bibliographie

Publié le 27 Décembre 2024

Les apparences sont trompeuses: non, je ne vous ai pas oublié! Et je vous fais donc un petit cadeau de Noël.... mais vu que je suis un sale gosse... Il est possible que ça ne vous plaise pas...

 

1) BIBLIOGRAPHIE

Le décès de Jean-Louis Murat  nous a globalement fait sombrer dans un unanimisme de bon aloi...  mais relatif: on aurait pu penser qu'il soit un brin plus panthéonisé, olympiacisé, documentarisé,  hall-offamehiser, hyperWeekendisé -aie, je vais encore sombrer dans le GrégoireBouillierisme-. De l'autre côté, les proches n'ont pas non plus caché certains aspects it's complicated de la personnalité de Jean-Louis (témoignages du livre de P. Andrieu, discours de Bayon aux obsèques),  aspects qu'il continue peut-être de payer (en étant mis dans un purgatoire médiatique, au minimum parce que sa renommée aurait été supérieure s'il ne s'était pas mis à dos certains hommes de gauche, de droite, des féministes, des masculinistes, certains communs de la LGBTP+, des anticorridas, les fans de Jojo et de Citroën, des amateurs de rap -dont il était-, et quelques autres... et je pense qu'il y a une parenthèse à fermer, donc).  On l'a je pense toujours regretté ici, tout en aimant la complexité du personnage... et quand on aime râler et railler ses icônes, c'est parfait (et dire que certains m'accusent d'être un horrible fan... j'ai le nom).  Trouver un connecteur logique patati et excès tes rats- sans digression supplémentaire   et aujourd'hui,  voilà une pièce à verser dans le dossier à charge [Pour l'instant, le magnifique article pour masoschistes de Matthieu de 2016 en était la masterpièce non peace and love].

C'est un petit article dans Libération qui m'a alerté. Alexis Bernier recommandait le livre d'Emmanuel Plane, ancien attaché de presse de la maison de disque LABELS, que Murat avait rejoint après Virgin (maison mère).  Des contacts m'avaient fournis ce nom l'année dernière mais sans que j'en sache plus (les Week-end Murat me prennent trop de temps pour mener toutes les interviews que je souhaiterais). 

 

Renaud Sachet nous apprend (après que le Dit Emmanuel l'ait divulgué lui-même  sur Radio Nova) qu'Emmanuel était aussi chroniqueur/auteur sous le nom de Philippe Dumez (dernière apparition dans Section 26... au côté de Renaud... La Blogothèque, les inrocks et  autres blogs personnels... mais aussi auteur d'un livre chez Le mot et le reste, c'est notamment à lui que Bernard Lenoir indiquait attendre un concert de son ami Murat à Biarritz. interview par Vincent Theval (label pop/radio France) en 2014   et sur GOnzaï en 2013).

"j'ai promené le chien de Guy-Man" est un livre sec, court, assez resserré sur des anecdotes, et on n'a pas l'impression de toujours lire un livre d'un chroniqueur de musique inspiré, mais c'est lié au fait qu' Emmanuel avait déjà écrit un livre de souvenirs musicaux:  Il lui restait juste à raconter le côté plus professionnel... Il est quand même question de sa passion pour la musique, toujours gérée de manière altruiste (il profite de sa position pour faire des cadeaux  -cd promos- à des fans ou à Robert Wyatt, ou de délivrer des invitations à des concerts) mais pas exempt de plaisirs solitaires (assister au répét de Black sessions de Lenoir).  C'est donc surtout un témoignage sur le travail des attachés de presse, dans un label, autour des années 2000, le début de la fin des heures glorieuses (c'est très intéressant après le témoignage de F. Delmotte sur Virgin sur la décennie précédente).  Emmanuel le fait sans chercher à faire du sensationnalisme, cachant parfois quelques noms... mais pour Jean-Louis Murat, il n'a pas cette réserve, et veut afficher sa rancœur.

Tout avait pourtant bien commencé! Jean-Louis adoube celui avec lequel il peut parler musique. Il partage des repas passionnant avec lui, des caprices (il refuse de jouer avec les Calexico en concert à Paris quand il apprend qu'il n'est pas le seul invité)... avant que le côté insupportable de Jean-Louis ne survienne... Aux yeux d'Emmanuel, des propos inexcusables sur un répondeur; et il décide de ne plus jamais avoir à faire avec ce dernier, jusqu'à le bannir de ses algorythmes. Entre temps, Emmanuel aura failli perdre en gare de Clermont les échantillons du vinyle de Lilith..  J'ai consulté Alain Artaud, le boss, dont il est un peu question dans le livre,  qui m'indique rapidement;:  "tout ce que Emmanuel dit est vrai. Ce qu’il a ressenti aussi".

A noter la page consacrée à Renaud Monfourny très élogieuse (il fait cadeau de tirage photo aux membres du label), et à Morvan (Boury), avec lequel Emmanuel travaille et qui a aussi travaillé avec JLM, la mention de Philippe Barbot (en vrai journaliste intègre) et de Bayon ("on met des cierges pour ne pas que ce soit Bayon qui s'en entiche: même dythérambique, un article peut sortir n'importe quand, y compris deux mois avant la sortie du disque. Autant Bayon en tant que responsable du service musique est imprévisible, autant l'homme est disponible et généréux. Bayon m'a souvent consolé quand j'avais le coeur gros").

Emmanuel Plane,  j'ai promené le chien de Guy-Man (et autres histoires édifiantes), 5e étage sans ascenseur Edition, 123 pages (par correspondance ici)

Le père Noël est... :  Murat prend cher et Enchères
Le père Noël est... :  Murat prend cher et Enchères
Le père Noël est... :  Murat prend cher et Enchères
Le père Noël est... :  Murat prend cher et Enchères

 

 

2)   Le 20 décembre, un petit lien est arrivé et je n'y ai pas pris garde au milieu des offres du  Bon Coin et autres sites de vente... mais c'était tout autre chose:  il est mis en vente des instruments et matériel du studio ayant appartenu à Jean-Louis Murat.  Peut-être pas des pièces iconiques pour les fans,  comme des guitares de Patrice Blanc... mais tout de même des très belles pièces, vintage :  des fender électrique et acoustique, du Höfner, Rickenbacker ou Gibson

Le détail:  https://vichy-encheres.com/2024/10/10/jean-louis-murat-1952-2023/

Vente en février par une maison qui est spécialisée dans les instruments de musique depuis 83 (il semble qu'il y ait une erreur par rapport à la date de novembre qui est indiqué). 

Vu le petit émoi que cela a suscité sur les réseaux sociaux (le fait de disperser la collection) , j'ai sollicité Laure Desbruères qui nous fait passer ce message: 

 

Il faut savoir que Jean-Louis voulait avant tout que les instruments soient joués. Nous avons tout au long de sa carrière choisi d’investir dans l’achat de matériel et d’instruments, par souci d’améliorer la qualité des albums produits par Scarlett, et ce dans le but de servir l’oeuvre avant tout. C’était notre priorité absolue. Jean-Louis disait aussi que les instruments prenaient de la valeur, que c’était par ailleurs un investissement pour la famille, et que les enfants auraient ça plus tard. En 2021 ou 2022, il m’avait d’ailleurs raconté en détails sa conversation sur le nouveau métier de notre ancien luthier: Jérôme Casanova, et l’expertise qu’il avait sur l’estimation des instruments. Le matériel va désormais être utilisé dans d’autres studios. Par d’autres musiciens. Les guitares vont être jouées, et servir d’autres créations. Beaucoup mieux que de finir dans une vitrine. Ainsi, comme il a été décidé en AG, le matériel et les instruments de Scarlett seront vendus aux enchères, et chaque enfant gardera une autre partie des instruments qui appartenaient à leur père.

Édit : Y. Bergheaud a souhaité m'indiquer qu'il participait à l'AG, mais juste avec le droit de faire des observations. Je complète par un commentaire.

A très vite!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #bibliographie, #2023 après

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Publié le 2 Décembre 2024

bonjour,

Merci de votre fidélité, vous êtes plus nombreux, depuis..., mais nous essayons toujours d'assurer un service de qualité.

En formule Brasserie, ce jour, menu unique:

- Poisson du lac : de Genève, le Sirkis amer

 

 
A Geneve, Interrogé par le muratien Yann Zitouni, Nikola se plaint toujours du traitement que certains lui infligent... au contraire de Murat, qui aurait aimé Indochine... Cela reste peut-être à démontrer, il a plutôt dit qu'il avait de l'estime pour Sirkis.
 
Le Matin Dimanche, no. 23741
Cultura, dimanche 24 novembre 2024

Dédié à Jean-Louis Murat

Il est aussi dédié à Jean-Louis Murat, chanteur disparu en mai de la même année et avec lequel Sirkis avait déjà collaboré. « On avait prévu de travailler ensemble sur une nouvelle chanson. » Il se rappelle ce concert collectif organisé en hommage à Murat, auquel il a participé. Il se rappelle aussi la façon dont le magazine « Les Inrockuptibles » a couvert l'événement. « Selon eux, je ne pouvais pas aimer Murat et Murat ne pouvait pas m'aimer. Donc ils ont effacé mon nom, comme si je n'avais pas été là. On a toujours rangé Murat dans une niche, c'était l'artiste d'une intelligentsia. Eh ben, non! Il aimait Mylène Farmer et il aimait Indochine. C'est ça que j'aimais bien chez ce mec-là, il n'avait pas d'œillères. Et il disait beaucoup de choses dont j'appréciais la justesse. »

Murat et Erwin Olaf sont partis, le propre père de Nicola Sirkis s'en est allé il y a trois ans et il a récemment perdu sa belle-mère. Une chanson sur cet album (« Annabel Lee ») salue sa mémoire et, curieusement, c'est une chanson dont le texte est très clair, très direct, alors que Sirkis reconnaît lui-même que son écriture est souvent opaque.

 

- Plat léger ou pesant selon les estomacs:   un morceau de Jaguar, froid (Cold wave).

Varsovie est un groupe de Grenoble formé en 2005, je ne crois pas en avoir jamais entendu parler mais il bénéficie semble-t-il d'un réseau européen underground et punk rock, avec des labels et des salles. Ils jouent ainsi dans toute l'Europe, récemment à Turin... en chantant la plupart du temps en français . On trouve ainsi une chronique du disque sur un site polonais, et leur page fb affiche plus de 5000 likes.

Et ils nous proposent donc la chanson la plus punk du répertoire de Murat... pour rendre hommage à ce morceau de bravoure. C'est repris assez sagement (fidèlement mélodiquement), avec la voix un peu en retrait,  mais le final apporte de belles variations, notamment par l'apport de plusieurs guitares me semble-t-il (c'était toujours chouette quand Murat était accompagné de Pie ou d'Alex Delano avec une 2e six-cordes).

Disponible en CD avec cette belle photo de nos montagnes. On trouve aussi une reprise de Joy Division et là encore, choix peu surprenant dans le répertoire de Bashung: "Légère éclaircie", tant ses morceaux peuvent coller à l'univers dark et punk du groupe.  Les 5 compositions du disque m'évoquent Noir Désir, notamment par le chant.

Vu que nous garantissons l'origine de nos produits, voici la traçabilité, un petit mot du producteur spécialement pour vous, confirmant l'humilité de la démarche:

Jean-Louis Murat n’a jamais été une influence directe pour Varsovie, mais nous accompagne depuis longtemps, notamment sur la route à travers l’Europe, avec sa capacité à produire des images marquantes, hors des sentiers, et à fixer des saisons mentales particulières. Le lien entre Murat et Varsovie est plus à chercher dans l’atmosphère et l’impact de la langue française dans un style où elle n’est pas la norme. Aussi, plus généralement, pour le côté « périphérique », à différents niveaux. 

Personnellement, je l’avais découvert ado, comme beaucoup de gens, via son duo avec Mylène Farmer pour « Regrets », puis j’ai commencé à suivre sa musique, de loin, à partir de l’album « Mustango », surtout les chansons « Nu dans la crevasse » et « Au Mont Sans-Souci ». Le véritable coup de foudre est venu plus tard, avec « Lilith ». À partir de là, j’ai commencé à creuser sa discographie et à attendre ses nouvelles sorties. Bref, selon nous, Murat est l’un des plus grands musiciens français contemporains avec Bashung, Manset et quelques autres. 

À la suite de l’enregistrement de notre 5ème album « Pression à froid », nous avons eu l’idée de faire des reprises pour un EP futur. Le disque « Déviation » est finalement sorti le 28 novembre 2024, avec quelques bonus. Nous avons choisi « Les Jours du jaguar », car la chanson nous semblait évidente. Son groove crépusculaire, son texte, son côté déjà quasi post-punk, le défi de chanter « bébé féroce » ou « petite guêpe personnelle »… Nous ne voulions pas nous éloigner de l’originale, mais simplement la jouer à notre manière, de façon un peu plus frontale, à peine moins détachée. 

En soi, elle est inutile, dans le sens où elle n’apporte pas grand-chose par rapport à celle de Murat, mais nous tenions à l’intégrer à cette poignée de reprises aux côtés de Bauhaus, Joy Division, Bashung et Siekiera qui nous ont accompagné tout autant ces 20 dernières années, et ce, bien avant d’apprendre sa mort, puisque la décision avait été prise deux mois avant. D’une évidence strictement artistique, c’est devenu une sorte d’hommage accidentel. 

Pour l’anecdote, Greg l’avait brièvement croisé à la sortie de l’un de ses concerts, il y a plus d’une dizaine d’années et lui avait donné un de nos albums. « J’écouterai ça dans la bagnole ! » avait-il lancé, avant de partir. Nous n’avons jamais su s’il l’avait écouté ou non, s’il l’avait détesté ou non, pas plus que nous ne saurons ce qu’il aurait pensé de ces « Jours du jaguar » affectueusement défigurés. 

Arnault Destal / VARSOVIE

Merci Arnault!

 

 

Sucré:

Le reportage de Fr3 est en ligne depuis une semaine, après sa diffusion mercredi (jeudi à la première heure plutôt).

Je n'ai pas vu grand chose dans la presse: Une petite annonce  dans LYON POCHE , un autre dans 7 jours à Clermont   et sur le site de France 3, une interview du journaliste Richard Beaune (mais il ne dit rien de plus que dans celle qu'il nous a accordé).

Replay

LA MIGNARDISE PERRIMEE EN PLUS 

 

Il n'y aura pas de réouverture pour cette autre Notre-Dame:  Françoise. Hardy. 

Je suis tombé sur ça par F. Demailly (RFI, 11/06/2024)

« J'adore son caractère d'ado chiante », nous avait confessé Jean-Louis Murat. On avait alors joué les messagers. « C'est mon côté saturnien ça. On sait que les gens qui sont nés à la culmination ou à la levée de Saturne ont une fixation au stade de l'adolescence ». L'écouter répondre ça un après-midi de mars 2010, allongée sur le canapé de son appartement du XVIe arrondissement parisien, ce n'était pas rien.

Et puisque j' y suis: une petite Bibliographie: 

 

Au menu du jour:   Sirkis amer,  Jaguar secoué façon Varsovie, et  dessert
Au menu du jour:   Sirkis amer,  Jaguar secoué façon Varsovie, et  dessert

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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Publié le 2 Novembre 2024

- Allo, Florence? La tuile! J'ai beau avoir précommandé le livre de Chloé Mons depuis des semaines, on m'annonce une livraison pas avant mi-novembre! Je ne veux pas te forcer la main, et ne te tire aucun coup de C. Mons, mais vu qu'elle est en showcase (avec Yan Péchin!) en bas de chez toi, ... ou presque... tu pourrais te charger de la chronique! C'est vraiment pas du plein gré de mon insu. Et en plus, si j'en crois le ministre, tu es sans doute en arrêt maladie, ça t'occupera!  Ah, tu n'es pas malade? En vacances? Ah,  c'est soit l'un soit l'autre! Allez, ne râle pas! En plus,  tu trouveras le moyen de parler d'Alain Klingler! Bon, non, si tu veux, je te fais l'intro soignée, avec des italiques et des points virgules.

 

- A Avignon, en juillet dernier, Chloé Mons, croisée au spectacle d'Alain Klingler qui l'a mise en scène à deux occasions (et ce n'est peut-être pas fini),  nous parlait de son prochain livre dans lequel il serait question de Jean-Louis Murat (ils chantaient ensemble  un duo sur l'album Hôtel de l'univers en 2018). Le livre s'appelle Spacing, Date de sortie : 18/10 (éd. Mediapop). Chloé sera le 18/11 à la librairie L'écume des pages, boulevard Saint-Germain à Paris, et exposera ses photos au Séchoir à Mulhouse, du 8/11 au 8/12 (9/11 rencontre dédicace). 

A toi, Florence!

Alain Bashung, Daniel Darc, Claude Rich, Jean-Louis Murat… A feuilleter ce livre, ce qui vient d’abord peut être la mélancolie, tant il est peuplé d’absents. Pourtant il y a une façon de les porter en soi, et de les donner à voir, pleinement vivants, vibrants. Dans ce livre tout en mouvement, les images du passé sont définies comme un « point de fuite » : un lieu où retourner, où s’animent ces instants fixés. Chloé Mons, avec de nombreuses photos et de courts textes qui les situent, les prolongent, les déplient, fait surgir, bien présents, des moments denses, pleins, des situations, des êtres aimés. Une anecdote, un bref récit, une simple légende, et nous apparaissent Doudou le garde du corps, ancien du gang des postiches ; les tournées avec Yan Péchin ; Margaret, une ancêtre roumaine morte à 104 ans qui « commençait ses journées avec un tout petit verre d’eau de vie et une cigarette fumée à toute vitesse » ; la tante Betty, sa déclaration dans un livre de bibliothèque à celui qu’elle aimait, les séjours émerveillés de la jeune Chloé avec elle à Paris ; les parents, la maison en Bretagne ; Poppée sa fille, bébé, adolescente, jeune adulte ; et évidemment, Alain Bashung, les tournées, les chambres de l’hôtel Blakes à Chelsea, « les moments amoureux » ou le mariage en Bretagne.

(Portraits, photos de groupe, maisons, paysages, lits défaits dans des chambres d’hôtel, témoins précieux de moments de vie, et ferments de la mémoire. Lisant parallèlement Spacing et Archipels d’Hélène Gaudy, enquête de l’autrice sur son père pour faire resurgir des souvenirs des objets accumulés et des paysages traversés, je suis frappée malgré tout ce qui les sépare - projet, écriture - des échos entre ces deux ouvrages, qui tissent un lien si serré entre la géographie et l’intime, qui ont choisi la forme fragmentaire pour travailler sur la mémoire, des « archipels » d’Hélène Gaudy aux « bulles » de Chloé Mons ; frappée de lire dans Archipels cette réflexion qui me semble résonner avec la géographie de Spacing : « La plupart des lieux traversés disparaissent, mais il y en a qui surnagent. Rien d’extraordinaire. Un album intérieur constitué d’images fixes qui font notre mémoire.

Je crois que ces paysages de passage, de vacances, ces jardins tranchés en deux par la lumière, ces morceaux de mur face au lit où l’on dort ou ce fatras d’objets tout au fond d’un tiroir, profondément nous constituent. Je crois que c’est à cela que tout le reste s’accroche, qu’il n’y a pas de souvenir de l’amour sans celui du drap où la joue repose, rien de l’enfance sans la fenêtre d’où l’on a regardé passer les voitures, aboyer un chien, et rien de ceux qui manquent sans le lieu qu’a marqué leur absence. »)

Bien sûr qu’il est chargé d’émotions ce livre, avec ces instants d’intimité heureuse, ces jalons sur les routes et chemins, photos prises sur le vif, pour, dit Chloé Mons, « ne jamais oublier », « essayer de capturer » un moment, une sensation. Bien sûr qu’il dit, avec une très grande simplicité et beaucoup de pudeur le chagrin des départs et des déchirures. Mais reste de ceux qui sont partis un lien jamais défait, et tout ce dont ils nourrissent les vivants, évoqué avec une infinie tendresse. « J’aime penser à elle » dit Chloé Mons, à propos de l’aïeule roumaine centenaire. Alors, une photo de fête dans le jardin de la maison familiale rappelle le jour où les cendres du grand-père Pop, tant aimé, ont été dispersées au cap Gris-Nez. La photo de la main de Chloé sur celle de son mari qui vient de s’éteindre est suivie du récit amusé des tribulations de sa tombe. Le « dernier voyage » de la tante Betty est l’occasion de la peindre par petites touches, de dire ce qu’elle aimait écouter, le dernier livre qu’elle a lu.

Reste surtout le mouvement de la vie, son élan. « Désirant », s’intitule le dernier chapitre. Dans ce livre qui travaille l’espace plus que le temps et fait fi de la chronologie, il n’y a de fixe que les images photographiques – et encore, tant elles sont aimantées par un ailleurs, un hors-champ. Grands ciels, vastes perspectives, routes et voies ferrées s’étirant au loin. Photos de gares, de tarmacs ; sur des quais, des bords de routes, en voiture. Instantanés d’avant ou après concert, souvenirs de famille, les deux mêlés au cours des deux dernières tournées d’Alain Bashung, dans les bus, les avions, les restaurants, les chambres d’hôtels. En Inde, aux Etats-Unis, Argentine, Italie, en Roumanie sur les traces de ses origines, seule ou en famille, Chloé Mons dit ses rencontres, ses découvertes et ses rituels, glane des détails, camion, pieds d’un vendeur en Inde, magasin de disques près du marché de Mysore. Et tout ceci se dépose, au retour, dans un foyer qui rayonne de cet ailleurs. Chloé montre la maison de ses parents, remplie d’œuvres d’art et d’objets du monde entier, témoins d’une inlassable curiosité, fondatrice pour les enfants qui grandi dans cette « merveilleuse accumulation ». Elle décrit la sienne comme le lieu où se modèle, se façonne, se transforme ce qui s’est vécu au loin.

 

Partir, dit en effet Chloé Mons, c’est toujours vivre une initiation, pouvoir être tout émotion et sensations, s’ouvrir à l’imprévu. C’est se ressaisir de sa propre existence, et le livre montre comment ce décentrement, cette liberté, ces rencontres nourrissent une quête de soi, et une quête artistique. Mais le voyage est aussi métaphorique, aventure et désir, image de la vie amoureuse, de la vie d’artiste ; image de ce que produit en nous une œuvre.

Ces instantanés autobiographiques, ces portraits éclatés, cet art de vivre et cet art poétique intimement mêlés, sont à la fois très émouvants et toniques : le livre entraîne dans son élan, son allant. A l’image de la dernière photo, Chloé avançant avec sa valise, un inconnu semblant venir à sa rencontre. Ou du dialogue avec l’artiste Myriam Mechita, rencontrée peu de temps avant : « “on part à Vegas et on va dans le pays des Indiens ?” Et on est parties. »

 

Chloé fait resurgir le souvenir de déambulations - bien moins lointaines :

Bibliographie :   Chloé par MONS et par vaux dans "Spacing"Bibliographie :   Chloé par MONS et par vaux dans "Spacing"

 Pochoir (cliquez pour le voir entièrement) de Miss Tic, rue de Pixérécourt, Paris 20ème, 1999

 

Et Jean-Louis Murat, alors ?

Il est, dit Chloé Mons, « l’image manquante » de ce livre : ne reste que la trace sonore de la chanson partagée. Alors elle lui écrit une longue lettre. Elle raconte quelques rencontres, sa présence, sa chaleur, et son apparition providentielle au hasard d'une terrasse parisienne : à un moment de doute dans son engagement artistique, Chloé y voit le signe qu'elle attendait... Et comme à chaque fois, elle est repartie « heureuse ». A elle aussi, il manque.

"Cher Jean-Louis,

Il n'y a pas d'image de nous. C'est l'image manquante de ce livre. Pourtant, vous y avez votre place, votre moment, sur cette drôle de route qui est la mienne.

La première fois que nous nous sommes rencontrés, c'était à la sortie d'un festival, sur un parking. J'étais avec Alain et le staff de la tournée et vous aussi vous étiez avec votre staff. Nous avons échangé quelques mots et vous avez été d'emblée chaleureux avec moi...." 

La suite à lire dans Spacing...     [...]

Mais notre image est ici noir et blanc et le temps d'une chanson, "3 minutes".

Merci Florence!

Petite remarque finale: nous ajoutons donc le livre Spacing au dossier "Murat/Bashung" comme une pièce à conviction,  à décharge dans le "petit" procès intenté parfois à Murat concernant Alain B, même s'il devrait y avoir  non lieu depuis :

(faut peut-être que j'arrête de lire du Connelly moi).

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Rédigé par Florence

Publié dans #bibliographie

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Publié le 20 Septembre 2024

Je commence à avoir une petite collection de livres de souvenirs de journalistes (Barbot, Bigot...) et c'est bien parce que c'est vous - chers lecteurs - que j'en fais l'acquisition... même si je garde quelques bons souvenirs (notamment de celui de Manoeuvre - mais qui pour le coup ne parlait pas de Murat).

                                      LA JOLIE COUV EN DOUBLE PAGE

Et en cette rentrée littéraire, c'est François Armanet qui y va du sien, après avoir épuisé (en film et en livres) le sujet de la bande du drugstore dont il a fait partie...  Epuisé ?  Pas tout-à-fait car il en est encore question plusieurs fois dans ce nouvel ouvrage (pour Dutronc avec une anecdote amusante,  Gainsbourg - les deux chanteurs ont cité "les minets" ou le drugstore dans des chansons - ou encore à propos de Godard). Cela révèle que l'exercice est comme prévu un peu nombriliste.

Passé par Libération et le Nouvel-Observateur, F. Armanet n'était pas un journaliste spécialisé "musique".  D'ailleurs, il l'indique en démarrage, c'était les "rencontres" qui l'intéressaient, et ses fonctions lui ont permis de s'en réserver de très belles... lui qui  est proche de Manset.  D'ailleurs, ce dernier, Bashung, Christophe, Murat c'est ses "4 mousquetaires".  Et c'est pour ça notamment que le blog a déjà eu l'occasion de parler du journaliste, avec la rencontre (à relire ici) qu'il a organisée avec Raphaël (lui aussi proche de Manset).

C'est d'ailleurs ceci qui lui permet de nous raconter sur deux pages une anecdote particulièrement savoureuse sur les 4 1/2 consacrées à Murat (un des chapitres le plus court). Où on le retrouve dans son rôle favori de duelliste... mais au sens propre ! François avait convié Jean-Marie Périer (un autre copain de la bande des années 60) pour immortaliser la rencontre avec Raphaël pour le Nlle-Obs. Clic-clac, c'est dans la boite... mais le lendemain, l'attachée de presse, puis le directeur du label l'appellent pour lui demander de ne pas publier la photo qui ne plaît pas à Murat... quitte à renoncer aux quatre pages dans le grand hebdomadaire ! François décide d'appeler lui-même Jean-Louis Murat qui ne veut rien entendre ("j'ai le droit de ne pas aimer ma gueule", "j'envoie des autoportraits à la place"...) mais Armanet ne veut pas faire d'affront à son pote photographe et ne cède pas... pas plus que Murat. Le journaliste imagine le chanteur jubilant de ce petit clash... François clôt le discussion en provoquant en duel le Maréchal Murat ! "- Ok, tu choisis les armes, nous aurons un même témoin Bayon, cela simplifiera les choses"... (Bayon qui a écrit un livre avec lui - tout comme E. Quin, on est entre muratiens  - et mari et femme -je le découvre-). 

Armanet publiera la photo...  Plus tard,  ils se retrouveront en loge, grâce à Bayon... et s'enlaceront chaleureusement.

La photo du courroux :

Air fatigué effectivement... même si on peut aussi penser que s'afficher avec le jeune premier dans son dos prêt à faire son Ravaillac ne lui plaisait pas non plus.

 

Le reste des quatre pages évoque joliment Murat, mais sans grande surprise. Extrait :

 

 

 

Armanet nous annonce le roman d'un journaliste, un titre accrocheur, mais on n'échappe pas à quelques  longues reprises d'interview sur plusieurs pages, sans parfois de réelle valeur ajoutée, même si les propos sont souvent de qualité  et on une dimension patrimoniale (Elli Medeiros et sa rencontre avec le punk anglais...). Les autres chapitres sont plus faits de souvenirs et de propos (biographie ) sur les artistes ou des mouvements / tendances (punk par exemple). Un peu inégal, même si on retrouvera bien-sûr quelques  anecdotes.

Le livre ne parle pas seulement de musiciens, il est aussi question d'une rencontre entre Déon et Jim Harrison, de Jackie Chan, Crumb, Godard, Le Carré, Tournier...

Côté musique, on retrouvera le récit de F. Hardy sur son amoureux éperdu : Bob Dylan.. mais aussi Cohen via D. Issermann, des rencontres avec Jagger, Rotten, Madonna...  On pouvait s'attendre à des pages intéressantes sur Manset, mais c'est un peu décevant (la rencontre avec Bashung avait déjà été contée  il me semble). Il est question du Route Manset (avec Murat) dont Armanet est un des acteurs avec Bayon et Bigot. Je retiens la mention : " de quoi parle-t-on? [...] jamais de "sexe" (tabou)"*. 

Pas sûr que les spécialistes y apprennent grand -chose, mais peut y prendre plaisir, comme on en prend à la lecture d'un magazine ou d'un mook, plus exactement.

 

*A mettre en parallèle avec l'évocation d'un fameux chanteur culte par Franck Maubert dans Les uns contre les autres (chez Fayard)... mais là, c'est un vrai roman...

Vous savez quoi? le Roman d'un journaliste: 

Date de parution

05/09/2024

Editeur

Table ronde

Collection

Vermillon

Nombre de pages

368

 

 

LE LIEN EN PLUS EN TROIS MOUVEMENTS

- A Avignon, Chloé Mons croisée au spectacle d'Alain Klingler nous parlait de son prochain livre dans lequel il sera question de Jean-Louis Murat (il avait accepté de chanter un duo sur son album Hôtel de l'univers en 2018). Le livre s'appelle Spacing, c'est pré-commandable. Date de sortie : 18/10 (éd. Mediapop).

Les souvenirs sont des bulles.
Des mondes indépendants irisés, évoluant dans la mémoire sans loi ni ordre.
Spacing, c’est cet espacement, quand le temps et l’espace se dilatent, quand les visions du passé s’étirent comme les nuages, en perpétuelle mutation.
Ainsi, ce livre est un voyage dans l’espace et dans le temps, un voyage dans les voyages de ma vie, quelle que soit leur forme : intérieurs ou extérieurs, intimes ou géographiques,
artistiques ou amoureux. Parfois carte du tendre,...

 

- Frederic Couderc, auteur de Hors d'atteinte, roman, qui vient de sortir en poche (POCKET) nous signale que Jean-Louis Murat est en épigraphe du livre ("je me souviens")... ce dernier étant son "idole absolu".

 

Merci à Pierre Krause... qui nous propose dans le même temps un sujet de dissertation:  Voici ce qu'il affirme sur babelio  "J'aime tous les gens qui aiment passionnément Calvin & Hobbes comme j'aime tous ceux qui aiment Bob Dylan ou Jean-Louis Murat dans la musique ; Audrey Hepburn au cinéma ou Peter Falk à la télévision. Il existe quelques communautés informelles et invisibles qui ont plus de sens que les relations physiques, amoureuses ou amicales".

Même si j'évoque régulièrement la communauté muratienne, c'est au fond "plus que de raison",  mais l'affirmation de Pierre Krause tend à expliquer peut-être ce qui s'est vécu aux "Week-end Murat"... 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #bibliographie

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Publié le 28 Mai 2024

bonjour,

je joue parfois au Patron de presse en revêtant mon costume en velours élimé de Paulo mais je reste assez mauvais :  alors que l'événement de  la décennie future se déroule peut-être, offrir en une  uniquement un article tout pourri (suite à un couac de "cache" et une incompétence crasse)... et de découvrir que vous étiez venu en nombre chercher des infos le samedi, et le dimanche.  Mais à vrai dire, c'est tout moi! Et on ne va pas me refaire!  A la fois, dans mon affirmation de blog ranchero - j'ai souvent utilisé ce terme- (5 minutes pour penser, 5 minutes pour écrire?), et aussi parce qu'il est -normalement*-  hors de question de me gâcher la vraie vie pour ça.  C'est pour ça que je me suis retrouvé à crapahuter à Roches-Charles plutôt que d'assister à une table ronde qui de toute façon n'allait pas apporter grand chose, et que c'est hors de question de me gâcher le concert en étant sur les réseaux sociaux.  Et ça me permet peut-être de lutter contre cette idée qui semble répandue que je serais le plus grand fan de France, ou spécialiste.. Je refuse totalement ce titre! Merci quand même aux quelques personnes que j'ai croisées (merci Frank L, Julien...) et qui m'ont parlé du blog.  Je suis toujours touché, et ça permet de repartir.  

*normalement parce que ça déborde  en flyant devant la coopé ou me consacrant beaucoup au Week-end.

 

1)  Ca a tendance à me filer le bourdon, à me rappeler le "bon vieux temps" des sorties d'albums, et surtout en voyant les chiffres, mais la réédition du PARFUM D'ACACIA en vinyle permet à Jean-Louis de se classer dans le top album (vente physique). 46e  avec 192 ventes. Il reste donc après 3 jours, 308 exemplaires à trouver. 

 

2) 

Allez, on continue sur une  autre série d'articles après celle d'hier...  mais avant, vous pouvez télécharger le dossier de presse de la soirée. 

 

- Priorité à M. Varrod, - merci, Didier! selon la tradition - 

En 2014, à la coopé, me et Matthieu, M. et... Didier. 

Tout le monde n’est pas sur la photo mais quoiqu’il en soit ce fut une merveilleuse photo de famille. Celle d’un soir, tous réunis pour @jeanlouismurat. Une succession de symphonies pastorales qui ont cette grandeur de souffler sur nos coeurs d’humbles mendiants qui cherchent désespérément, sur ses traces paysannes à fréquenter la beauté. Des moments partagés, des matins seuls, des nuits sans sommeil à chialer sur nos vies intérieures dérangées, des châteaux en espagne, des mammifères déchus, montagne(s), gardien de troupeau, Babel & Delano orchestra à 11 h du matin en direct pour les 50 ans de @franceinter, Calexico, regrets, Mylène, Camille, Jennifer, Marie, Isabelle, Morgane et d’autres encore, Clermont Ferrand le 25 mai 2025, le goût du désespoir que donne les chansons parfois, pas de manteau de pluie hier soir dans son pays d’Auvergne, et tout simplement beaucoup de vie et d’intensité à le faire vivre, venus en bouquets de mémoire, cette voix a capella, un ange en vadrouille dans les cintres de @lacooperativedemai, Denis Clavaizolle, une vie, mille vies plus exactement, c’était bien d’être là j’en suis persuadé et puis de repartir. Se souvenir alors de ma clé d’entrée dans son univers « suicidez vous le peuple est mort », 1981 retaillé hier avec une incroyable vitalité, visionnaire et moderne, par les délicieux @par.sek qui m’ont offert de revivre la virginité de cette passion dévorante et naissante… La possibilité ultime toujours du silence dans la musique. Photos Thierry Nicolas @lamontagne.fr Clfd_capture pour @par.sek et moi même pour le reste…

 

- LE PARISIEN,  chronique du concert, 26/05/2024

Sirkis est arrivé juste avant le concert et n'a pas fait de balance, ce qui explique le petit souci de démarrage peut-être... Pas facile pour lui de passer après la séquence "je me souviens" a capela de Jean-Louis Murat. C'était presque incongru, en tout cas, c'était glissant (savonner la planche, on dit?). On ne reviendra pas sur l'histoire des Salingers...

Nicola Sirkis, Jeanne Cherhal, JP Nataf... Ils ont rendu un magnifique hommage musical à Jean-Louis Murat

Genevieve Colonna D'Istria

« Te garder près de nous. » Telle était la promesse des nombreux artistes venus saluer la mémoire de Jean-Louis Murat, samedi 25 mai, à la Coopérative de Mai de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). À l'occasion du premier anniversaire de la disparition du chanteur, mort d'une embolie pulmonaire le 25 mai 2023, à l'âge de 71 ans, ils s'étaient donné rendez-vous en Auvergne, terre natale chérie du poète aux yeux azur. Sous la houlette musicale de Denis Clavaizolle, ami fidèle et historique collaborateur de Murat pendant trente ans, artistes et musiciens de toutes générations se sont succédé sur scène pour honorer l'artiste.

Dans une salle pleine à craquer (« On aurait pu la remplir dix fois », assure la Coopé), les fans de Murat ont répondu massivement à l'appel. « On pourra se dire, le 25 mai 2024, on était là », se réjouit Pascale Clark, venue prêter sa voix pour quelques interludes entre les chansons. « On m'a proposé de participer d'une façon ou d'une autre, confie l'ex-journaliste de France Inter en marge du concert. Je l'ai beaucoup interviewé dans ma carrière. C'était un peu un running gag entre nous. Avec lui, il fallait s'apprivoiser. Ce n'était pas un ami, mais chaque rencontre était intense. Rien à voir avec des artistes en promo au ton monocorde qui rabâchent toujours la même chose. »

« Je me cache pour chialer »

Durant trois heures, tous les meilleurs morceaux du chanteur iconoclaste ont connu une nouvelle vie, dans une atmosphère de communion et de gravité. Loin d'une triste oraison funèbre, pourtant. « Cette soirée n'a rien de fabriqué, rien d'artificiel. C'est une chance d'être tous là, le jour anniversaire, pour dire à quel point Jean-Louis Murat nous manque », nous confiait Jeanne Cherhal avant de monter sur scène pour interpréter « La Maladie d'amour ».

Même émotion chez Alex Beaupain, appelé pour une reprise de « Fort Alamo » et « Le Train bleu ». « Quand Murat est mort il y a un an, j'ai ressenti une immense tristesse que je n'avais pas ressentie depuis la mort de Bashung. Je ne l'avais jamais rencontré pourtant. J'aurais été trop impressionné, je pense. Mais il est l'un des artistes les plus importants de mon patrimoine, qui m'a donné envie de faire ce métier. Ses chansons pouvaient être lentes, longues et tristes, mais il restait un modèle. »

« Perce-neige », interprétée par Alain Bonnefont, « Col de la Croix Morand », par Morgane Imbeaud, « Le Troupeau » ou encore « Foule Romaine » par JP Nataf, le chanteur des Innocents... Au total une vingtaine de reprises ont plongé le public dans l'univers si complexe de Jean-Louis Murat. Des textes ciselés, des mélodies léchées où transpire souvent la part sombre du poète mais aussi la lumière de ses mots. « Certaines chansons me fracassent à chaque fois. Dans ces cas-là, je me cache pour aller chialer un peu, et alors les autres n'y voient que du feu », susurre Pascale Clark entre deux chansons.

Nicola Sirkis atteint

De tous les artistes à l'affiche, Nicola Sirkisétait peut-être le plus attendu au tournant. Le chanteur star d'Indochine aux 13 millions d'albums vendus, qui remplit habituellement les Zéniths et les stades, s'est astreint à une ascète médiatique totale.

Arrivé une heure avant le concert, il n'a pas participé aux répétitions et n'a souhaité donner aucune interview pour ne pas éclipser l'hommage à son ami de toujours. « Il tenait absolument à être présent mais uniquement pour Jean-Louis. Il ne veut pas détourner la lumière », avait prévenu la Coopérative de Mai. Monté sur scène en toute fin de spectacle pour une interprétation émouvante de « J'ai fréquenté la beauté », Nicola Sirkis est reparti sans faire aucun commentaire, comme atteint en plein coeur.

Dans un dernier élan, tous les artistes sont remontés sur scène pour reprendre collégialement « Le Lien défait ». Reste à savoir si Jean-Louis Murat aurait apprécié cette soirée hommage, lui, l'artiste sauvage au caractère ombrageux. « Je ne sais pas, sourit Jeanne Cherhal. Sur le principe, je ne pense pas, mais sur le résultat, j'ose croire que oui. » Celui qui disait toujours « j'aime qu'on ne m'aime pas », aurait été bien contrarié samedi.

 

- Interview radio de JP Nataf, Florent Marchet et Morgane Imbeaud sur Radio Totem:

Vraiment touchant JP, qui a fait la surprise de nous sortir une chanson de la série Gilets Jaunes, autour de moi, on voyait les gens s'étonner: mais ça sort d'où ce truc?  Florent Marchet aussi qui révèle pourquoi il a fait "le monde intérieur" un peu relevé: Pour ne pas être envahi par l'émotion. On peut rappeler qu'il était le seul des artistes parisiens à être venue à l'enterrement.     Salutations à Hiver Pool dont la version du monde intérieur était tout aussi, si ce n'est plus, réussi et à l'ami Gontard. J'aurais aimé entendre en live sa version du Troupeau.

https://www.radiototem.net/rencontre-avec-trois-des-artistes-du-concert-hommage-a-jean-louis-murat

 

-  FOCUS, le magazine belge qui avait fait de Murat son rédacteur en chef en 2014 (ici et ). Double page au 23/05

 

 

- Interview de Pierre Andrieu, dans l' Echo républicain et Eveil de la Haute-Loire, dimanche 26 mai

ON RAPPELLE QU'IL SERA PRESENT AU WEEK-END MURAT, Yes sir! et vous pourrez acheter livres, et disques grâce aux VOLCANS qui seront là ! Il sera également possible de se procurer le livret de la conférence de l'an dernier (de Pascal Torrin), et un livret retranscrivant une foule d'interviews télé et radio de Jean-Louis Murat.  Prévoyez de l'espèce.

Pierre Andrieu : « Jean-Louis Murat était un génie »

« Murat était un génie. Malheureusement, pour ses coups de gueule et une productivité trop importante, il a été pris en grippe par certains journalistes et professionnels du milieu [] Je pense que ses chansons sont là pour rester. On l'a souvent dit ou imaginé ultra torturé, il était également marrant, attachant, sympa, etc. Je voulais raconter cela ». Pierre Andrieu, chroniqueur pour Plugged et pour le site Concert & co.com a écrit Les jours du jaguar, 200 pages autour de JLM; une plongée choisie, avec celles et ceux qui ont côtoyé au plus près l'artiste auvergnat.

Pourquoi écrire Murat ?

J'avais eu l'idée voilà déjà une dizaine d'années alors que je l'avais rencontré plusieurs fois. J'avais envie de continuer à faire des interviews et de parler de choses dont il ne voulait pas vraiment parler dans ce cadre, de prendre du temps, d'aller plus loin. Mais sur la fin, comme il voulait de moins en moins parler et particulièrement à moi car il privilégiait les gros médias, j'avais mis ce projet en sommeil. Mais le sujet Murat m'a toujours passionné.

Le livre d'un fan ?

Oui, en quelque sorte. Car j'aime ce qu'il a fait et que je l'ai vu souvent en concert. Mais c'est le bouquin d'un journaliste aussi car, d'une part, il y a des interviews et, comme il le raconte dans le livre, « mes fans aiment toujours ce que je fais »; moi ce n'était pas le cas. J'ai fait le choix, à mon avis, d'évoquer ses meilleurs albums.

Très subjectif tout ça.

Oui, complètement. Mais c'est vraiment en cela que ce n'est pas un livre de fan. Cela dit, comme j'ai bossé neuf mois en réécoutant beaucoup d'albums, je me suis rendu compte qu'il y avait aussi sur des disques que j'avais considérés comme mineurs, des choses très intéressantes.

A côté de quel album étais-tu passé par exemple ?

Passion privée - juste avant Cheyenne Autumn - par exemple. Mais il y a Grand lièvre également qu'aujourd'hui je considère comme un chef-d'oeuvre dans la lignée de Toboggan. Ces albums faits à la maison. Certains trouvent que ça sonne comme des démos mais moi je pense qu'il s'agit presque de ces meilleures productions; on a l'impression qu'il est là à chanter juste à côté de nous, je trouve ça super

Qu'est-ce que tu as découvert à travers l'écriture de ce livre, que tu n'imaginais pas

J'ai toujours cru, par exemple, que le premier groupe, Clara , comme me l'avait expliqué Jean-Louis Murat, était celui fondé par son ami Alain Bonnefont Or non, ça a toujours été le groupe de JLM.

Et l'interprétation de cela ? Timidité ? Forme de fausse modestie ? Quoi ?

Selon Marco l'un de ses meilleurs amis que j'ai également rencontré pour le livre, ça raconte que parfois il décidait de ne dire que des conneries au journaliste qui était face à lui. Par jeu presque. C'était l'humeur du jour, il avait envie, c'est tout. Sur les interviews de Laure et Marie, on apprend beaucoup de ce qu'il était, ses doutes, le soin qu'il prenait pour les enregistrements Il disait également que les chiffres des ventes ne l'intéressait pas, il les suivait quand même d'assez près. Je pensais savoir pas mal de choses, c'est pour cette raison que je me suis permis d'écrire un livre, mais j'ai également appris beaucoup. Les ingés sons, les musiciens disent aussi beaucoup. Ils sont entrés dans le cercle privé, ont bossé à Douharesse, chez lui, et cela permet de se focaliser sur la création, sa musique. Les gens voyaient plus le personnage public, parfois excessif. Or, on se rend compte qu'il était respectueux, ouvert à l'avis des autres, s'adaptait aux musiciens, donnait sa chance aux jeunes, etc.

Interviewer JLM n'était pas chose aisée. Interviewer celles et ceux qui étaient dans la sphère intime a été

Une itw en amenait une autre. La charge de travail a été énorme. J'ai commencé avec Pascal Mondaz, à propos de Babel, j'avais adoré l'album et je n'avais pas pu faire d'interviews à l'époque. Ensuite j'ai rencontré Fred Jimenez, qui a fait beaucoup d'albums et de tournées avec JLM. C'est d'ailleurs Fred qui me donne en quelque sorte le titre Les jours du jaguar car Jean-Louis adorait ce morceau C'était ausi mon cas. Un morceau très torturé dont il est difficile d'identifier le propos réel

JLM disait de toute façon « mes disques sont intimes et il n'y a que moi qui sait réellement de quoi je parle »

«Je pense que les chansons de Jean-Louis Murat sont là pour rester ».

Les jours du jaguar, Le boulon éditions/34 euros, 202 pages

- Petit mot dans OUEST FRANCE du 25 mai:

 

Jean-Louis Murat est toujours un peu là

Philippe MATHÉ.

Musique. Concert, livres, disque… Disparu il y a tout juste un an, le chanteur auvergnat fait l’objet de plusieurs hommages.

Il nous a pris par (mauvaise) surprise le 25 mai 2023. Un an déjà que Jean-Louis Murat est décédé, à 71 ans.

Son souvenir reste intact, entretenu par sa discographie abondante – trente et un albums répartis sur trois décennies – parsemée de chansons éternelles .Un répertoire que de nombreux musiciens (Nicola Sirkis, JP Nataf, Jeanne Cherhal, Florent Marchet…) vont reprendre, ce soir, à la Coopérative de Mai, à Clermont- Ferrand (Puy-de-Dôme). Un concert hommage complet depuis longtemps.

Pour se consoler, les fans de Murat peuvent se précipiter en librairie. Parmi les ouvrages parus, Foule romaine,d’Antoine Couder, producteur radio sur France Culture (Le Boulon, 128 p., 12 €) ; et, consacré à une chanson de l’album Le Moujik et sa femme (2002), Les jours du jaguar(Le Boulon, 200 p., 32 €) du journaliste clermontois Pierre Andrieu.

Enfin, tout récemment, Le lien défait (Séguier, 208 p., 21 €), de FranckVergeade. Le rédacteur en chef musique des Inrockuptibles a puisé dans la discographie de Murat et dans les nombreux entretiens que le chanteur lui avait accordés, pour retracer un parcours hors norme.

À l’automne 2021, Murat lui avait confié : « J’ai prévenu les enfants : quand papa ne sera plus là, ils auront plein de disques inédits à sortir. »

Compositeur prolifique de son vivant, Jean-Louis Murat va-t-il continuer de nous surprendre après sa mort ? En tout cas, ses fans peuvent déjà se réjouir de la sortie de Parfum d’acacia au jardin.Ce triple vinyle en tirage limité (500 exemplaires numérotés), publié vendredi chez Pias , reprend vingt titres enregistrés en 2003 dans un studio près de Paris.

Des chansons inédites sorties jusqu’ici uniquement sur DVD. Avec Murat, tout n’est pas encore dit !

 

 

 

- Petit encart dans MIDI LIBRE sur le Vergeade:  26 mai 2024

Jean-Louis Murat raconté par une plume

Il y a un an et un jour ce dimanche, Jean-Louis Murat pliait bagage, pas sage, pas l'âge, la rage, merde. Aujourd'hui rédacteur en chef musique aux Inrockuptibles , Franck Vergeade l'a suivi d'abord en amateur, ensuite en professionnel, enfin en ami. Cet ouvrage, précis et intime, sûr qu'il aurait préféré ne jamais avoir à l'écrire. Mais il a dû. En chialant sans doute un peu mais pour le meilleur, et pour le lire : le regard lavé, le chagrin accepté, l'admiration chevillée, s'appuyant sur sa propre série d'entretiens pour Magic et Les Inrocks étalée sur une vingtaine d'années, il rend justice et justesse mieux que personne au parcours de cet antihéros solitaire, érudit et rude, lettré et sensible, à la créativité à l'état sauvage et à la parole indomptée.

Jérémy Bernède

- et une autre chronique sur le site Culture 31:   à lire dans son intégralité sur leur site

Un livre pour le week-end : Jean-Louis Murat : le lien défait de Franck Vergeade
écrit par Christian Authier 24 mai 2024
Jean-Louis Murat : le lien défait de Franck Vergeade

Un an après la disparition de Jean-Louis Murat, le 25 mai 2023, à l’âge de 71 ans, un livre de Franck Vergeade, rédacteur en chef musique des Inrockuptibles, ancien directeur de la revue Magic, rend hommage à l’auteur, compositeur et interprète qui occupa une place si précieuse dans le paysage musical hexagonal. Plus qu’une stricte biographie, le livre est un exercice d’admiration retraçant la longue et riche carrière de l’artiste depuis le groupe Clara, qu’il créa en 1977, à son dernier album, La Vraie Vie de Buck John, sorti en 2021. L’auteur ne néglige pas les projets singuliers, à l’instar de Madame Deshoulières, où il faisait interpréter à Isabelle Huppert des textes libertins de cette poétesse du XVIIème siècle sur de la musique baroque, et exhume des titres méconnus comme ceux remarquables du maxi CD Murat en plein air.

Musicalement, Vergeade recense les filiations, influences et modèles de Murat (parmi lesquels « Leonard Cohen, John Lee Hooker, João Gilberto, Frank Sinatra ou encore Robert Wyatt ») ainsi que ses engouements plus récents, de Frank Ocean à Kendrick Lamar. « C’est sans doute ma passion de la littérature qui explique mon besoin de laisser une trace discographique significative », confiait l’auvergnat à l’auteur. On regrette de fait que cette dimension littéraire ne soit qu’évoquée marginalement quand le fervent admirateur de Flaubert, Baudelaire, Bloy ou Bernanos (pour ne citer quelques-uns de ses auteurs de prédilection) exprimait volontiers ses écrivains de cœur.

Antimoderne

De même, on peut regretter que l’extraordinaire liberté d’esprit et d’expression de Jean-Louis Murat ne se réduise dans le livre qu’à quelques saillies, aussi drolatiques que cruelles, sur Johnny Hallyday ou PNL alors que cette manière d’anarchiste sans œillères et furieusement antimoderne dispersa façon puzzle des cibles plus significatives. En dépit de ses limites, l’ouvrage de Frank Vergeade reconstitue de façon scrupuleuse le parcours de celui dont quelques-uns de ses meilleurs albums (Cheyenne Autumn, Le Manteau de pluie, Dolorès) virent le jour au sein d’une major (en l’occurrence Virgin).

Par la profusion et la permanence de ses inspirations (les sentiments amoureux, la mélancolie, la nostalgie…), la dimension cosmique et sensuelle de ses textes souvent liés à la terre, la nature, les animaux ; Jean-Louis Murat – qui considérait sa discographie comme un « journal intime chanté » – a construit une œuvre dont la qualité, l’originalité et l’intégrité forcent l’admiration. Ainsi, sa voix et ses mots continueront d’accompagner des âmes sensibles qui, de paradis perdus en anges déchus, ne cessent de traquer au milieu des ruines des raisons de ne pas désespérer jusqu’au bout.

- La liberté en Suisse, a fait également un article sur les 3 livres, mais je ne l'ai pas dans son intégralité :

https://www.laliberte.ch/news/culture/musique/livres-trois-publications-consacrees-a-jean-louis-murat-731349

 

LE TRUC EN PLUS 

 Pour ceux qui ne sont pas sur les réseaux sociaux, mes deux seuls posts du week-end :

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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Publié le 23 Mai 2024

Merdum... En jonglant entre l'ordi et le téléphone, l' article n' a pas été publié avec les informations complètes. Je corrige dès que je peux...

EDIT : j'ai remis les informations...

un peu de Murat sur radio Canada, Olivier Adam qui dédie son dernier livre à JLM...

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-culture/l-edito-culture-du-mercredi-22-mai-2024-1817341

Les fans voient se rapprocher ce fatidique 25 mai où ils se souviendront de ce qu’ils faisaient l’année dernière lorsqu’ils apprirent la mort de Jean-Louis Murat.

C’était sa particularité : Murat n’avait pas un public mais un troupeau – ce mot qu’il affectionnait – de fans. Aujourd’hui, il peut être rassénéré puisque ce ne sont pas moins de trois livres qui paraissent pour évoquer l’œuvre et la mémoire du chanteur. Chacun de ces trois livres a des qualités que les deux autres n’ont pas. Toutefois, ma préférence va au plus court et au moins exhaustif d’entre eux : « Foule romaine » d’Antoine Couder. Il y a en effet un parti pris dans le livre de Couder : se concentrer sur l’album « Le Moujik et sa femme » que Murat a sorti en 2002 et dont le morceau « Foule romaine » était le single, avec son refrain farniente.

Je me souviens qu’à l’époque, en 2002 donc, j’avais écrit une chronique plutôt mitigée sur « Le moujik et sa femme ». Je ne pouvais pas encore savoir qu’il s’agirait d’un album charnière dans la discographie de Murat, comme l’explique fort bien Antoine Couder. Au départ, Murat pensait enregistrer aux Etats-Unis. Oui mais voilà, le 11 septembre 2001 est passé par là, si bien qu’il se retrouve dans les Landes à façonner très vite un disque brut de décoffrage, avec peu de production, en formation réduite, ce qui va devenir sa manière de faire pour les vingt années à venir. Et puis, "Foule romaine" n’est pas ma chanson préférée de Murat.

C’est difficile. J’aurais pu choisir "Le Troupeau" justement, ou bien "La fin du parcours", mais j’ai opté pour cette chanson extraite de l’album Taormina publié en 2006 : "Les Démariés", pour sa simplicité, cette façon d’articuler le français qui fait de "Demariés" une fière descendante de l’ancêtre de toutes les chansons françaises, "A la claire fontaine". Et puis surtout pour cette magnifique diérèse, déma-riées, la séparation des syllabes, comme dans "A la clai-re fontaine". Qui nous donne à penser qu’au fond, la mort n’est peut-être que cela : une diérèse…

- Petite séquence sur radio Canada  où on parle de Antoine Coudé et de l'album Lili...   18h25

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/musique/emissions/tellementcourteau/episodes/801601/rattrapage-mercredi-22-mai-2024

 

- Olivier Adam (je vous laisse chercher par vous même les précédents épisodes - nombreux- en utilisant la fonction recherche du blog, ou simplement google : "surjeanlouismurat.com   mots clefs" (c'est le plus simple pour s'y retrouver dans ce -mal- fichu blog).

Il dédicace son dernier livre à Jean-Louis Murat.

 

Rolling Stones de juin et Paris-Match de cette semaine (avec l'erreur sur le Fake des Salingers).

 Et gros NB:

Sur Radio qui qu'en grogne, demain après midi (promenade en chanson): Fifi (Philippe Le Baron, le fidèle technicien.. qui n'a pas voulu s'exprimer ici) et Yann Bergeaud. https://rqqg.fr/ et en podcast durant 15 jours.

Et samedi 17h, sur France Inter, emission l spéciale Murat. 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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Publié le 15 Mai 2024

Voici donc  Le lien défait par F. Vergeade chez Séguier, le troisième livre de cette rentrée littéraire singulière dont la deadline est le 25 mai (ce sale "anniversaire"). Après une première lecture mouvementée, une deuxième  m'a apporté un regard plus nuancé. Le fait est qu'il ne s'adresse pas forcement à moi, ou plutôt ne correspondait  pas à mes attentes. Il saura par contre conquérir le "grand public" et donner envie d'écouter Murat.

 

Certains n'ont pas aimé la photo de couverture, avec un chanteur un peu austère, renvoyant trop à l'image que le public en a, mais Richard Dumas a signé un cliché magnifique, avec les yeux perçants et clairs de Murat, malgré le noir et blanc, et le blue-jean qui nous envoie instantanément en Amérique... alors que celle de Les jours du jaguar de Pierre Andrieu l'ancrait en Auvergne (Marylin et Marianne, comment choisir ?). Quant au titre, reconnaissons la fidélité de F. Vergeade : il citait déjà "Le lien défait" dans ses "dix chansons qu'on devrait tous connaître par cœur" (livre de B. Vignol en 2013 - on y retrouve aussi les choix de Murat qui naturellement ne cite aucun de ses contemporains).

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Après une belle citation de Proust, et un "à Jean-Louis Murat", le livre débute par  : "Tu écriras ma bio quand tu seras mort". On voit avec quel poids sur les épaules Franck Vergeade a dû écrire ces pages, lui qui n'est pas habitué à l'exercice (c'est son premier, et il s'est laissé convaincre par un éditeur1)! Il avait déjà  toute la légitimité :  il est un acteur de la sortie de chaque disque ou presque de Murat, dans Magic et les Inrocks (depuis 1999), lui offrant plusieurs "couv". Mais à vrai dire, peu me chaut :  il faut juger  sur pièce.  Et puis - ah , mais j'ai toujours été tellement plein de soupçons envers Murat -  ce dernier usait sans doute de cette "caresse" amicale auprès de quelques journalistes (Jean Théfaine, Olivier Nuc...). D'ailleurs, après cette information, on pourrait s'attendre à ce que l'auteur nous dévoile une relation d'intimité, mais à part quelques propos "off" (visites post-concert, un passage à Douharesse...), il s'appuie essentiellement sur ses différentes interviews, les archives des Inrocks (seules sources citées), donc du matériel déjà à disposition du public averti (et cela limite donc l'intérêt pour moi).  En tout cas, cette ouverture prête à confusion : j'ai eu tendance à lire le livre comme une biographie... ce qu'il n'est pas tout-à-fait.

 

Dans ce livre, avec quelques illustrations,  Vergeade propose un parcours  discographique complet, sur une base chronologique,  sage2, dans un livre qui s'avère très court3.  Une affirmation au début sonne comme un paradigme : il n'est pas possible de dissocier "la plus belle voix caressante de chansons mélancoliques et l'homme à la langue de vipère. JLM était d'un seul bloc, entier et complexe, profond et impénétrable comme le Massif central4 ".   Cela lui permet donc de laisser très largement la parole à Jean-Louis et  les lecteurs seront contents de retrouver Murat, avec toute sa faconde parfois gouailleuse. Par contre, les multiples mentions des "Inrocks" et les "me confiait-il en ", "me racontait-il en", "me dit-il", "m'affirmait-il", "m'assener une salve", "dans un de mes entretiens", "admettait-il dans la même interview", "affirmait-il", "reconnait-il dans les inrocks", "s'énervait-il" - et je m'arrête à la page 63...  - sont un peu lassants à mon goût (De l'intérêt des notes de bas page, j'en abuserai donc ici).

Ce procédé pose avant tout un problème crucial : les propos en promo de Murat (l'homme public) sont-ils les mieux à même d'illustrer son œuvre ou de parler de lui ? (Olivier Nuc, confraternel, dans Le Figaro du 11/05/24 esquisse la même remarque sur les livres récents : "Murat n'aura cessé de dire tout et son contraire" et d'ailleurs, Vergeade écrit que Murat n'est "jamais à une contradiction près"). En premier lieu, le chanteur  avait  un "pitch", son storytelling,  pour chaque album5,  un discours un peu fabriqué auquel il se tenait souvent (pour le Cours Ordinaire des choses : les musiciens américains si bons par rapport aux français - ça marchait moins pour Babel). Le livre  mentionne trois fois aussi un projet de déménagement à Naples au moment d'Il Francese qui me parait être assez proche des moments où il affirmait vouloir devenir paysan ou arrêter la musique6.   On sait ensuite  que Jean-Louis aimait bien attendre l'interview importante pour lancer quelques propos polémiques (l'auteur cite quelques saillies), et le faire dans les Inrocks, était sans doute une  délectation pour lui7.  Franck parle à plusieurs occasions de "la franchise"(même "absolue") de Murat (je vois que Pierre Andrieu a aussi utilisé ce terme en interview dans Magic hebdo).  La franchise muratienne, c'était celle de l'instant... qui mixait selon lui une volonté de ne pas s'enfermer, de penser contre soi-même, une oralité flamboyante et sans limite, cette  culture (familiale et  auvergnate a-t-il dit) qui est aussi une volonté, de "parler avant de réfléchir" (comme il l'indique à F. Taddéi en 2012),  et selon moi, une mauvaise foi certaine par moment8.  Dès 1990, dans Fréquenstar, il indique  "chaque fois que je pense quelque chose, je pense presque aussi fort le contraire".  Cela implique de contextualiser au minimum ses propos. Ainsi, dans le livre, on retrouve une citation, "J'ai extraordinairement souffert à cause de Marie", qui n'est pas commentée. L'affirmation est certes vraie, mais le côté victimaire de Murat pourrait être mis en lumière (on peut se référer au témoignage de Marie Audigier dans le livre de Pierre Andrieu et ce qu'on savait de leur relation). Autre exemple, plus évident : ses propos contre le groupe de rap PNL sont cités, mais Murat a dit tout le contraire ensuite  (après les avoir écoutés) : "j'adore PNL, si j'étais jeune, je ferais cette musique"9.   Sur cet aspect "franchise", il est aussi décrit comme "refusant obstinément le moindre compromis".   Quid du best of, de son autocensure sur des titres qu'il ne voulait faire paraître qu'à sa mort, des séances dédicaces -"à quoi tu en es rendu mon fils!"-  pour parler des choses plus récentes ?  Ah, la complexité bergheaudienne, très chère à mes yeux ("le mystère Murat", ça a toujours été le seul credo de ce blog)... Morgane Imbeaud parle, elle, de posture... Je revois Jean-Louis Murat réagir avec véhémence à une question sur ce thème de Matthieu Guillaumond que je découvrais  - à la Fnac, Lyon, octobre 2009) . 

 

 Mais revenons-en au livre... 

F. Vergeade suit un fil chronologique mais en réalisant de nombreux sauts spatio-temporels qui lui permettent d'aborder différentes thématiques ou des sujets transversaux. C'est un attrait du livre et qui lui donne un côté foisonnant, riche et astucieux.  Ainsi, le journaliste relie ainsi Clara (dont la promo affichait la mention  "continental rock") au projet "fusée à trois étages"  : Travaux sur la N89, Il Francese et un troisième disque  qui aurait été enregistré dans des capitales européennes10. Je ne sais pas si on avait eu cette information (Murat avait parlé d'enregistrer avec des orchestres). D'autres "sauts" m'ont un peu perturbé  (l'auteur évoque la période du Moujik, et nous voilà avec une phrase sur Angèle - la phrase gentille, Murat dira ensuite des méchancetés). Un autre intérêt, c'est qu'après Andrieu qui préfère Mustango et Lilith, ici, c'est surtout Dolorès qui  est mis à l'honneur, ainsi que Cheyenne autumn.

Voici quelques autres informations (ou plutôt propos!) qui ont retenu mon attention (inconnues, peu connues ou que j'avais oubliées) : une chanson inédite "Vladivostock Tennessee", son idée de partir en Australie en 1984, mais c'est issu d'une interview de 2020 ("Si je devais manquer de toi" est expliqué comme une "lettre à France"), le fait que pour éviter que  la maison de disque se pointe pour l'enregistrement de Cheyenne autumn il ait dit qu'il serait à Cordes-sur-Ciel dans le Tarn alors qu'en fait, c'était le  château de Cordes à Orcival (Christophe Dupouy confirmerait-il?), le projet de disque de reprise de Sade, un tournage de film en Égypte où on le voit chanter en arabe et jouer du luth, l'histoire du titre "New-Yorker",  l'écriture d'un bouquin "qui ne ressemblera à rien de connu..." (son projet de livre sur la Bourboule ?), ou encore  le lien entre Taormina et Talk Talk, les évocations de Murat affirmant : "rééditer Cheyenne autumn, plutôt mourir", ou sanglotant en évoquant Christophe Pie. Enfin, il y a cette anecdote magnifique déjà racontée  (avec une petite variante) par C. Basterra à propos de la maman de Jean-Louis. J'aime aussi lire, à destination de tous les allergiques aux  reprises des chansons de Murat : "chez lui, c'est la chanson qui comptait indistinctement de son interprète"...  même si cette sentence se discute : il a dit reprendre des chansons pour comprendre le travail et le chant de l'artiste. 

Je ne développe pas pour que vous découvriez tout cela vous-mêmes!

 

Si on ressent naturellement le lien que Franck avait avec l’œuvre de Jean-Louis, avec Jean-Louis lui-même, son émotion (le prologue, le récit de l'enterrement et quelques mentions personnelles - la découverte de Cheyenne autumn à 18 ans, l'écoute du "Lien défait" lors de diverses ruptures),  le livre manque à mon goût un peu de singularité et j'ai envie de dire : de diverses sécrétions humaines - pour reprendre le côté dégueulasse cher à Agnès Gayraud (à la différence du livre d'Antoine Couder par exemple, qui ne manque pas de défauts,  mais très incarné, même si les deux ouvrages n'ont  pas du tout le même objet). Alors que les témoignages du livre de Pierre Andrieu dénouent la parole, et font le deuil,  c'est un peu comme si l'auteur n'avait pas voulu, lui, délier le lien finalement... Certes,   Vergeade ose parfois certaines piques, par exemple en qualifiant de "faute de quart" les chansons pour Indochine ou le duo avec Carla (Mais il y aurait tellement à dire sur ces deux sujets... Les Inrocks en 2005 ont fait la couverture avec ce duo... et le 3e titre pour Sirkis à paraître risque de modifier un peu les appréciations EDIT: ce titre était un FAKE! 🤔). Si c'est un livre de commande,  il a aussi un côté "biographie officielle"11 et qui ne s'appuie que sur les interviews Magic ou des Inrocks. Cédric Rouquette  de Magic (8/05/2024) résume :

"l'impossibilité pour l'heure de proposer une biographie en un bloc, nourrie à toutes les sources, assez complète pour poser un regard synthétique, distancé, définitif. Comme si le travail de deuil n'était pas achevé. Comme si, dans toute son espièglerie, Murat avait trop donné, à trop de gens parfois en totale contradiction, pour nous offrir le luxe de le connaître....".   Je trouve cela assez juste mais on ne pouvait pas s'attendre seulement dix mois après sa mort à avoir un tel livre... sans compter qu'il nous manque une partie de l’œuvre, dont les fameuses chansons que Murat n'a pas voulu sortir de son vivant.

Pour finir,  je dois dire que j'ai été agacé par plusieurs petites erreurs. Sans aucune volonté d'être péremptoire, je ne peux pas faire l'impasse, c'est vraiment le job, comme à l'époque apporter la contradiction à S. Bataille même si avec ce Monsieur, c'était une toute autre histoire.  On  avait déjà indiqué ce qui me semble des erreurs (et pas toutes!) dans son texte publié sur le site officiel à partir de juin dernier, et certaines sont encore encore dans le livre. C'est d'autant plus embêtant  que nombre de ces informations erronées font l'objet d'articles du blog qui ont apporté des éléments inédits... notamment grâce à Matthieu Guillaumond, qui a fait un travail de biographe (je remercie encore Pierre Andrieu de lui avoir dédicacé son livre).

Pour ce que j'ai repéré, Le festival de la Bourboule n'a pas eu lieu en automne 77 mais en août 78. La suite est à l'avenant : le concert à RTL n'a semble-t-il pas eu lieu, mais c'est Sheller et Hebey qui descendent pour un concert organisé pour eux (on reviendra là-dessus dans une prochaine interview), et Clara ne fait pas de première partie pour Sheller mais le groupe enregistre avec lui à Londres des jingles ou génériques pour Europe 1.  Tout ce qui est dit sur Mademoiselle personne me gêne  (le terme "bande-son" pour le disque éponyme car il y a à peine une minute  de celui-ci dans le film et non, il n'est pas invisible puisqu'on va le montrer pour la deuxième fois le 21 juin).  Il n'y a pas deux billets écrits pour Libération à l'occasion de la coupe du monde 1990 par JL Murat mais trois.  Il est indiqué que Marie Audigier serait sa compagne depuis Cheyenne Autumn, or ils sont tombés amoureux bien plus tôt. Enfin, si les Suisses ont envahi la Haute-Savoie, ils n'ont pas annexé pour autant ce département et Stéphane Reynaud est haut-savoyard (très Fier, entrée dans la Dranse,  corne d' abondance et autre Ripaille, je répare l'affront... de neige).

 

Quelques autres remarques et interrogations d'ordre divers que j'ai notées en cours de lecture :

C'est bien Jean-Louis qui a parlé de  la formation de Clara par petite annonce mais  les témoignages de Marie et Alain Bonnefont dans le livre de Pierre Andrieu indiquent une autre histoire. Si Bonnefont est bien mentionné dans le passage à propos de  Clara, il y a un peu plus loin la mention "vieux complice depuis "Suicidez-vous..."". Ensuite,   F. Vergeade parle du seul concert des Rancheros mais n'indique pas que c'était dans le cadre des fameux Koloko (ne pas mentionner cet événement annuel si cher aux fans me chagrine).  Petit oubli : l'inédit "la loi du sport" ("l'effigie de Didier Deschamps") sur une partie consacrée au sport n'est pas mentionné (mais l'auteur cite deux fois "Tourmalet tout va bien, que retombe la gloire", ce qui fait partie des quelques redites du livre). Appréciation : Les Delano Orchestra sont qualifiés de "Crazy Horse auvergnat" (sans monter sur mes grands chevaux : le Sparklehorse plutôt ?). Petit doute également sur "Bayon qui connaît Jean-Louis depuis "Suicidez-vous"". Il est établi la date de la première rencontre  en 1988 (théorie en cours de vérification: via l'entremise  d'une personne de Virgin - Marc Maréchal - dont  Bayon était proche EDIT: Bayon a raconté le choc de la découverte, c'était bien en 88). J'ai aussi relevé qu'à propos du "Venin", l'auteur indique que  "O gué" est "pioché dans le répertoire" de P.J. de Beranger (un exemple de  "saut" évoqué plus haut). Une source indique que Murat n'a découvert le poète qu'en 200012.  C'est donc sans doute plus une réminiscence chez l'amateur de Malicorne de  chansons traditionnelles, peut-être chantées par sa grand-mère  ("O gué vive la rose" immortalisé par Béart ou Dorothée).  La très juste remarque que Murat aura peu repris des chansons écrites par des femmes est à nuancer par les duos avec Mylène Farmer, Rose et Chloé Mons (ces deux dernières ne sont pas citées dans le livre il me semble). Interrogation encore (et je l'ai depuis la publication de cette phrase en 2021, j'avais fait des recherches à ce sujet, hélas infructueuses) : Murat indique qu'il a fait des télés en pays non francophones, qu'il a eu une demi-page dans El Pais. Malgré le travail pointilleux des Dolos à l'époque, on n'en a pas de trace et il faudrait donc vérifier ce propos.  Enfin, c'est un choix de la part de l'auteur  mais il me surprend : la discographie finale distingue "albums studios" et "autres projets" (où il range Madame Deshoulières,  Mademoiselle personne... alors qu'A bird on a poire est dans l'autre catégorie). Une discographie plus complète reste d'ailleurs encore à faire : collaborations, B.O., participations (le disque avec Trintignant...).  Dernier petit chagrin (valable pour le Andrieu aussi, je crois) : pas de mention de Claude Dejacques qui relie Murat à Barbara et Gainsbourg, et à Michel Zacha, même s'il a un peu foiré sur le disque de 1982 comme il le reconnaît.   Et encore un petit truc :  pourquoi utiliser le terme "muratophile" ?  Je trouve ça moche... On est célinien, proustien... et muratien !

 

J'arrête là, mais le livre a au moins le mérite d'ouvrir à de nombreuses discussions. Rendez-vous avec les différents auteurs à la Librairie Les  Volcans à 16h samedi 25/05 à Clermont-Ferrand...

 

Notes :

1- Sur France Inter, 8 mai 2024.

2- Il évite certains sujets polémiques : "peut-être faut-il y voir un aveu de résilience" dit-il à propos des "pharmacopées". Il parle également peu de ce qui a relié Jean-Louis à la "réaction", et ce qui peut l'en éloigner.

3-  208 pages, mais la rédaction du corps du texte prend 115 pages je pense (notamment du fait de pages blanches et des illustrations).

4- L'auteur a peut-être raté quelques cours de géographie... même si Jean-Louis Murat avait peut-être devant ses deux roches des songeries d'Himalaya en pensant à son héros Reinhold MESSNER.   Je suis  sévère me dit-on. Très certainement ! Mais cette expression me fait perdre le fil de la lecture. Comme quand il est écrit : "physiquement, Jean-Louis Murat est déjà reconnaissable entre mille" (à propos du premier passage télé)... mais il a déjà près de 30 ans!!

5-  F. Delmotte nous a raconté comme il préparait ses interviews en 1987/1989 / Concernant le pitch, Bertrand Burgalat a raconté qu'il avait des chansons, mais qu'il ne sortait pas de disque car pour donner de la lumière à un disque, il fallait absolument une histoire à raconter... Et pour Murat, il y avait certes un engagement artistique et des envies particulières, mais selon moi, il a su en jouer, et les médias ont toujours suivi aveuglement le discours (Pour Buck John,  on va ainsi retrouver des phrases comme "Ces BD lui ont inspiré douze titres"... hum...)

6 - Il faut se rappeler comment en 1990, il a fui l'Italie...   Raconté dans Libération en 1991

7 - D'ailleurs, on ne retrouvera pas les sentences peu amènes contre le magazine  que Murat a pu formuler. Trois phrases au moins mentionnées dans Coups de tête (pp.188-189 : extraits "ils ont tout faux", "une couv, ça s'achète", "quand on fait du Topaloff maintenant on se retrouve en couv"). Anecdotique oui, mais  j'aurais été intéressé par des détails de la relation Murat/Inrocks... même si F.V. n'en est un acteur que depuis 6 ans. Bon, ok, ce n'était pas l'objet d'un livre hommage.

8- Formidable entretien avec Frédéric Taddéi sur France Culture en 2012. Son discours sur les maisons de disque illustre tout-à-fait mon propos.   

9- J'y suis  sensible parce que j'ai passé  du temps sur twitter à essayer de répondre aux réactions de jeunes comme des "réacs"  sur cette phrase en indiquant que Murat était en fait un amateur de la scène rap (son goût pour cette musique est  indiqué ailleurs dans le livre). C'est une saillie qui lui a fait du tort, une parmi d'autres.

10- Aaah, et dire que j'avais dans mon souvenir fait un mail à Douharesse pour proposer une session à Cologne dans un studio d'une connaissance... qui est  devenu membre des Kraftwerk depuis (mon mail aurait eu plus de poids avec cette information).

11- Il a écrit le texte figurant sur le site officiel dont le livre est un long développement, auparavant des textes promos pour des disques je pense, cf aussi les remerciements.

12- Interview dans Le Monde 16 mars 2005

PS: V. Jeetoo est un peu l'oubliée. Une relation de 2 ans, un confinement, une chanson, "La princess of the cool". On pense à elle.

Merci à Florence pour ses relectures attentives.

 

LE LIEN DES FEES EN PLUS

Morgane IMBEAUD sort son nouvel album apparemment très réussi (Olivier Nuc très élogieux). Voici son nouveau clip... filmé là-haut... au bord du Guery*, même si c'est le SERVIERE qui l'a inspiré pour l'album intitulé "THE LAKE".   Release party : Vinzelles le 17/05

 

Si elle reste avec ROY Music, elle est il me semble associée avec  Matt Low et Alexandre Rochon dans BLEU NUIT (Matt Low, une vie cool, et le dernier album de Delano en 2021 déjà).  Est-ce un clin d'oeil à Jean-Louis Murat? Il avait écrit le texte  "Hanger Bleu nuit" sur le premier disque de Matt Low.

 

*En replay: Téléfilm sur France 3 diffusé mardi 14/05 entièrement tourné dans le Sancy et à l'auberge du Lac de Guery... C'est assez mauvais, mais les paysages sont là. Et pour parler des replay, sur arte, "Aurore" de L. Masson, avec la chanson "les ronces".

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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Publié le 2 Mai 2024

Les premières pages du livre de F. Vergeade sont à découvrir ici (plongé dans la prépa du week-end Murat... et en vacances aussi... j'avais le lien depuis plusieurs jours mais je ne l'avais pas vu!) 

On devine qu'il prendra une forme plus classique que les deux livres précédents, en s'appuyant sur les nombreux entretiens/rencontres avec le chanteur:

https://actualitte.com/article/116779/avant-parutions/jean-louis-murat-une-traversee-musicale-et-litteraire

 

L'auteur sera à COTE CLUB (france inter)  le mercredi 8 mai, avec Pierre Andrieu, Denis Clavaizolle et Morgane Imbeaud, avant de le retrouver le 25 mai (l'événement est annoncé dans le figaro -via l'afp-. et Libération a également parlé de toute cette actualité, mention aussi dans les inrocks et sur franceinfo). 

La promo de Pierre ANDRIEU:

https://www.unidivers.fr/jean-louis-murat-livre-pierre-andrieu/

https://www.7joursaclermont.fr/pierre-andrieu-dans-la-peau-du-jaguar-jean-louis-murat/

Interview: https://www.7joursaclermont.fr/pierre-andrieu-dans-la-peau-du-jaguar-jean-louis-murat/

 

On vous a chroniqué le livre d'Antoine Couder, voici un autre -petit-article :  https://cult.news/livres/foule-romaine-aimer-jean-louis-murat-par-antoine-couder/

 

LE LIEN EN PLUS 

Sur Télérama.fr, les 100 meilleurs albums des années 1990 (réservé aux abonnés)

"Jean-Louis Murat, “Le Manteau de pluie”

L’album de la confirmation, après le succès tardif à 30 ans passés. Murat enchaîne les classiques (Sentiment nouveau, Col de la croix-morand, Le Lien défait) et installe pour quelques années ses déclarations et chagrins d’amour entre variété poétique et blues verglacé dans le paysage de la chanson. — O.d.Pias.

► Le titre à écouter : Le Lien défait

 

Et voilà, une dizaine de jours rattrapé! A très vite!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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Publié le 30 Avril 2024

Ouais, bein, y a pas que Florence qui peut écrire des chroniques littéraires sur ce blog... Moi aussi, j'ai passé mon bac de franssais... Mais malheureusement, pas sur un livre qui cause de Jaune-hi. Allez!

 

J'ai fait l'acquisition du premier livre de Fred Jimenez  Johnny H. et moi  (au  Cherche midi). 

Il faut qu'on encourage cet essai, au cas où Fred aurait de quoi écrire son JL. Murat et moi... ou un Murat, Houellebecq, Burgalat et moi.  Il aurait bien aussi quelques anecdotes croustillantes sur le rock en Suisse, avec son groupe les Needles, genre quand ils ont été obligés de sauter un repas,  ou été en retard d'un quart d'heure à une répétition, ou qu'ils n'avaient plus de vacherin pour leur fondue et qu'ils ont mis de l'abondance...  Je fais des vannes sur les Suisses par fidélité à Jean-Louis (excuse un peu pourrie?) mais que mes bêtises ne vous induisent pas en erreur :  ce n'est pas ce genre d’anecdotes moisies que Fred nous délivre presque à chaque page dans ce premier livre ! J'ai un peu de mal à le chroniquer tant elles sont nombreuses et croustillantes et c'est tentant de toutes les raconter... mais je ne veux pas vous priver du plaisir de les découvrir par vous-même.  A vrai dire, je n'ai pas appris tant de choses sur Johnny (mais ça ne sera sans doute pas le cas pour tout le monde), sur cette vie totalement à part, à crédit, "un carrosse rempli d'or filant à toute à allure et perdant des pièces en chemin" dit Fred. En tout cas la chronique de tout son "environnement", parfois nid de vipères, est passionnante, même si ce n'est pas l'essentiel du livre.

Je vais d’ailleurs essayer de  me concentrer sur ce que le bouquin nous dit de Fred.

Même si pour certains lecteurs, jouer avec Jean-Louis Murat pourrait être considéré comme un summum et un nirvana artistique, matériellement, ça se traduit surtout par avoir son intermittence (oui, c’est déjà pas mal de nos jours), dormir au Campanile et jouer devant 300 personnes... Jouer avec Johnny, dans des stades, c'est une chance immanquable (comme tenter de lui placer une chanson, même Murat s'y est essayé), et d’ailleurs Fred a raconté que Jean-Louis l’a encouragé dans cette aventure, lui disant « tu nous raconteras ». Même si Fred avoue ne rien connaître de la discographie de Johnny, on ne sent jamais qu'il est là pour l'argent, et ce livre n'est pas une façon de cracher dans la soupe après coup. De toute façon, financièrement, pas de quoi devenir millionnaire non plus (Fred donne le montant de ses cachets pour un stade et le montant de  ses défraiements journaliers à L.A - 17 euros). Mais ça permet notamment de rencontrer un certain Paul MC. ou un Brian W. (et tous ses collègues, venus assister à des répéts).  Vous imaginez ce que ça peut être pour le compositeur de A bird on a poire ? Toutes ces pages sont charmantes : « J’étais tellement content de jouer pour eux », s’émerveille Fred.

Un des grands charmes du livre est le récit de ses tribulations de grand timide, gentil, un peu hors-sol (pas du "sérail" dit-il) tentant d'interagir avec ce "monstre" tout aussi timide, un enfant qui vit au gré de ses envies (acheter des bottes ou faire une tournée aux États-Unis et qui fait des caprices quand la loge est trop petite ou qu’il y a des places vides). Il y aurait de quoi écrire un bon scénario à la Francis Veber avec un duo pareil (gamelles physiques compris),  et le "Pignon" ne serait finalement pas celui qu'on croit... (Oui, je fais des chroniques littéraires et en plus je place des réf de haute volée).

Deux exemples : on peut citer la description d'une garden-party pour laquelle Fred se sent obligé de venir avec un présent... un disque, et Johnny se vexe : "il croit quoi? Que j'l'ai attendu pour avoir un disque?"... La soirée se termine avec les convives très éméchés, et Jojo lui propose de revenir une autre fois : "on fera venir des putes". Et plus émouvant : pour une des dernières rencontres, la femme de Fred lui a confié une mission très importante : demander au chanteur s’il peut leur donner des conseils à propos de l’adoption d’un enfant. Timide, Fred se lance et demande doucement à l'oreille de Johnny... qui s'empresse d'interpeller Laetitia  et tous les nombreux convives présents !  L'anecdote se termine par une belle nouvelle : finalement, un enfant "naturel" s'annonce  à la grande surprise du couple, ce qui sera déterminant pour la suite : "nous étions fou de joie (...)  Mon choix fut vite fait, il était hors de question que je rate la venue au monde de mon fils et je tenais à rester auprès de ma femme pendant toute la grossesse"...  et il décide donc d'arrêter ici l'aventure. Et moi de me souvenir d'un avant-concert à St-Egreve où j'attendais Isabelle (habituel donc – running gag depuis 10 ans), dans ma voiture sur le parking.  Fred  passait un coup de téléphone, que j'ai deviné être pour son enfant, je l'avais trouvé comme souvent touchant... Mes autres souvenirs avec Fred (notamment quand on a remis à JL le disque Aura aime Murat) sont tout aussi conformes : timide et en retrait, gentil, mais j'ignorais que l'impression pouvait aussi être liée à une myopie qu’il n'a jamais voulu traiter et qui le fait vivre dans un léger halo. Cependant, avec ce livre, il démontre que c’est avant tout une position d’observateur fin et attentif... et jamais méchant.    

 

               2011, devant la Coopé :

Autre point de fragilité : Fred ne lit pas la musique, et explique qu'il répète en écoutant les disques, en s'aidant grâce à son oreille et à une excellente mémoire. Le choix de Yarol Poupaud, directeur musical, d'être fidèle aux disques et de la jouer "très rock and roll" rend la chose possible... mais ce n'est pas sans poser problème. Certains attendent Yarol au tournant - et Fred avec lui -  mais son amitié avec Johnny et celle sa femme avec Laetitia lui offrent une certaine sécurité. 

Voici pour le côté un peu timide de Fred au sein de ce barnum, mais le livre montre aussi un vrai caractère, loin d'une personne effacée...  souvent grâce à cette magie de la musique qui fait des timides des rock-stars bondissant devant 80 000 personnes.

Le fait est que malgré le souhait de Yarol Poupaud de l'avoir avec lui, Fred a dû passer un entretien avec le producteur, plutôt sceptique mais qui se disait peut-être qu’il pouvait faire des économies sur le cachet du bassiste. Fred fait le forcing, mentant sur son niveau d'anglais (il s’inscrit à un cours d'anglais le lendemain de l'entretien d'embauche) ou sa connaissance de la contrebasse (qu’il n’a jamais pratiquée, mais il en loue une, pour s’entraîner - un premier prix fort peu jouable se rendra-t-il compte plus tard) ou encore se prépare en faisant du vélo d'appartement (en se documentant sur la physique quantique en même temps). Et il restera sur la sellette longtemps, il ne fait pas partie du sérail (cf notamment les anecdotes-peau de banane avec Alain Lanty –seul le prénom est mentionné - ou Y. Kassar surnommé "Berlioz" qui voudrait le faire changer de types de cordes, mais Fred ne se laisse pas faire).

L'ombre du bassiste des Stones pressenti par le manager des musiciens américains qui veut placer ses clients plane derrière lui. Mais Johnny l'aura finalement assez vite à la bonne : il voit bien son implication sur scène et en répèt, et Calogero lui dit que son bassiste est excellent... Mais ça ne tient qu’à un fil. La veille du premier concert, le technicien pour la basse démonte l'instrument et se rend compte qu'effectivement, la connectique du jack est prête à lâcher... à un fil près. D'ailleurs, on peut se demander si ces instruments ne sont pas représentatifs de leur propriétaire : une Squier made in Japon et une gibson EB0 de 1965 (la plus "cheap" de la gamme). Fred ressent une petite gêne de se présenter avec un tel matos mais ça lui convient, pas besoin du "paraître"... Et "le son est dans les doigts" dit-il. 

Toute la description de la « cour » et des répétitions est très savoureuse (ce n'est pas que du vaudeville, il est très souvent question de musique). Et là encore, Fred témoigne de sa singularité :  même s'il s'est préparé en faisant du vélo, à L.A. et en tournée, il n'a pas renoncé à quelques virées nocturnes alcoolisées... Les Américains, eux, se couchent tôt, vont faire leur jogging... puis jouent assis, alors que lui et Yarol sont toujours à 200%. Le plus spectaculaire : "Johnny n'en a jamais rien su", mais Alain L. en faisant des pompes le matin s’est cassé la main... et a joué d'une main et avec un bac à glaçon à côté de lui.

Voilà donc pour le portrait de Fred auquel les fans de Jean-Louis Murat ne manqueront pas d'être sensibles. Il n'est pas dénué d'autodérision, ce qui est très plaisant.

Je voulais aussi souligner que le livre ne sent pas le copinage. Tout ce qui est dit autour de Yarol laisse penser à une volonté de faire une description fine (et pas neutre!), même si c'est un pote, et que c'est grâce à lui que Fred vit tout cela (Philippe Manoeuvre, qui aida vaguement Jean-Louis à ses débuts est à l'origine de leur rencontre). Ainsi, Fred indique que, dès l'arrivée aux répéts à Los Angeles, la seule préoccupation de Yarol est de trouver une mustang de location !

J'aurais envie de vous raconter l'anecdote en lien avec les Gipsy King qui amena Fred à leur composer un premier titre mais je ne veux pas la synthétiser. C'est très drôle. La partie où il raconte que Johnny lui a demandé d’écrire des chansons pour lui avec Miossec l’est un peu moins. Le manager Sébastien Farran* qui devait lui donner les coordonnées de Miossec ne lui répond pas. Fred se débrouille quand même pour les avoir, ils livrent cinq chansons... et n'auront jamais de nouvelle. Il raconte que c'est le directeur artistique Bertrand Langlot qui semble avoir la mainmise sur le disque ("Johnny n'avait pas son mot à dire") et indique que Langlot était un de ceux qui a toujours voulu le dégager, et ce depuis le début.

*son papa Dominique a pu aider Jean-Louis comme l'indiquait Ardisson  

Même si jamais le lien n'est fait par Fred, je me demandais un peu si ces gens-là ne lui faisaient pas payer son lien avec Murat (Fred cite A bird on a poire mais ne parle pas du texte de "Mashpotétisé"). Dans le livre de Pierre Andrieu, Fred rejette  cette idée, il n’a jamais ressenti cela... 

 

Voici donc ma restitution tout-à-fait subjective du livre de Fred Jimenez, que je trouve très réussi dans son humilité : on est vraiment dans  "Johnny H. et moi", et quand on a aimé Fred toutes ces années à côté de Jean-Louis Murat, c'est vraiment un plaisir de le suivre dans cette autre aventure.  Il nous la raconte comme il l'a raconté à ses autres "chefs" : Bertrand Burgalat et Murat... et intégrer ce cercle est agréable. 

 

Les petites mentions de Jean-Louis Murat dans le livre (PS: c'est du fait du décès de Jean-Louis et de son planning qui s'est retrouvé vide que Fred s'est décidé à écrire). 

"J'avais  déjà écrit avec Jean-Louis Murat mais c'était très différent. Quand je lui envoyais une musique, il collait ses mots à la perfection sur la mélodie. Christophe (Miossec) lui me renvoyait 3 pages de textes très dense"

"Par la suite j'étais parti sur la route avec JLM avec qui j'avais noué une solide amitié et enregistré plus de 8 albums"

"J'ai toujours été très content de ma squier, elle est "tout terrain". Je l'ai utilisée pour tous les enregistrements de la période Tricatel et sur les albums de Jean-Louis Murat. A l'époque de Jean-Louis, j'avais fait l'acquisition d'une Gibson qui avait un son très différent et complémentaire, elle était très agréable à jouer".

"En 2004, j'avais entièrement composé et réalisé un album pour Jean-Louis Murat, A bird on a poire, qui avait marqué les esprits et s'était même retrouvé à conquérir comme meilleur album pop rock aux victoires de la musique".  Et là cette phrase étrange sortie du contexte: "il n'était pas passé inaperçu mais de là à intéresser les Gipsy Kings".

 

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NB: On retrouve Fred  dans le livre Les jours du jaguar de Pierre Andrieu, avec un très joli témoignage. Il y apporte des compléments à cet épisode jhônesque. 

Complément : dans Les jours du jaguar, Stéphane Reynaud raconte que JL aurait mal pris le départ de Fred.  C'était donc contradictoire par rapport à ce qu'on en savait. J'ai interrogé Fred: 

Non, on est raccord avec Fifi [le fidele technicien], et Jocelyne. JLM avait accepté que j'aille avec Johnny. Stéphane se mélange les pinceaux. Il y avait eu une incompréhension et petite brouille entre JLM et moi quand je n'avais pas fait la tournée Taormina en 2006. On avait renoué en 2009.

Au contraire pour Johnny en 2011, je l'ai joué très cash avec JLM et lui ai expliqué entre quatre yeux que j'avais l'opportunité de participer à la tournée JH. Il m'avait dit de foncer. Même si dans l'absolu il avait un peu les boules il était content pour moi.

J'avais présenté Christophe Disco comme remplaçant et tout le monde, JLM, Stéphane et Slim, l'avait beaucoup apprécié, en tout cas au début...

Fred a accepté de répondre à une deuxième question sur la brouille au moment de Taormina: 

Rien de grave. A l'époque de l'enregistrement de Taormina en 2006 il nous avait dit, ou en tout cas c'est ce que j'avais compris, qu'il ne tournerait pas en automne.

Avec Stéphane nous étions soulagés. Les cadences avaient été très intenses depuis 2002 et un petit break était bienvenu.

Finalement il a changé d'idée en été mais j'avais déjà accepté d'autres engagements pour l'automne.

Il en avait été un peu contrarié et à l'époque nous avions beaucoup communiqué à travers Laure et Marie. Jean-Louis n'était jamais facilement joignable par téléphone. 

Cette triangulaire avait sûrement été à la source de l'incompréhension. C'est pourquoi pour Johnny je m'étais arrangé en direct avec lui et tout s'était bien passé. 

Pour la tournée Taormina Marie avait engagé David [Fargione] et Michael [Garçon] et la brouille n'avait pas duré longtemps.

Merci Fred !

​​​​​Et à bientôt  dans une nouvelle aventure: son nouveau groupe Midnight Cross  facebook   et  site officiel. Premier single le 1/05/2024!

 

Fred JIMENEZ sur le blog: 

Interview inédite à propos de A BIRD ON A POIRE:   http://www.surjeanlouismurat.com/2021/01/inter-vious-et-murat-jimenez-charles-n-1-du-cote-de-chez-fred-et-marie-jeanne-serero.html

Avant la préface du livre, un premier texte de B. Burgalat sur F. Jimenez (en fin d'article):   http://www.surjeanlouismurat.com/2016/03/eryk-e-l-album-est-sorti.html   (Fred ne m'en avait pas voulu pour ma réaction)
Sur la relation Johnny Hallyday / Jean-Louis Murat:   
http://www.surjeanlouismurat.com/johnny.hallyday-jean-louis-murat-collaboration-points-communs

 

LE PLUS EN PLUS 

La promo du livre fonctionne très bien. Voici donc quelques compléments:

Fred raconte beaucoup de choses du livre à P. Manoeuvre.

On se quitte avec la musique de Fred avec mes vidéos: 

NB: 

Bon, finalement, je crois qu'y a pas photo, je vais laisser à Florence le soin de faire les chroniques littéraires... 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #bibliographie

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Publié le 23 Avril 2024

J' ai confié à Florence D. la lecture de Foule romaine, d'Antoine Couder. Il fallait bien la remettre un peu au travail...Ok,  bon, j'avoue! Je ne comprenais pas tout, et il fallait donc déléguer ! Si le livre de Pierre Andrieu est grand public, celui-ci est plus un objet littéraire. 

 

 

 

 

 

Foule romaine d’Antoine Couder

« Comme on aime » !

 

Un livre sur une chanson ? C’est qu’elles contiennent tant, les chansons aimées. Ce petit ouvrage propose un beau parcours, plein de boucles et de détours, à travers ce qu’elles peuvent évoquer, convoquer, condenser. Antoine Couder déplie « Foule romaine », dit comment il l’a faite sienne, ce qu’il s’y raconte, y projette, les souvenirs qui s’y rattachent, les rêveries qu’elle fait naître, et toutes les correspondances secrètes entre elle, lui, et son auteur. Il dit un dialogue imaginaire jamais interrompu avec Jean-Louis Murat, sa présence toujours bien vivante, qui tout à coup resurgit au hasard d’une émission de radio, d’un morceau aimé. De cette chanson et de quelques autres renaissent donc dans le livre les expériences de la jeunesse, l’identification d’un garçon qui va entrer dans l’adolescence à la masculinité trouble du « garçon qui maudit les filles », les espoirs, les amours, la quête d’absolu et le réel avec lequel on compose. Dans ces fragments d’autobiographie habitée par les chansons, la personnalité, les images de Jean-Louis Murat, on rencontre Alain Souchon, Noir Désir, Alain Bashung ou… Lana del Rey, un article sur des start-uppers revenus de leurs illusions, et de vivifiantes confrontations avec d’autres amateurs, Agnès Gayraud et Nicolas Comment notamment.

Une chanson pour ce livre, oui. Une chanson de désir, qui dit ce que fait l’amour, ce qu’il produit en nous de joie et d’ivresse, d’exultation des corps. Antoine Couder s’attache à sa façon si simple et lumineuse de transmettre cette ferveur amoureuse - Murat déclarera d’ailleurs 20 ans plus tard, à la sortie de Baby love, que « la plus grande musique est celle qui donne envie de se reproduire » - mais examine aussi, parcourant l’ensemble de l’œuvre, la complexité, les ambiguïtés de la représentation de l’amour.

« Foule romaine », c’est aussi une chanson dont Antoine Couder fait un pivot dans le parcours de Jean-Louis Murat. Aux fragments personnels, autobiographiques se tisse alors une ligne plus chronologique et savante, qui retrace avec précision et vivacité les étapes de la fabrication du Moujik et sa femme. 2001, moment de bascule, dans le monde, dans l’économie de la musique, l’est aussi selon lui pour l’artiste. Parti travailler dans le sud des Etats-Unis, il en a rapporté Mustango, et « la vibration fraîche et rugueuse de son drôle de funk-blues ». Après cette réussite (et la parenthèse de Madame Deshoulières), et alors que le 11 septembre coupe net son projet de retourner aux Etats-Unis, il veut enregistrer Le Moujik et sa femme très vite, comme un disque live. « Foule romaine » est composée dans cet élan. C’est la chanson qui aurait pu être un tube, et pourtant Le Moujik échouera à élargir son audience au-delà du cercle des fans et des amateurs éclairés. « Au fond tout commence avec ce disque qui finit par sombrer et engloutir le futur, signant cet ordre de détachement qui va désormais peser sur toi », écrit Antoine Couder. Il analyse avec justesse les contraintes qui pèsent sur Murat, met en évidence les ambiguïtés et les impasses de sa façon de travailler vite, de produire beaucoup, qui correspond à sa nature et répond au resserrement mortifère des conditions de production, mais va susciter la suspicion chez les journalistes (il faut relire la critique d’Arnaud Viviant dans Les Inrockuptibles !), la lassitude d’une partie du public. Il trace les grandes lignes de ce qui en découle, le repli, l’amertume et les provocations, mais aussi la perfection de Lilith, et à sa suite la succession de grands albums. Egrenant des titres, des vers, Antoine Couder navigue dans cette œuvre colossale, dont il retient jusqu’aux derniers disques, souvent les moins aimés : pour lui, la « grâce » de Murat « tient tout entière » dans La vraie vie de Buck John.

Une chanson, donc. Une chanson qui ouvre à toute une œuvre et un monde. De façon très émouvante, le livre montre aussi comment, dans sa fréquentation quotidienne, intime, elle inspire, fait écrire. Dans son avant-propos, joliment intitulé « A nos amours », l’auteur associe la structure de son ouvrage à celui d’une chanson, et de fait Murat, son écriture, son art de la composition semblent en habiter le projet et la structure même. Comme dans ses chansons, c’est un mouvement tout intérieur qui condense les époques, procède par éclats et fragments, opère des rapprochements inattendus. Lui aussi se plaît à nommer ce qu’il aime, provoque avec malice – le propos est amoureux, mais jamais complaisant. Jalonné de bornes ou de repères chronologiques, l’ouvrage est surtout structuré par des images : le parallèle avec la figure et le parcours de Joachim Murat est filé comme on le dit d’une métaphore, Murat est associé au cheval et au cavalier, ou à un arbre, ancré au sol et touchant le ciel. La pensée se ramasse régulièrement en de belles formules : Murat « chevalier courtois, chevalier narquois », quelle efficacité pour dire l’ambiguïté du personnage ! Alors parfois les liens paraissent artificiels ou contestables, les citations et références s’empilent, il semble par moments qu’on s’égare dans le jeu des associations et la multiplication des « peut-être », des « j’imagine »… Mais c’est aussi la règle du jeu, qui gouverne le livre et lui donne sa force et son originalité. Au-delà de ces agacements furtifs, que Murat savait aussi très bien susciter, Antoine Couder ouvre des pistes stimulantes, éveille à l’imaginaire, renvoie chacun à sa ritournelle secrète : il donne à penser, et à rêver. Quelle plus belle façon de rendre hommage à celui qui l’a inspiré ?

------- Mercredi à Paris, 

Un livre pour une chanson, c’est le pari de la collection seven inches des éditions du Boulon : seven inches ou 7 pouces comme le format d’un 45 tours, une face A et une face B pour raconter à travers des disques mythiques une partie de l’histoire de la musique. Ce mercredi la Librairie de Paris (place de Clichy, Paris 17ème) propose une soirée musique autour de quatre livres de la collection, en présence des auteurs : on pourra y rencontrer Antoine Couder, mais aussi Marc Dufaud pour Ashes to Ashes (David Bowie), Thomas Gaetner pour Trans-Europa-Express (Kraftwerk), Frédéric Rapilly pour Blue Monday (New order)

Merci Florence.

PS: on espère la foule, et la queue... De  Côme...(Pour faire référence à une trouvaille du livre... Oui, parce que je l'ai lu quand même et qu'on n'a pas dévoilé beaucoup de son contenu !).

 

 

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Rédigé par Florence

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