Ventes et interview dans Sud-ouest
Publié le 8 Octobre 2018
1) Le classement des ventes vient de tomber. Et Mylène Farmer réalise un chiffre toujours aussi extraordinaire... 80 000 en une semaine, et Jojo ne fait que 10 000 (mais il n'a pas de promo pour ce disque). Quant à Murat, on n'est pas sur les chiffres de Babel, mais c'est mieux que Travaux (de mémoire):
2580 ventes, dont 2389 physiques et 191 download. Il est 21e dans le classement, et 34e dans un classement qui regroupe les ventes et le streaming.
2) Sud-ouest:
- hé, Jean-Louis, Je peux te filer une adresse et t'obtenir un prix pour un studio d'enregistrement à Cologne, avec violoniste et joueur de basson, et choristes!! J'ai tout ce qu'il faut!
- La petite référence à Sanson: Fidélité? Souvenir... Article de M: http://www.surjeanlouismurat.com/2015/02/jean-louis-murat-journaliste-en-1978.html

"CHANSON Le 25e album de l’Auvergnat, « Il Francese », croise l’Italie et le groove, l’Histoire et l’intime. Retrouvailles enthousiastes avec un faux bougon en pleine forme et en concert, chez nous, cette semaine
A la fréquence d’un disque tous les deux ans maximum (le précédent date de novembre dernier !), les expérimentations de Jean-Louis Murat, aussi passionnantes soient-elles, avaient fini par ne plus étonner. L’enfant d’Otis Redding et de Marguerite de Valois est de retour, avec son plus bel album depuis longtemps, où l’Italie fantasmée n’a jamais été aussi présente.
« Sud Ouest Dimanche » Après le déroutant « Travaux sur la RN 89 », pourquoi ce départ en Italie ?
Jean-Louis Murat Avec « Travaux… », je voulais travailler différemment. Rentrer en studio les mains dans les poches, sans textes ni mélodies. Je prenais n’importe quel instrument, j’improvisais. La chanson française sur base de rock ne mène nulle part. Là, j’ai vraiment fait l’inverse : chansons écrites au piano, toutes prêtes avant l’enregistrement.
J’aime varier les identités. Et l’Italie depuis toujours. J’y vais souvent. Je voudrais être napolitain mais les enfants, la famille, ne sont pas d’accord. Avec la chanson et des jobs comme le mien, on peut changer d’identité, voyager dans nos fantasmes. J’aimerais bien maintenant m’expatrier pour chaque disque, aller en Allemagne, en Russie, enregistrer à Londres et m’appeler le Fog. Enregistrer ailleurs régénère.
La France vous lasse-t-elle ?
La réalité franco-française va finir par nous faire la peau à tous. La France est un pays qu’il vaut mieux voir de l’étranger aujourd’hui. Un petit trip poétique. Il y a un épuisement d’être de quelque part. Je préfère être de l’endroit que je choisis. Le nomadisme de l’imagination. Chanter l’Auvergne, ce que j’ai fait souvent, ne m’oblige pas à penser que l’Auvergne est l’alpha et l’omega de toute ma vie. Je suis auvergnat et napolitain. Je suis de partout et de nulle part. Je ne jette pas la pierre à ceux qui sont nés quelque part, mais c’est balle au centre, et moi je dégage.
Qu’aimez-vous en Italie ?
La langue, les femmes, la bouffe, l’air. J’ai dû être italien dans une vie antérieure. J’embrasse toute l’Italie. J’ai tellement imaginé Joachim Murat, le maréchal de Napoléon, qu’il est devenu mon véritable ancêtre. C’est mon job. Et je traverse le mille-feuilles des époques en ski de fond, à l’ancienne.
En France, c’est vraiment pas fun. L’ambiance de suspicion, le sentiment d’être observé. Le présent de l’Italie ne m’intéresse pas non plus. J’aime l’histoire du pays, les Étrusques, les Romains… jusqu’à Dante. Après, bof… Puis je raccroche avec le cinéma italien. Largement suffisant pour nourrir une vie.
J’aurais aimé être son mari. Elle est toujours remarquable, de Visconti à Pasolini. Plus que Sophia Loren. Elle est romaine, pas napolitaine, mais je suis très Silvana. J’espère un revival du cinéma italien, qu’on va repasser les films de 1945 à 1980. Dans trois siècles, quand ils se demanderont ce qu’était un Européen, ils pourront regarder les comédies italiennes de cette époque. L’essence de quelque chose qui disparaît.
Et Adriano Celentano était bien meilleur que Johnny. Je n’ai pas dit que Johnny, c’était pas la classe, hein, n’allez pas vous méprendre… Mais j’ai appris la guitare électrique avec un album de Johnny « Guitar » Watson, pas Johnny Hallyday. J’étais assez renfermé et je pouvais passer des nuits à comprendre comment il jouait.
Les disques Stax que je découvre à 15 ans par un prof de collège. La mort d’Otis en décembre 1967. C’est comme si j’étais mort. Le groove, pas trop en France, hein ? « Ça balance pas mal à Paris »… Ça ne balance pas du tout ! Véronique Sanson sur « Vancouver », ça groove. Chez les mecs… pfff, à part Gilbert Montagné, qui a groové ? Et Je ne déconne pas…
Après le « Mont Sans-Souci », retour du « Ciné-vox »…
Une cabane de jardin qui faisait cinéma et où gamin, j’allais tout voir en douce. Ma culture cinématographique vient de là. Il existe toujours, à l’abandon malheureusement. Une deuxième vie était possible : des écrans blancs au fond de la nuit… Je suis très bon public au cinéma : je pleure, je ris, je m’évanouis… Très premier degré.
Pourquoi « Marguerite de Valois » ?
Notre reine d’Auvergne à nous. Pour garder le pouvoir, Henri IV l’a exilée en Auvergne. J’ai été élevé dans le culte de la reine Margot. Indépendante, originale, admirable femme. Elle traversait l’Auvergne à dos de chameau ! Grande amoureuse, grande poétesse. Toutes les qualités.
Poésie, marqueur de qualité ?
Comme le sens de l’humour. Comment peut-on dire que notre président est intelligent alors qu’il est incapable de pratiquer le second degré ? Il ne doit rien comprendre aux dialogues d’Audiard.
« Rendre l’âme » : c’est vous ?
Non. C’est pour Christophe Pie, musicien-compagnon depuis trente ans, décédé au début de l’enregistrement. Plutôt que d’aller assister à son incinération, mort industrielle à l’allemande dans de fausses églises où je risquais d’entendre une chanson de Sheila, je lui ai fait la chanson adéquate.
66 ans, ça va ?
Je cours une heure et demie tous les matins et ce n’est pas plat par ici. Je vais être en super forme pour la tournée. On est à trois, guitare-basse-batterie, à l’ancienne, et tout le monde dans la camionnette. Je ne suis pas fan des tournées mais j’aime être sur scène. Il y a des moments magiques. Et quand c’est naze, je suis responsable aussi.
« Ain’t talkin’ » (Bob Dylan) : « LA preuve par Dylan comme toujours »
« Pusherman » (Curtis Mayfield) : « Voix de tête et jeu de guitare ; un modèle. »
« The look of love » (Dusty Springfield): « Un amour secret.»
« Please don’t go » (John Lee Hooker) : « Encore tout à apprendre de ça.»
« Un mur pour pleurer » (Anne Sylvestre): « Blues français, pur et dur.»
« Il Francese », 1CD (Pias), 15 euros env.
Eysines (33). En concert le mercredi 10 octobre, salle du Vigean. 21,50 €. 05 56 57 80 01.
- on en reste là.. IL est l'heure de dormir!