Deux derniers comptes-rendus et on ferme!

Publié le 30 Novembre 2010

 

... J'avais pas envie de le poster quand il est arrivé sur le net...  mais j'ai néanmoins fait un petit mail à son auteur... pour dire qu'il avait en grande partie raison mais quand même... Evoquer l'alhambra en parlant de Gainsbarre... ça me parait  faux...  Il ne m'a pas répondu...   Une photo de Stéphane aux cernes prononcées  est la première qui illustre le compte-rendu, comme un message...

C'est un compte-rendu sur http://www.froggydelight.com/article-9472-Jean_Louis_Murat_Rouge_Madame  site muratien s'il en est.... PAR LAURENT COUDOL :

 

"C'était les premiers frimas d'automne, et il fallait de la volonté pour quitter son canapé et aller jusqu'à l'Alhambra, du côté de République, pour voir Murat ce soir-là. Avant de rentrer dans la salle de concert, les flyers donnés à l'entrée pour vous inciter à aller assister à d'autres spectacles ne concernent pas des chanteurs ou des groupes, comme habituellement, mais un film tourné en Auvergne, preuve que Murat continue à avoir cette étiquette de chanteur du terroir qui lui colle à la peau, même lorsqu'il part enregistrer son dernier disque aux Etats-Unis avec des musiciens du cru.

En première partie Rouge Madame, composé d'une chanteuse et d'un guitariste, propose une pop douce teintée d'accents méditerranéens. Le timbre de voix granuleux de Lembe Lokk est agréable, mais le groupe manque de maturité scénique. Difficile dès lors de se faire une idée sur ces compositions qui semblent prometteuses mais peinent à atteindre les oreilles d'un public qui n’interrompt pas ses conversations.

A l'entracte, on regarde le public. On se dit qu'on prescrirait bien une cure de tranxène à la moitié d'entre eux. Hommes ou femmes, les visages sont fermés et les habits uniformément sombres. Quant à la moyenne d'âge de ce public, elle doit s'établir autour de la quarantaine. Le public de Murat reste fidèle mais ne se renouvelle pas.

Murat entre en scène. Il ressemble à son public, tout de noir vêtu, mal peigné et l'air renfrogné. Le concert commence rapidement, sans temps mort, avec "Ginette Ramade", un titre extrait de son dernier album, Le Cours Ordinaire des Choses.

La section rythmique, Fred Jiménez à la basse et Stéphane Raynaud à la batterie, est présente et bien solide. Le nom de Murat évoque la terre et l'orage, comme celui de Dominique A évoque les fortes chaleurs et le soleil de plomb de l'été en bord de mer, ou Françoiz Breut le printemps. Murat étire les introductions, la guitare grince, il y a de l'electricité dans l'air.

Entre deux chansons, Murat sussure un merci dans le micro. De belles versions rocks s'enchaînent, "Taïga", "16h Qu'est-ce que tu fais"... Les atmosphères sont tendues. L'inédit "Pauline à Cheval", extrait de la BOF de Pauline et François, est splendide. Le jeu de lumière minimaliste, dans les oranges, les bleus et les blancs crus réserve quelques beaux moments lorsque des blancs vifs derrière les musiciens les transforment en ombres chinoises.

Puis tout d'un coup, alors qu'il entame "Le Train Bleu", première chanson vraiment ancienne de son répertoire, Docteur Murat se transforme en Mister Bergheaud. Jean-Louis Murat est le nom de scène de Jean-Louis Bergheaud. C'est sous son vrai nom, Jean-Louis Bergheaud, que Murat signe ses chansons, mais Bergheaud est aussi l'âme damnée d'un Murat qu'au vu des chansons on se plaît à imaginer sensible, agréable et doux. Lorsque Jean-Louis Bergheaud s'exprime, il se montre généralement plutôt aigri quant à la carrière de Jean-Louis Murat. La haute estime qu'il a de son talent fait qu'il accepte mal d'avoir gagné plus d'argent en écrivant une chanson en cinq minutes sur un coin de table pour Indochine, qu'avec aucun de ses albums. Comme Bergheaud est un être quelque peu immature et qu'il est frustré que Murat n'ait pas de succès véritablement populaire, il le reproche à ceux qu'il a sous la main, c'est-à-dire son public.

Donc après avoir fini le premier couplet du "Train bleu", en appuyant de manière ridicule ses paroles "... le coeur peuplé d'idées noires", histoire de bien montrer que ce single qui était passé en radio ne ressemble plus à ce qu'il fait, le voici qui enchaîne les chansons sans jamais plus s'adresser au public, ni le regarder. Viennent alors des chansons comme "Yes Sir" ou "Quelle encre tire de ma bouche ces invincibles vérités". Même si la qualité musicale est toujours présente, on n'a plus l'interprète habité du début de concert, mais un type qui montre bien qu'il se fiche d'être là, sur scène. Pourtant la version de "Se mettre aux anges", juste avant le rappel, est bouleversante.

Au rappel, le voici qui revient et dit d'un air narquois "Merci, C'est gentil... On le dit bien à Clermont-Ferrand ou à Montauban, on peut le dire ici. Comme ça vous ne pourrez pas dire que j'ai pas dit bonsoir." Vient alors la réponse de certains expatriés du public, fiers d'être nés quelque part, surtout si c'est au milieu de nulle part : "Dunkerque", "La Bourboule"... Attitude étrange que cette fierté d'être né à un endroit lorsque la volonté n'a, semble-t-il, pas grand-chose à voir dans l'acte de naître.

En rappel, le public a droit aux "Voyageurs perdus" à un "Jim" guitareux et nerveux à souhait, puis à "Comme un incendie" que le public attendait avec impatience. En second rappel, après un sarcastique "J'adore Paris, vous êtes tellement formidables. Ça fait envie, on aimerait être parisien", une version puissante, presque façon Sonic Youth, de "L'examen de minuit" tiré de l'album Charles et Léo. Baudelaire with an electric guitar ? Mais on se demande quand même si le public doit prendre pour lui ces vers : "Nous avons, pour plaire à la brute/ Digne vassale des démons/ Insulté ce que nous aimons/ Et flatté ce qui nous rebute".

On peut supputer qu'en se comportant ainsi, Jean-Louis Murat cherche l'échec afin d'en tirer ce qu'on appelle un "bénéfice secondaire", par exemple celui de se donner le statut de victime et pouvoir ainsi se plaindre à qui veut l'entendre de ne pas avoir prévendu assez de billets de cette tournée pour avoir les moyens de faire venir les musiciens américains avec lesquels le dernier album avait été enregistré."

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

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Jean-Louis Murat en concert aux Saulnières (28 octobre 2004)
Jean-Louis Murat en concert à La Cigale (17 novembre 2006)
Jean-Louis Murat en concert au Studio Davout (3 septembre 2009)
Jean-Louis Murat en concert au Grand Mix (vendredi 2 avril 2010)

Les photos sont de LAURENT HINI (la série: http://www.tasteofindie.com/concert-3833-Jean-Louis_Murat-Alhambra.html)

 

 

 

-  Un deuxième compte-rendu m'a été signalé par Lionel : merci à Lui

 

http://www.pulsomatic.com/article.php?idart=135

Jean-Louis Murat (Salle Paul Fort, le 16/11/10)

Le cours ordinaire des tournées


En cette pluvieuse soirée de novembre, rendez-vous est pris avec l’irascible mais talentueux Auvergnat, salle Paul Fort, pour un concert de fin de tournée afférent au dernier opus, le brillamment nashvillien Le cours ordinaire des choses.


Pas de première partie, mais une salle comble, acquise à la cause muratienne : le public boit littéralement les paroles du troubadour entouré des habituels Fred Jimenez à la basse et de Stéphane Reynaud à la batterie. On a le plaisir de retrouver le sympathique complice des débuts, Denis Clavaizolle, aux claviers.

Le set fait la part bel à l’album en cours (pas moins de sept titres dont les impeccables Ginette Ramade, Taïga, La mésange bleue ou Falling in love again mais également un des titres les plus anodins, 16 heures…). Parfaitement interprétés par un Murat très en voix, le concert s’enchaîne sans temps mort  mais aussi sans réelle passion ni échange avec le public, pourtant prêt à célébrer son idole. Des « Jean-Louis, on
t’aime ! » fusent ici et là… Murat a su limiter sa propension à tartiner ses morceaux de solos envahissants et ce retour à une certaine sobriété est assez heureux.

Voyageur aguerri de son propre univers, Murat délivre des versions subtilement revisitées de grands titres comme Se mettre aux anges (de Lilith) ou – seule « vieillerie » de la soirée – une superbe interprétation de Le train Bleu (de Dolores) et parvient même à nous faire aimer Taormina, pourtant peu convainquant sur disque. Auteur prolixe et généreux, il nous gratifie même de deux inédits, Yes Sir (assez brouillon) et Quelle encre tire de ma bouche ces invincibles vérités (inspiré).

Sans doute conscient de son manque de chaleur, Murat se lâche un peu à la faveur du premier rappel en déclarant qu’il ne se passe rien de fabuleux dans sa vie, à part une sorte de cours ordinaire des choses : les soucis du boucher, au village, le fils de tel autre artisan qui a encore planté une voiture, ou le fait que, les gamins ayant choppé une gastro, le premier étage de sa maison de Douharesse, à Clermont, « sentait la merde dans tout le premier étage » quand il a quitté son domicile le matin même…

Finalement, le point d’orgue de la soirée est atteint à l’occasion de l’ultime rappel où Murat a délivré une poignante version de L’examen de minuit, issu de son disque d’adaptation des poèmes de Baudelaire par Ferré.

Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu-promo- 2010-aout 2011

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