 


- Constantin n'a pas joué de rôle à ce moment là ? Où bien était-il le supérieur de Dejacques?

 

ZAC: Dejacques qui était un free-lance arrivant en fin d'une longue carrière, et  déjà malade, avait accepté la sécurité d'un poste de directeur  de la production française  salarié chez EMI. Constantin, lui, gérait les éditions. Ils faisaient partie de ces quelques rares personnes infiltrées dans les structures rigides du "métier" de la variété qui avaient de l'oreille, un véritable amour pour les créateurs et défendant véritablement les artistes sur le long terme. 

Des alliés et des amis:  En 1976 Le Directeur Artistique était Michel Poulain (Michel Bonnet Directeur général) qui, intelligemment, nous laissaient faire. EMI avait du blé à l'époque, car l'argent gagné avec les Beatles... ou Tino Rossi restait dans le secteur du disque et servait à produire de nouveaux talents et pas à engraisser des trust mondiaux. C'est justement grâce à ce système qu'on pu exister chez Pathé de gens aussi différents que Manset et Yves Duteil.

 

 

 

 

- Concernant le lp Murat, ton nom ne figure pas sur le site officiel... Est-ce que c'est le signe d'une collaboration vraiment difficile?

 

  ZAC: Non. La collaboration était rude. C'était difficile parce que je découvrais comment Murat fonctionnait réellement (il était exactement comme aujourd'hui en plus jeune, en plus écorché et en plus intransigeant -si tu vois le topo-, intraitable et inspiré). Et si c'était délicat de travailler avec une personnalité aussi forte, j'étais bien obligé de me rendre compte qu'il avait raison !  Il fait partie de cette poignée d'artistes rares avec qui j'ai travaillé et que je respecte encore aujourd'hui. 

 La vie est un éternel apprentissage et un disque à moitié raté, c'est pas la fin du monde...  surtout quand on à affaire à un artiste aussi prolixe.

 

Si, à cause de nos parcours individuels, on ne se croise pas souvent, y'a pas de malaise. Nous sommes finalement restés assez fidèles à nos idéaux d'il y a 30 ans et je partage toujours avec lui des colères identiques sur l'apologie faite de la médiocrité et du panurgisme par tous les pantins du prime time, même si nous n'avons pas l'occasion d'en parler ;-).

 

Concernant ce mini LP, sur le site,  effectivement, les crédits sont faux, mais Murat n'a rien à voir la-dedans et je le vois mal perdre du temps à visiter son site pour vérifier ce genre de détail!

 

Je te confirme bien que c'est bien moi qui l'ai réalisé. Qu'il a été enregistré au Studio de Flexanville par Vincent Chambraud.    

Pour les crédits,  il y'avait Bernard Paganotti à la basse et Georges Rodi qui a pu venir plus tard,  et ça, c'était du gâteau ! 

Je ne suis pas sûr du batteur mais ce devait être Jean Paul Prat celui d'Elisabeth Wiener dont je venais de produire l'album "Sauver sa Peau" dans ce même studio.

 

Je l'ai mixé au studio 2 Pathé Marconi avec Claude Wagner.  Dominique Blanc-Francard n'est pas intervenu sur cet album référencé: 2C 030-72642 Z 1982

 

 

 

    - Bon, tout ça m'a  obligé de repartir dans des recherches... J'étais un peu perdu, notamment parce que j'avais oublié que Dejacques ne raconte dans son livre que l'épisode  du disque de 84... pas "suicidez-vous le peuple", ni ce LP MURAT ... qui sont donc tous issus de sessions différentes d'après ce que tu nous apprends!

Donc, pour résumer puisqu'on est en train de lever un grand lièvre...  Il y a le 45 T   "suicidez-vous..", puis il y a la session que tu diriges (et là, on ne laisse pas le choix à Murat des musiciens...

 

 

ZAC:   ...Il n’a pas été obligé d’accepter, j’étais allé le rencontrer en auvergne et il m’avait laissé choisir le studio et les musiciens.  

 

 

 - Ah... ok...   Puis c'est l'enregistrement de "passions privées", où Murat reprend ses musiciens (Pie, Bonnefont...et encore RODI)...Et  c'est ces mêmes musiciens qui sont indiqués sur les deux disques sur le site officiel et musikafarance  (site d'où provient peut-être l'erreur)...

J'aurais bien aimé quand même que tu me dises qui était le guitariste : je le garderai pour moi! 


      

ZAC:  J'étais libre de choisir les musiciens mais j'ai du remplacer Alarcen à la dernière seconde. Ensuite on était en studio et je me suis rendu compte que ça ne collait pas avec Norbert Galo (tu l'aurais trouvé sur le site de Wiener crédité sur le disque que je venais de produire au même endroit). Norbert est un excellent guitariste, mais si il collait pour Wiener, ça n'a pas collé avec Jean-louis, en particulier dans "Murat" ou c'est du sous-Christopher Cross qui ne ride pas du tout comme le vent !

Je te l'ai dit :c'est un de mes grands regrets de producteur: Les Hanches de Daim, le Cuivre ou Sévices Amoureux en direct live avec Alarcen, Rodi au Fender Rhodes et à l'Arp Odyssée, Paga et François Auger... Mea Culpa.

 

 

 

 

- J'ai eu confirmation de la part de Jean-Paul Prat (via FB): il se rappelle effectivement d'une session, pas du disque. Je ne sais pas si c'est du fait d'avoir croisé Murat, mais  Il a trouvé la foi....

 

 

ZAC:  Ah, rigolo!   A l'époque, il était plutôt bon vivant et  j'ai été vraiment surpris en apprenant, en 86, qu'il avait joué à Lyon, devant le pape, et qu'il a viré mystique!  Les batteurs, c'est vraiment une drôle de race et les voies du seigneur sont impénétrables!  



 

- Pour faire un point le plus précis sur cette session,   tu dis qu'il ne connaissait rien au milieu, mais même s'il débutait,  savait-il déjà parfaitement ce qu'il voulait musicalement?  Et c'était quoi : être réellement neuf par exemple?   (je t'ai mis deux chroniques du disque en pièces jointes: sont cités  "Manset, Higelin, Simple Minds, Brian Eno, Capdevielle, Bashung")? Etait-il curieux aussi de la technique?

 

 

ZAC:  Je n’ai pas le souvenir qu’il savait exactement ce qu’il voulait (comme moi d’ailleurs). Dans ce genre de projet on avance au feeling, mais il savait parfaitement ce qu’il ne voulait pas et en particulier les influences trop perceptibles, les citations et le manque d’imagination créatrice.   Ce n’était pas une volonté de sa part ou une simple attitude : Il était  réellement original et désespéré quand ça ne volait pas assez haut, et encore plus exigeant avec lui-même ; d’où son insatisfaction permanente, qui se manifeste encore aujourd’hui dans cette débâcle artistique qui nous entoure.

Pour la technique, c’était à moi de me démerder …

 

 

 

 


- Pour en revenir sur la référence à Manset, dont tu dis que vous avez cherché à l'éviter, il faut croire que c'est un peu raté, car elle a été faite immédiatement par la presse...

 

 

ZAC:  (Nous, on le savait depuis le début, connaissant le panurgisme des médias de variété...)

 

 

-  Emi avait d'ailleurs demandé à Manset de  produire Murat en 81/82...

 

 

ZAC:  (ce qui prouve la connerie des gens du marketing qui commençaient à s'immiscer dans l'artistique).

 

 

 - ...D'où une fameuse rencontre sur les champs entre les deux...  Murat en a tiré la conclusion qu'il n'aimait pas le bonhomme, et Manset, que Murat  n'avait besoin de personne...

 

ZAC:  Sur MANSET, "Murat en a tiré la conclusion qu'il n'aimait pas le bonhomme" et bien, moi non plus...  Ni Constantin, ni personne, sa vie privée n'étant vraiment pas à la hauteur de son talent.

 

 - Ca m'a amusé de découvrir que vous figuriez sur une même compile : "pop in france"... que j'ai dû du coup acheter...   Est-ce que,  - mise à part la personnalité du Monsieur - ,  Manset est pour vous quelqu'un qui a joué un rôle important pour la pop française?  

 

ZAC:  Pas vraiment ! D’alibi, oui !

 

pop-in-france.jpg

                                                                                                                       PopFrance Tome 2 

 

 

 - Sur le LP MURAT, pas de Dominique Blanc Francart donc... Tu le connais?

 

 ZAC :  Il était déjà à l'époque un des meilleurs ingénieurs du son, un des rares qui possédait la technique ET la feuille !   C'était de plus un excellent "mixeur" et un véritable producteur. Moi j'étais un musicien qui faisait de la prise de son et lui un ingénieur du son qui faisait de la musique. On a souvent travaillé ensemble d'ailleurs et il nous pliait de rire en nous racontant son passé de galérien ( il était bassiste dans des groupes de rameurs des sixties, dont "les pingouins").  Il était déjà sur la route quand moi je finissais ma licence de lettres classiques à la fac de lettres de Nice !  On a le même âge (66 ans), mais on est resté très rock an roll.

Et toi, t'es vieux de combien?

 

 

- Je ne sais pas si je donne cette info sur le net: 35 +3...!... Mais je peux te dire que je n'ai pas grand chose de rock and roll j'avoue...  A 18 ans,  je devenais fan de Manset au lieu d'écouter du grunge...   et reste un peu centré sur Murat, Manset, Marchet...  Depuis 20 ans, le groupe lyonnais VOYAGE DE NOZ  qu'a produit YVES ROTHACHER, ex-starshooter et Factory (que tu connais donc!),  m'accompagne (je dois citer ce groupe ici le plus régulièrement possible: obligation contractuelle!).  D'ailleurs,   as-tu un rapport particulier avec Lyon pour avoir travaillé avec autant de lyonnais : Starshooter, Factory, Taha, Marie et les garçons?

 

ZAC:  Lyon, c'est grâce à Constantin : il m'a emmené écouter Starshooter et tout s'est enchaîné...

marie et les garçons

                                Disque culte de Marie et les garçons (avec RE-BOP):  John Cale, Michel Esteban et Zacha

 

 

- Je suis vraiment content de t'avoir en interview, après celle de Stéphane Prin et peut-être bientôt celle de Dupouy (l'invitation avait été faite et acceptée...).  On avait discuté avec Stéphane Prin de savoir si l'ingé-son devait avoir un son particulier, ou être neutre. Qu'en penses-tu?   et y a-t-il un son ZACHA?

 

ZAC :  Je ne me suis jamais posé ce genre de question ! Chaque groupe, chaque artiste est particulier.

Je n’ai aucun ego en tant que réalisateur et je n’ai aucune frustration en tant que musicien. Je sais parfaitement comment obtenir techniquement le son que je veux mais je sais aussi ce que c’est d’être devant un micro et de chanter comme si ta vie en dépendait. Le gros son de caisse claire, j’en ai rien à foutre…  sauf quand c’est nécessaire ! J’ai bien sûr une manière de mettre en image la musique. Une chanson, c’est comme un tableau, j’aime bien une certaine symétrie, une mise en perspective, un point de fuite. Mais c’est le chanteur ou le groupe qui dessinent, qui proposent des couleurs. Moi je suis la pour encadrer, éclairer et transmettre. On n’encadre pas un Warhol comme un Fragonnard. Le son, c’est d’abord les musiciens. Je peux faire du très joli mais j’aime bien aussi quand c’est vraiment brutal. Je ne laisse rien passer question justesse et mise en place, j’ai une oreille de chauve-souris mais je suis indulgent si l’artiste est généreux et je ne suis là que pour le mettre en valeur tout en ayant le plus grand respect pour le public qui va l’écouter. La phrase que je déteste le plus c’est «  on verra au mixage".  Un autre test, c’est d’écouter le play-back sans la voix du chanteur : si tu ne t’emmerdes pas, c’est que la chanson est ratée. Je peux passer trois heures pour "faire" un  son de piano mais j’ai aussi capté en 5 minutes, pendant une répétition, une chanson à la volée qui a été gravée telle quelle sur un CD ( “Elle voulait revoir sa Normandie“ de Gérard Blanchard ) … Disons que je fais de la mise-en-son.

 

 

 Hommage d'Higelin (pochette d'"HIGELIN 1982")  à Zacha  (et Dejacques) :"le musicien Michel ZACHA célèbre musicologue et accoucheur des cas désespérés" :

higlein 82

 

 

 

 

 

LA SUITE :  

  http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-n-12-michel-zacha-part-2-101352425.html

 

 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 30 Mai 2011

Inter-ViOUS ET MURAT-, Numéro 10   :

 

 Alain ARTAUD

  

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 Alain Artaud, voilà assurément un homme discret  (peu de choses sur le net !) qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions… car quand on dirige une maison de disque, comme LABELS, puis POLYDOR, et que l’on s’occupe de Lady Gaga,  des Black Eyes Peas, Mylène Farmer, Eddy Mitchell… on pourrait facilement devenir un people, façon Valery Zeitoun et  Pascal Nègre… Mais il n’est pas, semble-t-il, du même moule… D'ailleurs,  c’est peut-être pour cela que l’expérience chez Polydor  a pris fin en début d’année (il venait tout juste de négocier l’arrivée de Daho dans la maison… et le nouveau disque de Murat !), on en avait parlé ici même…  

 

 

       En tout cas, moi qui cherchais une personnalité spéciale pour réaliser une  inter-ViOUS et MURAT- spécial à l’occasion des 30 ans de carrière discographique de Jean-Louis, j’ai été ravi d’avoir l’accord d’ALAIN ARTAUD. En effet,  il travaille avec Jean-Louis depuis 1989… et après des musiciens (Erik Arnaud,Christophe Pie, et les 3 jeunes prometteurs...), de remarquables chanteuses (Françoise Hardy, Jeanne Cherhal, A. Pioline), des journalistes et écrivains (Olivier Nuc, Baptiste Vignol) et le "technicien" Stéphane Prin, voici l'interview d'une toute autre catégorie: le "Directeur"... Il n'a pas de gros cigares mais il y avait  matière à faire un beau voyage dans le passé ! Beau... et trop court car il y avait de centaines de questions à lui poser (autour des choix marketing de chaque album, notamment la dernière pochette, le marché du disque, l'avenir de Jean-Louis chez Polydor, etc...). Il faudra se contenter d'une grosse douzaine!

 

 

 

- Alors, M. Artaud, je pense que vous avez connu Murat à l'époque de Virgin. Quel était votre rôle à cette époque?

  

ALAIN ARTAUD : J'étais le directeur marketing de Virgin quand Jean Louis a été signé. J'ai été tout de suite séduis par sa musique, par Cheyenne A. et par la personnalité de Jean-Louis. En tant que directeur marketing, je travaillais sur ses pochettes, ses clips, les campagnes de pub. Pour Cheyenne A,  Jean-Louis voulait travailler avec Jean-Lou Sieff : j'ai accepté même si la dépense dépassait un budget classique de pochette. Je me suis fait tapé sur les doigts mais je m'en foutais car nous savions avec Jean-Louis que le résultat serait top.  Puis,  j'ai contacté  Charles Petit du Village pour le graphisme : je suis aujourd'hui toujours très fier du résultat. 

Pour le spot de pub pour le disque,  nous avons travaillé avec l'agence BDDP pour concevoir un film qui essaierait de raconter l'univers de Jean-Louis :  lui,  assis, filmé en train de regarder un film de Tarkovski et un autre de John ford ! Bref,  il fallait se remuer car toute l'équipe était motivée pour donner le meilleur pour un artiste d'exception. 

Nous avions inventé un jeu de société avec un copain sur la révolution française et j'ai invité Jean-Louis à  le tester : quelle surprise quand je l'ai entendu nous raconter toute la révolution jour par jour...

  

  

  la pub de l'époque, tiré du clip!

 

 

- J'ai retrouvé un article, fameux (peut-être sa rencontre avec Bayon, Libé 15/02/88),  où il disait à propos des photos: "Jamais personne n'a réussi. J'ai fait Mondino, Bettina Rheims, je vais faire Sieff, à chaque fois, c'est des catastrophes. Depuis que je suis petit, je ne me reconnais pas, personne ne me reconnait" (d'ailleurs, dans l'article, "l'histoire de la révolution" de Michelet est évoquée!). C'est rigolo comme il considérait déjà comme échoué cette prochaine séance!  

ALAIN ARTAUD : Il était très content de la séance avec SIEFF qui a fait la couverture de Cheyenn Autumn mais c'est vrai que dans l'ensemble il ne s'aime pas en photo et n'a donc plus confiance dans les photographes ce qui explique son absence des pochettes ou les auto-portraits. Plus généralement, il se trouve transparent en télé quand il chante ce qui est bizarre quand on a le physique qu’il a !  Il a peur de ne pas imprimer la pellicule.

 

 

 

- Dans cet article,  Il est également évoqué les discussions de l'époque autour du premier single... qui devait au départ être MARENDOSSA... Si je devais manquer de toi, avait été enregistré pour CBS en 1985 , et a été finalement réenregistré.... pour être le succès que l'on sait.... Vous rappelez-vous un peu de ces histoires?

 

ALAIN ARTAUD : Je ne me rappelle pas du choix du single, du débat : en revanche,  manquer de toi faisait l'unanimité chez Virgin - ce choix s'est avéré juste puisque cela a été un tube.

 

  SDC11450

 

 

- A l'époque, on sent un Jean-Louis Murat prêt à faire de la promotion, et à écouter sa maison de disque... et aussi à faire quelques concessions (écrire des chansons de 3 minutes 30 par exemple)...   C'était la période où tout était presque facile pour sa maison de disque?  

 

ALAIN ARTAUD : Rien n'est jamais facile pour une maison de disque surtout avec des artistes de la personnalité de Jean-Louis. Mais,  à l'époque,  il  a plutôt confiance, tout est neuf ou presque. Il fait de la promo, parfois trop poussé par la maison de disques vers des trucs trop « variété » mais pas seulement. Beaucoup de radios, télés, presse : les médias le veulent de Sacré Soirée  [et Dimanche Martin] à Libé en passant par les Inrocks.

Ce n'est pas une contrainte pour lui d'écrire des chansons de 3 minutes, ni un ordre de la maison de disque : il a la culture du single ou du concept album, du morceau pour la radio ou du truc de 7 minutes,  bref il aime aussi bien Talk Talk qu’un Dock of the bay de Otis.  

 

- Une des choses peu évoquées, c'est le travail de management ou de direction artistique (comme on dit maintenant) de MARIE AUDIGIER. Que pouvez-vous nous en dire?  Y avait-il une vraie répartition des rôles?  

 

ALAIN ARTAUD : Jean-Louis est son propre directeur artistique, il ne délègue pas vraiment, écoute d'une façon polie, mais il a le final cut : il est son propre producteur donc à ce titre il finance lui-même ses enregistrements et cela, depuis que son contrat avec EMI/VIRGIN/LABELS a expiré. En revanche, Marie bien-sûr est son manager et l'aide à ce titre dans le choix du producteur de concerts, ses rapports avec la maison de disque, rapports aux medias, stratégie ...

La direction artistique a toujours existé dans une maison de disque et tant mieux car c'est une des raisons d'être de ces maisons : produire ! Travailler avec l'artiste sur le choix des chansons, la couleur du disque, le choix des musiciens, du studio, du réalisateur... Je pense souvent que Jean-Louis aurait besoin de ce conseil extérieur même si je pense que c'est un des plus grands artistes français : il est trop seul dans ces décisions.

 

SDC11439                                                                                                                        © 2011- surjeanlouismurat@over-blog.com

                                                                                                                        le fameux objet collector promo du Manteau de pluie.

 


-  ... On en revient souvent à ça...  (Erik Arnaud nous racontait qu'avec Marchet, ils leur étaient arrivés de fantasmer de bosser avec Murat.. et Manset...)... et d'ailleurs, ça va nous permettre de reprendre le fil... L'accouchement du "manteau de pluie" est difficile, et dans le fameux article de Libé paru le 7/10/91 (déjà mis en ligne sur le blog)...  il est souvent question de désaccord avec la Maison de disque (Il est évoqué des insultes et la menace de sortie  d'un fusil à pompe!)...   Des souvenirs de cette période?   Une toute autre époque... puisque Murat évoque un budget de production de 800 000 à 1 million  de F.. 

 

ALAIN ARTAUD : Je ne me souviens pas du tout de l'histoire du fusil ! Dommage c'était rigolo ! «  Je monte à Paris avec un fusil à pompe !  Son coté Ranchero! Jean-Louis peut piquer des colères qu’'il regrette trois minutes après et il n'est pas le genre à tirer avec un fusil à pompe. Je ne me souviens pas de l'enregistrement du disque pour la bonne raison que j'intervenais une fois le disque terminé (directeur marketing à l'époque). Le budget me semble le bon. 

Par contre, je me souviens bien du truc de la pochette car l'éditeur (Emmanuel de Buretel) proposait toujours des idées directement aux artistes ce qui venaient compliquer ou retarder mon boulot et les projets (soyons juste souvent de très bonnes idées!)…  mais là,  le truc du Japon, je sentais la galère !  Le japonais qui pond un truc magnifique, genre David Sylvian avec Russel Mills mais pas ouvert du tout ! Et je sentais le truc difficile :  récupérer l'artwork au japon, les délais brefs.. 

Qui voulait de la couleur ? Qui voulait une photo ? De la nature ? moi ? lui ? virgin? je ne sais plus mais nous avons contacté je crois StyloRouge [ils ont fait le "park life" de Blur*] qui faisait beaucoup de pochettes pour un label qui s'appelait Circa dont j'adorais les pochette... Rien à voir avec Bryan Ferry que j'ai du reste présenté à Jean-Louis pendant un diner au Privilège!  Bryan ferry avec un épis de blé sur sa pochette : impossible  . non…  Un type un peu flou avec du bleu vif et du rouge Ferrari , un épis de blé, un lettrage un peu japonais, un regard que l'on devine droit et qui regarde loin, bref MURAT.  Cette pochette avec Cheyenne et Mustango sont à mon avis les plus réussis d'un point de vue marketing et artistique... 

 

* cf les interviews in english d'un grand "album cover designer" : here  et de StyloRouge here aussi

 

 

 - Le disque se vend bien, je crois, poussé aussi par "REGRETS"...  On commence à voir à ce moment-là la prolixité de Jean-Louis Murat, avec des titres pour les autres, Murat en plein air... et puis, les MAXI 45 T avec des inédits...  Il y avait une volonté d'occuper le terrain? et ça se vendait?   Je repense aussi aux différentes versions de "cours dire aux hommes faibles" (et aussi à ses 3 clips différents...)...     

 

ALAIN ARTAUD : Désolé mais j'ai travaillé avec Jean-Louis sur la préparation de Cheyenne A. et sur la sortie,  puis sur le manteau de pluie. 

J'ai vécu ses sorties ensuite plutôt comme un fan de ses disques car je commençais à enfin signer des artistes et avoir l'envie de diriger un label et de m'éloigner de Virgin pour des raisons perso. A cet époque, j'ai signé et travaille avec Dominique A, Sylvain Vanot et les Occidentaux. Murat m'a encouragé en aidant Sylvain (première partie et reprise rare d'un titre rare de  Sylvain(Pétain fm [inédit live, pas de copie à ma connaissance]) et en me présentant indirectement les Occidentaux.

En 1996, je crois ou 1997, Jean-Louis a demandé de quitter Virgin pour travailler avec moi et donc de signer sur LABELS  (label appartenant à Virgin et dédié aux artistes et labels indépendants). J'étais très fier car LABELS marchait fort et surtout car un artiste comme Jean Louis voulait travailler avec nous (pour moi, c'était bien sûr une forme de reconnaissance). Cependant j'avais une certaine appréhension : allait-il s'acclimater à notre façon de travailler ? S'entendre avec l'équipe habituée à travailler avec des artistes nouveaux ?

Il a enregistré MUSTANGO et cela a calmé tout le monde ! Quel disque! Quelle façon de travailler, d'enregistrer !  Nous lui avons présenté CALEXICO, groupe signé sur City Slang/labels et avec qui il a enregistré je crois deux titres. Et il a été à New-York ou chaque soir, il allait voir des concerts et donnait sa carte aux musiciens qui lui plaisaient pour enregistrer !

Nous avons très bien vendu ce disque et c'était le début d'une nouvelle aventure. 

 

 labels

- oups...  Je pensais que vous aviez travaillé avec lui sur l'ensemble de la période…

Mustango, et oui, cette longue immersion aux Etats-Unis... Il n'a plus travaillé ainsi ensuite (je pense qu'il évoquait souvent l'envie de rester proche  de sa famille) ...   ERIK ARNAUD nous disait qu'il voyait la signature chez LABELS comme l'envie de se rapprocher d'une "culture plus rock et indé" et un certain renoncement au "commercial". Qu'en pensez-vous?

citation complète:  "Je pensais plutôt à Dolorès qui sans être un échec artistique (loin de là) et commercial (ça je ne sais pas trop) représente une sorte de cassure chez Murat. Disons qu'avant de vivre un échec artistique et commercial, il a préféré le devancer en frappant à la porte du label d'à côté (en passant de  Virgin à Labels) et en se rapprochant d'une culture plus rock et indé (sa volonté d'enregistrer avec Calexico). J'ai un peu l'impression que Dolorés était son dernier grand disque commercial - ou plutôt à visée commerciale avec gros budget, gros studio, etc... - et qu'après il a muté (fini les gros studios, les longues séances d'enregistrement, les claviers, le romantisme à tout va...). Et même si j'ai une préférence pour sa première période, je trouve sa mutation très réussie". 

 

ALAIN ARTAUD : Je suis assez d'accord avec cette analyse : il n'était pas content chez Virgin de plusieurs choses : De la proximité avec les autres artistes de variété, la peur ( injustifiée selon moi ) qu’on le présente comme un nouveau Julien Clerc ( c'est compliqué car il le respecte par ailleurs, « le verrou » :  quelle chanson!), échapper à la pression d’Emmanuel de Buretel pour vendre plus (la peur d'être dénaturé), le cirque de la promotion (comme tous les artistes à un moment de leur carrière, il était saturé de passer son temps à répondre à des questions alors que la composition, l'enregistrement, le live,  sont la priorité). Il avait envie qu’on lui foute la paix,  il savait que chez LABELS, les artistes étaient plus libres, plus autogérés. Bon, c'est un gros débat mais je pense que les artistes ont besoin de direction artistique fine et adaptée  à chaque cas particulier ce qui peut créer des tensions bien-sûr entre artiste et producteur. L'histoire retient plus les pressions malhabiles des producteurs (Demander à Neil Young une suite à Harvest quand celui-ci  décide de graver les deux brulots que sont time fades away et tonight’s the night, deux échecs commerciaux qui permettent à Neil Young  d'être adoré 20 ans après par la génération grunge et finalement de vendre encore des disques !) ou les erreurs (Motown refuse que Marvin Gaye grave what's going on car ce chant black révolté éloigne Marvin de l'image du gendre idéal...). Mais personne ne s'intéresse aux passionnés de musique, jeune ou vieux DA qui poussent les artistes vers le chemin de leur public car ils ont la vision, les grands DA  de Canetti [qui a précédé Alain chez Polydor...] à Berry Gordy, Ahmet Ertegun [d’Atlantic records],  Alan Mc Gee, Geoff Travies (Rough Trade) etc....

Donc, Jean-Louis se sent du côté des Calexico, Elliot Smith  (qui, fer de lance de l'Americana, sont les jeunes frères des Neil Young dont JLM est fan), du côté de la démarche sans concession de Robert Wyatt, autre artiste LABELS de l'époque.

 

motwn.jpgatlantic-records.jpg

 

Après, il fait un choix effectivement plus modeste en terme de budget recording, des albums moins onéreux que Dolores car il déteste la poudre aux yeux, le gâchis, le luxe inutile : on retrouve le Jean-Louis qui a la tête dans les étoiles mais les deux pieds bien dans la terre. Je pense aussi qu’il en avait marre de travailler avec des alter egos qui l'avaient souvent déçus : photographes, réalisateurs, clipeurs. Il veut garder un maximum de contrôle. Je pense qu'il aime une certaine rigueur, celle qui pousse les écrivains à être à leurs écrits très tôt le matin, comme une discipline. Il a aussi envie de supprimer un maximum d'intermédiaires entre lui et son public : il se lance dans la création de son site internet, gâte ses fans de covers et d'inédits avant d'être là aussi déçu par la culture libertaire du net ou tout est  finalement pillé au profit de quelques grosses entreprises fournisseur d'accès...

 

 

 

- J'ai  envie de connaitre votre sentiment sur la fin de la période, et la multiplication des disques,  et finalement, un certain épuisement de l'équipe (S. PRIN nous en parlait*)

 

 *S. PRIN :"Effectivement les 2 disques ont été enregistrés en même temps. Très peu de temps après avoir fini  « Bird » je crois, on avait aussi enregistré le DVD pendant la même période, donc je pense qu'un double album de plus à enregistrer à ce moment était un peu indigeste pour tout le monde. Ces albums étaient donc moins agréables à enregistrer, Jean-Louis  plus stressé,  moins préparé aussi. Mais la promo de Bird ayant été assez  bonne, il voulait surement en profiter et ne pas faire redescendre  l'attention du public. Je pense que ça a été un mauvais choix. La vitesse et les contraintes pratiques et techniques pour ces disques étaient encore plus grandes que pour les autres albums, donc un  confort moindre, et des chansons moins travaillées aussi je trouve.  Tout ça a laissé des traces dans les têtes de chacun et la fatigue  de l'enchantement des albums commençait à se faire  sentir". 

 

 

 

ALAIN ARTAUD : Oui, je pense que Jean-Louis a sorti trop de disques à une période, le rythme était trop accéléré et la qualité en a souffert. De plus, ses apparitions télés étaient trop éloignées de l'univers poétique de sa musique et de ses textes : comment retrouver le poète derrière les coups de gueule ou de griffe adressés lors des émissions de télé, comment retrouver l'artiste tellement cultivé, un des plus grands auteurs français quand il trash tout le monde et que les télés sont trop contentes de finalement l'inviter pour ça ( pas toutes!) ?  quel piège! 

 

Pour conclure, je voudrais dire que la démarche artistique de JLM est semblable à celles des artistes qu'il  admire : Dylan, Neil Young ..... et que, à ce titre la comparaison est marrante : leur discographie à l'instar de celle de Jean-Louis est peuplé de chefs d'œuvre,  d'échecs commerciaux ou de réussites, de faux pas et de vrais remises en question artistiques. 

Il y aura encore plein de surprises et moi j'attends le chef d'oeuvre,  le truc qui de nouveau rencontre un public large et exigeant et qui replace Jean-Louis Murat là où il doit être : Au sommet.  

 

 

 

- Voici les questions rituelles de l'inter-ViOUS et MURAT:

*Vos 3 chansons préférées?  L'album?

ALAIN ARTAUD :  Pour l’album, le prochain !                      (NDLR : M. ARTAUD  l’a signé pour Polydor)

Les 3 chansons :

   Le troupeau

   Nu dans la crevasse

   Le train bleu

 

 

polydor1.jpgpolydor 

 

 

- Gardez-vous en mémoire un concert particulier? un souvenir, une anecdote d'un concert?

 ALAIN ARTAUD : Un concert à St-Gervais en Haute-Savoie en décembre juste avant Noël je crois. Il faisait très froid dehors et la version de « nu dans la crevasse » était fantastique. Toutes les allusions à la montagne dans ses textes prenaient une résonance spéciale. L'oreiller Killy, et je ne sais plus quoi. Il a neigé toute la nuit et le lendemain nous sommes allés faire du ski dans la bonne humeur. J'ai adoré cette tournée car il avait décidé de prendre tout le monde à contre-pied : après un album très réussi (Mustango) de facture plutôt acoustique, il avait décidé de tourner en trio et de vraiment réarrangé chaque titre avec par exemple une version machine de « JIM » à couper le souffle et cela a donné un super disque live. 

 

 

- On trouve une chronique de ce concert sur le lien défait…J'aimerais aussi achever historiquement l'interview...   Après Labels, c'est vous qui faites venir Jean-Louis  Murat chez Polydor? Que pouvez-vous nous dire sur cette période?  

 

  

ALAIN ARTAUD : Après LABELS, j'ai  fait venir Jean-Louis Murat chez V2 où nous signons un contrat disque par disque, c'est à dire que le contrat est juste un cadre qui fixe des pourcentages, mais la notion de durée dépend de nos envies réciproques : si le disque me plait, on y va et si lui a toujours envie de bosser avec moi on y va!  Nous faisons des belles choses : Charles et Leo édité par V2/Gallimard, Tristan .... Puis V2 est racheté par Universal et je vais diriger Polydor : Marie Audigier m'appelle et me dit "ben voilà Jean-Louis et moi nous voudrions continuer à travailler avec toi ",  je réponds que c'est une bonne envie! et c'est reparti. 

 

 

- Enfin, avez-vous des projets professionnels dans la musique? 

 

ALAIN ARTAUD :  oui. Je viens de monter une boite qui s'appelle MANASSAS  [ville américaine et  nom d'un album  de Stephen Stills] dont l'objet est l'édition musicale et le conseil aux  artistes et d'autres choses dont il est trop tôt pour parler. Dès l'âge de 3 ans, j'écoutais des disques et je repérais les chansons à écouter par le couleur des labels sur le rond central des 45 tours. Alors c'est reparti pour un tour !

 

ALORS, BONNE CONTINUATION, M. ARTAUD! UN GRAND  MERCI A VOUS!

 

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Interview réalisée par mails du 18/02 au 30/05/2011, sans trucage... mais quelques  sueurs tout de même.

© 2011- surjeanlouismurat@over-blog.com

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 2 Avril 2011

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 9 :  

 

ARMELLE PIOLINE (Holden-Superbravo Girl) 

 

                    

Voilà donc la 9e interview murat-centrée  de Surjeanlouismurat@over-blog. C'est la première de l'année 2011, une année particulière,   pas seulement du fait de la sortie d'un album de Murat (c'est celles  sans album qui sont spéciales...) mais  surtout car  on essayera de célébrer  les 30 ans de carrière discographique  de M. Bergheaud*! En effet, en 1981,  sortait  "suicidez-vous le peuple est mort"...  J'espère (mais ce n'est pas facile) vous proposer à cette occasion un certain nombre d'interviews...   Alors, voilà, pour débuter les célébrations,  et faire plaisir à beaucoup de muratiens qui ont été conquis quand celle-ci a croisé la route de Jean-Louis, j'ai le grand honneur d'accueillir ARMELLE PIOLINE. Son temps était compté au milieu de tous ses projets, et de la sortie du nouveau disque d'HOLDEN (l'essentiel)... mais elle a quand même pris le temps de répondre à quelqu'unes de mes questions.

            

  

 

*signez la pétition en ligne : http://www.petitionenligne.fr/petition/pour-une-emission-speciale-reservee-a-jean-louis-murat-pour-ses-30-ans-de-carriere/956#

 

 

 

 jlm-pioline.jpg 

Photo (magnifique)  prise à la boule noire à Paris  de ãBruno LEVY

Retrouvez les photos de B. Levy sur http://bobines.blogs.liberation.fr/bobines/2007/10/index.html et http://photolevy.free.fr/Site/accueil.html

 

 

 

 

 

Bonjour Armelle,

 

 

 

- Mocke, votre alter ego d'Holden,  a travaillé avec Sylvain Vanot, au moment où celui-ci faisait des premières parties pour MURAT, vous avez connu Murat à ce moment-là?

  

 

A. PIOLINE:   non, on l'a vraiment rencontré quelques années plus tard au moment de "lilith";  il disait aimer nos disques, et il le disait fort, ça nous rendait fiers .... et puis un jour il m'a appelé pour que je le rejoigne en studio à paris; j'ai chanté 2 morceaux avec lui, et puis j'ai trainé dans le studio, je ne voulais plus partir, j'étais hypnotisée par la formule murat et consorts, qui roulait des mécaniques en chaussettes, et maniait la réthorique comme personne;  on s'est retrouvé peu de temps après pour enregistrer un morceau d'Holden, qui figure sur chevrotine, dont murat a écrit les paroles :  "l'orage"

 

  

 

-  Oulalala... vous avancez vite ! Marche arrière : Avant de le rencontrer, c'était quoi votre "histoire avec Jean-Louis Murat" (était-ce une référence ? quand l'avez-vous découvert?...) 

 

 
A. PIOLINEC'était pour ainsi dire un collègue de label .... je ne le croisais jamais dans les bureaux de la rue des Tournelles où se situait Lithium et Labels, mais Emmanuel Plane, le DA de Murat à l'époque, me filait tous ses disques et me parlait beaucoup de lui ... Murat a commencé par être un fantasme, j'entendais des tas d'histoires sur lui, sur sa capacité à envoyer sur les roses les patrons de majors et les journalistes; et je découvrais sa musique ...
 
 

Après l'orage par henryspencer  (il nous manque!)
 

 

 

  - Il y a eu la session lilith, "l'orage"  mais aussi un titre "la belle vie" interprêtée avec jean-Louis, sorti en Cd promo... D'autres souvenirs de ces sessions?  

 
 
A. PIOLINE: Murat avait clairement envie de nous donner un coup de main, il savait qu'on était sur un label fauché, pendant que lui profitait encore des largesses de sa major; il nous a proposé d'enregistrer quelques morceaux en duo, dans un magnifique studio destiné à l'enregistrement de son propre album; personne d'autre ne fait ce genre de choses ....
J'aime beaucoup "l'orage", Murat y a mis tout ce que j'aime de lui, sa poésie fatale et sa voix de velours ; il nous a gâté ...
 
 
 
- Est-ce que vous en profitez pour charrier un peu Jeanne Cherhal (interviewée ici même), sur le thème: "oui, mais moi, j'ai chanté avec Murat, et pas toi!")? 
 
 
A. PIOLINE:   ... impossible pour moi de chambrer Jeanne, je l'aime trop; elle danse la vie plus qu'elle ne la chante, elle s'en tire incroyablement bien en tant que personne...  et puis, elle a sans doute chanté avec des tas de gens qui ne chanterons jamais avec moi.
 
[on a appris depuis, grâce à Baptiste Vignol,  que Jeanne Cherhal avait proposé à Jean-Louis Murat de chanter une chanson:  http://surjeanlouismurat.over-blog.com/article-jeanne-cherhal-en-duo-avec-jean-louis-murat-68901416.html
 
 
 
 
- Vous avez fait sa première partie aux Sables D’Olonnes. Murat et la scène, ça vous inspire quoi?  L'avez vous vu souvent?
 
 
A. PIOLINE:  On a fait pas mal de double affiche Murat/Holden, surtout à l'époque de "Chevrotine"; Murat était en trio, avec Stéphane à la batterie et Fred Jimenez à la basse, c'était un groupe parfait ! Murat prenait de plus en plus de place à la guitare et avait complétement laissé tomber les claviers 80's, un vrai bonheur ! Et il chantait vraiment très très bien aussi.
On aimait passer du temps dans sa loge après les concerts, et dévisser sur l'état du music-business et de la musique tout court: c'est dans ces moments là que j'ai découvert un Murat beaucoup plus nuancé et juste que ce qu'on voulait me faire croire;
certes, des tas de gens me l'avaient décris comme quelqun de tranchant, voire, blessant, mais j'ai pû constater que ça n'était jamais gratuit, jamais sans fondement, et pour tout dire, je le félicite d'avoir eu l'audace d'envoyer chier quelques personnages nuisibles qui se considéraient comme intouchables...
 
 
 
 
 - Holden, cela vient de l’attrape-cœur de Salinger. Je me rappelle d'un article sur Jean-Louis qui évoquait ce livre posé sur sa table de chevet... Vous rappelez-vous avoir évoqué ce livre avec lui? 
 
   
A. PIOLINENon, je ne crois pas,   on a assez peu parlé littérature avec Murat,   étrangement, nous faisions peu de cas de nos textes et de nos influences.    Je crois qu'il a eu très vite un respect mutuel sur notre façon d'écrire, on se l'ai dit, on ne se le répétera pas.
Ce qui nous préoccupait surtout, c'était la place de l'artiste dans la société, comment être libre et écouté, indépendant et audible, comment être respecté au fond ?
Pour revenir à Salinger (qui peut faire penser à Murat par certains aspects, bien que beaucoup moins productif), je ne suis pas étonnée que le personnage d' Holden Caulfield ait percuté l'esprit de Jean Louis; pour moi, Holden est le 1er punk de l'histoire; j'étais follement amoureuse de lui quand j'ai lu le livre.
 
 
 
 
- Murat avait indiqué qu’il avait projeté d’enregistrer Tristan en Irlande… Vous y avez vécu. Avez-vous parlé de ce pays avec Murat ? ou est-ce que vous pensez que l’Irlande aurait sied à la musique de Murat ?
 
 
 
A. PIOLINEBien sûr que Murat trouverait en Irlande des tas d'influences très motivantes, comme Holden en son temps.   La musique est partout, vraiment, dans n'importe quel pub perdu au fin fond du Connemara, il y un groupe qui joue;   et l'esprit est resté beaucoup plus fraternel qu'ici  et ça n'est pas rien quand on choisit de faire carrière dans la musique. 
Mais pour moi, Murat resterait Murat où qu'il aille,   il pourrait enregistrer au Pakistan et revenir avec un album proche de Neil Young ...
 
 
 
- Sur Wikipédia : "Holden joue une musique qui se rapproche des compositions de Jean-Louis Murat".   Qu’est-ce que vous en pensez ?  

 

 

A. PIOLINE: Disons que nous faisons partie de la même famille!

 

 
  la-belle-vie.jpgla belle viela belle vie
 
 
- L’article de wiki indique ensuite : "Comme lui, ils ont du mal à se faire reconnaître au-delà du succès d'estime".  Sauf… au Chili… Est-ce que vous pensez que Murat pourrait intéresser les Chiliens ?
 
 
A. PIOLINE  Le succès d'Holden au Chili, c'est de l'ordre du miracle .... un bon disque au bon moment, qui est passé dans les bonnes mains, à une époque où le Chili avait une soif désespérée d'écouter quelque chose de vrai venant de l'étranger.
On a sans doute ouvert une brèche (Jp nataf, qui nous a accompagné sur la dernière tournée, a eu un succès fou !), mais je ne suis pas sûre que les maisons de disques françaises aient ce genre de priorité en tête ... les Directeurs artistiques  de chez universal ne savent sans doute même pas où se situe le Chili ... (mais là, je parle comme un Murat de base !)
 
 
 

- JP Nataf... qui fait  partie des chanteurs français proches de Jean-Louis (ils se connaissent depuis Dolorès)... et qui a recruté le clavier d'HOLDEN pour sa dernière tournée...
 
Passons aux questions rituelles :  
 * Avez-vous une chanson qui vous a été inspiré par JLM ou qui vous fait penser à JLM ? »  
  (Une chanson comme « les animaux du club »  avec les grillons, son ambiance, me fait penser au « manteau de pluie »…il y a également une chanson intitulé Margot...)
 
  
 
A. PIOLINE:    "la belle vie", sans aucun doute,    et puis un morceau tout neuf, qui sera sur le prochain album d'Holden : "rapproche le  (ton amour)";    je pense toujours à Jean Louis lorsque je le chante. A écouter bientôt ...
 
 
 
 
 
 *Ah, on attend ça avec impatience....
 L'exercice terrible : -vos 3 chansons préférées  de Murat? et pourquoi ce choix?      
                          -vos trois albums préférés?
 
 
 
A. PIOLINE:   Foule romaine - pour la voix invraissemblable au refrain (fou ou ou ou ou oule romaine ...)
Le coup de jarnac  - texte incroyable sur françois mitterand.
Baby carni bird - drôle, intelligent, caustique, j'adore!
Pour les albums, c'est difficile pour moi de dire, je ne les connais pas tous (il y en a tellement).
Celui qui m'a le plus marqué, c'est "le moujik et sa femme"
 
 
  ã Fotorock 
- Vous n'avez pas tous les albums mais... vous connaissez "le coup de jarnac" paru sur une compilation! Quant à "foule romaine"... vous l'avez reprise au Fou du Roi en 2009. 
 
Jean-Louis  est en studio, ou a dû déjà terminé (s'il a été aussi rapide que d'habitude).  Est-ce que vous attendez toujours un nouvel album de Jean-Louis avec impatience ou curiosité?  Si non, qu'attendriez-vous d'un nouvel album de Jean-Louis?
 
 
A. PIOLINE Comment être impatient quand un album arrive tous les ans et demi ??
Non, je conçois plutôt l'oeuvre de murat comme une oeuvre littéraire, que je lirai doucement au fil de ma vie, en restant scotchée sur une oeuvre le temps qu'il faudra,
ses albums sont tout à fait intemporels - bien que très ancrés dans notre histoire - et je m'y retrouverai encore dans des décennies.
 
 
 
-  Vous avez tournée en solo avec le projet « superbravo » en 2010… Le disque est sorti il y a peu avec un label que vous avez développé aussi pour Holden...  Et encore donc un groupe de qualité obligé de s'auto-produire... Quels sont vos projets pour 2011?
 
 
A. PIOLINE Oui, c'est vraiment l'année de l'autoproduction pour nous !
Nous avons quitté le village vert qui était notre maison de disque depuis une dizaine d'années,  et plutôt que de solliciter trop vite un autre label pour continuer à travailler, nous avons eu envie de profiter de cette extraordinaire liberté (plus de patron !!) pour sortir un objet important à nos yeux sans demander la permission à personne. C'est un coffret de 28 morceaux d'HOLDEN, dont la moitié inédits, glanés et enregistrés au fil de nos 10 ans d'existence, de l'époque de Dublin à nos années "Senor Coconut".
 
Le coffret qui s'intitule "L'ESSENTIEL", sortira officiellement le 29 mars, mais sera disponible quelques semaines avant sur le site du label WATUSA* ( copies signées et numérotées pour les fans hardcore ... ).
Et puis il y a ce projet solo, SUPERBRAVO, auquel j'ai travaillé l'année passée et qui a fini par exister depuis peu sous forme d'un joli vinyl rouge (un 45T à l'ancienne, face A : "CARS" - face B : "DEWDROP") et un code de téléchargement bien caché à l'intérieur, pour pouvoir écouter l'album sur un lecteur mp3.  Je le vends sur mes concerts, et bientôt sur le site WATUSA.
Mocke quant à lui, a mille projets musicaux, notamment un que j'adore : les Old Timey Messengers, groupe country punk constitué d'une bande de new yorkais dingues, proches de Robert Crumb.   En ce moment, il enregistre le 1er disque de MIDGET!, duo qu'il a fondé avec la chanteuse Claire Vallier.  

 

 


 

 

 

Interview réalisée par mail le 8/02/2011.  

Cette  interview n' évoque pas la  crise du marché du disque.  Toutes mes excuses.

 

Pierrot 2011

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LE LIEN EN PLUS :

 

 

-  LE SITE OFFICIEL : http://www.watusa.fr/

Avec la prévente web  d'une édition  limitée du nouvel album "l'essentiel" sorti le 29/ 03.

 

 

- une magnifique chanson :

 

 

 

- la reprise de Foule Romaine par Holden en 2009 au fou du Roi:

http://www.megaupload.com/?d=LYNMOS0L

 

 -  http://www.deezer.com/fr/music/holden#music/holden/l-essentiel-940658

 

-  Une interview par Hervé :

http://hervepizon.over-blog.com/article-superbravo-armelle-pioline-en-attendant-solo-52272783.html

 

et une vidéo d'une chanson de Superbravogirl:

- un live:
A+ m'd'ames, mes cieux

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 19 Janvier 2011

Après une erreur de manip sur la console, j'avais effacé la deuxième partie de "l'inter-ViOUS et MURAT"  de Stéphane PRIN... sans m'en rendre compte. La voilà comme neuve.... et dans l'actualité, puisque  cette semaine, Jean-Louis est en studio... avec Stéphane? Christophe? ou Aymeric?   Il faudra attendre pour savoir...  Depuis l'interview, Stéphane a collaboré avec Florent Marchet, la Fiancée, Céline Ollivier...

 

 

Pour tout reprendre à zéro,  Première partie :  

 

 

 

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 4 :

 

  STEPHANE PRIN     (deuxième partie)

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                                                                       SDC11729

 

 

-  Lilith, c'est aussi l'arrivée d'Aymeric Letoquard (le livret indique 5 prénoms d'assistant "dont cette perfection  d’Aymeric"...)

 

S. PRIN : Aymeric était stagiaire quelques mois auparavant à Davout, et j'avais apprécié son caractère et sa motivation à l'époque, donc j'avais conseillé les managers de Davout de le garder comme assistant comme Christophe et Jean-Louis avait fait avec moi plusieurs années avant. Il est donc logique qu'il ait suivi le même parcours que moi et m'ait remplacé par la suite aux cotés de Jean-Louis. Le courant passait très bien entre eux deux, c'est donc naturellement que j'ai fait appel à lui à chaque séance à Davout avec Jean-Louis. Il m'a du coup remplacé lorsque je n'ai pas pu faire les séances pour l'album Taormina.

 

 

-  Vous avez répondu en avance à ma question habituelle du "meilleur album"! Et m'avez posé la question...  Lilith est aussi mon favori... même si "le cours ordinaire" me plait beaucoup. Quant au "jours du jaguar",  c'est vraiment le titre attendu à tous les concerts, avec des versions toujours différentes et c'est assez extraordinaire. Qu'est-ce que vous pensez de ces concerts? L'avez-vous vu régulièrement? 

 

 

S. PRIN :Je l'ai vu quelques fois, surtout à l'époque ou je travaillais avec lui, c'est toujours inattendu, ce qui augure du pire comme du meilleur évidemment, mais ça permet de garder une excitation assez intéressante je trouve, et je sais que c'est ce qui l'intéresse le plus, la prise de risque, l'imprévu, l'audace. Et c'est ce qu'attendent les gens de sa part je pense.

 

 


- On reprend le fil... avec ce qui reste une parenthèse... enchantée presque... car l'album a beaucoup de fervents: a bird on a poire. Cette fois ci, vous avez un titre de producteur ( même si c'est pas si clair : sur le livret de l'album, vous êtes crédité pour les prises de son et mixage, mais comme co-producteur sur le maxi...).

 

 


S. PRIN : Ah? Sur le cd, il me semble être crédité comme co- real aussi pourtant, non??
En tout cas, c'était vraiment le cas. En gros, le projet s'est initié lors des mix de lilith. Pendant que je mixais, Jean-Louis et Fred étaient dans la pièce d'à côté en train de réfléchir déjà sur les morceaux de Fred que Jean-Louis aimait, et sur lesquels il voulait écrire un texte. Jean-Louis a ensuite eu l'idée de faire un album concept autour d'une rencontre entre une américaine et un français, à Paris et a parlé de Jennifer, en parlant d'un album duo.

Pour cela il a voulu se concentrer sur les textes uniquement et laisser carte blanche à Fred pour la musique. Fred m'a donc demandé de l'aider pour la réalisation et on a géré toutes les musiques seuls en studio, pendant que Jean-Louis écrivait chez lui. Il n'est revenu en studio que pour faire les voix avec Jennifer lorsque les musiques étaient totalement réalisées.
Voilà pourquoi, cet album est un peu un ovni dans la discographie de Jean-Louis. Fred a définitivement des influences bien plus pop de JL :.)


 SDC11717 

 

- Lors de la tournée qui a suivi, voici ce que disait Jean-Louis Murat sur vous :

Peux-tu parler de l’apport de Stéphane Prin qui enregistre et qui mixe tous tes disques ? 
Je le connais depuis super longtemps, il était assistant, on a sympathisé. On est assez amis, je lui fais confiance ; c’est un des gars qui me connaît le mieux, il sait ce que j’aime et ce que j’aime pas. C’est pour ça qu’on va super vite. Comme c’est mon caractère de ne pas aimer rester longtemps en studio, je m’entoure de gens qui travaillent vite, qui me connaissent bien, qui ont du goût et qui ont plein de qualités humaines. C’est le cas de Stéphane. Je trouve que c’est mieux de travailler avec des amis, s’ils sont compétents… et il est très compétent.

C'est plutôt gentil... Qu'est-ce qu'il n'aime pas Jean-Louis Murat en studio?

 

S. PRIN :  Oui, j'avais lu cet article qui m'avait fait très plaisir à l'époque. 
JL n'aime pas énormément de choses, mais je ne vous apprends rien. Il n'aime surtout pas être contrarié en fait, et c'est là que je pense avoir été suffisamment psychologue, capable de faire passer mes idées discrètement, sans trop qu'il s'en rende compte, pour qu'il soit ravi de la tournure des choses au final.

En studio, il n'aime pas la lenteur et le labeur, contrairement à beaucoup d'artistes, il faut qu'il y ait du mouvement, que ça aille vite et que les choses avancent. Le connaissant, je me forçais à travailler particulièrement vite et à prendre des initiatives pour garder l'excitation nécessaire à JL.


 

 

 

- Ah, oui, toutes mes confuses: dans le livret, il est précisé "enregistré et mixé" mais dans le verso du boitier, vous êtes bien noté comme producteur.

 

Vous parlez de la vitesse, est-ce que ce n'est pas une source de frustration énorme pour un ingé son ?  J'écoutais une interview de Patrice Lazareff   qui parlait de 4 mois pour mixer dix titres pour Voulzy.

 

 

S. PRIN : Pas du tout, au contraire, personnellement, j'adore, ça donne une urgence, ça permet de ne pas s'ennuyer des chansons aussi, de  les redécouvrir à chaque écoute, plutôt que les rabâcher  maintes et maintes fois. Le recul est le plus important dans une  production, et quand on tourne en boucle sur la même chanson des jours  durant, ou des mois dans le cas de Voulzy, le recul n'existe plus. C'est ce que redoute Jean-Louis, d'où le mauvais souvenir de Dolores pour lui.  Voulzy est très particulier, il n'y a que lui qui peut bosser de la sorte. Et c'est très dur pour son entourage,  mais il a besoin de ce temps pour exprimer ce qu'il souhaite. Différentes  approches.

 

 


- Patrice Lazareff dit aussi dans cette interview qu'un bon ingénieur de son est quelqu'un qui n'a pas un son particulier, reconnaissable... Qu'est-ce que vous en pensez? Sinon, est-ce qu'on peut discerner un disque mixé par S.Prin  d'un disque de Dupouy ou de Letoquart ?

 

 

S. PRIN : Je pense que Patrice parle de  l'ingénieur du son prestataire de service qui n'essaie pas de  magnifier avec les moyens dont il dispose les chansons qu'il a dans les  mains. Je pense au contraire qu'une chanson enregistrée réussie  tient bien sûr de la composition, mais autant de l'interprétation  que de la couleur sonore qu'elle dégage. Le son est très important  pour l'impression finale de l'auditeur. On peut tout aussi bien tuer une  bonne chanson, comme en magnifier d'autres. C'est un assaisonnement et une présentation d'un plat, il doit être attirant et relever en  goût. Chaque ingé-son y met sa personnalité, ses goûts, on entend donc forcément une différence, plus ou moins flagrante. Il faut bien sur une oreille un peu avisée, mais l'identité et la couleur de  l'ingé-son peut rendre certaines chansons plus fades ou plus excitantes  que d'autres.


- On en arrive ensuite à Moscou, et 1829... je pense enregistré en même temps. Je trouve que Moscou  manque d'unité, malgré des belles chansons ( notamment la fille du capitaine)... j'ai toujours pensé que Murat baclait le projet pour en finir avec Labels. Etait-ce une fin de cycle (fin avec Labels, fin du sparing partner avec Fred...)? Que pouvez-vous nous dire de cette session? 

 

 

S. PRIN : Effectivement les 2 disques ont été enregistrés en même temps. Très peu de temps après avoir fini  « Bird » je crois, on avait aussi enregistré le DVD pendant la même période, donc je pense qu'un double album de plus à enregistrer à ce moment était un peu indigeste pour tout le monde. Ces albums étaient donc moins agréables à enregistrer, Jean-Louis  plus stressé,  moins préparé aussi. Mais la promo de Bird ayant été assez  bonne, il voulait surement en profiter et ne pas faire redescendre  l'attention du public. Je pense que ça a été un mauvais choix. La vitesse et les contraintes pratiques et techniques pour ces disques étaient encore plus grandes que pour les autres albums, donc un  confort moindre, et des chansons moins travaillées aussi je trouve.  Tout ça a laissé des traces dans les têtes de chacun et la fatigue  de l'enchantement des albums commençait à se faire  sentir. 

 

studio 

 

-  Avec Murat, on imagine toujours que tout changement est lié à une brouille (arrêt de collaboration avec Denis, Fred et vous...) mais un peu plus haut, vous nous avez dit que Murat vous aurait proposé de faire Taormina...  Il s'agissait d'une question de planning?

 

 

S. PRIN : Tout-à-fait, il m'a appelé quelques  mois après Moscou pour enregistrer un autre projet 6 mois plus tard. Outre mon besoin de souffler un peu pour rester motiver sur des projets  avec Jean-Louis, mon planning était effectivement plein pendant 6 mois de  suite, et Jean-Louis  ne voulait  absolument pas reculer l'enregistrement, il a  donc décidé d'appeler Aymeric pour me remplacer. Fred a par contre  joué  sur Taormina et je ne sais pas si ils se sont brouillés après  ou pas, je crois que Fred avait son projet dont il voulait s'occuper à plein temps, j'y ai d'ailleurs participé et c'était un plaisir. Il   rejoue avec lui sur la tournée je  crois. 

 

 

- Est-ce que cette interview vous a permis de dire tout ce que vous vouliez dire sur Jean-Louis Murat? Quelque chose à rajouter ?

 

 

S. PRIN : Ma foi, pour quelqu'un qui passe son temps à écouter les autres, je trouve avoir beaucoup parlé ici. Jean-Louis  a toujours été un personnage important pour moi, dans ma carrière,  mais aussi dans le paysage artistique, par un anti conformisme, parfois  contestable, mais essentiel de nos jours. C'est probablement ce qui m'a  le plus plu chez lui, le fond avant que la forme. Alors que mon métier  concerne la forme, aussi paradoxale que cela puisse paraître !

 

 

 

- Comme je le fais toujours (vous avez déjà répondu à la question du meilleur album) mais quels sont vos  3 titres préférés? et qu'est-ce que vous pensez du dernier album?

 

 

S. PRIN : 1/ C'est l'âme qu'on nous arrache 
2/ De la coupe aux lèvres 
3/ Les jours du jaguar 
...du coup vous voyez l'album que  je préfère...:-) 
Le dernier album me semble assez  bien fait, même si je trouve les chansons dans l'ensemble un peu moins  bonnes que celle de Lilith, mais suis-je objectif?

 

  prin-copie-1

 

- Enfin, quelle est votre actualité? Avez-vous des albums sur le feu ou qui vont sortir?

 

 

S. PRIN : Un album de Slam/Rock du groupe DUMDUM est  sorti en janvier, je suis assez fier du style de cet album qui est  original sur le fond comme sur la forme... A découvrir  vite ! 
J'ai mixé aussi le premier album de Benjamin  Paulin, qui sortira chez AZ en septembre, bons textes, style très  singulier, un plaisir à faire. 
Je me mets aussi de plus en  plus à  réaliser et  composer pour d'autres, la suite logique pour  cerner au mieux tout ce qui fait un bon disque.

 

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INTERVIEW réalisée par mails du 25/02 au 15/04/2010.

Cette interview ne parlait pas de la crise du marché du disque, non, ne cherchez pas.

 

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MERCI A STEPHANE PRIN et à sa grande disponibilité, pour nous avoir permis d'ouvrir un peu la porte du studio...

 

Surjeanlouismurat@over-blog.com



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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 11 Janvier 2011

Over-blog ne me permettant pas de faire des articles très longs....  je vous livre cet entretien-fleuve en plusieurs parties. (première partie à lire ici).

 

 

Hors-Murat N°1 : LE VOYAGE DE NOZ (Stéphane PETRIER)  Part 2

 

 

                                                                             la pochette de Bonne Espérance

 

 

  Notre ami Tequila évoquait beaucoup l'influence dans la production d'Erik Clapot.  Qu'est-ce que tu peux  nous dire du travail collectif sur cet album?


 

Stéphane Pétrier: Au départ, avec Eric, on avait prévu de se faire un petit projet, tous les deux,  en parallèle avec Noz. Un truc fait à la maison, dans le studio d'Eric, dans un esprit assez seventies et plutôt soft au niveau de l'orchestration... bref, pas le truc au départ qui devait passionner Alex et Manu (qui ont tendance à préférer quand ça envoie du lourd). On a commencé à bosser un peu, à maquetter 2 ou 3 chansons et puis, comme d'habitude, l'esprit de famille a repris le dessus. On a écouté ça tous ensemble et on s'est dit "putain, mais c'est du Noz tout ça..." et le "side-project" s'est transformé en "noz-project".


    Ensuite, on a travaillé un peu comme d'habitude. J'ai livré le canevas de l'histoire et apporté deux ou trois trucs qui donnaient la "couleur" de l'ensemble. Eric avait ses propres compos dès le départ cohérentes avec le projet. Manu lui, s'est donc greffé au truc un peu plus tard et il y avait parfois un décalage entre les thèmes qu'il apportait et le reste. On a donc essayé de les tirer vers l'histoire, et c'est je crois plutôt réussi ("le secret", "Nous nous marierons"...). Alex, lui, a comme d'habitude beaucoup apporté au niveau des idées d'arrangements, du son, de l'énergie, de la rigueur... On ne le dit pas assez souvent mais Alex, c'est quelqu'un de très important dans le groupe, beaucoup plus qu'un simple batteur. Et sur cet album il a particulièrement "mouillé le maillot".


      Au niveau de la prod, il était clair dès le début que nous ferions tout nous-même et qu'Eric enregistrerait et mixerait la bête. Même s'il avait déjà un peu d'expérience avec Sorel notamment, Eric n'était pas un ingé son professionnel et nous encore moins, alors on a pris notre temps. On a essayé beaucoup de choses, fait certaines expériences qui auraient peut-être fait bondir des ingé sons "classiques"... bref on a beaucoup bidouillé pour avoir le son et l'ambiance que l'on voulait. Ensuite, Eric a vraiment fait un super boulot au niveau du mix. On le laissait bosser la journée et on débarquait en fin d'après-midi pour écouter et rectifier de petites choses, mais franchement, même moi qui suit le plus grand chieur du monde, la plupart du temps je n'avais pas grand chose à dire. C'est la première fois où je trouve que le son nous ressemble vraiment.



Là, c'est un peu domaine qu'y m'échappe un peu, même si j'ai essayé de comprendre... J'n'ai pas suffisamment d'oreilles. Ces questions de production,  ça me rappelle votre échec de travail avec Lazareff, (qui se tourmentait pourtant de savoir  quel micro  conviendrait le mieux à ta voix...ça m'avait marqué).   Je me demande si cette épisode n'a pas été important , et s'il ne vous a pas  définitivement tourné vers la totale indépendance?

Pour élargir: maintenant, beaucoup artistes produisent leur disque et après le proposent aux Maisons et aux distributeurs, est-ce que c'est une démarche que vous avez quand même tentée ?

 

 

Stéphane Pétrier:  Oui.. disons qu'on a parfois eu des déception dans ce domaine, même si ça n'a pas toujours été le cas (j'adore le son qu'a fait Erik Bécart sur "L'homme..."par exemple). Sur "Tout doit disparaître" j'étais content de lâcher complètement le mix à Pat le Pirate, de laisser aux manettes quelqu'un qui était totalement étranger à notre histoire et qui avait un regard neuf. C'est le mix sur lequel je me suis le moins impliqué. Personnellement je trouve le résultat intéressant, mais tout le monde dans le groupe ne partage pas mon avis. Pour Bonne-Espérance, il était évident que nous voulions maîtriser complètement le truc. Surtout, on n'avait plus du tout envie de s'entendre dire "non, ça ça ne se fait pas". On voulait travailler de manière très empirique, quitte à faire des hérésies sonores mais au moins essayer. Ca a donné des moments assez jouissifs et des choses que l'on trouve plutôt réussi.  Pour "Each uisge" Alex a joué sur mon vieux carillon que j'avais en CM1 en tapant dessus avec un tournevis, j'ai enregistré le piano "d'Happy ending" avec la pédale de sourdine enclenchée, "Il est temps" a été improvisé et enregistré live, sans re-re...Et puis Eric a apporté une importance particulière au son de mes prises de voix qu'il n'avait jamais trouvé bien sur les autres albums. Là aussi, on a passé beaucoup de temps pour trouver les bons réglages et je crois que c'est vraiment un cran au dessus de tout ce qu'on a pu faire avant.

 Concernant ta question des "producteurs", disons que l'on voit tellement de gens autour de nous qui galèrent avec des contrats pourris et qui se retrouvent pieds et poings liés avec des labels qui n'ont pas un centime à dépenser pour eux, que nous avons été encore moins que d'habitude dans la logique de chercher une maison de disque. Nous avons un distributeur qui nous permet d'être dans les  principaux points de vente et un distributeur numérique qui nous permet d'être sur le net et ça nous va très bien. Par contre, nous recherchons activement un tourneur.

 

 

 Concernant le son et l'album, dans mes notes, j'ai retrouvé que j'avais noté "un son  un peu étrange, qui vient du passé, en noir et blanc"... 

Cela nous promet en tout cas un grand concert au KAO...   Est-ce que vous pensez à la scène dès la conception de l'album  (tant pour  la mise en musique- la possibilité de jouer les morceaux- que pour la mise en scène)?

 

 


Stéphane Pétrier: Jusqu'à présent on avait vraiment la tête dans l'enregistrement. Ce n'est que depuis que l'album est fini qu'on commence à penser "scène". Et puis, quand on compose une chanson, on sait par expérience qu'on trouvera toujours une façon de  la jouer en concert, même s'il y a sur bande une multitude d'arrangements. On a appris à épurer et à ne garder que l'essentiel pour le live. Cela dit, pour "Bonne-espérance" nous serons six sur scène.


 En ce qui concerne la partie "spectacle", c'est drôle ce que tu dis sur le"noir  et blanc" parce que c'est vraiment LE truc que j'aimerais faire passer sur scène... et c'est pas évident. Après, on a déjà quelques idées de mise en scène et Rodolphe Paulet (qui a réalisé toutes les vidéos mises en ligne)[site bonne esperance] va également être très impliqué dans l'histoire. Le projet consiste évidemment à jouer "Bonne-Espérance" en entier et dans l'ordre ce qui implique un certain nombre de contraintes techniques, avec un bon gros rappel pour les anciens titres.

 

 

ah, 6? Tiens donc... Je me tâtais, mais vais peut-être réserver ma place finalement...  un clavier?

Stéphane Pétrier: Quelqu'un qui a l'avantage de bien connaître les morceaux, de pouvoir jouer les claviers, mais aussi du violon et faire les voix féminines...


 

Et qui ne déparera pas dans les Highlands... Décidemment, je ne vois pas...  Plus sérieusement, ça fera plaisir à beaucoup de monde... Même si moi ce que j'adore, c'est quand tu la présentes sur scène... (je pensais à LIZ Cotham)

 


Stéphane Pétrier: Hé non ! Il y a méprise ! Méprise bien compréhensible mais méprise quand même.  Il n'y aura pas de Galloise en terre écossaise. Disons que sur ce coup-là on va rester encore plus dans la famille...

 

Tu veux donc parler de Nathalie, la mère de tes enfants, qui est déjà créditée sur le disque…

 

 

Stéphane Pétrier: A l'époque de la conception de "l'homme", avant l'arrivée de Liz, Nath jouait déjà du violon avec nous. Et puis notre premier zouzou est arrivé, ça devenait compliqué et on avait un peu peur du syndrome Yoko Ono . 

Aujourd'hui, ce n'est vraiment pas un problème. D'abord parce qu'il est clair qu'elle ne sera là que sur les gros concerts, comme musicienne additionnelle, ensuite parce qu'elle s'entend très bien avec tout le monde, pas de problèmes d'ego. Et puis c'est vraiment la personne idéale. Elle connaît les morceaux par cœur, pendant l'album elle a été impliquée à 100% et je pense qu'en plus des claviers et du violon, sa voix va apporter un vrai plus en live.

 

 

Par contre, j’ai lu dans la promo pour le concert du Kao que vous envisagez de faire un « bonne espérance » plus rock que l’album… c’est compatible avec le noir et blanc ?

 

 

Stéphane Pétrier:  Plus rock ? Non pas forcément. Disons que par rapport aux concerts "très unplugged" que nous avons pu donner à l'automne, rejouer sur des grandes scènes va nous permettre de rebrancher les amplis électriques et d'apporter plus d'énergie au set, mais tout en restant fidèle à ce que nous avons mis sur les bandes. Et puis je ne sais pas si "Bonne-espérance" est un album "rock" mais personnellement je le trouve assez violent. Une violence sourde, contenue, mais largement aussi présente que sur nos albums précédents. On va essayer de retranscrire ça en live.

 

 

Bon à part ça?  le plan de carrière?   Et le busin'oz plan?

 

 

Stéphane Pétrier:  Concernant le plan de carrière, ben comme d'hab, on va essayer de vendre des millions d'albums. On va surtout tout faire pour monter un véritable spectacle qui puisse tourner dans des salles moyennes. Nous jouerons à Paris au début du printemps. Pour le reste c'est encore l'inconnu. On commence à chercher des dates, à bon entendeur...


Et puis je sais que j'ai pas mal frustré mes camarades en écartant des morceaux pourtant très bons mais qui ne collaient pas pour "Bonne-Espérance"... Résultat, on a pas mal de trucs dans les tiroirs et je pense qu'on attendra pas très longtemps avant de retourner en studio. Mais ce coup-là, pour quelque chose de très différent et pas pour un double-album. On réfléchit à un format très court, sans doute en plusieurs parties, qui nous permettrait de faire vivre les choses à relativement court-terme.

 

 

Ah, c'est une bonne nouvelle...  avec toujours des idées un peu originales ! 

Je voudrais terminer quand même par LA question,  la grande question,   "POURQUOI LE VOYAGE DE NOZ ? » (c’est très private joke).

 J'imagine déjà tes haussements d'épaules, tes yeux au ciel, et tes soupirs... mais en fait, je ne veux pas que tu me répondes sur le choix de ce nom... Ma question, c'est  "pourquoi le voyage de Noz.... là, encore, 86- 2011... et encore... Et enfin, quoi ! , -je développe, je voulais pas-  mais c'est quoi cette histoire là à la fin?  Mais c'est quoi ce groupe là ?    (bon, et bé, t'es pas dans la merde avec cette question... je ramasse la copie dans 20 ans, et 36 heures précises... euh, si tu trouves quelque chose à répondre)

 

Stéphane Pétrier:  C'est en effet bizarre. Avec Alex, Eric et Manu, nous sommes très différents. Nous n'avons pas forcément les mêmes goûts, les mêmes idées, la même façon d'appréhender la vie... Sans le groupe nous ne serions peut-être même pas amis. Et pourtant nous sommes unis par quelque chose d'indéfectible. Je crois que c'est aussi une des raisons pour lesquelles je souhaitais raconter une histoire de famille. Il y a quelque chose d'ordre familial entre nous. Ce groupe est notre ciment, notre maison commune, et cela va bien au-delà du plaisir de faire des chansons ensemble. C'est aussi une histoire dont nous sommes très fiers et que nous espérons bien voir durer encore longtemps. Tant que notre étoile brille encore.



J'veux en savoir plus sur la cosmogonie de ce système stellaire :

 car comme dans  pas mal de familles, il y a parfois des brouilles,  le départ de deux frères durant un moment, puis celui d'Erik...     Comment ça fonctionne ce système politique  ?   le compromis à la belge... ou est-ce l'impérium  ou l'attraction de l'étoile des NOZ  qui finalement reconquière les membres scissionnistes  ("noz, c'est plus fort que toi")  ou encore  est-ce que la légitimité fédératrice du leader maximo qui joue?    .... Décidemment, ce Pierrot, il commence à me casser les pieds! Eah Uisge!! au secours, va lui péter sa connexion internet!!!

En fait, un aspect de la question est  toute bête : comment s'est passé le retour d'Erik?

 

Stéphane Pétrier:  On parle on parle... et pas un mot sur Pedro. Juste pour dire que même s'il n'est pas là depuis longtemps c'est vraiment quelqu'un de bien à qui on s'est attaché et dont le jeu et les idées de basse collent à merveille à l'esprit du groupe.

Concernant notre système politique : la seule vraie grosse brouille, c'est en 93. Nous étions jeunes. Et fiers. Et sans doute un peu cons. A l'arrivée, tout cela nous a servi de leçon, nous a soudé un peu plus et je crois que notre force aujourd'hui doit aussi beaucoup à ces moments là.
Concernant le retour d'Eric, ça s'est fait de façon assez naturelle car nous étions toujours restés en contact. Nous nous étions séparés à une époque où Eric avait je crois besoin de produire d'autres choses et où j'étais devenu un peu trop dirigiste dans le fonctionnement du groupe. Mais malgré son caractère de cochon, ça s'était passé sans haine et sans ressentiments. Nous répétions dans le même local. Eric venait jouer sur certains concerts. Il avait même déjà failli mixer "Tout doit disparaître" et puis comme je te l'ai dit, nous avions prévu de faire un truc tous les deux. Après, il y a eu les concerts des 20 ans, l'émotion d'être tous réunis, et c'est Alex qui a mis les pieds dans le plat : "Et si tu revenais faire du bruit avec nous?". Avoir un Clapot dans son groupe c'est un sacré coup de turbo. Au-delà de ses talents de musicien, c'est quelqu'un qui ne lâche rien, qui fait les choses et qui se donne les moyens de les faire. Je voudrais aussi dire que - comme Alex et Manu d'ailleurs - il m'a totalement fait confiance sur ce projet et a toujours poussé dans le bon sens alors que je ne suis pas vraiment un grand communicant et qu'à certains moment mes intentions devaient sembler un peu obscures. Quand j'ai débarqué avec "Each uisge" par exemple, alors que l'album était pratiquement bouclé, j'en connais beaucoup qui m'auraient renvoyé le machin à la gueule.




 Et pourtant...

C'est étonnant d'apprendre qu'Each Uisge... est arrivé sur la fin... car, sans que ce soit vraiment un noeud gordien  (...je confonds "un peu de fond" et   vocabulaire péteux, moi...), c'est un peu le coeur du bouzin :  LA grande séquence dramatique.... Tu avais senti qu'il manquait quelque chose?


Stéphane Pétrier:   Non je l'avais depuis le début, mais je n'osais pas leur montrer, alors je retardais l'échéance. Je pensais qu'ils allaient me prendre pour un fou (c'est ce qui s'est passé d'ailleurs...) Je t'ai dit que je n'étais pas un grand communicant...


... J'aurais bien mis là, un smiley avec les yeux écarquillés  et énormes!!!

En tout cas,  ça confirme mon impression que tu ne pouvais pas écrire cette histoire sans "Each uisge"...  et ça aide à comprendre pourquoi  ce groupe existe encore... Même si je commence à m'y perdre un peu, entre le  leadership d'un Esther "dirigiste" et  l'auteur timide pauvre communiquant...  Sacré double personnalité....   

BON SANG mais c'est bien sûr... Madame Bovary, c'est toi?... euh, non, pas Madame Bovary... Bonne espérance, c'est toi?  (purée, me voilà, en  Jacques Chancel! Prochaine question: "et Dieu, dans tout ça?"... question très pertinente d'ailleurs quand on se rappelle qu'il y a 20 ans, tu chantais "je suis Dieu"!!)



Stéphane Pétrier: J'ai écris "Je suis Dieu" quand le groupe s'est subitement mis à exploser sur la région. Moi, le petit bonhomme timide, je me retrouvais sur scène face à des centaines de gens, avec tout d'un coup un certain pouvoir qui me tombait sur la gueule. Un pouvoir de séduction qui a totalement changé la donne de mon adolescence, quelque chose de très grisant... mais aussi très vite j'ai compris que j'allais être beaucoup plus exposé aux coups et aux critiques. Je n'étais préparé ni à l'un ni à l'autre. "Je suis Dieu" c'était ça : la marche sur l'eau et la couronne d'épines (moi aussi je fais dans la métaphore pompeuse...).

Quant à Dieu, l'autre, je n'ai rien à voir avec ce personnage qui a décidément de drôles de fréquentations. La religion m'afflige. Je n'ai aucun humour avec tout ça. L'autre jour, Thierry Tollon m'a même traité de "laïc intégriste". Tu vois, c'est ça la famille...

En même temps, le sujet me fascine, je lis énormément de trucs sur les origines et la montée du christianisme notamment.

 

  petrier

Et dans tes textes, c’est vrai que tu ne cèdes pas à ce qui est parfois une facilité, celle de faire appel  au  « sacré »… thématique par exemple assez présente chez le  Mécréant Murat…  Du coup, je suis allé relire la chanson  « théorème » (qui se passe dans une église) pour voir si quand même tu n’en avais pas joué …Et bien non, au contraire… « leurs voix se gorgent de cantiques qui veulent m’arracher de moi mais ils chantent une autre langue, ils chantent une langue que je ne connais pas »… Ces phrases complètent bien tes propos ci-dessus… et d’ailleurs, elles permettent de répondre à la question précédente  à laquelle tu n’avais pas répondu!    Et voilà… j’ai écrit  7 lignes… et aucune question là-dedans… Tu vois quelque chose à rajouter sur ce thème? peut-être même qui sait le mot de la fin?
 

 

 

Stéphane Pétrier:  Sur le "sacré" ? A part mes enfants, les personnes qui partagent ma vie... je ne vois rien de sacré autour de moi. On a encore pas mal d'idoles à déboulonner non ? Des vieilles, des jeunes. Même le Voyage de Noz, je lui mettrais bien au petit coup de pied au cul de temps en temps... D'ailleurs j'ai remarqué que depuis quelques temps le groupe bénéficiait d'une sorte de "prime à l'ancienneté". Pendant longtemps on s'en est pris plein la gueule, de la part de certains médias, d'un certain public... et aujourd'hui tout le monde nous aime ou plutôt, tout le monde nous respecte. C'est assez étonnant. A la limite ça fout la trouille... J'ai l'impression d'être Annie Girardot en train de recevoir son César d'honneur.

Cela dit, là, je fais le malin, mais en fait, c'est pas si désagréable que ça un petit peu de reconnaissance... Même un peu plus, ça m'irait bien.

 

 

C'est vrai que vous n'avez jamais été, il me semble, "branché",  eu les honneurs de l'underground  national (presse spécialisée)... J'attends vraiment avec impatience de découvrir enfin,  des critiques de Bonne Espérance.  Et pourtant, c'est peut-être important de le signaler aux français qui vous découvrent,  mais un grand nombre d'artistes lyonnais vous ont fait un  tribute lors de vos 20 ans : Théophile Ardy, François des DEJA VU, Bruno Cariou, de Silvae, et manager d'Amélie-les-Crayons, Romain Lateltin, Deuce, Palandri....et tous ont souligné ce soir là leur admiration pour votre travail... je me rappelle de t'avoir souvent regardé souvent ce soir-là, les yeux écarquillés au premier rang...  C'est un grand souvenir, non?

 

Stéphane Pétrier:  Oui, c'était chouette. Et assez émouvant... je crois que ça s'est vu... C'est Jean-Philippe notre pote des Dory4 qui avait lancé l'idée. Au début le truc me faisait un peu peur (toujours le syndrome Annie Girardot) et en fait ce fut un très beau moment. Avec des belles personnes. Qui ne trichent pas. L'avantage quand tu ne fais pas l'unanimité dans la branchitude, c'est que tu lies des amitiés sincères et solides. Un peu comme avec notre public. Savoir qu'il y a des gens qui sont là depuis plus de vingt ans et qui ne t'ont jamais lâché, ça donne une force incroyable. Les soirs de doute ou de fatigue, quand la machine donne des signes de faiblesse, c'est ça notre essence.

Que le  Voyage dure encore 20 ans…

 

  

 

 

POSTFACE:  

Stéphane voulait du fond... on l'a peut-être touché parfois!  Enfin, moi.....     Mais la surface d'un lac écosso-lyonnais est parfois aussi infranchissable qu'un mur de béton...  En se penchant, on peut y discerner des ombres, et des courants.... mais pour percer tous les mystères du  monstre du Loch NOZ, il faudra encore du temps...

 

Entre off et in, on s’est parfois perdu, et j’ai rallumé la lumière parfois, mais cette interview est garantie sans trucage.  Elle avait pour fonction d'être promotionnelle, mais j'n'ai pas fait l'EFAP pour... juste écouter les Fab four...-euh,  n'importe quoi....- . Je remercie Stéphane de sa confiance, qu’il continue à ne pas aimer les interviews !  

 

PS : Un journaliste du PROGRES qui a aimé l'album  a dit à Stéphane PETRIER :

"on pense immédiatement à MURAT"...

 

INTERVIEW réalisée par mails du 17/12/2010 au 7/01/2011

 

 

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RETROUVEZ NOZ  à LYON   le  Vendredi 27 mai 2011  au KAO  et au http://www.littleworldfestival.com/ (MERIBEL-73).

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• interview + petit live acoustique le jeudi 10 février sur Couleurs FM 97,1
www.couleursfm.fr

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 11 Janvier 2011

 

           Voilà plus d' un an (bien avant que j'ai ce blog)  que j'ai cette épée de Damoclès sur la tête -oui, forcement, sur la tête, l'épée de Damoclès -  et que je la regarde tournoyer...  Je n'aime pas trop le suspens.  Un temps,  j'm'y étais habitué... mais depuis la fin novembre,   je sens un peu trop, à mon goût, le vent de la lame sur mon crâne nu...  En fait, c'est depuis la sortie de " BONNE ESPERANCE"  le 7e   album du Voyage de NOZ que j'ai plus particulièrement la lame à l'oeil..  

         En effet, voilà un an que Stéphane Pétrier, l'âme du voyage, me disait : " à la sortie du disque, je me demandais si tu serais OK pour faire une interview, un truc un peu plus haut de gamme que d'habitude quoi... avec un peu de fond en évitant les questions de journalistes...".  Il est drôle, lui:  une interview du groupe que je suis depuis 20 ans,  haut de gamme,  et sans question con... Bon, ça, c'est sûr, il est très drôle...  surtout que ça implique déjà de ne pas poser la question qui me taraude encore plus surement que cette sacrée lame, "mais pourquoi le voyage de Noz?" (qui n'est finalement pas si con que cela :  je me suis aperçu qu'avec ce nouvel album se déroulant en Ecosse, certains pensent que le groupe fait du "rock  celtique"... ).

          Enfin soit,  comme disait Vladimir, "que faire?" (petit clin d'œil aux séjours à science-po lyon de deux membres du groupe)... Oui, que faire ?…. « que faire »,   Vlad', comme on ne l'appelait pas, entendait par là :   étude théorique, long travail  d'organisation pour éveiller les consciences »...  Pile poil ce qu'il veut, Stéphane!  ... je me saisis de la lame, et avant!   J’ suis un noz’chelvique !

 

  noz inédite

 

 

- Alors, Stéphane, bonjour, tu peux nous faire le pitch de l'album, dis? ... (et non, ce n'est pas une question de journalistes, c'est une question d'Ardisson!)

 


Stéphane Pétrier:   Alors le pitch : En Ecosse, un drame… un frère et une sœur aux prises avec le démon… qui n’est pas celui qu’on croit… enfin, pas seulement. Chacun se fera son idée et ses images... Non merde, ça c'est toi qui l'a fait ce pitch... Cela dit, il me va pas trop mal.


    Pour planter un peu plus le décor, je dirais qu'il s'agit en effet d'une histoire d'amour entre un frère et une sœur. Tout ça se passe dans un environnement forcément assez hostile, que ce soit les paysages (écossais), les gens (nous sommes dans un village où l'on pointe facilement l'autre du doigt) la famille (qui a visiblement quelques casseroles à tirer) sans compter un monstre qui rôde (l'each uisge des légendes écossaises).

    J'ai beaucoup de mal à en dire plus et ce n'est pas de la coquetterie. Depuis que l'album est sorti, j'ai déjà lu plusieurs tentatives d'analyses de cette histoire tordue et j'avoue que chacune d'elle m'a enthousiasmée. Ravi de voir que certaines idées que je voulais faire passer avaient été bien comprises, surpris parfois de découvrir des visions différentes, des choses auxquelles moi-même je n'avais pas forcément pensé... En tout cas, profondément touché qu'au-delà de sa musique, les textes de Bonne-Espérance suscitent un tel intérêt. Ca faisait quelques années que je m'étais plutôt résigné à l'idée que les gens ne font que survoler les disques en zappant sur deezer...

 

 

On est donc clairement plongé dans une histoire d'inceste "adelphique"... thème romantique (présent aussi dans les contes: Peau d'âne, Hansel et Grethel ou en mythologie)  qui nous replonge aux premières heures du "voyage"...  quand un chanteur aux long cheveux noirs chantait "les chants de Maldoror"  (on peut aussi citer "les mains sales",    "Dorian Gray"... ).   Est-ce que l'intention était de retourner un peu aux sources du Voyage, après l'intrusion de thèmes plus séculiers, voir bobo (histoire de dire que ce n'est pas une interview cire-pompe!), dans les derniers albums?


Stéphane Pétrier: La réponse est clairement oui.

    Notre période "bobo", comme tu dis, correspondait à plusieurs envie : celle bien sûr d'évoluer, de reprendre des "risques" artistiques (même si ce mot m'énerve un peu), d'être un peu plus dans notre époque mais aussi - je m'en rends compte aujourd'hui - à un besoin de se défaire d'une image "romantique" qui nous collait à la peau et que j'avais, je pense, de plus en plus de mal à assumer.

    D'où la suppression du "Le voyage de"...Après, si "Tout doit disparaître" est en effet un album très (trop?) ancré dans l'époque, l'exercice qu'a constitué "L'homme le plus heureux du monde" est pour moi une vraie réussite : c'était du vrai "Voyage de Noz" mais dépoussiéré et débarrassé de ses oripeaux romantiques. Je continue à penser qu'il s'agit là de notre meilleur album avec Bonne-Espérance, même si la pochette 3ème degré n'a pas joué en sa faveur. Je suis sûr que "L'homme..." avec une pochette bien torturée comme on aime, aurait été vu ou plutôt écouté de façon totalement différente. Mais bon, c'est une autre histoire et je ne regrette pas là non plus d'être allé au bout du délire.



    Après le concert anniversaire des 20 ans du groupe, je pense qu'on a jeté un coup d'œil dans le rétroviseur et qu'on s'est dit "c'était quand même pas mal aussi ce qu'on faisait au début". D'où l'idée de repartir dans un nouveau projet où l'on assumerait à 100% ce que l'on est, où l'on ferait du "Voyage de Noz" pur sucre, avec bien sûr nos nouvelles influences, notre expérience, mais sans jamais se poser la question "comment cette chose va être perçue?". Un truc très typé, sans aucune contrainte... bref, faire le mieux possible ce que nous savons faire le mieux.



Je parlais de thèmes bobos (notamment écologiques traités façon "maldives" ou "la valse aux idiots"...),  mais c'est exagéré de parler de "période bobo"... ou bien?   En tout cas, ça ne m'empêche pas d'aimer tous ces albums, et je les estampille tous "100%  voyage de noz"... notamment « l’homme le plus heureux du monde » par sa volonté de nous raconter une histoire. D’ailleurs, tu fais un clin d’œil à Esther Appertine, ton double de « l’homme »,  dans Bonne espérance… il y avait un message particulier ? 

De manière plus large,  faut-il chercher dans « Bonne espérance »,  des  clins d’œil ou des liens vers les autres histoires que tu nous a contés en 20 ans (des aventures d’Aurélia, ou de Manifesto,  en passant par Esther Appertine, jusqu’ aux ados du « signe »).

 

 

Stéphane Pétrier: Non, "période bobo", c'était pour te faire plaisir, mais bon, si on est un tout petit peu lucide, y'a sûrement de ça quand même. J'habite dans un grand centre urbain, je lis Télérama, j'écoute France Inter, je vote à gauche, parfois même j'achète des produits bio... alors ça va être difficile d'échapper à l'étiquette. Et puis ça aussi j'assume, je préfère toujours les bobos aux bos tout courts. Et puis y'a des pas bos qui ne me font pas rêver...



    En ce qui concerne le clin d'œil à "Esther Appertine" au début de "Bonne-Espérance", déjà, je pensais pas que quelqu'un le remarquerait... C'était plus pour me faire plaisir et puis c'était histoire de dire qu'il y avait une filiation entre les deux personnages. Même si le costume change, mes héros sont toujours un peu les mêmes je crois. Toujours avec une face lumineuse et une autre obscure, toujours en quête de rédemption, toujours seul contre tous... et puis toujours en fin de compte l'amour, le grand, qui tire vers le haut. Parfois, j'ai l'impression que ça fait 25 ans que je raconte la même histoire. Alors oui, il y a forcément d'autres clins d'œil disséminés par-ci par-là de façon plus ou moins inconsciente. Les deux personnages d'Arcadia par exemple, auraient très bien pu grandir à Orville.



Oui, clair qu'Arcadia est le titre qui évoque le plus passé du Voyage de Noz (période le signe)... Pour en revenir sur l'histoire, le dossier de presse évoque le film "festen" comme une référence...  c'est un film qui évoque l'inceste et les secrets de famille...  Ce film a-t-il eu une importance dans l'émergence de cette histoire?

 

 

Stéphane Pétrier:  Non, pas particulièrement, même si j'ai beaucoup aimé ce film. On s'est plutôt demandé, une fois l'album fini, quelles œuvres cinématographique où littéraire cela nous évoquait et Festen est sorti tout de suite. Mais on aurait pu citer beaucoup d'autres choses. Le début de l'histoire par exemple me fait penser au début du Sweeney Todd de Tim Burton.


    En ce qui concerne la genèse de l'histoire, je suis bien incapable de dire comment tout cela est sorti. Je me souviens que j'avais envie d'un retour au bercail, un truc à la Edmond Dantès (on avait déjà esquissé ça dans la chanson "Mascarade" sur "L'homme..." et je m'étais dis à l'époque que ce truc là méritait d'être développé), je voulais une histoire de famille aussi... Quant à l'histoire d'amour entre Bonne-espérance et sa sœur, je l'avais en tête depuis longtemps. Ensuite, tout s'est imbriqué petit à petit. J'avais un canevas avec quelques moments clés mais aucun scénario précis n'a été écrit à l'avance. Certains éléments de l'histoire sont même nés avec l'arrivée de certaines chansons. Le personnage de Maureen Mc Kenzie, par exemple, m'a été soufflé par  Eric qui avait apporté la grille du morceau.

 

 

Intéressant… car  effectivement, on voit que tu traites ce personnage comme « inutile »,  comme un rajout… mais ce personnage, c’était  la porte de salut de Bonne Espérance, la possibilité de se ranger…


En parlant de famille, tu as donné combien de prénoms à chacun de tes enfants?

 

Stéphane Pétrier:  Deux (soit 6 au total).

Tu noteras je n'ai jamais fait une réponse aussi courte à une question en interview.

 

Et oh, ça va! Pas la peine de faire remarquer que mes questions sont nulles ! En fait, j’avais une intuition… mais elle s’avère fausse :  je me demandais  si tu n'avais pas un goût certain pour les prénoms (je crois que j'ai parlé de pre-name dropping ailleurs).... Evidemment, je pense à  la chanson qui ouvre le CD2 « photo de famille », mais j'avais déjà eu cette impression sur "l'homme le plus heureux"...   C'est une chose à laquelle tu as déjà pensé?

 

 

Stéphane Pétrier: Non, je n'y avais pas vraiment pensé. Mais c'est vrai que j'ai toujours aimé évoqué des gens comme ça... un prénom et juste quelques mots qui peuvent permettre d'esquisser un portrait... et puis parfois le prénom qui revient dans une autre chanson et le portrait s'affine.


    Ce qui est sûr, c'est que les prénoms choisis ne le sont jamais par hasard. Ca peut être un clin d'œil à quelqu'un que je connais, un personnage qui m'a marqué, une petite référence à une œuvre que j'ai aimé ou un joke à la con. Thelma, c'est le personnage de "Thelma et Louise", "Milo qui n'avait jamais vu la neige", c'est le fils de Manu qui est effectivement sur la photo [grande photo de format A4 présent dans le coffret de l’album] et qui faisait des grands yeux étonnés... sur l'arbre généalogique [au verso de la photo], il y a une Maragaret Landa, qui est le nom du Colonel nazi joué par l'immense Christoph Waltz dans Unglorious Bastard de Tarantino. Tu vois, ça part vraiment dans tous les sens...




Ah, oui, effectivement,  là, les exégètes appertiniens ont de quoi se casser les dents! L'évocation d'un colonel nazi me fait penser à l'anachronisme quand tu évoques koh lanta (je crois qu'il y en a un autre mais là, je ne sais plus)...  L'as-tu fait sciemment  pour jouer  avec le temps (qui est  un thème de l'album)  ou bien ?

 

 

Stéphane Pétrier: Oui oui, Koh Lanta (où dans le même genre "une nuit sans étoile" qui fait allusion à notre époque, à facebook, aux ogm...) c'était vraiment histoire de dire "attention, les costumes 1900, la vieille pellicule, ce n'est qu'un décor, mais l'histoire peut se passer aujourd'hui ou demain, tout ça n'a pas d'importance".

    Et puis je tenais à cette idée de réincarnation. Bonne-Espérance et Thelma ont déjà vécu plusieurs vies ensemble et j'ai l'impression qu'eux-mêmes, à certains moments de l'histoire, ne savent plus très bien à quelle époque ils se trouvent. C'est aussi l'idée que l'on voulait faire passer avec notre "photo de famille" et son anachronisme.


 

Malgré le thème de la réincarnation,  la référence littéraire explicite est Edgar POE... et tu  cites sa nouvelle "William Wilson"...  qui est une des inspirations de Godard dans  "Pierrot le fou"... grand titre historique des NOZ....  Décidemment, dis donc....   Tu peux nous en dire plus sur cette inspiration ?

 

 

 Stéphane Pétrier: Je crois me souvenir que c'est Belmondo qui raconte l'histoire de William Wilson dans "Pierrot le fou". Disons que le thème de la double personnalité est quelque chose qui m'a toujours plu. Dans un autre style, il est clair qu'un film comme Mulholland Drive m'a énormément marqué. Et puis j'aime l'idée qu'il puisse y avoir plusieurs portes de sortie dans cette histoire. L'une d'elle, suggérée par la rencontre de Poe avec Bonne-Espérance mais aussi par la chanson "Holyrood Park", serait que Bonne-Espérance soit totalement schizophrène. Attention je ne dis pas que c'est MA version... C'en est une parmi d'autres...


Pour le moment, on est plus "Cahiers du Cinéma" que "Rock'n Folk" hein...



Mais chers Esther/Stefan/Stéphane,  il fallait bien que nous  creusions un peu le sillon de vos plumes... mais je crois que j'ai fait le tour de ce que je voulais évoquer vis à-vis de l'histoire....  Avec tout ça, est-ce vrai que ça aurait pu finir sur un triple album  ? 



Stéphane Pétrier: Le triple-album... ben disons que personnellement ça ne m'aurait pas dérangé mais c'est un domaine où mes camarades ne sont pas vraiment d'accord avec moi. Eux seraient plutôt dans le trip "efficace" : on prend les 10 meilleurs chansons et on fait l'album qui tue...


    Moi, j'ai plutôt du mal à faire court et puis j'ai tendance à ne pas aimer qu'il y ait des chansons qui dorment dans les tiroirs (et pourtant il y en a...). Pareil en concert : j'aurais tendance à faire des set-listes de 40 morceaux... mais on m'a expliqué qu'il était bon parfois de frustrer le public... Le pire dans tout ça, c'est qu'ils ont sans doute raison.


    Concernant Bonne-Espérance, c'est vrai qu'il y avait encore quelques idées qui traînaient mais après l'enregistrement d'Each Uisge nous étions vraiment épuisés physiquement et moralement et j'ai senti qu'il ne fallait pas que je tire plus sur la machine. Et puis ça faisait trois ans que nous étions là-dessus, nous avions hâte que le disque sorte.

 

Est-ce que c’est votre statut de « j’ai un job à côté » (c’est vraiment la meilleure appellation je trouve,  plus qu’indépendant ou  semi-professionnel ou amateur) qui explique ce temps si long de création ? 

 

Stéphane Pétrier: Je n'en suis pas sûr. Nous irions peut-être un peu plus vite dans la phase enregistrement mais au niveau de la création je ne pense pas que l'on pondrait plus de chansons (en tout cas des bonnes) si on ne faisait que ça 8 heures par jour. Personnellement, je peux rester de longs mois sans écrire une ligne et ça n'a rien à voir avec le temps d'implication. J'ai l'impression que j'ai besoin de me nourrir des choses qui m'entourent, de les digérer et de les recracher, parfois beaucoup plus tard. Et pour moi, ce temps-là n'est visiblement pas compressible.

 

J'imagine que ce n'est pas facile de concilier l'implication variable (en fonction de la vie de chacun, obligations familiales et professionnelles,  peut-être aussi en fonction de qui est à l'origine d'un titre ou non). Tu peux nous en dire plus?  Peut-être aussi très concrètement : c'est quel temps de travail?  combien de répét? Avez-vous calculé le temps d'enregistrement? Toutes les décisions sont-elles pris collégialement?

 

Stéphane Pétrier:  Dans ma vie, oui, même si je ne suis pas allé jusqu'au bout et ne suis pas musicien professionnel, je pense avoir fait de vrais choix : ma priorité va au groupe, le matin je me lève Noz, je petit-déjeune Noz... et même si j'ai aussi un job "alimentaire", pour moi chaque "minute de cerveau disponible" comme dirait l'autre, va au groupe. Résultat : je n'ai aucune ambition professionnelle autre que Noz, je n'ai pas d'argent de côté, mais je passe plusieurs heures par jour (hors de tout travail purement artistique) à essayer de faire avancer cette machine, fédérer des gens autour de nous etc.

    Pour les autres membres du groupe, c'est un peu différent. Ils ont tous un job très prenant, des responsabilités… Ca n'empêche pas que chacun fait de son mieux et on s'organise pour pouvoir consacrer de toute façon un maximum de temps au Voyage.

     En ce qui concerne la façon de travailler et le leadership, ça découle forcément de ce que je viens de te dire plus haut. C'est Tom Yorke de Radiohead qui disait "le groupe fonctionne comme l'ONU... et moi je suis les Etats-Unis". C'est un peu ça. Certaines décisions sont collégiales mais en général c'est moi qui tranche. Il y a aussi beaucoup de cas où j'avance sans même les consulter parce que je sais qu'ils me font confiance.

    En ce qui concerne la création, il y a deux sortes de chansons : celles que je fais tout seul et que j'apporte pratiquement terminées, et celles qui partent d'une compo d'Eric, de Manu ou parfois d'Alex et que je mets à ma sauce en fonction de ma mélodie de voix. On bouge la structure, on rajoute des parties, on change des accord si besoin. J'aime beaucoup cette façon de travailler : ils ont des idées que je n'aurais jamais, des trucs de guitariste, une vision plus instrumentale alors que moi, mes chansons sont souvent articulées autour de la mélodie de chant, point barre. Le désavantage de cette formule, c'est que ça m'oblige à faire le tri, dégager des chansons qui ne m'inspire pas ou alors les passer tellement à la moulinette que parfois l'auteur ne s'y retrouve plus. D'où le sentiment de frustration que les autres doivent de temps en temps ressentir.

    En ce qui concerne les arrangements, chacun de nous 4 est très impliqué et apporte des idées. C'est vraiment la partie la plus collégiale de notre travail.

    Quant au temps de travail, c'est vraiment très dur à quantifier. On travaille beaucoup chacun chez soi. Pour cet album, on a beaucoup bossé en amont à 2 avec Eric. Manu maquettait aussi ses trucs chez lui. Pendant l'enregistrement, on pouvait bosser tous les soirs et le week-end entier certaines semaines, et juste un soir ou deux la semaine suivante, sans que tout le monde soit forcément là. Par rapport aux autres albums où les chansons étaient jouées pendant de longs mois en répétition avant d'être enregistrées, là, on a essayé d'être beaucoup plus spontanés. Pour Thelma, par exemple, j'ai montré le titre à Eric, on a enregistré la guitare et on a appelé Alex. Le soir même il enregistrait la batterie définitive alors que la veille il ne connaissait pas cette chanson. Beaucoup de choses ont été faites à l'instinct.

 

J'ai repensé au concert de Limonest délivré en 2009 justement où l'on découvrait pour la 1ere fois certains titres de Bonne Espérance...  J'ai relu mon compte-rendu de l'époque pour vérifier... mais  je n'avais pas décelé l'ambiance plus folk (pour "guitares acoustiques") qu'a finalement l'album...    Est-ce que le choix s'est imposé d'emblée?

 

 

Stéphane Pétrier:  Non, tu as raison. Ce n'était pas forcément écrit au départ, même si ça fait pas mal d'année qu'on nous dit souvent que l'on sonne mieux en formule acoustique.


    En fait, nous avions défini une "charte sonore", principalement au niveau des  sons de claviers que nous souhaitions utiliser, un niveau du climat général bien sûr, mais nous n'avions pas prévu  que le truc vire autant guitares acoustiques (tu dis "folk", je ne suis pas bien d'accord...). A Limonest, certains titres étaient orchestrés de façon beaucoup plus électrique. En fait, en studio, il y a beaucoup de titres où nous avions prévus et même enregistrés des guitares électriques et puis nous n'étions pas satisfaits du résultat. En les remplaçant par des guitares sèches, on s'est rendu compte que non seulement le truc gagnait en personnalité, en climat, en clarté... mais  bizarrement que l'ensemble avait également plus la pêche. L'attaque des guitares acoustiques apporte une dynamique que l'on a pas forcément avec de gros amplis qui crachent... Ensuite, on a utilisé les électriques uniquement quand c'était indispensable. Je trouve que cette formule nous va bien et à l'arrivée, je ne  trouve pas que l'album sonne unplugged.

 

 

Oui, oui, j'utilisais le terme folk par paresse...  mais j'ai quand même une théorie... désolé avec une tendance journalistique au classement,  que le groupe s'est toujours inspiré pour chaque disque de certaines ambiances de l'époque... 80 : new wave,  noizy rock avec Exit, puis la chanson avec violon, avec "l'homme"    et que "Bonne espérance" correspond à ce début de siècle très "folk" et "acoustique"... et finalement, tout en faisant toujours du NOZ... et je suis assez d'accord avec l'ami Suisse, quand il définit le côté NOZ...par le rock progressif...


Stéphane Pétrier:  Oui, pas faux. J'ai l'impression qu'on enfile ces tendances comme on enfile nos vêtements, sans vraiment s'en rendre compte, mais en tenant quand même compte de la mode. Même si j'espère que l'enveloppe n'altère pas l'intérieur.

Rock prog... c'est la musique qui m'a fait le plus rêver. Celle qui m'a  emmené le plus loin, alors forcément.. Cela dit, je n'arrive pas trop à savoir  concrètement ce qu'il y a dans notre musique qui peut faire penser cela aux gens. A une époque j'aurais dit nos coupes de cheveux...


 

Je dirais les albums-concepts et plus largement la force narrative  (expressionniste) ou le côté théâtrale,  les ruptures musicales dans  les chansons (musique « libre »  caractérisé chez vous par  l'utilisation des claviers, des parties musicales, des divers instruments). Wikipédia évoque aussi comme critère « la complexité et richesse des textes, utilisant de nombreuses références mythologiques, sociales...).  Pour le coup, Bonne Espérance colle parfaitement…

 

 

 

 (A suivre là  http://www.surjeanlouismurat.com/article-hors-murat-n-1-le-voyage-de-noz-stephane-petrier-part-2-64772961.html )

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 23 Novembre 2010

 

 Inter-ViOUS et MURAT-,  Numéro 8 :

 

LE VOYAGE DE NOZ

KARL-ALEX STEFFEN

PORCO ROSSO                                               DEUXIEME PARTIE

 

 

  

petrier.JPG ãstéphane Pétrier. Et ses tee-shirts réputés!!

 

 

- Yann (PORCO ROSSO), tu étais sans doute le plus fan des trois donc, même si tu sembles décrocher un peu…  Quand l’as-tu découvert ? et quel type de fan es-tu  (collectionneur)?

 

YANN  GIRAUD :  Pour ce qui est de mon rapport à Murat, ça a commencé avec Mustango que j'ai dû découvrir sur le tard, peu avant la sortie du Moudjik, en fait. J'aimais beaucoup la rencontre avec des artistes nord-américains, le son très organique. Après, je me suis mis à tout acheter, mais en restant dans la discographie officielle et les albums. Je ne collectionne pas les EPs et les 45 tours, même si j'en ai quelques uns - il y a quand même des chansons comme "New Yorker" qui ne sont pas sur les disques et qui sont à se pâmer. Après, il m'est arrivé de prendre la voiture et d'aller le voir jusqu'à trois fois sur la même tournée. Ça, c'était à l'époque de Mockba. Or, justement, ces prestations étaient assez inégales à l'époque et c'est à ce moment là que j'ai commencé à me lasser.

          

            Sur album, récemment, il peut alterner le meilleur (Tristan) comme le pire (l'horrible Charles et Léo que je considère comme un ratage complet) et l'anecdotique (Taormina et Le Cours Ordinaire des Choses que je n'écoute presque jamais). Sur scène, par contre, jusqu'à ce qu'on me prouve qu'il y a un mieux, je n'y retournerai plus. La dernière fois, c'était au Bataclan il y a un an. Le set était bâclé, le son très kitsch, la rythmique était complètement à côté du début à la fin et Murat geignait plus qu'il ne chantait. Or le public avait l'air de trouver ça génial. J'ai appris que dans les backstages, son staff est venu lui dire que c'était son meilleur concert parisien. Je trouve cela pathétique car je l'ai vu sur la tournée de Parfum d'Acacia au Jardin, que je considère comme l'un de ses meilleurs albums - même si c'est un DVD - et à l'époque, c'était à tomber à la renverse tellement c'était bien avec une version du Jaguar intense de plus d'une dizaine de minutes. Comme je sais que JLM est quelqu'un de lucide et de très intelligent, je me doute qu'il doit savoir qu'il ne donne pas le meilleur de lui-même et l'aveuglement des fans ne doit pas changer grand chose à cela. Sinon, je retourne toujours vers les mêmes disques : Le Moudjik, Lilith et dans les plus anciens, Cheyenne Autumn m'apparait toujours comme un album très solide, avec des chansons formidables comme "Le Venin" ou "L'Ange Déchu".

 

          Je pense que j'achèterai toujours ses disques. Même si je ne les attend plus avec la même appréhension, je sais qu'il y aura toujours un ou deux morceaux sortant du lot. Sur le dernier, par exemple, pour moi c'était "Chanter est ma façon d'errer".

 

 

Yann

 

 

 

 

- Et toi François (KARL-ALEX STEFFEN)... Tu sembles le moins fan... As-tu écouté la discographie complète, l'as-tu vu en concert

 

 

FRANCOIS- KAS :  J’ai commencé à m’intéresser aux disques de Murat à l’époque de Dolorès ; le disque avait fait pas mal parler de lui à l’époque et je l’avais finalement emprunté en médiathèque. Sans être bouleversé, j’avais apprécié la démarche un peu expérimentale de Murat sur cet album en rupture avec l’image caricaturale que j’en avais jusque là, à savoir un chanteur de variété mélancolique avec un timbre magnifique. Les touches électro me plaisaient bien à un moment où j’écoutais pas mal de groupes dans la lignée de Portishead ou Tricky.

 

              Du coup, quand Mustango est sorti, je l’attendais, d’autant que les membres de Calexico avaient participé à la réalisation du disque. Et là, comme je l’ai dit, ça a été une claque monumentale. Un des meilleurs albums de pop française de tous les temps sans hésitation.

 

             La période qui s’ouvre avec Mustango est à mon avis la meilleure de Murat, avec une série de disques qui alternent entre le très bon (Lilith, Parfum d’acacia au jardin) et le sublime (A bird on a poire, Le Moujik..) à part Mme Deshoulières qui fut pour moi une grosse déception. Pendant ces quelques années,  j’attendais chaque disque de Murat avec impatience, espérant chaque fois une prise de risque qui me surprenne et me déstabilise ; à cet égard, la découverte d’A bird on a poire, composé et arrangé par Fred Jimenez fut assez jubilatoire dans la mesure où je ne pensais pas Murat capable d’autant d ‘humour, de légèreté et d’efficacité dans le style pop 60’s.

 

            Durant cette période, sur scène, nous avons un temps repris Foule romaine en rappel de nos concerts. C’est aussi l’époque durant laquelle j’ai récupéré les premiers albums qui sont loin d’être dénués d’intérêt ; j’ai d’ailleurs une affection toute particulière pour Venus avec son côté un peu rêche et dépouillé. Malgré, mon intérêt pour Murat, je n’ai assisté qu’à un seul de ses concerts, en 2005 au Printemps de Bourges sur la tournée Moscou en  trio avec Fred Jimenez à la basse  si ma mémoire est bonne ; une prestation rugueuse, courte mais intense. Parmi les regrets, ne pas avoir pu assister aux tournées Dolorès et Mustango dont les relectures (sur disques) rendent honneur aux versions originales.

 

             Depuis, la passion s’est effectivement émoussée. Moscou, Taormina et Le cours ordinaire des choses ont leurs bons moments mais sont sans surprise. Charles et Léo m’a laissé une fâcheuse impression à la première écoute et je n’y suis jamais revenu . Je ne connais pas Tristan mais je vais m’empresser de l’écouter sur les conseils de Yann.

 

Photo 253 retãFrancois-karl-Alex Steffen dans le jardin...

 

 

 

YANN  GIRAUD :  Marrant, j'y étais au concert du Printemps de Bourges (d'ailleurs, c'était à Saint-Amand-Montrond). C'est le dernier bon concert que j'ai vu de lui, en fait. Un set court et tendu.

 

 

 

- Stéphane (LE VOYAGE DE NOZ) avait peur de se faire gronder parce qu'il adore "a bird on a poire"!! Il aura apprécié la réponse de François!     Stéphane, moi, ce qui m'étonne, mais tu l'as évoqué dans une de tes réponses, c'est que tu détestes le blues... comment peux-tu encore supporter le Jean-Louis actuel? 

 

STEPHANE PETRIER :  Comme je te l'ai dit, j'ai tendance à tout pardonner à JLM. Cela dit, les albums très blues comme "Taormina" ou "Le cours ordinaire", sont rarement dans ma platine... mais même ceux-là recèlent toujours une perle ou deux ("Gengis"...)

C'est bizarre parce que moi qui suit très besogneux, j'accepte aussi (et peut-être même que j'envie) chez Murat son côté dilettante, l'impression que certains morceaux ou certains textes sont un peu bâclés, son côté "je fais 2 morceaux par jour et je les sors tous sur disque"... Il y a aussi un autre truc qui devrait m'horripiler chez Murat, c'est son répertoire bucolique "La mésange bleue",  "L'heure du berger",... qui pourraient ressembler à de mauvais poèmes d'enfants de 12 ans qui auraient trop lu Lamartine... même ça je lui pardonne et je finis par trouver du charme à la chose.

 

           Mais si j'adore en effet "A bird on a poire", c'est justement parce qu'il n'y a pour moi que les bons côtés de Murat dans cet album. Musicalement bien sûr, je me sens plus proche de la brit-pop (même traitée façon easy listening) de Fred Jimenez que du gros blues façon "Comme un incendie", mais je trouve aussi qu'au niveau des mots, Murat est encore plus fort dans cet album.

         J'ai l'impression que le fait que Jimenez compose les musiques lui a mis un peu plus la pression sur les textes, l'a forcé a être justement moins "dilettante" et peut-être aussi à moins se regarder le nombril. Les textes sont plus urbains, ont plus d'humour, sans que l'album soit plus "léger" pour autant : "Petite luge", "Gagner l'aéroport" sont pour moi parmi les plus beaux morceaux de Murat.

 

          Par contre, globalement, on a beau dire qu'on l'aime le Jean-Louis, je trouve qu'il en prend quand même plein la gueule depuis le début de cette interview, non ?

 

YANN  GIRAUD :  C'est normal. On dit bien : qui aime bien châtie bien. De plus, je me rappelle que dans une interview pour Chorus, JLM avait dit quelque chose comme quoi il se faisait une très haute opinion de son public, qu'il était exigeant envers lui et qu'il espérait qu'il l'était également en retour. Dont acte !

 

SAM 2869ãsurjeanlouismurat

 

- Vous avez donc tous déjà évoqué vos albums préférés, vos meilleurs souvenirs de concert (peut-être pas Stéphane)... mais il me reste deux questions rituelles : c'est de me citer vos trois titres préférés,  et  bien sûr pourquoi ceux-là... La deuxième, Yann y a répondu : existe-t-il un titre de votre répertoire qui vous évoque, ou vous a été inspiré, par Murat?

 

STEPHANE PETRIER :  Puisque j'ai déjà parlé de "Petite luge" et de "Gagner l'aéroport",  je citerais 2 vieux titres de Dolores, "Fort Alamo" et "Perce-neige" et un titre qui était sur un maxi à l'époque du Moujik, ma  préférée entre toutes : "Royal Cadet".

         Royal Cadet, j'ai eu la chance de pouvoir l'entendre en concert au Palais du Facteur Cheval l'année dernière (Pierre était là bien-sûr...)... Je crois que ce morceau pourrait durer une heure, je ne m'en lasserais jamais... Et pourtant, il est construit comme un bon vieil alexandrin, en 2 hémistiches de 6 syllabes, chose qui en général m'ennuie profondément... mais là, ça marche... J'ai l'impression que chaque mot posé est touché par la grâce, que la voix de Murat est en apesanteur, avec une proximité exceptionnelle... Je ne cherche même pas exactement à savoir de quoi il me parle dans cette chanson, je prends tout...

           

          Concernant la deuxième question,  il y a dans notre dernier album une chanson qui s'appelle "Le cap" qui doit certainement quelque chose à Murat. Dans la façon de poser les mots, de jouer avec les silences à  certains moments, dans la simplicité et la répétitivité de la ligne mélodique...

 

- mais j'ai ouï dire que tu citais le prénom LILITH dans une chanson? 

 

STEPHANE PETRIER :  Comment tu sais déjà ça toi ? [ce titre est inédit]

Non, rien à voir avec JLM... ma Lilith à moi est plutôt un clin d'œil au "Lillywhite Lilith" de Peter Gabriel et Genesis sur "The lamb lies down on Broadway"  mais aussi à la Lilith mythologique, à la fois déesse et démone...  genre de personnage à double facette dont j'aime bien hanter mes histoires.

 

- la chanson de Murat évoque bien ce même personnage également.

 

NOZ-8mention.jpg                                                                                "Bonne espérance", le nouveau voyage proposé par Le Voyage de NOZ

 

 

 

FRANCOIS- KAS :  Pour mes trois titres préférés de Murat, sans trop réfléchir je dirais Jim, Foule romaine et Bang Bang ; sans doute pas les meilleurs titres dans l'absolu, mais parmi les plus évidents, des titres qui me procurent un plaisir immédiat et systématique à l'écoute.  J'y trouve certains aspects de la musique de Murat que j'adore comme une certaine évidence mélodique (sans pour autant que la chanson soit rengaine), des paroles mystérieuses qui permettent à l’auditeur de créer sa propre histoire et puis une légèreté qui n’est pas toujours présente chez Murat.

 

          Malgré tout, j'aime également certaines compositions plus sombres et dramatiques comme Petite luge, Gagner l'aéroport, Mustang, Perce Neige ou Au Mont Sans souci ; j'y trouve ici un côté plus mélancolique, plus habité et peut-être plus poétique.

            En tous cas, deux des facettes que je préfère chez lui !

 

YANN  GIRAUD :  Pour ma part, je citerai "Bang Bang", "New Yorker" (la version du live Muragostang) et "Se Mettre aux Anges". Pourquoi ? Et bien parce que c'est beau, langoureux, ambitieux, magnifiquement écrit, superbement interprété. Ce ne sont pas seulement mes trois chansons préférées de Murat, mais trois de mes chansons préférés tous styles musicaux confondus.

 

- J’espère que cette INTER-ViOUS vous a permis de dire tout ce que vous souhaitiez sur Jean-Louis Murat… Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à rajouter quelques propos, mais parlons quand même un peu de votre actualité.  Vous sortez ou avez sortis récemment un album.  Quelle est la suite du programme  (des concerts?)  et comment en faites-vous la promotion?  

 

STEPHANE PETRIER :  Concernant notre promo, comme toujours pour nous, c'est facile en Rhône-Alpes parce qu'on a une certaine notoriété, mais beaucoup plus compliqué au niveau national. 

          

           L'album « bonne espérance » sort le 25 novembre. Dans un premier temps le gros de la promo sera surtout sur la région avec quelques dates et quelques show case, et un KAO à Lyon pour finir au printemps.

          Nous avons également quelques plans de diffusion sur des radios nationales ainsi que plusieurs projets de dates sur Paris au premier trimestre 2011. Sur ce coup-là on est un peu mieux structuré que d'habitude, avec une vraie attachée de presse, mais ça reste encore très empirique... on se débrouille avec des bouts de ficelle, des contacts, quelques personnes qui aiment notre musique et qui ont les leviers pour faire bouger les choses...

Et puis bien sûr il y a internet, mais faut pas se leurrer : le nerfs de la guerre, ça reste les radios... tant que tu n'est pas diffusé largement, c'est plus dur d'avoir des dates, plus dur d'être dans les bacs...

 

YANN  GIRAUD :  Que dire de plus sur Jean-Louis Murat à part que j'attends d'écouter le prochain (début 2011, c'est bien ça ?).


           Pour l'actualité, en ce qui nous concerne, c'est la sortie de note premier album, La Vie Sans Moi. Il est dispo depuis le 11 octobre en format digital et depuis début novembre en vinyle. Nous ne savons pas encore s'il sortira en CD. Nous démarchons encore des distributeurs pour cela. Le disque est donc disponible sur les plates-formes de téléchargement classiques (iTunes, VirginMega, FnacMusic, etc.) mais aussi en 33 tours à nos concerts et pour les parisiens à l'excellente Boutique Fargo (Rue de la Folie Méricourt , dans le 11ème arrondissement). Par ailleurs, on peut le trouver dans les bacs itinérants des Boutiques Sonores, une agence de promotion et de distribution de disque qui vend nos disques à divers concerts et festivals dans toute la France et les met en écoute et en vente dans certains commerces et bars (essentiellement à Paris). Il est également dispo par correspondance à cette adresse : http://bandcamp.porcorosso.com.
           Last but not least, nous sommes en concert à l'Espace B (19ème arrondissement) le 8 décembre et nous jouerons certainement début 2011 aux Trois Baudets (à Pigalle). On aimerait bien sortir un peu de Paris, notamment jouer en banlieue où il y a des salles municipales géniales mais où manheureusement il y a très peu de concerts pop ou rock et bien sûr, nous espérons un peu nous déplacer en province aussi (évidemment, on adorerait faire la Coopérative de Mai à Clermont, par exemple !).


FRANCOIS- KAS :   Je vois que nos actus se ressemblent beaucoup où comment toucher un large public quand on a peu de moyens et pas une grosse équipe derrière soi pour bosser sur la com ou l'image du groupe !

 

          Pour notre part, on prépare la sortie de notre deuxième album "Les traces" . Pour le moment, nos journées sont marquées par de nombreuses prises de contact et de discussions pour trouver les bons partenaires, période éreintante et parfois frustrante mais nécessaire. On se donne le temps car on veut vraiment que ce disque rencontre son public et on croit toujours dans un beau format CD distribué en magasin (désolé !). 

 

         Par ailleurs, on commence déjà à faire ici ou là  quelques émissions ou sessions radio puisque nous avons décidé de proposer en avant première une édition-collector (livre-CD 28 pages disponible exclusivement via le site web du groupe) ; il s'agit d'un un récit musical raconté en 12 morceaux illustrés par les encres de Mathias Mareschal et les photographies de Clémence Cottard. Le travail graphique sera prolongé sur scène (premières dates début 2011)

 

          Enfin, un EP digital sortira en janvier 2011 avec des titres inédits issus des sessions d'enregistrement de l'album.  

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Interview réalisée par mails du 3 au 21/11/2010. Merci à Yann, Stéphane et  François.

Attention, cette interview ne contient pas de question sur la crise du marché du disque, mais quand même.

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LE LIEN EN PLUS :

Allez, un peu de vidéos :

 LE VOYAGE DE NOZ :

Un live plus ancien en écoute :

http://www.musicme.com/#/Le-Voyage-De-Noz/albums/Petit-Live-Entre-Amis-3700368498613-02.html

 Notamment l'instrumental : "un 30 avril sur les quais, et on trouvera également l'essai de texte en anglais de S. Pétrier: "opéra" (c'est bien lui qui chante!!),   mais je vous conseille aussi "près du vide" et l'hymne "chaque nuit"...

 

une vidéo de l'ami Tequila... fournisseur officieux de vidéos sur le groupe!
                                                                                   
                                                                                                                                                                          
PORCO ROSSO :

- 10000 lieues à la ronde
Grosse Caisse T.V. Show au Be There
 
 la vie sans moi....
 
KARL-ALEX STEFFEN :
 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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