inter-vious et murat

Publié le 20 Novembre 2010

  Inter-ViOUS et MURAT-,  Numéro 8 :

 

LE VOYAGE DE NOZ

KARL-ALEX STEFFEN

PORCO ROSSO

 

 

yann                                                                                                                 ãYann Giraud-surjeanlouismurat

                                                                                        

        Une « inter-ViOUS et Murat » aujourd’hui !  Puissance 3,  car j’ai l’honneur de vous convier à une rencontre avec  3 auteurs-musiciens-interprètes : Yann Giraud de PORCO ROSSO,  combo parisien,  François de KARL-ALEX STEFFEN (KAS) d’Orléans,  et Stéphane Pétrier, du VOYAGE DE NOZ made in Lyon. 

         Pourquoi les réunir ?  Outre leur intérêt pour Murat, mais qui ne s’entend pas forcement, ils ont pour points communs leur démarche « indé » et une certaine ambition musicale et textuelle en français,  en autres choses : Karl-Alex Steffen et Le Voyage de Noz sortent tous les deux un « album-concept »… nous plongeant dans le passé...  Je dois avouer, mais certains doivent finir par le savoir, que je connaissais nettement plus le VOYAGE DE NOZ, que j'ai dû voir en concert une quarantaine de  fois... depuis bientôt 20 ans!   C'est cette histoire qui a fondé mon intuition qu'ils avaient tous les trois des choses à se dire et à partager... Je me permets de dire que je ne  pense pas m'être trompé! 

  

 

- Alors pour commencer, il faudrait faire les présentations, car  il me semble  que vous  ne vous connaissez pas,  est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques lignes (vous, votre groupe, et éventuellement 3 références musicales)?   

 

FRANCOIS- KAS :  Bonjour à tous,

            Pour vous dire tout d'abord que je suis très heureux de participer à cette inter-VIOUS.  Ensuite, j'ai commencé à écouter un peu Porco Rosso et le Voyage de Noz ; dans les deux cas, je découvre et le peu que j'ai entendu m'a donné envie d'y revenir.

          Karl-Alex Steffen est mon principal projet musical. Je suis à l’origine de celui-ci depuis 2002. J’écris les textes ainsi que la majorité des compositions et des arrangements. Au départ, c’était d’ailleurs un projet solo, puis, progressivement, c’est devenu un projet collectif notamment pour nos premières sorties discographiques et scéniques.

         Avec le dernier album « Les Traces », nous sommes allés beaucoup plus loin avec les quatre musiciens qui m’accompagnent (Lila Tamazit, Bertrand Hurault, Pierre Schmitt, Sébastien Janjou) dans la mesure où, pour certains titres, le processus de création a été fondé sur une réappropriation complète par le groupe des univers que j’avais pu proposer en démo. 

Bref, un projet constamment en mouvement, entre individualités et collectif, qui reste marqué par l’univers d’un auteur mais qui s’enrichit chaque jour de la confrontation avec des musiciens venant d’horizons différents.

           Pour les influences, si le jeu est d’en garder trois, je dirais Sonic Youth, Diabologum et Bashung….mais il n’est pas sûr que ma réponse soit la même si l’on me réinterroge à ce propos demain ! 

 

 - Je serais intéressé par des précisions :  Vous êtes originaire de quelle région?  et si comme dirait Murat, vous êtes un "j'ai un job à côté"?...   Je voulais aussi préciser que vous connaissez bien je crois, Erik Arnaud, mon précédent Interviewé...

 

 FRANCOIS- KAS : Pour le moment, nous sommes tous orléanais. Trois d'entre nous "vivent de la musique" et les deux autres ont effectivement un job à côté, dans l'enseignement.

             Pour ce qui est d'Erik Arnaud, c'est un très "vieil ami" puisque nous avons commencé la musique ensemble il y a une vingtaine d'années maintenant ; il nous a aussi apporté son savoir faire en termes d'enregistrement sur nos deux premiers EP "Le Coup du Siècle" (2003) et "Billet Express" (2005) et a effectué le mixage d'une grande majorité des titres sur notre premier album "Le Grand Ecart" paru en 2007. Pour "Les Traces", s'il n'a pas participé directement au projet, il a suivi le projet d'assez prêt et a fait partie des deux ou trois personnes qui ont écouté les titres dans leur différentes versions et dont le ressenti a pu compter au moment de trancher entre plusieurs options. 

 

Photo-253-ret2.jpg

ãKarl Alex steffen-surjeanlouismurat

 

 

 YANN  GIRAUD : Un grand plaisir aussi pour ma part de faire cette interview à quatre et de découvrir deux univers exigeants et une écriture en français courageuse. Je suis ouvert à toutes les possibilités, mais souvent je trouve que les groupes français chantant en anglais prennent le risque du manque d'originalité et de la comparaison avec leurs influences. En écoutant K.A.S et le Voyage de Noz, je me rends compte que ce qui est intéressant, c'est justement la collision entre la chanson française et les influences anglo-saxonnes. Il en sort toujours quelque chose d'intéressant et de personnel.

           Pour répondre à la question, Porco Rosso est un groupe de la région parisienne a été créé en 2002 autour de mes compositions. On l'a toujours envisagé comme un groupe, mais le line-up a beaucoup changé depuis les débuts. Seul le bassiste, Stéphane Perez, joue avec moi depuis le début. Le guitariste Xavier Guéant nous a rejoint il y a un an et n'a pas participé à l'album qui vient de sortir (La Vie Sans Moi, 2010). Il fait partie d'autres projets parisiens dont De La Jolie Musique et the Einstein Tremolos Quant à notre batteur, il vient juste de nous rejoindre après le départ du précédent. Il s'appelle Sébastien Pasquet et joue dans une foultitude de projets dont le sien, Tristen, qui vient d'être signé chez Volvox Music. Sébastien est le seul à pratiquer la musique à plein temps. Stéphane, Xavier et moi avons des métiers qui sont assez prenants. Je suis pour ma part enseignant-chercheur, ce qui occupe la majeure partie de mon temps, et il m'arrive de faire aussi des chroniques musicales et des interviews pour un magazine qui s'appelle XRoads. Pour ma part, ça ne me pose aucun problème d'être un "j'ai un job à côté". Contrairement à Murat, je crois en l'amateurisme éclairé. Des pros, il y en a plein qui jouent sur les disques de Michel Sardou ou Calogero. Je ne crois pas que ce soit un gage de qualité. Nos métiers ne sont pas des pis-aller mais nous pratiquons la musique aussi sérieusement que possible quand nous en avons le temps. Depuis 2002, nous avons sorti trois Eps et donc le premier album en octobre 2010, sorti sur French Toast, un label associatif parisien en LP et en téléchargement sur les plate-formes habituelles.
             Si je devais citer trois influences sur la musique que nous faisons, je mentionnerais Sparklehorse, Talk Talk et pour citer un autre français que Murat, je dirais Dominique A dont l'influence est, je pense, plus audible sur le résultat final que celle de JLM.

 

 

STEPHANE PETRIER :   Bonjour à tous. Je suis moi aussi très heureux de participer à cette aventure.   Etant en pleine période de bouclage d'un nouvel album je n'ai pu qu'aller survoler le travail de François et de Yann mais j'en ai assez entendu pour comprendre pourquoi Pierre nous a lâché tous les trois dans l'arène. Il y a incontestablement des liens entre nous tous, une impression de faire partie d'une famille... même si je suis bien incapable de dire laquelle.

            Je m'appelle Stéphane Pétrier et je suis le chanteur et - allez je vais l'assumer... - le leader du Voyage de Noz, mon groupe de toujours. L'histoire a commencé en 1985, à Lyon, alors que nous étions tous au lycée... et depuis elle n'a jamais cessé. Nous avons connu dès le début un joli petit succès régional (3000 exemplaires de notre premier CD vendus assez vite en Rhône-Alpes, remplissage de salles assez importantes comme le Transbordeur [où a été enregistré MURAT LIVE]) mais nous n'avons jamais - pour de nombreuses raisons qu'il serait sans doute long d'expliquer maintenant -  franchi le pallier du professionnalisme. Avec du recul, je ne garde pas ou peu de frustration par rapport à ça. Comme le faisait remarquer Yann, je crois moi aussi que l'important est de bien faire les choses, que l'on soit amateur ou professionnel. Quand je compare notre aventure avec celle d'artistes proches qui ont "signé", je me dis que nous avons eu de la chance. La chance de durer, la chance d'évoluer en totale liberté, même si la modestie de nos ventes nous a empêché de vivre de notre passion (aujourd'hui seul notre bassiste est intermittent... en travaillant avec plusieurs groupe évidemment). Nous avons également la chance d'avoir un public assez étonnant qui ne nous a jamais lâché et qui nous permet de vendre 2 ou 3 000 albums à chacune de nos sorties... de quoi continuer à faire les choses correctement, à notre petit rythme d'artisan.  

              Concernant l'horrible question des influences, je vais tricher en citant trois influence anglo-saxonnes : Arcade Fire, Divine Comedy et les Beatles et trois artistes français dont les textes me touchent : Bertrand Cantat, JP Nataf et... allez Raphael (!!!) qui a, je trouve, une vraie liberté et une vraie qualité d'écriture. L'Auvergnat on en parlera après...

 

SAM_2862.JPG  ãsurjeanlouismurat

 

 

 - Et bien , ça a commencé sur les chapeaux de roue...  même pas eu le temps de préparer la suite, moi!  Au niveau des références, vous ne m'avez pas facilité les choses d'ailleurs : je comptais un peu que François et Yann évoquent  Wilco ( un groupe que vous citiez tous les deux comme référence ailleurs )... et Stéphane, de la matière un peu plus "progressive" (Queen,  Wyatt)...  Toutefois,  merci d'avoir souligner  un certain discernement  dans  mon  choix de vous inviter tous les 3... même si ça me fout  encore plus la pression, et la pétoche...

            Alors, évidemment, le point commun  évident entre vous trois,  c'est bien sûr d'écrire des chansons  en français...   Là dessus, Murat n'a jamais varié (même s'il a dit avoir des titres écrits en anglais dans les malles du grenier)... mais sans toujours se revendiquer "rock".  Est-ce que vous, vous tenez à cette étiquette? Et utiliser le français ne vous a.. ou ne vous pose-t-il pas des problèmes d'identité?

 

STEPHANE PETRIER : Bon alors déjà d'emblée j'esquive la question sur l'appellation "rock". Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire et je m'en fout. Qu'on nous catalogue chanson française, pop rock, cold-wave ou trash-reggae, peu me chaut comme dirait l'autre. Je n'ai aucun problème avec la "variété française", j'ai toujours préféré Jacques Brel ou Alain Souchon à des trucs soit-disant rock mais qui m'emmerdent profondément (je pourrais te citer des noms si tu es sage).

 

           Concernant le chant en français, là aussi je ne me suis jamais posé la question. La première fois que j'ai voulu faire une chanson, ça s'est imposé comme une évidence. Je crois que c'est Jean-Louis Aubert qui disait "Je chante en français parce que la nuit, je rêve en français" ; c'est exactement ça. Pour moi, écrire un texte, c'est une façon de me foutre à poil, d'essayer d'être le plus honnête possible. Et j'ai toujours considéré que les artistes français qui chantaient en anglais le faisaient soit par fainéantise, soit par manque de couilles. Pour être juste, je crois qu'il existe une troisième catégorie, plus respectable, ceux pour qui la voix n'est qu'un instrument parmi d'autres, un instrument qui n'est là que pour "sonner" et qui donc se foutent totalement de ce qu'ils peuvent raconter. Dans tous les cas, je trouve ça dommage.

         Dommage bien sûr parce que j'ai l'impression que ces artistes là sont quelque part moins "honnêtes", mais dommage aussi parce que je pense qu'ils passent à côté de quelque chose. Techniquement, c'est beaucoup plus dur de "faire sonner" en français (notamment sur les parties rythmées et violentes) mais en revanche, quand on y arrive, quel bonheur !

          On a la chance d'avoir une langue beaucoup plus riche, beaucoup plus variée au niveau des sonorités que l'anglais et quand ça fonctionne c'est terrible.

           Les rares fois où j'ai utilisé l'anglais, c'était très clairement par défaut, par renonciation, parce que je n'arrivais pas à mettre un texte correct  en français. A l'époque de notre second CD "Le Signe" où nos managers avaient des rêves de grandeur, nous avions commencé à enregistrer une version anglaise de l'album (pour "l'international" comme ils disaient....). Mis à part le fait que j'avais un accent lamentable, ça ne ressemblait à rien... ça manquait d'âme, nous  perdions notre identité, ce serait au contraire me mettre un masque et me trahir.  Idem avec Noir Désir par exemple : Bertrand Cantat réussit parfois à me bouleverser quand il chante en français. En anglais, il ne me touche plus, redevient banal et ressemble à des dizaines de groupes anglo-saxons.   Je fais peut-être un peu trop long non ?

 

- non, non, c'est bien... tant que tu ne racontes pas de blagues, ça va.  Yann?

 

YANN  GIRAUD : Je crois que je partage à peu près tout ce qui a été dit. C'est sûr, je pourrais toujours te citer quelques groupes intéressants chantant en anglais (Pokett ou The Delano Orchestra et quelques potes à moi qui me semblent faire cela avec beaucoup de conviction) mais globalement, je suis d'accord pour dire que le chant en anglais marque souvent un manque de personnalité ou d'affirmation. Or, qu'est-ce qu'être artiste s'il ne s'agit que de se mettre en retrait. L'autre jour, je discutais avec un ami qui est aussi responsable d'un label parisien et il me disait que l'impression qu'il retire de la plupart de ces artistes est qu'ils ne font de la musique que pour exposer leurs goûts. Le mec aime les Strokes alors il fait un truc à la manière des Strokes ... du coup, on se retrouve avec des groupes qui font de la musique qui existe déjà, et souvent en mieux.

           Quand je vois ça, je me dis que je devrais supprimer pas mal de noms qu'on trouve dans la rubrique "influences" sur les sites du genre MySpace, Noomiz, etc. C'est aussi pour cela que je n'ai pas cité Wilco. Ok, c'est l'un de mes trois groupes préférés, mais est-ce que ce que l'on fait est réellement inspiré par eux ? J'en doute car c'est un groupe avec une dynamique de malades. Il y a des gens dans ce groupe qui évoluent parallèlement dans le milieu du free-jazz ou du post-rock un peu barré. Alors, certes, ce serait excitant de pouvoir faire cette musique là avec des paroles en français, mais de plus en plus, je me rends compte que pour que ça fonctionne, c'est la chanson qui doit passer en premier. Si tu as une bonne chanson, tu peux la jouer en acoustique, sur un rythme reggae, ce sera toujours aussi bien. D'ailleurs, dans Porco Rosso, on aime bien réarranger les morceaux sur scène, surtout quand on n'arrive pas à les rejouer !

          Bon, tout cela pour dire que comme pour Stéphane, le choix du français m'est apparu comme une évidence. Je ne pense pas que ça pose un problème quelconque par ailleurs. Peut-être que ça ferme quelques portes dans des salles parisiennes, mais à part cela, les labels et les radios continuent de plébisciter les groupes qui chantent en français. Les salles aussi, il me semble ...et puis, je crois que même des gens qui ne vont pas forcément être fans de ce que l'on fait vont au moins apprécier la démarche.

            Pour ce qui est du rock, je suis aussi comme Stéphane. Le maître mot pour moi, c'est la mélodie. C'est pour cela que la musique tend vers la pop aussi. Après, j'aime la distorsion, l'électricité, la batterie. Alors, oui, c'est rock dans ce sens là, mais sinon, je ne vois pas quelle est la fierté de faire du rock, en quoi il y a un intérêt de s'arroger ce label là. Je déteste tout le discours qui consiste à se demander si quelque chose est rock ou ne l'est pas. Pendant que je tape ces quelques lignes, j'écoute Silver Mt. Zion, c'est du rock, ça ? Honnêtement, je m'en fous un peu.

 

STEPHANE PETRIER : Ca va pas du tout ça les gars ! On est d'accord sur tout !!!  Quand est-ce qu'on se met sur la gueule ?

 

- Ah, non!! ça fera trop rock and roll!! 

 

FRANCOIS- KAS : Comme Yann et Stéphane, nous ne revendiquons pas d'étiquettes particulières. Les questions de certains journalistes portant sur le style du groupe visent plus à construire une représentation de notre musique pour leurs lecteurs :  c’est utile, concis mais aussi très restrictif. « Rock » permet sans doute de souligner le rôle de l’électricité ainsi que l’omniprésence des guitares et des saturations, au risque de gommer tous les autres ingrédients constitutifs de notre univers.
             Pour l’écriture en français, c’est venu assez vite mais les premières chansons composées le furent dans la langue de Shakespeare. Depuis, les titres que je compose sont quasiment tous en français mais je me donne le droit de placer quelques phrases en anglais de temps à autre pour amener des couleurs et des sonorités différentes, pour un passage assez puissant ou crié, puis une partie avec beaucoup de chœurs... Et puis, en France, nous avons tout de même de nombreux chanteurs ou groupes qui ont un rapport très intime à la langue et à la culture anglaise et  qu’on peut à mon avis considérer comme de grands auteurs.

STEPHANE PETRIER : Qu'entends-tu par "chanteurs ou groupes qui ont un rapport très intime à la langue et à la culture anglaise" ? S'il s'agit de gens comme Gainsbourg par exemple, je suis d'accord. Il utilise beaucoup de formules et joue avec les anglicismes mais, je  dirais, à la rigueur pas plus que toi et moi dans la vie de tous les  jours. Il continue à "me parler" en français. En revanche, je ne vois  
pas pour ma part de "grands auteurs" français qui écriraient  totalement en anglais. A qui penses-tu ?

 

KAScouverture face comp


FRANCOIS- KAS :  Lorsque j'ai utilisé l'expression "grands auteurs" français écrivant en anglais,  je ne pensais pas à Gainsbourg mais à des artistes plus confidentiels comme Piers Faccini, Santa Cruz, Laetitia Shériff, Jullian Angel, David Fakenahm (etc.) qui ont soit une approche très poétique de lalangue anglaise soit un remarquable savoir faire pour construire leurs chansons comme de petites nouvelles. Je trouve intéressant de voir comment ces groupes évitent les pièges évoqués par Yann et Séphane et parviennent à se réapproprier des pans entiers de la culture populaire américaine. Ce ne
sont pas les plus connus, ils ne visent sans doute pas un succès planétaire mais leur démarche artistique est à la fois intègre, sincère et passionnante, bien loin d'autres groupes se contentant de cloner les artistes anglo-saxons écoutés à la maison. Et puis, parmi mes groupes favoris, il y a aussi les Married Monk, avec des textes qui là aussi sont parfois très bons même s'ils parlent un peu trop  systématiquement de boisson !

 

- Finalement sur ces deux questions du rock et du français, vous êtes sensiblement sur la même position que Murat. Alors Murat, justement...  Est-il à ranger dans vos influences ? (en matière de : musique, texte, méthode... )     

 

 

YANN  GIRAUD Je ne crois pas que Jean-Louis Murat soit une influence directement identifiable dans notre musique. En revanche, en ce qui concerne la démarche, JLM a eu une influence déterminante. Quand nous avons commencé à faire de la pop sous le nom de Porco Rosso, au début des années 2000, l'idée principale était de se démarquer du rock alternatif qui à l'époque polluait les radios. Bien sûr, nous avons toujours eu beaucoup de respect pour Noir Désir, un groupe totalement déculpabilisant pour le rock français, mais il y a avait tous ces clones à la radio et puis aussi, toute cette soupe punk-ska plus ou moins alter-mondialiste qui, je pense, a bien pourri la scène française. À cause d'eux, tu ne pouvais pas faire du rock en France sans qu'on attende de toi une prise de position politique. Je pourrais citer deux ou trois noms, mais j'imagine qu'on voit de quel genre de formations je veux parler. Et en plus, en contre-attaque, on a eu l'extrême inverse, la nouvelle chanson française qui elle, ne parle que de la queue au supermarché, de la vie banale de tous les jours, les trucs dérisoires. Ai-je besoin qu'on me parle de ma vie de merde ? Je ne crois pas. Donc, la qualité en France se situe quelque part entre ces deux écueils, et là, on trouve un type comme Murat : des textes beaux et poétiques, de la mélodie, un peu d'ambition. Et puis j'aimais le discours qu'il avait en interview, le refus de la facilité et de la médiocrité, l'idée aussi que même si on n'a pas à se référer aux anciens (Brel, Brassens, Ferré), ça reste quand même dans nos gènes, que toute chanson française se fait en référence à la variété, qu'il ne faut pas forcément chercher à lui tourner le dos.        

               Après pour les textes, Murat n'est pas mon influence principale. Je pense plutôt à des gens comme Morrissey, Ray Davies ou Bob Dylan (Blood on the Tracks surtout), mais en français. Les textes de Murat sont plus métaphoriques, attachés à une certaine idée de la poésie française classique (Louise Labé, l'amour courtois, tout ça). Je cherche à raconter des histoires ou à m'inscrire dans une époque, un contexte, même si ce n'est pas forcément à prendre au premier degré, je me sens plus proche de Dominique A en ce sens. Comme ce dernier, la façon dont Murat place sa voix, en revanche, est importante pour moi. Ce n'est pas évident à faire sonner, le français. Peu y arrivent avec fluidité, sans que ça accroche, sans qu'il y ait trop de maniérisme. J'aime ça chez lui aussi.

judee-sill_small.jpg

FRANCOIS- KAS :  Pour ma part, je n’ai jamais considéré Murat comme une influence majeure. Mes influences sont longtemps restées presque exclusivement anglo-saxonnes et la découverte de Murat fut finalement assez tardive. Par ailleurs, en dépit de mon intérêt pour son œuvre, peu de disques de Murat m’ont touché de manière suffisamment profonde pour influencer mon approche de la musique et de la création.

         Il y a cependant une exception : Mustango. En effet, cet album, comme Remué de Dominique A, Fantaisie militaire de Bashung ou #3 de Diabologum, représente pour moi un des horizons indépassables de la chanson française des années 90-2000. Des textes d’une beauté désarmante, des influences anglo-saxonnes parfaitement assumées et intégrées, des voix et une production chaleureuses et sensuelles, plus que d’une influence, il s’agit là d’une référence ultime à l’aune de laquelle on peut jauger ses propres compositions et enregistrements.

         En outre, ce qui me paraît rapprocher ces quatre albums, c’est, dans leur démarche, la volonté de leurs auteurs de donner une forme nouvelle à la chanson d’ici en étant aussi ambitieux  sur les textes que sur les musiques, en assumant pleinement toute la diversité de leurs influences respectives et en se détachant du côté parfois un peu larmoyant voire nombriliste que peut prendre la chanson française « à texte ».

Pour finir, je suis assez d’accord avec les propos tenus par Yann sur l’habilité qu’à Murat de faire sonner sa voix et sur les qualités poétiques et métaphoriques de ses textes.

 

          Mais,  Yann (la question peut s’adresser à Stéphane également), en dehors des références citées pour tes textes (Morrissey, Ray Davies ou Bob Dylan), es-tu également influencé par certains écrivains ?   "Mourir" aurait pu avoir sa place sur un album de JLM , non ?

 

STEPHANE PETRIER Pour ma part, mon rapport avec Murat est assez ambigu.

            Je l'ai d'abord longtemps détesté... ou plus exactement il m'agaçait... Je n'aimais pas sa façon de faire des textes, notamment sa façon très "XIXème siècle" d'évoquer ses sentiments.

Certaines phrases, par exemple, je crois que c'est dans "Col de la Croix-Morand" comme "j'éprouve un sentiment profond", je trouvais ça insupportable : pour moi un auteur n'a pas le droit de dire ça, il doit le faire comprendre, le suggérer... En revanche, j'étais déjà jaloux de sa voix, de sa classe naturelle et je me disais que si j'étais une fille je serais sûrement tombée amoureuse de ce sale type.

Les choses ont basculé, je ne sais trop pourquoi, avec "Le moujik et sa femme"  qui reste pour moi un de ses meilleurs albums. Là, j'ai commencé à tout lui pardonner et je me suis enfin "laissé aller", j'ai accepté de rentrer dans son univers sans intellectualiser la chose. Aujourd'hui, c'est toujours pareil : j'accepte de Murat des choses (tant au niveau des textes que de la musique) que je trouverais ridicule venant d'un autre. Je crois surtout que j'aime sa liberté, la façon dont il assume le mélange des genres, et bien sûr son talent pour faire sonner la langue française, c'est peut-être en ce sens qu'il est pour moi une influence.

           Pour répondre à la question des personnes qui m'ont réellement influencé au niveau de l'écriture, je citerais moi aussi Morissey, pour sa capacité à oser se mettre à nu, mais aussi beaucoup de choses dans la variété française des années 70 notamment (Souchon, Aznavour, même Delpech ou les tout premiers albums de Balavoine) où on avait un vrai talent pour raconter une vraie histoire en
quelques minutes, planter un décor... J'adore ça. Je trouve qu'un garçon comme Renan Luce aujourd'hui réussit par moment à retrouver cette grâce. L'écriture beaucoup plus intellectuelle de Bashung me fascine également mais me touche peut-être moins (sauf l'exception sublime qu'est "Fantaisie militaire" album touché par la grâce où j'ai enfin l'impression que le bonhomme tombe le
masque et me parle de ses souffrances sans que le vernis de la virtuosité le protège).
          J'ai du mal à savoir si les écrivains que j'aime (Bret Easton Ellis, John Fante, Vargas Llosa) m'influencent. Il y a plutôt parfois un flash, un film, un livre, une BD qui va un jour m'inspirer une chanson, mais je ne crois pas que cela ait une emprise directe sur mon style.



 

YANN  GIRAUD Pour ma part aussi, c'est toujours difficile de savoir si je suis influencé par d'autres formes d'art que la musique. J'aime beaucoup d'écrivains (Houellebecq, Jim Harrison, Dan Fante, Russel Banks ...), mais est-ce que ça m'influence sur la forme ? J'en doute. Je dirais que ce sont les sujets qui m'influencent, les ambiances aussi, mais pas l'écriture elle-même. Idem pour un certain cinéma qui me touche et peut me suggérer des images. Je pourrais aussi citer certains champs philosophiques. Au début, je voulais citer une phrase de Deleuze et Guattari dans notre disque, puis les membres de mon groupe m'en ont dissuadé. Ils ont bien fait, je crois ... Dans "Mourir", en effet, il y
a une référence explicite à Murat quand j'emploie le terme "cariatide",
[utilisé dans « aimer »]  mais pour le reste, je ne sais pas.

            C'est marrant, les albums que cite François. On revient toujours à la même poignée d'artistes, c'est un peu déprimant, non ? Sur ce que dit Stéphane aussi sur les années 70, je suis assez d'accord, mais chez moi, ça concerne plus la musique que les textes. Quand j'entends des trucs comme les premiers Véronique Samson, je me dis qu'il y a un super son au niveau de la rythmique, ça groove à mort, et il me semble qu'on a perdu la clé. Récemment, j'ai cru entendre un peu de ça chez M. Même si ça ne me touche pas à titre personnel, je lui reconnais d'avoir un peu réhabilité ce son là et je trouve bien aussi que ça s'adresse à un public assez large.

           Je constate que depuis quelques temps, du point de vue des textes, je suis de moins en moins en phase avec le style de Murat et de plus en plus avec celui d'Étienne Daho. J'ai longtemps ignoré ce dernier et me rend compte qu'en fait, c'est beaucoup plus difficile de se mettre à nu avec des textes simples que de se cacher derrière des postures. Sur le dernier album d'Étienne, il évoque des choses crues et bouleversantes sur sa rupture amoureuse et sa relation avec son père. C'est quand même vraiment courageux d'écrire (et plus encore de chanter) : "tu veux savoir pourquoi aujourd’hui je ne t’aime plus, pourquoi depuis un moment, je ne te désire plus et tu pleures en secret toutes les larmes
de ton corps, comme si j’étais mort". C'est peut-être moins élégant, moins littéraire, mais arriver à cette épure, c'est du gros travail et je crois qu'on ne s'en rend pas assez compte.

 

-  J’ai toujours gardé en mémoire la leçon de Gilles Vigneault sur la beauté des phrases construites avec des mots simples à une ou deux syllabes…  et ta citation Yann m’a fait penser à cela. Mais soit, moi, ce que j’aime dans l’écriture de Murat, c’est qu’il n’y a aucune expression toute faite (ce que je reprochais à Biolay…),  même si on peut aussi parler de « facilité »  quand on va dans l’abstraction et l’abscond.            (concernant Deleuze : je crois qu’Abdel Malik t’a grillé ! J’l’ai entendu parler d’une chanson évoquant les 3 D : Deleuze, Derrida et Debray…). 

 

 

 

SAM 2866

La pochette osée de l'album "L'homme le plus heureux du monde" du Voyage de NOZ... Ca va bien avec Murat, non?

 

 

LE LIEN EN PLUS :  

 

Voila de quoi faire connaissance avec ces "jeunes groupes":  

 

http://www.karl-alex-steffen.com/

http://www.myspace.com/karlalexsteffen

Photo-108-comp.jpgle bel objet en édition limitée que voilà...

 

http://www.porco-rosso.com

 http://www.noomiz.com/porcorosso
 http://www.grosse-caisse.com/musique/porcorosso

Pour eux, aussi, choix du bel objet : EP disponible en  vinyl uniquement...  

 

th_CoverPorcorosso.jpg 

 

 

http://www.levoyagedenoz.com/

http://www.deezer.com/fr/music/le-voyage-de-noz

http://www.bonne-esperance-the-story.fr/   (teasing du nouvel album à sortir le 27/11)

v_bonne-esperance.jpg

 

 

 

A SUIVRE!!!!

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 26 Septembre 2010

 

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 7 :  

 

ERIK ARNAUD   (2e partie)

 

 

 

Chapitre 2:

                   Après la convocation, dans la première partie, de Neil Young, Gérard Manset... et a little, d' un chanteur auvergnat du nom de Murat ...

                   Où  l'on glisse un moment sur "Courchevel", le nouvel album de Florent Marchet auquel Erik a participé...  pour en terminer sur les questions rituelles de l'INTER-ViOUS et MURAT... et de très étranges fantasmes.

 

 

 

 

 

                                                                                                      

               

- Vous parliez du travail avec Florent Marchet… Pour COURCHEVEL, est-ce que vous avez partagé les consoles avec Stéphane Prin (qu’on associe forcement à Murat )  ou vous avez travaillé en parallèle ? Est-ce que vous avez évoqué Murat ensemble ?

 

 

ERIK ARNAUD: Non je n’ai pas du tout travaillé avec Stéphane Prin. Stéphane, que je n’ai rencontré qu’une seule fois quand il mixait Gargillesse de Florent, s’est chargé d’une partie du mix. Moi je me suis occupé d’une grosse part de l’enregistrement donc son travail est venu après le mien. Malheureusement je n’ai pas pu assisté au mix…

 

 

 

 

 

- J’espère pouvoir poser quelques questions à Florent bientôt mais, est-ce que vous pourriez nous dire quelques mots sur "Couchevel" (sortie le 11/10/10) ?

 

 

ERIK ARNAUD:    Courchevel est un album charnière pour Florent il me semble car il a choisi de ne faire aucune concession dans la couleur musicale tout en recherchant je crois une forme de succès public : il a utilisé les instruments qu’il avait envie d’utiliser et surtout, et là je parle de mon travail avec lui, il a souhaité dès l’enregistrement obtenir une couleur et une direction musicales  très marquées. Exemple : au lieu d’attendre le mix et donc de se réserver la possibilité ou non de compresser un piano ou de mettre de la distorsion sur une batterie, et bien on faisait ce choix directement à la prise. Il y a deux avantages à procéder comme cela : le premier est d’avoir tout de suite une couleur et une intention qui mettent sur les rails et qui sont très motivantes pour terminer le morceau. Le deuxième est que l’on gagne du temps au mix puisque quasiment toutes les options en termes d’effet ont été prises. D’une certaine façon, en enregistrant de cette manière on commence aussi à mixer à la prise. Les inconvénients ? Si on s’aperçoit en cours de route que la direction n’est pas bonne, il faut tout refaire mais ça vaut le coup de prendre ce risque en sachant que c’est plus facile si on connaît bien l’artiste qu’on enregistre. Cela demande vraiment d’être sur la même longueur d’ondes. Autre inconvénient : le mixeur se retrouve parfois avec des bandes avec lesquelles il doit composer ; à moins de réenregistrer, pas moyen pour lui d’enlever un delay, une distorsion ou une compression déjà enregistré.

Pour revenir à Courchevel, il y a une chanson au moins aussi géniale que ‘Le terrain de Sport’ sur son premier album, c’est ‘L’eau de Rose’ : refrain et mélodie imparables, un poil dérangeante dans le texte mais contrebalancée par une musique plus positive. Une merveille d’équilibre.

 

 

 

- Revenons à vous…. Benoit Crevits, un ami facebookien, écrivait dans pop news: "Erik Arnaud évolue dans un monde de frustrations, de regrets. Le point de rupture après les humiliations, les découragements, est généralement la source de son inspiration".  Magic! préférait mettre en exergue la phrase : "j'ai trop de choses à dire tellement je suis heureux"....  Est-ce que le bonheur conjugal a modifié votre inspiration? (Jean-Louis Murat  disait enlever de la noirceur dans ses morceaux -et être plus chaste...- du fait de son statut de "papa").

 

 

ERIK ARNAUD : Non le lien n'est pas aussi direct que ça. Etre marié ou pas, avoir des enfants ou pas, tout cela doit sûrement influencer l'écriture mais il n'y a pas de prise de conscience, une sorte d'avant et d'après. Avoir des enfants, c'est clair qu'il y a un avant et un après, mais ça n'est pas aussi radical en termes d'influence dans la musique ou l'écriture. En tout cas pas pour moi. Ce sont des événements de la vie qui, au même titre que d'autres, ont une diffusion lente dans la production artistique. On sent sûrement leur influence mais bien après je crois. Mais il est possible que tout cela ait un impact sur les prochaines chansons. Je ne suis plus la même personne qu'il y a 3 ou 4 ans non plus donc on verra ce que je vais écrire d'ici quelques temps. Pour l'instant, je n'en sais absolument rien...

 

 

 

- Concernant la production musicale de Murat,  ce qui a pû jouer, comme il l’a dit, c’est qu’il a le souhait de rester auprès de sa famille… mais c'est vrai que l'inspiration reste la même (bien qu'on puisse parler de 16 heures qu'est-ce que tu fais?).  

 Est-ce que dans votre œuvre, vous avez une chanson qui vous fait penser à Murat, ou dont Jean-Louis Murat aurait participé à l’inspiration ?  

 

 

 

ERIK ARNAUD:  Non pas directement, mais j'avais intitulé une de mes chansons « Comme Au Cinéma » (sur l'album Comment Je Vis) et je ne me souvenais pas à l'époque que Murat avait écrit une chanson qui portait ce même titre sur l'album Venus. Coïncidence ? On ne parle pas du tout de la même chose en tout cas dans ce morceau.

 

 

 

 

- Vous avez déjà évoqué votre période préférée de Murat... mais votre album préféré?  et s'il fallait retenir 3 titres?

 

 

ERIK ARNAUD:   Pour l'album, je dirais Venus. 3 titres ? 'Le Lien Défait', 'Aimer' et 'Foule Romaine'.

 

 

 

  

-  Vous avez évoqué l'avoir vu sur scène... Vous rappelez-vous où?  Des souvenirs particuliers?

 

 

ERIK ARNAUD : Oui c'était en 2007 à Cluses. Très bon concert mais je me souviens surtout d'avoir rencontré une personne très gentille et chaleureuse. Bien loin des clichés et du maniérisme du 'star system', très affable et très simple, vraiment quelqu'un de bien... vraiment.

 

 

 

- Quels sont vos projets ? Est-ce que quelques dates vont être programmées en province ?

 

 

 ERIK ARNAUD : Malheureusement pas encore de dates prévues en province mais je vais m’occuper de ça prochainement. Quant aux projets : écrire de nouveaux morceaux, en français ou en anglais, je ne sais pas encore…

 

 

-  En anglais?  Je suis surpris!   Une façon définitive d'"emmerder la chanson française" pour reprendre un des vos titres de 1998 ?

 

 

ERIK ARNAUD:  Quand j'écris une chanson, la mélodie de chant qui me vient, je la chante toujours dans une espèce de 'yahourt' anglais (il en reste parfois quelques traces sur les versions définitives, sur Cheval par exemple). Comme je mets un temps fou à écrire les textes en français et que je me débrouille pas trop mal en anglais (j'ai fait une fac d'anglais et suis prof d'anglais remplaçant cette année), je me dis que j'irais peut-être plus vite à écrire une chanson si elle était en anglais.     Mais bon, tout ça c'est de la théorie puisque je n'ai pas encore essayé... Peut-être aussi que l'anglais peut être une étape pour ensuite aller vers le français. Je cherche peut-être aussi une manière de désacraliser le texte en français et aussi je crois d'alléger le propos. J'écris toujours un texte en français où chaque mot doit faire sens, du coup, c'est peut-être parfois dense et indigeste, ça je peux le comprendre ! Impossible pour moi de mettre dans un texte des expressions du genre "vaille que vaille" ou "je me suis levé ce matin et j'me suis fait un café...".

 

 

 

 

- Vous dites que vous allez vous occuper de trouver des dates de province...  Est-ce que cela veut dire que la petite entreprise Erik Arnaud se passe de tourneur, de manageur? Vous faites tout?

  

 

ERIK ARNAUD:   J'avais plus ou moins un tourneur mais je crois qu'il a eu du mal à trouver des dates et comme je ne lui ai pas mis la pression, il y a eu une sorte de quiproquo entre nous : lui croyant que les concerts ne m'intéressaient pas trop et moi pensant que je n'étais pas leur priorité, je les laissais tranquilles... Donc du coup, je vais essayer de trouver des dates dans des petits lieux et m'adresser aux assos qui ont leur programmation dans des lieux genre petits clubs, bars... On joue à 3 dans une formule techniquement légère donc financièrement on est très souples et puis j'ai vraiment envie de jouer plus ces chansons car je prends de plus en plus de plaisir sur scène. Je n'ai pas de manager non plus, pas que je ne veuille pas mais voilà c'est une histoire de rencontre je crois et celle-ci ne s'est pas encore faite... Et surtout, personne ne s'est encore proposé !

 

 

 

- Pour en revenir aux projets, il semble donc qu'on ne sera pas obligé d'attendre 8 ans pour écouter un nouvel album d'Erik Arnaud! Vous vous êtes fixé une date butoir?

  

 

ERIK ARNAUD:   Non pas de date butoir mais moins de 8 ans, ça c'est sûr.

 

   

-  Pour finir, imaginons que Jean-Louis lise l'interview et vous appelle : "grizzly bear, chiche?*" , vous acceptez de l'aider aux manettes?                                                                                    * cf partie 1

 

 

ERIK ARNAUD:     Bien sûr que j'accepte. Toutefois il est quand même très rare que des artistes avec de la bouteille se risquent à se remettre en question de manière radicale. Avec le temps, ils se font souvent une idée précise de ce qu'ils veulent et finalement laissent peu de marge de manoeuvre aux gens de 'l'extérieur'. Ils ont souvent un savoir-faire qui a fait ses preuves, une équipe de musiciens qui fonctionne, un entourage parfois frileux et tout ça fait que ce qui est pour eux une remise en question n'est parfois qu'un simple micro-ajustement vu de l'extérieur (changer un musicien, changer de studio, changer d'ingé son). Non, ce qui est radical, c'est d'enlever complétement le chanteur de son contexte habituel, de le prendre à nu lui et ses chansons et de renouveller entièrement la garde-robe et de le déstabiliser. Malheureusement avec l'âge, ils ont plutôt envie de confort et d'être rassurés que d'être déstabilisés. Dans le genre, j'aimerais bien voir Manset dans de nouveaux habits. Avec Florent Marchet, c'est ce qu'on a essayé de faire avec Clarika. On a pas mal fantasmé sur l'idée de bosser de cette manière avec Manset, Murat ou Delerm par exemple... Qui sait ?

 

 

 


 

Interview réalisée par mails du 17/04/2010 au 26/09/2010 inclus !

Dans cette interview, aucune question ne traitait directement de la crise du marché  du disque... mais c'est bien la merde quand même.

 

copyright Pierrot-surjeanlouismurat@. 2010



____________________________________________________________________________

 

 

Un grand merci à ERIK ARNAUD.

erik arnaud-murat

____________________________________________________________________________

 

LE LIEN EN PLUS :

 

 

-  Chronique de l'armure : 

 

 dans Magic: http://www.magicrpm.com/pop.php?q=artistes/erik-arnaud/videos/vies-monotones-reprise-de-manset

Sur Pop News :  http://www.popnews.com/popnews/erik-arnaud-l-armure/

Chez Baptiste Vignol:  http://delafenetredenhaut.blogspot.com/2010/07/le-cru-et-le-cuit.html

Benzine MAG:    http://www.benzinemag.net/2010/02/25/erik-arnaud-larmure/

 

- http://www.monopsone.com/?artist&id=15

Retrouvez une petite bio sur le Label d'Erik....

 

- et.. et... après avoir commandé "l'armure" sur http://www.erikarnaud.com/

vous pourrez y télécharger GRATUITEMENT :  le EP 4 titres   "c'est pas l'enfer"  :  http://www.erikarnaud.com/discographie.php

 

 

 - VIDEOS :

 

Une autre version live de "Cheval" :

 

 
 
Abiguael :
 

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 24 Septembre 2010

 

 

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 7 :  

 

ERIK ARNAUD  

 

                    

                 J'avais déjà tenu à vous parler d'Erik Arnaud dans une petite chronique de "l'Armure",  son 3e album "remarquablement vaste et généreux,  procurant un sentiment d’achèvement et de complexité" selon Magic!, et je suis content de le remettre à l'honneur aujourd'hui.

                Je l'ai contacté voilà quelques mois car j'ai vu qu'il était "friend " de  Jean-Louis Murat sur FB ou myspace...  Quelques autres indices dans la sphère muraphile, hors la qualité de sa production,  m'indiquaient que j'avais le client idéal pour une nouvelle inter-ViOUS et Murat  : son compagnonnage avec Florent Marchet,  son goût avoué pour Gérard Manset et aussi le partage d'une scène avec Murat un certain 7/7/7... à Cluses. 

                 Nous avons pris un temps certain par nombreux échanges de mails pour la réaliser, confirmant ainsi le fait qu'Erik Arnaud aime prendre son temps mais surtout qu'il est d'une grande gentillesse... s'excusant mille fois de son manque de temps quand il tardait pour répondre, ou acceptant de réaliser une photo originale...  bien loin de l'image un peu arrogante et cynique de ses deux premiers albums.  D'ailleurs,  cette "inter-ViOUS et MURAT" est interactive : n'hésitez pas à réagir et à poser des questions complémentaires, il y répondra!                           

                 

erik-arnaud-murat.JPG

                                                                                     Erik Arnaud-surjeanlouismurat-blog de Pierrot

 

 

 

 

Erik Arnaud bonjour,
 

 

J'ai dans les mains l'édition limitée de "L'armure" (encore disponible sur votre site). C'est un bel objet (long digipack), avec une photo quelque peu surprenante... qui donne déjà un point commun avec Murat, celui de poser nu! On distingue aussi des pochettes de disque que je n'ai pas reconnues...

 

 ERIK ARNAUD : Merci d’avoir acheté le disque. Je suis content qu’il te plaise (l’objet et les chansons).   Quant aux 33T qui figurent sur la pochette, en fait il y en a 3 : contre la cheminée (Neil Young, Everybody Knows This Is Nowhere), dans le placard au fond en haut à gauche (Elvis Costello, This Year's Model) et sur le lit (Iggy & The Stooges, Raw Power). Outre le fait que ce sont 3 artistes que j'aime, les pochettes de ces albums reflètent une esthétique (grain et couleur) que je voulais pour la pochette de L'Armure : celle des couleurs chaudes, granuleuses, vaporeuses des années 70s. Il y aurait aussi plein d'autres raisons...

Pour le choix de cette photo, c'est un ami photographe qui avait repéré ce lieu : ancienne école privée catho (avec pensionnat et chapelle) abandonnée depuis 30 ans. Il y avait fait de nombreuses photos dont cette chambre qui était celle du directeur du pensionnat, chambre restée telle quelle, portant seulement les traces du passage de quelques squatteurs. Hormis les 3 albums pré-cités, rien n'a été rajouté ou réarrangé : le lit simplement déplacé de 20 cm, le slip qui était au sol a été posé sur le matelas...

 

 

 

- Ah, oui... On voit bien  l'Elvis costello sur la photo  mais moins sur l'impression du digipack...  Mais forcement, puisque vous parlez de Neil Young, il faut  qu'on s'y arrête !  Quand les critiques parlent de Murat, avant, ils faisaient souvent référence à Manset.. maintenant, c'est le plus souvent à Neil Young.  Murat, quant à lui, a parfois tenté de s'en démarquer... disant par exemple que c'était un bon mais en Division 2!!... Le canadien fait partie de vos références? Que pensez-vous de la comparaison avec  Murat? 

 

 ERIK ARNAUD :  Oui j'ai découvert Neil Young quand j'avais 15 ans avec la compilation Decade donc ça laisse des traces... Je ne jetterais rien du Neil Young des années 60 et 70.   Il n'y a pas beaucoup d'artistes ou de groupes dont au moins une dizaine d'albums peuvent vous marquer autant. Quant à la référence à Murat, j'avoue n'avoir jamais compris. Peut-être lorsqu'il s'est mis à porter des chemises à carreaux ? Le tournant je crois, c'est en 99 et l'album Mustango, lorsque Murat a commencé à regarder vers les Etats-Unis (il portait des T-shirts Swell en concert, a bossé avec les mecs de Calexico, il est venu chez Labels...).    Tout le monde s'est dit que Murat devenait plus indé et comme il habite dans le middle-west français, c'était donc plus cool de le comparer à Neil Young qu'à Paul Buchanan de The Blue Nile. La seule fois où je l'ai rencontré, on n'a pas parlé de ça mais je crois qu'il avait tout simplement envie d'un peu plus d'électricité et de guitares dans sa musique.

 

 

 

- Sur Neil Young (que j'avoue méconnaitre), vous m'étonnez quand même en ne discernant aucun rapprochement possible notamment dans le tournant blues/folk électrique des dernières années de Murat?  

 

 

ERIK ARNAUD On a voulu faire de Murat le « loner » français tout ça parce qu’il s'est mis à la guitare et aux chemises à carreaux et qu'il habite dans un coin perdu. Sur la forme, ça peut se comprendre, mais sur le fond, c'est-à-dire la personnalité de Murat, sa musique et ses textes, la référence à Neil Young me semble un peu tirée par les cheveux. Rien ni personne ne ressemble à Murat ou Neil Young, ils sont vraiment uniques. J'imagine que la référence à Neil Young c'est aussi une forme de consécration. Comparer Murat à Neil Young, pour le public et les médias, ça peut vouloir dire : voilà un artiste qui est toujours là 25 ans après ses débuts, qui a une discographie plutôt importante, qui est un chanteur respecté et qui ne fait aucune concession. Ils ne sont pas beaucoup en France dans ce cas, non ?

 

 

- Vous parliez d'une  rencontre avec Murat, était-ce à Cluses où vous accompagniez Florent Marchet en première partie de Murat? Quels souvenirs en gardez-vous?  Vous connaissait-il (lui qui ne dit ne pas trop écouter de nouveautés)?

 

 

ERIK ARNAUD :   Oui c'était à Cluses. C'était la 1ère fois que je lui parlais. Je savais qu'il me connaissait car en 2002, après la sortie de mon 2ème album, il m'avait fait savoir qu'il me proposait une de ses 1ères parties à La Cigale mais finalement ça n'a pas abouti (il a choisi le groupe Venus je crois). Nous avons été collègues chez 'Labels' mais on ne s'était jamais croisé. J'ai rencontré quelqu'un de très sympathique et chaleureux qui m'a tout de suite demandé quand j'allais sortir mon 3ème album (on était en 2007). Bien entendu, cela m'a fait plaisir venant de Murat mais c'était surtout un encouragement de plus pour que je termine ce disque. Je garde le souvenir de quelqu'un d'accessible, bavard, franc et généreux, exactement l'image que je me faisais de lui. Très bon moment passé avec lui.

 

 

 

-  et ce n'est pourtant pas l'image qu'il donne toujours, hélas!  Notamment, en étant assez  avare en compliments sur  ses collègues français... mais comme quoi, entre deux disques américains, il les écoute...   Ce positionnement un peu provocateur envers la chanson française  est un de vos points communs avec Jean-Louis Murat, même si vous, vous êtes allé jusqu'à le chanter :  “Malgré tout, j’emmerde la chanson française/Après tout, que sont les deux tiers de l'iceberg, sinon merde, clichés, musique pour chien/Sinon, merde, clichés, du bruit pour rien” disiez-vous dans votre premier album.    

             Autre point commun: la référence à Manset... revendiquée de votre côté (dans votre premier  album, vous le citiez;  par la suite,  vous avez créé une structure du nom de Matrice, et vous reprenez "vies monotones" sur l'armure). Du côté de Murat, c'est plus compliqué... Qu'est-ce que vous pensez de la comparaison entre ces deux artistes? Comme pour Cohen et Neil Young,  c'est une cliché de journalistes? 

 

 

ERIK ARNAUD :Tout comme la comparaison avec Neil Young, celle avec Manset confirme le statut un peu à part de Murat dans la chanson française. A mon sens, ce n'est pas tant les points communs qu'il faut chercher entre ces artistes mais plutôt ce qui les différencie des autres. Leur seul point commun c'est justement d'être différents ! Du coup, hormis un univers très personnel, je cherche encore la connection Murat/Manset... Musicalement peut-être (Murat pré-99) : une instrumentation/production propre sur elle (gros studios...) avant tout au service de la voix et des textes. Pour les deux, le studio n'est pas un lieu d'expérimentation, de recherches sonores. Il faut y travailler vite et bien. Chez l'un comme chez l'autre, j'aimerais bien entendre un jour un disque avec un peu plus de prise de risques à ce niveau-là (un Murat produit comme le dernier Grizzly Bear par ex.).  Sinon pour les textes, hormis une certaine poésie commune, et c'est là une impression très personnelle, je ne vois pas trop de ressemblance entre un Murat séducteur, romantique et exalté, et un Manset plus clinique et exotique. Quand même : en utilisant des mots et des expressions pas facilement « chantables », ils ont tous les deux un rapport au français chanté totalement décomplexé qui fait qu'ils débordent largement du cadre de la chanson française classique (chansonnier ?).  J'aime bien le Murat sur scène qui chante le français comme un vrai rocker, c'est-à-dire sans la grandiloquence et le maniérisme (la gestuelle surlignant la parole) que l'on rencontre parfois chez le chanteur français à texte.

 

 

 

- Et bien, je dois dire que je suis mal pour rebondir... car c’est plutôt bien vu!!… sur la rapidité du travail de studio, sur la volonté d’être « différent »,  mais sur le chant, on peut noter que Jean-Louis Murat n’a pas craint aussi d’aller le maniérisme (Dominique A  : «  en 1989, l'album de Jean-Louis Murat Cheyenne Autumn a été un tournant. A nouveau, on avait le droit de chanter comme Jean Sablon, comme si on venait d'inventer le micro et qu'on pouvait roucouler sur fond de synthétiseur lamentable » ), manièrisme  qu’on peut retrouver dans la tournée actuelle avec « oiseau de paradis »… C’est un signe de sa liberté… liberté que Manset prend de plus en plus:  dans le titre « quand on perd une ami », dans l’album « manitoba »… c’est assez frappant je trouve. Dans « l’armure », j’ai l’impression que vous avez osé beaucoup plus ces variations ? 

 

 

ERIK ARNAUD :   Je ne sais pas trop ce qu'est le maniérisme mais personnellement quand je le ressens chez un chanteur c'est comme une impression de « trop » : trop de démonstration, trop de pathos, trop de réserve... Comme un « trop » ou paradoxalement, un « pas assez », de quelque chose. La liberté pour le chanteur c'est de trouver sa place et d'évoluer entre ces deux limites que sont le « pas assez » et le « trop » : en-deçà et au-delà se trouve le maniérisme. C'est quand il est dans ce cadre plus ou moins large, toujours fluctuant et très personnel qu'en tant qu'auditeur on y croit. Mais rien n'empêche le chanteur de sortir du cadre et tant mieux s'il repousse ses limites tant qu'on y croit. En tant que chanteur, on a le droit et la liberté d'évoluer mais rien ne dit que le public vous suivra... Pour l'anecdote, plusieurs personnes m'ont dit ou ont écrit entendre des inflexions à la Obispo sur mon dernier disque... C'est plutôt flatteur, non ?... Comme quoi... Blague à part et pour revenir à Murat, je trouve qu'il n'y a pas trop de maniérisme chez lui. Hormis quelques petits gémissements d'animaux ici ou là mais ça c'est le Murat sexuel et sensuel, donc ça va. Pour Manset, c'est différent : sur ces derniers disques, il chante de plus en plus aigu sur certains morceaux, c'est à la limite parfois. Je suis pas sûr d'aimer la voix du Manset vieillissant. Sinon je ne sais pas si il y a du maniérisme chez lui. En tout cas, il sera toujours masqué par un mauvais goût quasi systématique dans le son des guitares électriques. Ce mauvais goût (relatif), sorte de guitare au son FM, est d'ailleurs devenu une marque de fabrique (depuis Matrice et sur tous les albums des années 90) qui sert ses chansons au final.

 

 

- Obispo....je n'avais pas  trouvé (malgré le bonnet), mais oui, pour le fait d' oser aller un peu dans l'aigu... Quant au mauvais goût de Manset,  c'est effectivement ce que l'on lit assez souvent... Il correspond sans doute à son désintérêt de courir derrière toute modernité (excepté le digital sur Le langage oublié) et aussi à des goûts musicaux... et là, y 'a un petit point commun avec Murat... c'est-à-dire un goût pour le rock sudiste (Bob Seger pour Manset) difficilement compréhensible pour... disons....  un "critique musical pop moderne" (sans viser personne en particulier!)... qui, dans le dernier album de Murat, pouvait regretter des influences à la Dire Straits, ZZ top...   Qu'avez-vous pensé du "cours ordinaire des choses"?

 

 

ERIK ARNAUD : J'ai eu ma période Dire Straits et ZZ Top (et j'avoue sans honte réécouter certains morceaux : Murat aurait très bien pu chanter 'Blue Jean Blues' de ZZ Top d'ailleurs...). Le dernier album de Murat est quand même encore loin de ce genre de référence même si il y a pas mal de guitares blues-rock sur ce disque. Je ne sais pas trop quoi penser de ce disque. La première virée américaine de Murat pour l'album Mustango me touche beaucoup plus. Je crois même qu'après ce disque, j'ai légèrement « décroché »  de Murat. De Cheyenne Autumn à Mustango, tout me plaît, les réussites comme les échecs. Après, j'ai un peu l'impression qu'il est devenu boulimique et très soucieux de la discographie qu'il va laisser avec malheureusement la quantité comme une de ses premières priorités.

 

 

 

- Et la "LILITH" alors? Ce qui m'étonne un peu, c'est que vous êtes plutôt un guitariste, que l'on a vu vos goûts musicaux... mais que vous préférez la période synthétique de Murat?

 

 

ERIK ARNAUD : J'avoue être passé un peu à côté de celui-là. Le single qui était je crois « Le Cri du Papillon » ne m'a pas vraiment donné envie de rentrer dans l'album. Je ne l'ai écouté qu'un peu plus tard. Je préfère le 2ème CD et notamment « Emotion » et « Se Mettre Aux Anges ». Hormis Mustango, je préfère en effet le Murat synthétique. Il faudrait qu'il mélange les deux sur un prochain album. Il fait tellement de disques qu'il pourrait au moins essayer...

 

 

  

- oui, je suis d’accord avec vous… Il faudrait peut-être pour cela de nouvelles rencontres… D’ailleurs, il y a peut-être une équivoque à propos de Murat :  Manset parlait de repli problématique (ce qui est quand même comique !) …  alors que Murat, même s’il se « produit », a quand même le souhait de se renouveler et aussi de livrer sa musique à d’autres (cf l’enregistrement à Nashville… et des projets avortés d’enregistrer en Afrique ou en Irlande).

Mais qu'est-ce que vous entendez par "les réussites comme les échecs"?  Vénus?

 

 

ERIK ARNAUD : Je pensais plutôt à Dolorès qui sans être un échec artistique (loin de là) et commercial (ça je ne sais pas trop) représente une sorte de cassure chez Murat. Disons qu'avant de vivre un échec artistique et commercial, il a préféré le devancer en frappant à la porte du label d'à côté (en passant de  Virgin à Labels) et en se rapprochant d'une culture plus rock et indé (sa volonté d'enregistrer avec Calexico). J'ai un peu l'impression que Dolorés était son dernier grand disque commercial - ou plutôt à visée commerciale avec gros budget, gros studio, etc... - et qu'après il a muté (fini les gros studios, les longues séances d'enregistrement, les claviers, le romantisme à tout va...). Et même si j'ai une préférence pour sa première période, je trouve sa mutation très réussie.

 

 

                                                                                                      

 

- Pour en revenir à la comparaison avec les deux M.,  difficile de trouver un article sur "l'armure" qui ne commence pas par "Erik Arnaud a pris son temps"... alors qu'on a évoqué la rapidité de Murat et Manset en studio. Vous avez depuis quelques temps l'expérience d'ingénieur du son, est-ce que pour vous l'expérimentation en studio ou du moins, qu'on se laisse du temps pour "creuser des pistes",  est importante ?

 

ERIK ARNAUD Pour mes propres chansons, prendre son temps est primordial car comme je suis tout seul à la barre, je passe sans arrêt du rôle de compositeur à celui de metteur en sons. Et comme il m'est impossible de faire correctement les deux en même temps, j'ai besoin de recul sur chacun des ces deux aspects avant de passer à l'autre. Prenons un exemple : quand je suis en studio avec Florent Marchet, je ne me concentre que sur la mise en sons des instruments les uns par rapport aux autres dans le contexte d'une chanson déjà écrite par Florent. Sauf s'il me le demande, je ne me mêle pas de la compo ou des arrangements, je me concentre uniquement sur la matière sonore et sur les choix que je pourrais faire pour aller dans le sens de la chanson et lui donner encore plus de personnalité. De cette manière, je peux travailler très vite et en ce sens on en revient aux propos de Murat et de Manset sur le travail rapide en studio. Cela n'est possible que quand on travaille en équipe : chacun amène sa pierre à l'édifice et au final c'est le chanteur qui tranche. On ne gamberge pas car avec l'émulation et l'énergie, on est amené à prendre des décisions rapides.

Quand on est seul, cela n'est pas facile de prendre toutes ces décisions en même temps et rapidement (est-ce le bon accord, la bonne guitare, le bon micro, le bon réglage de son... ?). La solution c'est de s'organiser un peu, en tout cas c'est ce que je vais essayer de faire... Comme par exemple régler les questions fondamentales d'écriture avant tout enregistrement (avoir au moins 90% de la structure et des paroles). Une fois qu'on a ça, on est plus libre de penser à la mise en son en faisant des choix très marqués et identifiés. Creuser des pistes, me concernant, c'est beaucoup s'en remettre au hasard car je n'ai ni formation musicale ni formation technique donc cela prend du temps. Mais c'est tellement agréable de trouver un truc qui marche, une direction sans pouvoir l'expliquer techniquement. Il y a une part de mystère qu'il faut absolument préserver.

 

La suite de l'interview :  http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-erik-arnaud-2e-partie-57674350.html

_________________________________________________________________________________________

 

LE LIEN EN PLUS:

 

 - les sites officiels:

http://erikarnaud.com/

http://www.monopsone.com/?artist&id=15

www.myspace.com/erikarnaud

 

-  Vidéos :

 

Erik parle de MANSET et chante "vies monotones"  "pleine de gravité et d'espoir"

 

 

Reportage de France 3, avec du bout de live:

 

 
 Reportage sur TV TOURS :
 
CHEVAL en live (avec le groupe):
 
_______________________________________________________________________________________
- et pour finir (temporairement) : une interview centrée sur "l'armure" par M. CREVITS:
ECOUTEZ ET ACHETEZ L'ARMURE!

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 6 Juin 2010

 

 

Bon, comme promis, voici l'article signé Olivier NUC, dans ce spécial EPOK carte blanche à MURAT.  Une belle petite visite de Douharesse...   

 

 

-1--Couv.jpg

 

 

-3--Article.jpg

 

-4--Article.jpg

 

 

 -5--Article-copie-2.jpg

 

 

 

 -6--Carte-blanche.jpg

 

 

-7--Article.jpg

 

 

L'intégralité à télécharger : http://www.megaupload.com/?d=TN0LBTG8

 

 

PS: J'viens de recevoir mon decodeur TV par internet... et j'ai accès à toutes les chaines pour un petit moment... alors, moi qui avait presque abandonné la télé ces derniers temps,  je serai peut-être moins présent sur le blog (comme vous d'ailleurs... puisque c'est un peu déserté)! .. Mais je viens de voir qu'il n'y avait même pas une chaine québecoise!!!  J'suis hachement déçu! 

 

LE LIEN EN PLUS:

 

En première partie de JLM à Plouezal : David Delabrosse

http://www.daviddelabrosse.com/

Petit site bien joli... pour un chanteur très acoustique... 

http://events.myspace.com/Event/4503123/David-Delabrosse-en-1%C3%A8re-partie-de-Jean-Louis-Murat

 

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 21 Mai 2010

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 5 :  

 

FRANCOISE HARDY 

 

                     Alors ce qui est bien, c'est qu'on pourrait se passer de présentation pour une fois... mais une personnalité de ce genre mérite "introduction", tapis rouge et canapés... Elle nous accompagne depuis les sixties (une période étrange sans doute située d'après mon enquête entre les années 1950 et 1970) et mène carrière en toute humilité.... malgré un statut d'icône mérité :  Damon Albarn avec Blur, Malcom Mac Laren (qui vient de mourir) ont fait appel à elle pour des participations, et elle a écrit ou interprété des nombreuses chansons qui resteront... et qui, signe de leur qualité, font l'objet de nombreuses reprises: mon amie la rose, comment te dire adieu, fais moi une place, message personnel, au fond d'un rêve doré (nana surf), l'amitié....  Bien sûr, c'est à l'occasion de la sortie de "la pluie sans parapluie" où  figure un titre écrit et produit par Jean-Louis Murat (memory divine) qu'elle a bien voulu répondre à mes questions... mais point question de promotion: elle aime réellement Jean-Louis Murat... et lui rend un bel hommage ici.  

 

 

 francoise-hardy-4640.jpg

 

 

Baptiste Vignol a eu la gentillesse de vous parler de mon modeste blog et je suis très honoré que vous acceptiez de répondre à quelques questions (je suis dans mes petits souliers...).  Le principe de "l'interViOUS et MURAT" est de faire parler une personne de son lien avec le sieur Murat et pour un artiste d'évoquer des points communs artistiques ou des divergences. 

 Voilà depuis janvier que je suis de près l'histoire de cette collaboration puisque l'info de l'enregistrement d'une chanson de Jean-Louis est sorti  sur un forum qui vous est consacré un ou deux jours après l'enregistrement (janvier)... On en a, petit-à-petit, appris un peu plus... mais il reste quelques points à éclaircir...

  

 - et pour commencer, je suis obligé de vous poser une question (les  Muratiens, acharnés des inédits, m'en voudraient  trop si je ne vous la posais pas). Jean-Louis vous a envoyé 4 chansons et vous n'avez retenu que "Memory divine".  Vous rappelez-vous des titres des  autres chansons?

 

 F. HARDY :  Les autres chansons s'intitulaient :  Tous les chanteurs sont malheureux, L'envie de vivre, La nature du moi. Mais aucune ne m'emballait autant que Memory divine or, à quelques exceptions près, je ne me lance dans l'enregistrement d'une chanson que si j'ai un coup de foudre pour elle.

 

 

- Vous avez reçu des maquettes assez abouties. Est-ce à dire qu'elles n'étaient pas  des simples démos "guitare-voix"? 

 

F. HARDY :  Il y avait juste une rythmique, mais les guitares et l'ambiance musicale étaient si parfaites pour mon goût, que je ne  voulais rien d'autre. 

 

 

- Comment s'est passé le choix de confier la production à Jean-Louis Murat  (Il est venu plusieurs fois à Paris et a enregistré la base rythmique à Clermont )? Vous avez dit que ça avait  été"facile" et "hyper rapide": cela ne nous étonne pas de Murat... et  sa "façon" de ne pas trop se poser  de question en studio mais comment cela  a-t-il  été compatible avec votre perfectionnisme et votre anxiété naturelle?

 

F. HARDY : Mon album était presque terminé, nous avions des deadlines qu'il était impossible de repousser encore. Il fallait donc faire vite. Mais même si j'avais eu tout le temps devant moi, j'aurais tenu à ce que ce soit Jean-Louis qui  refasse dans ma tonalité ce qu'il avait fait sur sa demo. Il m'a mailé la nouvelle rythmique qu'il a faite chez lui et comme l'intro n'était pas exactement la même que dans la 1ère version,  j'ai chipoté à  ce sujet pour finir par lâcher prise.  

 

 

- Il était en studio avec vous. Avez-vous eu des discussions sur l’interprétation à proprement parler du titre ?

 

F. HARDY: Non. Je faisais juste à la fin une petite faute de mise en place que Jean-Louis m'a signalée. Par ailleurs, j'étais surprise qu'il ne reste pas pour le choix des prises de voix - il pensait sûrement que c'était plus de mon ressort que du sien -  et qu'il n'assiste pas au mix du début à la fin – mais sans doute faisait-il confiance à son ingénieur du son auquel il avait dû donner ses instructions. Pendant le mix, nous papotions dans une sorte de petit salon  : c'était une situation totalement inédite pour moi. Je connais des chanteurs que le choix des prises de voix et les mix assomment, Jacques Dutronc par exemple, alors que pour moi, il est inconcevable de ne pas y participer ne serait-ce que par ma seule présence.

 

   francoise_hardy_4314.jpg

  

 

 

- Jean-Louis avait donné un texte à Thierry Stremler (un de vos compositeurs) il y a quelques années. Ce dernier a-t-il joué un rôle dans cette collaboration ?

 

F. HARDY:  Vous me l'apprenez. Si Thierry avait joué un rôle dans cette collaboration inattendue, il me l'aurait sans aucun doute fait savoir.

 

 

- Est-ce que vous avez été surprise de recevoir un titre en anglais de la part de Jean-Louis Murat? On le sait défenseur de la chanson française, tout en ayant en stock semble-t-il un grand nombre de chansons en anglais...  Y a-t-il eu une vraie discussion pour qu'il fasse un texte en français? Ensuite,  il a été aussi question de modifier "lick" en "live"?

 

 F. HARDY:  Bizarrement, j'étais tellement enthousiasmée par la chanson que je ne me suis pas posé de questions sur le fait qu'elle soit en anglais. Virgin aurait aimé un texte en français. J'ai transmis la demande à Jean-Louis qui tenait à ce que son texte reste en anglais. De toute façon, nous étions trop pressés par le temps pour envisager une autre texte. Il est vrai qu'il y a eu un tout petit problème sur le mot "lick". Jean-Louis avait d'abord écrit : I want to lip a late passion" après c'est devenu "I want to lick". Comme mon gros dictionnaire anglais me donnait des signifiications improbables des deux mots ou pas de signification du tout, j'ai pensé les remplacer par "live". Mais lors des premières prises de voix, dès que Jean-Louis m'a entendu chanter "I want to live", il est arrivé en trombe pour me dire que c'était "lick" et pas "live", et que son texte avait été vérifié par un agrégé d'anglais. Ce qui est amusant, c'est que j'ai mailé la chanson à Ben Christophers, un artiste britannique avec lequel je travaille de temps en temps et dont j'étais impatiente d'avoir l'avis. Il m'a répondu ceci : "Yes the song is great, I like your double vocal in the chorus, I'm not sure what the lyrics mean either but it's cool…"

 

 

- Oui, avec Murat, on n’est jamais sûr de ça !!  Vous avez craqué sur cette chanson ( "j'étais folle de la maquette" et " De nature obsessionnelle, je n’écoutais alors plus que cette chanson" avez-vous dit). Est-ce que vous écoutez encore la maquette ou votre version?

 

 F. HARDY: Les deux mon capitaine.

 

 

- … petit moussaillon plutôt !…. Vous avez eu ce commentaire :  "j’ai régulièrement fantasmé d’enregistrer un album avec Jean-Louis Murat, dont les réalisations me paraissent toujours d’une perfection absolue et dont je suis attentivement la carrière depuis Mustango ".  Ce n'est pas un mince compliment et même peu de ses fans le diraient! Est-ce que vous avez d'autres albums fétiches de Jean-Louis? et pourriez-vous nous citer les 3 titres que vous aimez le plus?

 

 F. HARDY:  J'ai surtout eu ce fantasme, lors de difficultés surgies pendant l'enregistrement de mon dernier album, parce que j'avais écouté certains morceaux du dernier album de Jean-Louis et avais été saisie, en effet, par la perfection de la production. 

S'il fallait choisir trois titres de Jean-Louis Murat, je prendrais : L'amour et les Etats-Unis, Monsieur craindrait les demoiselles, M le maudit. Mais ça me contrarie de ne pas citer Caillou ni aucun titre de Mustango que j'ai écouté en boucle pendant un an à peu près.

 

 

- Au grand journal ( ou était-ce pas dans  On n'est pas couché de Ruquier ?), vous avez dit qu'il vous était difficile d'envisager de donner à quelqu'un la charge entière d'un de vos albums. Même à Murat, malgré cette "perfection absolue"?

 

F. HARDY: La production et la réalisation sont deux choses différentes. Il est impossible dans l'absolu qu'un artiste, si talentueux qu'il soit, fût-il Gainsbourg, ponde douze très bonnes chansons  pour un même album.

 

 

 00982822-photo-pochette-route-manset.jpg

 

- Par ailleurs, vous étiez avec Murat sur le tribute "Route Manset"...   On  cite régulièrement cette référence concernant Murat... Qu'est-ce que vous en pensez? J'aime bien l'impression "ligne claire" pour votre musique... et je trouve qu'elle correspond bien à une bonne partie de la discographie de Manset (le pop "atelier du crabe" par exemple).  Par ailleurs, ils ont tout deux écrit leur "vénus" (Manset pour Bashung). En tant que vénusienne, lequel des deux  titres préférez-vous?

 

F. HARDY:  Pour ne pas faire de jaloux, je choisirai la Vénus de Bananarama!

 

 

- Ma question sur Manset ne vous inspire pas… Dommage… j’y travaille en ce moment et j’aurais bien voulu l’avis d’une grande spécialiste de la chanson…

Concernant une comparaison entre vous et ces deux artistes, ce qui me vient à l’esprit, c’est quand même la hauteur de leur « prétention », artistique… (même s’ils s’aiment aussi en artisan) alors que vous semblez d’une humilité à toute épreuve ? Est-ce que vous vous rangez à l’avis de Gainsbourg sur la chanson art mineur ?

 

F. HARDY:  La plupart des gens ignorent la signification d'"art majeur" et d'"art mineur". Serge qui était pervers sur les bords a joué là-dessus. Il savait qu'il serait mal compris et que cette incompréhension susciterait des discussions totalement à côté de la plaque qui satisfairaient son goût de la provocation. UN ART MAJEUR EST UN ART QUI REQUIERT UNE INITIATION (la peinture, l'architecture, la grande musique) ALORS QU'UN ART MINEUR N'EN REQUIERT AUCUNE. Mais cela n'a rien à voir avec la qualité des productions. Il y a au moins autant de très mauvaises choses en musique classique qu'en pop music et une mélodie très inspirée de pop music n'a rien à envier à un thème mélodique inspiré de musique classique. AUTREMENT DIT, EN MATIERE D'ART, LES TERMES "MAJEUR" ET "MINEUR" QUALIFIENT LA NATURE DE CET ART, EN AUCUN CAS SA VALEUR.

 

En fait, je n'ai pas bien compris votre question. Est-ce que"Route Manset" est la compilation qui a été faite avec des interprétations des chansons de Manset par des artistes différents, dont moi ? Je ne m'en souviens plus bien, car, malheureusement,  je n'ai pas le CD.

 

J'ai eu une très mauvaise expérience avec Gérard Manset dont j'apprécie beaucoup certaines chansons ("Je tuerai la pianiste" sur le dernier Bashung fait partie de ses nombreux petits ou grands chef d'œuvre) : chaque fois qu'il m'a proposé quelque chose, j'ai trouvé ça très mauvais et très éloigné de ma personnalité profonde.

 

Il me semble que Jean-Louis est plus prolifique que Manset. La prolificité implique une certaine facilité à composer, à écrire, mais le revers en est souvent un manque relatif de discernement sur la valeur de ce que l'on fait. Et puis, si l'on produit trop, on fatigue le client et on ne se renouvelle pas toujours assez ! On ne peut pas écrire et composer des chansons vraiment fortes si on en en compose et en écrit non stop. C'était un gros défaut de Benjamin Biolay dont les albums s'enchaînaient sans transition et comportaient de moins en moins de mélodies fortes. Un arbre ne peut pas donner des fruits toute l'année. Ni Serge ni Bashung n'étaient prolifiques - et Souchon et Voulzy ne l'ont jamais été non plus.

 

 

- Vous connaissiez à peine Jean-Louis Murat (je n'ai pas trouvé trace de rencontre, ou peut-être sur un plateau d'Ardisson) ... Est-ce qu'il est devenu votre ami?

 

F. HARDY: Je l'avais invité dans mon Vivement dimanche de l'an 2000 (je crois) [cf ci dessous l'extrait]  et j'étais ensuite allée le voir à l'Olympia. Ca s'est arrêté là. Il faut des circonstances diverses et variées pour qu'une amitié se construise. Il faut surtout avoir vécu des choses ensemble. Mes plus grands amis sont des personnes avec qui j'ai travaillé et que les circonstances m'ont amenée à revoir. Un ami, c'est aussi quelqu'un qui peut vous parler de choses intimes et vice versa. Je ne veux que du bien à Jean-louis Murat. En ce sens, je suis donc son alliée. Mais ça ne suffit pas pour parler d'amitié.

 

 

- Jean-Louis Murat (en évoquant sa choriste du dernier album Cherie ) disait  "j'adore les voix de filles qui ne craignent pas les garçons". Pensez-vous avoir à ses yeux cette qualité là  (tout en ayant "cette absence de sérénité touchante" dont il vous a parlé)?

 

F. HARDY: Je ne pense pas. j'ai toujours eu peur de tout, en particulier des insectes, des virus et des garçons (sortes de virus macroscopiques). C'est sans doute la raison pour laquelle ma voix est si limitée ! De toute façon, je ne suis plus une fille mais une femme passablement blette. Et certains hommes mûrs, voire blettes, me font encore plus peur aujourdhui que les garçons hier.

 

 

- Jean-Louis Murat aime le « vous » ,  il me semble que vous y êtes fidèle aussi dans vos textes…  Est-ce que vous auriez d’autres points de comparaison entre vos deux styles ? 

 

F. HARDY: Beaucoup d'auteurs aiment le vouvoiement, ne serait-ce que parce que la sonorité de "vous" est si belle. Serge Gainsbourg  l'a pas mal utilisé (- "J'avoue, j'en ai bavé pour vous, mon amour, avant d'avoir eu vent de vous..."  Quelle beauté ! ) Guy Béart aussi : "Ce qu'il y a de bon en vous, c'est vous" dans sa chanson "Vous"… etc… L'une de mes chansons préférées "Cet enfant que je t'avais fait" de Brigitte Fontaine et Jacques Higelin fait plus fort encore avec le protagoniste masculin qui utilise le tutoiement et la protagoniste féminine qui utilise le vouvoiement (Offrez-moi une cigarette, J'aime la forme de vos mains,Que disiez-vous ? Caressez- moi encore la tête, J'ai tout mon temps jusqu'à demain, Que disiez-vous ?)

 

  FH

 

Est-ce que dans votre œuvre, vous avez une chanson qui vous fait penser à Murat, ou dont Jean-Louis Murat aurait participé à l’inspiration ?  

 

F. HARDY: Le mot "œuvre" est un grand mot qui va pour Murat, Manset, Gainsbourg, Trenet,  Brassens… Pas pour moi ! 

Non, je ne crois pas. Mon vocabulaire est mille fois plus limité que celui de Jean-Louis et mon inspiration moins riche, plus simple aussi : toute ma vie, j'aurai juste tenté de mettre en mots sur des mélodies venant du cœur les émotions et les sentiments que je ne pouvais exprimer de vive voix à la personne qui me les inspirait plus ou moins malgré elle. Ca n'allait pas plus loin - ça ne va pas plus loin - alors que l'inspiration de Jean-Louis me semble aller beaucoup plus loin. Même si nous avons le Capricorne en commun, le Verseau  et d'autres facteurs que je ne connais pas, parmi lesquels le talent qui relève plus de l'inné que de l'acquis, lui auront valu un champ de conscience à coup sûr moins étroit que le mien !

 

  ____________________________________________________________________________________________

 

  Interview réalisée par mails du 18/05/2010 au 20/05/2010.

  Dans cette interview,  aucune question ne traite de la crise du marché du disque.

 

Tous mes remerciements à Françoise Hardy, et à Baptiste Vignol.  

 

 

______________________________________________________________________________________________

 

 

 

LE LIEN EN PLUS:

 

 

  

- Au temps de Mustango, la première rencontre débordante  de compliments mutuels sur le canapé rouge ! Ci-dessous:

  

 

merci à Five'R 

 

 

- le nouvel album de Françoise Hardy est en écoute sur deezer.... et achetable à peu près partout ! 

 http://www.deezer.com/fr/music/francoise-hardy#music/francoise-hardy

 

 

-  La page bio assez complète de Wiki:

  http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_Hardy

 

- Un blog : http://totally-hardy.over-blog.com/

 

- Retrouvez l'interview de Françoise Hardy par Baptiste Vignol:

http://delafenetredenhaut.blogspot.com/2010/05/toute-en-sobriete.html

 

 

 

  Pierrot 2010

 

 

 

 


Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 15 Avril 2010

 

Et bien, ce soir,  fêtons dignement  l'arrivée de surjeanlouismurat@over-blog.com  à la 57e place du "top des over-blogs" (catégorie "musique")!   J'en profite pour vous remercier de vos messages d'encouragement, et de vos commentaires,  et je suis très fier de vous faire partager cette nouvelle interview exclusive !!  

 

 

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 4 :

 

 

STEPHANE PRIN    (première partie)

  prin-copie-1.jpg

                Si Christophe Pie semble imbattable pour le nombre de participations aux albums de Jean-Louis Murat, pas très loin derrière, on trouve un homme derrière la vitre, un homme de consoles.  Stéphane Prin ! 

Il était aux manettes pour Lilith, a bird on a poire, Moscou, le Moujik, 1829 et le parfum d’acacias. Il apparait également sur   Dolores, Madame Deshoulières comme assistant.

                  Son travail avec Murat est souvent mis en avant, mais il a aussi travaillé avec : Florent MARCHET (Gargilesse), Camille, Debout sur le Zinc, Noir désir, Buzy (qui a sorti un album avec un titre de Manset),  la grande Sophie, Tiersen et Fersen,Florian Mona, Oldelaf et Monsieur D, Overhead, DUM DUM, Benjamin PAULIN, Martin RAPPENEAU, Dick annegard,  Compay Secundo et un certain  Fred JIMENEZ ... Enfin, il est aussi crédité dans le meilleur album des années 90 (Victoire de la musique) : Fantaisie Militaire de Bashung.

                   Une interViOUS et MURAT  qui  nous permettra d’en apprendre plus je l’espère sur le travail en studio avec Jean-Louis Murat et "l'accouchement" des albums.

 Stéphane Prin, bonjour! 
  

 
- J'aimerais commencer par une question pour  que l'on comprenne mieux le travail en studio. Je ne suis pas sûr de le comprendre tout-à-fait! Quelle est la répartition des rôles entre le producteur, l'ingénieur du son, l'assistant et l'artiste?  Quand est-ce que l'ingé son devient producteur? 

                                   

S. PRIN : Comme dans tout système de production efficace, il y a une hiérarchie plus ou moins respectée.

Dans la musique, métiers de troubadours anarchistes :-), c'est aussi le cas en théorie. En pratique, c'est souvent plus flou. N'oublions pas que c'est un milieu de passionnés et d' "amateurs"( au sens premier du terme, gens qui AIMENT!) bien plus que de professionnels. 
Nous avons donc dans l'ordre: 

L'artiste ( à comprendre comme auteur, compositeur, interprète dans ce cas précis), qui a fait ses chansons et a quelques fois des idées d'arrangement. Il est maître de son oeuvre. Il sait ce qu'il veut, mais pas toujours comment y arriver. C'est pourquoi il fait appel à un réalisateur. 
Le réalisateur est la personne qui sait comment faire pour exhausser les vœux de l'artiste. Il doit être à la fois musicien, technicien, psychologue et créatif. Il est sensé faire l'interface ou l'interprète entre l'artiste et les musiciens, l'ingénieur du son, l'assistant et même la maison de disque de temps en temps. C'est le maître artistique du projet même si c'est l'artiste qui garde toujours le "final cut", portant le projet à bout de bras pendant plusieurs années et en est responsable. Il doit donc en être content. 
L'ingénieur du son est celui qui gère toute la partie technique de l'enregistrement d'un album. Il est au service du réalisateur et met en pratique ce que ce dernier a en tête. Il peut bien sûr être de bon conseil et avoir des idées, mais ne connaît pas forcément la genèse artistique du projet. Il sait en revanche comment obtenir l'esthétique sonore indiquée par le réalisateur. 
Il est aidé pour cela par l'assistant, censé s'y connaître techniquement quasi aussi bien que l'ingénieur et assigné à un studio ( alors que c'est rarement le cas pour l'ingénieur). Il connait toutes les spécificités techniques du studio afin d'aider l'ingénieur à faire ce qu'il veut. C'est un réel soutien à l'ingéson puisqu'il faut parfois avoir 4 mains et 4 oreilles pour faire certaines choses dans un studio ( c'était notamment vrai lorsqu'on travaillait encore sur bandes, il y avait beaucoup de machines à gérer en même temps.) En revanche, il n'a généralement pas l'expérience de l'ingénieur et apprend en travaillant à ses côtés. 

Ca, c'est la théorie. En pratique, les rôles ne sont pas aussi clairs. Il m'est arrivé en tant  qu'assistant de faire le boulot de l'ingéson incompétent notoire, de diriger des musiciens et des créations esthétiques alors que j'étais ingénieur du son, et il m'arrive de plus en plus souvent de changer des accords ou de toucher aux arrangements d'une chanson, outrepassant mon rôle de réalisateur normalement. C'est le résultat qui compte après tout et si le disque est bien et l'artiste content, tout le monde s'y retrouve.
C'est d'ailleurs grâce à ces "passe-droits" qu'on a la possibilité de passer d'assistant à ingéson, d'ingéson à réalisateur, de réalisateur à compositeur etc.. 
  

 

C'est d'ailleurs grâce à Jean-Louis Murat que je suis passé du statut de stagiaire à assistant (Dolores), d'assistant à ingéson (Madame Deshoulière et Le moujik), d'ingéson à Co-réal (Bird) et que Fred Jimenez est passé de musicien à compositeur (Bird). Jean-Louis Murat étant artiste et réalisateur de ses disques, il sait responsabiliser les gens, c'est une grande qualité et assez rare dans ce métier.

 

 

 

-  Alors, si je vous suis, vous étiez rattaché au studio Davout, au moment de Dolores, album pour  lequel vous étiez assistant  ( mention de votre nom et prénom sur le livret:   sur d'autres albums, les assistants n'ont droit qu'à leur prénom)?     Votre rencontre date de là? Quels souvenirs avez-vous de cette session?

 

 

S. PRIN : Des souvenirs incroyables forcément. Je suis entré à Davout comme stagiaire alors que j'étais encore à l'école. Au bout d'un mois, Jean-Louis Murat est arrivé pour enregistrer Dolores et rester 6 mois. Il m'a imposé auprès de Davout pour que je reste les 6 mois. Davout a donc été obligé de m'embaucher comme assistant. Et 6 mois enfermé avec Murat à faire toutes les expérimentations possibles pour pousser la Prod de cette album le plus loin possible, ça marque et ça forme!! C'était extrêmement enrichissant et assez éprouvant.
Je crois que c'est la raison pour laquelle, Jean Louis s'est dit par la suite " plus jamais ça!" et a fait des albums impulsifs et rapides après.

 

 

 

- Qu'est-ce que Murat a détecté chez ce jeune stagiaire pour ainsi le prendre sous son aile? juste la motivation?

 

S. PRIN :  Etant tout jeune, je n'avais pas d'expérience, donc pas de préjugés sur la façon dont on travaille un disque. Murat mettant un point d'honneur à être avant gardiste, ou en tout cas différent de la norme, cela a dû lui plaire de trouver quelqu'un qui s'impliquait à fond dans les idées qu'il proposait aussi improbables qu'elles soient. De plus, son côté un peu râleur et anticonformiste me plaisait bien et ça devait se sentir. Jean-Louis est quelqu'un de fidèle et quand il aime bien quelqu'un, c'est pour un moment. J'avais la chance de faire partie de ces gens là.

J'avais 20 ans , Jean Louis était hyper charismatique, donc j'étais assez impressionné et hyper motivé en même temps. Je pense qu'il l'a vu et ça lui a plu.

On était dans la recherche de prod la plus libre possible. C'était le début de l'informatique musicale donc on essayait tous les nouveaux outils, des recherches de sons des jours durant, des versions de morceaux diamétralement opposées, bref, un vrai labo. Je pense qu'il existe trois ou quatre versions complètes de chaque morceau. Imaginez donc l'impact sur un jeune étudiant en son que j'étais...

 

 

- Christophe Dupouy raconte beaucoup de choses sur l'élaboration de l'album là:

http://franck.ernould.perso.sfr.fr/dupouy.html

Murat explique souvent son refus d'avoir un producteur par son expérience avec Dolores avec Tim Simenon    mais cette rencontre a quand même été prédominante par l'importation des "outils" de l'anglais (Christophe Dupouy parle "d'espionnage industriel")...  Qu'est-ce que ce logiciel protools par exemple? J'aimerais aussi en savoir plus sur le rôle de Clavaizolle, notamment du fait que Murat a une image d'individualiste, d'égocentrique? Comment travaille-t-il avec les autres?

 

S. PRIN:  Murat est un Artiste  avec de la hauteur et une vision assez globale de son œuvre je pense. Il a des lignes directrices sur ce qu'il veut faire, des ambitions et une vue globale. En revanche, il ne s'encombre pas l'esprit de détails, et n'est pas très technicien, c'est pourquoi il a quand même besoin de s'entourer pour réaliser ses projets. Cela lui permet d'exprimer la vision d'ensemble afin que les autres approfondissent ce qui lui correspond. Ca a été notamment le rôle de Denis Clavaizolle, un multi-instrumentiste très doué qui comprenait ce que voulait Jean-Louis  et le retransmettait en harmonie, en intention et en arrangement. C'était aussi un interlocuteur technique pour pouvoir ajuster celles "empruntées" à Simenon au même titre que Christophe Dupouy, et Christian Lachenal. Ils poussaient tous la prod le plus loin possible avec ce logiciel Protools, arrivé récemment sur le marché, qui permettait d'enregistrer d'une toute nouvelle façon, puisque les pistes n'étaient plus figées comme sur les bandes, mais pouvaient encore être trafiquées, coupées, accélérées, accordées, modelées pour en faire tout autre chose. Des perspectives très larges s'ouvraient. 

 

 

 pic1.jpgsur la tournée Mustango

 

 

- Vous parlez d'un Murat peu technicien?...  mais il a je crois une belle collection d'ampli, de micro, de guitares, d'instruments... 

 
S. PRIN:  Tout à fait, mais les collectionneurs de voitures de course ne sont pas forcément garagistes et mécaniciens me semble-t-il?:-) mais ils connaissent les qualités de chacune. 

 

 

- Après la tournée Mustango, c'est le raz de bol des machines et des claviers, même si Madame Deshoulières est un peu "électro"...  c'est là que vous réapparaissez, toujours comme assistant...   Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur cette session? 

          

S. PRIN:  L'idée était de faire un album concept, comme une seule chanson qui raconterait une seule histoire. Donc techniquement, c'était compliqué, on avait tout l'album sur une seule session protools, donc il fallait gérer toutes les chansons en même temps et avoir tout en tête à tout moment...je rentrais tous les soir avec une migraine comme jamais je n'ai eu depuis. L'autre concept était d'intégrer une actrice (non chanteuse) aux côtés de Jean-Louis pour que les voix s'accordent bien malgré les différences de savoir faire. Et enfin, la dernière idée était de mélanger un quatuor à cordes façon musique de chambre à des mélanges de sons et des chansons très actuelles. Assez compliqué mais une fois de plus un challenge à relever et donc passionnant à faire.

 

 

 

- ... Est-ce à dire pour Isabelle Huppert que vous avez dû retravailler au logiciel sa voix (JLM parle dans une interview  d'un de ses amis ingénieur du son obligé pour le disque des resto du coeur  de faire mouliner toutes les voix par un logiciel du fait de leur fausseté, je ne sais pas si c'était vous?)?

 

 

S. PRIN:  Pour faire un disque, on cherche tout le temps a améliorer ce qu'on a, ça peut passer par le fait d'ajuster certaines choses qu'on ne peut pas refaire et qui ne sont pas assez précises. Donc il arrive souvent, sur absolument tous les disques maintenant, qu'on utilise plus ou moins cette méthode d'accordage.  Rien de dénonciateur la dedans...

 

 

 

Pro-Tools-HD7-lg.jpg

 

protools...

 

 

 

 

-  Qu'est-ce que cela signifie "une seule session protools"?  Il n'y avait pas de découpage morceau par morceau ?

  

S. PRIN:  Voilà, c'est ça. Normalement on organise la gestion technique d'un enregistrement par morceau. Et là, c'était tout l'album d'un bloc, car tout devait s'enchaîner.

 

 

 - Cet enchainement, on le retrouve sur "le fil" de Camille (avec le bourdon). Est-ce que vous avez utilisé le même  procédé?


 

S. PRIN: Non non, le fil a été travaillé normalement, le bourdon a juste été ajouté à chaque chanson, mais il n'était pas necessaire d'avoir l'enchainement total des chansons pour avoir une vue d'ensemble. Le bourdon est le même sur tous les morceaux, pas la peine de se compliquer le travail inutilement.

- Alors, après ces enregistrements compliqués, on comprend mieux l'envie de simplicité qui a présidé au "moujik"... et c'est la première fois que vous êtes le chef aux manettes! Jean-Louis Murat parle d'une période très difficile en amont, qu'il était au fond du trou, d'ailleurs, il s'adjoint Christophe Pie à la production car il se dit un peu perdu... mais la session était plus joyeuse ("on jouait au foot, il y avait la piscine, on fumait des joints, il faisait beau..." dit il dans le soir).

 

S. PRIN : Je n'ai pas bien suivi cette période difficile, je n'ai pas été au fait de tout ça, je crois que ça correspondait avec des changements de collaborateurs, maison de disque notamment. Mais un jour, il m'a appelé, et m'a dit qu'il voulait faire un album un peu retiré, loin de Paris, avec du sang neuf. Je connaissais un studio génial, perdu au milieu de la forêt des Landes, et je savais qu'il adorerait et que ça le détendrait... Ça a été le cas. Et je me suis du coup retrouvé avec bien plus de responsabilités. Ça tombait au bon moment, pour lui comme pour moi. Une nouvelle équipe de musiciens, plus roots, plus libres aussi, l'idée était moins précise dans la tête de Jean-Louis, si ce n'est qu'il voulait de la fraicheur, de la simplicité, et garder ce qui se passait de plus improbable pour avoir une vérité sur les bandes.
De là est venu aussi le plaisir de jouer en live pour créer en studio, et le son que j'aimais faire correspondait bien avec cette méthode d'enregistrement. D'où un résultat plus cru, plus sauvage et plus rock tout en ayant été fait dans une ambiance plus relax et détendue que d'ordinaire ( foot, piscine, campagne, bouffes, calme etc...)

 

SDC11458-copie-1

 

- On en arrive alors à Lilith... gros morceau... gros morceaux... Que dire sur cette session? Jean-louis a raconté qu'il était parti du studio et laissé carte blanche à Camille pour faire les chœurs?

 

S. PRIN : Lilith, pour moi le meilleur album de Murat, et pas parce que j'y ai contribué, mais parce qu'il y a ses meilleures chansons, les meilleures mélodies qu'il ait faites, peut-être les meilleurs textes aussi, en tout cas ceux qui me touchaient le plus.
Et vous, qu'en pensez-vous? Quel est le meilleur album de Murat jusqu'à présent?
Après l'expérience du manoir dans les Landes, Jean-Louis avait de très bons souvenirs des prises live jouées ensemble dans une même pièce au son boisé du studio. Il m'a donc demandé de trouver un endroit qui ressemble le plus possible au Manoir mais à Paris.
J'ai trouvé un studio ressemblant, pour appuyer l'esthétique rock et blues qui pouvait ressortir des chansons de Jean-Louis. Fred a appelé un batteur qu'il connaissait pour faire un trio idéal et c'était parti pour enregistrer en groupe.
Jean-Louis avait préparé vingt morceaux pour n'en garder que dix au final comme il fait souvent, mais à l'écoute des prises, tout était bien, chaque morceau était réussi. Il aimait l'identité de chaque chanson. Un double album non prévu se dessinait.
Du coup, pour éviter que le disque paraisse long, il a fallu diversifier un peu les couleurs de certaines chansons, d'où l'apport d'orchestre à cordes sur certains titres, des chœurs de Camille (que Jean-Louis connaissait depuis longtemps), ou de la trompette de Belmondo.
Un jour, alors que l'album était presque fini et que Jean-Louis était derrière le micro pour enregistrer une des dernières voix, il prend sa guitare, la branche dans son ampli, le met à fond, et me dit de lui ouvrir une piste. Il enregistre d' un trait les jours du jaguar qu'il avait écrit la veille, sans prévenir quiconque. Stéphane Reynaud étant retourné en Savoie, Fred a joué là-dessus la basse et la batterie et en deux heures, le morceau était tel qu'il est sur le disque. J'ai essayé par la suite de le mixer trois fois sans jamais arriver à retrouver l'esprit qui se dégageait de la version ultra sauvage, faite hors de tout contrôle et toute prévision ce jour là. C'est cette version qui a été gardée finalement et qui se retrouve en outsider numéro 1 sur ce triptique vinyle qui résume assez bien, à mon goût, tous les talents de Murat.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 12 Février 2010

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 3:

JEANNE CHERHAL


                    Je suis très honoré d’accueillir sur ce modeste blog une des plus jolies plumes féminines de la pop française, Jeanne Cherhal.  Elle sort un nouvel album en mars intitulé « charade ». Et ça lui va très bien !  Car, sans « perm à Nantes » (ah, jacquot !),  sous la frimousse à la Audrey, elle sait manier la fantaisie et la variété d’un Stanley Donen ! Elle est aussi la co-auteur d’une des plus belles chansons de 2009 : « Brandt Rhapsodie » (avec B.Biolay).    Je remercie Baptiste Vignol de m’avoir parlé de son goût pour Murat…  qui n’était pas parvenu à mes oreilles je dois dire… Et pourtant, il y avait des indices… Notamment son bout de chemin musical avec JP Nataf et Holden.

                    Elle met en ligne quotidiennement sur son site des charades en "teasing" de la sortie de l'album (8 mars) et elle vient justement d’en consacrer une à Jean-Louis ("mon tout est un chanteur que je vais régulièrement espionner pendant qu’il bèche son jardin auvergnat en bleu de travail »).  Voilà qui méritait un peu d’éclaircissement !

 

    PORTRAIT MOUTON













photo: Tania et Vincent
"portrait mouton" 
(cela m'évoque les gros pulls de JLM!)
           

    




  Bonjour, Jeanne Cherhal!!
Merci d'avoir accepté le principe de "l'interViOUS et MURAT"...


 
 

 Dans votre charade consacrée à JL Murat, vous avouez l'espionner en plein bêchage dans son jardin. Vous savez qu'il n'aime pas trop les touristes et les fans envahissants? (même si je pense qu'il récolte  un peu ce qu'il a semé... et pas seulement après avoir bêcher... mais  en chantant  et filmant ses horizons et ses montagnes de si belle manière!)

 

J. CHERHAL :   Je ne le sais que trop. Mais je ne peux pas m'en empêcher! Ecrivant la majeure partie de mes chansons dans un grenier que l'on me prête dans le Puy-de-Dôme, j'en profite pour aller fureter du côté de ses terres... Non en fait, j'y monte pour me balader autour du lac de Guéry que j'adore. Surtout quand il est complètement gelé l'hiver. J'ai un jour appris que Jean-Louis Murat habitait dans le coin, alors j'y suis allée jeter un œil. Et il était là! J'ai cru qu'il me menaçait avec une hache, mais en fait il coupait du bois. Ça a suffi pour nourrir mes rêveries et cauchemars pendant quelques semaines. Plus sérieusement, je suis moi-même tellement pudique et craintive à l'idée qu'on me voie dans ma vie privée, que je n'ai pas réitéré l'expérience, à cause de la profonde admiration que je lui voue. Lorsque je l'ai aperçu, c'était donc plus ou moins le fruit du hasard...  J'aurais adoré qu'il ait son déguisement de lapin, mais non. 



- Ah, vous connaissez même le lapin!   Je suis impressionné!    C'est  donc ses chansons et ses levers de soleil qui vous ont guidé jusqu'à lui?   Vous n'aviez jamais eu d'autres occasions de le croiser ?

 
J. CHERHAL :   
Je l'ai croisé une fois au Café de la Danse sur la tournée de "Bird on a poire" avec notamment Jennifer Charles. Je connaissais très bien le musicien qui était au clavier et, chose que je n'aime pas trop faire, j'étais allée en loge après le concert. Là on nous avait présentés furtivement, mais c'est tout!

Ce qui me mène jusqu'à lui, ce sont évidemment ses chansons, son charisme, et j'ose le dire, sa sensualité

 

 

-  Est-ce son expérience avec Manset  mais Murat dit maintenant qu'il vaut mieux de ne pas rencontrer ses idoles (pendant l'enregistrement du dernier album, il avait l'opportunité de rencontrer Tony J. White, mais il est resté à sa porte sans oser sonner). Qu'en pensez-vous?

 

J. CHERHAL : Je pense qu'effectivement il peut être difficile de rencontrer "en vrai" quelqu'un que l'on met sur un piédestal. Un jour après un concert de Sonic Youth (mes idoles d'adolescence) à la Villette, on m'a amenée à la porte de leur loge. Il y avait quelques personnes qui entraient, mais moi je n'ai pas pu! Et finalement je ne le regrette pas. Concernant le backstage de Jean-Louis Murat au café de la Danse, je n'étais vraiment pas à l'aise...

 

 

- Est-ce que composer en Auvergne a eu de l'importance dans votre inspiration? Est-ce qu'il y avait une ombre sur votre plume?

 

J. CHERHAL :    L'Auvergne m'influence probablement, parce que c'est une région comparable à nulle autre, mais là où je puise mon inspiration c'est dans  mon grenier surtout. C'est un endroit béni à l'abri de tout, qu'un voisin pâtissier à la retraite couve du regard lorsque j'y travaille. Il fait en sorte que je ne manque jamais de tomates. Mes journées là-bas sont un peu kantiennes, je me force à sortir au moins une fois par jour pour faire un tour dans les champs environnants en écoutant très fort au casque ce sur quoi je suis en train de travailler. L'immense solitude de mes séjours auvergnats me sied. Quand il m'arrive de m'y retirer en été, je vais nager dans un lac assez proche mais pas trop longtemps, pour mieux retourner m'enfermer après.

 

http://farm4.static.flickr.com/3432/3389547692_c878bbf2f8.jpg

 

-  Vous évoquez Kant :  vous avez la philosophie en point commun avec JLMurat qui s'est plongé  dans la bibliothèque de sa femme licencié de philo.   Mais il serait plutôt   Nietzschéen... notamment dans sa conception du  rapport homme/femme... Même si, comme toujours, il joue des contradictions.  Ami de personnalités féministes, il a déclaré  qu'il était "prêt prendre une kalachnikov pour défendre la cause de l'égalité des sexes"... mais  aussi :   "La libération des femmes va tellement loin que notre libido a besoin de femmes libérées, mais les femmes libérées n’ont pas besoin d’hommes comme nous. J’ai lu qu’il y a 4 millions de sex-toys en France. C’est très troublant. J’ai beaucoup de mal à imaginer que les filles aient des pulsions sexuelles. La femme libérée pour moi est une horreur, bizarrement. Je préfère penser à la femme en Dolorès, en Lilith, en Iseult, plutôt qu’en cette traînée de Madonna. Peut-être resterai-je toujours dans la légende de la femme. En un sens, je suis un homme préhistorique" (N°61, 3 couleurs).  Il évoque beaucoup  "la virilité" également.

Vous qui avez joué "le monologue du vagin",  qu'en pensez-vous? 

 

J. CHERHAL :    C'est drôle mais je le comprends complètement. Je pense qu'au fond c'est un grand romantique au sens noble. Et de toute façon, féministe ne veut pas forcément dire nymphomane auto-proclamée! Lorsqu'il parle de femme libérée, dans ce contexte, je crois qu'il pense à la maîtresse femme qui dévore les hommes pour calmer son appétit. Si une telle femme existe vraiment... En tant que femmes, bien sûr nous dominons, c'est indéniable! -eh eh !!- mais notre pouvoir réside dans notre capacité à faire croire que nous sommes dominées!!!  Il prend l'exemple de Madonna, son personnage fait certainement peur aux hommes, inconsciemment. Que peut apporter un homme à une femme qui a l'air déjà si satisfaite et insatiable? Moi elle me fascine, mais je conçois qu'elle puisse ne pas représenter la femme idéale pour la plupart des mecs. A l'inverse de Laëtitia Casta par exemple. Elle, elle est idéale. Mais quand il dit qu'il est un  "homme préhistorique", je ne suis pas d'accord. Au contraire je trouve que c'est tout à fait moderne d'attendre d'une femme qu'elle ne soit pas la Margaret Thatcher de la libido. Vous voyez ce que je veux dire? On peut avoir une vie sexuelle extrêmement intense sans le crier sur les toits ni faire sa WonderWoman, brutalement. Un peu d'élégance, quoi. Les effusions soudaines n'en sont que meilleures.

 

 

-  En élargissant un peu la question précédente, est-ce que vous vous intéressez aussi à ses interviews, son discours? Est-ce que dans le métier,-on en a parlé lors de sa non-nomination aux victoires- , il n'y a pas un certain désamour envers lui du fait de ses déclarations, notamment par ses coups de griffes contre ses homologues ? (seul JP Nataf et B. Biolay, deux de vos amis,  ont eu l'honneur récemment d'un mot amical)?

 

J. CHERHAL :    Je m'y intéresse relativement. Ses interventions en presse sont toujours assez jubilatoires et truffées de trouvailles marrantes et provocantes, mais je ne suis pas murativore au point de le guetter à chaque apparition médiatique. Ce que j'aime chez lui en interview, c'est sa finesse, sa nonchalance, sa capacité à rebondir, à séduire et agacer en même temps, et sa culture qui apparaît sans crier gare sur n'importe quel sujet. Je ne sais pas trop s'il faut imputer son statut de "paria du métier" à ses coups de griffes. J'imagine que oui? En même temps Benjamin Biolay est pareil et il est encensé! Enfin aujourd'hui en tout cas... En général, vous voyez, je ne déteste pas les grandes gueules mais taper systématiquement sur les chanteurs d'à-côté, j'ai tendance à trouver ça un peu vain. On a quand même autre chose à faire avec la musique! En parlant de grande gueule, récemment j'ai entendu Brigitte Fontaine souhaiter son anniversaire au Président en disant "Monsieur le Président je vous gratte le cul très fort avec une fourchette", je l'ai vénérée!  Et j'ai tellement ri!

 

 

16561 216519270137 191541900137 2986043 3837667 n 

 

- J'avais réfléchi à  une question autour de Brigitte Fontaine!  J'avais vu que vous l'aimiez... C'est vrai que Murat et elle, sont deux sacrés personnalités,  la folie et le surréalisme en moins chez Murat.  Vous évoquiez aussi votre travail d'écriture en recluse. C'est un mode de fonctionnement différent de Murat pour qui l'idéal est "une chanson par jour".  Vous fonctionnez  uniquement sur ces périodes intensives d'écriture ?

 

J. CHERHAL :    Il a toute mon admiration notamment pour ça. Une chanson par jour, quelle discipline... Moi je suis trop feignasse et trop dispersée pour y arriver. Il n'y a en effet que dans les périodes où je deviens une recluse en pétrification que je crée quelque chose. Enfin je crois. Disons, que dans ces périodes là, j'amène à maturation des choses qui grandissent chaque jour certainement. J'accouche en Auvergne. Deux fois l'an. Deux fois l'An j'accouche hum, hum... Ça fait Murat, un peu, je trouve. 

 

 

- Est-ce que l'idée de jouer de tous les instruments dans "charade" a un rapport avec l'expérience "tristan" chez Murat?  Cela arrive aussi, comme cet album pour lui,  après une période où vous avez été, peut-être, forcée au silence (changement de maison de disque, projet avec B. Biolay avorté)?

 

J. CHERHAL :    Je ne sais pas. Je ne pense pas que ça ait de rapport avec "Tristan". Le fait de m'être retrouvée face à moi-même en studio, sans musicien, s'est imposé à moi sans que j'y réfléchisse vraiment. Je n'ai pas l'impression d'avoir été forcée au silence, j'ai pris plus de temps que d'habitude, peut-être, pour mettre au monde ce quatrième album. C'est vrai qu'à mon âge (j'ai 31 ans), quatre ans entre deux disques c'est long! Mais je m'en fous en fait. L'important est de l'avoir fait quand j'étais prête. Concernant le projet avec Benjamin Biolay, pour moi il ne s'agit pas d'un avortement, puisque des chansons survivent de notre travail ensemble. Le côtoyer en studio m'a bousculée, je me suis frottée à des méthodes de travail que je n'avais jamais pratiquées (arriver en studio avec rien par exemple, et écrire en présence d'un ingénieur du son! C'était le tabou total avant pour moi!) et le fait que nous ne fassions pas un album de duos, comme nous avions pu l'évoquer en entamant notre collaboration, m'a au contraire donné une plus-value d'énergie pour mettre les bouchées doubles sur mon disque! Pour moi notre rencontre est au final très positive.

 

 

- Et comment! Rien que pour "Brandt Rhapsodie", cela valait la peine! 

   "La Superbe" a permis à Biolay de  convaincre quelques allergiques à sa musique et personnalité.   Est-ce que vous avez senti vous aussi  un certain impact de cette chanson sur le public, la presse ? Est-ce que l'on vous en parle?  

 

J. CHERHAL :    Oui c'est sûr qu'elle parle aux gens. Beaucoup m'en ont parlé. Je crois que pas mal de journalistes y ont été sensibles aussi. Nous l'avons chantée tous les deux sur scène il y a quelques jours, je sentais le public assez électrique! C'est une chanson à la fois très triviale parce qu'elle est énormément ancrée dans le réel et on a utilisé un niveau de langage presque parlé, et en même temps, j'ai l'impression que cette banalité la rend assez universelle... C'est un peu prétentieux de dire ça!... Mais j'assume. En tout cas lorsque nous l'avons écrite avec Benjamin c'était absolument sans prétention, nous nous sommes isolés chacun une heure dans un coin du studio où nous travaillions. Ensuite, sans nous concerter, nous sommes allés au micro poser nos bouts de texte sur des espaces de huit mesures en alternance. La version de l'album est celle de cette nuit-là, on a dit le texte une seule fois et on n'a rien retouché! C'était un moment assez magique...

 

 

-  B.Biolay  parlait justement d'un "virage radicale et intelligent" de votre part avec votre précédent album.  Comment parleriez vous de ce virage qui se poursuit avec "Charade"?

 

 J. CHERHAL :    C'est très aimable à lui!  Sur "Charade", je crois que mon "virage" se situe à deux niveaux. D'abord je me suis fait davantage confiance en tant qu'instrumentiste et productrice puisque je n'ai pas invité de musicien à m'accompagner, et ensuite je me rends compte que je n'ai sur aucun texte utilisé de second degré, ou de personnage à incarner pour mieux me planquer! Hormis la chanson "Pays d'amour", qui relate une garde à vue dont j'ai entendue, effondrée, le récit à la radio dans une émission de Daniel Mermet, le "Je" dans les chansons, c'est toujours moi!

 

 

 

- Est-ce qu’il y a une chanson particulière de votre discographie  qui vous fait penser à Murat ou dont il est l’inspirateur ?

 

J. CHERHAL :    Je crois que je lui dois le morceau "L'Eau" même si a priori il n'a rien à voir esthétiquement avec lui. Je ne sais pas trop pourquoi, pour moi cette chanson s'inscrit dans son paysage... Le texte, de l'eau partout...

 

 

- J'ai trouvé trace de pas mal de reprises de votre part (Barbara, Velvet, Bjork ...)  mais pas de chansons de JLM  ? En avez-vous déjà chanté?

 

J. CHERHAL :    Pour moi seule. Mais je n'ai jamais réussi pour l'instant à le reprendre sur scène, ce n'est pas chose aisée quand même...

 

 

-  Quels sont vos albums préférés de Jean-Louis Murat ? et pourquoi?

 

J.CHERHAL:   Lilith sans hésiter! Parce qu'il est hors d'âge et en même temps hyper actuel. Médiéval et contemporain tout à la fois. Parce qu'il y figure des choristes de luxe, et que le tout sonne terrible!!! Je l'adore.

  http://www.concertandco.com/cd2/jlmlilith.JPG

 

- et vos chansons préférées?

 

J.CHERHAL:   "La maladie d'amour" est une chanson parfaite pour moi, qui me plonge dans une douceur et une délectable tristesse chaque fois que je l'écoute. "Le cri du papillon", également sur Lilith, a le don de me faire danser la danse de Saint-Gui. Je suis très touchée par le "Mont Sans-Souci", et sur l'album que Jean-Louis Murat a consacré à Baudelaire et Ferré, je suis raide dingue de "A une mendiante rousse", qui me fait un effet incroyable! Je connais le poème par coeur depuis mon adolescence, et la première fois que je l'ai entendu chanté par lui, ça a été un vrai choc. C'est magistral de sensualité et de vérité! C'est beau tout simplement.

 

 

-  Vous avez déjà parlé d'un concert, mais l'avez vous vu à d'autres occasions? 

 

J.CHERHAL:  Eh non. 

 

 

- Vous m'avez eu avec Albin de La Simone, c'est un point de rapprochement entre Murat et vous qui m'avait échappé! mais j'en ai trouvé un juste à l'instant en parlant de concert : vous allez jouer avec les Littles Rabbits, qui ont enregistré à Tucson...  Une inspiration pour vous d'avoir un son à la Muragostang ?

 

 

J.CHERHAL:   Peut-être... Mais c'est surtout parce que j'avais envie de leur son à eux précisément!

 

 

- Enfin, je sens que je vais peut-être vous faire de la peine... Ce n'est pas parce que c'est la dernière question!!... Mais JLM a dit qu'il y aurait peut-être Emilie Loizeau, avec qui vous avez collaboré à plusieurs occasions, pour faire des choeurs lors de son concert à Clermont... Vous n'auriez pas envie de taper l'inscruste?

 

J.CHERHAL:   Si je n'y suis pas invitée, jamais! Je suis trop bien élevée malheureusement...

 



Interview réalisée par mails entre  le 4/02 et le 12/02/2010 (entre une rare soirée de libre, une petite prestation au Casino de Paris, un voyage en train et une prestation live dans un salon de coiffure chez Hiboo... entre autres!  Cette interview ne contient ni OGM, ni  question sur la crise du disque.
Merci Jeanne!
______________________________________________________________________________________________________________

Le site officiel de Jeanne:
http://www.jeannecherhal.net/

Son myspace:
http://www.myspace.com/jeannecherhal

Un nouveau clip, pour la nouvelle Jeanne Cherhal  (c'est très réussi... et très émouvant):


MON CORPS EST UNE CAGE
envoyé par jeanne-cherhal. -

L'album est en précommande :  ou

On peut également l'écouter
là  ....   mais à partir du 1er mars (SORTIE EN DIGITAL). 
Charade sera disponible le 8 MARS dans les bacs.


_______________________________________________________________________________________________


LE  LIEN EN PLUS:
Quelques liens qui m'ont aidé, sans peine, à tomber sous le charme:

- Séquence émotion (Jeanne C. pense-t-elle à son père qui est ou était plombier?) :

http://www.youtube.com/watch?v=WZ-1fGSjVJY&feature=related

Belle émission suisse (j'ai un faible pour les montagnes suisses)... Vous pouvez la retrouver  en intégralité sur youtube.

- On comprendra aussi son intérêt pour Murat dans cette vidéo:
http://www.dailymotion.com/video/xav9l6_l-artiste-jeanne-cherhal-pour-la-sa_music

- Chez Mandor (le journaliste qui nous avait parlé en premier du CODC)...
http://www.mandor.fr/archive/2006/10/23/jeanne-cherhal-de-ci-de-l-eau.html
et aussi avec Pierre Derensy, autre murat-compatible:
http://www.franchuta.info/interview-19-jeanne-cherhal-par-pierre-derensy.html



- Critiques de "l'eau" :  http://mescritiques.be/spip.php?article410 ;  
http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/article/leau/  ;
http://lame-son.hautetfort.com/tag/chanson

- Jeanne et les musiciens que l'on connait bien :

D'abord avec Camille !!!   Elles remettront ça à Bourges... Une soirée pyjama de folie avec Emilie Loizeau et Olivia Ruiz en plus...



et avec JP Nataf, Stremler, et Armelle Pioline (Holden):


____________________________________________________________________________________________________________

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 28 Janvier 2010

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 2:

BAPTISTE VIGNOL

Je vous propose aujourd’hui une interview d’un grand spécialiste de la chanson française : Baptiste Vignol. Auteur de plusieurs livres sur la chanson française dont nous parlerons plus bas, éditeur à la Réunion, nous l’avons découvert ici grâce à son blog « Mais qu’est-ce qu’on nous chante ? ».

BV

 - Alors, bien que né en Tunisie, et grand globe trotter,  vous n'en êtes pas moins d’origine auvergnate. On a tout de suite envie de savoir si cela a joué dans l’intérêt que vous portez à Jean- Louis Murat ? 


B.VIGNOL :   D'origine auvergnate, mais plus précisément de la Limagne. Depuis ma fenêtre, je vois l'antenne du Puy-de-Dôme et, par temps clair, la cathédrale de Clermont-Ferrand. Alors oui, "La neige qui tombe sur Ceyrat a dû être pluie là-bas", ça me parle! Et parfois, ça m'émeut quand je suis loin de chez moi.

 
- Que pensez-vous de son « auvergnatitude » (dont il  joue parfois,  d’autres fois dont il voudrait se débarasser)?

B.VIGNOL : Je ne pense pas qu'il en joue plus que ça. Ce sont souvent les journalistes, toujours à court d'idées et d'imagination, qui lui collent cette étiquette. L'Auvergne, chez Murat, elle est dans son accent, et dans la topographie touffue qu'il injecte dans ses chansons. Probablement pour la musicalité des mots.

FN
- Au chapitre Auvergne, vous co-organisez un « la chanson des livres »,  salon du livre de la chanson francophone à Randan, au Nord de Clermont. Avez-vous essayé de faire venir le régional de l’étape ? Le salon se déroulera 3 jours avant son concert de Murat à Clermont ? Y assisterez-vous ?

B.VIGNOL : Je n'ai jamais essayé de le contacter car je ne me fais pas d'illusion: imaginez-vous Murat assis à une table, entre Marcel Amont et Nicoletta (pour qui j'ai le plus grand respect), en train de dédicacer "Le dragon à cent visages" ou "1451"? C'est dommage d'ailleurs, car il s'entendrait bien avec Ricet Barrier, l'autre régional de l'étape, qui est un bon copain.
 
 
- Oui, effectivement, même si Jeanne Cherhal était aussi présente une année.   

B.VIGNOL : Je tiens à préciser que je ne portais pas un jugement sur Marcel Amont et Nicoletta, loin de là. Jeanne Cherhal est effectivement venue à Randan, comme Olivia Ruiz, Allain Leprest, Jacques Bertin, Julos Beaucarne, Kent, Anne Sylvestre (qui revient cette année), Pierre Vassiliu, bref des gens très respectables.


- Pierre Vassiliu dont Arnaud Fleurent-Didier s'est réclamé l'autre jour à la télé d'ailleurs... Le salon se déroulera 3 jours avant le concert de Murat à Clermont ? Y assisterez-vous ?

B.VIGNOL : Je ne savais pas qu'il se produisait ce soir-là à Clermont. Si je suis encore en Auvergne, cela me ferait plaisir d'y aller. La dernière fois que je l'ai vu, il se produisait en solo à l'Européen, Place Clichy à Paris. C'était fortiche.
 
 

P: Donc sur la dernière tournée... L'avez-vous vu à d'autres occasions? Si oui, que pensez-vous de ses prestations scéniques?

B.VIGNOL : Oh oui! Je me souviens d'un concert au Musée Grévin, où Murat, habillé en costume par sa maison de disques, expliquait que ses chaussures valaient je ne sais plus combien de milliers de francs. Denis Clavaizolle était aux claviers. Il y avait de belles vidéos. Mais le concert avait été très court, à peine une heure. Murat était parti en ronchonnant. Je me souviens d'un autre concert, sensationnel, au Café de la Danse. D'un autre encore dans cette même salle, si je ne me trompe pas. Ça devait être pour A bird on a poire. Et d'un quatrième à la Cigale, je crois, l'un de ses premiers, "en vedette" comme on ne dit plus, à Paris. Il y avait des feuilles mortes sur la scène et Murat portait un pull trop grand pour lui. Claire Denis était dans la salle je crois. Ses prestations sont toujours intéressantes car Murat ne fait pas du copier-coller, tout dépend de son humeur, du moment. Il semble assez imprévisible. On va au show quoi!


assass


- Vous avez été programmateur pour Pascal Sevran durant 3 ans. Là, encore, il n'a jamais été question de  l'inviter?  Il  chante pourtant comme Jean Sablon d'après Dominique A!!

B.VIGNOL : J'aurais adoré, mais mes sollicitations sont toujours restées sans réponse. Il y avait pourtant un décalage intéressant, non? J'ai réussi à faire venir de sacrés bons artistes à La Chance comme Clarika, Vincent Baguian, Rachel des Bois, Jacques Bertin, Polo, Pierre Schott, Gilles Vigneault, Marc Ogeret... Des gens intègres.




- Oui, c'est bien pour ça que je posais la question! J'avais souvenir de cette programmation.

B.VIGNOL : Par contre, je ne savais pas que Dominique A comparait Murat à Jean Sablon! Jean Sablon... Le Bing Crosby français comme on l'appelait en Amérique. C'est forcément un compliment; Dominique A connaît la chanson, à tel point qu'il s'inscrit lui-même dans la lignée de Jean Ferrat. Et puis c'est vrai que Jean Sablon était un des premiers vrais chanteurs de charme!


                                            

- Vous avez écrit un livre "Cette chanson qui emmerde le Front national"  où vous parlez de "Mégret et les pédés".  Bien que le champ "politique" ne soit pas complétement absent dans les textes de JLM ("giscard", "le coup de jarnac"...), c'est quand même une chanson très particulière dans sa discographie, et aussi dans "mustango" que vous avez classé comme un des meilleurs albums de sa décennie ? 

B.VIGNOL : C'est vrai que c'était assez inattendu, entendre Bruno Mégret dans la bouche de Murat, mais cela ajoute à l'écho qu'on en a donné. Le Coup de Jarnac est une belle chanson, à la Renaud, que Julien Clerc a refusée je crois. Giscard ne figure sur aucun enregistrement il me semble. Dommage. Oui, Mustango est un album magnifique, indispensable à toute discothèque qui se respecte. Tout comme le live qui l'a suivi d'ailleurs. Du Murat olympique! Affûté comme un grimpeur colombien.



- Oui, même s'il ne parle plus trop de vélo en ce moment!

 B.VIGNOL : Lui aussi, comme beaucoup, doit être saoulé par les affaires qui chaque année viennent salir le Tour de France... À ce propos, à quand un contre la montre sur le Puy-de-Dôme?


- En fait, le train à crémaillère  le rendra impossible désormais!
 Vous évoquez Renaud. Vous avez écrit un livre sur lui, et placez 3 de ses albums dans votre "best off" des années 80.  Ca m'a fait penser à Manset qui dans un paris match il me semble, citait ces deux chanteurs comme ayant inventé quelque chose. Ils se sont invectivés un peu, mais c'est de la petite histoire... Quelles places ils occupent à votre avis dans l'histoire de la chanson française   et votre panthéon personnel?

B.VIGNOL : Oui, ils se cherchent des poux, on dirait, s'insultent copieusement. Je cultive ce paradoxe-là: mes deux chanteurs préférés se détestent. Je ne savais pas que Manset avait fait cette déclaration. Je suis bien d'accord avec lui. Il existe des chansons de Murat que Renaud aurait pu écrire et inversement. Ils ont tous deux une écriture très académique dans le fond, très poétique. Plus Baudelairienne que Brassenssienne pour Murat, certes!

                                                                          renaud
- Pour parler de la chanson, de la variété ou de la pop, qui semble être votre domaine!, on peut utiliser aussi le terme de musique populaire. Jean-Louis Murat l'a été, mais ne vend plus de disques. Parallélement, il se refuse souvent de se situer dans "la chanson française" dont il dit qu'elle n'existe pas. Qu'en pensez vous?

B.VIGNOL : Je ne comprends pas bien ce qu'il veut dire par là, mais je dois avouer que je ne le comprends pas tout le temps, ce qui ne m'empêche pas d'être porté, touché par ce qu'il chante. Murat est en marge. Sa culture, son intelligence le rendent insolent. Il s'est un peu exclu lui-même du système, non? Et il a bien fait. Bien sûr, il le paie régulièrement, en n'étant pas nominé aux Victoires de la Musique par exemple. Mais JP Nataf, qui a sans doute enregistré le plus bel album de 2009, ne l'est pas non plus. C'est un gage de qualité que de ne pas être nominé aux Victoires.
Concernant les ventes, Murat n'est hélas pas le seul à ne plus vendre ce qu'il vendait. Le marché du disque est mort. Vive la chanson! C'est très inquiétant. Et personne ne semble avoir la solution. Il faudra bien pourtant continuer à vendre de la musique, sans quoi les studios fermeront, les musiciens ne joueront plus, et il n'y aura plus de chanson. Inimaginable. 

 
- Alors vous placez "Clair" avant "Le cours ordinaire des choses"? 
B.VIGNOL : Peut-être parce que Nataf est plus rare que Murat! Ce qui est rare est parfois précieux. Mais surtout, Nataf  a atteint un niveau d'excellence avec cet album, avec le titre Seul alone notamment. Précisons que son précédent CD, Plus de sucre, était également épatant.


- Quel est votre album préféré de Jean-Louis Murat?
B.VIGNOL : Cheyenne Autumn, parce que c'est le premier d'une longue et foisonnante série, que Murat mettait la barre haute et qu'il ne s'est jamais montré désolant, trouvant le moyen de rebondir après chaque demi-déception. Le cours ordinaire des choses, Lilith, Mustango, A bird on a poire... Il fallait les faire tout de même!


- Et  vos chansons préférés?
B.VIGNOL : De Murat? "Le voleur de rhubarbe". Je ne pourrais pas trop vous expliquer pourquoi. Un air du folklore, je trouve. "Le venin" dans Cheyenne Autumn. Et "Nu dans la crevasse". Voilà mon tiercé.

anthologie

- J'en parlais ici il y a peu: il n'y a pas encore de livre consacré à Jean-Louis Murat. Un lecteur m'a dit qu'il n'y avait pas assez d'acheteurs potentiels. En tant qu'éditeur et écrivain, qu'est-ce que vous en pensez? 

B.VIGNOL : Je vais vous confier un secret : j'ai proposé, il y a quelques années, à deux éditeurs de m'y atteler, sur le modèle de ce que j'ai fait sur Renaud dans "Tatatssin", une approche textuelle, thématique, loin de la biographie gnan-gnan, tapageuse. Les deux m'ont répondu qu'ils n'y croyaient pas, en tant que produit... Mais ça finira par se faire! Je veux dire, quelqu'un le fera. 


- Espérons!   Enfin, parlons un peu de vous: quels sont vos projets?  Ecrivez-vous un nouveau livre?
B.VIGNOL : Oui, je suis sur des chantiers, c'est long, fastidieux... Sinon, je m'occupe d'un site photographique plutôt décalé dédié aux lunettes de soleil vintage Alain Delon (www.danslesyeuxdalaindelon.com), et de ma petite maison d'édition à La Réunion où je me suis installé. Savez-vous qu'il y a, sur cette île de l'océan Indien, un plateau qui ressemble foutrement à l'Auvergne, au Cézallier? C'en est troublant, vert et volcanique, nuageux parfois, avec des vaches disséminées ici et là - ce ne sont pas des Salers. Cette région s'appelle la plaine des Cafres. Et son principal village, tenez-vous bien, s'appelle Bourg-Murat! 


12580%20
Bourg-Murat!

L'arrière plan est en effet frappant.





























Interview réalisée par mails du 25 au 29/01/10.
__________________________________________________________________________________________

Les principaux livres de Baptiste Vignol dont j'ai présenté les couvertures ci-dessus,  sont édités aux Editions TOURNON. On peut lire leur présentation, des revues de presse et quelques pages de ces livres sur leur site:

http://editionstournon.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=13
http://www.editionstournon.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3
http://www.editionstournon.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=18

Pour préparer votre voyage à la Réunion ou rêver de votre lit,
http://www.editionsduboucan.com/
La maison d'édition de M. Vignol.

Enfin, son blog où il élabore son palmarés du siècle passé, une décennie après l'autre.
http://delafenetredenhaut.blogspot.com/
et le fameux projet, un peu spécial...
www.danslesyeuxdalaindelon.com

________________________________________________________________________________

LE LIEN EN PLUS:

La presse en parle:
- http://www.technikart.com/archives/3354-baptiste-vignol
- http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2214/articles/a339173.html


Merci à Baptiste Vignol pour sa disponibilité.

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0

Publié le 14 Décembre 2009

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 1:

CHRISTOPHE PIE

Je vous propose aujourd'hui une interview avec le vieux complice de Jean-Louis Murat, Christophe Pie, le Rancheros. Avec Alain Bonnefont, voila plus de 30 ans qu'ils font partie du voyage avec le Brenoï.  En plus de ses talents de multi-instrumentiste qu'il met au service de Murat régulièrement et dans divers groupes, il a sorti un album qui m'émeut à chaque écoute. Il a accepté de nous parler un peu de son ami... et de son actualité.


PIE SOLO

                                                                                                                                                                                                                   
- Est-ce que comme ça sans réfléchir, tu peux nous dire à combien d'albums de Murat as-tu collaboré?

C. PIE:  5 ou 6 je ne sais plus... 

- En fait, j'ai regardé un peu: j'ai compté 9*, en partant du plus évident (  "parfum d'acacias au jardin" où tu es présent à la guitare et aux claviers)   jusqu'au  "Moujik et sa femme" (où tu es crédité comme "assistant de production" -cf citation en bas de page) et "Dolorés" où tu fais des choeurs avec JP Nataf*, et je n'ai pas compté "les rancheros" et "golden Couillas".
Sur France3, il a parlé de toi comme un excellent ami, vous vous êtes rencontré comment?

C. PIE: A la Bourboule, il y avait un groupe qui s'appellait CLARA, et j'ai eu la chance de jouer dans ce groupe.

- Il est difficile de trouver des infos sur ce groupe. souvent, ça se limite à "JLM y jouait du saxo et de la guitare", le petit soutien de Sheller...  j'ai vu que vous aviez fait la première partie de TELEPHONE ? et Bergheaud essayant de leur taxer deux plaques pour que vous fassiez votre album ?  un bon souvenir? 
 
C.PIE:  Je ne faisais pas encore partie de Clara à ce moment là!   

- Selon   le hall.com encore, en 1980, Emi propose un contrat à Jean-louis Murat et pas au groupe, vous aviez bien pris la chose?   Ensuite, comment  as-tu traversé les années 80?  

C.PIE: J'ai joué dans plein de groupe plus ou moins serieux!  J'ai été roadie aussi !! [ il a également  participé aux premiers 33T de Murat].

- Est-ce que les Rancheros ont encore une activité? Le deuxième album "silver connasses" était fait, non?

 C.PIE: Les rancheros  pour le moment c'est en veilleuse

-Tu es ami de Bergeaud mais comment parlerais-tu de Murat? Est-ce une référence ?  un employeur?

C. PIE: Bien sûr que c'est une référence, tout ce que j'ai appris en musique, c'est Jean-Louis  qui me l'a appris. A part  2 ou 3 trucs francais genre  Bashung, j'écoute surtout de la musique anglo saxonne mais   je serais fan de Jean  Louis même si je n'étais pas son pote. Tout ce que j'ai fait avec murat, je ne l'ai pas fait pour l'argent!  En même temps, il ne laisserait pas un pote dans la merde!

-Comment travailles-tu avec lui? Il y a des discussions?

C. PIE:  Pas trop de discussions, il aime quand ça va vite. 

- Quels sont tes disques préférés de JLM?

 

C.PIE:   le moujik, mustango et le cours ordinaire... C'est un de ses meilleurs albums... peut-être le dernier avant longtemps!!


- Lors de sa promo du  fait de son axe de communication  nashvillo-nashvillien,  il n'a pas été très gentil avec les musiciens français dans sa comparaison avec les américains... Tu en as pensé quoi?  

 C. PIE: Il a raison, la plupart des musiciens français ont la grosse tête et il n'y a pas la même concurrence qu'aux USA,  mais je ne me sens pas visé.  Même si j'ai un bon cv, je ne me retourne jamais sur ce que j'ai fait,  d'ailleurs je ne sais même pas le nombre de disque sur lesquels j'ai joué.
Pie batterie
- Pour parler batterie, que penses-tu du jeu de Stéphane Reynaud?  Comment savoir sur un album si c'est toi ou lui qui tient les baguettes?


C.PIE: Stef a une très bonne technique, il fait pas mal de jazz maintenant, je trouve qu'il a un jeu beaucoup plus "soul " et R & B  que moi qui suis plus influencé par la pop, son jeu est plus fin que le mien... quoique je pense avoir fait des progrés dans ce domaine. Sinon, nous avons en commun d'être assez instinctifs et d'aimer l'impro ce qui est nécessaire avec Jean-Louis. De plus, Stef est un mec sympa et je m'entends très bien avec lui!  J'ai hâte de les voir sur scène au printemps.

- Qu'aimerais-tu dire aux muratiens sur Jean-Louis Murat?    

C.PIE: généreux, très drôle, intelligent, fidèle en amitié, cuisine très bien le choux farci éhéh!!

- As-tu des projets solo après l'excellent "sky lumina"(pour lequel  Murat t'a donné deux textes et a fait des chœurs, et donc indispensable dans une collection muratienne! ) ?

C.PIE: Quand j'aurais 10 bonnes chansons, on verra si je fais un autre album, mais vu l'ambiance actuelle, rien n'est moins sûr...

C.Pie et MURAT

- Comment te sens-tu  dans le monde de la musique actuelle? Tu travailles avec plusieurs groupes depuis l'arrêt de Rogojine (avec l'autre pote:Caillon), puis de Shadel?
 
C.PIE: J'ai l'impression d'avoir enfin trouvé des gens avec qui c'est génial de faire de la musique  et ce groupe s'appelle "The Delano Orchestra", et le label "kütu folk" en général car je travaille avec à peu prés tout les artistes (St Augustine, Leopol Skin, Pastry case)  de ce label qui sont géniaux eux aussi!  Sinon, il faut admettre que c'est très dur en ce moment pour vivre de sa musique. Pour moi, le plus important, c'est d'avoir des projets, éviter l'inertie, et puis, je ne sais faire que ça!
St-Augustine.jpg
 Interview réalisé par mail. Décembre 09.



* Christophe Pie est aussi présent aussi sur  Baudelaire (toutes les batteries, sauf un titre), "Venus" et sur les deux premiers disques Murat et Passions Privées   (batterie sur tous les titres), Taormina ( 2 titres à la batterie "Taormina" et "l'heure  du berger"), "cheyenne automn" (sur "amours débutants" )  et  à venir : B.O. du nouveau film de L. Masson

Jean-Louis Murat: "Sur le Moujik, j’avais vraiment beaucoup besoin de Christophe, je ne savais pas trop où j’en étais. Sur celui-là, ça a été. Sur Le Moujik, je repartais avec une nouvelle équipe : l’ingénieur du son, les gens avec qui je travaillais, les lieux, la formule, tout… Ça faisait beaucoup et Christophe m’a beaucoup aidé à m’en sortir." (Foutraque.com)



COMMANDEZ directement Sky Lumina en le demandant  gentiment sur :
http://www.myspace.com/christophepie .... et vous aurez peut-être une dédicace...

Les groupes de Christophe:
http://www.myspace.com/thedelanoorchestra
http://www.myspace.com/staugustinelovesyou
le label:
http://www.myspace.com/kutufolkrecords
http://kutufolk.com/

Agenda de Christophe:
30 janv. 2010 20:00
frac auvergne ecuries de chazerat clermont ferrand, Auvergne
17 févr. 2010 20:00
l’olympic nantes, Bretagne


Le lien en plus (enfin: 3!):
une petite interview-vérité d'Alain Bonnefond
http://www.exclusif.org/articles.php?pg=947&lng=fr
et une de Jérome Caillon et Christophe Pie au temps de Rogojine:
http://www.foutraque.com/inter.php?id=22
et une des DELANOE (enfin c'est comme ça que JLM les appelle):
http://www.danslemurduson.com/archive/2009/08/13/interview3-the-delano-orchestra.html


Merci à Christophe Pie pour ces photos,  sa disponibilité et  sa musique. 
Merci à Nur' aussi.  

Voir les commentaires

Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

Repost0