Retour sur le Week-end Murat, yes sir! 2025, 3e édition
Publié le 25 Juin 2025
Y'a des lundis plus durs que d'autres... et des mardis aussi!
Je fais vite fait un petit compte-rendu non exhaustif de ce beau week-end :
Vendredi : Matt Low et Yann Clavaizolle qui jouent Douharesse pour la première fois à Clermont, répétitions studieuses jusque dans les loges, écoute religieuse et rappel enthousiaste du public (Matt Low ne veut pas partir et ajoute deux titres).
La rencontre avec Carole Epinette, vraiment sympathique et humble, très intimidée d'adresser quelques mots à l'assistance. Merci à elle de l'avoir fait. Son exposition a été extrêmement appréciée. Je pense que je vais longtemps garder en mémoire l'arrivée de nos deux Suisses qui, valises à la main et guitares sur le dos, se plongent immédiatement dans la contemplation des photos, en silence...
Jérôme Caillon, le ranchero, et ses nouvelles chansons, parfois jouées pour la première fois, la classe... avec sa guitare baryton (8 cordes), permettant un jeu sur les graves/basses.
Et Erik Arnaud qui me fait des cadeaux, "rien que pour moi" : "Golden Homme" et "Nous sommes"... tout en livrant des nouvelles chansons et des versions revisitées des anciennes ! Il s'est privé de l'anniversaire d'un très cher ami célèbre qui franchissait pourtant une barre symbolique (On en profite pour lui souhaiter un bon anniversaire).
On a pris une heure de retard ! Mais au cœur de la nuit, se retrouver à Sanary, sur grand écran, avec un son excellent, c'est... quelque chose, même pour moi qui suis plutôt "power trio". Et je me rends compte que ce film live est vraiment exceptionnel, par ses effets de réalisation, notamment sur "Nous nous aimions tant" (JLM chante "il faut se séparer" et on le voit se découper, s'évaporer). "Je me donne" est la réponse parfaite à tous ceux qui se sont plaint des yeux fermés du chanteur sur scène (ralentis magnifiques, lent travelling sur le visage du chanteur dont on ne peut que constater qu'il vit ce qu'il chante).
Mes petites surprises ont laissé un peu sans voix le public, mais, après coup, je vois qu'elles ont été appréciées : il s'agissait des maquettes des chansons de Mustango (merci Régis !), passionnants documents (textes non finalisés ou en yaourt), et une chanson inédite du groupe PLEXIGLAS (avec Christophe Pie) dont le texte a été co-écrit par Jean-Louis autour de 1978 ! Merci à Jean-Pierre d'avoir reconstitué avec l'IA la chanson (éponyme du groupe) avec la mélodie, les arrangements et le texte originaux. Une vraie curiosité, et j'aime vraiment ce rock, que j'ai relié... peut-être que certains ont compris... non... personne je pense... aux photos exposées, celles de Carole Epinette, et celle de Franck Courtès (encore une surprise, en tirage original), qui ont photographié Jean-Louis derrière une vitre ("qu'on m'arrache le coeur, qu'on me mette à la place un morceau de plexiglas"... bon, j'avoue ce n'est pas du grand Bergheaud!). C'était il y a 26 ans pour Franck, après que Jean-Louis lui a fait écouter ces mêmes maquettes que nous avons découvertes au week-end... (oui, c'est du travail mais il y a des joies quand même, notamment ces petits plaisirs solitaires que je suis seul à comprendre, auxquels j'ajoute : traverser le couloir Matthieu Guillaumond, choisir une photo pour une vidéo où Matthieu apparaît dans le public, ou faire du mauvais esprit en insistant sur les ventes des chansons pour Indochine dans l'exposition "Discographie alternative" qui était également proposée : les disques avec des chansons écrites pour d'autres, les featuring, compilations avec un inédit ou des reprises... Ah, j'avais une révélation étonnante à ce sujet mais je n'ai pas eu le temps de la placer...).
Il est 2h15 du matin quand cette première soirée se termine.
Samedi après-midi, je découvre ce qui va se tramer avec les balances, et ça m'assure qu'on va passer une excellente soirée. Je galère juste avec mes présentations et j'oublie une ou deux consignes sur les projections, il y aura un peu d'improvisation cette année encore. Heureusement, les changements de plateau se font avec efficacité et rapidité, parfois à l'écoute des dernières maquettes, dont un "Mont sans souci" en yaourt brésilien.
Mon enthousiasme est un peu douché vers 20 heures quand je constate qu'aucune file d'attente ne se crée à l'entrée... mais on en reparle plus tard.
La conférence de YANN GIRAUD n'est pas celle que j'imaginais, mais l'objectif est rempli : explorer une thématique différente des précédentes. Et Yann réussit à apporter une vision originale du parcours de JL Murat ! Alors qu'il ne fallait pas dire qu'il est professeur d'économie, c'est autour d'un concept économique et sociologique qu'il va construire son exposé, tissant un lien, lui aussi assez iconoclaste, avec Steve Albini, et la musique indé américaine. Je tease : nous la publierons peut-être ici. Les quelques traits d'humour sont parfaits.
Et on lance la soirée musicale avec une chanson de Nicolas Driot "Ensemble", qu'il interprète, débranché, dans une écoute impressionnante. Pour moi, elle résume bien tout ce qu'on me dit de ce que représente le week-end Murat : "nous marcherons ensemble, nous sécherons nos larmes" (alors que sont projetées des photos des dernières éditions et de la soirée "Te garder près de nous"). La chanson est sur son disque La cartographie du coeur. C'est aussi symbolique : j'en profite pour réaffirmer que nous sommes également là pour aimer les artistes vivants. Poser des plaques commémoratives, je laisse ça aux autres.
Je commençais à rédiger un compte-rendu mais le temps me manque, vous découvrirez les vidéos prochainement avec le son de Théophane... la magie en moins, la magie d'être là dans la chaleur d'une communauté, dans cette salle matricielle, où l'artiste se présente sans barrière ni piédestal. On peut aimer un peu moins certaines prestations du soir en fonction de ses goûts, mais c'est sans doute la soirée la plus admirable, avec une belle variété de styles. Antonin Lasseur (Soleil Brun), Yann Giraud, les Aymar en groupe, nous rappellent de belles façon le Murat électrique, Eric Arnaud le bascule dans un style indé, à la Dominique A, Jérôme Caillon vers le blues, le folk et la country (en nous offrant un titre des Rancheros en bonus, après "L'examen de minuit" et "Bang bang"). Cédric Barré qui n'est pas monté sur scène depuis dix ans nous scotche tout en nous faisant rire. Les Dory 4 apportent toute leur bonne humeur, leur énergie et leur fraîcheur. Sur leur "Lien défait" défilent des images du Manteau de pluie, notamment la maison où l'album a été travaillé, et un petit clin d'oeil hommage au site Le Lien défait.
Un des objectifs de la soirée est également rempli : avoir plus de voix féminines. En plus de Sonia Beaumont, on découvre Lili Em seule avec sa guitare, on entend pour la première fois "Regrets" (c'est autorisé, c'est dans le Best of de JLM) et elle remplace aussi Jenny Charles sur "Bang bang" avec les Aymar. On retrouve Koum sur "Si je devais manquer de toi" comme à la Coopé, et la version du soir n'a rien à envier à la précédente. Juste avant, elle était seule au piano pour un titre qui a surpris car peu connu : "Je ne saurais dire ce qui me plaît", et dans l'assistance on sait très bien désormais à quel point elle nous plaît ! Si on en reste aux surprises, il y a aussi Antonin qui choisit la belle chanson "Rivière" (inédit live période Mustango, et je me fais un petit kiff personnel avec les images projetées d'un coin que j'adore près de chez moi) et "Avallon" pour rendre hommage à Christophe Pie (chanson coécrite avec Jérôme Caillon). La soirée touche à sa fin, avec nos deux amis suisses, Milla et Marc Aymon, Marc exubérant et Milla plus en retenue. Eux aussi choisissent de débrancher la guitare, et c'est une belle claque. Après notamment "Le train bleu", "Sentiment nouveau", nous avons droit à "Courbes", le single de l'an dernier que j'aime beaucoup de Milla. Marc Aymon interprète un poème d'Aragon, je crois que je l'avais également choisi pour vous annoncer sa participation. Je suis ravi d'avoir réussi mon coup avec cette invitation, un peu compliquée à gérer mais le public est conquis, si bien que j'ose faire un petit selfie avec eux devant le public, en brandissant le point de la victoire!
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La soirée n'est pas terminé : on a rebranché la guitare pour finir avec Pierre Andrieu et Alexandra Issartel de Shezlöng... Pauvre Pierre qui a stressé pendant des heures ! (Il n'a pas été le seul à être impressionné. Même le pro Nicolas, le plus expérimenté Cédric n'en menaient pas large.) Mais avec Alexandra, ils avaient choisi "Les jours du jaguar" : on était donc obligés de finir sur ce titre ! Et ça a été très chouette, notamment l'intro, avec la guimbarde, et des feulements impressionnants d'Alexandra, qui donnaient l'impression qu'elle peut facilement capturer tous les coqs qui passent. Un petit regret : la projection d'un jaguar traversant une rivière se terminait par un "merci pour cette belle traversée de deux jours", et une belle photo de Jean-Louis signée Carole Epinette, mais les spectateurs ne l'auront pas vu. Il y aura un dernier rappel, pour se quitter en chantant "Foule romaine" (mais c'est un peu timide). Là encore, on a dépassé la barre d'une heure du matin. Beaucoup restent encore un peu, pour profiter encore et partir en douceur. Je pense enfin à manger, gateau aux myrtilles en dégustant une gentiane somme toute bien méritée.
Je peux sans mal dire que la soirée a été merveilleuse, au vu des retours qui me sont faits après la soirée, puis sur les réseaux sociaux, tant par les artistes que les spectateurs.
UN TRES GRAND MERCI aux ARTISTES pour leur investissement ! Deux exemples : Lili Em vient d'être signée sur un label, elle assure sa promo et a trouvé le temps de travailler deux chansons; Milla et Marc Aymon étaient en concert à Genève la veille et en plein enregistrement d'un projet à deux (ça promet !) dans les montagnes d'un pays où le régime d'intermittence n'existe pas (et on les a fait voyager en twingo avec leurs valises et leurs guitares ! ).
Je reprends mes remerciements tels que je les ai effectués:
Une pensée pour tous ceux qui ne sont pas là mais m’ont écrit des messages touchants, Marie Audigier, Lionel qui a joué de divers instruments lors des deux éditions précédentes, et quelques autres, Marc qui a tenu à prendre sa place malgré tout pour aider.
Une pensée spéciale à Florence Couté qui aime tant le week-end
Merci à vous d'être venus
Merci à Marie May. Elle m’a scotché l’an dernier en brandissant une banderole de remerciement. Elle nous a donné rendez-vous cette année et elle est bienfaitrice de cette soirée.
A l’équipe du fotomat : Julien, Kathleen, Sarah (quel travail : 14h-4H du matin!)
Merci à Véronique Jeetoo pour la photo de l’affiche
Aux artistes, et spécialement Antonin
A Théophane Berthuit
A Carole Epinette
A Frank Loriou qui nous a encore fait un cadeau en nous dévoilant une page de son livre
A Radio Arverne, Radio Campus, Julien Dodon, Véronique Hilaire de Radio france, Clermont Info
A Benjamin T. pour l'installation et le rangement…
A tous ceux qui m'ont adressé un petit ou grand mot de remerciement pour le travail depuis 2009 et sur le week-end (une personne m'a dit avoir tout lu après avoir découvert le blog !), je suis toujours très touché ! Petit coucou à la personne qui a appris grâce au week-end qu'il y avait un blog consacré à Murat (ça, ça permet de relativiser).
Pour le film vendredi : merci à Séquence SDP, et notamment à Christine, à Laure Desbruères et Guillaume Depagne, à Pias.
Et désolé pour ceux que j'oublie.
(notamment les oreilles attentives tout au long du parcours, merci pour les encouragements).
Quelques petits nuages tout de même :
On n'a pas pu défrayer tous les artistes comme je l'espérais. Même si la salle semblait pleine avec des gens assis, à peine 100 personnes le samedi (une seule personne est venue au dernier moment !), ce n'était pas suffisant, et cher public, vous ne consommez pas assez (c'est quand même incroyable quand on voit comment va le monde ? Et je vous rappelle qu'on est censé être des dépressifs invétérés !) C'est assez désespérant, avec un public fervent qui promet de revenir. S'il en manque finalement, ça ne fait plus le compte (avec un public cible de plus de 50 ans, c'est vrai que...). Et les Clermontois ont été bien absents... avec certes une concurrence de la Fête de la musique (sans orage, pas de chance). Et ce n'est pas faute de promo (articles dans La Montagne, les gratuits, mentions dans plusieurs radios dont Fip, France 3, même si j'ai quelques regrets ou rancune de ce côté-là), sans parler des centaines de messages privés et de la pub facebook que j'ai engagée. Au départ, je pensais qu'un tel événement se remplirait tout seul, mais sans la force de frappe de communication d'une institution, comme la Coopé, ou d'une structure subventionnée, c'est plus difficile, et d'un autre côté, faire cet événement dans une structure de ce type (où il faut par exemple rémunérer tout le monde) est compliqué. Après la réussite de l'année dernière, j'ai sans doute vu un peu trop haut... mais artistiquement, c'est une réussite, pas de regret !
Dans mes messages, j'ai eu quelques personnes qui m'ont dit "on ne sera pas là, par contre, on sera au virage Murat", ça n'a pas contribué à ma sérénité dans les préparatifs et a peut-être empêché de glisser un petit billet à des artistes. L'année dernière, la soirée à la Coopé a plutôt aidé à remplir.
Il y a par contre des gens qui n'aiment Murat que par Murat : ils enterrent une deuxième fois Jean-Louis, et ne rendent pas hommage à son talent d'auteur-compositeur. C'est dit et redit. Il y a toujours une chose à laquelle s'accrocher avec une cover, et si on n'aime pas, cela fait cogiter sur les raisons, il faut aimer se faire bousculer....
Autre élément : le contexte difficile même si ça a toujours été un peu le cas (merci à Jean-Louis de m'avoir accordé la légitimité avec son soutien sur Aura aime Murat et la première édition à laquelle il allait participer, ça a été décisif). C'est difficile d'en parler et je ne veux pas le faire après ce beau rendez-vous. Cela a fait deux petits ricochets lors la soirée et cela a aussi pesé dans la préparation. Je ne souhaite être ni dans un clan, ni dans l'autre, Laure Desbruères était là avec Gaspard vendredi (l'année dernière, Marie Audigier), Yann Bergheaud le samedi. C'est aussi une fierté de pouvoir réunir tout le monde, c'est également vrai pour les fans qui ont aussi leurs bisbilles. Mais le fait est que c'est pesant.
Dernière chose, mes activités initiales ont été freinées par l'organisation du week-end, j'aimerais y revenir... En guise de symbole, vous trouverez une inter-ViOUS ET MURAT particulièrement intéressante ici même cette semaine... en attendant les vidéos du week-end et les 2/3 autres interviews que j'ai encore sous le coude.
J'étais censé juste être un homme de l'ombre, et les circonstances (le projet Aura aime Murat), la passion et une certaine exigence personnelle (plus celle que l'on doit à Jean-Louis et à la légitimité qu'il m'avait accordée) m'ont emporté bien loin... sans parler de la chance (grâce à Pierre Andrieu d'ailleurs) d'avoir pu rencontrer Julien du Fotomat, le porteur officiel du week-end Murat. Il nous offre un cadre parfait (qui nous permet de finir des soirées à deux heures du matin), et professionnel (big up pour Théophane Berthuit, du studio Polyphone, dont le son a ravi la quarantaine d'artistes qui ont participé pendant 3 ans)... et avec un beau piano qui a si bien sonné sous les doigts d'Alain Klingler, Bertrand Louis, Erik E., Koum, Antonin Lasseur ou encore Vivien (from London). Apprendre dimanche à 3/4 heures du matin que ce bel instrument va quitter le Fotomat est un signe pour moi que cette aventure-là est peut-être sur la fin.
Bien à vous
PS: On me pose beaucoup la question, j'y ai peut-être déjà répondu sur le blog, mais Je ne serai pas à la Bourboule le 14/07, je vais voir Neil Young!
Marc Aymon, qui parle de son disque enregistré avec Fred Jimenez et Stéphane Reynaud et chante Aragon (vu qu'ils ont coupé l'amplification, on n'aura pas de son console je pense) :
Encore quelques photos de Christophe Arnal (qui a fait 3 concerts "Douharesse" en une semaine- Matt a joué dimanche dernier à Paris et le samedi 21 après midi dans Clermont), et cette semaine: