apres le 25-05-2023

Publié le 26 Mai 2023

 

J'ai perdu un peu le fil, il y a trop de choses... la télé, la  radio, la presse... C'est l'avalanche... et qui sont ces gens qui aimaient tant Jean-Louis Murat? Je le répète suffisamment : il faut aimer les artistes Vivant!  Jean-Louis lui même avait dit que les artistes morts ne l'intéressaient plus, mais arrêtons les citations... On peut faire dire tant de choses à Jean-Louis Murat... Là, on voit souvent qu'il n'aimait pas le rap! mais il est possible de trouver des louanges sur Orelsan, PNL, Lamar of course et rappeler qu'il a chanté I AM.

(photo d'illustration: Boutique Elflech Paris)

PS: émission Spéciale sur le chantier (radio de Clermont) : Christophe Crénel et  Benoît Bouscarel. Ce soir à 19h, émission Magic Bolide spéciale Jean-Louis Murat  d'une durée d'une heure, sur le Chantier, 98 Fm à Clermont et sur le web ici = https://lechantier.radio/titresdiffuses

 

Enfin soit...  Du côté de F. Vergeade, on peut souhaiter qu'il n'y ait pas de fautes de goûts:

1) https://www.lesinrocks.com/musique/jean-louis-murat-chanteur-rimbaldien-et-genie-total-566376-25-05-2023/

Mort brutalement jeudi 25 mai, à l’âge de 71 ans, l’auteur-compositeur-interprète laisse une œuvre considérable et un vide immense dans le paysage musical français. Murat ou le génie auvergnat.

Pour l’interviewer et bien le connaître depuis un quart de siècle, Jean-Louis Murat était un homme d’une intelligence rare, avec la langue bien pendue, dont il a fait une partie de sa réputation – pour beaucoup de journalistes, il était même le client idéal, ne ratant jamais un bon mot sur ses cibles préférées, de Johnny Hallyday à l’industrie musicale. Ses modèles musicaux étaient principalement de l’autre côté de l’Atlantique, de John Lee Hooker à Bob Dylan, de Neil Young à Robert Johnson. Véritable artisan de la chanson française, il n’envisageait sa discographie qu’imposante, passant à une cadence effrénée à partir des années 1990.

Un avant et un après-Murat

Malheureusement, au matin de ce jeudi 25 mai, Jean-Louis Murat est parti depuis son Auvergne natale. Et les mots éplorés nous manquent pour dire à quel point le jeune septuagénaire était doué, franc, sincère, fidèle, cultivé, instinctif, comme sa voix, à la fois familière et caressante, ses chansons nous ont transporté·es depuis les années 1980. Car, dans la chanson française, il y a un avant et un après-Murat. Son influence est considérable, de Dominique A à Benjamin Biolay, deux de ses plus brillants descendants.

Né le 28 janvier 1952 à Chamalières (Puy-de-Dôme) d’un père charpentier et d’une mère couturière, Jean-Louis Bergheaud grandit dans la ferme familiale à Murat-le-Quaire. Passionné de littérature et de poésie (les références à Proust ne manquant pas dans son répertoire, il adaptera Baudelaire en chansons), il devient même le premier à obtenir le  bac dans sa famille, avant de multiplier les petits boulots et de vivre quelques expériences mémorables avec un certain Jack Nicholson. “J’ai vu le moment où j’allais connaître une vie difficile, nous racontait-il en 2020 à la sortie de Baby Love. Dans la France profonde de ces années-là, j’ai bien cru que j’allais finir larbin. Surtout que j’étais issu d’un milieu où l’on ne faisait pas d’études. Alors je suis parti bosser vers 1971, 1972 comme plagiste à Saint-Tropez, là où se trouvait l’argent, et où j’ai rencontré puis sympathisé avec Jack Nicholson, qui me proposait de m’emmener à Hollywood tous frais payés. J’ai évidemment hésité, mais j’étais déjà jeune père de famille et je devais m’occuper de mon jeune fiston. J’ai perdu beaucoup de temps, mais je suis devenu le larbin de personne.”

Le style Murat

À la fin des années 1970, Jean-Louis Bergheaud débute sa carrière de musicien et de chanteur dans Clara, un groupe auvergnat d’obédience rock, qui s’attire notamment les faveurs de William Sheller. Avant de se lancer en solo, d’adopter le pseudo de Murat (d’après le nom du village auvergnat et du roi de Naples au XIXe siècle)  et de signer chez Pathé-Marconi avec un premier 45 tours, Suicidez-vous le peuple est mort (1981), mal reçu à sa sortie et boycotté par la radio, avant de devenir mythique. Le quotidien Libération faillit même l’utiliser pour le titre de sa une après le suicide du Premier ministre Pierre Bérégovoy, le 1er mai 1993. Sous couvert d’une pochette en noir et blanc signée Jean-Baptiste Mondino, cette ballade synthétique révèle déjà l’univers muratien.

L’année suivante et déjà trentenaire, il publie un mini-album, Murat (1982). 1984 sonne l’heure du premier album, Passions privées, illustré par une photo de Bettina Rheims. En dix plages, le style Murat se fait jour. 

En 1987, Jean-Louis Murat signe chez Virgin, le label français le plus en vogue de l’époque, et sort le 45 tours Si je devais manquer de toi. Pour la première fois dans sa carrière tardive, le succès est au rendez-vous : 60 000 singles vendus. Jean-Louis enchaîne avec un autre single, Le Garçon qui maudit les filles, à la mélodie et au refrain instantanés.

Annoncé par L’Ange déchu, Cheyenne Autumn paraît au printemps 1989. Disque d’or l’année de sa sortie et premier chef-d’œuvre, Cheyenne Autumn va marquer durablement le paysage musical d’ici. De Libération aux Inrockuptibles, Jean-Louis Murat devient une référence, aux côtés de Christophe, Manset ou Bashung. Et le disque suivant, Le Manteau de pluie (1991), où il fait entendre des sons de son Arverne natale, va définitivement le consacrer.

Car parallèlement à Sentiment nouveau, Le Col de la Croix-Morand ou Le Lien défait, l’une des plus grandes chansons de rupture jamais écrites, Murat duettise avec la star Mylène Farmer sur le single Regrets, qui lui vaut des passages télévisés et une belle rotation radiophonique. Ne faisant décidément rien comme personne, Murat enregistre des morceaux inédits sans batterie et au souffle rare, le maxi Murat en plein air, où il fait entendre encore et toujours sa Terre de France. Pour Les Inrockuptibles, dont il fait la couverture du bimestriel en septembre 1991, il offre une compilation rare aux abonné·es au titre montagnard, Face Nord (1993).

Singularité

Au mitan des années 1990, sous l’impulsion de Didier Varrod, aujourd’hui directeur musical des antennes de Radio France, Murat écrit et compose un disque pour Jeanne Moreau, qui ne verra jamais le jour. Il rêve de collaborer avec Nellee Hooper, Brian Eno ou Bomb the Bass pour Dolorès (1996), un monument de la chanson française écrit en pleine rupture amoureuse (en témoigne Fort Alamo) et élaboré pendant six longs mois en studio, ce qui va définitivement le vacciner et l’inciter à accélérer sa cadence discographique dans les années 2000, dans une formule en trio qui lui sied à merveille (Le Moujik et sa femme, Lilith, son premier triple album vinyle).

Car, comme Murat le chante dans Perce-Neige, “rien n’est important, j’écris des chansons comme on purgerait des vipères”. Chez lui, la musique est vitale, il écrit et compose tous les jours dans sa maison située près du lac de Guéry, entre Tuilière et Sanadoire. Entre deux maquettes, il peint inlassablement (Le dragon a cent visages, 2003). Les yeux toujours tournés vers l’Amérique, il collabore avec quelques figures du rock indépendant comme Marc Ribot, Elysian Fields (retrouvant ensuite sa chanteuse Jennifer Charles sur la récréation A Bird on a Poire) et Calexico, pour un disque d’abord imaginé avec le Crazy Horse, Mustango (1999).

Dans un autre genre, il invite l’actrice Isabelle Huppert à interpréter les textes libertins de Madame Deshoulières, une poétesse du XVIIe siècle, sur de la musique baroque. Il poursuivra son obsession littéraire avec deux autres chantiers, autour de Pierre-Jean de Béranger, le plus grand chansonnier du XIXe (1829, 2005), et des poèmes des Fleurs du mal de Baudelaire autrefois mis en musique par Léo Ferré (Charles et Léo, 2007).

La France reste le pays de la revanche des médiocres.

Vingt ans après ses débuts, Murat creuse le sillon de sa singularité, attirant de plus en plus d’adeptes parmi ses confrères et consœurs admiratif·ves. En 2005, changement de label chez Naïve, Jean-Louis Murat apparaît étrangement les yeux bandés sur la pochette de Mockba/Moscou, au générique duquel figurent sa complice Camille et, plus étonnant, Carla Bruni, qui n’est pas encore devenue madame Sarkozy. Disque de deuil dédié à François Saillard, l’ancien bassiste de Clara, le bouleversant Taormina (2006) atteste de l’obsession transalpine de son auteur, qui se conclura avec le brillantissime Il Francese en 2018.

Repartant encore une fois aux États-Unis, dans le berceau de la country à Nashville, pour travailler avec des musiciens américains prestigieux, Le Cours ordinaire des choses (2009) est aussi une manière pour son auteur d’échapper à une réalité française qui lui pèse indéniablement et dont il ne manque jamais de se plaindre en interview. Avec cette belle sortie dans Les Inrockuptibles au printemps 2019, où nous étions partis l’interroger à domicile : “J’ai toujours été un outsider, et c’est ce qui m’importe encore aujourd’hui. Je n’aurai jamais la popularité de Mylène Farmer, et alors ? Je rentre en studio avec le même peps que la première fois. C’est la seule et meilleure façon de rester motivé. Depuis le temps que j’exerce ce métier, j’ai vu trop d’artistes victimes de l’effet négatif du succès. Je ne dirais évidemment pas que j’ai recherché l’insuccès, mais être adoubé par un peuple qui ne voit que par Johnny Hallyday ou Patrick Bruel m’aurait sacrément embêté. La France reste le pays de la revanche des médiocres. Comme dans les courses cyclistes, c’est toujours frustrant de se faire dépasser par des dopés ou, pire, des tocards. Je suis quand même rentré dans le lard de tout le monde, mais je ne me plains de rien. Pour tout dire, j’ai l’impression de démarrer comme au premier jour. Et je ne me sens toujours pas un chanteur français.”

Merci Franck!

Ca me fait un drôle d'effet de voir "né à Chamalières" et 1952 partout... qui atteste que tout le monde se fie à Wikipédia (dont les sources sont par ailleurs discutables sur le sujet). En fait, c'est Matthieu qui avait attesté de cela alors qu'on voyait La Bourboule et 1954 souvent... en fouillant dans les carnets du jour de la Montagne (tiens, il n'y a que RFI avec sa bio a longtemps fait foi qui reste sur La Bourboule et 1954.... )

 

2)  La Montagne, saluons-là pour cette une du jour avec Murat (On y reviendra), mais pour l'instant: Voici ce qui est en ligne avec les mots de DIDIER VEILLAULT, et Stéphane MIKAELIAN:

https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/loisirs/a-propos-de-jean-louis-murat-il-est-de-ceux-dont-tu-peux-dire-jai-la-chance-davoir-partage-des-moments-rares-avec-eux_14315457/?fbclid=IwAR1G0Y9gUbm5e2qGCHrOmjcS_2dw609aWAqOjo1eFd4_eA2E9Xe2wt25P-U

 

3) On a parlé de Rudy Leonet hier... Il anime LA SEMAINE DE 5 HEURES. Une émission bavarde comme on en fait plus chez nous... 

Ils ont parlé du Best of le lundi (en fin d'émission) et consacre encore un peu de temps à Jean-Louis hier : hommage à Jean-Louis Murat (cette fois en début).

Un article reprend quelques propos.

Petit cadeau de Rudy: la reprise de Jean-Louis d'une chanson de son groupe "La Variété", "c'est dans ma nature" ( "j'aime toujours sourire pour m'enfuir loin de la tristesse, des remords qui me blessent")
 

 

 

4) Michel Troadec du plus journal de la PQR (ouest-France) est toujours fidèle au rendez-vous des sorties... Ca en est bien une... Il ouvre la grande porte!  A LIRE ICI

Mort de Jean-Louis Murat : ce « berger dans l’âme » était un grand poète de la chanson française

Décédé à 71 ans, le chanteur Jean-Louis Murat était une des grandes plumes de la chanson, à l’abondante discographie imprégnée de nature et de sentiments amoureux.

Des mots des fidèles : F. Vergeade, Veillault (ex Coopé), Michel Troadec et Rudy Leonet

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Après le 25-05-2023

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Publié le 26 Mai 2023

Le jour d'après

(Photo de Denis Pourcher, qui a lui même fait la mention)

 

Après avoir continué d'alimenter l'article d'hier jusqu'à tard dans la nuit, avec des hommages de la scène musicale et artistique, je me lève après une courte nuit...  Je vais voir comment je fais défiler aujourd'hui les articles...  Merci à ceux qui m'ont aidé dans ce travail et vont encore le faire dans les jours qui suivent, ainsi qu'à vos messages plus personnels. Ca va être compliqué de rester exhaustif (je fais déjà un peu de tri dans les articles sans grand intérêt).   Je renouvelle mes condoléances à la famille, et aux très proches de Jean-Louis, et gros bisous à la grande famille muratienne.

On va aller un peu au hasard... Voici déjà quelques éléments:

1) Le Progrès du jour:

 

 

 

 

2)  France 3 Auvergne a fait plusieurs articles et consacré un grand moment à Jean-Louis Murat dans le journal d'hier 19 heures, notamment avec le directeur de la communication de la Coopé.

C'est à voir ici (site officiel) ou sur fb (la séquence partagée par Philippe Imbeaud).

Ils ont aussi  puisé dans les archives: avec notamment cette étonnante expo par Erik Roz (99) dont j'avais déjà entendu parlé, puis un reportage époque Mustango, ou une rencontre avec Denis et Alain! A voir! Des choses que je ne connaissais pas.

A lire aussi l'article paru en fin de matinée et un retour sur un des derniers reportages en 2018 sur ses liens avec l'Auvergne.

Sur Francetvinfo, une petite sélection de chansons.

 

3) Du côté de Radio France:  c'était une belle soirée hier, préparée dans l'urgence. Surprise pour commencer avec une petite interview de Camille qui évoque son travail en studio avec Murat (avec diffusion d'un titre du Parfum - 10 000 -jean- Louis d'or). Il n'est pas question de la brouille d'ensuite et de sa chanson baby carni bird, juste du plaisir inouï de chanter avec lui, de ses cahiers...  L'excellent entretien avec Laure Adler a été diffusée ensuite. On en avait parlé à l'époque, mais c'est à réécouter ici.  Cela a été suivi de la Black session 2004, que je n'avais pas réécouté depuis je crois. C'était très chouette. Laurent Goumarre discute ensuite avec FLorent Marchet et Olivier Nuc, qui font une reprise et raconte leurs anecdotes. Je n'ai pas eu l'énergie de prendre des notes. Morgane Imbeaud fait aussi une petite intervention. Tout est en ligne:

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hommage-a/hommage-a-jean-louis-murat-du-jeudi-25-mai-2023-7827503

Du côté de France Bleu,  on se rappelle de la soirée à Gueret si particulière. Matthieu nous avait  fait un compte-rendu de la soirée...  Paix à Gueret, Guerre à Paris. Le terrorisme n'a pas cessé de hanter JL Murat en suite. Il y a aussi cet article paru en début d'après midi hier.

 

 

 

4) Richard Robert et Marguerite Martin ont repris Terres de France (comme sur le disque AuRA aime Murat):

J'ai été très touché de lire que certains avaient choisi hier d'écouter ce disque "Aura aime Murat" et que ça leur avait fait du bien. Cela m'a beaucoup touché.


 

5)  Article dans POP NEWS: Un adieu impossible à lire sur leur site par Hugues Blineau

http://www.popnews.com/2023/05/25/un-adieu-impossible-a-jean-louis-murat/?fbclid=IwAR0m7cBfFLK_e66LUqo9L4sj2aLkix6Sy6MgrBg1bc_DcG8uRgc6TFydJWU

ll n’y avait rien, ou presque. La France, morne plaine musicale, mis à part quelques francs-tireurs (Bashung) ou artisans pop (Daho, Darc et quelques autres), lorsque Jean-Louis Murat apparut sur la scène musicale d’ici à la fin des années 80, le temps d’un Cheyenn Autumn  racé, synthétique et littéraire à la fois (1989). La langue d’ici prenait quelques couleurs, organique et sensible. « Je venais retrouver / Entre ces peupliers / L’état de grâce / L’ombre fugace / Que l’on pourchasse » (Amours débutants). Entre ombre et lumière, l’auvergnat, né Jean-Louis Bergheaud en 1952, ouvrait une voie, veine sentimentale et autofictionnelle, dans laquelle s’engouffreront, chacun à leur manière, les artistes majeurs de la décennie suivante : Dominique A et Miossec notamment. Lettré, provocateur, le visage tourné vers l’Amérique, Murat deviendra un phare de la chanson d’ici, enfin digne, pendant toute la décennie 90, marquée par Mustango (1999), chef d’oeuvre impérissable enregistré en compagnie de la précieuse équipe de Calexico. Avant de traverser les années, avec un sens des aventures musicales (avec Isabelle Huppert, The Delano Orchestra,…, pour flirter avec la bossa, le folk ou l’electro-pop), et une exemplarité rarement démentie, à l’écart d’un milieu mainstream qu’il se plaisait à détester.

Quelques heures, après avoir appris son décès brutal (le musicien était encore sur scène, à Tulle, il y a quelques jours), et à la veille de la sortie d’une vaste compilation regroupant 40 de ses titres et autant d’années de carrière) nous pensons, singulièrement, à quelques images, accrochés à un intense sentiment de nostalgie. Lorsqu’un artiste majeur nous quitte, sa voix disparaît avec lui, et sans doute davantage pour Murat que chez d’autres : la suavité de celle-ci, sa proximité immédiate, à un souffle près, parfois, pour nous faire partager quelques-unes des plus belles fêlures sentimentales.

On se souviendra aussi de ses mots sur Ramuz, de la beauté des paysages liquides du Manteau de Pluie (1991), influencés par le meilleur de la pop anglaise (Prefab Sprout ou Talk Talk). On se souviendra de son corps jeune, photographié sur les hauteurs de son Auvergne natale, comme pour signer encore, et toujours, son attachement aux grands espaces, aux mouvements du ciel et du vent. Aux animaux qui peuplent le monde et que l’on écorche, pour en faire des trophées. Au sang versé, à la beauté des femmes et de la mini-jupe de PJ Harvey, à celles des gestes primitifs dans une Nature belle et hostile, porteuse de toutes les mélancolies. « C’est le cri de la terre / Des oiseaux et des poissons / Depuis toujours il opère  / Dans toute imagination / Il t’arrache les bruyères / Mais tu connais même pas son nom » (Le cri du Papillon).

On se souviendra de ses poses, de sa prolixité – combien de chansons laissées en chemin, combien composées chaque jour ? -. De son sens des formules, constellant par milliers sa longue discographie devenue sinueuse au fil du temps. Ce sens des mots, touchant juste et souvent au cœur. « J’ai fréquenté la beauté / Je n’en ai rien gardé » (J’ai fréquenté la beauté).

Et plus encore : son regard d’un bleu vif, mariage d’intelligence et d’ironie mordante. La vie selon Murat, et rien, non rien aujourd’hui, pour l’effacer. 

« Oh, je meurs mais je sais / Que tous les éperviers / Sur mon âme veilleront » (Le Col de La Croix-Morand).

 

6) L'article du Monde est énervant (au moins sur deux points), je le mets en tout petit, na!

La mort brutale de Jean-Louis Murat, paysan de la chanson

Auteur prolifique et provocateur impénitent, le chanteur et musicien est mort d’un arrêt cardiaque, dans ce Puy-de-Dôme qu’il n’avait jamais quitté. Il avait 71 ans.

Auteur, comme son héros canadien Neil Young, d’une œuvre prolifique avec une vingtaine d’albums studio, également sensible au paysage, aux bêtes et aux éléments naturels jusqu’à offrir une déclinaison à la française − ou à l’auvergnate – du country-rock, Jean-Louis Murat est brutalement mort, jeudi 25 mai, à son domicile de Douharesse, sur la commune d’Orcival (Puy-de-Dôme), dans le Parc naturel des volcans d’Auvergne. Agé de 71 ans, le chanteur et musicien a été victime d’un arrêt cardiaque, après avoir été réveillé par une vive douleur à la jambe. L’intervention du SAMU n’a pas pu le sauver. De nature complexe, à la fois taciturne et blagueur, Murat avait été récemment éprouvé par la perte de sa mère et le divorce d’avec sa femme.

Avec lui disparaît une des plus fortes et controversées personnalités de la scène hexagonale, qui avait usé de la provocation dès son premier 45-tours, Suicidez-vous le peuple est mort (1981), héritier de la noirceur et de la misanthropie d’un Gérard Manset. Firent les frais de son fiel guère confraternel Les Enfoirés, Renaud et Michel Polnareff (qualifiés diplomatiquement de « gros cons »), les icônes Johnny Hallyday et Jean-Jacques Goldman, ou d’aussi innocentes victimes qu’Alain Souchon et Laurent Voulzy. Cash à l’excès, Murat avait rapidement compris que sa voix ne porterait dans le système médiatique qu’avec le clash. Au risque qu’on ne parle pas de sa musique.

Sa langue de vipère en fit un client recherché des plateaux de télévision. Il n’avait aucun désir de plaire et réussit à se faire autant d’ennemis que d’admirateurs, charmés, eux, par sa veine poétique et son refus de respecter les règles du show-business. « On a vécu avec lui. On s’est souvent engueulés, mais qu’est-ce qu’on a pu se marrer », se souvient Didier Veillaud, directeur de La Coopérative de mai, la salle de musiques actuelles de Clermont-Ferrand. D’autres exercent ce métier comme des employés de bureau, Murat écrivait, chantait, jouait et enregistrait comme on respire.

Un goût pour la poésie et l’écriture

Jean-Louis Bergheaud est né le 28 janvier 1952 à Chamalières (Puy-de-Dôme), une commune qui allait acquérir une notoriété nationale, vingt-deux ans plus tard, lorsque son maire, Valéry Giscard d’Estaing, se déclarera candidat à la présidence de la République. Ses origines nouent d’emblée un double attachement, à l’artisanat par son père menuisier et sa mère couturière, à ce terroir auvergnat dont il n’aura cessé de chanter la rudesse et la beauté. Son nom d’artiste provient du village de Murat-le-Quaire, où ses grands-parents possèdent une ferme. Plus tard, il écrira Le Berger de Chamablanc et Au mont Sans-Souci, un centre de colonie de vacances à la Bourboule.

C’est à l’harmonie municipale de son père que le garçon fait ses premières armes, tambour puis cornettiste à piston. Suivra l’étude du saxophone au conservatoire, mais les cuivres contiennent mal son goût pour la poésie et l’écriture. A la guitare, le jeune homme commence à s’envisager en bluesman en chroniquant son environnement et en transposant l’art du Mississippi au Massif central. Sa vie épouse cet imaginaire à la fin des années 1960 : mariage suivi d’une paternité et d’un divorce, nomadisme avec son lot de petits boulots (journaliste, moniteur de ski et de plage) sur le modèle des deux Jack, London et Kerouac. En 1977, il rentre en Auvergne pour y monter Clara, un groupe repéré et aidé par William Sheller.

En vain car les échecs vont se répéter et nourrir l’amertume du personnage. En dépit d’une pochette signée par Jean-Baptiste Mondino, Suicidez-vous le Peuple est Mort est un bide commercial d’autant plus programmé que les stations de radio sont rebutées par un tel titre. Toujours marqué par la new wave synthétique de l’époque, le premier mini-album Murat (1982), puis le long format Passions privées (1984), malgré un portrait du trentenaire réalisé par Bettina Rheims, connaissent un destin aussi funeste. La photogénie du beau gosse au regard bleu perçant n’y change rien, ni sa voix suave et traînante. L’aventure semble tourner court puisque Pathé-Marconi lui rend son contrat d’enregistrement.

Ténébreux et inconsolé

Il faudra attendre 1987, alors que Murat a signé chez Virgin, pour qu’une de ses chansons, Si je devais manquer de toi, capte enfin l’attention du public avec 60 000 exemplaires vendus. La pleine reconnaissance suit deux ans plus tard. L’album Cheyenne Autumn, qui inaugure son compagnonnage avec le multi-instrumentiste et producteur Denis Clavaizolle, impose enfin sa marque, une exploration des sentiments amoureux soumise à ses sautes d’humeurs comme aux variations climatiques (Pluie d’automne, La lune est rousse sur la baie de Cabourg).

Le ténébreux et inconsolé fait ses débuts au cinéma devant la caméra de Jacques Doillon pour La Vengeance d’une femme (1990, d’après L’Eternel Mari de Dostoïevski), avec un premier rôle aux côtés d’Isabelle Huppert et de Béatrice Dalle. Cette expérience d’acteur restera sans lendemain, mais Murat sera au centre de Mademoiselle Personne (1996), de Pascale Bailly, qui le montre en tournée, en mêlant documentaire et fiction.

Le succès lui apporte bientôt un tube incontestable, le duo éthéré Regrets avec Mylène Farmer, prélude au triomphe qu’est l’album Le Manteau de pluie. Deux extraits font encore le bonheur des radios, l’inquiétant Col de la Croix-Morand avec ce couplet concentrant ses obsessions (« Quand montent des vallées/Les animaux brisés/Par le désir transhumant/Je te prie de sauver/Mon âme de berger/Je suis innocent ») et, sur une thématique identique, la bluette de Sentiment nouveau. Les décennies 1990 et 2000, flamboyantes, l’installent, avec Dominique A, en leader de la scène française, que seul ombrage le commandeur Alain Bashung, rare confrère à échapper à ses sarcasmes – à tel point que Murat reprendra Alcaline.

L’inspiration semble intarissable

Cette forme passe par deux albums magistraux, Dolorès en 1996, perfectionné par six mois de séances au studio Davout à Paris et baudelairien à souhait (« Ce jour, mon cœur se mit à saigner/Comme le lapin de garenne/Qu’il vous fallut un jour égorger/Pour sacrifier à la haine » dans Perce-Neige), puis Mustango (1999), assouvissement de fantasmes américains comme le fut Osez Joséphine de Bashung. Ce chef-d’œuvre a été enregistré à New York et à Tucson (Arizona) avec des locaux, Jennifer Charles, chanteuse du groupe Elysian Fields, Calexico et le guitariste Marc Ribot. Murat brille autant à la scène. En disciple de Bob Dylan, il réinvente systématiquement son répertoire et laisse place à l’improvisation, ce que documentent les trois lives livrés de 1995 à 2000.

Dans un premier temps, l’inspiration semble intarissable comme le confirment le nietzschéen Le Moujik et sa femme (2002), le tour de force, cette fois proustien, qu’est le double CD (ou triple vinyle) Lilith (2003), puis Mockba (2005), comprenant des duos avec Camille et Carla Bruni, et Taormina (2006). En réaction à l’anti-élitisme ambiant, Murat revendique haut et fort ses influences littéraires et fait connaître – bien avant la vogue actuelle – une femme de lettres oubliée, Antoinette Deshoulières (1638-1694), avec Madame Deshoulières (2001), album enregistré avec Isabelle Huppert.

En 2005, il consacre 1829 au chansonnier du XIXe siècle Pierre-Jean de Béranger, et referme cette série d’hommages par le magnifique Charles et Léo (2007), son interprétation de poèmes de Baudelaire mis en musique par Léo Ferré. Ses collaborations extérieures continuent de surprendre puisque le voilà parolier du groupe Indochine pour la chanson Un singe en hiver (2003), qui glisse des allusions à l’ancienne colonie française comme à Bob Morane.

Admirateur de Zemmour et Onfray

Sa production pléthorique exige aussi de faire le tri à sa place. Elle comprend en effet le navrant A Bird on a Poire (2004), exercice de pop légère – avec Jennifer Charles et le bassiste Fred Jimenez – derrière un calamiteux jeu de mots en référence à Leonard Cohen. Entre ses amours courtoises moyenâgeuses, la vie des champs rythmée par les moissons et son attention au vivant, de l’insecte au ruminant, Murat peine aussi à se renouveler.Mais on trouve toujours des perles sur ses albums : Mousse noire (Tristan, 2008), Comme un incendie (Le Cours ordinaire des choses, 2009) ou J’ai fréquenté la beauté dans Babel (2014), enregistré avec des Clermontois, le groupe The Delano Orchestra et Morgane Imbeaud, ancienne chanteuse du duo folk Cocoon. Au moins son monde romantique a-t-il le mérite de proposer une alternative radicale à la domination de la musique urbaine, hip-hop et R’n’B.

Après être tombé en arrêt devant les trouvailles de Frank Ocean et de Kendrick Lamar, Murat s’orientera pourtant vers les sons électroniques avec Travaux sur la N89 (2017), objet déconstruit et déconcertant, avant de saluer son illustre homonyme bonapartiste dans Il Francese, surnom donné à Joachim Murat lorsqu’il fut roi de Naples, de 1808 à 1815. Le vétéran désabusé continue de dresser un tableau apocalyptique de la scène française et de l’industrie du disque, que ne devait pas améliorer la pandémie de 2020. Son accablant constat est assorti d’une menace de retrait, qu’aucun de ses fans ne prend au sérieux.

Ceux-ci avalent une dernière couleuvre en octobre 2021 quand Murat fait part dans Paris Match de son admiration pour Eric Zemmour et Michel Onfray, le premier pour son « côté fuck the system », le second pour sa « virilité stoïque ». Sortie évidemment commentée qui en éclipsa une autre : celle de son ultime album, La vraie vie de Buck John.

David Bowie avait publié son testament Blackstar deux jours avant sa disparition, le 8 janvier 2016. Celle de Jean-Louis Murat est intervenue à la veille de la parution de sa toute première compilation, Best of (1981-2021), un recueil de vingt titres chez PIAS. Le bougon avait fini par assouplir sa position après avoir longtemps argué qu’une telle synthèse devait être réservée aux morts.

Jean-Louis Murat en quelques dates

28 janvier 1952 Naissance à Chamalières (Puy-de-Dôme)

1987 Premier succès public avec Si je devais manquer de toi

1989 Album Cheyenne Autumn

1990 Joue dans La Vengeance d’une femme, de Jacques Doillon

1996 Album Dolorès

1999 Album Mustango

2014 Album Babel

25 mai 2023 Mort à Orcival (Puy-de-Dôme)

Bruno Lesprit

Mettre en relief une soi-disante admiration pour Zemmour... et qualifié A BIRD de navrant!! Je passe...

 

 

 

 7)  Le chanteur DA  SILVA a publié en "public" sa soirée privée qu'il avait réalisée avec Jean-Louis Murat (interview par téléphone) , il y a déjà quelques années :

8) La chronique du fidèle Laurent Cachard : sur son blog.

9)   Je mentionne pour finir l'article du JDD.

 

Je m'en arrête là  pour cette édition du matin. Bon courage à tous...

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Après le 25-05-2023

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