Disposant d'un peu de temps à la dernière minute, j'ai épluché l'agenda des concerts rhône-alpins pour une sortie ce vendredi... et écarté le festival des Inrocks, euh, pardon, Wolksagen-Singer- Inrocks, ou Lenny Kravitz... pour me laisser tenter par un choix plus aventureux: EZ3kiel... que je ne connaissais que de nom... mais sans savoir le prononcer (Ezékiel, ndlr : pulp fiction).
J'avais en effet lu dans le magazine LONGUEURS d'onde dont ils faisaient la couv, un article les concernant il y a déjà quelques années. Ca m'avait un peu intrigué, mais l'étiquette "dub" ou "électro" ne m'avait pas plus que cela donner envie d'écouter. Mais Il faut parfois un peu de temps pour accepter une prescription... (oui, docteur, j'arrêterais le gras prochainement).
Je me suis quand même rancarder... et découvert qu'il s'agissait d'un spectacle à 13 musiciens... cordes, cuivres... Et j'ai tout de suite eu envie d'aller leur poser la question: comment peuvent-ils tourner avec un tel spectacle avec autant de gens sur scène... ainsi qu'un show vidéo et light impressionnant?. J'étais un peu sceptique néanmoins car je n'accrochais pas plus que cela à ce que j'ai visionné... même si je pressentais que le vrai live devait absolument donner une toute impression.
C'est ainsi que je découvrais ROMANS ce vendredi. Et une belle salle de spectacle moderne (1000/1500 places), bien achalandée (Revolver et Souchon très prochainement)... sans cachet particulier donc (type Epicerie moderne de Feyzin).
Pas le temps de manger: le concert est prévu à 20 heures. Je me contente d'une bière... en écoutant une conversation... dont je me rends compte qu'elle est tenue avec un des membres du groupe... qui ne sera pas sur scène mais en régie : il gère l'animation vidéo (il a développé depuis des années une imagerie autour du groupe, passant parfois par des DVD et CD roms permettant une certaine interactivité). Poussé par sa personnalité sympathique ( et son côté BCBG), je me décide à remplir ma mission... et lui poser donc ma question... Et il me répond gentillement :
- Après une expérience symphonique (à Tours, CD+ DVD disponible), ils ont eu envie de poursuivre le projet
- ils ne gagnent pratiquement rien...
- Tout part dans les 3 camions.
- les musiciens (les deux membres officiels du groupe sont accompagnés de 11 autres personnes je le rappelle) étaient motivés et emballés par le projet et ont fait les efforts nécessaires...
Je lui indique que c'est vraiment cet effort-là qui m'a motivé à venir... et à les découvrir.
Salle en configuration assise... je m'installe pas trop loin de la console au pied de la tribune. Ce n'est pas tout-à-fait plein, mais une belle affluence malgré tout. Public nettement plus jeune et bariolé que pour du Murat, même si les les duffle coats sont aussi de sortie.
Et c'est parti pour le concert... fait de longs morceaux le plus souvent, laissant le temps de s'immerger dans l'ambiance...
On pense parfois à du funk (cuivre), du dub effectivement, au rock progressif mais aussi au folk de DELANO ORCHESTRA et ses parties instrumentales), à de la musique classique effectivement... Enfin, peu classable quoi...
L'instrument mis en avant dans le premier morceau est inattendu : il s'agit de verres en christal... Une bonne vingtaine... Ils serviront à plusieurs occasions. Egalement la theremine, que certains ont pu découvrir chez Biolay. Ce que je pressentais se réalise : le foisonnement des instruments qui ne passe pas très bien dans les vidéos youtubées est là, en vrai, très intéressant. 2 Violons, violoncelle, trompette, trombone à coulisse, une personne changeant entre la flute traversière/ le théremine (par moment) et surtout un sax tenor (très important sur beaucoup de morceaux), clavier, percussion-christal, batteur, deux guitaristes, bassiste... Je crois que l'on y est... Un peu de programmation, mais rien de très prégnant... Et je m'interroge d'ailleurs sur ce qui pourrait encore les qualifier d'"électro". Et donc pas de chanteur, ni de choeurs... Ca me manque un peu... même si globalement, les morceaux sont suffisamment rythmés et dynamiques (au moins par instant) pour accrocher. Les cuivres, les guitaristes, se dodelinent graves sur scène... ce qui me laisse un peu sur ma fin: puisqu'ils ne vont pas pour autant chercher le public, peu d'interaction... même si les applaudissements sont fournis entre les morceaux... D'ailleurs, ils refusent le petit jeu des rappels... Après la première salve final d'applaudissement, ils annoncent un dernier morceau après avoir remercié (en parlant, mais aussi avec un générique qui défile sur l'écran) les différents intervenants.
Deux petits "breaks" dans le show qui permette une respiration car plus immédiatement "accessible" : une cover d'un
méga tube mondial de DJ Prokofief qui figurait sur un précédent album, un morceau du type: "j'aime pas la musique classique mais ça, j'aime".. et un morceau plus épuré et court avec piano et cordes... Deux excellents moments.
Pour le reste, un show impressionnant... Projection vidéo sur le fond de la scène, light show blanc et rouge très réussi... sans que l'on se détache réellement des musiciens.
Une grosse heure et demi de spectacle... qui m'a donné envie d'y regouter... puisqu'ils passent à Chambéry prochainement...
J'ai découvert via des posts sur FB qu'ils étaient peu connus du public muratien-pop française puisque je n'ai compté aucun "like", malgré plusieurs tentatives... et c'est vraiment trop injuste... Merci de vous y intéresser.. Même ARTE s'y intéresse, c'est dire!
le spectacle symphonique:
"Depuis 1993, EZ3kiel bouscule les cadres. D’un référentiel rock plutôt brutal (Fishbone, Bad Brains…), le goût pour l’ivresse des transes mènera rapidement le groupe vers un trip-hop qui tire au dub. Si bien qu’on le rangera, peut-être un peu hâtivement, dans la même case électro dub qui explose à la suite d’ High Tone à la fin des années 1990. Il faut dire qu’EZ3kiel est signé chez Jarring Effects, label lyonnais qui consigne alors tous les grands noms de ce mouvement. Mais EZ3kiel est déjà un peu plus loin, il louche vers l’abstract hip-hop et sort des structures du dub qui commencent à être franchement trop normées pour lui.
Et puis il y a ce gout pour le boucan, les grosses basses, les grosses guitares, les batteries qui claquent fort… Ez3kiel n’a jamais vraiment perdu son affection pour le hardcore. Si bien que sur scène, le groupe évoque parfois plus franchement le post-rock de Mogwai. De plus, très tôt, Ez3kiel travaille à la mise au point d’une sorte de projet total, musical et visuel.
C’est l’expérience scénique qui intéresse aujourd’hui le plus EZ3kiel. Pour faire vivre les chansons de Naphtaline (2007), un album tout en finesse qui interroge la thématique du sommeil et de l'insomnie, Ez3kiel a créé le Naphtaline Orchestra, un ensemble symphonique constitué d’élèves du conservatoire de Tours et dirigé par Stéphane Babiaud, batteur et multi-instrumentiste du groupe".
ET MEME TELERAMA:
Site officiel :
Ezekiel raconte le projet: