Complétement fou à liens
Publié le 20 Janvier 2010
1) Allez, des images qui bougent pour dire que l'hiver en Auvergne, c'est pas seulement couper du bois, s'enfermer dans sa chaume à écrire des chansons et prier sainte- Taïga afin de voir un peu de soleil:
(la deuxième partie de la 1ere vidéo avec les plantes et les oiseaux est jolie)
2) Merci à Baptiste Vignol qui m'a signalé une deuxième livraison d'albums sélectionnés: back in the 90's... avec moins de surprise que dans son dernier classement... et toujours avec un Murat (Mustango):
http://delafenetredenhaut.blogspot.com/2010/01/back-in-90.html
3) Après l'hiver, l'automne... oui, pourquoi pas?
4) Je l'avais indiqué dans le forum mais vu que son auteur Florence a l'amabilité de consulter ce blog, je vous remets cette chronique du "cours ordinaire des choses"... Si certains veulent entamer une discussion sur
http://www.culturopoing.com/Musique/Jean+Louis+Murat+Le+Cours+ordinaire+des+choses+-2417
Jean-Louis Murat - "Le Cours ordinaire des choses" sur cultureopoing.com Les sorties | ![]() ![]() |
Le Cours pas Ordinaire des Choses Il est facile de railler Jean-Louis Murat. Tous les poètes sont faibles. Celui qui est sincère, celui qui se met à nu jusqu’au ridicule sait qu’il s’expose aux moqueries et au cynisme de certains de ses contemporains, et encore plus des médias, ces ogres avides de chair humaine, incapables d’entendre les discours ambigus, ironiques, humoristiques, ou poétiques. Alors quand Jean-Louis Murat, pour un 21ème album – Le Cours ordinaire des choses - se met en scène dans l’exercice obligé et conscient de la promotion, le malentendu règne. Dans ce suicide de l’homme public, il y a tout Murat : il faut être très fort pour casser ainsi son image, pour être soi-même, avec constance, dans cet exercice commercial de service après vente. Il parvient, et c’est un exploit en soi, à ne pas contraindre sa langue, ses mots, son intelligence ou même sa bêtise - il est en effet interdit d’être bête quand on veut vendre des disques, vous n’aviez pas remarqué ? Et cette voix singulière ne passe pas, car elle se heurte à nos habitudes, accoutumés que nous sommes aux discours policés, démagogiques, consensuels, somnifères qui nous endorment jusqu’à parvenir à se faire passer pour sincères. Il en va de même pour son disque : on a l’impression que personne ne l’a écouté, qu’on n’entend plus sa musique. Pourtant, musique il y a, personnelle et intime. Jean-Louis Murat le sait et c’est sans doute la conscience de sa qualité qui lui permet de ne pas céder face au flux des railleries dont il est désormais l’objet régulier : d’ailleurs, il en rajoute dix bonnes couches. Peut-être parce qu’il sait qu’il n’y a ni roi ni bouffon, mais bien plutôt qu’ils sont une même et seule personne ? Il continue donc son bonhomme de chemin, qui passe cette fois-ci par Nashville, comme on ne cesse de nous le rappeler : Nashville ou Pékin, Pékin ou Clermont-Ferrand, n’en déplaise à l’Auvergnat, peu nous importe. Il est évident que les influences muratiennes ont toujours été américaines : forcément quand on aime la guitare - et la musique. Donc, dans cet album, on trouve des guitares américaines, de grosses guitares qui tuent (Comme un incendie, réponse cinglante à Allumer le feu de notre Jojo national ?) mais pas seulement. On trouve aussi des tonnes de guimauve, comme dans Falling in Love again ou Lady of Orcival, le genre de sirop délicieux dont on a besoin, nous les humains, pour retomber amoureux. ![]() On retrouve quatre ou cinq chansons de génie, comme il y en a dans tous ses albums depuis 20 ans, tous les ans ou presque, ce qui n’est pas un mince exploit : il en va ainsi des sus-citées et aussi de Ginette Ramade, tout en ritournelle, dont la mélodie s’incruste dans votre cerveau pour ne plus le quitter : chanson de la fin, de l’échec et de la renaissance, chanson de l’éternel recommencement. On retrouve une production soignée, avec un super son, des nappes de guitare et des rythmiques décalées (Falling in Love again, again). On (re)trouve, comme en écho à trop de beautés, quelques chansons en mode mineur, qui prennent l’air de ne pas y toucher (La Mésange bleue) et quelques chansons parodiques et étranges (M le maudit, Comme un cowboy à l’âme fresh), qui sont des blagues en accéléré, et dans lesquelles l’auteur se met en scène en garçon infernal, sale et désobéissant, mais n’oubliant pas d’humer l’air pur des grands espaces : un homme maudit et frais. On retrouve surtout, et enfin, comme à l’habitude, la langue de Murat. Il faut dire sa langue et non son langage, ou même ses mots. On aime ou on n’aime pas, mais personne ne viendra prétendre que Jean Louis Murat n’a pas une langue à lui : c’est une langue agile et acérée, une langue habile aussi, qui s’articule dans une voix langoureuse, parfois traînante, parfois entraînante. Murat est un as de la séduction, il le sait, le coquin ! Et en joue, parfois. Mais sa virilité n’est pas seule en jeu. Il s’agit surtout de sa poétique, essentiellement et substantiellement érotique. Comme il le dit lui-même (rien ne remplace sa langue) : chanter est sa façon d’errer, chanter est sa façon d’aimer, ce qui revient à peu près au même. |